Mercredi
19 juin 2024 (suite… et fin ?)
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Daniel_Balavoine_sur_TF1_en_1980 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Christian D'AUFIN |
«
… Aimer est plus fort que d’être aimé… », titre et paroles de 1985, Daniel
Balavoine (1952-1986). Assurément, le plus fort des sentiments vers l’être aimé
passe avant les preuves d’amour en retour. Latente, cette chaleur pour une, un
autre qui fait tant partie de soi, s’exprime telle la prose de monsieur
Jourdain ; toujours elle rayonne sauf qu’elle brûle si la main approche de
trop près. Alors, en retour, quelques signes ponctuels suffisent pour savoir
qu’on compte aussi, n’en soyons pas le récepteur avide, carbonisé de
l’intérieur par une autolâtrie aberrante… Et puis, il faut savoir en estimer les
indices seraient-ils insignifiants… ne pas passer à côté des petits bonheurs
qu’il faut savoir apprécier, qui peuvent commencer avec le café du matin alors
que la vie peut aller.
Plus
haut au volant de sa petite maison roulante entre voiture et camion, bien que
dormant, secret, il le ressent ce contentement d’y être arrivé : tous ces
kilomètres, l’incursion dans l’aéroport, le fils retrouvé, la nuit, la pluie,
tous ces phares agressifs.
Papa avant tout, pas pépé en dépit de l’âge, c’est
pourtant ce poids des ans qui le replonge dans ce temps passé trop vite, ce
petit accompagné tous les jours en classe et qu’il allait chercher toujours avec un même bonheur… ce chemin
d’école si beau pour cette trop bonne raison et aussi parce qu’une nature
exaltante ne savait dépeindre que la beauté tranquille d’une île qui console
puis impulse pour continuer…
On
dit que l’espèce humaine est la seule à s’occuper si longtemps de sa
progéniture… Il n’empêche, bébé il y a trois jours, avant-hier petit garçon, ado
hier dès qu’il n’a plus voulu qu’on l’accompagne, aujourd’hui, avec la
moustache, veille de s’envoler pour des études lointaines, de partir seul sur
le chemin de la vie, il n’y est pour rien si, déstabilisé, son père se doit de
retrouver un équilibre positif…
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SergeReggiani-1970-Milan-Italie Domaine public. Author Angelo Deligio, Mondadori via Getty Images |
À propos de chansons, bien que ce soit dans
l’ordre des choses, pour le dire banalement, les paroles de « Ma fille » par
Serge Reggiani (1922-2004) répondent bien à cette forte émotion :
« …Mon enfant, mon petit
Bonne route... Bonne route
Sur le chemin de la vie
Nos deux cœurs vont changer de pays. »
« Puisque tu pars » (1988),
de Goldman, bien que, sauf erreur, dans une conjoncture de rupture, donne aussi
à méditer… Aussi, une cassure autre que
le cours “ normal ” de la vie chez Sardou « Mes chers parents je pars… »
Pour
réagir, aller au-delà du chagrin, l’idée et la réalisation de ce voyage
montrent déjà le bon chemin.
Florian
est à côté, compagnon d’un voyage dont il est aussi tenant qu’aboutissant, il
partage, lit les cartes plutôt que le téléphone, reste vigilant sur la forme,
la fatigue éventuelle du père au volant, se laisse solliciter pour ces photos
de route grise sous un ciel gris vers une promesse au levant sinon d’Europe
centrale où les seuls signes de vie sont ces poids-lourds de logistique et
subsistance…
Il
pleut encore. Der-Chantecoq, le lac, c’est râpé !
Saint-Dizier,
un coin de Haute-Marne coincé entre la Marne et la Meuse, mais plus peuplé que Chaumont, la
préfecture. La ville est marquée par une longue tradition
sidérurgique, fonte d’art (fontaines Wallace), machinisme agricole dès 1924, tracteurs.
L’usine Mac Cormick était à Saint-Dizier depuis 1950 ; employant près de
3000 ouvriers, elle est à l’origine d’un des premiers grands ensembles en France, le
quartier de Vert-Bois. De cessions en rachats, de Mac Cormick à Case puis Fiat,
Yto, leader chinois a racheté l’usine de Saint-Dizier en 1911 pour la fermer en
2020 (le site ne comptait plus que 35 employés [223 au moment du rachat]).
Les
groupes Hachette et Driout poursuivent l’activité métallurgique.
La
tour de Miko ne signale plus qu’un complexe de cinémas mais les célèbres glaces sont toujours
fabriquées à Saint-Dizier.
Parmi
les personnalités liées à la ville, sûrement peu parlant pour les jeunes générations,
sa mention ne nous rajeunirait-elle pas, le nom de Bernard Noël (1924-1970) au
triste destin, né à Sant-Dizier, le touche… Du temps du noir et blanc (1967),
étaient à la télé les épisodes de Vidocq, avec, dans le rôle du bagnard devenu
policier, Bernard Noël (le rôle fut repris par Claude Brasseur dans « Les
Nouvelles Aventures de Vidocq » [1971]).
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Bernard_Noël under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. (mise en 2016 par Gaspard 7). |
Ne pleure-t-on que sur soi quand nous pleurons les autres ?