Violettes Wikimedia Commons Auteur Cronimus |
«... les fossés se
remplissaient de coucous et les dernières primevères
s’épanouissaient, mêlées à l’herbe des prairies…. Des
bordures de violettes embaumaient l’air, tandis que, plus
orgueilleux, des narcisses marqués d’incarnat, des jonquilles
jaunes se dressaient sur leurs tiges creuses. Les tulipes, semblables
à de petites flammes , égayaient un parterre.» J.H. ROSNY Jeune,
La Leçon de la Vie. (Biblioth. d’éducat.)
« [...] Tout en composant des solfèges,
Qu'aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux près les perce-neige
Et les violettes aux bois...»
Premiers
signes du Printemps. Théophile
Gautier
«... Et les violettes
elles-mêmes, écloses par magie dans l’herbe, cette nuit, les
reconnais-tu ? Tu te penches, et comme moi tu t’étonnes ; ne
sont-elles pas, ce printemps-ci, plus bleues ? Non, non, tu te
trompes, l’an dernier je les ai vues moins obscures, d’un mauve
azuré, ne te souviens-tu pas ? […] Plus mauves… non, plus bleues […] à tes narines le parfum invariable
de ces violettes changeantes [...] regarde comme moi ressusciter et grandir devant
toi les printemps de ton enfance… Plus mauves… non, plus bleues […] Une enfant prisonnière le jour, dans une école,
et qui échangeait des jouets, des images, contre les premiers
bouquets de violettes des bois, noués d’un fil de coton rouge,
rapportés par les petites bergères des fermes environnantes…
Violettes à courte tige, violettes blanches et violettes bleues, et
violettes d’un blanc-bleu veiné de nacre mauve, - violettes de
coucou anémiques et larges, qui haussent sur de longues tiges leurs
pâles corolles inodores… Violettes de février, fleuries sous la
neige, déchiquetées, roussies de gel, laideronnes, pauvresses
parfumées…Ô violettes de mon enfance !... »
LES VRILLES DE LA VIGNE (1908). Le dernier feu. Colette.
«... je t’ai envoyé hier, avec « La mésange », ce magnifique texte de Colette qui évoque si bien les modestes violettes. A ce propos, nous étions allés un jour, maman et moi, avec la 504, au pays de Pierrou, le père de Toutou Hérail, et grand-père de José, et ces violettes parsemaient les petits fossés bordant la route. Les maisons abandonnées prêtaient à l’imagination des tableaux rustiques enfouis dans le passé, et j’entendais Pierrou me dire : « Nous étions voisins : il habitait à peine à deux heures de chez moi. » Il entendait bien sûr « deux heures à pied », soit environ 8 kilomètres. J’avais aussi trouvé ces petites violettes si odorantes dans le grand parc délabré mais si évocateur du château de Saint-André-de-Sangonis, où elles avaient choisi un coin bien à elles que nous fréquentions rarement...»
CORRESPONDANCE 2003. François Dedieu.
Vue_des_Monts_de_Lacaune_du_Pic_du_Montalet Wikimedia Commons Author Céline Rabaud |
2587 pages copiées-collées sans compter les lettres papier. Prendrai-je seulement le temps de tout reprendre ? En attendant ce qui est pris date de mars 2003. Bien sûr, c'est grappillé dans plusieurs courriels, papa n'était pas du genre à se mêler avec de grands auteurs reconnus. Au contraire, pour lui comme pour moi, c'était puiser et partager puisque nous avions un volet littérature dans nos affinités culturelles. Me concernant, c'est vraiment par politesse et pour ne pas passer pour ce que je ne suis pas que je le cite en dernier. Il n'empêche, cela me permet de traduire comme dans un scenario crescendo, la force trop parlante d'un sentiment aussi profond qu'impérissable.