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vendredi 25 août 2023

LA GRANDE-MOTTE.

Du haut de ces pyramides, un demi-siècle me contemple ! L’inverse plutôt, non ? puisque, né en 1950, c'est d'en bas que j'apprécie cette station balnéaire, plus jeune que moi, sortie des sables en dix ans. Ces pyramides, nous les devons à l’architecte Jean Balladur (1924-2002) (cousin de l’homme politique, comme lui né à Izmir en Turquie), dans le cadre du plan Racine, destiné, dans les années 60, à développer le tourisme de masse sur une côte alors infestée de moustiques. Ici, on passe de 10.000 habitants habituels à 120.000 résidents en été.

Bien sûr, toute nouveauté ne s’attire pas que des compliments. Que n’a dit le Français, rouspéteur, détracteur, moqueur, jamais content, têtu, rétif au changement qu’il soit ou non positif mais si prompt et moutonnier à rentrer dans le rang puis à collaborer, toute honte bue ? Goguenard, notre franchouillard a vite lâché « La Grande-Moche », « un projet pour les couillons » comme à propos de ceux qui achetaient au bord de la mer alors infesté de moustiques ! Les couillons d’hier ne sont pas ceux qu'on moquait ! 

La Grande-Motte 2014 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Author BlueBreezeWiki

La Grande-Motte sortie de terre, des sables, sortie de rien... Du béton ! sauf que depuis, les arbres, la verdure souvent au bénéfice des piétons, des cyclistes, couvrent 70 % de la surface. Du béton sauf qu’à bien y regarder, chaque unité de logement possède son balcon, sa terrasse-jardin, son point de vue ; la variété est partout : à l’Est, les formes droites, raides figurant le masculin avec des triangles pour les voiles des bateaux, à l’Ouest, les bâtiments se parent, au contraire, de courbes féminines ; ici ces appendices coulés dans le même moule représentent bien le nez du Général ; non loin, les baies font penser à chacune des moitiés de lunettes de soleil, là-bas les balcons alternent les hauts et les bas d’un bikini...  

La Grande Motte 2004 GNU Free Documentation License, Auteur Alain Caraco et french Wikipedia

La ville s’articule autour de la Place des Trois Pouvoirs : la mairie, l’église, l’agora pour l’espace libre où un labyrinthe se veut symbole de la vie. Passe pour un labyrinthe dont on connaît l’issue...

Si les temps historiques se sont toujours accompagnés de la création de villes nouvelles et que cela devrait continuer avec déjà des villes du futur (un mal nécessaire ?), trois d’entre elles (exemptes de toute défiance) marquent par leur originalité architecturale : Chandigarh en Inde de Charles-Édouard Le Corbusier (1887-1965), Brasilia d’Oscar Niemeyer (1907-2012), La-Grande-Motte de Jean Balladur (1924-2002).  

« La-Grande-Moche » se décline aussi en « La-Grande-Mode », ce que les prix confirment quand, en bord de mer, les prix atteignent 10.000 euros du mètre carré !   

La Grande-Motte s’est muée en dehors de l’été, grâce à ses milliers de logements vides, en résidence d’étudiants « campus de la mer » (années 2000), mais il a fallu adapter, notamment en prévoyant le chauffage. 

lundi 4 mai 2020

LE TGV A FLEURY / Aménagement du Languedoc

Micheline Deraille, l'ingénieur en charge du projet l'inclut dans le caravansérail du projet Nysa, au grand dam des maires de Cuxac (Lombard PS) et Narbonne (Mouly Hubert DVD). C'est donc la troisième option qui est retenue avec un tracé souterrain et seulement, un grand échangeur rail-autoroute-fleuve en surface, au lieu-dit Maribole. Fleury et Salles ont gagné ! 

Une gare en verre intégrée à la ripisylve ! Plus de billet-papier ! Des portiques qui gèrent le séjour, la destination, la classe suivant les desiderata et le poids du voyageur (équilibre gravitationnel des voitures), la facturation. Suivant les flux, le personnel sera doté de tenues folkloriques (Languedoc, Catalogne, Bavière, Hollande, Grande Cosse...). 

Contre les nuisances, les brevets publiés par la société "Quiès" permettent de confondre le bruit des rames avec le bruissement d'un Cers moyen dans les ramures. 
Autre innovation environnementale, le maquillage métallochromique qui change la teinte des rames TGV en fonction du temps. Des bleus au gris en passant par les rouges rosés des matins ou crépuscules. 

Voilà en gros pour plagier un article de l'Indépendant du 1ER AVRIL 1991 moquant un volet du projet Nysa qui ne sera officiellement abandonné que vingt ans plus tard, en 2011. Ce projet était porté à Fleury par l'équipe de Christian Montagné à la mairie. Monsieur le maire estimait en effet que la création de 20.000 lits touristiques ne pouvait que réparer l'injustice subie par notre commune littorale, grande oubliée du plan Racine (1963) aménageant la côte du Languedoc et du Roussillon. Suite à la bouffissure politique liée à l'Aquanaude, la bulle de Fleury, dans quelle mesure le projet Nysa a-t-il contribué à la défaite électorale de l'équipe Montagné le 19 mars 1989 ?   

Sources : archives François Dedieu, journal L'Indépendant. 

Article de l'INDEPENDANT du 1ER AVRIL 1991.

mardi 25 février 2020

MOUSTIQUES & DÉMOUSTICATION / Fleury-d'Aude en Languedoc.

Etang_de_Pissevache wikimedia commons Auteur Hugolesage
Faute d'inspiration, pourquoi ne pas revenir en arrière ? Quel(s) sujet(s) avaient bien pu inspirer ce blog les mois de février passés, à commencer par 2014 ? Et les motivations sont bien maigres pour inciter le lecteur à remonter le temps, poussé qu'il est à ne pas rester en arrière du troupeau, dans un flot d'informations aussi orientées que peu durables. Manipulé, incité à la mémoire courte, il ne peut que fuir en avant même si les lendemains jadis chantants s'avèrent désormais plus qu'incertains.
Il en va de même pour l'auteur. Ponctuellement, il a néanmoins quelques raisons de se tourner vers ce qu'il a commis. En premier lieu parce que lui aussi a oublié, qu'il a besoin d'un stimulus pour s'y retrouver. Ce n'est que quand il se dit "Ah oui !" que les interrogations l'atteignent. Assume-t-il ses écrits ? Ne se retrouve-t-il pas en porte-à faux ? Reste-t-il lui même ? Ses mots ne sont-ils pas la preuve de ses contradictions ? A-t-il correctement exprimé sa pensée ? 

En janvier et février 2014, le titre "AMÉNAGEONS, DÉVELOPPONS, COLONISONS !", concernerait-il notre commune littorale de Fleury, manque de précision. Aujourd'hui nous dirions "MOUSTIQUES et DÉMOUSTICATION".
Passons, lisons ce premier volet.

"En juin 1963, l’État charge le haut-fonctionnaire Pierre Racine (1909 - 2011) de la Mission Interministérielle pour l’Aménagement Touristique du Littoral du Languedoc-Roussillon. L’ex-directeur de cabinet du premier ministre Michel Debré (entre 1959 et 1962) doit présider à la création de stations balnéaires ou à l'aménagement de l'existant (1) dans le but de recevoir un million de touristes, en plus des villégiatures plus ou moins implantées dont Saint-Pierre-La-Mer (2), depuis la vogue naissante des bains de mer, en 1846. 

Saint-Pierre-la-Mer wikimedia commons Auteur Hugolesage
   
    Une région où les vents règnent en maîtres. En effet, sur les eaux plus ou moins saumâtres, sur la mer, dans les pins, les tamaris, les roseaux et les oliviers de Bohême, les dépressions du Golfe de Gênes ou du Golfe de Gascogne génèrent des courants souvent violents. Si cette forte circulation représente une contrainte, nous lui devons néanmoins quelques effets positifs : l’humidité dans un sens, la chasse aux miasmes dans l’autre,  au-dessus des étangs, des lagunes, grâce aux vents de terre, dont le Cers. Et ils contrarient aussi les moustiques. Sauf que la mission Racine ne saurait s’en remettre seulement aux courants d’air pour chasser ces aèdes, anophèles, ces culex et leur parentèle fournie de cousins. Le prestige de la France est en jeu et, les avancées économiques accompagnant l’expansion démographique, c’est avec le DDT qu’on va faire taire les innombrables "bzz" des uns et le bourdonnement inaudible des quelques autres qui ont le toupet d’alarmer sur les risques de cancer et de "reprotoxicité" du produit ! La chimie, un moyen et non des moindres dans l’arsenal pour le progrès et l’avenir glorieux ! Et cette guerre-là sera gagnée dans le but de proposer la Côte d’Améthyste (3) aux touristes filant sur l’Espagne tout en détournant cette même pression de la Côte d’Azur saturée. Le projet permettra par ailleurs de diversifier une économie fragile car liée à une monoculture peu sûre, celle de la vigne. Il peut accompagner aussi l’arrivée des Pieds-Noirs dont une majorité préfère s’installer autour de la Grande Bleue.

(1) Port-Camargue (30), La Grande-Motte, Carnon, Le Cap d’Agde (34), Gruissan, Port-Leucate (11), Port-Barcarès, Saint Cyprien (66).  
(2) inclue par la Mission Racine dans l’unité touristique "Gruissan", théoriquement seulement.  Michelin et l’IGN persistent à écrire « Saint-Pierre-sur-Mer ».
(3) une appellation qui ne prendra pas."
 


Saint-Pierre-la-Mer  Wikimedia Commons Auteur Hugolesage

Notes :
1) en 2020, Michelin et l'Institut Géographique National ont bien corrigé avec la mention "Saint-Pierre-la-Mer".
2) concernant notre maître vent, le Cers, jamais mentionné par la baronnie météorologique du Nord qui n'a que des tramontanes à tout bout de champ, on retrouve le nom même "Cerç" ou "Mestral" dans la basse vallée de l'Èbre. Ainsi, entre le Rhône au Nord et l'Èbre au Sud, l'Aude et son couloir s'inscrivent-ils en toute modestie...
3) La Côte d'Améthyste, de la Camargue à la Côte Vermeille. 
4)  "... une monoculture peu sûre, celle de la vigne", une activité économique rentable certes mais en dents de scie, alternant toujours des cycles fastes et des phases difficiles.   

Finalement, alors que ce printemps 2020 inquiète parce qu'il a un mois d'avance, que les moustiques sont plus qu'envahissants même en hiver, que ce propos concerne, veille de l'élection municipale, la gestion de la commune, quand bien même la démoustication se situerait à un niveau plus que régional (des Pyrénées-Orientales au Var), au moins pour ces trois raisons, n'était-il pas inutile d'en reparler.  

photo offerte par iha.

 

mardi 25 juin 2019

LA DERNIÈRE CLASSE (suite) / Les touristes, la saison à la mer.

Rappel : que celle ou celui qui sait n'hésite pas à corriger... Sei pas mal sapios ! je ne suis pas susceptible...  

Entre l'étang de Pissevaches et la mer, un des canaux anti-chars creusés sur ordre des Allemands.
« … Puèi arriveron los Allemands, fagueron parti los toristos, raseron San Pèire (Puis arrivèrent les Allemands, ils firent partir les touristes et rasèrent Saint-Pierre)[…] Apuèi la moda tornet. Ero la moda d’anar passar l’estiu a la mar dal quatorze juillet al quinze d’augost (Ensuite la mode revint. C’était dans le vent de passer un mois à la mer, du 14 juillet au 15 août). Partision ame lo chaval. Dins la carreto i avio las bonbonas, la pailhassa, la pastura dal chaval, lou farrat per lou faire bèure, la grilho, un parel de souquos et tot aco a la mar. De cops portavon la tendo, de cops lo borras sul tomban de la carreta et fasion l’ostal. (Ils partaient avec le cheval. Dans la charrette, les bonbonnes, la paillasse, le foin du cheval, le seau pour le faire boire, la grille, une paire de souches et tout ça à la mer).   

Sain-Pierre, le camping sauvage.
[…] A partir de 1936, lo pople aimavo l’idèia de l’estiu a la mar (… le peuple aimait l’idée de l’été à la mer) […] Ero lo camping sauvage de san-Pèire et de Las Cabanos (c’était le camping sauvage de Saint-Pierre et des Cabanes.) […] Apuèi lous riches qu’aimont pas se barrejar ame lo pople commencèron de faire basti d’ostalasses al bord de la mar (Par la suite les riches qui n’aiment pas se mélanger commencèrent à faire bâtir de belles demeures) […] Lous riches fan montar lo prètz de la terro. Los ostalses coston un prètz fol. La vida monto (les riches Font Monter le prix des terrains, celui des maisons […] ensachon de tondre lo toristo mè tondon tabes lo type dal pais ! Volen pas ese lo bronzociul de l’Europe (ils essaient de tondre le touriste mais ils tondent aussi le gars du coin ! Nous ne voulons pas être le bronze-cul de l’Europe […] E aco duret (et cela dura)…  

[…] Arrivet un type, Racine, avia una mission, faire demorar al pais (un type, Racine, est arrivé, avec pour mission de garder les vacanciers en France). […] « Anan los despaysar. Anan mettre de lions a Sigean (on va les dépayser en mettant des lions à Sigean) […] A Grussan, anan mettre d’ostalses como de dromadaris (à Gruissan des maisons comme des dromadaires). […] Anan mettre las marinas pieds dans l’eau de la Grande-Motte et lo monde se va creire au Macchu-Pichu, au temple des Incas ! Commencet de foutre de gosts a la con un pou de pertout (On va mettre des marinas pieds dans l’eau à la Grande-Motte et les gens vont se croire au Pérou ! Il a foutu un style à la con un peu partout). […] et nos autris siogueren doblidats […] pas completomen. Racine avio compres que lo toristo et los mouisals podio pas anar ensemble […] Racine aguet per misión de faire morir toutis los mouisals (et nous autres fûmes oubliés, pas complètement, Racine avait compris que le touriste et les moustiques ne pouvaient aller ensemble, il eut pour mission de faire mourir tous les moustiques. (à suivre).