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vendredi 14 avril 2023

Allons passe, passe, passe...

... allons passe donc... vieille chanson française qui nous rappelle qu'on ne passait pas le Rhône mais le Libron, enfin, que les ingénieurs devaient s'ingénier à faire passer le Libron sans que cela pénalisât le Canal du Midi. 

1. Si vous ne comprenez pas, ce n'est pas votre faute... c'est moi qui n'ai pas su me faire comprendre. (Ah ces profs !).  

2. Et dans ce cas, puisque vous n'osez pas mais que je me doute on dit "Un bon schéma vaut mieux qu'un long discours !" 

3. Enfin, disons seulement " un schéma ", parce qu'il n'est pas très bon. 

4. il faut dire que la panne d'internet me prive de télé... sans télé, même avec un livre je m'endors... tôt, donc à 1 heure du matin, après 4 tours de cadran, j'ai préféré déjeuner qu'essayer de me rendormir... pardon de vous raconter ma vie mais il y a aussi que je ne voulais pas vous laisser tomber... sauf qu'un technicien est venu essayer de me dépanner... je n'allais pas le mettre dehors même si j'avais le schéma en tête...  

5. Alors comme je n'ai plus l'âge, ma main n'est plus aussi sûre (et 14 heures d'éveil n'arrangent rien surtout que le technicien a fait tout son possible et que, du coup, je l'ai aidé... comme avec vous, grâce à l'envie. L'échelle, les lianes à débarrasser... on a dégoté un bananier tombé et son beau régime de bananes, des rouges, rares, je lui ai donné... Enfin, le câble à tirer, sauf que ça ne fonctionne toujours pas... Pas grave, pour un schéma il faut un crayon et du papier. 

6. Bon ! au tableau noir, enfin, vert, et toutes ces craies de couleurs dans plein de teintes, juste avant les pauvres quatre couleurs des feutres et de se mettre au vidéoprojecteur (maintenant ils en sont à l'ordi connecté... je sais...). Le geste de la main est plus ample, et puis pas d'arthrose encore, et puis l'habitude d'écrire à la main alors qu'il n'y a plus que le clavier à présent. 

7. Pas terrible, je reconnais, mais j'ai fait ce que j'ai pu, le principe que je vous répète souvent... Je commence, vous m'arrêtez s'il faut... vous faites une croisière sur le Canal du Midi... A quelques kilomètres d'ici s'est posé, pour les ingénieurs, le problème du passage du Libron, ce fleuve côtier d'une quarantaine de kilomètres qui prend sa source du ôté de Laurens, sur la commune de Roquessels, à 256 mètres d'altitude à peine, près d'un lieu-dit appelé "Le canal"... juste une coïncidence. Le Libron, pauvret, ila souvent soif mais quand on subit un aigat, un épisode méditerranéen, gare, il est des plus colériques. Aussi il a fallu, sur certains secteurs, le bétonner, l'endiguer, le contrôler. En août, en pleine canicule, je ne sais pas ce que Jean de Florette aurait pu sauver avec l'équivalent de 4 arrosoirs en 3 heures. Celui qui la prochaine fois me donne le résultat en litres aura trois points en note de participation mais attention le second devra me donner un chiffre après la virgule, le troisième deux... sinon c'est trop facile de demander directement à Iris, pas vrai ? Monsieur Dandine, votre prof de maths vous aidera, il faut partir, vous lui direz, de 10 mètres cubes seulement pour tout le mois d'août... Combien de jours le mois d'août ? 

Maintenant le schéma, qu'il faut le finir avant la sonnerie ! 




8. Voilà, avec les photos disponibles sur Wikimedia Commons, sans avoir à les voler, comment j'aurais présenté la séquence... il y a une quinzaine d'années. 

Au hasard d'une conversation, un collègue retraité aussi m'apprend que pour lui, la page est tournée, qu'il n'y pense plus. Moi, je reste l'instit, le prof que j'ai été, à aimer les enfants, trop peut-être parce que j'ai manqué de patience avec les miens... un remords, c'est vrai... je me demande aussi si j'ai été assez vigilant en ce qui concerne le harcèlement et il m'arrive de faire des cauchemars comme celui de me trouver face à une classe dont je ne connais aucun nom. 

Mais tout ça, l'inspecteur ne veut pas le voir, seule compte l'orthodoxie idéologique garante de la carrière, les stages... le "tout doit venir de l'enfant" après "les maths modernes" par exemple et maintenant l'horreur de ces théories du genre, du wokisme, de l'écriture inclusive. Même les plus humains (si, cela existe) se doivent de garder une réserve de bon aloi ; sinon, ils viennent pour faire comprendre que c'est vous le problème, ce qu'en rapporte l'enfant n'est pratiquement pas évoqué lors de l'entretien ah si, en cas de pédophilie, l'attitude de l'administration ressemblait fort à ce qui se passe dans l'Église catholique (peut-on enfin en parler au passé ?). 

Pardon de déballer ainsi mon sac, c'était, comme souvent, improvisé... Qu'un bard, un bayard, un brancard me verse dans une fosse commune...   

PS du lendemain : "Monsieur vous avez mis un "d" à BayarT et c'est un "T" qu'il faut. 

— Et oui, tu as raison, même si c'est pour le chevalier de François Ier, j'ai fait la faute... ou alors est-ce que les deux orthographes sont acceptées ? De toute façon, je te mets deux points Kevin (et oui, les prénoms changeaient d'Alain, André ou Max...).  

note : le dictionnaire Reverso et le Cnrtl  citant Henri Pourrat (Gaspard des Montagnes), acceptent les deux formes.  

   

vendredi 7 avril 2023

SÉRIGNAN (fin).

Père-Lachaise_-_Division_82_-_Affre_08 Auteur Pierre-Yves Beaudouin  Wikimedia Commons  CC BY-SA 4.0

Parmi les personnalités nées à Sérignan, Lucyle Panis (1887-1966), chanteuse lyrique de renommée internationale, connue notamment pour son interprétation de « Frou-frou ». Ce n’est pas sans rapport avec Auguste Affre (1858-1931), né Agustarello Affre, à Saint-Chinian, et qui, plutôt que menuisier est devenu ténor après avoir été repéré par Marcelin Coural, maire de Narbonne. Il a eu chanté, au débotté, sur une table du café Billès à Fleury !  

Serignan_promenade Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Fagairolles 34


  À Sérignan si le clocher de la collégiale se voit de loin, le collège, lui, d’abord en périphérie, sur le piémont des molasses du Crès, a bien été rattrapé par les constructions. Me voici bien obligé d’en dire un mot puisque j’y ai travaillé six ans dans une bonne ambiance, des enfants pas stressants, venus aussi de Lespignan et de Vendres, une bonne flopée de collègues amicaux, une administration proche, solidaire (1)... Enseigner représentait encore un métier paisible et enviable de ce point de vue... Un mot, donc ce sera pour les voyages et échanges culturels avec, l’Allemagne (Bad Dürkheim), l’Espagne (Cullera) et la République Tchèque (Ostrava) qui nous est arrivée à l’improviste suite à un désistement de dernière minute de la part d’un collège des Bouches-du-Rhône... La mairie de Valras (2) (mais je ne suis pas sûr de l'organisateur) leur a même organisé une brasucade de moules sur la tôle, arrosées ensuite d’un vin blanc mariné aux herbes... C’était hier, cela semble si loin à voir nos rangs, tant chez les profs qu’au secrétariat, déjà éclaircis. Trente ans déjà...

En conclusion, une chose à éclaircir suite à une indication de wikipédia : «... Les patanes à la santangiolèse (ou patates à la mode de Saint Ange) sont une spécialité des Sérignanais originaires de Cetraro... ». Des migrants venus d’Italie se sont installés dans le Midi, depuis la Provence jusqu’en Languedoc, sans parler de tous ceux, en Lorraine, dans le Nord ou à Paris, embauchés dans les mines de charbon, de fer, sinon dans la maçonnerie comme, dans la banlieue de Paris, le père de François Cavanna (1923-2014, « Les Ritals » 1978).

Des sources se contredisent, l’une précisant que Sérignan est jumelée avec Cetraro, les autres dont celle de la mairie ne disant rien à ce sujet. Pourtant sur un réseau dit social, tout un flux de sympathie est allé à une mamé de plus de 87 ans (août 2022), ouverte, qui dit bonjour à tout le monde, toujours en italien... partage sa bonne humeur et danse lors des événements locaux. Elle habite, comme il est dit « sur les hauteurs », en fait au niveau du collège, il est vrai dix mètres plus haut qu’au fond de la plaine... Elle s’appelle Yolande ; certains commentaires souhaitent un prompt rétablissement à sa sœur Maria... Alors Yolande Iolanda (comme Dalida) aurait plus de facilité en italien parce que venue, petite encore, avant 1940, avec ses parents ? Ils auraient été un certain nombre du même coin, de Cetraro, cette petite ville de Calabre, « en haut du coup de pied de la botte italienne » ? Quels sont les noms venant de là-bas ? Pourquoi sont-ils partis ? Quels autres métiers sont-ils venus exercer ? La pêche ? La vigne ?

Après avoir lancé, au fil de bien d'articles, des pistes de compréhension sur l’immigration espagnole, toujours depuis notre Sud languedocien, celle, venue d’Italie, interpelle... un pays présentant peut-être plus de proximité avec la France, pas toujours pour de bonnes raisons, la meilleure étant pourtant la langue.  

(1) Une situation qui a évolué au point de s’inverser à la fin des années 2000, quand les chefs d’établissement plutôt que de faire remonter les doléances n’ ont relayé, au contraire, que les directives venues d’en haut, le fonctionnaire devant par définition obéir pour que le système fonctionne (entendu dans la bouche d’un principal). Et tout le monde connaît la lâcheté impuissante de la hiérarchie quand il s’agit de défendre un prof. Il s’appelait Samuel Paty (1973-2020). On se demande même si l’argent alloué pour défendre sa laïcité ne va pas dans la poche de certains autour de Schiappa la ministre, celle qui allume un contre-feu sur Play-Boy (avril 2023).      

 (2) À Valras, la seiche en sauce (oignons, pommes-de-terre, olives noires, concentré de tomates, épices, ail) se prépare traditionnellement dans une «pignate», une cocotte en fonte (en Italie, la pignatta est une cassole ou cassolette en terre cuite)... si la matière dénote un mieux-vivre, au moins le nom est resté.   

samedi 25 mai 2019

LES COMPAGNONS DE VALÉRY / Pézenas printemps 1961.

Printemps 1961. Pézenas. Une cour d'école en mai, ses platanes, son vieux préau aux airs de hangar agricole. 

l'école en 2015.

1961 en France.
Le 15 février nous avons passé du verre au noir de fumée afin de regarder l'éclipse totale de soleil.

En avril De Gaulle a réagi contre les généraux putschistes en Algérie.

Fin mai, visite officielle du président JFKennedy.

Mai et juin. Les paysans, beaucoup moins nombreux, deviennent des exploitants agricoles. Ils empruntent à la banque, hypothèquent leurs biens... Plus tentés et avides que Perrette et son pot au lait, ils voient en grand et quand la surproduction fait chuter les cours, il ne leur reste plus qu'à vider des bennes d'artichauts, de choux-fleurs, de patates. Contrairement à un certain Macron outrepassant son premier ministre mais bien autiste concernant la crise profonde en France que les Gilets Jaunes ont eu le mérite de traduire, le gouvernement d'alors (Michel Debré) prend en compte l'exaspération et la justice se veut clémente afin d'apaiser quelque peu le climat social.

En octobre la police tire sur les Algériens qui manifestent à Paris.
80 morts ! 500 blessés ! Peut-on rapprocher avec les manifestants des samedis depuis novembre, éborgnés ou dont la main a été arrachée par l'usage disproportionné d'armes par les "forces de l'ordre" ? 


 Printemps 1961. Pézenas. Une cour d'école en mai, ses platanes, son vieux préau aux airs de hangar agricole.
36 élèves pour la photo de classe. Le maître monsieur Carrière ne pose pas avec nous.

1961. CM2. classe de monsieur Carrière.
Oh ! bien des noms m'échappent mais les visages sont plus nombreux à dire qui ils étaient.
Et pour avoir évoqué dernièrement les Compagnons de l'Aubépin, ceux du Coquelicot, les derniers de l'Agasse, pour être un inconditionnel du philosophe plus que du poète même si "l'obscurité" de son Cimetière marin le "mit en lumière", j'ai bien aimé voir, sur la photo de classe, au moins trois Compagnons de Valéry, modestie oblige !

Est-ce la modestie qui fait participer les ou la main à l'expression d'un portrait ? Ou le contraire ?
Paul Valéry, obnubilé par les mains, leur symbolique, qui savait et aimait les dessiner, sujet le plus représenté dans ses cahiers... Et ne disait-il pas "L'esprit commence et finit au bout des doigts." ? 

Paul Valéry par Pierre Choumoff, Wikimedia Commons.

Au bout du doigt, le poussoir où le photographe appuie en disant "ne bougez plus !" 
Et sous les yeux et le doigt qui s'arrêtent sur la ligne, ces pensées de Valéry sur l'apprentissage, l'éducation, l'instruction. 

Nous ne sommes que le fruit de ce qui a été... Dans quelle mesure peut-on apporter une contribution, un plus à cet héritage à transmettre ? Valéry a dit : 

"C'est en copiant qu'on invente."
"Rien de plus original, de plus "soi" que de se nourrir des autres. Mais il faut les digérer. Le lion est fait de mouton assimilé."
"Le désir d'originalité est le père de tous les emprunts, de toutes les limitations. Rien de plus original, rien de plus "soi" que de se nourrir des autres."

Et sur l'ordre sociétal établi qui jamais, entretenant le flou entre instruction et éducation, ne donnera ses vraies raisons qui sont de dominer, Valéry est d'une modernité révolutionnaire ! 
 
"Le baccalauréat est le certificat que donne l’État et qui atteste à tous que le jeune Untel ne sait absolument rien faire."
"Un enseignement qui n'enseigne pas à se poser des questions, est mauvais."
"Faire de l'orthographe le signe de la culture, signe des temps et de sottise."
"Le diplôme est l'ennemi mortel de la culture." 
"L'éducation ne se borne pas à l'enfance et à l'adolescence. L'enseignement ne se limite pas à l'école. Toute la vie, notre milieu est notre éducation, et un éducateur à la fois sévère et dangereux."

Et sur l'éducation, près d'un siècle plus tard, il est plus qu'utile de se repencher sur les appréciations de Valéry : 
 
"Il est impossible de comprendre et de punir à la fois."
"Toute critique, tout blâme revient à dire : je ne suis pas toi."
"Le châtiment déprime la moralité car il donne au crime une compensation finie."