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samedi 13 septembre 2025

Fleury le 27 mai 1998.

 [...] À la mer, il y a eu beaucoup de monde, et le marché a déjà des allures estivales. Mercredi 20, maman est revenue de la plage avec un air dégoûté « Il y a un gros rat sur le bord ». Je pensais à un rat mort. 

Ragondin_(Myocastor_coypus) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Gzen92


J'y suis allé : c'était une bête énorme de 60 cm de long sans la queue qui en mesurait bien cinquante, et vivante, mais paraissant assommée ou blessée, se remuant lentement mais bien droite. Le corps avait bien 15 ou 20 centimètres au niveau des pattes postérieures. Un jeune homme, qui l'observait d'un peu loin, croyait avoir affaire à un raton-laveur, mais l'animal n'en avait ni la tête ni la queue. J'ai plutôt pensé à un ragondin, et en regardant mon GDEL, je crois que c'était bien cela : ragondin ou coypou (mot amérindien), mammifère rongeur originaire de l'Amérique du Sud mais répandu dans le monde entier, synonyme « myocastor » ou « myopotame », à fourrure estimée appelée « nutria », de mœurs aquatiques. C'était une rencontre tout à fait inattendue à St-Pierre. L'après-midi, il avait disparu sans laisser de trace. Cela ne m'a pas empêché de prendre un bain rapide (j'en suis à cinq trempettes d'avant-saison). 

Le dimanche 17 mai, la journée « cerfs-volants » fut complètement ratée malgré un beau soleil, à cause d'un vent du Nord beaucoup trop fort. 

[...] Je suis allé assister à la levée du corps de la pauvre Roselyne Sié, née Monestier, sœur d'Aimé le boulanger et belle-sœur de Guy Sié, qui vient de nous quitter à l'âge de 46 ans des suites d'un cancer au sein. Ce matin, j'allais chercher le pain chez Monestier quand je vois « Fermé pour cause de décès ». Momon est sorti à ce moment et m'a dit cette triste nouvelle.  La fille Bilbe qui passait par là m'a parlé de sa fille qui devrait rejoindre Mayotte mais tu n'y seras pas pour lui dire ton expérience. 

« C'est bien jeune pour mourir » disait Guy en remerciant les présents au nom de la famille avant que le fourgon suivi des voitures ne prenne la direction de Montredon, le fief des Monestier, pour la messe de funérailles et les obsèques. 

Fleury-d'Aude Cimetière


Jeudi 28 mai. Pour en finir avec le carnet noir des jeunes disparus, je ne t'ai pas annoncé la mort subite de Guy Ferrer, 50 ans, électricien à la mairie (rupture d'anévrisme alors qu'il regardait la télé). 

Nous allons passer la Pentecôte à Saint-Pierre. Plus rien à ajouter pour aujourd'hui. 

Nous vous embrassons bien fort. 

À bientôt de te lire, 

Tes parents qui pensent à vous deux.  


lundi 8 septembre 2025

Lettre de Fleury samedi 6 juin 1998

« Avant de repartir pour la mer, où nous passons d'agréables journées car la chaleur est bien arrivée : nous avons pris deux bains avant-hier jeudi (j'en suis à sept cette année). 

[...] La famille prépare le grand départ, nous ne les voyons pas à la mer. la grève des pilotes  « Air France » tombe mal et Michel Charasse a un peu raison quand il les traite d'égoïstes et de gens qui n'aiment pas leur pays. Chevènement ressent à ce sujet « une certaine honte » tandis que Robert Hue enfonce dans la “ majorité plurielle ” un coin de désaccord flagrant, un de plus... Quant à l'autre bord, ce n'est guère plus brillant. Enfin, laissons la situation se décanter. 

Fabien_Barthez 2009 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Author Guiggz

Avant de suivre la Coupe du Monde de Football qui s'annonce sous d'assez inquiétants auspices, puisque, aux différentes grèves (avions, rail et tutti quanti) s'ajoute la méforme espérons passagère de l'équipe de France sauvant tout juste l'honneur devant la Finlande ou bien au Maroc, nous avons vécu à l'heure de Roland Garros ; 

Marat_Safin_at_the_2009_US_Open under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Author Charlie Cowins


hier, arrivé pour la première fois aussi haut, Pioline a perdu devant Corretja. Le russe Marat Safin  fait une grosse impression : sorti des qualifications il a inquiété ou bien fatigué les meilleurs. Quand on songe que depuis quatre ans il est en Espagne, ainsi que sa jeune compatriote, on se dit que l'école espagnole est remarquable puisque trois joueurs sur quatre sont ibériques et que la grande finale de dimanche opposera Moya à Corretja, deux Espagnols, et ce n'est pas la première fois ! Quant aux filles, il est réconfortant de voir que Martina Hingis peut enfin perdre et que Monika Seles revient au premier plan, malgré le deuil de la mort de son père le 13 mai dernier, et bien que je n'aime pas trop son genre de comportement sur le court, avec ses cris de bête traquée. Arantxa Sanchez Vicario est fidèle à sa tradition. Elle va jouer gros cet après-midi devant l'américano-yougoslave. 

Je viens de parler de deuil et de mort, alors, pour en finir avec la carnet noir, je vous signale que Fleury a perdu son Receveur des Postes, l'imposant alsacien que vous connaissiez peut-être, monsieur Biatek Guy Paul, âgé de cinquante et un ans. Il serait mort à l'hôpital de Toulouse [...] la liste des jeunes décédés s'est donc allongée encore. Il faut que j'ajoute quand même qu'une veuve de 98 ans  a été enterrée voilà quelques jours (je ne la connaissais pas), ce qui augmente un peu notre longévité et qui prouve que notre doyenne n'était pas encore madame Bernadette Chamayrac. 

Le temps est un peu couvert aujourd'hui. des orages parfois violents sont bien annoncés par la météo, mais pour l'instant pas le moindre coup de tonnerre ni la première goutte de pluie. les fêtes de Pentecôte se sont bien passées à Saint-Pierre avec une affluence record, un marché fort achalandé. 

[...] Je me suis un peu trop avancé : il est dix heures et quart et une pluie douce vient nous rafraîchir un peu, mais pour l'instant à peine si la rue commence à être mouillée [...] La pluie se fait un peu plus forte et les bruyants engins de sulfatage auront encore de belles heures devant eux ; Jeannot B. seconde son beau-fils qui aurait, dit-on, acheté les vignes d'Yves Carrière, José Hérail, selon sa noble attitude, n'arrête pas de mettre au point le moteur du tracteur. Plus haut ce sont les fils Galmarre, plutôt en fin de semaine. 

Plus rien à signaler, 

Meilleures embrassades de nous tous, excellent retour à Hyères pour Stani, 

Papa, papy, Maman mamie.  

samedi 27 juillet 2024

Vieil INDIEN, vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (2)

Et alors ? pourquoi se raccrocher à un vécu “ romaingaryesque ” ? Pourquoi tenir au récit de ce voyage en Tchéquie ? Mystère... À en rester coi... À moins que ce ne soit surtout un voyage en soi...  

VOYAGE EN TCHÉCO (17 juin – 7 juillet 2024).

Lundi 17 juin 2024. 

Béziers, cathédrale, pont vieux under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Sanchezn
 

143.894 km. Départ de son bout du Monde vers 17h 45. Arrêt pipi sur le terre-plein juste après le pont sur l'Aude. C’est malin ! Deux kilomètres à peine ! La ville non loin. L'arrivée est marquée par la vue magnifique, sur son éminence, de la cathédrale Saint-Nazaire ; l’accès par Tour Ventouse empêché, il faut aller jusqu’au rond-point de la route de Murviel, sinon cet itinéraire permettant de ne pas prendre la longue déviation autour de l’ouest de la ville reste pratique. Une pensée pour une concitoyenne jadis à la mer, en mini-jupette, aujourd'hui lestée par l'âge, dans sa maison sinon en maison à en croire un on-dit … et son fils ? qui se droguerait, suivant une source aussi douteuse...  souvenir des Noy, Chantal et Robert, ses gentils collègues de Sérignan (profs d'Hist-Géo et SVT) partis si vite tous les deux. Sur le grand rond-point nord, il ne sait plus quelle évocation marque la célèbre feria de la ville, peut-être un empilement de tonneaux.

Sortie sans problème vers l’A75. Pézenas : l’ancienne nationale a gardé ses platanes mais les herbes ont repris le goudron… difficile d'évoquer la Dauphine bleue de papa, qui, le lundi matin, à 110 à l’heure, nous ramenait vers nos classes, vu qu’une inondation n'est jamais venue nous offrir un lundi sans école.

143.947 km, 19 h. Aire de Paulhan.

Après Clermont-l'Hérault, la Lergue, pensée hélas pour cet autre collègue de Ceyras qui avait invité à cueillir les olives. L’occasion, pour les couples amis, d’agrémenter le train-train par une sauterie camping…. Et notre Indien se pense que peut-être, avec sa légitime, un tel exotisme, une telle “ co à bitation ” aurait conforté un futur… elle n’avait pas voulu venir… sinon elle aurait accepté comme elle acceptait le devoir conjugal sans jamais en prendre l'initiative, le désir, dans une vieille France résiduelle, devant émaner du mâle... Le magasin Leclerc dessert toujours ce coin pas très avantagé mais si beau à habiter, si empreint d’histoire et si passant, sans compter les camions, avec les voyageurs de l’A75… un coin si joli pourtant, invitant vers le Cirque-du-bout-du-Monde, les pivoines de la Buèges, le cirque de Navacelles, le causse de Blandas ou plus bas les ruffes, les terres rouges du lac du Salagou. 

mercredi 10 avril 2024

SINSOLLE... Monsieur... Sinsollier (1932-2024) !

Serait-ce “ nécromancique ” d'aller taper épisodiquement un nom en mémoire pour savoir s'il est toujours vivant ? Non, pas ce genre de curiosité mais plutôt s'il vous a marqué, parce que les autres, même morts, seraient encore capables de nous gâcher la sérénité... Allons, ne soyons pas si tranchants, n'en soyons pas si convaincus... Soit. Heureusement, les enseignants finalement sont plus nombreux que ce qu'on croyait à avoir ressenti avec sérieux et bienveillance le pouvoir démesuré qu'ils détiennent sur la personnalité en gestation de l'enfant, de l'adolescent fragiles, qui vont vers leur forme d'imago, n'en serait-elle jamais définitive. Non, l'intérêt qui est porté à ce nom recherché révèle un attachement touchant à un sentiment de quelque chose, jusqu'à une émotion, expression d'une certaine affection. 

Si la recherche aboutit, encore faut-il ne pas faire erreur sur la personne... C'est vrai que les avis de décès sont souvent lapidaires, comme s'il fallait aussi enterrer la vie du décédé, ne pas surcharger avec les vivants pressés. Ici, au contraire, dans la circonstance qui me pousse à réagir, l'avis d'obsèques du Midi-Libre, l'ouverture aux autres de la famille, apaisent une frustration, hélas, souvent habituelle. 

Le 19 février 2024, le journal (je suppose qu'il en était de même, parallèlement dans l'Indépendant) annonçait les obsèques de Marcel Sinsollier, 92 ans. Le nom, certes, mais est-ce bien la personne ? Si la profession, active ou passée, était mentionnée, est-ce que ce serait trop demander ? Ce n'est pas en raison d'une hiérarchie arbitraire entre métiers, mais si le mot “ professeur ” figurait, en rapport avec ce que je disais de l'influence des enseignants ? 

Par l'entremise du Net, et c'est heureux, en plus des bougies, des fleurs sinon d'un arbre à planter, figure la rubrique « Hommages et messages... », « ... à Marcel Sinsollier » qui plus est, une formule bien sentie. Au milieu des condoléances, de l'émouvant hommage de Gisèle, une nièce ensoleillée depuis son enfance, par ce tonton aussi distingué que gentil, les témoignages d'anciens élèves confirment : Sinsollier a bien été mon prof d'Histoire-Géo, en troisième, au lycée-prison-Napoléon III Victor Hugo, à Narbonne. 

2021 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur Mf-memoire. Boulevard Marcel Sembat Narbonne, Lycée Victor Hugo (alors de la 6e à la Terminale) ; dans les années 60 l'aile nord-est (où s'engage la voiture après le rond-point), ne comportait qu'un niveau peu assorti à l'ensemble. La classe et le gymnase concernés se trouvaient dans le coin diagonalement opposé à celui de la photographie.  

Oh ! n'allez pas en déduire à de l'irrespect de ma part, surtout pas. Officiellement, bien sûr, nous disions « Monsieur Sinsollier » et « professeur ». Mais entre nous, ce “ prof ”, c'était “ Sinsolle ”... mais c'était dit avec estime, égards. Sans partager l'opinion toute faite de nombre de censeurs dans l'âme, à contre-courant des codes déshumanisés, lui, avait les mots pour mettre en avant le positif quand tous les autres jetaient la pierre... Il savait remettre à sa place, mais sans en faire un drame, jusqu'à en plaisanter même, celui qui n'ayant pas fait le travail, racontait des histoires (2). Dans une salle infecte (1), sentant encore le cambouis d'un ancien garage avant, sous la haute et chiche verrière glauque faisant honte au bleu du Midi, lui, rayonnait par sa voix directe, sa droiture, son maintien impeccable, son attitude sans ambiguïté aucune. Une autorité juste et sereine que personne ne se serait amusé à contester... 

Il a fallu qu'il meure pour que je sache son prénom : « Marcel » (il nous avait alors seulement dit une fois qu'il était officier de réserve) (3). Il a fallu qu'il meure pour que je sache qu'il était de novembre 1931, né à Oran, comme son père, je suppose, né en 1910. Il a fallu qu'il meure pour que je réalise qu'ils ont sûrement connu la Guerre d'Algérie, l'exode des Pieds-Noirs... que mon professeur enseignait une Histoire peut-être vécue dans sa chair...  

Qu'est-ce que je vais mettre comme hommage ? que ce soit sobre, puisque, qu'on le veuille ou non, rendre hommage à quelqu'un conduit à se mettre en avant. Oh comme il m'a fait aimer la géographie, cet homme ! Comme hier, je vois nos schémas en 3D du relief karstique, des cluses du Jura... plus impartial pour mon travail, je réalise que j'abusais des premiers feutres de toutes les couleurs, c'étaient trop d'ocres, de jaunes, d'orangés et monsieur Sinsollier qui se gardait d'y trouver à redire et complimentait plutôt pour la perspective et le soin apporté. Bien sûr qu'on aime faire plaisir à qui vous le rend bien ! 

Je me garde pour moi que ce matin, lors d'une explication pour expliquer qu'à parler du Sud, je suis moins sensibilisé aux beautés trop voyantes en paysages, en personnalités, de la côte sud-est, d'Azur, tout à coup, en hésitant sur le double “ l ”, qu'est-ce qui m'a pris d'aller taper « Sinsollier ». Pour “ le Jack ”, Jalaguier, encore un de ces professeurs qui comptent, je savais déjà. Désormais, pour Marcel Sinsollier, je sais. Toutefois, paraissent aussi les prénoms des siens... cela n'a rien d'un voyeurisme surtout touchant aux petits-enfants : Emmanuelle, Pierre, Marc, Thibault, Lauryne, Arthus et Nicolas... J'idéalise peut-être mais un papi pareil, quelle chance ! (4).  

« Les morts, ce sont les cœurs qui t'aimaient autrefois.../ 
... Ne les attristons point par l’ironie amère.
Comme à travers un rêve ils entendent nos voix. » Victor Hugo. Les Contemplations.   

 
Photographie aérienne 1950-1965. IGN / Géoportail. Avec ses bâtiments “ au carré ”, ses trois belles cours, le lycée occupe un espace important qui s'est même agrandi jusqu'à la rue des Trois Moulins,  derrière.  
  
(1) dans le gymnase attenant, c'était pire (professeurs Sallent et Guionie)... et dire que dessous, on a trouvé les vestiges de l'ancien forum romain ! 
(2) m'étant trouvé dans la même situation... plus d'une fois... je ne livrerai pas de nom...    
(3) plus tard nous avons su qu'il était bon au tennis.  
(4) « On disait “ prof ” et pour lui, on disait “ Sinsolle ”, mais avec respect, non sans égards. Dans les moments peu évidents entre enfance et adolescence, par sa droiture, sa voix directe, et aussi l'empathie naturelle qui était la sienne, Monsieur Sinsollier montrait un bon chemin à suivre en toute confiance. » Voilà.  

jeudi 18 avril 2019

JFK l'Alsacien de Nice...

Un copain de ceux, rares, qui peuvent tout vous dire parce qu'ils le disent avec le coeur et vous regardent dans les yeux.

Un homme, les mains dans le cambouis, la tête dans les étoiles.

Jean-François Knecht nous a quittés un 18 avril 2007, laissant six enfants, il avait 49 ans.