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dimanche 1 septembre 2024

INDIEN des vieilles LUNES, “ Tchécoslovaquie ” (30)

Rokycany, jamais ils n’avaient vu le parking du Kaufland si plein… est-ce afin que les gens puissent se libérer le week-end ? Ou sinon, comme partout, l’invasion automobile ? Stationnement obligé sur la zone urbaine… l’Indien a du mal, il lui faut du temps avec tout ce qui est nouveau, trop moderne, trop rapide, ici, le paiement à l’horodateur (heureusement que son fils est là ! / 1 heure… 10 KC soit 0.40 €, on en sourit). La banque de la petite place (Malé Náměstí) n’assure plus le change. Une dame les informe qu’un change officie au bout de cette artère centrale, traversant tout le centre-ville, presque jusqu’à l’entrée du sens unique vers la gare en direction de Prague. L’officine ne prend pas de commission mais applique un change plus coûteux que le cours officiel, faut bien qu’ils vivent (dans les 2% de commission, ce qui semble raisonnable). 
 
Carte postale ancienne... libre de droits, j'espère...

La Petite Place en 1980.

Rokycany pourrait n’être que sur la route de Prague et pourtant comme bien des localités, ici sur la voie royale, avec ses dispositions particulières, pour une bonne part liées au fond même de l’âme tchèque, elle a de quoi arrêter le voyageur. Bière, musique, chansons expriment, et c’est heureux, cette âme tchèque sensible à la beauté, à la poésie, baignée d'une  culture vivante car populaire ; habituellement elle se cache dans l’énergie au travail et cet état d’esprit à ne jamais laisser s'envoler le temps utile (alliée au système D, à une solidarité de classe résiliente, résistante face à l’arrogance politique de l'ordre ancien puis des apparatchiks du bloc de l'Est, inconditionnels d'un système leur assurant des privilèges). 

 

Le logo, l'insigne, le Pégase tchèque pour les stations d'essence d'État.

Sortir de la ville, c'est passer la Klabava, encore un affluent de la Berounka, au lit en dur sans doute afin d'évacuer au plus vite une montée des eaux ; à droite des immeubles d'habitation sans trop d'étages, à taille humaine ; en face, une vieille auberge, historique, réputée pour sa soupe aux tripes sous les voûtes moyenâgeuses ; en limite d'agglomération, la station d’essence est toujours au même endroit bien que d’une firme actuelle dans le bleu, tranchant avec les rouge et jaune d’antan datant du collectivisme (encore un signe apparent du temps qui est passé et pas que pour les autres). Dans un instantané de ce temps enfui passe une Dauphine pastel, bleue… ils sont six dans une si petite voiture et parce qu’un instant magique sinon un silence est tombé, quelqu’un a fredonné sans trop se demander si un chœur allait suivre : « Do Rokycan, cestičku znám,... »

« Do Rokycan, cestičku znám,... » (Pour Rokycany, la petite route, je la connais). Si les paroles se sont envolées, l’air est là ; alors il cherche avec les moyens de l’époque, l’Internet bien sûr. Fausse piste ? bonne pioche ? la recherche affiche « U Rokycan vesničku znám, » (Vers Rokycan, je connais un village), sur une mélodie semblable, un nombre de pieds équivalent. Le thème, éternel, du pays natal (sinon de celui qui a accueilli, ouvert ses bras). Rappel d'un bon moment au collège avec Joachim du Bellay « Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage […] Et puis est retourné… ». Et ici, celui qui finalement se retrouve là où la région natale l’appela, le fit naître « … přece bych nakonec došel tam kde rodný kraj mě zval… », à entendre la musique il sait qu’il y est. Comme il s’agit d’une chanson, il se doit de retenir une larme  « … slza v oku zaleskne se…». Ne manque que la chaumière avec la fenêtre d’où maman faisait signe : dans ces chansons, figurent la mère sinon la fiancée tandis que dans les chansons à boire, hardies se font les paroles de séduction, à la limite de l'étreinte... Autour de la petite ville, de quel village parle-t-il, lorsque, marchant depuis la gare de Rokycany, il reconnaît le clocher de l’église puis les arbres familiers ? « Vidím už kostelní vížku, stromy mě vítají ». Ultime image avec sa note rustique, et qui revient dans le bonheur de retrouver les siens ou la fiancée, la fille, la femme aimée, ou parfois, à l’opposé, signe de rupture quand l’amoureux rend la clé, celle du portail ou portillon du jardin donnant sur la maison.

Toute vadrouille dans la campagne, toute traversée de village, entre l’église et l’auberge ne peut s’empêcher d’aborder ce thème déjà ancien, par certains aspects, universel.

Après Borek (et ses abords de l’étang qu’il serait intéressant de voir à condition de savoir par où accéder), Svojkovice et la descente vers le coin de baignade… (à suivre).  

PS : pardon pour les essais très approximatifs de traduction... toute proposition de correction sera positivement reçue...      

mardi 27 août 2024

La MARCHE de BAVIÈRE... (28)

D'importance historique pour le Royaume de Bohême, le pays Chodsko, littéralement “ Marche ” de Bavière, puisque cet autre royaume commençait à la frontière, reste un symbole identitaire d'indépendance pour tout un petit peuple de Tchèques et Moraves (1) voulant vivre et exister depuis toujours. La décoration intérieure des foyers en témoigne, un vase, un pichet, une assiette murale sinon des tasses à thé ou à café, rappellent souvent ce petit pays singulier dans une nation qui ne l'est pas moins. Notons aussi l'importance de la culture historique, des livres même chez les plus modestes. 

Je peux en témoigner chez les grands-parents ; chez mon grand-père Jan Burket, lakysnik de profession (laqueur plus que peintre... son travail de presque 60 ans reste en très bon état) et ma grand-mère Bohumila, bonne couturière et mère au foyer puis ouvrière à la cimenterie à cinquante ans passés, lorsque la situation l'exigea, dans les livres qu'ils avaient ou ceux empruntés à la bibliothèque communale, babička (grand-mère) avait beaucoup aimé ceux de Jindřich Šimon Baar (1869-1925) qui a tant contribué à la collecte par Jindřich Jindřich, de ce qu'on peut voir dans le musée actuel ; la notice wiki en anglais précise à propos de ce prêtre, « author of the so-called country prose », à ce que je comprends “ écrivain de terroir ”. 

 

Avec les livres, les tableaux aussi sont courants chez les Tchèques, commandés auprès d'artistes locaux qui vendent dans leur voisinage : fleurs, paysages ou encore garçon de Chodsko comme chez mes parents où figurent d'autres souvenirs de Domažlice.        

(1) qui ont divorcé en 1993 et à l'amiable de la Slovaquie, moins peuplée, marrie de toujours devoir passer après Prague et la Tchéquie. 









mardi 20 août 2024

INDIEN des vieilles LUNES, “ Tchécoslovaquie ” (20).

Par un changement de pays inconcevable alors, impossible avant les années 90, Železná. Jusqu’à l’ouverture du Rideau de Fer, après les maisons de Tillyschanz, le dos collé à la démarcation, la Tchéquie, recroquevillée idéologiquement, violente dans son refus du pluralisme, totalitaire… Émancipé de cette pression politique, il s’était longtemps demandé comment il cacherait l’émotion, les larmes de bonheur à refouler, fouler, six ans après, la terre tchèque, toujours Tchécoslovaquie dans son cœur. Comme son sentiment se calquait dans la vision d’un champ de pavot, d’un parme dénotant sur le damier de chaumes, de prés, le vert des prairies, ponctué en lisière d’un mirador de chasse, dénotant de celui, chapeautant les hauteurs, plus foncé de la forêt derrière. Heureusement, une fois là, le plaisir d’avancer dans des paysages aimés, de retrouver les gens, leur langue, d’anticiper les retrouvailles avec des cousins aimés, étouffa tout à fait ce désarroi supputé, nourri par une nostalgie passéiste. Et puis il savait bien que ce nouvel épisode rangerait dans l’album à souvenirs ce déploiement de fleurs ambigües, gardé parce que perdu, faute d’arrêt possible pour la photo… Quant à savoir quelle nouvelle image resterait de ce séjour 2024 ? Prématurée, impertinente à l'arrivée, la question ne pouvait se poser. 

Champ de pavot. Auteur Václav Bezstarosti d'Holoubkov.
 

Bien des pensées émergeaient, effleurant seulement ou plus poussées telle, bien que floue, en fond, celle de la trame historique, du fer et des forges moyenâgeuses aux conflits et violences rémanentes (accord de l'adjectif volontairement transgressé), aux tensions ignorées des jeunes générations comme l’expulsion des Sudètes, cette communauté de langue allemande, minoritaire chez les Slaves, sans qu’elle ait le droit, en tant que peuple, à disposer d’elle-même, injustement rejetée, sauvagement traitée même si une grande majorité n’avait pas accepté le nazisme, malgré sa participation, tant politique qu’économique, à la dynamique républicaine tchécoslovaque. Sauf que le tournant pris par la victoire des Alliés scindait le Monde en deux blocs, en Europe, de la Baltique à l’Adriatique (confer les paroles de Churchill), séparés par une frontière cadenassée, stalinienne, un no man’s land de villages rasés, de champs déshumanisés rendus à la nature. La zone sudète, elle, bien qu’ouverte aux Tchèques (dont ceux évacués d’une Ruthénie devenue soviétique), ne connut aucun succès, la greffe ne prit pas, les maisons abandonnées ne servirent que de réserves de matériaux pour construire à l’intérieur du pays (1). Bien sûr, à Florian son fils, il ne dit de tout cela que quelques bribes. D’abord, faut pas les rebuter en parlant d’un ton trop haut, professeur… dix-sept ans… juste semer quelques graines, l’air de rien, pour qu’une, plus tard… qui sait. Qui plus est, à la modeste hauteur de la connaissance sinon la culture,  partielle, toute relative… Et si en classe, on n’attire pas les enfants avec du vinaigre, plutôt être assez comédien pour inoculer les virus de curiosité et d’intérêt. 


 


Ici, à Eisendorf-Železná, le château a été démoli, l’église Sainte-Barbe détruite pour laisser place à une caserne. En contrepoint, trois quarts de siècle après, la forêt à peine entamée, des passereaux chanteurs aux quatre coins des arbres, qui se répondent, marquent et protègent le territoire. Et pour l’espèce humaine les pieds sur terre, un supermarché, des produits hors taxes, du carburant intéressant, de la vie moins chère puisque personne ne peut éluder le rapport à l’argent ; il y a un resto, il y aurait des stands vietnamiens, peut-être sur le grand espace vide où il est facile de stationner… d’après les Tchèques, les Allemands passeraient la frontière comme les Français du Sud la passent pour les mêmes commodités en Catalogne même si l'huile d'olive est aussi chère qu'avant de passer les Pyrénées. (à suivre)

(1) « …C’était notre pays mais après Plzeň, on ne connaissait pas […] beaucoup de ceux qui avaient cru y démarrer une nouvelle vie en étaient revenus, disant « ce n’est pas comme chez nous »… » témoignage de Jiřina Dedieu, Burketova de sa vie de fille, sa maman, 99 ans passés. 
Jan Burket, père de Jiřina, arrière-grand-père de Florian, fut tenté un temps par une embauche à Kadaň, sur l'Ohre, au pied des Monts Métallifères. Quelques jours après, malgré le salaire double, il préféra ne pas quitter Holoubkov, le village qu'ils avaient rallié vers 1930, depuis une vingtaine d'années.  
Quel liant, comparable à celui, entreprenant, des migrants en Amérique, a fait défaut ?
 
Sudetendeutsche_gebiete.svg No machine-readable 2007 Domaine public Author provided. Milhaus assumed (based on copyright claims).

samedi 27 juillet 2024

Vieil INDIEN, vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (2)

Et alors ? pourquoi se raccrocher à un vécu “ romaingaryesque ” ? Pourquoi tenir au récit de ce voyage en Tchéquie ? Mystère... À en rester coi... À moins que ce ne soit surtout un voyage en soi...  

VOYAGE EN TCHÉCO (17 juin – 7 juillet 2024).

Lundi 17 juin 2024. 

Béziers, cathédrale, pont vieux under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Sanchezn
 

143.894 km. Départ de son bout du Monde vers 17h 45. Arrêt pipi sur le terre-plein juste après le pont sur l'Aude. C’est malin ! Deux kilomètres à peine ! La ville non loin. L'arrivée est marquée par la vue magnifique, sur son éminence, de la cathédrale Saint-Nazaire ; l’accès par Tour Ventouse empêché, il faut aller jusqu’au rond-point de la route de Murviel, sinon cet itinéraire permettant de ne pas prendre la longue déviation autour de l’ouest de la ville reste pratique. Une pensée pour une concitoyenne jadis à la mer, en mini-jupette, aujourd'hui lestée par l'âge, dans sa maison sinon en maison à en croire un on-dit … et son fils ? qui se droguerait, suivant une source aussi douteuse...  souvenir des Noy, Chantal et Robert, ses gentils collègues de Sérignan (profs d'Hist-Géo et SVT) partis si vite tous les deux. Sur le grand rond-point nord, il ne sait plus quelle évocation marque la célèbre feria de la ville, peut-être un empilement de tonneaux.

Sortie sans problème vers l’A75. Pézenas : l’ancienne nationale a gardé ses platanes mais les herbes ont repris le goudron… difficile d'évoquer la Dauphine bleue de papa, qui, le lundi matin, à 110 à l’heure, nous ramenait vers nos classes, vu qu’une inondation n'est jamais venue nous offrir un lundi sans école.

143.947 km, 19 h. Aire de Paulhan.

Après Clermont-l'Hérault, la Lergue, pensée hélas pour cet autre collègue de Ceyras qui avait invité à cueillir les olives. L’occasion, pour les couples amis, d’agrémenter le train-train par une sauterie camping…. Et notre Indien se pense que peut-être, avec sa légitime, un tel exotisme, une telle “ co à bitation ” aurait conforté un futur… elle n’avait pas voulu venir… sinon elle aurait accepté comme elle acceptait le devoir conjugal sans jamais en prendre l'initiative, le désir, dans une vieille France résiduelle, devant émaner du mâle... Le magasin Leclerc dessert toujours ce coin pas très avantagé mais si beau à habiter, si empreint d’histoire et si passant, sans compter les camions, avec les voyageurs de l’A75… un coin si joli pourtant, invitant vers le Cirque-du-bout-du-Monde, les pivoines de la Buèges, le cirque de Navacelles, le causse de Blandas ou plus bas les ruffes, les terres rouges du lac du Salagou. 

jeudi 17 janvier 2019

DE CEUX QUI SE SACRIFIENT POUR RENDRE LA DIGNITÉ PERDUE... / Tchéquie, Tchécoslovaquie, Europe, France...

Jan_Palach_foto_z_průkazu Wikimedia Commons Author Urady

16 janvier 1969. Jan Palach, né le 11 août 1948 à Prague, s'immole par le feu sur la place Venceslas  en protestation contre l'occupation soviétique, la normalisation en Tchécoslovaquie, le communisme à visage inhumain.

Zajíc_Jan_pamětní Wikimedia Commons Author Ludek Kovar

Le 25 février 1969, jour du 21ème anniversaire de la prise du pouvoir par les communistes, au niveau du 39 place Venceslas, Jan Zajic, 18 ans, met le feu à ses vêtements imbibés de produit inflammable. 

Evžen Plocek (pardon pour l'emprunt non autorisé à Radio CZ).

Le 4 avril 1969, Evžen Plocek, un ouvrier de 39 ans engagé au parti communiste sera le troisième héros à s'immoler par le feu sur la place de Jihlava (aujourd'hui Masarykovo Namesti) pour protester contre l'agression soviétique. Il laissa tomber un papier expliquant son geste : 

« La vérité est révolutionnaire - a écrit Antonio Gramsci » et « je suis pour un visage humain - je ne peux pas supporter ceux qui n'ont pas de sentiments Evzen ».  

Jihlava place Masaryk Wikimedia Commons Author SchiDD

Comme le fait remarquer fort justement la radio tchèque, plus que tchécoslovaques, ces héros restent européens, d'une Europe de la citoyenneté avec des droits pour tous, ce qui est loin d'être le cas avec l'UE du fric et des tricheurs d'un côté réprimant les idéaux et les valeurs dans l'abjection la plus assumée, la concussion la plus vile de politiques vendus (FN, LR, PS en France... Macron est bien le fils spirituel de Sarko-Hollande !). 

Comparaison n'est pas raison mais la protestation actuelle des GILETS JAUNES s'inscrit pour une Europe humaine à la dignité retrouvée. Au "pays des Droits de l'Homme", les Gilets Jaunes le paient au prix fort : 1 octogénaire tué, 94 blessés graves dont 69 par les forces de l'Ordre : 14 yeux perdus, 4 mains arrachées... les hématomes causés par les balles en caoutchouc ne sont pas comptés... Que la police ne se range pas avec ces néos-fascistes qui nous dirigent ! 

Août 1968, en Tchécoslovaquie, tels des oiseaux de l'année sur la branche, nous étions l'enthousiasme de la vie devant nous. Les chars du pacte de Varsovie nous jetèrent à la face la triste réalité... Finies les chansons des soirées à la bière... Antonin, Vacek, Vera, Jiri et vous dont le prénom m'échappe, qu'êtes-vous devenus ? 50 ans après, pour ceux qui sont encore là, j'espère seulement qu'il reste entre nous une grande émotion, une émotion partagée qui continuera à marquer des valeurs indestructibles d'humanité.      

 "Ta slepička kropenatá drobného peří,
vzkázala mě moje milá, že mně nevěří..."
 
Source : wikipedia, l'encyclopédie libre... 

https://www.radio.cz/fr/rubrique/faits/-jan-palach-nest-pas-seulement-un-heros-tcheque-cest-un-heros-europeen-?fbclid=IwAR2WtHIq6YHpnBkw-61IV-R1QZKxTYXWqHbH-pOY462V5Idvphm5r8ZqLko

lundi 4 décembre 2017

APPELS DU SUD / Faire la fête au cochon !



   

Hier, sans plaisir aucun mais parce que la résistance s’impose comme un devoir quand la démocratie se retrouve peu à peu confisquée par un appareil d’État autoritariste qui fait de plus en plus penser aux tristes « organes » de feue l’URSS, ferraillant contre la mercenaire de l’Éducation piètrement Nationale, à Mayotte comme en Navarre, faute d’une piste sur le Net, je tenais à retrouver dans ma paperasse le nom de ce Directeur de l’Enseignement de 1994 qui, lui, n’avait obtenu que la Lozère pour s’être certainement plus dévoué au peuple qu’à sa coterie. Rien pour le moment mais des trouvailles annexes, sur un cahier d’écolier, un agenda en guise de bloc-notes, des enveloppes, des papiers tous formats.

C’est comme passer un aimant sur des notes en vrac pour s’étonner ensuite des idées qui s’agrègent telles des limailles.

Et nous sommes en décembre, moi en short, torse nu, et là-haut en Europe, la magie de l’hiver avec la neige avant Noël… Les Corbières sont blanches ; la couche atteint cinquante centimètres nous dit Viviane sur le Plateau de Sault… Je pensais depuis quelque temps à Robert Reverdy de Pouzols-Minervois, artiste, poète à ses heures, qui aimait le pays et ses gens. Et je tombe sur ce coup de gueule (avec l’accent siouplèt !) du cuisinier Arnaud Daguin à la radio sur les paysans qui nous nourrissent mais crèvent de faim et sur ces cochons des temps modernes qui nous reviennent quatre fois plus cher que le prix trop modique pour être sincère !   


Et dans mes notes, un mot de tonton Stanislav de Tchéquie « Le cochon, s’il te voit tous les jours, il t’aime ! ». Alors on voit le tableau idéalisé d’une vie d’avant. Idéalisé car qui accepterait pour revenir à une nourriture plus saine, sans parler du travail d’élevage, de se faire tueur, saigneur. Dans le Clos du roi, Marcel Scipion le traduit bien :

« … Mon père, lui, n’avait jamais eu assez de force pour planter le couteau et trancher la veine jugulaire, ou plutôt, il avait trop de cœur : alors il demandait aux autres de faire ce sale travail… »

Robert Reverdy nous raconte aussi la fête du cochon, fête des hommes plutôt, d’une époque où la viande représentait un luxe, un apport très apprécié alors que les menus ordinaires restaient frugaux, sains mais frugaux…   

La fête du cochon.

C’était assurément le plus bel animal
Des cochons élevés au hameau de Laval ,
Bien nourri par les soins de sa propre maîtresse
Son embonpoint marquait l’épaisseur de sa graisse
Deux-cent-trente kilos ! quel remarquable poids
Aussi pour le saigner la lame entra trois fois.
Comme dans un étau, de peur qu’il se débatte
De vigoureuses mains tenaient ses quatre pattes.
Son corps roula pourtant sur les pieds d’un témoin
Alors un peu plus fort on lui serra le groin
A ce moment fatal l’œil vif devint féroce :
Quand le sang coule à flot, la douleur et atroce.
De grâce ! grogna-t-il dans un cri déchirant ;
Cet appel fut perçu par les porcs de Quillan.
Le maître du logis dit pour toute réplique
«  Ta succulente chair va devenir magique
Pour régaler ce soir l’appétissante faim
De mes nombreux convives invités au festin… »
Et c’est pourquoi l’on vit plus de trente personnes
S’attabler tout autour du cousin de Narbonne
La fête du cochon maintient par tradition
L’amitié des amis, aux parents, l’affection.

2 février 1956. Robert Reverdy. 

  


Note :  Laval est un hameau proche de Quillan, sur la route du Col de Saint-Louis, l'ancienne frontière avec le royaume d'Aragon puis d'Espagne où se faisaient les échanges (voir les articles sur les meuniers de Limoux). A ce propos, une thèse prétend que l'expression "Catala bourrou, Gavach porc" n'aurait rien de moqueur et serait simplement liée à ce commerce.  

Photos autorisées :
1. photo PxHere.  
2. Commons wikimedia. Quillan depuis le château 2014 Author Tournasol7