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samedi 28 mai 2016

LA DINDE A OUVEILLAN ! QUELLE CHANCE ! / Fleury d'Aude en Languedoc

ou CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN (2).
 
Tout ça pour vous dire que j’avais des notes sur Ouveillan, l’historique de la paroisse tel qu’il se reconstitue au fil du demi-millier des pages du dictionnaire topographique de l’abbé Sabarthès. J’avais... jusqu’à ce que l’ordinateur me lâche. J’avais... jusqu’à cette envie aussi improvisée qu’incontrôlée de mêler nos vies à ce village sur sa colline...  
       
 L’autre soir, parce qu’un «Racine et des ailes», avec les châteaux pinardiers du vignoble languedocien, est venu titiller insidieusement sur une résolution vaporeuse en sommeil depuis plus d’un an, je repars en quête des belles pages d’histoire d’Ouveillan, en reprenant le dictionnaire topographique de l’Aude (1912) de l’abbé Sabarthès, à la première page ! 


Ouveillanais, vous aussi, êtes à l’origine issus d’un métissage liguro-ibérique lié aux Grecs de Phocée et peut-être même aux Phéniciens, avant que n'arrivent les Celtes pour faire place nette, ici les Atacins, des Gaulois qui s’établirent dans la vallée de l’Aude. C’est chez eux que passa Hannibal  avant que les Romains ne s’en mêlent. Ensuite, les Wisigoths qui tinrent tête aux Francs mais subirent les Sarrasins... Passons sur nos dynasties de fainéants puis de vaillants rois qui vinrent mettre notre Languedoc en coupe réglée.

L’entrée «OUVEILLAN» figure dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral sans qu'il soit précisé si le village doit son nom aux moutons ou à sa situation d'île quand la mer était bordée d'étangs salés :
Óuvelhan, Aubelha : les habitants sont nommés Aubelhanot, v. manjopiot (mangeur de dindons) (1), sobriquet des habitants d’Ouveillan (de Fabrezan aussi). 
Prov. Lang. Qu vol sa filho saumeto,
    A Ouvelhan que la meto, à cause de l’eau que les femmes sont obligées d’aller chercher fort loin.

Mentions pour Ouveillan, fief du domaine royal, page 286, dans le dictionnaire topographique de l’Aude de l’abbé Sabarthès datant de 1912 :

Le «Château-Bas ou Vieux» au bord de l’étang desséché, et le «Château-Haut, dans le fort».
Ovilianum 924, Ovelianum 993, Ovellianum 1143, Ovelanum 1192, Oveglianum 1250, Olivianum = Ovilianum 1294, Ovelhanum 1319, le chastel de Ovillan 1334, Ovelhan XIVe s., Hovelhan 1402, Oveilhan 1479, Ovilhanum 1497, Hovelha, Hovellac 1536, Obelhan 1587, Houvelhan 1592, Oveilhan 1639, Ouveilhe 1666, OUVEILLAN 1781, Aubeilhà (vulg)... Sabarthès distingue aussi les mauvaises graphies.
Note sur l’Étang d’Ouveillan, au midi de la localité. 


Les étangs et ruisseaux :
Aiguefer, anc. étang, lieu-dit L’estanhol d’en Agaffer 1497
Les Canimals anc étang 924
Conseyrac anc étang au terroir de Saint-frichoux l’estang de Conseyrac 1147
la Courtine anc étang L’estang de la Courtine 1286
A l’Estanhol, jots les vinhas de Cussac.
Libarda, ruisseau, anc fief mouvant du roi lo Libardar 1411
La Mayral ruisseau, al Maïral 1536.
La Nazoure, 1781, ruisseau, canalisé dans sa plus grande partie pour déssécher l’étang de Toutous, tributaire de l’étang de Capestang Aqua vocata la Neroza 1322.
Recaudier ou l’Aiguille, ruis. (15 kil) affluent de l’Aude (aujourd’hui Ruisseau Audié).
Etang de Toutous, désseché par le ruisseau de la Nazoure L’estang de Totos, 1497.

Les divers fiefs (domaines de vassaux en échange de services et redevances dus aux suzerains) :
Agaret anc fief du roi (col d’Agaret cad.)
La Courbayrole anc fief La Corbayrola 1497.
Erminis anc fief appartint en dernier aux Frégose.
Le Fesc anc fief royal puis de Frégose Al Fesc 1497.
Les Launes anc fief de l’Ordre de malte, dans l’ancien décimaire de Saint-André, aussi sur la commune de Montels Condamina qui dicitur de launis 1275.
Loupian ou Villespassants, anc fief. 
Murviel, anc château dépendant de la seigneurie de Rieux et d’Alzonne, tenu au XIVe par les d’Harcourt, au XVe et XVIe par les Montredon.
Le Peyral, anc. fief royal. Al Peyral 1404.
La Poulverouse, lieu-dit, anc. fief royal. La Polverosa 1497.
Les Pujals, lieu-dit, anc. fief royal Als Pogols 1404.
Trente-Sols, anc. fief du roi. Als Trente Sols 1497.

Les fermes et écarts :
Bailly f. Bailli 1807
Bedos f Alha boria de Bedos 1536
La Bergerie f La Grangette 1774
Le Bousquet f Ad Buscaletum 1255
Cachefigues f.
Chambard f 1497
Colombet f.
Le Colombier château et f. ad Colombierum 1255
La Commanderie f
L’Étang f.
Filère f
Foncalvi, f anc propriété del’ordre de Malte, puis de l’abbaye de Fontfroide. Grangia de Fonte Calvio 1275.
Frayssinet, f., Le Gers (vulg).
Labastide, f.
Mailhère, écart. Le jardin de Maillère 1807.
Montplaisir, f.
Le Pain de Sucre, f., démembrement du domaine de Preisse
Petit-Rabes f.
Pézétis, f., Pézéty, une vieille masure appelée la Chapelle, confrontant d’aquilon la rivière Cesse ; de midi, le Canal Royal 1692.
Pigasse, f., Méterie appellée Pigasse 1776.
Preisse, chât. et f. ; anc. commanderie de l’ordre de Malte ; la chapelle était dédiée à saint Paul. Prexanus 782.
Le Terral, f., ancien prieuré sous le vocable de saint Martin ; anc. propriété de l’abbaye de Fontfroide. Castrum de Tarrallo 1176.
Terre Noire, f.
Le Viguier, f., métairie à Tailhesang..., métairie ditte le Vié, 1776.

Les lieux-dits :
 Belvèze lieu-dit 1776
Cassenac, lieu-dit
Les Faisses lieu-dit A las Fassias 1536
Le Finistère lieu-dit
La Gardiole, lieu-dit Alha Gardyolla 1536
Gazet lieu-dit, in Gizet 1256.
Lombric, lieu-dit, ad Lumbricum 1255.
Montpaho, lieu-dit Monpaho 1497.
Peyrefite, lieu-dit. Peyra ficha 1497.
La Porte-du-Salin, lieu-dit.
Le Pourcel, lieu-dit. Ad Porcairillum 1255.
La Rouquignole, lieu-dit. Via de Mirapisceto, vocata la Roquinola 1595.
Saint-Cristol, lieu-dit, Sant Crystolh, 1536.
Sainte-Marie, lieu-dit. Chemin de Sainte Marie 1692.
Saint-Brès, lieu-dit. Podium sancti Berrichi, 1192.
Taillesang, lieu-dit. Tailha Sanc, 1497.
Les Vases, lieu-dit. Ad Vasa 1255.
Ville méjeane, lieu-dit ; Villemejane, 1339.

Edifices religieux et liés à la charité :
la Maladrerie anc léproserie Als mesels 1497.
Saint-Charles, chapellenie, 1776.
Saint-Paul, ancien hôpital, Saint Paul, l’hôpital 1776.
Saint-Pierre-d’Artiague, chapellenie, 1756.
Sainte-Sixte, chapelle et ermitage ruinés. Podium Sancti Cirici, 1204.

Divers :
Le Bourguet-Neuf, faubourg, Al Bourguet Nou 1697
La Croisade auberge et distillerie
La Fardille A la Fardylha 1536
Le Fort, quartier, de là la distinction entre Ouveillan-le-Haut et Ouveillan-le-Bas.
les Malviès, Als Malviès 1497.
Le Moulin à vent
Saint-André, anc. décimaire au territoire de Montels (Hérault) et, par extension, commune d’Ouveillan. Condamina de Sancto Andrea, ... decimarium Sancti Andree, 1275
Saint-Frichoux, localité disparue, anc. prieuré uni à l’abbaye de Montolieu.
Toutous, loc. disparue ; anc. prieuré sous le vocable de Notre-dame. Villa Totonis 782.
Villa Sancti fructuosi, 932 ? 

(1) le surnom est relativement récent vu que le dindon n’a pu traverser l’Atlantique avant Christophe Collomb... 

photos autorisées :
1. Commons wikimedia / Le Terral, château, aut Flolma. 
2. Commons Wikimedia / Ouveilhan année 1498 aut Eutexie.

vendredi 27 mai 2016

CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN / Fleury d'Aude en Languedoc.

Trausse, Lapalme, Sallèles, Vinassan, Salles, Gruissan, Cuxac, Coursan, autant de villages sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes. A la suite, sur cette liste, de celles qu’on établit pour de joyeuses retrouvailles, j’avais des notes sur Ouveillan, bien fournies, s’ajoutant aux chers souvenirs des condisciples de lycée et surtout liées à une amitié plus forte que les kilomètres à vélo nous séparant... même si lui avait une mobylette... bleue, à en croire la fragilité des souvenirs. 


Nous braconnions alors sans complexe et surtout par provocation, à jouer les croquants dans les pinèdes de ces châteaux et grandes fermes bourgeoises, en plein jour, à une heure et dans des circonstances n’incitant heureusement pas au zèle des gardes. Pire encore quand, la carabine en avant, nous arpentions l’étang en contrebas du village, de la route, des chemins, à la vue de tous ! Loin des escapades furtives et nocturnes d’un Raboliot, nous étions seulement dans l’extravagance des excès existentiels. Surtout pas liée à Sartre qui nous barbait autant que la prof de philo coco ! Non, une extravagance toute rabelaisienne (1) plutôt, de gros rires, comme quand Georges puis Antoine, trop pris par l’excitation d’un gibier tentant mais lointain, tombèrent tour à tour dans une cave* remplie d’une eau froide comme peut l’être novembre en Languedoc, dans les bourrasques d’un Cers* pénétrant venu des montagnes ! Sauf qu’ils m’auraient bien jeté aussi derrière les sénils*, mes copains rigolos, par égalitarisme !
Tel le piégeur flânant l’air de rien sur le théâtre de ses forfaits passés, j’aime repasser par Ouveillan dans un sens ou dans l’autre. L’été dernier, par la Minervoise, puis le carrefour de la Croisade, un jour que la  ramure élancée des platanes balançait sous les coups du Cers justement... Je veux parler des feuillages à terme condamnés par le chancre doré (2) tueur des pauvres arbres. Les gros nids d’agasse* d’autrefois ont aussi disparu... Te souviens-tu Antoine, de ta peur, cette fois-là, à trop jouer au pendule, si haut, pour quelques œufs à piller ? 


En bas du village, la cave coopérative et son architecture superbe (3), tout à l’honneur du raisin et de 1936, année du Front Populaire (prenez vite une photo car elles sont effacées un jour, comme à Vinassan, à Lespignan...). En redescendant vers Cuxac et la plaine de l’Aude, en surplomb de l’étang, feu la distillerie-coopérative d’un temps où la vigne et le vin quotidien rythmaient la vie. Entre la cave et l’alambic, parce que la vanité n’est pas leur fort, on cherche longtemps le monument aux morts. 


Village du midi, assoupi en cette mi-août, désert à l’heure de la sieste, qui veut nous laisser croire que tout à l’heure les gens partiront arroser les jardins, pour profiter au retour, de l’air moins chaud sur le devant de porte, manière de bader* le mouvement des éclats de voix et des boules sur les bancs de la place... Le Sud qui s’offrait en traversant la localité vers l’impasse Camarade (4), en récupérant des efforts liés à la dernière côte (en venant de Cuxac, celle de la distillerie).   
  
Enfin le monument aux morts, pour la paix, de ceux stigmatisés alors par les "braves gens" (4) remontés par les va-t-en-guerre. On le doit à René Iché (5), un enfant du pays, né à Sallèles-d’Aude, à quelques kilomètres à peine et d’Ouveillan par sa mère (il y est inhumé). Il est mal indiqué, la verdure le cache, c’est difficile de le cadrer... Dommage pour un village par ailleurs connu pour ses vendanges du cœur (au profit des Restos du même nom lancés par Coluche). 





Sur la route de Cuxac, à gauche, l’embranchement vers Fontcalvy, une grange fortifiée. Les vieilles pierres en imposent, au milieu des vignes il est vrai. Dans les ruines réhabilitées, l’été, un festival, des spectacles et un repas, pour ceux qui veulent, en bas, dans l’ancienne bergerie... N’espérez pas faire ripaille comme les moines d’antan... ceux-là donnaient plutôt dans l’ascétisme, la rigueur et le travail, règle de Cîteaux oblige. Sans remonter au XIIIe siècle et parce que nous n’étions que des chenapans aux cheveux longs, vers l’an de grâce 1968, nos jeux ne dérangeaient que les vols de corneilles qui logeaient là et la terre et les détritus comblaient presque le bercail des moutons. Maintenant, ils peuvent monter le son et multiplier les projecteurs : fini les troupeaux et plus de corneilles (comme dans la garrigue d’ailleurs). 


A Joël des PO, Georges de Narbonne et Antoine d’Ouveillan, à nos folles années 68-70 ! 
(à suivre)

(1) Ah ! Monsieur Rabéjac qui nous enseignait le XVIème siècle en littérature !
(2) champignon mortel qui serait arrivé d’Amérique avec les caisse de munitions en 1944. Il existerait comme un vaccin porteur d'espoir et testé à Sallèles...
(3) Architecte Gaston Ladousse qui fit aussi celles de Vinassan (1937) et de Trausse (1937), pour parler de cette période.
(4) Nino Ferrer ne chantait pas encore le Sud (1975) mais Jean Ferrat en remontrait déjà au camarade (1969) et Brassens était bien le seul à défendre l’anticonformisme pacifiste. 
(5) René Iché (1897-1954), Croix de Guerre 1914-1918, Médaille de la Résistance. Devenu sculpteur contre l’avis de ses proches, Iché vit son œuvre Forfaiture enlevée pour "indécence" (1923).
«Laissez-moi vous dire...» écrivait-il au préfet de police «... que votre décision, si inattendue pour moi, m’a beaucoup ému. certes, je ne prétends pas avoir fait un chef-d’œuvre et si mon intention fut mal interprétée, c’est peut-être que mon talent ne fut pas à la hauteur de mon ambition. Quoiqu’il en soit, j’ose affirmer que j’ai poursuivi, en sculptant Forfaiture, un but hautement moral. J’ai voulu traduire dans la matière plastique, la douleur et l’angoisse d’une trahison, la trahison de l’instinct génésique, le reniement de la vie elle-même vis à vis de la continuité de la vie : le drame affreux que la loi poursuit car il constitue un véritable crime de lèse-humanité.
«L’illustre maître Bourdelle, qui a bien voulu m’éclairer de ses conseils, m’a répondu que ce sujet, s’il avait été inspiré par le sixième commandement à un imagier de cathédrale, aurait très bien pu trouver sa place dans la pénombre d’une haute ogive. je m’en tiens là et j’accepte de retirer ma statue. Il me suffit de pouvoir affirmer en toute conscience que je l’ai méditée et exécutée sincèrement et que, pas un instant, je n’ai pensé ni visé au scandale mais à un vérisme significatif conforme à l’éthique la plus naturelle.»
Son projet de monument aux morts pour le village de Canet-d’Aude, fut aussi refusé pour «pacifisme» sinon pour excès d’humanité ! 

glossaire :
* l’agassa (o) = la pie.
* bader = fixer, reluquer, afficher sa curiosité sans retenue.
*cave = fossé.
*Cers = plus vieux nom de vent en France, honoré par les Romains parce qu’il chassait les miasmes, malheureusement assimilé par parisianisme à une tramontane par trop générique ! Pour être plus généralistes, nous disons aussi (et certainement à tort) "vent du nord" !
*sénils = roseaux dont on fait le chaume. 

photos autorisées : 
1. Commons wikimedia / Ouveillan aut Map data (C) OpenStreetMap contributors CC-BY-SA
2. Commons wikimedia / Canal_du_Midi near Colombiers 2011 aut Michiel1972 
3. La cave coopérative, personnelle août 2015. 
4, 5, 6. Le Monument aux morts, personnelles août 2015.  
7. Commons wikimedia / grange cistercienne Fontcalvy aut ArnoLagrange. 
8. Commons wikimedia / Ouveillan, Grange cistercienne Fontcalvy aut Rauenstein.

samedi 14 mai 2016

CAVALCADES ET CORSOS "FLEURYS" / Fleury d'Aude en Languedoc.

Au mois de mai, c’est la fin pour les cavalcades et autres corsos fleuris. Et dire qu’ils viennent encore de brûler Carnaval chez les voisins... Au temps des fleurs, c’est vraiment du sadisme... Sauf qu’une salloise m’a rétorqué que c’était mieux que de ne rien faire ! Et vlan ! Je n’ai pu que balbutier qu’ils allaient fêter la fête dans les rues, quand même, à Fleury !
Élevons le débat tout en reconnaissant que les patchaques et autres querelles de clochers ont toujours pimenté et corsé les rapports de voisinage ! Il n’empêche, en février, les mimosas qui défilent traduisent si bien l’espérance des beaux jours à venir.
Reprenons le compte-rendu si détaillé de cette cavalcade d’après guerre que François, lou filh de Jeanil, a bien voulu nous réserver (1). Le char du chapeau venait juste de passer : 


«... "Les Vendanges" venaient ensuite. Le camion était garni de treilles et de souches avec de beaux raisins. Au milieu était une grosse barrique avec Charlot Escaré qui représentait Bacchus tenant une coupe et un bâton avec une feuille de vigne et un raisin. Il y avait aussi des vendangeurs et des vendangeuses, parmi lesquelles Elisabeth et Marcelle Subra. Ils ont eu le 5e prix (2000 F et 2 bouteilles de champagne).
"La Couveuse", des petits garçons et petites filles, habillés de coton jaune, chacun dans une sorte de panier.../...
... Ensuite, "Blanche-Neige et les sept nains" (la rue Neuve). Auret menait le char,Mimi Dauga était Blanche-Neige et G. Martin le Prince, F. Bousquet, J. Bernard, les petits Auret... ils ont eu un prix d’honneur et un prix d’attelage.../... 
... Puis le "Panier Fleuri" des petits enfants très bien habillés, dans un grand panier fleuri de fleurs avec des fleurs d’amandier, du mimosa...
... "La sérénade à Colombine".../... des garçons en pierrots jouant de la mandoline, et des petites colombines...
Ensuite 2 chars 1900 : un de Fleury, yves Carrière était le cocher, en costume d’époque... /... derrière un comte et une comtesse... Abrial portait une perruque, un chapeau à voilette, il avait fait un grain de beauté ; tu peux croire qu’il le faisait bien.
L’autre était de Coursan, il était plus chic que celui de Fleury.../... dedans deux couples qui chantaient « Frou-Frou », et enfin deux laquais : deux jeunes filles...
... /... Puis une énorme carpe de Coursan avec 4 oo 5 pêcheurs, un tank de Béziers et des soldats jouant de l’accordéon.
Et enfin de nombreux travestis de Narbonne. Tout le monde dit que c’était la cavalcade la plus jolie de la région, elle dépassaitde beaucoup celles de Narbonne, Coursan et Béziers.  
J’ai oublié le principal, le char de la Reine... /...
Il y avait aussi un autre char où étaient Colette, Yvette et Monique "La France et ses Provinces", et un autre "Les Papillons".
Mr Robert distribuait les prix... /... Après la cavalcade, il y a eu bal sur la place, ainsi qu’après souper, avec concours de travestis. C’est la femme de G. Chavardès et mme Dubeau (la patronne de l’autobus) qui ont eu le premier prix. Mme Chavardès était en Provençale ; Madeleine Artozoul, de paris, a eu le 3e, elle était en Cosaque, Marthe Barthe en Espagnole...etc...

(1) François Dedieu / Caboujolette / 2008. 

diapositives François Dedieu 1 &2 1969 3 & 4 1986.

dimanche 10 avril 2016

AVRIL dans les temps et les têtes / Fleury d'Aude en Languedoc.

« Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps..." 

 
Les souvenirs d’école s’accrochent aux vers et aux rimes qui nous ont bercés, enfants. Le maître (les hommes semblaient alors plus nombreux), souvent, triait, coupait des strophes, ne gardant que par rapport à son exigence et aussi en fonction de ce que nous pouvions assimiler. Si le début du poème « Premier sourire du printemps » de Théophile Gautier évoque mars, la fin dont on ne soupçonnait même pas l’existence, s’ouvre, elle, sur le mois d’avril : 

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »

Plus prosaïquement, et avec l’inquiétude qui est la nôtre, aujourd’hui, quant au rythme si perturbé des saisons, plutôt l’avis autorisé des météorologues que les rumeurs. Ainsi, à propos du printemps dans le Sud, Météo France nous dit :

« Sur les cinquante dernières années, l’évolution des températures printanières en Languedoc-Roussillon montre un réchauffement. Sur la période 1959-2009, la tendance observée des températures moyennes printanières est d'environ +0,3°C par décennie.

Les cinq printemps les plus chauds depuis 1959 ont été observés après 1996, alors que quatre des cinq printemps les plus froids l’ont été avant 1985. Le caractère remarquable des printemps 2011 et 1997 est bien visible pour les températures maximales (moyennes printanières dépassant de plus de 3°C les normales saisonnières 1961-1990) ».

S’ils parlent aussi d’une sécheresse désormais plus sensible, ce sont les excès qui nous marquent, tant pour la température que les précipitations.
Quelques rappels, grâce aux ressources de l’Internet http://la.climatologie.free.fr/intemperies/tableau12.htm (tableaux 5 à 12, en remontant jusqu’en 1884) :

Du 12 au 16/04/2015 : températures bien au-dessus de la normale en Europe et 31,6°au cap Ferret (33), nouveau record de chaleur mensuel depuis le début des mesures en 1887.

Du 11 au 18/04/2013 : temps doux sur toute la France et 32°C à Ciboure (64) le 17 avril.  

 
Du 15 au 20/04/2012 : chute des températures en France. Le 16/04/2012 dans la nuit, 70cm de neige sont tombés en Andorre (plus que le maximum en 24h de l’hiver 2011/2012.
Le 27/04/2012 : Des records de chaleur sont tombés dans le Sud-Est (29.3°C à Marseille).

Du 24/03 au 26/04/2011, les températures ont été chaudes pour la saison et du 01/04/2011 jusqu'au 09/04/2011 les températures sont montées comme en juillet, de 8 à 10°C au dessus de la normale pour la saison ! Des records de chaleurs sont tombés dans le Sud-Ouest. A Nîmes le thermomètre a grimpé jusqu’à 30,5°C donc très proche du record du 28/04/1947 avec 30,6°C. 32,3° à Pergignan :  un des mois d’avril les plus chauds depuis 1900.

Du 21 au 29/04/2010 : fin avril a été bien chaud à l'Ouest de l'Europe avec en France des températures d'été : 26.9°C à Béziers, 26.7°C à Sète, 26.7°C à Perpignan.

Le 29 avril 2004, 182.2 mm de pluie au Mt Aigoual (Météo France).

14/04/2003 : tempête dans le Midi-Pyrénées avec un vent de 120 à 130 km/h à Toulouse.
Le mois d'avril a été le plus chaud des mois d'avril depuis 1950 voir 1900 en Europe. En France la moyenne des températures est supérieure de 4,3°C aux normales.

Avril 1996, coup de froid. Le 04/04/1996, - 5°C à Brive (19) et Mont-de-Marsan (40), le 05/04/1996, - 4°C à Auch (32), -2,5°C à Carpentras (84).

25/04/1995 : il a fait maximum seulement 8°C à Toulouse !

29/04/1994 : 28°C à Bergerac (24).

24/04/1992 : 28°C à Gourdon (Lot), 27/04/1992 : 29°C à Carpentras.

A suivre.

Note : pour un bilan du mois de mars 2016 : http://www.meteofrance.fr/actualites/35175144-mars-2016-frais-et-arrose 

photos autorisées : iha. 

lundi 4 janvier 2016

PAGNOL AUSSI ÉTAIT INVITÉ POUR NOËL ! / Fleury d'Aude en Languedoc


Ces jours-ci, la télé a contribué à nous garder dans l’atmosphère de Noël, avec notre Midi en place d’honneur, grâce, notamment aux films d’Yves Robert, tirés des souvenirs d’enfance de Pagnol : « La Gloire de mon Père », « Le Château de ma Mère ».

    Dans l’extrait joint, l’air de rien, l’auteur nous donne à voir un large aperçu des traditions avec, dans la cheminée, un cérémonial de la bûche accompagnée des voeux "A l’an que vèn, si sièn pas maï, que sioguèn pas mèns" version Lili, le copain des collines qui passe le réveillon chez Marcel. Sur la table de fête, les treize desserts de Noël qui tiendront lieu de réveillon.
    On sent l’omniprésence de la religion, mais apaisée, le goupillon sans le glaive et le fanatisme de l’inquisiteur (1). Certes, la perception qu’en a Pagnol est anachronique, les souvenirs d’enfance datant de 1957-58. Et puis n’a-t-il pas eu, deux ans avant, l’imprudence (l’impudence aussi) d’écrire « Judas » pour le théâtre, une pièce reçue par les catholiques en tant qu’apologie du traître, ressentie par les juifs en tant qu’expression antisémite ? Si le sujet reste toujours aussi difficile et délicat à aborder, il est plus que nécessaire de réfléchir, plus d’un siècle après ce Noël dans la garrigue marseillaise, alors que des monothéismes agressent, s’autorisent le prosélytisme, étouffent et confisquent le libre consentement, imposent même sous peine de mort.

    Dans ces souvenirs, les traditions chrétiennes ont au contraire, tout perdu de leur tyrannie.
    Lili, le petit paysan qui réveillonne chez Marcel, témoigne que son père n’a pas peur de regimber contre Dieu  : « Mon père il dit que c’est un jour (Noël) comme les autres jours.../... il n’y va pas (à la messe) jusqu’à ce qu’il pleuve, parce qu’il dit que le bon dieu, il faut qu’on lui fasse comprendre ! ».
    Chez Pagnol, l’aspect pratiquant, le minuit très chrétien, entrent en scène avec l’arrivée tonitruante de l’oncle Jules, père Noël en pelisse de motocycliste (2) et qui en revient, lui, de la messe qu’il ne manque jamais : «... cette messe a été très belle ; il y avait une crèche immense, l’église était tapissée de romarins en fleur et les enfants ont chanté d’admirables noëls du XIVème siècle. C’est pitié que vous ne soyez pas venu ! »  
    On se doute que Joseph va réagir. Mais si la main d’Augustine, l’épouse, sur son épaule puis dans son dos, est censée prévenir tout écart, on suppute déjà que le père de Marcel sait, suivant les circonstances, mettre de l’eau dans son vin... L’heure n’est pas aux polémiques sur la papesse Jeanne et les turpitudes des Borgia ! (3)
Joseph : «... Je ne serais venu qu’en curieux et j’estime que les gens qui vont dans les églises pour le spectacle et la musique ne respectent pas la foi des autres... 
~ Voilà un joli sentiment ! » répond l’oncle Jules, plus conciliant et qui dit avoir prié pour eux.
Joseph poursuit après avoir évoqué le « Tout Puissant » pour ne pas nommer « Dieu » :
~ Je ne crois pas, vous le savez, que le créateur de l’Univers daigne s’occuper des microbes que nous sommes mais votre prière, mon cher Jules, est une belle preuve de l’amitié que vous nous portez... Et je vous en remercie.
¾ Joyeux Noël, mon cher Joseph ! » s’exclame chaleureusement l’oncle Jules.
Les deux hommes se serrent alors la main puis s’embrassent de toute leur amitié.

    Magnifique de communion, de fraternité ! Le voilà l’esprit de Noël à l’origine et quelles que soient ses déclinaisons ! C’est vrai qu’à côté, la nouvelle année puis le gâteau des rois ne sont plus que des jours, de fête certes, mais des dates, seulement, sur le calendrier...   

(1) le Midi et en particulier le Languedoc ont eu à souffrir de la tyrannie des inquisiteurs, avec ses tortures, ses condamnations lapidaires, ses bûchers plus particulièrement liés à l’éradication du catharisme (Croisade des Albigeois).
(2) Mais qui vient d’appuyer son vélo dehors.
(3) dans le premier tome « La Gloire de mon Père » 1957.
 
https://www.facebook.com/Marcel.Pagnol.groups/videos/788495841262841/



Photos autorisées wikipedia commons 
1. anonyme / Marcel Pagnol portrait 1931. 
2. La Bastide Neuve aux Bellons (état actuel) by Fr.Latreille

jeudi 31 décembre 2015

DE L’ÂTRE À LA CHEMINÉE, IL N’Y A GUÈRE ! / le temps de Noël en Languedoc

DE L’ÂTRE À LA CHEMINÉE, IL N’Y A GUÈRE !
Je voulais écrire DE LA HOTTE  À LA SOUCHE, IL Y A PEU mais cela devenait aussi incompréhensible que "DE LA SOUCHE À LA SOUCHE IL Y A PEU...". Comment dire quand le vocabulaire si riche sur la réalité et la symbolique du feu au point qu’il a signifié la famille autour du foyer (la population se comptait, avant, en "feux"), vient nous embrouiller avec une homonymie insupportable entre le bois qui brûle en bas, pis ces ceps que nous appelons souches, et la cheminée, sinon son bout dépassant du toit ?
    Je pense à du Bellay, qui lui, a su tout exprimer avec trois moitiés de vers : «Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village / Fumer la cheminée... » (Les Regrets, XXXIème sonnet). 
    Si quelqu’un peut m’aider car j’ai beau chercher, retrouver le contrecoeur, aborder des secrets sous son manteau, m’interroger aussi sur la languette ou le tablier tout en me demandant si le rideau était ce tissu jaune à l’origine, courant sur les trois côtés de la tablette avec, chez mamé Ernestine, ces femmes brodées dans les habits des provinces de France, jamais je n’ai été ainsi coincé par une souche ! 
                                        Mamé Ernestine et la cheminée / 1968, diapositive François Dedieu.

    Mistral peut-être pourra m’aider ! Dans le Trésor du Félibrige, nous trouvons qu’en Languedoc elle s’appelle cha-, ou che-, ou chi-, ou encore chuminièiro ! Sur ses différentes parties : « lou canoun de la cheminèio... /... lou dessus.../... lou founs.../... lou cantoun.../... la cheminèio marsiheso avec le potager construit à l’intérieur. Suivent des expressions comme « Se laissa mouri souto sa chaminèio », se laisser mourir dans l’abandon, « A pas manja soun pan souto la chaminèio», il a vaillamment gagné sa vie, « A fa soun cop souto la chaminèio », il a fait son coup en tapinois. Moins attendu venant de Mistral plutôt traditionaliste, une critique de la religion qui voit l’auteur préciser qu’il s’agit d’un dicton irrévérencieux désignant l’église, le curé, le vicaire et le marguillier :
    « Meisou sèns fournèl ni chaminado / Nouiris tres feiniants touto l’annado (Limousin).
Le travail de linguiste primait-il sur ses convictions ?
    L’article qui nous console de la frustration initiale, évoque ensuite François Ier avec « la cheminèio de Francès Premié « à Aigues-Mortes ainsi que la jolie cheminée « dóu rèi Reinié », du roi René, désignant, à Aix, une promenade au midi des remparts où le roi venait prendre le soleil et discuter sans façon avec tout le monde. Frédéric Mistral ajoute que Digne et Marseille ont aussi « leur cheminée du roi René ». Nous comprenons désormais ce que signifie « Se caufa à la chaminèio dóu rèi Reiniè ».
En attendant, moi qui voulais vous raconter une histoire de cheminée pour Noël, j’en suis resté au titre ! Lou prouchin cop, promis, surtout que ça s’est passé aux Cabanes de Fleury et il n'y a pas si longtemps...  

mercredi 23 décembre 2015

DANS LA MONTAGNE, DES LUMIÈRES QUI MARCHENT... / Noël occitan


DANS LA MONTAGNE, DES LUMIÈRES QUI MARCHENT...
Parlant de ses parents, Joseph Delteil rappelle toutes ces lanternes qui avancent par les chemins vers la messe de minuit. Aussitôt, un conte de Noël vient cogner au portail, d’Alphonse Daudet, dans « Les Lettres de mon Moulin », un livre qui compte et fédère autour de nos identités occitanes... Comme quoi tous les méridionaux qui "montaient à Paris" n’y perdaient pas tous leurs âmes... Dans ce sens, Daudet a certainement contribué à la défense de l'esprit, de la culture occitane, et ce, dès l'enfance. Pourrait-il en être autrement avec le secret de Maître Cornille, la chèvre de Monsieur Seguin, le curé de Cucugnan... Si j’aime à jamais Les Vieux pour la chaleur de l’été et le thème douloureux de l’absence, la magie de Noël, l’évocation des tables chargées pour les fêtes me ravissent également. Et puis il y a l’hiver, le froid et la neige, les veillées idéalisées qui réunissent la famille autour du feu, du moins pour des gosses, libres encore du réalisme de l'âge adulte. Aussi, dans « Les Trois Messes Basses », les petits se trouvent vite pris dans la magie et les mystères des "Noëls Blancs". Suivons Daudet qui situe ce conte au pied du Mont Ventoux, « en l’an de grâce mil six cent et tant » :

 «... Dehors, le vent de la nuit soufflait en éparpillant la musique des cloches, et, à mesure, des lumières apparaissaient dans l’ombre au flanc du Mont Ventoux, en haut duquel s’élevaient les vieilles tours de Trinquelage. C’étaient des familles de métayers qui venaient entendre la messe de minuit au château. Ils grimpaient la côte en chantant par groupes de cinq ou de six, le père en avant, la lanterne en main, les femmes enveloppées dans leurs grandes mantes brunes où les enfants se serraient et s’abritaient. Malgré l’heure et le froid, tout ce brave peuple marchait allègrement, soutenu par l’idée qu’au sortir de la messe, il y aurait, comme tous les ans, table mise pour eux en bas dans les cuisines. De temps en temps, sur la rude montée, le carrosse d’un seigneur précédé de porteurs de torches, faisait miroiter ses glaces au clair de lune, ou bien une mule trottait en agitant ses sonnailles, et à la lueur des falots enveloppés de brume, les métayers reconnaissaient leur bailli et le saluaient au passage :
~ Bonsoir, bonsoir maître Arnoton !
~ Bonsoir, bonsoir, mes enfants !
La nuit était claire, les étoiles avivées de froid ; la bise piquait, et un fin grésil, glissant sur les vêtements sans les mouiller, gardait fidèlement la tradition des Noëls blancs de neige... » 




Notes : en plus du livre, le film de 1954 est passé à Fleury, au cinéma Balayé. Je pense aussi à Paul Préboist, acteur marseillais dans l’élixir du père Gaucher mais dans un autre film puisque Rellys tenait le rôle dans la production de Pagnol... Toi qui sais, si tu me lis...
Hier sur la 3, une très belle reprise de Marius par Daniel Auteuil, très réussie. mardi prochain ils donnent Fanny !Si ce n’est pas dans l’ambiance de Noël, notre Méditerranée est bien présente : ce serait dommage de s’en passer... 



Photos : 1. le Ventoux wikipedia england.
2. Le Ventoux depuis ST-Trinit le 4 décembre 2010 / commons wikipedia / auteur Véronique Pagnier. 
3. Daudet jeune (Les Lettres de mon Moulin, écrites avec Paul Arène,  datent de 1865 (l’auteur avait 25 ans).
4. Le Moulin de Daudet à Fontvieille.

jeudi 12 novembre 2015

MAYOTTE Touits touits récents

#‎Mayotte‬ Candeur de Pau-Langevin :" Mais Mayotte n'est là que depuis le XIXème !" Moralité, normal que le petit dernier DOM n'ait rien !

#Mayotte Alibi de la ministre "la construction des écoles ne peut suivre la hausse des effectifs" Mais rien sur l'afflux dû aux clandestins!

#Mayotte Pau-Langevin "les transferts de l’État pr l'île st les + forts" Chante ministre, nov 2014 c'était 0,2 % pour 0.33 % de la populatN!

#Mayotte Blocages, grève générale Hier la ministre envolée sans tambour, fâchée, vexée... ça s'est même mal passé avec les journalistes.

#Mayotte barrages, opérations escargot, hélicos de CRS ! Qu'est-ce que tu es venue foutre George Pau-Langevin ? Mentir ? Encore promettre ?

 #‎Mayotte‬ Mot sinistre de la ministre "Ns avons déjà fait beaucoup !" Sauf que ce n'est jamais trop pour le peuple qui vous paye trop, lui !

#‎Mayotte‬ Circonstances atténuantes pour la ministre "Nous savons que ce qui se fait n’est pas suffisant..."
#Mayotte Circonstances aggravantes quant à la tergiversation de l’État qui envoie des missions alors qu'il sait déjà et depuis longtemps !

dimanche 8 novembre 2015

COTE OUEST ! DU RIFIFI A SADA ! Mayotte, France en Danger

Retour sur les twits à propos de l’école sinistrée, de celles qui ne vont pas tarder à l'être et des bombes retardées qui finissent par péter !

    Quelques éclaircissements suite à la piteuse réunion du vendredi 6 novembre à la mairie de Sada ! Un spectacle navrant a malheureusement conforté le caporalisme des autorités ainsi que la méthode hypocrite consistant à donner un tour républicain et démocratique à une assignation exécutoire initiale d’autant moins recevable que les responsables en imputent les conséquences à moins coupables qu’eux. La mise en scène ne tendait qu’à  faire dire au citoyen malmené l’acceptation de son plein gré de la pilule administrée de force, à savoir un planning de rotations pour plus d’équité entre les gosses interdits d’école (Sada1) et les privilégiés de la maternelle de Mangajou et des hauteurs de Bandrani (Sada2 et Sada4) !
    “Avaler la pilule", l’expression maintes fois répétée par les parents d’élèves correspond bien à la perception toujours plus claire que nous avons de la démocratie, de la “res publica”, la chose publique hélas confisquée par l’appareil (1) !



    En effet, l‘appareil, le système, puisque, désormais, ces synonymes dégradants qualifient ce que nos dirigeants ont réussi à faire de l’État, est représenté, en la circonstance par madame la maire. L’élue de base, petit soldat de première ligne, chargé d’attaquer pour contrer la contestation pourtant plus que fondée des parents d’élèves. Il faut dire que la politique nationale (sûrement trop nationale...) de l’Éducation suscite tant de suspicion et de méfiance (la faute à ces réformes ineptes qui se succèdent) que plus personne n’attend du constructif de leur part. Aussi, ses représentants font-ils bien de rester en réserve pour éviter un rejet de principe aussi catégorique qu’immédiat. (Ils ont dû mettre cette stratégie au point cinq minutes avant l’ouverture des débats). Et puis, soyons sûrs que ces supérieurs sont habiles, ensuite, pour faire fructifier à leur profit la vaillance du petit soldat... Laissons là ces considérations qui anticipent le 11 novembre à venir parce que c’est vraiment une drôle de guerre !
  
D’un côté la maire et l’État, qui ont si bien laissé pourrir la situation depuis des lustres, imposent encore des contraintes pour sauvegarder le peu qui reste et garder la face surtout ! Tout le monde est remonté contre eux sauf que, parce que les complications l’emportent sur les améliorations (c’est presque indécent de le dire ainsi), Pierre n’acceptant pas qu’on le déshabille, serait-ce pour Paul, compagnon de misère, le front unique de ceux qui paient et trinquent en retour s’est rompu. La cohésion, l’entente ne prévalent qu’avec l’abondance sinon la "désolidarisation" puis la discorde sont les corollaires des temps difficiles... imputables à qui de droit, la crise touchant toujours les mêmes !
    Pis, les épreuves qui auraient dû lier un front uni, confirment, au contraire un délitement du lien social (la prévalence du bonheur individuel sur celui du groupe sans doute) et de vieilles rancœurs se réveillent pour l’occasion. Après la guerre des mosquées entre Nyambo Titi et Nyambo Bole (le petit et le grand quartier), après la lutte larvée entre PS et UMP (ils nous gavent et nous “PSUMPent" ceux-là à toujours rouler pour leurs intérêts !) qui se dédouble avec le rejet de Mangajou, celle des écoles va-t-elle rallumer les rivalités ?
    Déjà que les interdits d’école en veulent à l’association familiale qui a mis son grain de sel pour une fermeture immédiate ! Toujours dans ce chapitre “ordre, beauté, luxe, calme et volupté” (parenthèse destinée aux lycéens), entre les citoyens de deuxième zone de la ville historique et ceux moins considérés encore de Mangajou, les vengeances vont-elles se rallumer et jusqu’à quel point ? La cohabitation est difficile : les invités voleraient des affaires, laisseraient les locaux sales, n'éteindraient pas la lumière... Il arrive qu’un pneu soit crevé et même qu’un véhicule soit carrément saccagé, bisbilles ne datant pas d'aujourd'hui...  
    Ajoutant à la confusion, madame la maire, au nom des pompiers pyromanes, demande à plusieurs reprises l’indulgence, agite le drapeau blanc du “il faut se parler”, prend sur elle pour la fermeture sans qu’on ne sache trop si la protection des enfants passe avant l’engagement de sa responsabilité...  Et puis la hiérarchie lui avait confié le bâton du “nous avons les moyens de...” et pour asseoir son pouvoir elle a même affirmé maladroitement que les écoles étaient d’abord à la mairie !
  
Ah ! ils avaient bonne mine, les représentants de la légalité vertueuse, dans leur culot pour pousser des représentants pour les prunes (2) et trop portés au compromis, à dire qu’ils acceptaient de s’autoflageller ! 
     Parents, acceptez-donc sans rechigner votre rôle de victime expiatoire pour les 80 % d’écoles hors normes ! Actez que l’État a failli à sa mission en ne contrôlant pas l’usage de l’argent public ! Intégrez que l’utilisation douteuse des fonds relève d’une norme incontournable ! Avalez que le SMIAM (3) ait complètement laissé tomber Sada ! Gobez sans vous étouffer que tout soit resté en plan depuis 2011, date de l’interdiction de l’école pourtant en fonction jusqu’en juillet 2015 ! Soyez bons princes car, en regard du million et demi nécessaire à la remise en état des locaux existants, l’État a mis deux mois pour une avance royale de 221 000 € ! Ne soyez pas pingres au point de rejeter une si généreuse réforme des rythmes pour laquelle on vous appâte avec quelque menue monnaie (zut, je me répète...) qui verra, aux dires du député Mabawa, vos enfants manger sans problème, par terre, sous le préau (alors que la cantine ruinée, offerte par Chirac et que personne, l'IDEN en premier, qui pourtant travaille à côté, ne veut voir persiste à asséner qu'on ne met pas la charrue devant le zébu) ! Ah ! mais c’est qu’il est présent, le gradé inspecteur représentant le vice-rectorat qui était là pour fourguer le lot péri et extrascolaire ! Écoutez-le donc se gargariser avec les mots “équité”, “démocratie” ! Écoutez-le donc endormir son monde en évoquant “des gros chantiers à Mayotte”, “des sommes assez importantes”, alors que le citoyen mahorais touche un tiers de moins que le métropolitain ! Et l’IDEN de secteur (celui qui ne voit pas la ruine sous sa fenêtre), déguisé en drapeau à damier des 24 heures du Mans, si fier d’avoir sous le coude le papier magique pourtant à la portée du premier couillon venu... Un monsieur qui depuis la rentrée, fin août, n’a pas encore commencé à répondre aux parents de Sada1 qui ont sollicité une possible rotation ! Les chiffres, les statistiques à faire remonter pour escamoter l’état des lieux et conforter les primes de la nomenklatura du vice-rectorat, prévalaient sans doute ! Si Mayotte se souvient du recteur de l’utérus des Mahoraises et de l’accent local, elle n’oubliera pas de sitôt la Constance Cynique actuelle et “M” le maudit de la réforme des rythmes et du mépris généralisé ! 
    Dommage qu’en face de tant d’hypocrisie, d’indignité, de déshonneur, nous n’ayons eu en réponse, nous les parents, à l'instar de ces locaux qui ont fait leur chemin mais qui sont plus enclins à pavaner leur réussite qu’à défendre les leurs (pour ne pas dire qu'ils les trahissent), que repli sur soi et lâcheté.



Relevons néanmoins quelques détails moins négatifs :
* les parents d’en-bas obligés de payer 50 €/mois par enfant pour les transports... une priorité, non, Madame la maire, alors qu’on entend parler d’une nouvelle mairie ?!?! Usoni Aibu (expression du déshonneur) !
* la permission donnée à un non-invité qui a dit des choses sensées, mettant le doigt aussi sur la surpopulation scolaire autorisée par des signatures mahoraises (pour “légitimer” l’installation de clandestins ?)
  
Sinon, triste spectacle que cette réunion avec Anchia Bamana (maire à qui nous avons oublié de dire que le nettoyage laissait à désirer, dans les locaux partagés... ), complice de cette mascarade, faisant cause commune avec une “haute” administration autiste, en rien accablée par les déficiences de l’État.
    A l’heure du bilan, les “nantis” de Mangajou et Bandrani ne conviennent pas qu’une solidarité déjà contraignante doive en arriver à la pratique des rotations. Pitoyable, cette pantomime de démocratie républicaine !
Donnez du bâton, les décideurs de Mayotte et aussi de la France en faillite ! Et si on peut encore espérer que cela change, la “rue” si méprisée des gouvernants en a plus la capacité qu’une institution consanguine et à bout de souffle, n'ayant plus aucun crédit : ZEMA YA PUNDRA MASUZI ! (Rends leur service : comme l’âne, ils te pèteront dessus !). 

(1) Ce fut flagrant concernant le référendum volé sur l’Europe (54,68 % de “NON”), refusé à la grande porte mais passé par la fenêtre, et cela l’est devenu sur la finalité complètement détournée du vote destiné avant tout à ce que le système ne bloque pas... une seule voix pouvant en théorie donner au plus mauvais des représentants l’irresponsabilité de mener un peuple. Et je ne parle pas du mépris total des républicains de la part du syndic de notre copropriété sur la France : le vote blanc n’est plus compté avec les nuls ! HONTE A VOUS ! Le bilan déplorable est que seule l’ABSTENTION est aujourd’hui apte à porter une voix contestataire... et c’est dur à dire à partir du moment où je comprends la  tromperie dans laquelle j’ai trempé pour avoir répété, des années durant,à des milliers d’élèves, que voter était un devoir et un honneur !
(2) les parents d’élèves sont au mieux consultés quand ils ne sont pas mis devant le fait accompli et souvent, au prétexte qu’on ne peut mettre tous les Français d’accord, on tranche au détriment de tous mais en faveur des technocrates des cabinets, ces sinistres crétins dogmatiques complètement coupés de la réalité et trop bien obéis par des sous-fifres serviles. Ne revenons pas sur ces réformes des rythmes ou la suppression du latin et du grec au profit d’un fourre-tout et surtout du vent, serait-il interdisciplinaire !
(3) SMIAM organisme décentralisé chargé de construire les écoles, en voie de dissolution depuis deux ou trois ans pour trop d’avis défavorables de la part de la commission de sécurité. Personne ne veut trop regarder pour savoir comment l’argent a été utilisé (dans SMIAM, il y a MIAM et peut-être miam-miam...). En cas de dissolution, un pouf de 7 millions d’euros devrait être garanti par les mairies... d’où la colère de Sada, par la voix de sa première magistrate, forcée de payer, elle aussi, bien que n’ayant en rien (?) profité de cette manne...

samedi 7 novembre 2015

TOUITS, TOUITS, TOUITS DU JOUR (léo) ! / Mayotte, France en Danger !


Suite à la piteuse réunion d'hier à la mairie !


#‎Mayotte‬ L’État coupable de jeter l'argent des impôts n'a pas contrôlé le budget alloué aux constructions scolaires !


#Mayotte Les sinistres crétins du vice-rectorat imposent pourtant leurs réformes jacobines lamentables (cantine HS) !



#Mayotte Sada La mairie + supplétive de l’État et de sa nomenklatura qu'avocate des parents est aussi coupable d'association de malfaisants !

#Mayotte 1 école interdite (sinistrée déjà en 2011) ! 1 qui va l’être ! 1 maternelle risquant l’inondation ! Note ruineuse de l'immigration !

#Mayotte Traître, l’exécutif soi-disant démocratique (dictature molle ?) surtout semeur de zizanie, enjoint les parents d’assumer le fiasco!

#Mayotte Les crises exacerbant les tensions, les chefs d’accusation légitimes se cumulent contre la hiérarchie censément garante de l’État !

#Mayotte L’impéritie coupable de l’État mine la cohésion sociale a minima, incite aux égoïsmes, détruit le pays ! Abuseurs du peuple OUSTE !

mercredi 30 septembre 2015

LES TOUTOUS, LES TOUTOUS, LES TOURISTES... / Mayotte, France en danger

    Pour parler du problème du tourisme à Mayotte plutôt que d’endurer ceux qui s’en gargarisent en tant que solution, relevons que lundi, la télé d’État a passé un sujet pour tranquilliser les esprits mais qui, a contrario, est venu renforcer des craintes hélas fondées. En outre, ce matin encore, une info exposait les projets d’avenir concernant la baie des tortues de Boueni, entre la sortie de terre d’un quatre étoiles et la réhabilitation de la ruine existante ! En amont, il faut absolument dénoncer l’enfumage de ces structures redondantes (État, Région, Département) telle le Comité Départemental du Tourisme à Mayotte. Une excroissance aussi ronflante que stérile... Entendons-nous, l’intention est plus de ramener sur terre que de jeter le bébé avec l’eau du bain ! Il en va de nos impôts et de la défiance désormais générale concernant leur utilisation.

    Ainsi, dans un passé récent; les actualités locales ont couvert ce qu’elles ont pris et voulu faire prendre comme un évènement d’importance, à savoir le énième salon du tourisme !
    Super, formidable ! Vous les auriez entendus piailler d’enthousiasme pour la fréquentation doublée en un an, multipliée par dix sur je ne sais quelle période, sur l’énergie et l’esprit d’initiative dans le but de faire mieux sur trois jours, par exemple, toujours avec une nocturne ! Vous les auriez entendus, faux modestes, parler de visiteurs béats devant les plats et boissons proposés : “On s’est régalé !”. Bien sûr leur objectif premier est de parler du tourisme, sauf que, pour le dire net, en se prévalant des visiteurs au salon, ils font penser à une jolie pub sur le confort et l’équipement d’une voiture qui n’aurait pas de roues ! Que font-ils sinon brasser du vent dans une promotion irresponsable et des gesticulations ubuesques ? Ils devraient avoir honte d’aller se faire mousser dans les médias tant le contexte est difficile, peu réjouissant et carrément inquiétant ! 

    La situation est difficile, depuis longtemps, à cause du billet d’avion (1)... une simple recherche en parallèle à cet article me donne par exemple :
* croisière une semaine Seychelles, pension complète : 1000 euros depuis Paris.
* croisière une semaine Mayotte, pension complète : 5000 euros, vol non compris !
Si force est de constater que la faible demande implique des prix forts, est-il utile de commenter plus avant ?
    La situation est peu réjouissante quand on constate que Mayotte est une poubelle à ciel ouvert et même si on veut croire que cela pourrait changer... 

    Et pour plomber le tableau, une insécurité grandissante est à déplorer : les locaux la subissent au quotidien au point que certains font leurs valises, les visiteurs aussi sont touchés ! Je pense à la hanche brisée d’un croisiériste, un sénior allemand attaqué sur les hauteurs de la Convalescence (suite à des incidents Mayotte a été déprogrammée des croisières en 2010)... Je pense à la mère d’un militaire cambriolée chez son fils ou à cette touriste attaquée à la cascade de Soulou... Est-ce perfide de rafraîchir la mémoire de nos tartuffes du tourisme ?  


    On ne peut pas les croire lorsqu’ils affectent une prétendue lucidité ! Ils ont dû voir aux infos, pas plus tard que lundi, ces images plus inquiétantes que rassurantes d’une troupe de randonneurs au mont Choungui, encadrée par des gendarmes ! Savent-ils qu’il ne faut plus s’aventurer en brousse seul ou en petit groupe, que les plages sont dangereuses parce que les mauvaises rencontres se multiplient ? Ils ont beau jeu de reprendre une remarque du directeur des Iles Vanille (encore une structure qui ne doit rien nous coûter !) : “Il ne faut pas que les déchets, les agressions soient une excuse pour ne rien faire !”. Gonflés les beaufs ! Si encore ils avaient la franchise de reconnaître que dans ce domaine comme tant d’autres à Mayotte, il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs, cela devrait-il remettre en question ce que la gestion du tourisme impossible leur rapporte ! Cette catégorie de parasites croit-elle continuer à profiter sans remords, quand le guignol en question élude en disant travailler pour que le touriste en escale dépense plus de 60 euros en moyenne : “ ... je peux assurer que nous allons convoquer le club croisière pour que les décisions soient collégiales... “... sous-entendu “cela ne se fera pas sans nous”... Sûr que pour se payer sur la bête (la République), ils sont forts !
   
    Ne soyons pas sourds, il faut ouïr ce que cette coterie réjouie veut nous faire gober en émettant qu’une offre plus étoffée de la culture mahoraise serait un plus pour appâter le voyageur ! Seraient-ils hypocrites ou assez cons pour y croire, eux qui conviennent, serait-ce d’une petite phrase rapide que “...les hôtels ne sont pas venus...” (au dit salon) ? En attendant, ce matin, nous apprenions sur Kwezi FM que les autorités donnaient la priorité à la réhabilitation des ruines de la baie des tortues plutôt qu’à l’érection d’un quatre étoiles surréaliste ! Le journaliste a quant à lui eu le mérite d’ajouter son grain de bon sens en concluant qu’à son avis, tous les projets étaient enterrés et que rien ne verrait le jour.
    Ne soyons pas aveugles, tant qu’une autre clique se déplacera pour légitimer, serait-ce à l’insu de son plein gré, ce qu’elle devrait, au contraire, réprouver, tant qu’elle ne se prendra pas en main pour une République qui lui appartient, les profiteurs du système continueront à nous emberlificoter !       

(1) un prix excessif d’abord pour la clientèle captive que forment les ultramarins, un coût prohibitif toujours en contradiction avec la notion de continuité territoriale, mais pas avec une certaine “harmonie” entre les instances étatiques et les acteurs économiques... comprenne qui pourra...  

crédit photos : 1. Mayotte, plage / commons wikimedia_/ auteur mwasimba.  
2. Mayotte Labattoir_Market_ by David Stanley from Nanaimo, Canada via Wikimedia Commons - httpscommons.wikimedia.orgwikiFi

lundi 28 septembre 2015

Yves, pêcheur du Golfe (XII) « AVEC LA LÈBRE , TU AS DE LA BIDOCHE ! »

« Yves, tu parlais des loups et des dorades... La dorade, justement, on n’en voit plus beaucoup alors qu’elle rentrait dans les étangs par bancs entiers...
- Si, si, à Sète, ils sont toujours à "quicho-pourrit" (1), au bord du canal, quand elles sortent de Thau, à l’automne... Et en mer, ça revient, figure-toi. L’autre jour, il en a pêché une de 3 kilos et ils foutent des coups de filets avec 50-80-100 kilos. Maintenant, ils prennent aussi du merlan... A l’époque y en avait pas... Et une autre fois, que je te raconte avant d’oublier, ce fut une pêche "monumentale" : on était aux dernières villas de Narbonne-Plage et on voyait les sardines, à 100 mètres, qui poussaient dans la "mélette" (2)... 


- ... Les thons dans le maquereau, les maquereaux dans la sardine, les sardines dans la mélette...
- Et oui, l’éternel recommencement... Enfin, faut le dire vite ! En attendant, on va faire bol ! J’ai calé une maille, j’ai encerclé, on la voyait sauter, dis... On a eu 7,5 tonnes de sardines, et attends, il devait y en avoir le double sinon 20 tonnes mais j’ai levé les plombs pour ne pas crever le filet. Écoute, c’est pas compliqué, à 9 heures le soir, avec le mareyeur, on était encore à charger le camion. Aqui tabe, can sei annat per l’argent, là encore, quand je suis allé encaisser, il m’en a donné 2F 50 du kilo !


- Aujourd’hui, j’ai vu le maquereau à 6,90 euros.
- C’est qu’on mange plus du poisson comme avant, c’est devenu du luxe alors qu’avant les pauvres pouvaient se le payer et je te dis pas par chez nous, tout frais pêché...
- Et oui, quand l’appariteur annonçait Saborit sur la place avec lou bairat (le maquereau) de Las Cabanos !
- Tè, on avait beau dire que la viande était idéale pour les travailleurs de force, seuls les riches en mangeaient souvent... Tiens, tu parles de Fleury... Tu sais que j’étais bien avec Soldeville justement, le boucher... Ero un cassaire, c’était un chasseur et moi aussi j’ai eu chassé quand j’étais jeune aux Cabanes et quand je tuais le lièvre, Isidore, s’appelabo : «Isidore, on fait échange standard...

         - Qu’est-ce que tu me proposes ?
        - Et bé, voilà, je te propose (j’étais maquignon aussi...)... le lièvre il fait 4 kilos contre autant de bidoche !
        - Ça marche qu’il répond le boucher ! Garde-moi les ! Tout ce que tu peux tuer, je prends !
Ma mère était contente « tu as fait une bonne affaire » qu’elle m’a dit... Eh, faut se débrouiller ! Lui, je pouvais y compter. Une fois j’en ai eu trois de lièvres (3) ! Il venait, Isidore, aux Cabanes, il tournait même dans les campagnes...
Il avait une fille, qu’il la couvait comme la prunelle de ses yeux...

(1) littéralement : pressé, serré au point de pourrir comme le fruit du panier qui gâte les autres.
(2) « Meleto, s. f., nom de divers petits poissons de mer qui ont une bande argentée sur les côtés ; argentine, joel athérine.../... PROV. « Per prene un toun, asardo uno meleto. »  Mistral / Trésor du Félibrige.
« melet » peis = sardinelle / « meleta » peis = sprat Dictionnaire occitan-français Arve Cassignac. 
(3) en occitan, "lèbre, lèbro" est du genre féminin. 

Photos autorisées 1. Banc de sardines (wikipédia). 
2. Publicité dessin de Benjamin Rabier. 
3. Le lièvre de la Fontaine toujours de B. Rabier. (si quelqu'un le demande, pour le prix d'un, j'ajoute celui qui est avec la perdrix, plus conforme aux lièvres d'Yves !)

dimanche 27 septembre 2015

Yves, pêcheur du Golfe : LES COUPS DE TRAÎNE. (XI) / Fleury, Golfe du Lion


Quand on faisait des coups de traîne à 10, 12 mailles, j’ai eu porté 2-300 kilos de rougets quand même ! Y avait de tout, des demoiselles, des maquereaux, ils faisaient des sous et moi j’étais payé avec un lance-pierre, je débutais... Pendant une paire d’années, j’étais pas payé : il fallait apprendre, on était matelots et ils en profitaient. 

La vente du poisson : une fois j’ai fait un gros coup, té, en face de chez toi, à droite du poste... Eh bé, c’était pour la fête de Sète, oui pour la Saint-Louis ; là j’avais que des copains : on fait un bol on en a eu une quinzaine, 20 kilos, des loups, et des beaux, de belles portions de 2-3 kilos. 




On remet le filet dans la barque. Un me dit « On pourrait faire un bol de l’autre côté, Marc y est allé, y a un trou, il pourrait y avoir quelques loups ! ». Allons-y, c’était tout près, on calait à 300 mètres. On va, on cale, je te dis pas : 350 kilos de loups et des pièces de 3-4 kilos !


- Qu’est-ce qu’ils peuvent manger si regroupés ?
- J’en sais rien, c’était dix, douze ans avant que j’achève, alors entre 1980 et 1982. E aro, per vendre aco ? ( Et maintenant, pour vendre ça ?) Je me débrouillais, j’avais des ramifications, je servais des restos à Port-Vendres et personne n’en voulait ! Jusqu’à Monaco, Nice, Marseille ! Couchanlegi est venu le chercher : y en avait 320 kilos sans compter ce que les copains ont pris... Quand y’a du poisson, faut pas faire le radin.
Je suis allé encaisser trois jours après, j’en ai eu péniblement 12 euros... pardon c’était en francs ! Que dalle quoi ! Ils sont durs en affaires et c’est pire chez nous... A cette époque le loup se vendait  entre 25 et 30 Francs parce que, à Sète, dans l’Hérault le poisson s’est toujours mieux vendu que dans l’Aude, toujours beaucoup plus payé qu’à La Nouvelle ! Au lieu de 8-10 ici, là bas, 12- 15... L’océan vient le chercher, la Côte-d’Azur qui arrive, les "Italianos". - Et dans les PO ?     
- C’est pareil que dans l’Aude, les mêmes types et maintenant à La Nouvelle, n’en parlons pas, c’est géré par les copains des copains de la chambre de commerce... Attendi, il y a quelques temps, une paire d’années, le jeune avait pêché une dorade de 4-5 kilos, ils n’ont pas pu la vendre mais ils ne l’ont pas retrouvée la dorade... elle avait fait des petits... ça n’avait pas traîné ! 



Photos autorisées : 
1. avec un rouget grondin /commons wikimedia, auteur Calcineur.  
2. loup wikipedia 
3. loup pêché à Marsillargues / iha.fr 
4. Dorade wikipedia

mercredi 23 septembre 2015

SALUT POILU, C'EST ENCORE MOI ! (fin) / Pézenas, Languedoc, France


Qu’on ne s’offusque pas, surtout : cette familiarité n’a rien de condescendant. C’est l’affection qu’elle exprime, la complicité unique entre un grand-père et son pitchoun en serait une bonne illustration, quand l’aïeul blague et que le petit rit... Même que le Poilu a vu quand le passant a souri... Un passant convaincu, qui plus est, d’un clin d’œil en prime, je peux en témoigner, oui, mais pas pour le mot d’esprit dont l’enfant rit encore. Sûr que, plus vivant que jamais, le combattant insiste auprès des adultes, suggérant que rien et que tout séparent un soldat tué d’un papé toujours debout, rappelant combien l’horreur de la guerre n’est qu’ordinaire pour des êtres pourtant dotés de raison sinon de conscience.
Et cette façon directe de s’adresser aux présents, sans la moindre pique, sans la solennité guindée des cérémonies... N’allez pas vous méprendre : la communauté ne serait pas sans les rituels, sauf que ceux qui donnent dans l’emphase, l’affectation en excès, plutôt que de ranimer la flamme, l’étouffent plutôt, à leur corps défendant...


C’est vrai que j’ai pensé “épatant” et presque “formidable”, sans qu’il soit question ici de surenchère, de provocation, ou de cette prétendue arrogance que de vils dirigeants étrangers nous prêtent pour mieux flatter des leurs, les bas instincts... Bien sûr que la guerre, déplorable, haïssable pour certains, n’a rien de formidable. Loin de gommer le tragique de notre Histoire intemporelle, il s’agit ici d’apprécier seulement ce que l’atmosphère, dans le Square du Poilu, a de vivant, de moderne, d’accessible et surtout pas d’émoussé.
Et pour être passé devant toi plusieurs fois par jour, une année durant, sans pour autant te croiser, à l’âge où la fascination pour un grand-père entretient l’optimisme sinon l’euphorie, la vie indéfectible, le monde beau et gentil, je te salue, Poilu... Finalement, c’est toi qui es venu à ma rencontre... C’est mieux ainsi. 

Dans la quête d’un bon angle, si je papillonne en évoquant les grenouilles de tes voisins asséchés, les poissons, je tiens à te confirmer que nous t’avons aperçu, cet été, avec notre oncle Pierre, sur le front d’Alsace, sur les crêtes de l’Hartmannswillerskopf... Trois générations sinon quatre, main dans la main avec nos Poilus, les drapeaux claquant vers le ciel dans le silence et le vent froid... Un grand moment...
Et maintenant, au grand soleil, entre nous, tu le vois ce bonhomme de huit ans qui voltige sur le gros ressort de l’aire de jeux, il y était, dans la froidure, sous son béret, comme les grands ! Et c’est bien qu’il soit là aujourd’hui... Il lui reviendra un jour que ta présence sereine répète inlassablement que les folies mènent aux catastrophes. Dans nos villes, nos villages, tes semblables apaisés, désabusés mais forts d’une conviction profonde, bien que raillés, un temps méprisés, ne le cèdent en rien, pas plus aux fantassins des combats glorieux qu’aux victimes pour l’exemple. 
Tu sais ce qu’a pu dire Valéry :
"La guerre, un massacre de gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas." (Paul Valéry).
Salut Poilu, à la prochaine ! Tape à nouveau sur mon épaule, pour que ce frisson ne meure ! Ce sera beau, fort comme une première fois ! 

photos 1. square du Poilu depuis le haut du cours Jean Jaurès. 
2. la ville depuis le square. 
3. Salut Poilu !
4. Une grenouille du bassin aux poissons, à sec.