Hier,
sans plaisir aucun mais parce que la résistance s’impose comme un devoir quand
la démocratie se retrouve peu à peu confisquée par un appareil d’État
autoritariste qui fait de plus en plus penser aux tristes « organes »
de feue l’URSS, ferraillant contre la mercenaire de l’Éducation piètrement Nationale,
à Mayotte comme en Navarre, faute d’une piste sur le Net, je tenais à retrouver
dans ma paperasse le nom de ce Directeur de l’Enseignement de 1994 qui, lui, n’avait
obtenu que la Lozère pour s’être certainement plus dévoué au peuple qu’à sa coterie.
Rien pour le moment mais des trouvailles annexes, sur un cahier d’écolier, un
agenda en guise de bloc-notes, des enveloppes, des papiers tous formats.
C’est
comme passer un aimant sur des notes en vrac pour s’étonner ensuite des idées
qui s’agrègent telles des limailles.
Et
nous sommes en décembre, moi en short, torse nu, et là-haut en Europe, la magie
de l’hiver avec la neige avant Noël… Les Corbières sont blanches ; la
couche atteint cinquante centimètres nous dit Viviane sur le Plateau de Sault…
Je pensais depuis quelque temps à Robert Reverdy de Pouzols-Minervois, artiste,
poète à ses heures, qui aimait le pays et ses gens. Et je tombe sur ce coup de
gueule (avec l’accent siouplèt !) du cuisinier Arnaud Daguin à la radio
sur les paysans qui nous nourrissent mais crèvent de faim et sur ces cochons des
temps modernes qui nous reviennent quatre fois plus cher que le prix trop
modique pour être sincère !
Et
dans mes notes, un mot de tonton Stanislav de Tchéquie « Le cochon, s’il
te voit tous les jours, il t’aime ! ». Alors on voit le tableau
idéalisé d’une vie d’avant. Idéalisé car qui accepterait pour revenir à une
nourriture plus saine, sans parler du travail d’élevage, de se faire tueur,
saigneur. Dans le Clos du roi, Marcel Scipion le traduit bien :
« …
Mon père, lui, n’avait jamais eu assez de force pour planter le couteau et
trancher la veine jugulaire, ou plutôt, il avait trop de cœur : alors il
demandait aux autres de faire ce sale travail… »
Robert
Reverdy nous raconte aussi la fête du cochon, fête des hommes plutôt, d’une
époque où la viande représentait un luxe, un apport très apprécié alors que les
menus ordinaires restaient frugaux, sains mais frugaux…
La
fête du cochon.
C’était
assurément le plus bel animal
Des
cochons élevés au hameau de Laval ,
Bien
nourri par les soins de sa propre maîtresse
Son
embonpoint marquait l’épaisseur de sa graisse
Deux-cent-trente
kilos ! quel remarquable poids
Aussi
pour le saigner la lame entra trois fois.
Comme
dans un étau, de peur qu’il se débatte
De
vigoureuses mains tenaient ses quatre pattes.
Son
corps roula pourtant sur les pieds d’un témoin
Alors
un peu plus fort on lui serra le groin
A
ce moment fatal l’œil vif devint féroce :
Quand
le sang coule à flot, la douleur et atroce.
De
grâce ! grogna-t-il dans un cri déchirant ;
Cet
appel fut perçu par les porcs de Quillan.
Le
maître du logis dit pour toute réplique
«
Ta succulente chair va devenir magique
Pour
régaler ce soir l’appétissante faim
De
mes nombreux convives invités au festin… »
Et
c’est pourquoi l’on vit plus de trente personnes
S’attabler
tout autour du cousin de Narbonne
La
fête du cochon maintient par tradition
L’amitié
des amis, aux parents, l’affection.
2
février 1956. Robert Reverdy.
Note : Laval est un hameau proche de Quillan, sur la route du Col de Saint-Louis, l'ancienne frontière avec le royaume d'Aragon puis d'Espagne où se faisaient les échanges (voir les articles sur les meuniers de Limoux). A ce propos, une thèse prétend que l'expression "Catala bourrou, Gavach porc" n'aurait rien de moqueur et serait simplement liée à ce commerce.
Photos autorisées :
1. photo PxHere.
2. Commons wikimedia. Quillan depuis le château 2014 Author Tournasol7
2. Commons wikimedia. Quillan depuis le château 2014 Author Tournasol7