lundi 4 décembre 2017

APPELS DU SUD / Faire la fête au cochon !



   

Hier, sans plaisir aucun mais parce que la résistance s’impose comme un devoir quand la démocratie se retrouve peu à peu confisquée par un appareil d’État autoritariste qui fait de plus en plus penser aux tristes « organes » de feue l’URSS, ferraillant contre la mercenaire de l’Éducation piètrement Nationale, à Mayotte comme en Navarre, faute d’une piste sur le Net, je tenais à retrouver dans ma paperasse le nom de ce Directeur de l’Enseignement de 1994 qui, lui, n’avait obtenu que la Lozère pour s’être certainement plus dévoué au peuple qu’à sa coterie. Rien pour le moment mais des trouvailles annexes, sur un cahier d’écolier, un agenda en guise de bloc-notes, des enveloppes, des papiers tous formats.

C’est comme passer un aimant sur des notes en vrac pour s’étonner ensuite des idées qui s’agrègent telles des limailles.

Et nous sommes en décembre, moi en short, torse nu, et là-haut en Europe, la magie de l’hiver avec la neige avant Noël… Les Corbières sont blanches ; la couche atteint cinquante centimètres nous dit Viviane sur le Plateau de Sault… Je pensais depuis quelque temps à Robert Reverdy de Pouzols-Minervois, artiste, poète à ses heures, qui aimait le pays et ses gens. Et je tombe sur ce coup de gueule (avec l’accent siouplèt !) du cuisinier Arnaud Daguin à la radio sur les paysans qui nous nourrissent mais crèvent de faim et sur ces cochons des temps modernes qui nous reviennent quatre fois plus cher que le prix trop modique pour être sincère !   


Et dans mes notes, un mot de tonton Stanislav de Tchéquie « Le cochon, s’il te voit tous les jours, il t’aime ! ». Alors on voit le tableau idéalisé d’une vie d’avant. Idéalisé car qui accepterait pour revenir à une nourriture plus saine, sans parler du travail d’élevage, de se faire tueur, saigneur. Dans le Clos du roi, Marcel Scipion le traduit bien :

« … Mon père, lui, n’avait jamais eu assez de force pour planter le couteau et trancher la veine jugulaire, ou plutôt, il avait trop de cœur : alors il demandait aux autres de faire ce sale travail… »

Robert Reverdy nous raconte aussi la fête du cochon, fête des hommes plutôt, d’une époque où la viande représentait un luxe, un apport très apprécié alors que les menus ordinaires restaient frugaux, sains mais frugaux…   

La fête du cochon.

C’était assurément le plus bel animal
Des cochons élevés au hameau de Laval ,
Bien nourri par les soins de sa propre maîtresse
Son embonpoint marquait l’épaisseur de sa graisse
Deux-cent-trente kilos ! quel remarquable poids
Aussi pour le saigner la lame entra trois fois.
Comme dans un étau, de peur qu’il se débatte
De vigoureuses mains tenaient ses quatre pattes.
Son corps roula pourtant sur les pieds d’un témoin
Alors un peu plus fort on lui serra le groin
A ce moment fatal l’œil vif devint féroce :
Quand le sang coule à flot, la douleur et atroce.
De grâce ! grogna-t-il dans un cri déchirant ;
Cet appel fut perçu par les porcs de Quillan.
Le maître du logis dit pour toute réplique
«  Ta succulente chair va devenir magique
Pour régaler ce soir l’appétissante faim
De mes nombreux convives invités au festin… »
Et c’est pourquoi l’on vit plus de trente personnes
S’attabler tout autour du cousin de Narbonne
La fête du cochon maintient par tradition
L’amitié des amis, aux parents, l’affection.

2 février 1956. Robert Reverdy. 

  


Note :  Laval est un hameau proche de Quillan, sur la route du Col de Saint-Louis, l'ancienne frontière avec le royaume d'Aragon puis d'Espagne où se faisaient les échanges (voir les articles sur les meuniers de Limoux). A ce propos, une thèse prétend que l'expression "Catala bourrou, Gavach porc" n'aurait rien de moqueur et serait simplement liée à ce commerce.  

Photos autorisées :
1. photo PxHere.  
2. Commons wikimedia. Quillan depuis le château 2014 Author Tournasol7

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