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samedi 11 octobre 2025

La POÉSIE, ça se triture ?

Toujours dans sa lettre du 1er février 1998, en écho certainement à un petit quelque chose de ma part, papa embraye sur Paul Valéry :   

« Tu parles un peu de Paul Valéry, lui qui disait qu'un “ certain âge ” était pour l'intéressé un “ âge certain ”. je respectais certains côtés de sa pensée et de sa poésie, mais, depuis que j'avais raté sur un extrait de « La jeune Parque », un oral du Certificat d'Etudes Supérieures de Littérature Française (que j'ai quand même décroché), je l'ai regardé avec davantage de circonspection. Il a reconnu que sa poésie était parfois (?) obscure : 

« Je ne veux jamais être obscur, et quand je le suis — je veux dire : quand je le suis pour un lecteur lettré et non superficiel — je le suis par l'impuissance de ne pas l'être » (à Aimé Lafont, 1922). 

La Jeune Parque devait son obscurité à sa richesse, à ses nuances, à « l'accumulation sur un texte poétique d'un travail trop prolongé » (Lagarde et Michard XXe siècle). Voici ce que proposait Marcel Girard (1), mon dernier directeur à l'Institut Ernest Denis de Prague dans son livre « Guide illustré de la littérature moderne (de 1918 à aujourd'hui) » paru chez Seghers en 1949 et « destiné avant tout au grand public qui aime lire, et particulièrement au public étranger » : « Nous recommandons la méthode suivante : apprendre par cœur ces vers, les laisser chanter dans la mémoire : la beauté apparaît d'abord, puis le sens s'éclaire progressivement. Surtout, on lira la prose même de Valéry, une des plus belles du siècle [...] ». Un jour, dans une conférence, il expliquait sa façon de concevoir la poésie — il avait la chaire de poétique au Collège de France — et il disait en gros, je cite de mémoire, « On me reproche d'écrire des vers obscurs, mais je n'ai jamais écrit rien de plus obscur que ces vers de Musset, considérés comme magnifiques : 

« Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, 
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots. » (La Nuit de Mai) 

A cet instant, un jeune étudiant, révolté par ces propos, et idolâtre de Musset comme on l'est à dix-huit ans, s'est levé courroucé et a voulu prendre la défense du poète. 

— Venez donc ici, dit Valéry ; je vous cède la place avec honneur. 

Mais les explications furent assez lamentables. ce fut alors le maître qui les donna, en expliquant ce qu'était un chant, puis ce qu'est un sanglot, qui ne peut en aucune façon lui être comparé. Et de citer un autre vers, de Victor Hugo celui-là : 

« Cet affreux soleil noir d'où rayonnait la nuit » 

Paul Valéry (1871 - 1945) Domaine public auteur Pierre Choumoff (1872-1936)

Impensable, ajoutait-il, ce négatif est admirable ! » Et il expliquait pourquoi, mais cela m'entraîne trop loin. Tu vois que je ne suis pas comme ce visiteur qui disait sur sa tombe « Les vers se vengent ! » ». 

« Un petit quelque chose » je disais... Ça s'est étoffé depuis avec, du moins, ces articles déjà publiés : 










Finalement, pourquoi se torturer l'esprit avec la poésie, un domaine où justement il vaut mieux se laisser aller au ressenti, au sentiment, s'en tenir au « j'aime » sinon l'inverse ? Laissons les complications à ceux qui voudraient tout expliquer, jusqu'à la complexité de l'esprit. Ne jamais aller trop loin dans les explications de textes, le compliqué relevant souvent d'un principe de régurgitation laborieuse de la part de QI se voulant trop au-dessus... 

Alors oui aux « chants »  qui sont des « sanglots », oui au jeune étudiant exalté... les qualificatifs « idolâtre », « lamentables » dépassaient sûrement les pensées de papa trop partisan de Valéry... et encore oui à l' « affreux soleil noir » magnifique de Victor Hugo. 

Et puis, chez Paul Valéry, j'aime l'essayiste sur la philosophie, l'histoire, le penseur singulier, d'une hauteur de vue toujours pertinente, le poète aussi mais dans ce qu'il nous livre de sensible directement abordable, accessible, sur les quais de Sète par exemple :  

« ...je remonte le long de la chaîne de ma vie, je la trouve attachée par son premier chaînon à quelqu'un de ces anneaux de fer qui sont scellés dans la pierre de nos quais. L'autre bout est dans mon cœur... » 

Valéry Sete_monument_Valery Author Fagairolles 34

Valéry Sete_monument Author Fagairolles 34

et même sur son cimetière marin, quitte à trahir un peu, rien n'interdit de ne retenir que ce qui plaît : 

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !...

[...] Et quelle paix semble se concevoir !
Quand sur l’abîme un soleil se repose...

[...] Fermé, sacré, plein d’un feu sans matière,
Fragment terrestre offert à la lumière,
Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux,
Composé d’or, de pierre et d’arbres sombres,
Où tant de marbre est tremblant sur tant d’ombres;
La mer fidèle y dort sur mes tombeaux ! ...

[...] Le vent se lève!. . . Il faut tenter de vivre!
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs!
Envolez-vous, pages tout éblouies!
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs ! "

Le Cimetière Marin, Paul Valéry (1920). 

Sete_tombe_Valery_(cimetiere_marin)  Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Fagairolles 34

Et n'y avait-on pas droit avec nos instituteurs et les extraits sélectionnés des manuels scolaires ? 

Toucher sans prise de tête comme dirait un vocabulaire plus actuel. La poésie, ça ne se triture pas même si ça se triture...  

(1) papa, tu aurais aimé sûrement savoir que Marcel Girard (1916-2006), Inspecteur Général de l'Éducation Nationale, professeur à Prague entre 1945 et 1951, a aussi été attaché culturel à Moscou, à Pékin... 
Né à Tours, mort à Rochecorbon juste à côté... cet attachement inconditionnel aux racines, au pays, me touche.  

samedi 30 août 2025

Voyage Fleury Mayotte, lettre du 24 /01/ 1998. (1)

 Vacances de Noël 1997 en métropole. Ce voyage m'était complètement sorti de l'esprit. 

« Chiconi, le 24 janvier 1998. 

...Dans le train qui emporte, les habitués lisent : une revue, un roman récent ou encore une thèse de troisième cycle. Par mimétisme, je songe aussi à sortir la chemise rose confiée par papa mais d'instinct, en bon terrien, je préfère profiter de cette lumière de janvier, si particulière aux latitudes tempérées. Montée de la nuit : à l'horizon, la Clape bleuit, à contre-jour. 
En une farandole figée, de leurs branches nues, les platanes saluent le canal de Riquet. Pas de vent secoueur aujourd'hui. Plus loin, les flamants font le pied de grue. Les lumières de Marseillan dansent sur le friselis de l'étang... 

Canal_de_Sète_juste_avant_crépuscule 2015 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license Auteur Christian Ferrer

Kruzenshtern_(ship,_1926), cimetière marin, Sète 2014 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. auteur Christian Ferrer

« Adieu Venise provençale »... les dunes, la mer, le mitage bourgeois du Mont Saint-Clair réveillent Scotto, Valéry mais ce n'est qu'un carambolage dans la tête. Arrive Brassens avec au loin la plage de la Corniche ; son « ...cimetière plus marin que le sien... » me transporte aussitôt dans le cadre sauvage de Notre-Dame-des-Auzils. Pardon de n'avoir jamais démontré courage et ténacité pour Paul Valéry quitte à n'en gratter que le vernis en le rejoignant un peu dans son aversion du roman et « l'horreur des choses prescrites ». Pardon d'envoyer trois mots à ne pas réfléchir, hors contexte, c'est autant tous azimuts que sans issue... du vernis... Plutôt, de lui, à me laisser passablement pantois « Une fois publié, un texte est un appareil dont chacun peut se servir à sa guise et selon ses moyens ». 

Sur le bleu de la mer calmée, un navire cingle vers le large... Toute sa vie, on ne fait que partir sans jamais arriver : ce n'est pas du natif de « l'île singulière », c'est seulement qu'à Sète, les cargos, les darses et les docks s'offrent à la vue et que je pars loin... Sempiternelle invitation au voyage, insatiable besoin d'évasion, démarche salutaire permettant à l'Homme de sortir de sa condition biologique, de se coltiner à l'intemporel. Oublié le nom des bateaux rouillés, pourtant autant de poèmes, de visas pour l'imaginaire. Après Frontignan et les dernières lagunes, je me ferme au Monde trop humanisé, Montpellier au nord d'un Sud ancré à la mégalopole attractive européenne Angleterre Bénélux, Rhin Suisse, Pô, via la ligne Paris Lyon Marseille (PLM). Sans oublier de changer de train pour celui qui arrive gare de Lyon, plutôt se revoir sur la promenade du Peyrou quand fleurissent les magnolias ! 

Montpellier_Saint-Roch,_TGV 2010 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Falk2

La nuit est tombée, la place à côté est libre, d'autres lecteurs assidus pointent çà et là... Paris n'est qu'une banlieue du Languedoc, le TGV répond aux besoins de ces migrants pendulaires qui travaillent en province et habitent l'Île-de-France ; dans l'autre sens les trains doivent être bondés. L'atmosphère feutrée  de la voiture non-fumeur (je fais des efforts) est propice à l'ouverture de la chemise rose « Feuillets épars ». Je sais déjà que de lire des épisodes de vie seulement en bribes orales jusque là, n'aura rien d'anodin. Comparé à un père préférant mettre les autres en avant, je m'excuse de trop m'extérioriser ; STO à Dresde, il pense aux siens restés au pays. Papa a 75 ans, il nous passe aujourd'hui le témoin. Le train fonce dans la nuit... » (à suivre) 



jeudi 5 septembre 2024

Vieil INDIEN, vieilles LUNES, le voyage en TCHÉCO (1)

Lire, corriger, relire, reprendre, s'y remettre, relire encore : un cycle toujours recommencé pour qui veut faire passer son émotion, ses sensations, ici par le tamis des mots mais ce doit être la même chose avec les mains, la voix, des notes de musique, un pinceau, un burin... 

Un exercice, une addiction presque, pour laquelle il faut se limiter si un produit fini doit être publié, exposé, livré au public... au bout de trois relectures, il faut larguer les amarres... vous qui portez une sympathie certaine aux articles proposés, pourriez en témoigner. 

Ce voyage en Tchéco, en Tchécoslovaquie, qui paraît en feuilleton depuis le 25 juillet, s'avère être aussi une introspection, un voyage en soi, un voyage, également, avec ceux, proches ou connus qui ont accompagné notre vie, ajouté à notre culture et encore un voyage dans l'Histoire de nos semblables, dans notre propre histoire (d'où l'importance que devrait avoir une majuscule). Et revient ce dicton attribué au peuple du vent, aux Tziganes, aux Gitans « Ce n'est pas le but du voyage qui compte, c'est la route », « Le but, c'est le chemin » aurait dit Goethe aussi... 

La famille, les cousins constituent bien un but de voyage, surtout après six années d'éloignement, quand on s'aime... La route, le véhicule, ce vecteur virtuel, ne sont qu'amour, un domaine pour lequel on ne compte pas. A-t-il un coût seulement puisqu'il rend plus riche ? Partir sans aller vers l'autre enlève bien du prix à un voyage pourtant cher payé...

Ces considérations brouillonnes qui pourraient relever du travail préparatoire à une dissertation, amènent à parler d'amitiés particulières rappelant une situation qui ne s'est heureusement pas reproduite depuis, celle de la Deuxième Guerre Mondiale faisant s'entretuer des gens... et en naître d'autres qui sans cela ne seraient pas... laissons un auteur remarquable l'exprimer sans ambiguïté aucune :

« La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas. » Paul Valéry. 

En partant pour la Tchéquie, dans ce voyage vers les autres, il faut s'arracher à son monde, à sa partie de monde. Ici c'est celle, liée à la naissance, l'enfance, une des périodes qui comptent le plus mais pas “ romaingaryesque ”, tournée vers son nombril, aurait-on été un éminent écrivain... Un jugement lapidaire, à l'emporte-pièce, sûrement pour avoir abordé Gary avec « La promesse de l'aube »... et puis pour ce que ça vaut, venant d'un obscur écrivaillon poussif, bréhaigne (oui, surtout au masculin) ... et, à moins que ce ne soit plus complexe, pure jalousie, certainement. 

Alors on se défend de l'autobiographie trop sucrée, on veut l'aspartamer sinon seulement l'évoquer en parlant des autres, ici, du père et ses amitiés particulières. D'ailleurs, à peine plus loin, juste une touche légère sur Pézenas et les trois années qui ont compté, passées là-bas :

« Pézenas : l’ancienne nationale a gardé ses platanes mais les herbes ont repris le goudron… difficile d'évoquer la Dauphine bleue de papa, qui, le lundi matin, à 110 à l’heure en pointe s'il le fallait, nous ramenait vers nos classes, vu qu’une inondation n'est jamais venue nous offrir un lundi sans école. » 

Béziers, le Pont Vieux, la cathédrale Saint-Nazaire ; la montée de Tour Ventouse est à sa gauche, au pied des arbres.

Revenons à Béziers, le 17 juin 2024, là où, collé au macadam, le voyage commence, recommence à peine. 

Lundi 17 juin 2024.

143.894 km. Départ de son bout du Monde vers 17h 45. Arrêt pipi sur le terre-plein juste après le pont sur l'Aude. C’est malin ! À peine deux kilomètres parcourus !

À peine plus loin, la cité, Béziers, s’affichant en tant que plus vieille ville de France quand ce n’est pas comme capitale du vin ; et là, c’est par la vue magnifique, sur son éminence, de la cathédrale Saint-Nazaire ; empêchée la voie montant au lycée, l’accès par Tour Ventouse, là où, de la tour des remparts, ne reste que le vent… et encore on ne sait plus trop tant, de nos jours, l’atmosphère est perturbée. Le lycée Henri IV, papa y enseigna (1957-1959). Le lycée Henri IV, déjà une invitation au voyage lors de la conférence du répétiteur d’allemand, dans les profondeurs du bâtiment sud, si en hauteur, avec accès extérieur. Martin, il s’appelait… Était-ce son nom ? son prénom ? s’appelle-t-il encore ? Il venait des hauteurs du Bodensee. Beaucoup de monde et le ressenti enthousiaste de l’enfant de huit ou neuf ans qu’il était, accompagnant son père élevé à un rôle de co-vedette puisque Martin, invité à la maison, faisait désormais figure d’ami. Dans cette salle, déjà une invitation au voyage, oui, si empreinte de paix espérée entre les peuples, c’est ce à quoi il pense, soixante-six ans plus tard, dans une réflexion tout à fait anachronique mais positive de la distanciation temporelle forcée.

Son père n’échangeait-il pas, malgré la guerre, avec le notaire de Murrhardt pour avoir des nouvelles d’Hermann, le fils, avec qui il correspondait depuis le lycée ? Hermann avait raconté comment il avait échappé à bien des dangers en faisant, prélude à la déroute annoncée, retraite avec la Wehrmacht depuis les steppes précaucasiennes. À pied.

Et la mise en avant de Martin, treize ou quatorze ans après la guerre, ne traduisait-elle pas un fond d’humanité opiniâtre face aux débordements sanglants menaçant l’espèce d’une autodestruction récurrente ? Une dichotomie encore évidente lorsque l’empathie prend le pas sur l’affrontement. Étonnants ces liens entre la soldatesque d’occupation et les villageois, ce cuisinier allemand demandant à mon oncle Noé s’il ne pouvait le dépanner avec des oignons, ces soldats pleurant auprès des locaux parce que Hitler les envoyait en Russie… de quoi revenir sur les bons, les méchants, le blanc et le noir… 

Markdorf_vom_Gehrenberg 2008 under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported license Author Andreas Praefcke

 
Markdorf_Ittendorf - Andreas-Strobel-Straße 2010 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Author Franck Vincentz 

Bodensee, lac de Constance, 1976.

Martin, du plateau souabe, de Markdorf… à deux pas du Bodensee, le lac de Constance ; ils y sont passés une fois : ses vieux parents avaient encore leurs vaches… des bouses, des fruitiers d’une Allemagne rustique, paysanne, au destin solidaire ; des gens concrets, aux sourires sincères, pas des nazis viscéraux aux visages figés, possiblement croisés sur la route et devant honnir une Dauphine à la plaque étrangère. La candeur, la fraîcheur des premiers prévalent toujours, chez les hédonistes, sur les ferments vindicatifs des fanatisés.

La Tour Ventouse étant bloquée par des travaux qui s’éternisent, il faut aller jusqu’au rond-point de la route de Murviel, sinon, pour qui connaît, cet itinéraire permettant de ne pas prendre la longue déviation par l’ouest de la ville, reste pratique.

mardi 1 août 2023

L'ANGLAIS (fin)

Charles_de_Gaulle_au_micro_de_la_BBC Domaine Public. Auteur inconnu

Voilà ce que nous coûtent ces hommes dits providentiels... Seul De Gaulle fait exception, lui reprocherait-on le « je vous ai compris » sur la Guerre d’Algérie... mais pouvait-il en aller autrement avec une situation dont il héritait ?   

Faire la guerre à tout le monde ne peut que mener à la catastrophe et sur terre, les Anglais assurés de leur suprématie maritime, ont toujours bénéficié de coalitions contre la France révolutionnaire puis Napoléon, toujours isolés. L’Anglais, coupable d’une mise en coupe réglée du monde, tout comme le Français, l’Espagnol, le Portugais, le Néerlandais, l’Étasunien, dans une disposition naturelle à coloniser... Que dire d’Homo Sapiens dans son rapport à Néanderthal ? Et les Bantous, manière de répondre aux Africains si prompts à stigmatiser les colonialismes, ne sont-ils pas partis du Golfe de Guinée pour essaimer jusqu’en Afrique-du-Sud ? 

Winston_Churchill_at_a_conference_in_Quebec 1943 Domaine Public National Archives and records Administration

Reprocherait-on aux Anglais de ne pas avoir écouté Churchill, d’avoir ressenti, tout comme les Étasuniens au contraire une inclination pour Guillaume II puis Hitler, à cause d’un vieux sentiment anglo-saxon partagé, chapeau quand même ! Force est de le reconnaître et dans notre déveine complète, lorsque nous sommes alliés, c’est eux qu’il faut suivre pour que Chamberlain puisse faire passer les accords de Münich pour un succès... Perfide Albion ? Ou frustration de notre part nordique trop mâtinée de sudisme : les grands racistes fascisants comme Renan, Michelet, Méry, Céline, Derrida (cela remonte bien à la IIIe République)... regrettant d’être catalogués dans les Latins, ces pays méditerranéens abâtardis ?

Les rosbifs ? de Gaulle quelque peu ingrat bien que foncièrement réaliste, ne les voulait pas au sein de la CEE.

Au chapitre tourisme, plus rares qu’aujourd’hui et dans les années 50-60, que les Allemands, les Hollandais ou encore les Belges, ils emmenaient leur nourriture pour ne rien acheter, disait-on. Si nous avions les phares jaunes, eux les avaient orange ! Qui s’en souvient ? À présent ils se font discrets tout en occupant une part non négligeable de nos campagnes, dans les Corbières notamment... où d’Européens ils sont passés au statut d’étrangers, ce qui ne va pas sans difficultés...

Suite au Brexit, l’hôpital se moquant de la charité, on ricane sous cape de leurs difficultés... Les merdias voudraient nous persuader qu’ils ne sont plus rien, seulement des vassaux des Étasuniens... Et nous on a un président des déficits exponentiels, un « après moi le déluge » qui s’est autorisé parce qu’il a réussi à entraîner Van der Leyen en Chine, à prétendre que l’Europe n’a pas à faire de suivisme concernant Taiwan. Juste pour se faire mal voir... l’essentiel étant de favoriser le business en mettant de côté l’État policier chinois, la main-mise du parti, l’autoritarisme du premier dirigeant, la soumission des entrepreneurs libres néanmoins de s’enrichir... Notre roitelet n’en est pas à une gaffe près et comme il ne peut postuler pour un troisième mandat (quelle marionnette nouvelle les puissances d’argent vont-elles pouvoir promouvoir à sa place ?), alors que cela ne lui aurait pas déplu de faire un peu comme Poutine, c’est sûr qu’il va se placer pour un destin européen... ou attendre 2032... mais ce n’est qu’un point de vue alors qu’en partant de Sète, je me suis pris pour l’analyste politique que je ne suis pas... Un Sétois célèbre, Paul Valéry, était au fait de l’Histoire manipulée pour droguer les consciences, instiller de faux souvenirs, faire naître des folies de grandeurs et saluer d’un seul élan éthylique Mussolini, Franco, Hitler ou Putain au balcon, sur l’estrade, haranguant une foule par définition dans un état second...

Bien Français en cela, du dénigrement des Anglais jusque pour le rugby, j’en suis venu à l’estime pour ce peuple plus solidement ancré et solidaire dans ce qu’il est et représente, que nous...  Finalement nos piques ne traduisent que le dépit du faible au fort : cette réalité est sous-jacente lorsque Liz Truss en était arrivée à refuser de dire si Macron était ami ou ennemi. Quelle idée aussi de parler d’amitié en politique, chaque pays regardant ses intérêts (de Gaulle l’avait noté). Croyez-vous que Scholz soit un « ami » de la France ? Dans ce cas, la définition de facebook suffit : un « ami » n’est que quelqu’un à qui nous prêtons attention... je vous laisse compléter... Dans les relations de pays à pays, restons-en au terme « allié » qui nous sort d’un embarras certain...  L’Allemagne n’a jamais eu à la bouche l’expression « couple franco-allemand » : encore une preuve de notre faiblesse séculaire... je vous laisse prolonger ou contester sinon les deux...   

dimanche 16 juillet 2023

SÈTE 18, BRASSENS, la supplique de 7 minutes !

Connu, apprécié, avec " La Supplique pour être enterré sur la plage de Sète  ", Brassens impose son format aux radios. Libre à elles de passer ou non la chanson-fleuve. 

Après un humour à la hauteur d’un capitaine Hadock qui, malgré la tempête, sauverait le vin et le pastis d’abord, l’amour, la confidence sensible, suite au premier flirt :  

 « ...Je connus la prime amourette.
Auprès d'une sirène, une femme-poisson,
Je reçus de l'amour la première leçon,
Avalai la première arête... » 

Georges_Brassens_(1964)_by_Erling_Mandelmann 1935-2018 Photo offerte par l'auteur


Plein de respect pour Paul Valéry, mais non sans se faire valoir, il ergote à propos de l’expression « cimetière marin » (1) :
« ...Moi, l'humble troubadour, sur lui je renchéris,
Le bon maître me le pardonne,
Et qu'au moins, si ses vers valent mieux que les miens,
Mon cimetière soit plus marin que le sien,... »

Oh ! comme une planche de Dubout rendrait bien, en prime au talent des vers et de la musique de Brassens !

« ...Les baigneuses s'en serviront de paravent
Pour changer de tenue, et les petits enfants
Diront : « Chouette ! un château de sable ! »... »

Ah ! pour l’arbre, ne sachant trop ce qui tiendra vue la salinité, ce qui ne manque pas de nous faire penser à Saint-Pierre-la-Mer, laissons Brassens préciser :

« ...Plantez, je vous en prie, une espèce de pin,
Pin parasol, de préférence,... »

Oui, pour épargner aux amis en visite un trop-plein de soleil...

Puis viennent les vents d’Espagne, d’Italie, mistral et tramontane... la poésie a tous les droits dont celui de s’affranchir de la géographie. Houlala ! qu’est-ce qu’il n’aurait pas éructé le satané inspecteur général ! Repos ! Ce n’est pas le problème du poète ! À chacun de voir... les livres, les écrans ne sont pas destinés aux chiens sauf que les poèmes sont les seuls à pouvoir s’en exonérer. Pour ma part, si Brassens envoie son pied dans la fourmilière du bon sens bien partagé, je suis pour à cent pour cent ! Surtout si c’est volontaire car lorsqu’il évoque des échos des musiques venues de nos voisins latins, il prend en compte toutes les influences, y compris la catalane, qui contribuent à former réellement le Sud qui est le nôtre :

« ...De villanelle un jour, un jour de fandango,
De tarentelle, de sardane...  »

J’en appelle à nouveau au renfort d'Albert Dubout (1905-1976) pour une belle femme nue venant faire un sommeil contre sa tombe :

« Et quand, prenant ma butte en guise d'oreiller,
Une ondine viendra gentiment sommeiller
Avec moins que rien de costume,
J'en demande pardon par avance à Jésus,
Si l'ombre de ma croix s'y couche un peu dessus
Pour un petit bonheur posthume... »

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, Brassens n’a moqué que les travers, pas la religion en elle-même. Entre sa mère qui l’a mis chez les sœurs, ensuite son père, anticlérical, à la communale dès qu’il eut l’âge, est-il possible d’avancer que Georges fait preuve d’une intelligence aussi fine que coquine, la croix, le pardon demandé à Jésus étant les vecteurs de cette malice un tant soit peu érotique. 

Georges_Brassens (1964)_by_Erling_Mandelmann 1935-2018 Cadeau de l'auteur.

Nous en arrivons à la chute, théâtrale, de la part d’un libertaire proche de l’anarchie. Toujours avec finesse, il laisse entendre que le pouvoir a toujours besoin de Grands Hommes à honorer par tout un cérémonial, une démarche tendant à s’approprier des destins d’exception pour asseoir sa légitimité :   

«... Pauvres rois, pharaons ! Pauvre Napoléon !
Pauvres grands disparus gisant au Panthéon !
Pauvres cendres de conséquence !
Vous envierez un peu l'éternel estivant,
Qui fait du pédalo sur la vague en rêvant,

Qui passe sa mort en vacances. »

D’une part des « cendres de conséquence », de l’autre « l’éternel estivant ». Quel contraste ! Et l’image du pédalo avec Georges, comme au rocher de Roquerols, en slip kangourou peut-être, encore un instantané que Dubout n’aurait pas manqué de croquer !  

(1) Pour nous qui connaissons celui des Auzils, dans La Clape, avec son allée des naufragés ainsi que, de l’autre côté, celui d’Antonio Machado, encaissé mais si proche de la baie de Collioure « au clocher d’or », bien sûr que le seul et véritable cimetière marin est la mer qui recèle à jamais des disparus. Des  destins qui restent ou pas, et ce plus ou moins longtemps, dans l'émotion du moment ou la mémoire des Hommes.

dimanche 2 juillet 2023

SÈTE 13, Paul Valéry 4ème partie.

Phare_du_Mont-Saint-Clair,_Sète,_Hérault 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer

 Au bout du môle Saint-Louis, construit dès 1666 lors de l’aménagement du port, un phare repris, reconstruit à maintes reprises, miné par les Allemands en août 1944, reconstruit en pierre froide de Frontignan, ne marque plus que l’entrée bâbord du port (rouge), l’éclat blanc toutes les cinq secondes du phare du Mont Saint-Clair, plus haut de 59,8 m portant à 29 milles (53 km) assurant ce repérage primordial pour qui navigue. Tiré de la Naissance de Vénus, deux vers de Valéry suffisent à en donner une vision des plus poétiques :

« Son œil mobile mêlé aux éclairs de périls,
L'eau riante et la danse infidèle des vagues ». 

Cette jetée de 650 mètres de long semble dédiée à Valéry. À son entrée, en effet, un monument émouvant de sentiment, un simple anneau de fer passé à son crochet scellé mais géant, à l’image du natif de « L’Île Singulière » :

« Je remonte le long de la chaîne de ma vie, je la trouve attachée par son premier chaînon à quelqu'un de ces anneaux de fer qui sont scellés dans la pierre de nos quais. L'autre bout est dans mon cœur... » (Discours au collège de Sète à l’occasion de la distribution des prix / 13 juillet 1935 / Œuvres T. 1 p. 1438 / Paul Valéry). 

Cimetière_marin,_Sète,_Hérault 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer

Dès le mois d’août, en son honneur, le cimetière Saint-Charles (1) prend le nom de « Cimetière Marin », titre de son poème le plus célèbre.  

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !.../

... Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs ! » Le Cimetière Marin, Charmes 1922, Paul Valéry.

Voilà pour les premier et dernier sizains. Souvent, la postérité ne relève que le début. Entre les deux, vingt-deux autres, une somme de vers. Difficile d’en suivre le fil ; cela rassure de lire un jour qu’il est classé hermétique ; pourtant loin d’être compliqués, les mots construisent souvent de belles images méritant d’autant plus d’être relues qu’elles offrent la douceur d’une musique des plus agréables. 

(1) Les Sétois disent « cimetière des riches » par rapport au cimetière du Py, celui des pauvres, donnant sur l’Étang de Thau, même si à l’origine St-Charles a été crée pour les morts du chantier du môle Saint-Louis. 

Sete_tombe_Valery_(cimetiere_marin) 2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Fagairolles 34


dimanche 25 juin 2023

SÈTE 10. Paul Valéry 1ère partie

 Paul VALÉRY.

Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry (1871-1945). Né d’un père corse, d’une mère italienne, il voulait préparer Navale, s’en voulut de cette foucade pour se tourner vers la littérature, la peinture. Après 1886 et des études sans éclat, lui aussi monte à Paris, condition sine qua non pour un ambitieux, s’en défendrait-il... Lorsque, introduit par ses parrains, auteurs reconnus, il fréquente la Haute, la bourgeoisie, il a beau prétendre viser « le travail sans œuvres », il est certain que tout se cristallise pour réussir, devenir célèbre et que ce précipité n’est possible qu’avec une matrice économiquement riche, politiquement influente, à l’emprise féroce, je parle de cette bourgeoisie qui après avoir mis à mal la noblesse, n’en exploite pas moins, depuis, et pour autant, la population. Comment ne pas concevoir alors qu’avec les termes « peuple », « prolétaire », « force de travail », « communisme », cette mainmise par une minorité n’ait pas généré contre elle une lutte pour plus d’égalité et de justice (1) restée latente à ce jour bien que viscéralement implantée ! En 1892 dans la maison familiale à Gênes, une nuit, il passe un « début de sa vie mentale » qui va le déterminer à changer du tout au tout : finie la poésie, seul le travail méthodique, mathématique, lui seul va compter ! Certes, en cela, Valéry démontre un esprit rare, exceptionnel, avec une puissance de travail hors du commun, restant néanmoins physiologiquement humain, sur fond de réflexion, de questionnement, de doute. En 1917, avec la Jeune Parque (comme quoi vingt-cinq ans plus tard il revient sur sa nuit de Gênes !) qui s’interroge entre conscience, intelligence et  sensualité, cette « sœur secrète qui brûle... » dans un poème au symbolisme devenant hermétisme, Valéry a pourtant écrit, la faisant parler,

« Mais je ne suis en moi pas plus mystérieuse
Que le plus simple d’entre vous. »

Ce retour à la poésie qui trahit ses résolutions de la nuit de Gênes lui vaut une célébrité fulgurante. 

Paul_Valéry_-_photo_Henri_Manuel (1874-1947) Domaine public Wikimedia Commons

Entre nous, quelle HONTE (2), dans tout ce qui n’est pas dit sur ce grand homme, que la guerre, alors à un moment crucial, avec les Allemands à 110 kilomètres seulement, les politiques sur la sellette, les difficultés des Français au Chemin des Dames, le pays détruit par les bombardements, ravagé par les Boches, que toutes ces difficultés soient pratiquement occultées pour que la vie continuât. Les Poilus l’avaient mauvaise par rapport à l’arrière, avec juste raison ! 

(1) Une théorie malheureusement dévoyée par la pratique, la nature humaine étant ce qu’elle est, cruelle, impitoyable, amorale, capable de se laisser mener par des monstres de racisme, des travers nécessaires, sans lesquels jamais elle n’aurait dominé la planète. Il n’empêche, ce bras de fer continue entre les milliardaires et ceux « qui ne sont rien » (un mot du président démontrant par la même dans quel camp il est). Un apaisement transitoire mis à profit par les riches pour petit à petit revenir sur les concessions faites, succède aux crises jusqu’à ce que la rancœur accumulée ne devienne révolte. Le mécontentement ira-t-il jusqu’à l’insurrection, triste période où des résistants seront appelés terroristes ? Jusqu’à présent tout n’est pas tué mais contenu dans l’œuf. Après 1968, connaîtra-t-on la Révolution des Casseroles ? L’Histoire le dira...  

(2)  Les majuscules parce que ça vient de loin, du plus profond, et que ce doit être dit fort !

samedi 24 juin 2023

SÈTE 9, Un quinze juillet

 Pour être venue sans qu’on eût à faire référence aux Celtes, aux Ligures, aux Ibères, aux Grecs, aux Romains, ce qui fut une île et qui devint Sète, attire et attache tant elle est singulière... « L’île singulière », on devrait l’appellation à Paul Valéry pour une ville à la génétique particulière et qui, de ce fait, a engendré sa palette de célébrités à part, aux destins atypiques.

SÈTE, un 15 JUILLET 

Qui, mieux que Paul Valéry, et avec quelle modestie, sut insister sur la grande influence des origines géographiques dans la convergence des forces qui comme par l’effet d’une chimie magique et inexplicable, arrive à précipiter le génie, l’art et l’esprit dans une enveloppe humaine ? C’est plus primaire et prosaïque avec les imbéciles heureux de Brassens... heureux, malheureux, les imbéciles sont forcément nés d’un quelque part n’y étant pour rien... Revenons à plus de rêve...  

Comment ne pas imaginer le poète, depuis le Mont-Saint-Clair, adressant sa soumission et sa révolte d’Homme à la Mer tant aimée, un jour de Grec et de marinade (vent de NE avec embruns)... 

Ce ne sont pas les éclats de Stentor mais la voix est sûre, charpentée, bien que soumise aux forces d’une nature faisant si peu de cas de notre espèce, mais mue aussi par une énergie propre à arrêter la vague au moment où sa transcendance ne peut que déferler... Je veux croire que la tessiture n’est pas plus emphatique que datée... Ce n’est pas le ton affecté de la culture, travaillé pour se fondre dans un milieu de précieux, riches et oisifs, de conserve avec un monde définissant non sans prétention un who's who des arts et des lettres à son image. Ce n’est pas le débit haché, souvent coupé par la toux (il roulait ses cigarettes), de l’écrivain devant travailler pour vivre, mal à l’aise parmi les rentiers.
Sa voix est celle de la nature, de la naissance dans une famille modeste, méridionale avant tout. L’accent n’a pas encore trahi le Sud, ne dépareillant pas au berceau méditerranéen : le père est corse, la mère génoise, ils vivent à Sète... Et puis, quelle sincérité peut-on exprimer si on parle parisien à la Mer originelle, matrice de civilisations ? Aussi, c’est sûrement par rancœur que Paris continue de dévorer la province afin de l’assimiler. A moins que ce ne soit l’amertume refoulée d’un esprit trop rebelle et indépendant qui me fait digresser à ce point... On se veut comme les autres mais différent, sociable mais solitaire... et on ne fait qu’imiter Valéry qui eut l’occasion de se définir ainsi... 

Sète Môle_Saint_Louis 2017  the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Christian Ferrer

Il n‘empêche, l’autre jour à Sète (mercredi 2 août 2017), face au môle Saint-Louis, au pied du cimetière marin où il repose, c’est un pays, un Sétois, un Paul Valéry proche, loin de la pompe de la capitale qui nous accueille. Au milieu du rond-point, les mots, le ton intime, à l’opposé d’autres, somptueux mais d’une froideur de pierre tombale, témoignent de l’amour insondable d’un enfant bien de « l’île singulière » pour notre mer glorieuse : 

« ...je remonte le long de la chaîne de ma vie, je la trouve attachée par son premier chaînon à quelqu'un de ces anneaux de fer qui sont scellés dans la pierre de nos quais. L'autre bout est dans mon cœur... » A lire, relire, méditer en laissant tout notre être s’en imprégner. 
Rond_point_Paul_Valéry 2018 the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Houss 2020