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dimanche 2 juillet 2023

SÈTE 13, Paul Valéry 4ème partie.

Phare_du_Mont-Saint-Clair,_Sète,_Hérault 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer

 Au bout du môle Saint-Louis, construit dès 1666 lors de l’aménagement du port, un phare repris, reconstruit à maintes reprises, miné par les Allemands en août 1944, reconstruit en pierre froide de Frontignan, ne marque plus que l’entrée bâbord du port (rouge), l’éclat blanc toutes les cinq secondes du phare du Mont Saint-Clair, plus haut de 59,8 m portant à 29 milles (53 km) assurant ce repérage primordial pour qui navigue. Tiré de la Naissance de Vénus, deux vers de Valéry suffisent à en donner une vision des plus poétiques :

« Son œil mobile mêlé aux éclairs de périls,
L'eau riante et la danse infidèle des vagues ». 

Cette jetée de 650 mètres de long semble dédiée à Valéry. À son entrée, en effet, un monument émouvant de sentiment, un simple anneau de fer passé à son crochet scellé mais géant, à l’image du natif de « L’Île Singulière » :

« Je remonte le long de la chaîne de ma vie, je la trouve attachée par son premier chaînon à quelqu'un de ces anneaux de fer qui sont scellés dans la pierre de nos quais. L'autre bout est dans mon cœur... » (Discours au collège de Sète à l’occasion de la distribution des prix / 13 juillet 1935 / Œuvres T. 1 p. 1438 / Paul Valéry). 

Cimetière_marin,_Sète,_Hérault 2013 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Christian Ferrer

Dès le mois d’août, en son honneur, le cimetière Saint-Charles (1) prend le nom de « Cimetière Marin », titre de son poème le plus célèbre.  

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !.../

... Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs ! » Le Cimetière Marin, Charmes 1922, Paul Valéry.

Voilà pour les premier et dernier sizains. Souvent, la postérité ne relève que le début. Entre les deux, vingt-deux autres, une somme de vers. Difficile d’en suivre le fil ; cela rassure de lire un jour qu’il est classé hermétique ; pourtant loin d’être compliqués, les mots construisent souvent de belles images méritant d’autant plus d’être relues qu’elles offrent la douceur d’une musique des plus agréables. 

(1) Les Sétois disent « cimetière des riches » par rapport au cimetière du Py, celui des pauvres, donnant sur l’Étang de Thau, même si à l’origine St-Charles a été crée pour les morts du chantier du môle Saint-Louis. 

Sete_tombe_Valery_(cimetiere_marin) 2007 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Auteur Fagairolles 34