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mercredi 12 mars 2025

Un Tamarou pour carnaval

 Avec l'aval de Cyril Febesse qui a le talent et l'aptitude d'ajouter, par ses clichés en noir et blanc, un climat d'étrangeté, ésotérique presque, s'agissant de l'atmosphère historique d'une ville comme Pézenas, prise de nuit qui plus est, ces photos. Des vues qui, sans conteste, abstraction faite du cachet renaissance, nous replongent plus dans les mystères moyenâgeux aux racines plus archaïques encore. 

Réf.   https://www.facebook.com/cyril.feybesse. (6 mars 2025). 

Ah ce poulain de Pézenas, comme il sait se travestir, se transformer même en créature fantastique ! 


 
Le reportage est titré « Fai qué lo Tamaro siá tornar mai grand » qu'on pourrait traduire approximativement par “ il se fait que le tamarou est revenu plus grand  ”. 

Le tamarou ? qu'es aco ? Un animal mythique connu dans la tradition catalane jusqu'en Occitanie. Il fait l'objet d'une chasse apparentée à celle du dahu autre animal imaginaire aux caractéristiques physiques particulières, deux pattes plus courtes d'un côté lui permettant de courir en travers d'une pente. Il s'agit seulement d'abuser de la crédulité d'un naïf qu'on va convaincre de rester dans la nature, de nuit, à l'affût de la bête  alors que tous les farceurs vont s'amuser de bonnes heures, à boire et à danser.
L'écrivain occitan Joan Bodon (Jean Boudou) raconte que la caça del tamarre aux abords de la vallée du Viaur (Contes dels Baissas), que cette chasse au tamarro se faisait de nuit suite au repas de noces, ce qui permettait aux novis, aux nouveaux mariés, de fausser compagnie aux invités. 
Quant au Tamaro présent, il ferait fort qu'on se mette en tête de le chasser ! 



Quant aux masques qui accompagnent la sortie, on ne peut pas dire qu'ils sont hors sujet... 

En espérant ne pas trahir l'esprit de ce reportage, merci encore pour ces photos.

mardi 11 mars 2025

CARNAVAL, merci la revue FOLKLORE (2ème partie)

Aude ! à associer sans complexe à la Belle Aude ! Des stations de ski aux plages du Golfe du Lion, presque tout le long du fleuve donnant l'identité administrative, un cours d'eau des plus travailleurs, “ petit frère du Rhône ” pour son delta, pour le Cers, vent de couloir, catabatique, pouvant se comparer au Mistral et, entre parenthèses, des plus vieux noms de vent de France depuis les Romains (aux présentateurs météo verbeux qui voient partout des tramontanes d'en prendre de la graine !), un département plus que trait d'union entre Massif Central et Pyrénées, entre Espagne et Italie sinon le reste du pays et au-delà l'Europe, entre Méditerranée et Atlantique, un département qui n'est pas en reste dans le domaine civilisationnel (est-ce pour cette raison que la radio d'État, présente dans l'Hérault et les P.O. nous snobe ? Est-ce pour cette raison que les descendants des barons du nord ne savent pas qu'entre Sud-Est et Sud-Ouest existe un Sud ? [dernièrement lors d'un jeu télé, un viticulteur des Corbières a tenu à affirmer ce distinguo, ce qui ne fut pas sans me plaire !]). Originalité culturelle sinon rareté, sur un demi-siècle, grâce à de passionnés érudits cette publication de la revue Folklore qui, grâce à René Nelli, nous en apprend tant sur les fêtes carnavalesques chez nous ; ci-dessous, la suite des infos et éclairages sur carnaval après les neuf relevés du précédent article :   

*10. Des quêtes alimentaires par des jeunes gens ou des enfants qui recevaient du lard, des œufs, de la charcuterie. (Est-ce en lien avec la tradition des « Vingt sous dins la padeno » ? Poser la question c'est déjà y répondre, me semble-t-il). 

Carnaval_Strasbourg 2014 under the Creative Commons Attribution 3.0 Unported license. Photographe Sandra Gruneisen

*11. Les masques faisant peur aux enfants et aux filles peuvent aussi marquer la présence des morts parmi les vivants. Afin de mieux s'opposer au carnaval, l'Église, abondant dans le sens de la superstition des deux garçons masqués qui seraient trois, le troisième ne pouvant être qu'un mort ou le diable, s'est de tous temps évertuée à freiner le goût des mascarades (1).  

*12. En 1950 déjà, les coutumes et pratiques de carnaval sont en régression, le carnaval de Limoux représentant une exception à la règle : c'est l'époque où les meuniers allaient payer les impôts au monastère de Prouilles qui possédait tous les moulins, les charretiers assuraient, eux, le transport des grains et de la farine. 

Membre_de_la_banda__Les_Arcadiens__al_Carnaval_de_Limós_dins_Auda_(França) 2006 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Autora Guilhelma
Occitan : 
Precedissent la musica, las bandas sortisson a l’ocasion de la jornada que lor es reservada, e van aital d’un cafè cap a l’autre (Aurora Guilhelma).

Limoux_Carnivale_2024 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 2.0 Generic license. Author Rebecca W


*13. Au début du XIXème le carnaval restait marqué par l'écart entre classes sociales, à Limoux, les fils de bonnes familles en meuniers blancs sur des chevaux noirs offraient des dragées aux dames tandis que, plus peuple et à pied, d'autres masques, à l'aide de soufflets,  projetaient de la farine sur les visages. Les Fecos sont toujours les meuniers souvent en Pierrots, Arlequins, Colombines, les Goudils, vêtus de hardes ou de la blouse bleue des charretiers, représentent les plus humbles. 

*14. Exécuter Carnaval, c'est aussi refouler “ la Vieille ”, l'ultime attaque du froid fin mars début avril. 

*15. Carnaval porte parfois un nom lié à l'actualité par exemple Landru à Bassan (Hérault). 

*16. Entre 1780 et 1789 à Carcassonne, Carnaval se nomme “ Cravatat ”, il sera brûlé avec sa femme. Suivant les lieux, Carnaval peut être fusillé, pendu, noyé. 

*17. Si de nos jours il s'agit de confettis ou d'eau parfumée, le mercredi du nom, on jetait des cendres et de la farine sur les filles (à Pignan, Saint-Thibéry, Limoux).  

(1) parmi les fêtes liées à carnaval, celle de la procession du renard. Affublé de la mitre et du surplis d'évêque, le renard est promené en ecclésiastique à portée de poules que par instinct il trucidera avant la fin de la cérémonie... Sûr que cet anthropomorphisme pour critiquer le clergé ne devait pas plaire à l'autorité religieuse ! 

lundi 10 mars 2025

Le CARNAVAL (6) années 60 à Fleury (fin)

 Chacun à son tour, alors, enlève le masque un instant, et, objet de toute l'attention, dit son nom. Souvent c'est la fille, de la génération des mères qui complète, situe l'enfant dans sa famille : la mamé, plus à même de comprendre se laisse aller à tapoter gentiment une joue, laissant alors entendre sa satisfaction avec un « Ah c'est bien ! » ou une réaction du même ordre. Me concernant, en rapport avec le positif de la cohésion sociale du village, se prononce invariablement « C'est le fils de François ». Je me souviens précisément de cette scène avec Marinette, chez sa mère qui habitait une petite rue derrière la pharmacie et le cinéma. 

Masque à Fleury 1969 diapositive © François Dedieu... simplement à mentionner en cas d'emprunt. 

«... Les enfants rient sous cape de ces aïeules d'autant plus curieuses qu'elles sont âgées. Ils ne savent pas. Comment se douteraient-ils qu'à l'automne de leur vie, les mamés ne se lassent pas des joues fraîches, des fossettes, des sourires neufs des petites, des petits ? Elles tiennent surtout à meubler leurs mémoires du visage de la vie qui continue et saura les perpétuer, une espérance secrète, pudique, indicible... ». 
Le Carignan, Pages de vie à Fleury-d'Aude I, 2008, JFDedieu. 

« Les grands-mères, c'est comme le mimosa, c'est doux et c'est frais mais c'est fragile. »
Marcel Pagnol, Naïs, 1945. 

Non les enfants ne sont pas en âge de comprendre cette sollicitude exclusive qui anticipe qu'ils vont grandir trop vite, quitter le nid, s'émanciper d'une promiscuité d'amour devenant tutelle. Encore enfants, pour carnaval, ils comptent leurs sous. Chez Antoinette, pour un goûter de fête changeant de la tartine de margarine saupoudrée de sucre, ils vont acheter des petits beurres, des barres de chocolats pralinés Malakoff dans des papiers cuivrés, des nougats et pâtes de fruits Dumas de Pézenas, des bananes moins communes que de nos jours. 

Maskenball Bal masqué en Allemagne, agglo de Mayence, février  2008 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Germany license Author Gonseheimer Carneval-Verein 1892 e V
Faute de photo disponible pour la salle des fêtes de Fleury, celle-ci, avec une orientation de la salle similaire et une taille comparable donne au moins une idée du lieu où tous nos bals se déroulaient.  

« ...La jeunesse, elle, attend avec impatience le bal de carnaval. Elle n'a pas dansé depuis la Saint-Martin sauf pour ceux qui sont partis à pied à la fête de Salles-d'Aude, le premier dimanche de janvier. La voiture donnera, certes, la liberté de vadrouiller, le samedi venu, dans les villages alentours, mais chère et précieuse, elle reste, entre 1960 et 1965, du domaine du rêve pour une grande majorité de jeunes dont quelques uns seulement apprécient d'avoir troqué la bicyclette pour la mobylette. 
les masques, les vrais et les faux couples, les célibataires, les jeunes ménages, les festéjaïres se retrouvent à la salle des fêtes pour une soirée exceptionnelle, où les déguisements les plus réussis recevront un prix sur la scène. ce bal de carnaval, organisé par la mairie, correspond plutôt à la date de Mi-Carême... » 
Le Carignan, Pages de vie à Fleury-d'Aude I, 2008, JFDedieu. 

dimanche 9 mars 2025

CARNAVAL (5) années 50 et 60 à Fleury

Alors, à Fleury, village du bout de l'Aude, d'un bout du monde, le carnaval ? Vague souvenir, peut-être seulement apporté par les dires d'un aîné, de Carnaval sur le charreton des jeux du 14 juillet, jugé depuis l'estrade et voué au bûcher déjà en place sur la place du marché. Sinon, la cavalcade, plus éloignée dans sa portée bien que s'agissant de fêter l'installation de la belle saison (suite à la fin de la guerre, carnaval et cavalcade se sont confondus, le précédent article en témoigne). Plus communément, toute la mise en scène du cortège puis du jugement n'était-elle qu'une survivance ponctuelle puisque cette fête restait avant tout l'affaire de chacun et plus particulièrement des enfants impatients d'être quelqu'un d'autre derrière un masque et un déguisement. 

Deux cas de figure se présentent, soit c'est une cavalcade programmée de longue date, soit et c'est l'expression à laquelle nous nous sommes attachés, il s'agit simplement de petits groupes masqués visitant les habitants. 

Masques 1961


Les parents ont donné de quoi acheter un masque chez Odette ou madame Zan, les buralistes, sans quoi, entre cousins, on échange si ceux des années passées ont été gardés. De même pour le déguisement, de vieux habits jusqu'aux fripes et oripeaux feront l'affaire. À l'exception du rouge à lèvres et du noir de fumée, rien d'autre pour le maquillage. Armés d'uno padeno, d'une poêle (en fer de l'époque rappelant, qui sait, un temps où des nourritures roboratives étaient prisées ?), de petits groupes arpentent le village. À croiser les autres bandes, ils restent froids, silencieux : c'est que la concurrence est rude quand il s'agit d'éprouver la largesse limitée des concitoyens. Heurtoirs, cloches, en toquant, il faut sonner chez les gens, saluer, présenter la poêle en disant « Vingt sous dins la padeno ! », vingt sous dans la poêle (mon père relevait « Un sou a la padeno »... avant l'inflation sûrement... ). Cinq, dix, parfois vingt centimes (à titre de comparaison, vers 1960, la place de cinéma coûtait 70 centimes). Certaines, parce que ce sont souvent les femmes qui ouvrent, la plupart du temps la mère et la fille ; la mamé, tenant la pièce du bout des doigts, demande « Qui es-tu toi ? ». 
 
masques 1961

Masques 1961

Mes fils à Fleury 1980