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jeudi 5 janvier 2023

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI (6)...

Sixième volet, jusqu'à présent le dernier mais c'est psychologiquement toujours aussi dur de mettre "fin" tant on espère la possibilité d'éléments supplémentaires, d'une nouvelle source.   

La preuve : le site OCCITANICA du CIRDOC nous donne encore l’occasion de prolonger...    

https://occitanica.eu/items/show/423 (Lo Lòto : recueil de mots et expressions pour animer un loto ou quine en occitan · Occitanica, Portal collectiu de la lenga e de la cultura occitanas).

A Barcelone, le « loto carton » s’appelle « quinto », à Perpignan ils participent à des « rifles » (au féminin). Ce terme « rifle » est courant aussi dans le Berry ou en Bourgogne (!).

Chez nous, ce seraient les municipalités qui auraient retiré le droit d’organiser (?? explications demandées...).

Dans nombre de départements, les préfectures autorisent les lotos entre le 1er décembre et le 1er février.

Les expressions accompagnant les numéros les désignent sans risque de confusion, c’était plus essentiel encore avant l’invention du micro, qui plus est, dans le bruit ambiant.

En habillant plaisamment la sortie des numéros, le nommeur démontrait des talents d’acteur certains ; ses reparties collaient parfois à la vie du village, souvent à l’actualité (74. La cuve à Clermont-l’Hérault, inutilisable pour la vinification suite à un nettoyage au gas-oil / 42. Allez les Verts ! / 33. Rika Zaraï dont les bains de siège prêtaient à rigoler !).

Le public aussi joue un rôle en anticipant le mot d’esprit attendu ; souvent il aiguillonne le hasard avec un « mounto lou » (monte-le) ou « vai lou quéré » (va le chercher) qui fait monter un marmonnement de dépit dans l’assemblée sinon une rumeur de répit si l’intéressé dit « brigan » ; il arrive qu’un ou une extravertie se permette de commenter « bien compté » « mon âge » ; parfois, par connivence un joueur interpelle le nommeur toujours capable d’humour dans un retour qui fait sourire tous les joueurs... Le public habituel aime (certains viennent tôt pour garder la place dans la salle où aura lieu le tirage), le changement agacerait : pour cette raison, le nommeur reste attitré jusqu’à ce qu’un jour, souvent à l’usure, il faille bien changer d’époque. 

Et pourtant les affiches étaient en français... 
Lieuran_lès_Béziers_affiche_loto_1930_-_Archives_départementales_de_l’Hérault Domaine public.

Avec un brassage des populations favorisé par l’attraction du pourtour méditerranéen, la platitude du français  vient niveler le relief, le piquant propre à notre parler occitan... ce qui est bien à l’image de la domination aussi anachronique que malsaine du pouvoir de Paris, dans l’inclination honteuse pour la gouvernance absolue, la seule en Europe en bute aux langues, au particularisme des régions, mythifiant un Napoléon comme elle le fit d’un Pétain en collusion d’avantages mal placés... dèjà à préférer une soumission dangereuse à l’homme providentiel... pardon si je m’égare, serait-ce sans prêter à conséquence. Si nos lotos survivent, qu’ils soient commentés en occitan puis en français. 

Le site Occitanica nous offre des variantes rafraîchissantes :

2 Tu e ieu (toi et moi),

4 la man del fustier (la main du menuisier), la leca (baguettes en forme de 4 qui maintiennent en l’air la pierre plate d’un piège),  

6 la rèsso (la scie d'où le rasséguet utilisé par le poudaïré lors de la taille),  

7 la dalho (la faux),

14 la flour al fusil (début de la Grande Guerre),

15 lou rugbi, lou Cantal, un talh de cantal (un morceau de cantal),

16 lous ceses (les pois chiches), passo a Bagnols (sur Cèze), ço que se manjo per Rampalms (ce qui se mange pour les Rameaux),

17 Gafa, la déportation en Tunisie du 17e d’infanterie ayant mis la crosse en l’air lors de la révolte des vignerons en 1907.

18 i a pas lou foc (il n’y a pas le feu, en rapport avec les pompiers),

21 la moustardo (de Dijon),

22 las randouletos (les hirondelles),

23 Jan lou papo (Jean XXIII),

25 Nadal (Noël),

27 la soupo de porrès (la soupe de poireaux),

28 la fièiro de Naucèlo (la foire aux bestiaux de Naucelle, en Aveyron, connue pour ses bals, suite aux ventes),

29 l’an del gros ivern (l’année du gros hiver),

30 lou bel atgé (le bel âge) lou traouc de l’amour (le trou de l’amour... peut-être une réminiscence licencieuse du Moyen-Âge),

31 Aprei l’amour, los Toulousens, las violetos,

34 Erau, Bésiérs e Mountpelhier, lous fadolis ( l’Hérault... les timbrés),

40 lou cioul de ma tanto, l’an dau gran Rosé (crue mémorable du Rhône), michanto annado (méchante année),

41 les rutabagas,

42 les topinambours,

44 las cancarinetos (les castagnettes),

45 lou pastis,

48 la Lozero (la Lozère),

51 lou pastaga,

52 BB Brigitte Bardot (son mariage avec Vadim),

55 lous tetouns, lou paradis dels omès, douple,

56 lou gran fret

58 la Constituciou,

59 Lou Nord, lou cal pas perdre (le Nord, il ne faut pas le perdre),

60 la retreto (tu entends Macron ?),

63 Giscard, Danièle Gilbert (du Puy-de-Dôme),

64 lous Bascos, m’en vau a Pau (Les Basques, je m’en vais à Pau),

65 Bernadeto, m’en vau a Tarbes (ou à Lourdes ?),

66 Lous Catalans, lou Pertùs, Perpinhia, dous culhiers dins lous linçols (deux cuillères sous les draps),

67 la choucrouto,

68 las calados (les pierres), la revoluciou,

70 se manjavo de rats (il se mangeait des rats)

74 la néu (la neige dans le Vaucluse, le Gard, l’Hérault),

75 lous Parisiens, lous envahissaïres,

78 Versalho,

79 las dous cabros (ils prenaient déjà en compte Ségolène ?)

81 bougré de Tarnagas (sacré Tarnais),

83 la marino de guerro,

84 Sul poun d’Avignoun, Miréio,

87 Lous d’Argélièrs (les 87 vignerons du départ avec Marcelin Albert en 1907),

88 las dous cacaùetos, las poupos (les cacahuètes, les seins)

La dinde ou le jambon au bout de la soirée, qui sait ? En attendant, de l’Histoire, la paillardise du Moyen-Âge, la libido des hommes, une initiation à la géographie avec toute la convivialité complice des villageois...  

mercredi 28 décembre 2022

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI (5)...

 C'est la période qui fait repenser aux lotos au village dans ces années 60-70. En relisant, dans Fleury-d'Aude en Languedoc, les quatre volets qui lui sont consacrés (il suffit de taper "loto d'antan" dans la recherche). Dans le quatrième article, j'ai repris les petits mots qui accompagnent les numéros à Sigean et à Olonzac avant de chercher comment les lotos peuvent s'organiser à présent (je pense que c'était plus simple avant même s'il fallait, comme pour les bals du Fleury Olympique, tricher finement pour faire passer une part des recettes à l'as). Enfin, d'un site à l'autre, une belle page d'Occitanica s'est proposée sur ces tournures en occitan qui rendaient les parties de loto si plaisantes, et sans lesquelles les soirées de "grandes parties" n'auraient pas eu autant d'attrait... 

LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI...

Mais qu’est-ce qui a fait qu’après plus de 500 ans d’existence, le loto n’existe pratiquement plus ? Certes, on se prend à penser à ces siècles passés, marqués par les façons de vivre à l’opposé, d’une minorité de privilégiés à côté d’une masse de « gens de peu ». Néanmoins, les gens modestes disposaient de biais pour échapper à la dureté de leur condition et plutôt que de toujours se venger (souvent violemment, la violence représentant une réaction naturelle à l’ignorance, aux superstitions) sur des boucs émissaires (vagabonds, sorcières, alchimistes), heureusement que les occasions de faire ripaille ne manquaient pas en plus des dimanches, une quarantaine de jours chômés dans l’année (le calendrier religieux s’accompagnait de fêtes profanes, de banquets et de danses). De là à imaginer des tablées de joueurs dans les cabarets ou les tavernes plus peuple...

De nos jours, une association loi de 1901 peut organiser jusqu’à six lotos dans l’année mais en répondant à plusieurs impératifs. En premier lieu, il faut que ce soit au profit exclusif d’un groupe sportif, culturel, éducatif ou social sinon de charité et non pour faire des bénéfices.

Ensuite, il ne peut concerner que la population locale, à la rigueur les villages voisins sans qu’une publicité en soit diffusée au-delà... c'est sans compter sur la portée planétaire des réseaux sociaux !). De toute façon, les gros lotos comme ils ont existé au niveau départemental (tel le loto « Étoile » avec des voitures et même une villa à Narbonne-Plage !) ne sont plus réalisables.

De plus, l’offre de cartons ne peut dépasser vingt euros (mais qui empêche qui que ce soit de prendre deux séries de cartons à vint euros ?) ; pour diverses raisons, les lots en argent, en volailles vivantes, en gibier, ne sont pas autorisés (les chèques cadeaux, les bons d’achat le sont, la viande doit être tracée) ; la majorité des lots doit provenir des entreprises locales, des banques, assurances, de la mairie... 

En respectant ces conditions un loto peut être organisé (une déclaration en mairie qui souvent mettra un local à disposition, une demande en préfecture peuvent éviter des désagréments). De même, il faut garder la comptabilité de la partie afin de répondre à un éventuel contrôle des Impôts. 

photo pixabay autorisée

Le hasard du tirage des numéros doit être garanti (est-ce que les jetons avec les numéros gravés le garantissaient ce hasard ?).

Certes tout ce « cahier des charges » et obligations, visant à éviter tout détournement, participe au contrôle toujours plus strict des flux monétaires, l’ensemble des citoyens devant être contraint à cause des tentations qui peuvent vite transformer tout un chacun en margoulin... Alors, plutôt que de se laisser aller à une morosité induite par le corsetage toujours plus serré des libertés, repartons baigner dans l’ambiance chaleureuse des lotos d’un temps évanoui. 


jeudi 12 mai 2022

LESPIGNAN (6) "Mets de l'huile..."

Dans l'avenue principale, manière de parler du bon vieux temps, travaillait l'horloger. Il tenait aussi une permanence, un jour précis, à Fleury, au café Billès, annoncé par l'appariteur "L'horloger de Lespignan est installé...". C'est qu'on réparait les montres, de ce temps là et une semaine après on la récupérait : 

"Oh ce n'était pas grand chose, quelques gouttes d'huile et c'est reparti. 
Le client paie, sort et confie ce qu'il en est au premier compatriote venu : 
"Ça fait cher du litre !"

Toujours dans l'axe principal, avant que les directions respectives de Nissan tout droit, de Béziers à droite, ne se séparent, traversée par la voie principale, la place de la Bascule (1) avec des commerces d'un côté ; au fond, un très joli trompe-l'œil habille de belle façon la vacuité d'un mur aveugle ; de l'autre un étranglement ouvre sur les platanes devant l'école, là où se monte le podium pour l'orchestre, là où se déroulent les festivités. 

Belle palette de couleurs... 

L'un des commerces est (était) la boucherie de Freddy ; sa modestie m'en voudra un peu de l'évoquer mais il est de Fleury, je le connais depuis qu'il est petit, et il a toujours été volontaire. Autant de raisons pour ne pas taire qu'il a commencé dans une petite remise avec un petit élevage de cailles avant de poursuivre dans cette voie, étendant même son activité jusqu'à proposer un choix de pâtés, de charcuteries, de toutes sortes de viandes cuisinées, en conserves et tout ce qui m'échappe. En prime, l'Internet nous apprend qu'il est à la Pétanque Joyeuse... Signe des temps : les féminines (2) sur les photos, boules en mains. Plus intéressant bien qu'en témoignage d'une intégration naturelle (à Fleury aussi, ce n'est pas tatoué sur leur front que bien de nos compatriotes sont d'ailleurs) (3), Freddy, depuis qu'il a lâché son affaire s'adonne à la passion des oliviers, plantés à raison de huit centaines (peut-être plus aujourd'hui). Des olives pour faire de l'huile, opération que pour sa récolte et celle d'autres récoltants, il assure lui-même. Un peu de pub en attendant un reportage... de préférence confié avec grand plaisir à une, un ami du blog motivé et disponible... Heureusement qu'il est là Freddy... sans lui ce serait parler pour ne pas dire grand chose, par manque d'implication. 



Au-delà, vers Nissan, une très républicaine "Maison du Peuple" pour les lotos, je parle de ceux de jadis je crois, autorisés dans le cadre d'un calendrier précis (incluant peut-être les mois d'hiver). Nous y sommes allés une paire de fois ; c'était dépaysant de passer l'Aude et de se retrouver dans une position d'estrangers, plus encore si ce n'était pas un local qui emportait la partie ! Il n'empêche, ce serait aussi intéressant qu'ethnographique d'apprendre les tournures locales, les formules en français et souvent en occitan, particulières à chaque village, et qui accompagnent la sortie des numéros, "13 ma sœur" par exemple. De fil en aiguille, au moins deux lotos passés sont évoqués, le premier (dans l'ordre des découvertes sur le Web), par les Amis de Lespignan, mettant à l'honneur l'occitan et le soutien à l'Ukraine ; le second, de 2021 qui, entre parenthèses semble proposer des lots d'argent, ce qui par le passé était interdit, est organisé par le club de parapente, encore en 2021, alors que nous vivions dans la candeur d'un Monde sans guerre... les morts de plus loin ne nous affectant pas particulièrement...  

Est-ce qu'un septième volet pour revenir sur les Amis de Lespignan et du parapente et la topographie non encore abordée, suffiront pour clore la série ? Merci Lespignan. 

(1) Il s'agissait d'une balance à bascule pour peser les charges lourdes, camions, remorques...  

(2) signe des temps, si à travail égal correspondait un salaire égal entre les femmes et les hommes, il n'y aurait pas de temps de travail hebdomadaire augmenté, pas de durée de cotisation rallongée, pas de retraite à 65 ans alors que l'espérance de vie en bonne santé est généralement dépassée. Mais tant que la classe politique qui, dans sa déclinaison actuelle, continue de passer les plats à ce un pour cent de profiteurs-exploiteurs, sera élue par des veaux (cf De Gaulle) (et génisses... égalité oblige), l'orthodoxie de cette économie prédatrice qu'on nous sert comme normale pourra  

(3) signe des temps, cela fait bien quelques lustres que les apports allogènes forment la majorité de la population. A Fleury, le maire, voilà bien cinq ans en arrière, était bien placé pour attester qu'il ne restait plus que 800 autochtones sur la commune. Est-ce que Lespignan, sans station balnéaire compte encore une bonne proportion d'originaires ? 

mercredi 8 janvier 2020

LOTO D'ANTAN, LE VRAI (4) ! / Fleury est mort ! Vive Fleury !

– … "Soixante-neuf", le tête à queue (disait-il ça à une époque toute en non-dits et encore prude?)… "vingté-un"… "quatre-vingt-huit", les deux carbasses… "quatre-vingt-dix", lou papéto !
– Là ! le "quatre-vingt-dix" arrête ! Mais un deuxième cri, comme en écho a aussi arrêté, dans une autre salle. Des joueurs résignés ont déjà démarqué mais en la circonstance les cartons sont bien bons. Les gagnants devront partager le lot par tirage au sort

Loto pixabay photo gratuite

Même sans l'ordinateur, les innombrables possibilités mathématiques font qu'il ne doit y avoir qu'un seul gagnant mais à condition que tous les cartons soient en jeu... Et nous combien sommes-nous ? Un beau loto se déroule dans les deux cafés : Billès et Mestre (Tailhan jusqu'en 1960). Et l'apogée avec en plus la salle des fêtes, grâce à le fée électricité et son servant Marcel ! Alors combien de personnes ? Combien de cartons ? 1000 ? 1500 ?
Et qu'est-ce qu'on n'entend pas chez les autres si le même établissement compte plusieurs gagnants de suite où si le sentiment qu'on a plus gagné ailleurs domine ! 

  
loto pixabay photo gratuite auteur Angelawilde
S'ensuit, dans une atmosphère de plus en plus enfumée, un joyeux brouhaha de cartons qu'on débarrasse ou dont on se débarrasse parce qu'ils « porteraient la masque » (la poisse).
Le loto du Fleury-Olympique se poursuit avec les heureux, les « claoufits », félicités par les déconfits. A l'heure de se quitter, lors de la consolante dotée d'une bombe glacée, tout le monde aura passé une bonne soirée, avec jusqu'au bout l'espoir « dé gagna quicon », de gagner quelque chose. Les plus friands seront au fait des dernières nouvelles, du plus frais potin. Certains auront reconnu un visage depuis longtemps parti pour ailleurs, souvent pour Paris mais revenu pour un congé.
Finalement, le nommeur, la voix, le récitant, l'annonceur, l'appariteur irremplaçable fait la réclame pour le samedi à venir. Les gens rendossent le manteau et sortent ; sur les tables dérangées, un couple économe récupère le maïs pour les poules. Dehors, la troupe se disperse, les gagnants soulèvent volontiers leur lot avec un plaisir non dissimulé :
«   Diaétou ! i polit aquèl cambajou ! Peso quicon ! (bon Dieu, il est beau ce jambon ! Il pèse quelque chose !) »
Il fait froid vers minuit et miège. Chacun se hâte vers sa maison d'autant plus pressé qu'il rapporte quelque chose. « Quaucun » veille peut-être encore près du feu sommeillant et puis il fait encore bon avec les braises qui couvent sous les cendres et qui reprendront dans quelques heures avec la dinde des fêtes à la broche, illuminée des flamèches de lard tombant goutte à goutte du flambadou ! 

Saint-André-de-Sangonis La tour de l'horloge - Archives départementales Hérault Autor Froment photographe

Dans Caboujolette, mon père précise. Il a même retenu ce qui se disait à Saint-André-de-Sangonis où il fut précepteur au château du jeune comte Maxence Worms de Romilly, alors âgé de quatorze-quinze ans (j'ai joint quelques expressions de Sigean, d'Olonzac) : 

"... Je te mets quelques tournures accompagnant les numéros tirés au loto des cafés, soit en occitan, soit en français :
1. lou prumièr de milo (le premier de mille),
2. « dous » coumo de mèl (doux comme du miel) ;
3. la cargo y és (du temps où 3 enfants, sans allocations familiales, représentaient une lourde charge pour le ménage. A Sigean " la guerro i ès ". A Olonzac " bal pas rès ") ;
4. le bigorneau (allusion à la petite enclume à 2 « cornes » des orfèvres) SADS (= St-André-de-Sangonis). A Sigean "vaï t'en té battré ". A Olonzac " se cal battré "
5. Toute la main ; à Sigean "as tapins", à Olonzac "l'Alzino". 
6. la queue en l’air, « le vigoureux » SADS (Saint-André-de-Sangonis) ; à Olonzac "d'aïci ?"
7. la pigasso (la hache) ; à Sigean "la pigasso sus eun sause", à Olonzac "sus un sauzé" sous-entendant "la pigasso". 
8. la carbasso (allusion à la calebasse, qui a bien cette forme vue de profil) ; à Sigean "la carbasseto", à Olonzac "la gourdo" (qu'es pas déma). 
9. la queue en bas, « le Honteux » (avec H bien « aspiré » !) SADS ; à Sigean "loubiou var", "cueuro l'iou", à Olonzac "tout noù". 
10. dis..putez-vous, à Lespignan « De qué dis ? », à Olonzac "la crouts". 
11. zonzon (est-ce une femme molle et insouciante ou une sorte d’onomatopée ?), à Olonzac "las cambos de Calhol". 
13. ma sœur (Thérèse) ; quel âge a-t-elle ? (Le tirage suivant donne la prétendue réponse). Une remarque sur le n° suivant : « Es jovenoto ! » « Macani, qu’es vielho ! » selon le cas.
14. Je crois qu’à SADS ils disaient « la clique de Gignac », mais c’est très local. A Sigean "l'homme fort", à Olonzac "l'omé fort". 
15 ?
16 (toujours bien répété pour ne pas confondre avec 13) ;
17. dozosèt (dix-sept. Un dans le public, qui a sans doute le 18 ou le 19 : « Dozo totjorn !! » (dix… encore !!). A Olonzac "lou boun legun (la gato cagabo y ténios lo lum et sentissios lou parfum)". 
20. Sans eau ! A Sigean "sans aïgo". 
22. les flics ; à Sigean "las dos poulétos", à Olonzac "lous auquetos". 
23.- 24 – 25 – 26 – 27 – 28 ;
29. A Sigean "San Miquel"
30. le Gard (entendu à Fleury) ; à Sigean "(trempo) la soupo".
31. Toulouse (id.) 
33. A Sigean "la musiquo de Sigea", à Olonzac "lous dous boussuts".  
34. nos voisins (id.)…
36. A Olonzac "las très doutsènos". 
44. A Olonzac "las dos quadièiros". 
50. A Sigean "lou quintal". 
55. A Olonzac "las dos Alzénos", "bitor de fil", "ame soun païré"
66. Perpignan (id.), à Olonzac "las dos coquilhos". – 67 – 68 ;
69 tête-bêche? A Sigean "cap et tioul", à Olonzac "coussi qué lou biré". 
70. A Olonzac, "se tampo"
71. A Olonzac "l'annado de la guerro".  – 72 – 73 – 74 ;
75. Boum-boum – 76 ;
77. las dos pigassos – 78 – 79 ; 
80. A Sigean "(quatre bious) qué pourtaboun un mort, amaï y escapet", à Olonzac "quatre biùsporteroun un mort et maï lou toumberoun". 
83. A Olonzac "quatre ventrés, n'eï prou d'un". 
88. las dos carbassos (les deux citrouilles) ; à Sigean "las dos carbassetos", à Olonzac "las dos gourdos". 
89. la maméto ; à Olonzac "la revouluciù". 
90. lou  papéto. A Sigean "lou biel papet", à Olonzac "lou bielh papa".  

" Tu vois : je n’avais pas grand-chose à ce sujet. " 
— Mais si papa, d'autant plus que je viens de trouver (déc 2022) sur la revue Folklore, un article de 1939 " ... voici les rimatoires du jeu de loto, à Sigean et à Olonzac, d'après nos délégués, MM Vals et Laurent Mathieu... / ...M. Vals fait suivre sa communication sur Sigean de la remarque suivante : « ­Ces expressions patoises ne sont, presque toutes, que la traduction d'expressions autrefois employées dans la marine où le loto était fort en honneur » 
En remarque de fond, dans le cadre d'une telle communication, l'utilisation de la graphie normalisée serait des plus utile et efficace puisque, en transcrivant, il est difficile de ne pas écrire dans sa version locale, ce qui oblige, par respect de nos locuteurs, à une grande concentration sur pratiquement du mot à mot.    

Il n'empêche, c'est loin d'être du "pas grand-chose" avec même un petit détail sur Lespignan ... Les variantes devaient être aussi diverses et nombreuses que les localités où s'organisaient les lotos... Et pas besoin d'aller plus loin que le village à côté...




 


jeudi 2 janvier 2020

LOTO D'ANTAN ! LE VRAI (3) ! / petite chronique des fêtes d'alors !

– On a crié. Ne démarquez pas ! commence alors la vérification méticuleuse des numéros sortis. La quine (1) est bien bonne ! La gagnante est Marthe Coural, n'oubliez pas le camionnage (2) ! Vous pouvez démarquer. La partie continue avec une dinde, toujours à quine.
S'ensuit un joyeux brouhaha de conversations et de cartons qu'on débarrasse. 
L'appariteur remise ses boules au fond du sac. Il mélange longuement en prenant soin de bien secouer devant le micro. Le tirage reprend. Quelques « Allons ! », quelques « chut » appuyés incitent à la concentration :
– "Eun", lou premier de milo… "quarante", a coustat de Creuzy (3), "vingte-neuf"… "quatorze"…, "cinquante-quatre", "cinquante", "quatre-vingt-neuf"…
– Là ! coupe un cri sec et décidé : c'est la mameto, le 89, qui a arrêté le jeu…
– On a crié, ne démarquez pas. Et après vérification : la quine est bien bonne, le gagnant est monsieur Trastet, n'oubliez pas le camionnage. 

Pavo desplumado por Francisco Goya (entre 1808 and 1812) wikimedia commons Domaine public. Il manque juste le plumet autour du cou sinon c'est comme ça, avec la tête, que les volailles étaient proposées... 
– Macarel ! aro que l'ei croumpado, la pioto… Trastet se plaindrait d'avoir déjà acheté la dinde (4)…
– Aco rai, as qu'à la bailla ! (Ce n'est pas un problème, tu n'as qu'à la donner !) la réplique est partie du tac au tac !
Au fur et à mesure que la soirée se poursuit, les lots deviennent plus importants avec un jambon, deux pintades et trois kilos de langoustes à carton plein accueillis par un grand "Ah !" admiratif.
– "Sept" la pigasso… "trente-deux"… "dix-sept, diso-sept"… "soixante-six", les P.O… "soixante-huit"…"vingt", sans eau… "trente-trois", docteur… "vingte-deux", les cognes (5) (les flics, c'est plus tard, les keufs c'est pas chez nous !)… "cinquante"… "trois" dans l'Aube…
– Remeno ! Un joueur ne marquant pas assez à son gré demande expressément au nommeur de remuer le sac. Ce dernier s'exécute sans façon (6).

(1) " quine ", ligne de cinq numéros dans le Midi ; du genre masculin mais toujours tourné au féminin. 
(2) La tradition veut que le gagnant donne la pièce au coursier qui emporte le carton et rapporte le lot gagné. 
(3)  Quarante « à côté de Cruzy », un village voisin de Cruzy et ses vieux platanes (mais qu'ils sont beaux nos villages... suffit de vouloir voir !
(4)  L'avantage du partage, d'être au moins deux : mon père reprend plus précisément ce souvenir « Quelle peste ! La femme en a acheté une ce matin ! » 
« Là ! Qu’uno pèsto ! La fémno n’a croumpat uno aqueste mati ! » Réflexion de Coural, le beau-père de Marthe,
C’est Pistole qui lui avait répondu « Quand él gagnèt, et qu’i diguèroun de baillar la pioto, respoundèt souloment "Ta gran(d) !" réplique trouvée aussi en espagnol : ¡Cuéntaselo a tu abuela ! (qu’on peut traduire par « à d’autres ! »).(Pistole répondit « Quand il gagna et qu’ils lui dirent de donner la dinde, il se contenta de répondre “Ta grand” »… « Apporte-ça à ta grand-mère ! », en français ou en espagnol).
(5) en tant qu'hirondelles, la pèlerine et la bicyclette, ils étaient plus appréciés...
(6)  Titato fut « nommeur » en occitan, sauf en quelques occasions, quand il nomma en français, « rapport aux étrangers » (des Parisiens !) Lou Ménot fut longtemps attitré à ce poste.
« Remeno !
– Pot pas, és trop gros ! »
(Jeu sur les sens du verbe remuer : remuer quelque chose et se remuer. Un joueur mécontent crie au nommeur de remuer les boules dans le sac. Un plaisantin répond qu’il est trop gros pour se remuer !)

Dinde de Noël en Aveyron Wikimedia Commons Auteur c.hug / Ho ! elle pèse plus de 15 kilos celle-là !

mardi 31 décembre 2019

LOTO D'ANTAN, LE VRAI (2) / Boules, cartons, maïs, annonceur et ambiance...

Le plaisir de gagner pour certains et pour tous celui de se sentir appartenir à la communauté, au village. A l'opposé de ces femmes qui arrivent en retard à la messe afin de laisser apprécier leur élégance par une assemblée, volontiers distraite un instant du cérémonial et des voies du salut, les plus accros arrivent à l'avance. Une bonne place, pas dans les salles annexes, pour voir le "nommeur" et reconnaître ceux qui entrent et passent et que l'on n'a pas vu depuis longtemps... "C'est un tel... bouh qu'il a changé... on dit qu'il a divorcé..."... Je vous laisse imaginer ces éclairs et indiscrétions : Point-de-Vue-Images-Du-Monde-Paris-Match à l'échelle du patelin.
Sinon on se rassure sur l'identité du nommeur, personnage d'autant plus important qu'il siège à la tribune de la caissière du grand café ! Au moins que ce soit Marius ! Sa voix, sa diction, son phrasé, ses commentaires sont familiers, et puis le changement on n'aime pas, on a ses habitudes  :
"Ah lui au moins il articule ! Et il répète !" 
Marius chausse ses lunettes, secoue les billes de bois dans le sac. Devant lui un damier pour classer les numéros. Il se racle la gorge, tapote le micro que Marcel l'électricien finit de mettre à l'épreuve surtout que le loto est en simultané dans les deux cafés ! 

Loto Dynamic Harmonica Microphone_along_with microphone volume knob on Gibson Kalamazoo amplifier model_KEH-wikimedia Commons Author Ky

« Un deux, un deux trois… allô, allô allô… un deux, un deux trois… », quelques crachotements et un effet Larsen qui laisse croire au sourd de service que son appareil ne fonctionne plus.

Dans la salle, une cacophonie très bruyante, par vagues, comme les ondulations de fumées qui commencent à bouchonner haut dans l'opacité du plafond jauni... On parle et on rit fort dans le midi ! Les cartons sont bien alignés, les tas de maïs prêts pour marquer (les habitués ont ouvert leur boîte de jetons ou de petite monnaie). Yéyé qui, comme Marius, assure des extras de serveur pour les fêtes, aussi svelte et vif que quand il partait ballon en main, slalome et crochète entre les tables et les patères surchargées de manteaux, le plateau maintenu acrobatiquement dans les airs.
Marius a ajusté ses cordes vocales. Dans un roulement magnifique des "rrrrrrrrrrrrrr", sa voix annonce :
« Bonsoir mesdames, bonsoir mesdemoiselles, bonsoir messieurs. Pour cette soirée organisée par le "rrruby", nous démarrons avec une quine pour un jambon. »

Jambons de Lacaune Wikimedia Commons Auteur : Marianne Casamance

– Ah ! se réjouit l'assistance à l'idée que c'est un vrai cambajou de Lacaune, de montagne, s'il faut préciser…
– Chut, chut, font en écho ceux à qui il tarde de tenter la chance !
Le sac bien devant le micro et la main qui farfouille dans le sac et chamboule les boules numérotées.
– "Cinq" toute la main... Le premier numéro est sorti avec sa formule assortie, accompagnée d'un rechut agacé pour ceux qui veulent anticiper le commentaire de Marius !  Tout le monde les attend, les formules – bis repetita placent –, on les connaît par cœur, certains bavards invétérés prennent un malin plaisir à entonner le petit refrain qui va avec, en occitan ou en français suivant la langue qui convient, d'où les chuts agacés à l'encontre de ceux qui s'en croient... Sûr que les organisateurs ne s'aviseraient pas de prendre un annonceur étranger au village, cela provoquerait une bronca sinon une révolution ! "Soixante et dix"… la guerre, "soixante et quinze" boum boum !
"Deux", dous (1) coumo de mèl... "Téreize" ma soeur, "quarante-sept"... elle n'est plus toute jeune... 
– Mounto lou ! Il n'en manque qu'un à quelqu'un, macani ! Des tables dépitées, des regards plus ou moins discrets toisent et guettent, avec envie. 
– "Quarante-quatre", "quarante-six"…
Oh ! une rumeur de déception monte parce que tout le monde n'a pas une série de "quarante-…" sur ses cartons et que quelqu'un qui espère un "quarante et quelque chose pour crier lance : 
– Quarante toujours macarel !
– "Onze" zonzon...  
– Là !
– On a crié. Ne démarquez pas !

(1) doux comme du miel.
       

vendredi 28 décembre 2018

LES ÉCHOS DE NOËL SE PERDENT DANS LA NUIT... / Fleury-d'Aude en Languedoc

Diapo François Dedieu 1979.

Loin de moi l'idée pessimiste des témoignages qui se perdent dans un passé flou devenant opaque car ces échos tintent en moi tels les messages des cloches montant dans la nuit de décembre, une nuit cristalline. Le village, en effet, baigne dans une émotion partagée. Quelles qu'en soient les causes : la religion, le solstice, le seuil de l'hiver, les gens partagent une complicité apaisée, l'envie de parler aux autres, de partager la liesse, la félicité déjà entretenue au foyer avec le sapin, la crèche, la promesse des bonnes choses, de la dinde prévue au menu. 
Surtout ne pas taire cette ambiance révolue puisque certains de ses aspects demeurent et que, de toute façon, ils ne peuvent qu'éclairer le présent. 

Diapo François Dedieu 1979.


Loin mais pas si loin finalement, dans le temps... "... Basile Lignières (lou Craquet), notre bedeau, sonnait vaillamment les cloches placées encore autour du clocher [...] Basile distribuait également le pain bénit, et un dimanche une dévote voulut lui signifier d'un geste à peine ébauché... qu'il avait la braguette entrouverte et qu'on apercevait le panèl de sa chemise. Il crut qu'elle pensait ne plus avoir de pain bénit et la rassura d'un "N'y aura per toutos !" passé à la postérité..." (Y'en aura pour toutes !)

dinde Creative Common CC0 pxhere com


Après l'église, le loto... Coural, le beau-père de Marthe, arrête ! Il gagne la dinde ! 
"... Là ! Qu'uno pesto ! La fémno n'a croumpat uno aqueste mati !" (Là ! Quelle peste ! La femme en a acheté une ce matin !) [...] c'est Pistole qui lui avait répondu 
" Quand el gagnèt, et qu'i diguéri de baillar la pioto, respoundèt souloment "Ta gran !"" (Quand il gagna et que je lui dis de donner la dinde, il se contenta de répondre " Apporte ça à ta grand-mère !") réplique trouvée aussi en espagnol  ¡ Cuéntaselo a tu abuela ! (qu'on peut traduire par "à d'autres !""

"... Titato fut nommeur en occitan, sauf en quelques occasions, quand il nomma en français, "rapport aux étrangers " (des Parisiens !). Lou Ménot fut longtemps attitré à ce poste : 
"Remeno ! 
— Pot pas, és trop gros !" (Remue [les numéros] ! Il ne peut pas,il est trop gros !). 

Loto_à_Carpentras_Carton_de_loto Wikimedia Commons Auteur Varaine


Et de conclure avec un proverbe lié aux calendriers : 
"Un 20 décembre : aujourd'hui les jours recommencent à s'allonger, d'une minute pour commencer et je pense au proverbe que nous répétait l'oncle Noé – faux d'ailleursdepuis 1582 et la réforme grégorienne du calendrier – "A santo Luço, un pas de puço, à Nadal, un pas de gal." (A sainte Luce un pas de puce, à noêl, un pas de coq). or maintenant, pour sainte Lucie, le 13 décembre, les jours diminuent encore, puisque nous avons eu ce décalage de onze jours à l'époque. mais les dictons ont la vie dure et c'est très bien ainsi." 

 Ces quelques extraits sont tirés du livre "Caboujolette", 2008, François Dedieu. Merci papa !