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dimanche 6 août 2023

O SOLE MIO (fin)

Avec Sète, « L'Île Singulière » de Valéry encore surnommée « L’Île Bleue » la « Venise languedocienne » , le Pérignanais que je reste ne pouvait que vibrer en entendant parler des lamparos, des tartanes et catalanes du thon rouge et des poissons bleus, des baraquettes du Mont-Saint-Clair, du temps des dimanches à la bonne franquette.

Sète où les vieux loups de mer ravaudent encore les filets en chantant le bel canto parce qu'ils n'ont pas oublié Cetara, la cité-mère, au sud de l'Italie. Dans les entrailles du Théâtre de la Mer, d'ailleurs, un peu comme là-bas, des grottes marines se visitent en barque.

Et puis, au levant, cette Méditerranée qui est la nôtre, aux couleurs reconnaissables entre toutes, sous son soleil à part, son ciel réservé... 

Sydney_rock_oyster_on_half_shell_with_two_empty_shells 2020 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Pelagic

Aussi, quand j'ai vu ce New-Yorkais, pas de ces " Américains " l'arme au poing, la Bible dans l'autre, non, de ceux, justement, de ce Nouveau Monde dans ce qu'il a de valable, de positif ; ce privilégié donc, natif de " la ville debout ", tourné vers les friselis du marin, gobant des huîtres dans un restaurant du lido en disant « Magnifique ! » tandis que je pensais, " New-York, la Grosse Pomme ne nous a pas attendus pour en gober des tonnes, d’huîtres " ; et cet homme, comme il sait apprécier, comme il le dit du fond du cœur ! lui, venu de si loin ! évidemment de « l’Amérique qu’on aime », à l’opposé de celle toujours coincée par un obscurantisme puritain exaspérant, aux tendances hégémoniques, aux œillères racistes, extrémistes ; et moi, que pouvais-je bien faire, si loin de cette lumière, de ces bleus du ciel, de la mer, des vagues qui baragouinent toujours pareil au petit marin du large, si bon et fidèle sous la véranda de roseaux à la Barjasque, le campement des copains, de quand nous étions jeunes et sans soucis... autant de bonheurs qui accompagnent la mâche appliquée, voluptueuse, d'une huître en bouche... 

Plage_de_la_Baleine,_Sète licence Raimond Spekking  CC BY-SA 4.0 (via Wikimedia Commons) Authors Raimond Spekking & Elke Wetzig

Mais qu’est-ce que je pouvais, qu'est-ce que je peux bien foutre, moi, si loin de ce bonheur trop bien reconnu ! La tête de l'Américain m’est restée en mémoire... Je l'embrasse en frère, pour voir et apprécier avec lui, la beauté pure de notre Méditerranée du Lion, l'aurait-on, par chance, tous les jours sous les yeux, l'aurait-on, par chance, tous les jours, au cœur !

O sole, o sole mio...   

http://www.france3.fr/emissions/thalassa/diffusions/03-10-2014_260591 (15 avril 2023 « cette page est momentanément indisponible »... je crois plutôt qu’elle ne sera plus jamais disponible à moins de faire l’objet d’une rediffusion).

De Sète à Agde, le lido, cette langue de sable où se côtoient la N 112, la voie ferrée Tarascon-Narbonne, les vignes de sable du Listel. L’été, sur une vingtaine de kilomètres, s’alignaient les voitures stationnées, les caravanes, sans un point d’eau potable, sans wc, et une myriade de moustiques. Tout cela est dépassé, du passé, tant les estivants du camping sauvage que les sauvages moustiques.

C’est à une autre menace qu’il faut faire face : entre la nature et l’action des Hommes, une côte si fragile bien que de six milliers d’années se retrouve confrontée à la submersion marine et à l’érosion du trait de côte. Cinquante hectares ont été perdus en cinquante ans, plus de cinquante millions d’euros ont été investis solidairement (État & UE pour moitié, Sète, le département, la région pour l’autre). L’ancienne route aux caravaniers a été détruite, remplacée par une voie verte végétale et végétalisée. La nouvelle route est proche de la voie de chemin de fer. Les dunes ont été fixées par des palissades de pieux de châtaignier, les ganivelles ainsi que par la plantation de centaines de milliers de plants d’oyat. Suite à cinq années d’aménagements, l’effort a été porté en mer.

Dans le but de reconstituer la largeur de la plage, des drains empêchent le reflux des vagues d’emporter le sable ; un atténuateur de houle (un tube qui oblige les vagues à déferler loin, plus efficace que les drains), long de plus de deux kilomètres, est fixé, parallèle au bord, à 350 mètres ; une partie de la plage a été rechargée avec du sable venant des fonds de l’Espiguette. Au bout de six ans (2013-2019), douze mètres ont été gagnés.  

Sans quoi, la mer aurait peut-être déjà envahi le bassin de Thau, causant la ruine de l’activité conchylicole, celle des campings du lido et des vignes des sables !

Bon, on regarde si on n’a rien oublié parce qu’il faut continuer de l’autre côté de Sète, après Frontignan. Seul compterait le voyage alors, qu'il aboutisse ou non ? Mais cela relève d'une philosophie transcendantale dont j'ose à peine aligner les deux mots...