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mardi 22 juin 2021

Un vieil Indien dans la ville, version covid (mai 2021) (4)

Pour ne pas s'empêcher de dire, qui tient la plume doit se désolidariser de l'autobiographe en romançant... la bonne combine pour faire dire à son double tout ce qu'on préfèrerait garder pour soi. Je parle de lui en écrivant "il" puisqu'il est le voyageur que je suis et que je suis le voyageur qu'il est...  

La Crète s'éloigne dans le sillage, Cythère et le Péloponnèse ouvrent un nouveau tableau avant la mer Ionienne et d'autres îles, manière de penser à Ulysse. La botte italienne n'est pas loin : depuis nos 13.000 mètres d'altitude, c'est plus vrai encore. 

 Retour au calme. Réveil alors que l'appareil aborde Nice. La carte montre qu'il s'est écarté jusqu'à survoler la Corse. Et à présent les Alpes, la neige ne pouvant plus nourrir les glaciers. Puis la campagne, les champs, des éoliennes mais pas de centrale nucléaire à l'horizon du Bassin Parisien. 

 Atterrissage... 20 bonnes minutes de retard... avec 15 minutes de roulage en prime puisqu'il faut faire le tour complet de Roissy pour se garer... et dire qu'avec le covid et un trafic réduit il n'était pas illogique de penser plutôt à gagner du temps... Que nenni ! Pire encore quand la sortie de l'aérogare désertée s'apparente à un parcours du combattant. Pour commencer un énième contrôle du test négatif avec une dame poussant le zèle à éplucher l'intégralité du document ! 

En suivant, une quête labyrinthique de la valise : des couloirs qui n'en finissent pas, des tapis roulants non fonctionnels, amorphes ou entravés par un groupe, valises aux pieds, piaillant l'ourdou ou le tamoul, une porte tourniquet avec la hantise aussi immédiate que non-fondée qu'elle ne tourniquettera pas dans l'autre sens, encore un escalator mais toujours le logo et l'inscription "bagages". Horreur ! en bas des marches mécaniques, un cul-de-sac "Navette" ! Pourquoi le jeu de pistes "Bagages" s'arrête-t-il soudain ? Où peut bien mener ce petit train ? Comment ? faut-il dire adieu à la valise, la seule à tenir le coup après tant de vols (achetée sur un marché de Besançon) ? Remonter puisque c'est possible. Ouf tournicoter à nouveau. Miracle, une hôtesse : 

" Mais si monsieur, avec la navette, à cinq minutes à peine la remise des bagages..." Paroles réconfortantes avec en prime la voix chantante du Sichouan, de Wuhan ou Canton... Comment savoir, le stress plus que l'universalisme fossile vermoulu, rongé de jacobinite boboiste pourtant imposé par une prétendue élite (heureusement rejetée de nos jours) ne laisse pas le loisir de demander au sourire bridé d'où il vient ? 

La valise se promène sur le serpentin de desserte : avec ses petites fleurs bleues et son air de toile cirée, il ne peut pas la manquer ! 

Maintenant la gare, les flèches à suivre et la confirmation de la direction sur le panneau suivant. 

Basilique du Sacré-Coeur, wikimedia commons, author Superchilum.
 

Les distributeurs de billets. Que disait le site "SeNeQeFe" (pourquoi un "u" après le "q" ?) sur internet : "Prenez un titre de transport "Ile-de-France" sauf que la machine ne propose pas cette dénomination de billet ! Machine qui rame... Ouf la seconde délivre bien de quoi rejoindre Bercy (19 h 47) via la gare du Nord et les Halles-Châtelet, en théorie du moins. Le RER attend l'heure de départ. Malheureusement il est huit heures et l'arrivée à temps pour le bus est compromise. Envers et contre tout, ne pas baisser les bras... Point très positif, contrairement à ce qu'il supputait, ce train est sans arrêt jusqu'à la gare du Nord : vingt bonnes minutes de gagnées... Vue sur le Sacré-Cœur, c'est tout ce qu'il lui sera donné à voir, fugitivement, et de loin, du  Paris des touristes. Les Halles : de là c'est la ligne 14 du métro qu'il faut rejoindre. 

Fourmilière ? Termitière ? Une fréquentation jeune, de petits groupes, souvent par deux... Et au milieu, valise bleue à fleurs, chemise rouge, directement téléporté depuis les tropiques, un vieil Indien dans la ville, le seul en manches courtes, trop voyant dans ces flots croisés de blousons en gris, de vestes noires, d'ensembles sombres. Le seul vieux à aller dans le flot rapide des jeunes. Le crâne se sait mal du courant d'air de crypte ou de catacombe courant les galeries d'une haleine caverneuse... Mais s'il sort le béret, en plus des fleurs de la valise, du rouge de la chemise, des manches courtes, de son air retraité obligé de turbiner, ils vont croire que c'est pour gratter quelques pièces ! A combien de mètres sous terre ces tunnels pour myrmidons filmés et géolocalisés ? Malheur ! un contrôle robotisé ! Toute une rangée de sas électroniques qui ne laissent passer que sur présentation du titre de transport. Inutile de jouer au chevreuil au-dessus du tripode qui aurait plutôt trois bras, les couperets escamotables de plexiglas forment une deuxième ligne ! Il voit bien faire les usagers. Il suffit de les imiter ! Sauf que son billet n'ouvre rien, il a beau préparer la valise, présenter l'ordi sur le ventre, frotter mon bout de carton vif ou léger, direct ou en rondeur, rien n'y fait ! 

Oh ! cette brune qui réussit son saut de chevrette mais plus pour amuser sa copine que pour frauder : elles en rient synchro ! Ce n'est pas que l'idée ne l'effleure pas un éclair de seconde mais il n'a plus l'âge de s'afficher derrière une chevrette ! C'est alors qu'une âme charitable de la harde, jeune et jolie qui plus est, le prend presque par le bras, covid oblige, pour le mener, tel un aveugle, au bout de l'escadron de machines ou, effectivement, deux d'entre elles veulent bien engloutir un laisser-passer de papier. Un petit vieux, provincial et perdu piétinant d'impuissance : quelle pitié ! Devant lui, au sol la valise, sous son menton la banane et la sacoche de l'ordi sur le ventre... heureusement que le sac-à-dos suit, lui, sans autre complication. Pousser du pied, récupérer le billet régurgité, passer les cerbères escamotables quitte à les obliger un peu ! Et alors ! "Merci mademoiselle !" (pourquoi dire madame à une dame jeune ? pourquoi y voir un rapport avec ses expériences intimes ?). Ligne 14, direction Olympiades ! surtout ne pas partir dans l'autre sens ! Il y est presque : deux stations seulement. Debout près de la sortie. Elle, assise, tonkinoise ou petite bourgeoise ; elle le regarde. Elle doit dire, en face d'elle, à celui qui est de dos "Si tu voyais ce vieux vieille France sorti d'on ne sait où..." La répétition le dit bien... Face à elle, pas discret, lui se retourne comme pour découvrir un martien ; pour notre voyageur, ça passe au-dessus des cheveux blancs pas encore tombés. (à suivre)


mercredi 26 mai 2021

Un vieil Indien dans la ville, version mai 2021.

Ah les voyages ! Il faut pour le moins s'en accommoder et en définitive se dire que si l'avion ne fait pas demi-tour à cause d'une panne, s'il ne tombe pas, si un pirate ne le détourne pas, ce n'est pas vital s'il atterrit en retard. Et que si on arrive, au bout du compte, même un jour après, ce n'est pas si grave. Et pourtant, les retards et contretemps ne peuvent qu'être sources de stress même si ce stress génère une adrénaline poussant à faire le maximum pour atteindre le terminus. 

Depuis Mayotte, quand on habite en brousse, paradoxalement, à cause de la vie moderne et du parasitisme bloquant des politicards qui, par trop égocentriques, n'ont jamais anticipé les excès du progrès, du modernisme à tout crin, il faut prévoir jusqu'à deux heures dans les embouteillages là où vingt-cinq ans en arrière il fallait une demie heure pour parcourir les trente kilomètres menant à la capitale... Chance, c'est samedi, une heure suffira... 

Mamoudzou et Grande-Terre s'éloignent.

Plus de lumière à l'opposé mais un matin blafard loin de l'idée qu'on se fait des tropiques.


Puis il faut prendre le ferry appelé ici la barge. Il faut barger pour traverser l'isthme entre la Grande et la Petite-Terre. Six heures moins trois minutes et cette dame forte (une big mama dans le langage local) occupée certes mais qui bouche l'accès à la billetterie... pardon que j'ai dit mais la valise ou le sac à dos l'ont poussée un peu. Je n'ai pas été sourd sauf que n'étant pas tombé de la dernière pluie, du tac au tac elle s'est entendue aussi des noms d'oiseaux dans ma langue locale aussi, en occitan. Et la queue au guichet... Chance, l'amphidrome (dernière version de la barge) patiente un peu. Une pauvre femme mendie de l'un à l'autre. Aïe en période de covid ! Les yeux exorbités d'un compatriote lui lancent un "Dégage" des plus dissuasifs. Tout le monde reste dans l'expectative. 

De l'autre côté, il faut sauter dans un taxi collectif qui n'a que faire de la limite de vitesse en ville. 2,50€. 

Sans le motif impérieux et le test négatif on ne rentre pas dans l'aérogare vide !

La salle d'embarquement.

Plus de monde et des voyageurs qui arrivent alors que l'heure initiale d'embarquement est dépassée... A ne plus rien comprendre alors qu'il faut prévoir d'être à l'enregistrement au moins deux heures avant le départ prévu...

La compagnie monopolistique de l'océan Indien au prix fort par manque de concurrence. Corsair, venant ou ne venant plus, n'a pas assuré un service acceptable sur dix ans en arrière. Cette année Air France était annoncée pour quatre liaisons directes par semaine avec la métropole sauf qu'ils ont démenti. N'étaient-ce que des désirs pour la réalité ? N'était-ce qu'une rumeur ?


Sésame pour rentrer dans l'aéroport : le test négatif au covid. A l'enregistrement, le test négatif au covid. Au contrôle de police, le test négatif au covid. Personne dans la salle d'embarquement. Ensuite, néanmoins, plus de têtes qui dépassent des sièges. L'annonce de l'appel différé en raison du covid, la bonne excuse... comme si l'épidémie datait d'hier. L'avion aux deux tiers quand même avec 20 bonnes minutes de retard. 


samedi 19 décembre 2020

LE POUMAÏROL, un pays perdu (1)/ CES VIEUX SCHNOKS ERRANTS, QU'ON LES CONFINE, QU'ON LES VACCINE, QU'ON LES INOCULE !


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Serge et Roger, deux copains d'avant, du même village, désormais septuagénaires, se sont retrouvés dans une vieille complicité d'autant plus partagée que tous deux, outre les affres du temps, subirent jadis celles du divorce. 

Serge : " Mais si je te dis, il faut y aller ! Un pays perdu, dans les hauts, le plateau du Poumaïrol, tu peux chercher, rien sur la toile, juste une chronique complètement imprévisible sur les filles de là-bas ! C'est pour nous ! Tu sais, ça me fait penser à un film avec Michaël Caine mercenaire, il défendait une vallée perdue avec des gens encore en dehors d'une guerre terrible, celle de Trente Ans je crois... 

Roger : Michaël Caine ? il est mort non ? 

- Non je ne crois pas, c'est Sean Connery qui est mort, ils jouaient ensemble dans l'Homme qui Voulait être Roi, enfin quelque chose comme ça... Il est chouette cet acteur anglais, il jouait dernièrement sur Arte, un film sur la guerre froide, à Berlin... C'est fou, ces vieux films, j'aime tellement que j'ai du mal à me laisser embarquer dans les récents... 

- Je crois bien être comme toi : Arte, ils ont passé les Sept Mercenaires, Mon Nom est Personne et qu'est-ce que tu veux, j'adore, ces gros plans de grandes gueules ! Entre parenthèses ils ont programmé aussi les Grandes Gueules avec Bourvil et Ventura ! Je ne sais pas si c'est passé au cinéma Balayé. Tu te souviens, l'ambiance quand les Francis, Farinau, Arnaud et Kaiser, et ceux que j'ai oubliés (après tout ils n'ont qu'à nous faire coucou !), tapaient des pieds au fond de la salle chaque fois que ça dézinguait, avec le vieux Balayé qui les houspillait pour la forme. Alors ça riait, ça ricanait avant de chahuter de nouveau ! Qu'est-ce que tu veux, j'en ai encore les larmes aux yeux même si ce n'est plus de rire... C'était quelque chose, l'ambiance, en plus de celle du film... 

- Au moins on profitait du spectacle, encore gamins, sur les bancs devant, encadrés par madame à la caisse, et la mamé Calavéra pour les cacahuètes sans oublier le bambou de Balayé ! 

- "Fafa", "Patanet"... et les autres ? C'est malheureux la mémoire, même les surnoms m'échappent... 

- Et pardi, ça se travaille... 

- Et dire qu'Henri le mécanicien en a dressé une belle liste, remontant loin dans le temps mais aussi de ceux de nos âges... 

- Comme quoi ? 

Roger : A froid comme ça, je ne sais pas, tiens comme "Mazo" ou "Chuello", les pauvres, ça me fait quelque chose de penser à eux... J'aimerais avoir des nouvelles de "Lapanne" ... 

- C'est vrai qu'il s'en est sorti d'une... Tiens, j'ai croisé "Caïus" pendant le confinement...  

Roger : Tu as raison ! parlons des vivants, il vaut mieux et puis il faut les apprécier tant qu'ils sont là plutôt que les regretter une fois morts ! Comment il est Caïus ?

- Bien, pas un poil sur le caillou mais la ligne et toujours le même sourire malgré le confinement... Il faut vivre macarel ! Démarre ton engin, on y va, je te dis ! Ça va être chouette ! 

- Minute papillon ! Qu'est-ce que tu crois ? Tes filles du Poumérol, c'est pas les filles de Pomérol quand une loi méchamment assimilationniste obligeait à franciser même le nom de nos immigrés d'Espagne ? La famille Palmérola... Sinon ton Pomérol dans la Montagne-Noire, ça s'est perdu dans les brumes d'une France de paysans... C'est une vieille histoire ! Et puis il est loin ton coin ?

-  Si je te dis qu'on y va, c'est que ce n'est pas loin, dans le Tarn, aux limites de l'Aude et de l'Hérault ! Les vieilles histoires et les graillous, ça nous connait, même à deux... Alors... Et puis pas moyen cette année d'aller faire une sortie en Espagne, virus oblige !

Roger : Tu as prévu pour l'intendance...

- Écoute, j'ai une bonne barquette de cassoulet mais pas que de mounjetos, cuit avec les couennes, la saucisse, enfin, ce qu'il faut, pas encore congelé... Et du congelo, un bourguignon, ça te dit ? Et on achète en chemin, le pain en priorité et ce qui nous fait envie, des huîtres s'ils en ont, sinon des moules, on verra bien !  

- Hééé ! où tu vas si vite ! Le couvre-feu, tu y as pensé ? 

Serge : Quoi ? On a le droit de circuler non ? et à partir de vingt heures on bouge plus... de toute façon tu sais bien qu'à cette heure-là, ça fait plus d'une heure qu'on est à l'apéro... 

- Pétard t'es pire que les Chevaliers du Fiel ! 

- Tu crois que c'est du vrai jaune qu'ils picolent pur, sans eau ? 

- Et non heureusement, c'est ce genre de sketch qui demande l'exagération... A tous les coups, c'est de l'antésite... Si je te suis, sobres à midi et relâche le soir comme pour toutes nos virées... 

Serge : Oui, oui ! Aïe qu'elles sont jolies les filles du Poumaïrol ! 

- Holà ! plutôt que de dire que ce n'est plus de nos âges, disons qu'il n'est pas interdit de rêver, que nous trinquerons à leur santé, de loin ! Et attention aux 135 euros chacun, ça ferait cher la sortie ! Ils mettent 100.000 flics et gendarmes pour contrôler la nuit !

- Mais non, attends je te dis, la nuit on trouve un chemin forestier, ça nous connait... à l'aventure, en toute discrétion, toujours ! on a même le droit de sortir la table et le fauteuil à côté ! Alors tant que la santé le permet, si elle ne permet pas autre chose, un bon moment à passer, comme d'habitude, et puis de parler d'un temps qui ne reviendra pas ne peut pas faire de mal... 

- La table ? en décembre ? la nuit ? n'y compte pas... Sinon, impossible d'être et d'avoir été...

Serge : On peut plus... on peut plus... on peut ce qu'on peut et l'occasion fait le larron non ? méfi de l'eau qui dort... et des chercheurs de champignons !

Roger : Ce n'est pas l'eau qui nous fait dormir, plutôt ce qu'on picole surtout que pour parler des filles, on est bons... 

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- Qu'est-ce qu'on ne ferait pas avec la langue... Heureusement qu'on crapahute en balade et pour les champignons !

- Hé ! ça émoustille cette vie rustique même si à force le verre n'est plein qu'au huitième, quitte à compenser avec les coups en trop. La nostalgie nous fait boire. Au moins, ça nous ouvre l'appétit, puis, le ventre plein, on pète, on rote, on ronfle chacun dans sa bauge de sanglier solitaire ! 

Serge : Oui mais qu'est-ce qu'on ronfle ! Et si ce n'était que l'envie de festoyer, ne dis pas que cela ne nous garde pas en forme ! Et tu sais bien qu'il n'y a qu'une possibilité de ne pas mourir... 

- Et oui, c'est vieillir mais alors en vieux-jeunes ! La preuve, pour les filles du Poumérol ? Ount as trapat aco ? Où tu les as trouvées ?

Serge : Figure-toi que j'ai lu un post, écrit par "Djèou", sur Fleury et le coin... Tu le connais "le Djèou" ? c'est un petit canaillou celui-là, enfin un vieux canaillou comme nous, il annonce qu'il va écrire sur les raisins et les châtaignes, et l'air de ne pas y toucher... trois points de suspension après, il ajoute en sous-titre "les filles du Poumaïrol"... 

Roger : Et il est allé voir ? 

- Non, il l'a lu, il en parle, des Mountagnoles descendues pour les vendanges, les olives, les sarments... un mode de vie perdu, d'avant la guerre de 14...  qui a rejoint ces histoires de gentilles bergères... sauf que là, en groupe, elles n'hésitent pas à provoquer... des allumeuses...

- Et bien sûr, ce sang neuf dans les villages de la plaine laisse des traces. 

- Comme tu dis enfin, surtout qu'en groupe, elles n'ont pas froid aux yeux... Et même rien que d'être présentes, tu te souviens, les petites Espagnoles pourtant si réservées, elles en ont fait gamberger plus d'un à l'âge où ça fouette le sang...

- Je sais, près de soixante ans plus tard, on s'est dit bonjour avec une qui vendangeait chez Lamur. 

Serge : Et alors ? 

- Et alors rien, c'est comme la mayonnaise, si tu ne remues pas assez, elle ne monte pas ? Nous avions juste à nous dire que nous étions de la même colle, une certaine année et plus rien, juste un constat qui ne remue plus rien... 

- Pourtant, jusqu'où ne serait-on pas allés pour une fille, même à vélo... 

Roger : M'en parle pas, deux fois j'ai fait plus de cinquante kilomètres pour me prendre une claque d'avoir mis la main où il ne fallait pas... de bons souvenirs !

Serge : de bons souvenirs ??? 

- Bien sûr, j'étais jeune, je pédalais bien, en sifflant et en chantant même... "Jamais de la vie on ne l'oubliera..." ... la première fille qui nous claqua dans les bras... 

- Mais puisque tu dis que c'est de l'histoire ancienne...

- Sans l'ancien, pas de nouveau ! Mourons pour des idées, "d'accord, mais de mort lente", tiens, encore comme Georges, un de plus mort à soixante ans, tu te rends compte... Et cette grognasse de Lagarde qui ose dire que les vieux sont un problème ! 

Serge : C'est elle le problème oui, la tanèque qui pompe du fric parce que la retraite ne lui suffirait pas ! 

Roger : Brrrrrr.... Pour des idées de filles alors... je préfère le Brassens qui nous fait les portraits de Marinette, d'Hélène, de Margot, de Flora des neiges d'antan... 

- Et doña Sabine " Chantez, dansez, villageois, la nuit tombe...". On la chantera, tu vas voir. Et quand on sortira pisser, par-dessus les hêtres, les sapins et le brouillard, on les entendra faire la fête, les villageois du Poumaïrol... et lorsqu'ils nous verront, quelle hospitalité pour des voyageurs attardés comme nous... ils nous recevront à bras ouverts !

Roger : C'est ça, ils vont te donner leurs filles comme dans la Guerre du Feu, la peuplade qui veut éviter la consanguinité ! Méfie-toi qu'ils ne te brûlent pas comme Martin Guerre ! En attendant, regarde bien la météo qu'il a neigé il y a peu, je ne sais pas si le chauffage marche et la route glisserait trop pour mon engin...qu'on ne soit pas récupérés par les secouristes...

- Ils nous en voudront pas ! Nous leur chanterons : "Le vent qui vient à travers la montagne" nous a rendus fous... 

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mercredi 24 juin 2020

PARTIR (10) / Juin 1953, une lettre de Fleury



"... Voilà déjà 13 jours que vous nous avez quittés.../... Marguerite croyait que le mari de Marthe vous aurait accompagnés à cause des valises. Georges aussi aurait pu surtout que tu t'es bien dérangé tous les jeudis à vélo pour sa fille mais c'est un drôle de zigoto, il n'est bon que pour lui.../
... Nous avons reçu la carte de Cherbourg ainsi que la première lettre d'Espagne.Tu as dû avoir du travail avec toutes ces malles mais la bouteille tu l'as laissée à Paris. Tu es parti sans prendre 1 litre de muscat.../

J'ai toujours connu l'empierrage, aujourd'hui mité par des colonies de plantes, du chemin vicinal bordant le fleuve.

Le cabanon de la Pointe, un lieu de résidence depuis des lustres désormais. 

La vigne n'est plus, le chemin vicinal non plus, rongé par la rivière.

... Avec papa, ils étaient à la Pointe pour arroser. Jusqu'à présent l'eau était salée. Il a fait une pluie qui aura pénétré, la garrigue sera contente, ça en avait grand besoin. La rivière était trouble et comme sel zéro. Il a beaucoup plu du côté de Carcassonne.../
... Il nous tarde de savoir si vous êtes arrivés.../
... Claude Pech a fait un article sur le journal au sujet de ton départ. Je te le récupère pour le conserver. Il dit que tu as été nommé dans une ville du Brésil comme professeur français, que tu vogues avec ta famille vers ton nouveau destin et que ta mission sera féconde. Il y a aussi le mariage d'Emile Perucho il se marie après-demain à Sigean. Mamé dimanche a mangé à la maison on avait un morceau d'agneau que Marty nous a donné pour un pré trop court qu'il n'a pas pu couper. Ils ont fini d'arroser. Demain ils vont à la Barque Vieille sulfater et papa labourera.../

Le cabanon de la Barque Vieille.


Sinon rien de nouveau au pays.
Chez tante tout le monde va bien. Tous vous envoient bien des choses.../
... Encore une grosse embrassade de votre maman
Ernestine Dedieu. 
... Écrivez souvent cela empêche de languir... Dis-nous si vous avez eu du mauvais temps sur le bateau... si l'océan était calme..."


Partie le 12 juin la lettre arrivera au Brésil le 10 juillet. 

jeudi 4 juin 2020

PARTIR (4) / Le RMS ALCANTARA à destination de l'Amérique du Sud.



"... Cependant nos bagages étaient acheminés par des stewards dans nos cabines. Nous avons remis presque aussitôt nos passeports à notre valet de chambre : Mr Gonzalez. Je parle espagnol avec lui. La cabine est spacieuse (4 mètres sur 1m 50 environ)... /... Une autre lampe au-dessus de la glace, et c'est enfin le lavabo, au fond et en face, sous le hublot (eau chaude, eau froide). Mes petits schémas vous permettront de vous représenter d'un peu plus près notre belle cabine... " 



En ce moment, je vous écris du salon de repos de 2ème classe. Nous avons accosté à Vigo ce matin.



lundi 13 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCOSLOVAQUIE (2) / encore le Languedoc...

Chaleur. Samedi 28 juillet 16 h. La canicule retient au bord de la mer. 


17h 10. Béziers. Une bouteille de propane pour le frigo, la cuisine… Le gas-oil à 1,45€… dont combien de taxes ? 58,62 % TVA comprise en 2017 et ce n’est rien comparé aux tarifs des autoroutes où les compagnies privées qui rackettent vont amortir en trois ans le prix payé à l’Etat tout en laissant les réparations à la charge des régions donc des éleccicons (acronyme d’électeur-citoyen-contribuable). Ne parlons pas de l’hypocrite 80 à l’heure toujours pour que la vache à lait crache plus abondamment au bassinet des riches qui abusent…


Ce ne sont que des pensées parce que mon dernier dirait que ça coupe l’envie d’évasion. Après ça, l’appel de la route. Alors, si pression il y a, que ce ne soit que celle des pneus !  

Nous ferons quelques courses à Pézenas… On clignote vers le parking : mince, des barrières, le magasin est fermé pour travaux et ce serait contre-productif d’en informer sur le panneau publicitaire à l’entrée de la ville ! Tout est calculé sur la planète fric ! 


Pézenas depuis le sud-est Wikimedia Commons Author Christian Ferrer
Pézenas. Retour aux sources. J’ai déjà évoqué mes années ici, de dix à douze ans, du CM2 à la classe de cinquième. 
La route vers Castelnau d’où venait un camarade aussi sérieux que brillant, dont les parents ne parlaient qu’espagnol. 
Cette niche à la vierge, difficile à remarquer sur une placette, qui me reste à cause du brassard sur mon bras droit de communiant, perturbé par une élévation mystique retenue par des tentations plus terre à terre. 
En face de la rue Conti, plus qu’un local indéterminé à la place de la petite épicerie où j’achetais en cachette des tubes de crème de marron. 
Le bar et le jeu de longue, une variante à la lyonnaise et à la pétanque, de l’autre côté de la rue des Calquières Basses du temps du tannage des peaux. Le fronton de pelote en contrebas de la promenade aux platanes, formidable protection contre les colères de la Peyne. 

Pézenas Monument à Molière Wikimedia Commons Author Christian Ferrer

La grande place où se jouaient jadis les parties de tambourin n’est plus qu’un parking. Enfin, tout me parle dans cette ville qui n’est plus la même mais que j’aime toujours. Là le petit jardin public avec le buste mortuaire d'un Molière accompagné d’une soubrette de comédie trop vivante. A côté l’ancienne école des filles avec ses airs Napoléon III resté à la République. En face, toujours le marchand de cycles… Quel grand jour celui du vélo en cadeau, un Peugeot, routier et lourd, bleu roi… 
Après le pont, la maison de monsieur Cros, le professeur de français qui nous offrit le gîte un moment. En vis-à-vis la station d’essence qui servit de QG lors de ma fugue pour deux zéros en allemand. 
Plus bas, au niveau du raccourci vers le pont sur l’Hérault, le grand jardin d’Alain qui nous invitait à des parties de Monopoly. Le pauvre devait mourir avec son père dans un accident de la route : ils allaient à un enterrement…   
Le stade des violets qui venaient de perdre la finale de troisième division quand nous sommes arrivés. La route qui y mène continue jusqu’à la campagne du docteur Rolland où nous avons loué un temps.
Après le passage à niveau, la Grange des Prés. Une plantation de mûriers, certainement du temps des vers à soie, descendait jadis jusqu’au fleuve (aujourd’hui coupée par l’autoroute). Sur l’accès à ce domaine, presque un château cette Grange des Prés, le parrain de papa, parti de nos garrigues parce qu’une trop grande consommation de gibier mettait sa vie en danger, se tua en tombant de bicyclette sur la bouteille cassée qu’il transportait, du vin de la buvette à laquelle il avait droit.


40 kilomètres à peine sur la route de la Tchéco. A ce rythme, on n’est pas encore arrivés !     
 

vendredi 10 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCO...

Dix petits jours pour une rapide migration au pays de maman, là où tant d’êtres chers désormais reposent, à l'âge où il est de plus en plus vain de se raccrocher aux édifications des humains, des châteaux de cartes qui se défont et se succèdent. 

Depuis la retenue d'Holoubkov, prise vers l'Est, la forêt.
Encore qu’avec la géographie des cours d’eau et des monts, il reste la grande forêt. Même si sa temporalité, l’inversion entre les jeunes plantations et les vieilles futaies arrive à matérialiser l’inéluctable fuite du temps, l’être peut s’y situer entre les générations en amont et celles qui, par le futur, peut-être continueront à se nourrir aux mêmes racines. 

Au-delà des considérations qui précèdent, heureusement qu’à l’opposé de la légèreté propre aux pérégrinations de loisir, demeure, dans le prolongement sempiternel des migrations humaines pour la perpétuation de l’espèce, le voyage retour vers ceux qui sont restés. Les mots d’Andrée Chedid (1920-2011) entre un petit qui part à jamais et son grand-père qui reste, marquent pour toujours ces déchirements familiaux liés à l’émigrant quittant le quai :

« … Je te quitte, dit l’enfant retenant ses larmes.
- Tu m’emportes, dit le vieux… » L'enfant multiple 1989.

Alors, dans la mesure du possible, la priorité doit rester aux vivants qu’il faut revoir. En avoir conscience et se soustraire à cet appel, c’est se trahir.

Du samedi 28 juillet au mardi 7 août 2018, nous sommes donc partis pour la « Tchéco » comme nous persistons à l’exprimer. Il s’agit bien de l’ex Tchécoslovaquie désormais Tchéquie, République tchèque vers où, tels des oiseaux, nous suivons plus ou moins, depuis 1957, malgré un fil de l’Histoire subi car bien trop empreint de bêtise humaine, une même route migratoire.  

Tchéco Greater_coat_of_arms_of_Czechoslovakia_(1918-1938_and_1945-1961).svg Author SHazz
   

lundi 6 novembre 2017

MAYOTTE "Sois sage ô ma douleur..." (1) / Mayotte en danger !

Je levai l'ancre un matin de septembre 1994...  

"... Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin, 
Mon âme rêveuse appareille
pour un ciel lointain..."
Charles Baudelaire / Spleen et idéal / LE SERPENT QUI DANSE

"Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, 
L'univers est égal à son vaste appétit. 
Ah que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !.."
Charles Baudelaire / Les fleurs du Mal / LE VOYAGE 


Je vis... 
"... Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux
et des femmes dont l’œil par se franchise étonne..." 
Charles Baudelaire / Spleen et idéal : PARFUM EXOTIQUE

"... Là, tout n'est qu'ordre et beauté, 
Luxe, calme et volupté..."
Charles Baudelaire / Spleen et idéal / L'INVITATION AU VOYAGE

Hier soir... 

"... Ce soir la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté sur de nombreux coussins, 
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins..."
Charles Baudelaire / Spleen et idéal / TRISTESSES DE LA LUNE 

Mayotte, alors que la brousse se réveille dans les chants des passereaux, (qu'ils en soient loués), que la verdure semble harmonie, l'incertitude, l'inquiétude irradient au moment d'allumer la radio pour les infos...Là, tout n'est que désordre et mocheté, misère, tumulte et abjection. Et pourtant, on ne peut rester hors du monde, dans une bulle surtout qu'elle va crever, la bulle : les petits oiseaux en sursis, la terre assoiffée... à peine quelques gouttes pour une pluie des mangues en retard d'un mois ! 

D'où mes tweets têtus, rageurs : 

  faute de bateau pour Anjouan (2) la reconduite aux frontières se fait par avion ! Mais où partent nos impôts ?

forêt défrichée à grande échelle Le bidonville insalubre, la mise en culture pognon pour le proprio. QUE FAIT L’ÉTAT ?

  ASSISES OUTRE-MERS ? Participation démocratique ? Questions de forme, blabla ! Rien sur le fond de mépris normalisé !

  faut être à l'article de la mort pour 1 prise en charge Mourir pour occlusion intestinale traitée trop tard par ex. !

  1 cyclone, des écoles en rotation, choquant mais provisoire à St-Martin A Mayotte sans cyclone normal et permanent ! 

hôpital submergé en grève L'ARS + ministre reporte donc la réunion urgente prévue le 2 nov depuis 3 sem au 4 décembre

santé en faillite Évacuations systématiques à la Réunion Le dir de l'hôpital dit de revenir au boulot avec sérénité !

tjrs des écoles closes à cause des rythmes scolaires Oh 1 si bonne réforme pas vrai Constance Cynique vice-recteur ?!!

Et puis comme un contrepoison, un antidote, un gros nuage gris et gras dans un ciel trop bleu, les vers de Baudelaire, bruts de pessimisme mais empreints de beauté aussi. L'illusion d'un paradis. Les contradictions entre l'apparente indolence et des hommes au corps mince et vigoureux qui ne le seraient pas sans la vie très physique qu'ils menaient. 
J'ai pensé aussi à "...UNE MALBARAISE" mais sa lascivité d'odalisque rappelle trop l'esclavage sexuel... Quand l'anachronisme se confronte à la contemporanéité...  

(1) Charles Baudelaire / 1868 / RECUEILLEMENT 
(2) grève au port de Mutsamudu (Anjouan). 

Crédit photos : 
2. Maoulida carte postale photo Bruno Marie Ed. Baobab. 
4. carte postale C. Schaub Kostia créations. 

samedi 2 septembre 2017

ITINÉRAIRE D’UN ENFANT LASSÉ 2017 (III) / La Réunion et Mayotte

A propos des contrôles mais sans savoir si le terrorisme n’a malheureusement pas fait évoluer ces dispositions encore de 2011...

« Bon à savoir. A l’aéroport, les agents de sécurité dépendent d’organismes privés. La loi ne les autorise qu’à opérer une inspection visuelle de vos bagages. Ils ne peuvent les fouiller qu’avec votre consentement.

Enfin, toute fouille doit donner lieu à un procès verbal. Si vous n’êtes pas d’accord avec ses termes, vous n’êtes pas obligé de le signer et pouvez faire appel à un avocat pour porter plainte. » (N. Obs 26 déc 2011).

Page 9 de la recherche internet, je tombe sur un contrôle aussi brutal qu’inquiétant, celui du Falcon 50 des présidents du Rwanda et du Burundi, explosé à l’atterrissage le 6 avril 1994 et pour lequel la responsabilité de Mitterand serait engagée.

https://books.google.com/books?id=Xz4hp7EeUp0C&pg=PA328&lpg=PA328&dq=refus+contr%C3%B4le+s%C3%A9curit%C3%A9+a%C3%A9roport&source=bl&ots=eO91EWCOZF&sig=3cMjTfkLa-QXBg-TvfBe5gUiy1A&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjO15Kx1fnVAhXDZlAKHc_IA8s4UBDoAQgsMAE#v=onepage&q=refus%20contr%C3%B4le%20s%C3%A9curit%C3%A9%20a%C3%A9roport&f=false

Allez palper aussi l’ombre épaisse qui pèse encore autour du « suicide » de François Durand de Grossouvre, le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat... Ce "grand ami" de vieille date de Mitterand, résistant comme lui de l’avant-dernière heure, se savait menacé notamment suite à ses attaques contre Roger-Patrice Pelat pour un délit d’initié et même contre le prope fils du président, Jean-Christophe Mitterand, suite à ses trafics en Afrique. 

J’aurais eu le temps de chercher sauf que pour la wifi de Gillot-La-Réunion-Roland-Garros, cet aéroport du futur, se targuant d’être éco-climatique en 2022, c’est le vide interstellaire... Cucu aussi, le fait de coordonner la sécurité, les talkies-walkies des gilets fluo communiquent pour gérer les navettes des bus vers l’avion sur le tarmac : tout un trafic pour embarquer vingt mètres plus loin, à peine ! Est-ce répondre à l’exigence de sécurité par l’absurde ? 
Par bien des aspects dont celui des plans à très long terme, la France me fait furieusement penser à ces pays jadis du bloc de l’Est qui obligeaient à croire aux lendemains qui chantent, qui s’insurgeaient de la comparaison entre Hitler et Staline et qui à présent, donnent dangereusement dans des pratiques toujours plus éloignées des principes démocratiques et rappelant malheureusement de sombres totalitarismes. Rien de bien positif cette escale forcée qui m’a fait passer l’envie d’acheter une bouteille de rhum duty free. J’ai aimé, ce matin, les lignes nettes des cirques sans nuages et je m’en veux presque de n’avoir pas mieux fixé, mieux suivi les crêtes et ces ravines abruptes qui descendent à l’océan d’une île méritant mieux que son aéroport... 


Mais la France me direz-vous ? Détrompez-vous, le rouge des sinistres crétins de l’Éducation Nationale est en train de virer au brun concernant la gestion des personnels des collèges... Mon voisin de siège entre Saint-Denis et Dzaoudzi me l’a bien démontré. D’après lui le « no pasaran » des Républicains espagnols ou la chemise noire des émules du Duce n’ont pas été figés par l’Histoire...
  



Mayotte. Le voisin informe la cantonade que la route est barrée à hauteur de Passamaïnty, la grève des pompistes qui continue. Il faudra passer par le centre où une attaque des coupeurs de route n’est heureusement plus d’actualité. La première valise, la bleue, est bien arrivée mais la rouge, elle, tarde, je regarde avec de plus en plus de dépit et de moutarde au nez, les dernières rotations des trains de chariot ! Encore une fois, le bagage sera déclaré perdu ! Encore une fois les coquins associés se renverront la balle et comme la dernière fois Air France me dira qu’ils sont désolés mais qu’ils n’y sont pour rien, que je n’ai qu’à m’adresser à la compagnie partenaire... Ils ont trouvé une chouette combine, avec SKY TEAM comme parade aux réclamations, pour s’en laver les mains au détriment du passager ! 



Elle arrive enfin, la deuxième valise ! Le sourire débonnaire des douaniers répond à ma candeur de voyageur n’ayant rien à déclarer. Patience pour le taxi collectif (2,4 € la course, bagages compris jusqu’à la barge, 4 kilomètres environ). De plus grande capacité que les barges, ce sont les amphidromes qui font le service. L’alizé est frais sur le bras de mer. Mamoudzou, la capitale de plus en plus embouteillée vu que rien n’a été fait depuis 23 ans ! Mais l’île reste attachante dès que les virages nous emmènent en brousse. Le tronc gris des canneliers n’est pas sans rappeler l’écorce poivre et sel des bouleaux et ce rapprochement à priori abscons me dit que cette terre tropicale d’adoption appartient aussi depuis longtemps, à mon univers intime... 

crédit photo 1. wikimedia commons La Réunion Author Oti Nord. 

note : photos 2, 3, 4, 5 d'archives pour l'arrivée à Mayotte encore en saison des pluies, plus verte.