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jeudi 25 juillet 2024

Vieil INDIEN, vieilles Lunes / Le VOYAGE en TCHÉCO. Prologue

Noir, blanc, chocolat, “ čokoládovej ” disait tonton Staňa...
Vieil Indien, vieille Europe, vie plus vieille que la mort, vieux qui veut...

Département_976_in_France_(zoom).svg Author TUBS under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license / Un vol Mayotte-Paris (9h si direct / 1h de décalage horaire en été) qui continue d'éviter le survol de la Libye, du Soudan mais pas le Yémen des Houthis...

Indien oui, pour dire que trente années dans une île tropicale l'ont forcément déphasé et que, de latent, le constat devient probant. D'un coup, si vieux d'avoir trop vite passé son évasure planétaire, son ouverture consentie et obligée au Monde, aux autres, il aborde le vieux continent aussi déphasé qu'un indigène de terres encore inexplorées (une réalité encore soixante ans en arrière...).

« Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !... » Le Voyage, Charles Baudelaire.

Déphasé aussi par les circonstances, le covid et ses suites, les aléas de la vie dont les ennuis mécaniques et avant tout les problèmes de santé... Néanmoins, cette année, le vieil européen qu'il demeure tient à renouer avec sa famille tchèque (il lui reste une vieille tante Julia [94ans], le cousin Rudi, sa sœur Hana et toute une descendance collatérale ayant ainsi le mérite de maintenir le lien entre lointains “ cousins d'Europe ”.



France_cities Under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Auteur David Monniaux / Un itinéraire via la totalité de l'A 75 ainsi qu'un évitement le plus à l'est possible, des encombrements franciliens (835 km en comptant les erreurs de parcours).

Un projet qui va impacter par bien des aspects, une obstruction globalement floue mais dont les paramètres vont devenir des plus concrets.

En premier lieu, le fait que ce projet se fasse à deux, avec le fils, “ indien ” aussi puisque natif de la Réunion, ancré à Mayotte, l'île où il fut désiré, “ indien” comme l'océan qui les baigne...

En deux, c'est la première fois en seize ans, que cet amarrage à l'Europe ne se fera pas à trois, avec le noyau complet (non, pas ce que vous pourriez croire : “ elle ” a souhaité cette coupure pour cause de nombreux mariages et festivités dans la famille proche et une communauté villageoise mahoraise encore concrète).


18 juin 2024, vers 20 heures...

En trois, parce qu'il part dans son autoroulotte de trente ans d'âge, plus fringant que lui semblerait-il, mais, tout comme lui, n'étant pas sans susciter une vague crainte... (« Camping-car »… un mot pas joli… le grand des Chevaliers du Fiel le répète bien, grimace aidant).

En quatre, c'est que l'amorce de ce voyage s'annonce telle un défi, celui de monter accueillir le fiston à Roissy-Charles-de-Gaulle, avant de partir vers l'Est, pour l'Allemagne, la Tchéquie (il dit et dira toujours Tchéco pour Tchécoslovaquie, c'est de son âge...).

En cinq, bien que paraissant subsidiaire, de traverser toute la France avec l'option aéroport, est-ce raisonnable compte tenu de la circulation en Île-de-France, du “ gigantisme ” de l'aéroport de classe mondiale, qui plus est, à aborder pour une première fois par la route ?

Bref, en regard du projet, bien des appréhensions légitimes. Et quoi, en face, sinon la détermination d'un père prêt à y aller à fond, à y mettre tout son cœur ? Vivre n'est en rien anodin, qu'on soit tenant ou aboutissant, il faut endosser, prendre sur soi... tout doit s'assumer... Être prêt, être en forme, rester vigilant, bien évaluer son état général, sa fatigue... faire ses preuves, rester déterminé tant que le destin le permet, tout est compétition avec soi-même... au nom de bien des choses, d'une sphère de vivants, de disparus, d'un Sud méditerranéen occitan, d'un cœur d'Europe, d'une île de l'Indien puisque tout ne fait qu'un... 

Aya_Nakamura_-_2024 under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported license Author VOGUE Taiwan
 

Vieux il se voit, tout vieux, comme devant se plier à ce corollaire de soldes « Tout doit disparaître ! ». Des ennuis de santé, des amis, des connaissances qui meurent de cancers impitoyables, un fils qui prend son envol, des signes de vie parfois trop facebookés chez ses contemporains, des arbres, une planète qui agonisent, la télé et radio d'État, un parasitisme politique... pas de problématique hiérarchisée dans cette liste, il dit comme ça vient, en se défendant de végéter, en essayant de réagir, en se disant que le « JE », le « MOI JE » peuvent passer pour non haïssables... surtout que France Inter veut marquer l'été avec Romain Gary, personnage au sens plein du terme, jouant d'une personnalité multiforme, d'une ambition, d'un égoïsme, d'une arrogance, d'une versatilité, sans parler de sa mythomanie et mystifications, nauséeuses (mais ce n'est qu'un avis personnel d'écrivaillon qui se voudrait seulement narrateur)... Ne parlons pas du Soleil de Platon qui nous carbonise les neurones... heureusement que les formes voluptueuses d'Aya Nakamura sont là pour rappeler le primordial du vivant...   

Et alors ? pourquoi se raccrocher à un vécu “ romaingaryesque ” ? Pourquoi tenir au récit de ce voyage en Tchéquie ? Mystère... À en rester coi... À moins que ce ne soit surtout un voyage en soi panaché des autres, plus ou moins proches...  

« Takovej pěknej čokoládovej ! » Un si beau chocolaté ! disait strěda Staňa (1929-2015), tonton… trois mots, en parlant de mon petit métis, trois mots pleins d’amour de la part d’un homme par ailleurs travailleur acharné, farouche dans ses convictions, inséparable de son coin natal, entier mais porteur aussi d’ouverture aux autres, d’humanité… 

lundi 20 août 2018

RETOUR A MAYOTTE... / C'est presque au bout.

Mayotte... son nom seul évoquait par le passé un paradis pas tout à fait perdu.
A présent, mieux vaut ne pas trop dire qu'on y va, à plus forte raison qu'on y revient.

"Mais qu'est-ce que tu vas foutre là-bas ?" dit celui qui a connu, qui en est revenu et qui sait combien l'atmosphère s'est dégradée sur l'île !

Le toubib métro (il vaut mieux consulter tant qu'on est en terre développée... c'est plus facile de mourir à Mayotte, île méprisée et abandonnée) a été encore plus direct. "La valise ou le cercueil !" s'est-il bruyamment exprimé, référence à l'histoire algérienne de la France qui n'en finit pas de nous miner... Il me parle de son collègue rentré définitivement après avoir été menacé d'un tournevis sur la gorge pour quelques euros... "Si la légion plie bagage, il ne vous restera plus qu'à partir avec !"

"Mais non ! dormez tranquilles braves gens, la France éternelle veille sur vous" mentent des autorités aussi incapables qu'incompétentes... ce ne serait qu'un ressenti à partir des plaintes ! Sauf que les gens ne les portent plus, les plaintes ! Allez donc perdre du temps en faux-semblants, en paperasserie stérile et absurde quand les voyous, libérés illico, souvent aussi clandestins que transparents, peuvent continuer à nuire presque en toute impunité ! 

Siège 15B je n'en dis rien à ma voisine mahoraise (elle a répondu "sterehi" [volontiers"] à mon "karibu" [bienvenue]). Vrai qu'elle est native puisqu'elle dit qu'à Mamoudzou elle a peur, que sa fille a pris des coups de marteau parce que mahoraise au milieu des Comoriennes à la rivière... Des coups et pas de lavandières pour ces lessives qui, entre parenthèses, polluent le peu d'eau encore disponible... Elle a peur parce qu'avec une montre et des nippes de marque, on peut vite se retrouver à poil. Son fils, heureusement costaud et pas poule mouillée, a réussi à mettre en fuite ses trois agresseurs... Siège 15C, le métro a résolu le problème du suréquipement inutile et des risques superflus : rien, même pas une télé petite ! Je le crois sur parole : ses jambes poilues sortant du short finissent sur des tongs... "Vazaha (Blanc) sac-à-dos" se moquent les Malgaches...

"Tu regrettes ?" m'a répondu Michel, un local aussi meurtri par ce pourrissement causé pour l'essentiel par une FRANCE lourdement responsable. Oui Michel, maintenant tu sais ce que ça fait, en 2018, de revenir à Mayotte... 

Dommage pour le mont Choungui au loin, le lagon autour... 



Deux heures et 1500 kilomètres plus loin, l'avion fait un tour pour se présenter nez au vent. Les "bacs à sable" de la piste, si importants sans quoi l'Europe interdisait tout trafic (encore un éclat de cette garce hypocrite devant laquelle on s'incline tant ses lâchetés et bassesses peuvent camoufler les turpitudes des classes dirigeantes, nomenklatura administrative et apparatchiks politiques confondus !) ne sont pas visibles. Le fait est que la limitation du trafic arrange bien le monopole d'Air Austral, pas gênée par une quelconque concurrence ! 


Regardez-le cet aéroport étriqué, coincé entre trois intégrismes, celui de la mosquée d'un côté, celui des écolos du lagon de l'autre, celui d'un État dévoyé par-dessus, encore et toujours pour les riches et faiseurs de flouze ! 

Quelle évolution en effet depuis des lustres ? Le néocolonialisme a mis ses pas dans les empreintes d'une France coloniale cramponnée au rocher si ça tourne mal. Petite-Terre a tout d'un camp retranché : la Légion, la Gendarmerie, l'usine de désalinisation, les réserves d'hydrocarbure, la télé-radio, le Préfet... pour ce qui me vient à l'esprit. 

 
      Petite-Terre, grand fourbi, fourmilière avec plus d'illégaux et d'étrangers que de citoyens menés qui plus est par des binationaux français pour la gamelle et comoriens pour toujours conspirer et cracher sur la main nourricière, bloqués qu'ils sont et parce que cela les arrange, sur la page coloniale. 


Dans la rade amarrées, les vedettes bleu-blanc-rouge. Vaquez donc citoyens... Le gros, le Champlain, le patrouilleur doit garder le détroit, secrètement, aussi fantôme que le bien nommé Malin qu'il aurait théoriquement remplacé... Et pendant ce temps, l'équivalent d'un Aquarius de la rotation des sept-cents et quelques immigrants arrive tous les trois jours à Mayotte sans que les autorités n'en pipent mot !  Ce faux-jeton de Le Drian reste plein d'égards envers les grandes puissances... 



RETOUR A MAYOTTE... / Paris- La Réunion

Roissy Charles de Gaulle un 18 août au soir. A gauche, le "H" qui reste du sigle flouté d'une banque suisse aux comptes occultes. A droite le "M" emblématique d'une malbouffe également floutée venue des States. Au centre un A380 cher à ceux qui, occultant la réalité démographique et climatique de la planète, prédisent que les avions seront plus nombreux dans le ciel que les bus sur Terre ! 

11 heures de vol plus tard, après un vol sans problème de 9300 kilomètres, La Réunion, île d'une France tropicalisée... 

Ce n'était pas notre avion. Nous c'était avec Air Austral, la compagnie publique pour le fric injecté et aux bénéfices strictement privatifs, la compagnie qui vous met d'office sur un autre vol, qui vous présente le fait comme une faveur et qui compte sur les moutons résignés des bétaillères pour ne pas trop avoir d'indemnités à débourser... Ce 747 de Corsair arrivera à Orly à 18h 50, heure de Paris et à cette heure là, plus de train dans la modernité de la France TGV... La nuit devrait être longue sinon dispendieuse pour le provincial isolé et coincé dans la capitale !
Les yeux battus, meurtri et fatigué, le migrateur et ses ballots.
 Heureusement qu'à l'horizon des tribulations insatiables des hommes, la nature nous rappelle que ses beautés pourraient très bien se passer de nos gesticulations cupides...

Le Piton des Neiges dans une échancrure du bouclier basaltique.


Ce qu'on voit en dernier de la Réunion, peut-être, au couchant, le rebord abrupt du Piton d'Orange au-dessus du Port ?

samedi 2 septembre 2017

ITINÉRAIRE D’UN ENFANT LASSÉ 2017 (III) / La Réunion et Mayotte

A propos des contrôles mais sans savoir si le terrorisme n’a malheureusement pas fait évoluer ces dispositions encore de 2011...

« Bon à savoir. A l’aéroport, les agents de sécurité dépendent d’organismes privés. La loi ne les autorise qu’à opérer une inspection visuelle de vos bagages. Ils ne peuvent les fouiller qu’avec votre consentement.

Enfin, toute fouille doit donner lieu à un procès verbal. Si vous n’êtes pas d’accord avec ses termes, vous n’êtes pas obligé de le signer et pouvez faire appel à un avocat pour porter plainte. » (N. Obs 26 déc 2011).

Page 9 de la recherche internet, je tombe sur un contrôle aussi brutal qu’inquiétant, celui du Falcon 50 des présidents du Rwanda et du Burundi, explosé à l’atterrissage le 6 avril 1994 et pour lequel la responsabilité de Mitterand serait engagée.

https://books.google.com/books?id=Xz4hp7EeUp0C&pg=PA328&lpg=PA328&dq=refus+contr%C3%B4le+s%C3%A9curit%C3%A9+a%C3%A9roport&source=bl&ots=eO91EWCOZF&sig=3cMjTfkLa-QXBg-TvfBe5gUiy1A&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjO15Kx1fnVAhXDZlAKHc_IA8s4UBDoAQgsMAE#v=onepage&q=refus%20contr%C3%B4le%20s%C3%A9curit%C3%A9%20a%C3%A9roport&f=false

Allez palper aussi l’ombre épaisse qui pèse encore autour du « suicide » de François Durand de Grossouvre, le 7 avril 1994, au lendemain de l’attentat... Ce "grand ami" de vieille date de Mitterand, résistant comme lui de l’avant-dernière heure, se savait menacé notamment suite à ses attaques contre Roger-Patrice Pelat pour un délit d’initié et même contre le prope fils du président, Jean-Christophe Mitterand, suite à ses trafics en Afrique. 

J’aurais eu le temps de chercher sauf que pour la wifi de Gillot-La-Réunion-Roland-Garros, cet aéroport du futur, se targuant d’être éco-climatique en 2022, c’est le vide interstellaire... Cucu aussi, le fait de coordonner la sécurité, les talkies-walkies des gilets fluo communiquent pour gérer les navettes des bus vers l’avion sur le tarmac : tout un trafic pour embarquer vingt mètres plus loin, à peine ! Est-ce répondre à l’exigence de sécurité par l’absurde ? 
Par bien des aspects dont celui des plans à très long terme, la France me fait furieusement penser à ces pays jadis du bloc de l’Est qui obligeaient à croire aux lendemains qui chantent, qui s’insurgeaient de la comparaison entre Hitler et Staline et qui à présent, donnent dangereusement dans des pratiques toujours plus éloignées des principes démocratiques et rappelant malheureusement de sombres totalitarismes. Rien de bien positif cette escale forcée qui m’a fait passer l’envie d’acheter une bouteille de rhum duty free. J’ai aimé, ce matin, les lignes nettes des cirques sans nuages et je m’en veux presque de n’avoir pas mieux fixé, mieux suivi les crêtes et ces ravines abruptes qui descendent à l’océan d’une île méritant mieux que son aéroport... 


Mais la France me direz-vous ? Détrompez-vous, le rouge des sinistres crétins de l’Éducation Nationale est en train de virer au brun concernant la gestion des personnels des collèges... Mon voisin de siège entre Saint-Denis et Dzaoudzi me l’a bien démontré. D’après lui le « no pasaran » des Républicains espagnols ou la chemise noire des émules du Duce n’ont pas été figés par l’Histoire...
  



Mayotte. Le voisin informe la cantonade que la route est barrée à hauteur de Passamaïnty, la grève des pompistes qui continue. Il faudra passer par le centre où une attaque des coupeurs de route n’est heureusement plus d’actualité. La première valise, la bleue, est bien arrivée mais la rouge, elle, tarde, je regarde avec de plus en plus de dépit et de moutarde au nez, les dernières rotations des trains de chariot ! Encore une fois, le bagage sera déclaré perdu ! Encore une fois les coquins associés se renverront la balle et comme la dernière fois Air France me dira qu’ils sont désolés mais qu’ils n’y sont pour rien, que je n’ai qu’à m’adresser à la compagnie partenaire... Ils ont trouvé une chouette combine, avec SKY TEAM comme parade aux réclamations, pour s’en laver les mains au détriment du passager ! 



Elle arrive enfin, la deuxième valise ! Le sourire débonnaire des douaniers répond à ma candeur de voyageur n’ayant rien à déclarer. Patience pour le taxi collectif (2,4 € la course, bagages compris jusqu’à la barge, 4 kilomètres environ). De plus grande capacité que les barges, ce sont les amphidromes qui font le service. L’alizé est frais sur le bras de mer. Mamoudzou, la capitale de plus en plus embouteillée vu que rien n’a été fait depuis 23 ans ! Mais l’île reste attachante dès que les virages nous emmènent en brousse. Le tronc gris des canneliers n’est pas sans rappeler l’écorce poivre et sel des bouleaux et ce rapprochement à priori abscons me dit que cette terre tropicale d’adoption appartient aussi depuis longtemps, à mon univers intime... 

crédit photo 1. wikimedia commons La Réunion Author Oti Nord. 

note : photos 2, 3, 4, 5 d'archives pour l'arrivée à Mayotte encore en saison des pluies, plus verte.

lundi 28 août 2017

ITINÉRAIRE D’UN ENFANT LASSÉ 2017 (II)

Paris, contrôle de sécurité. Ils ne vont pas défaire le sac isotherme trop bien entouré de bandes collantes. Le préposé passe et repasse dessus un appareil capable sûrement de détecter des matières explosives, comme la douane pour la coke... le pénicillium roqueforti n'explose pas Je ne sais plus qui m’a dit que le fromage à pâte molle ne passerait pas... Ils sont super et souriants, au contrôle ! A ce stade, je ne vois pas ce qui pourrait empêcher le roquefort d’arriver à Mayotte. 

Par contre pour l’embarquement, heureusement qu’ils s’y sont pris tôt parce que côté organisation. On ne dirait pas qu’ils font ça x fois par jour. Par contre, contrairement au débit trop rapide rendant les annonces presque incompréhensibles pour Dubrovnik (une débutante certainement), nous entendons bien « places 30 à 58, porte 31G ». Sauf que cinq minutes après, l’annonce dit d’aller à la 31F... la 31G étant réservée aux chouchoutés « SKY PRIORITY »... Mais nous sommes en république non ? prônant qui plus est l’égalité, la fraternité et Air France est une compagnie nationale non ? Ne cherchez pas à comprendre... en monarchie républicaine, les différences ressemblent beaucoup aux privilèges dont celui de rentrer en premier dans l’avion d’autant plus ridicule que, dans certains appareils, toute la classe loisirs ou économique vous toise en passant à côté. Le dernier passe-droit, aussi, n'est pas mal, celui qui stipule « livraison prioritaire des bagages ». Égoïsme, mesquinerie... Air France sait flatter nos bas instincts !  Ne parlons pas de tous ces pots de colle qui se pressent vers la porte alors que l’annonce ne les concerne pas, comme si l’avion allait partir sans eux ! De la part des agents concernés, la phase relève presque de l’improvisation... Un guichet désert, l'autre embouteillé ! Les chicanes, comme pour l'identité ou le passeport auraient leur utilité. Bref, au vu de cette pagaille, que l’embarquement soit une des causes de retard au départ n’a rien d’étonnant. 

Ce que nous ne savons pas encore, c’est que l’avion est en panne, un problème technique que nous annonce, un peu contraint, un copilote prenant sur lui. Finalement, comme l’appareil en roulage ne peut s’engager sur la piste d’envol, la voix daigne même nous avouer que c’est une défaillance du transpondeur qui nous ramène au parking. Tout rentre dans l’ordre, nous n’aurons pas à transborder et près de deux heures après l’heure, le 777 chargé jusqu’à la gueule mais confié aux bons soins des aiguilleurs sur sa route décolle. Un point positif néanmoins, les hôtesses, en pantalon, une tenue moins stricte et macho que les tailleurs moulants jadis imposés, moins hautes sur pattes, ne font plus claquer les talons aiguilles, ce qui va de pair avec la proximité à l’égard des clients, comme si, par le passé, fortes du droit d’exclure du commandant de bord, seul maître à bord après dieu, elles ne jouaient les adjudants que pour se venger de devoir être au service de la plèbe. 
  
                                                                             Un peu de ça

Une époque où elle vous intimait de fermer le volet d’un ton si cassant et désagréable que je ne savais plus si elle avait dit, même plus bas, un « s’il vous plaît » derrière. Ce 21 août, pour un même vol de nuit, plus personne ne parle du volet alors que le soleil, lui, n’a rien changé à ses habitudes. Mais je médis, en bon Français râleur, arrogant... Comment, pas d’amalgame je vous prie, avec l’attitude du président en Pologne par exemple ! Bien sûr qu’il faut garder son calme et rester content à partir du moment où le troisième avion saura me déposer à destination ! Protester mais non sans raison ! Non mais ! 

La Réunion enfin. Pas question de sortir pour subir un énième contrôle banane, ceinture, appareil photo, caméra, harmonica, ordi, ceinture, chaussures... roquefort ! Sauf que le balisage me fait l’effet d’une souricière : tout est fermé, impossible de prendre l’alternative « correspondance ». Qu’il ne soit pas dit que je n’ai rien essayé... j’arrive à forcer la double-porte pneumatique (comme celle des TGV mais en plus grand). J’ai presque fait « OUF » que le piège se referme quand même.
Une escouade de contrôleurs, l’œil brillant et le zèle en bataille, tous sexes confondus, passe une file de voyageurs la mine basse, fatigués par une nuit à bord, résignés. Les plateaux, le scanneur, le portique, les uniformes... Devant moi, un monsieur peste parce que ce n’est pas une trajectoire buissonnière qui nous a menés là, que par le passé, venant de Mayotte, on subissait ce double contrôle subi comme une marque de mépris par certains, mais que ce n’était plus le cas ; il poursuit avec la situation de l’emploi outre-mer et peut-être une vieille rancune toujours liée au passé et qui les pousse à surjouer. Je compatis, mais sans plus, gardant mes forces pour l'épreuve du roquefort ! Oh mais c’est que je suis prêt à m’empiffrer, quitte à me donner en spectacle, en prenant le temps même de chercher ce quignon qui me reste de l’avion... La jeunette qui scanne laisse passer. Il faut dire que derrière nous, le petit d’une famille vient de faire l’objet d’un contrôle complet et que le père s’obstine à refuser. Un responsable arrive, je les entends dire que ce serait Air Austral par rapport à Air France. Ce contrôle suppose qu’un contact avec l’extérieur serait possible même  cette zone réservée où seuls circulent les employés porteurs d’un badge et les voyageurs... Pourtant à l’arrivée du vol d’Air Austral depuis la métropole, les passagers pour Mayotte entrent bien dans la salle de transit sans passer la sécurité. Si tout s’est visiblement bien terminé pour la famille fouillée (je reconnais le papa grand et fort et en short), je me demande pourquoi nous sommes si mal informés... Y avait-il un panneau explicatif sur les modalités du contrôle ? Qui peut bien savoir les conséquences d’un refus de contrôle alors que d’autres entrent sans montrer patte blanche ? Même sur Internet, c’est la croix et la bannière... sinon page 3, mais ça date de 2011, d’avant les attentats (1)... 



(1) Voir aussi http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/risques/pdf/vigipirate-faq-decembre2016.pdf
... pour le contrôle d’accès de lieux ouverts au public, les vigiles et agents de sécurité privée, s’ils sont habilités par l’autorité préfectorale, peuvent effectuer différentes opérations de contrôle :
* faire des palpations de sécurité (c'est-à-dire passer les mains sur les habits d’une personne pour s’assurer qu’elle ne porte pas une arme) ;
* ouvrir et regarder à l’intérieur d’un sac sans le fouiller.
en   dehors   de   la   commission   d’une   infraction   flagrante,   la   fouille   d’une   personne   requiert   sont (sic) assentiment express.
Ces mesures, prévues par le code de la sécurité intérieure (art. l613-2), sont appliquées en cas de circonstances particulières et motivées par arrêté du préfet. elles sont soumises au consentement de la personne contrôlée.
le refus de se soumettre à ce contrôle peut justifier l’interdiction d’accès au site et/ou l’appel éventuel aux   forces   de   l’ordre.   l’interdiction   d’accès   doit   être   prévue   dans   un   règlement   intérieur   et   être clairement affichée à l’entrée du site. l’agent ne pourra retenir la personne qui s’oppose au contrôle que s’il a des raisons de penser à une infraction. Dans ce cas, il pourra faire appel aux forces de l’ordre.

vendredi 25 août 2017

ITINÉRAIRE D’UN ENFANT LASSÉ 2017

On veut se persuader qu’il faut seulement regarder en avant mais en se disant qu’une fois posé on pourra se retourner, c’est déjà un gros bémol mettant à bas les fausses certitudes.

Voyage sans histoire ou si peu que mon mot pourrait ne pas dépasser la ligne habituelle de Jana, une amie de Prague. 
  

Sinon, depuis la barre de Périmont (St-Pierre-la-Mer) où les pavillons et résidences ont bétonné la garrigue, la Méditerranée rayée de bleus bien à elle, qui annoncent un temps de mer sous la douceur du marin, ça donne encore plus de regrets. J’ai rentré les vélos dans la remise et puis, une idée comme ça parce que je les ai pensées plus exposées à la chaleur, j’ai mis un seau d’eau aux plantes de la cour, avant le figuier.
Ensuite le stress est remonté et j’ai encore oublié une cèbe (1) sous la banquette de Citronel, ma maison roulante... Frangine, si tu me lis... il y a aussi de l’eau dans le jerrylewis (2), pardon, le jerrycan... elle vient de la montagne, du Capcir, mais est juste bonne pour les plantes et puis si tu vois autre chose, n’hésite pas ! 

  

Bravo et merci Pierrot, mon neveu toujours aussi gentil et prévenant pour un trajet sans histoire. Il vous a dit qu’on a salué Mathieu Madénian, un des humoristes chouchous de Drucker ? Aussi nature au bar de l’aéroport que sur scène ! Il nous a rappelé son nom en ajoutant « de Saleilles » ! 

  

    

A Rivesaltes ils ont préservé les phœnix de ce ver dégoûtant qui mange les cœurs de palmiers ; je n’ai pu m’empêcher de prendre une dernière photo avec le Canigou derrière... La beauté se révèle-t-elle à ceux qui la cherchent et se refusent à la banaliser pour mieux la trouver ?.. Le trajet ne va pas cesser de me convaincre.
Oh l’Agly ! le Verdouble avec ça et là un trou bleu-vert où il doit faire bon se baigner ! Au sud du sillon du Fenouillèdes, les plis montagneux (jusqu’à 1300 m environ), sont parallèles dans le même sens Ouest-Est, un "froissement" qui a pu accompagner l’érection des Pyrénées. Je reconnais le Paziols de Nougaro, Padern, le bassin de Cucugnan mais avec le soleil de l’après-midi, la forteresse ruinée de Peyrepertuse se devine seulement. Après les Corbières qui m’ont un peu échappé, j’ai vu la Cité de Carcassonne et les éclats brillants de notre rivière malheureusement ternis par le souvenir tragique de Pierre, l’ami de papa, noyé au Paychérou alors que l’été 41 s’annonçait à peine.
Au loin, la dentelle des Pyrénées, quelques névés en contrebas du Montcalm peut-être. Suite du vol : était-ce le Lampy ou un de ces nombreux lacs qui n’étaient pas encore en eau quand une excursion du dimanche emmenait nos villageois à Saint-Ferréol, voilà un demi-siècle déjà... Difficile ensuite de s’y retrouver sans le moindre signe distinctif quand un méandre qui se recoupe presque se propose... Celui-ci je le retrouverai forcément. 

   

L’hôtesse sert la collation, bière et biscuits salés pour moi, rigolos, en forme de pains vraiment miniatures... j’aurais dû noter le nom, pas mal aussi ! France des champs moissonnés ou des prairies fauchées, petites parcelles plus vertes en altitude, peut-être le Périgord Vert vu qu’après c’est un cours d’eau Nord-Sud, pourquoi pas la Vienne... y aura qu’à vérifier pour les deux tours d’une centrale nucléaire. 
  

Loin à droite, l’atmosphère embrumée marque une bouderie d’un océan certainement jaloux des bleus du jour dans le Golfe du Lion. Devant moi mais côté couloir, un avatar de George Clooney, chemise blanche, lunettes de soleil années cinquante, poivre et sel coupé de frais... J’espère seulement que l’escalier que je me suis fait à la nuque marque le « Z » de Zorba (pour ceux qui ont dit « Zorro » !). Mari me le retracera ! A côté de lui, une fille jeune et mince... On pense aussitôt que... mais non. Si à un moment, de ses mains fines elle a fait une danse indienne devant son nez, lui n’a pas bronché : c’était sa façon volubile d’adresser à l’hôtesse une remarque ou une demande dont je n’ai rien voulu ni pu saisir. 

La Loire, ses bancs de sable, ses bras morts. Tours et, au fond, le coude de la Dame de Montsoreau. La forme en demi-stade antique, ovale, pour le parterre du Château de Chambord, plus visible, depuis le ciel, que les jardins à la française, fermés par le Cosson canalisé  sur une façade dite d’honneur étrangement tournée au nord.
Avec la Beauce des chaumes d’or, au nord de la Loire, une mer de nuages s’insinue sous nos ailes. Temps voilé sur Paris, avec 22 degrés, annonce le pilote. Sur son pantalon marine (ceinture jaune d’œuf), le latin lover ajuste une veste myosotis indéfroissable, sortie du coffre à bagages. Plutôt pressé, il arrive à doubler une paire de personnes. Il n’a en main qu’un portable et une tablette. J’ai pas vu ses godasses mais comme il voyageait en classe éco... un clone, une imitation, ne valent jamais un original, avec chaussure à son pied, lui, toujours, n’est-ce pas George ? 

Une porte-escalier donne sur le tarmac. La veste claire de Clooney remonte déjà dans l’aérogare quand je vois derrière encore une bouille connue : crâne dégarni, barbe de trois jours, mais oui c’est Demaison (3), un acteur. décidément qu’est-ce qu’ils ont tous à regagner la capitale encore en août ? 


(1) oignon doux, spécialité de Lézignan-la-Cèbe (Hérault)
(2) Jerry Lewis décédé le 20 août 2017.
(3) vu le 23 août à la télé dans « Le Petit Nicolas ». 

Photos autorisées : 
2. Mathieu Madenian 2016 Author Georges Biard / commons wikimedia. 
5. Méandre de Luzech (Lot) Author Torsade des Pointes.  
6. George Clooney Tomorrowland / Flickr.  
7. François-Xavier Demaison Césars 2017 Author Georges Biard / commons wikimedia.