– … "Soixante-neuf", le tête à
queue (disait-il ça à une époque toute en non-dits et encore prude?)…
"vingté-un"…
"quatre-vingt-huit", les deux carbasses…
"quatre-vingt-dix", lou papéto !
– Là ! le "quatre-vingt-dix"
arrête ! Mais un deuxième cri, comme en écho a aussi arrêté, dans une autre
salle. Des joueurs résignés ont déjà démarqué mais en la circonstance les
cartons sont bien bons. Les gagnants devront partager le lot par tirage au sort.
Même sans l'ordinateur, les innombrables possibilités mathématiques font qu'il ne doit y avoir qu'un seul gagnant mais à condition que tous les cartons soient en jeu... Et nous combien sommes-nous ? Un beau loto se déroule dans les deux cafés : Billès et Mestre (Tailhan jusqu'en 1960). Et l'apogée avec en plus la salle des fêtes, grâce à le fée électricité et son servant Marcel ! Alors combien de personnes ? Combien de cartons ? 1000 ? 1500 ?
Et qu'est-ce qu'on n'entend pas chez les autres si le même établissement compte plusieurs gagnants de suite où si le sentiment qu'on a plus gagné ailleurs domine !
Loto pixabay photo gratuite |
Même sans l'ordinateur, les innombrables possibilités mathématiques font qu'il ne doit y avoir qu'un seul gagnant mais à condition que tous les cartons soient en jeu... Et nous combien sommes-nous ? Un beau loto se déroule dans les deux cafés : Billès et Mestre (Tailhan jusqu'en 1960). Et l'apogée avec en plus la salle des fêtes, grâce à le fée électricité et son servant Marcel ! Alors combien de personnes ? Combien de cartons ? 1000 ? 1500 ?
Et qu'est-ce qu'on n'entend pas chez les autres si le même établissement compte plusieurs gagnants de suite où si le sentiment qu'on a plus gagné ailleurs domine !
loto pixabay photo gratuite auteur Angelawilde |
S'ensuit, dans une atmosphère de plus en
plus enfumée,
un joyeux brouhaha de cartons qu'on débarrasse ou dont on se débarrasse parce
qu'ils « porteraient la masque » (la poisse).
Le loto du Fleury-Olympique se poursuit avec
les heureux, les « claoufits », félicités par les déconfits. A
l'heure de se quitter, lors de la consolante dotée d'une bombe glacée, tout le
monde aura passé une bonne soirée, avec jusqu'au bout l'espoir « dé gagna
quicon », de gagner quelque chose. Les plus friands seront au fait des dernières nouvelles, du plus frais potin.
Certains auront reconnu un visage depuis longtemps parti pour ailleurs, souvent
pour Paris mais revenu pour un congé.
Finalement, le nommeur, la voix, le
récitant, l'annonceur, l'appariteur irremplaçable fait la réclame pour le samedi à venir. Les gens rendossent le manteau et sortent ; sur les tables
dérangées, un couple économe récupère le maïs pour les poules. Dehors, la
troupe se disperse, les gagnants soulèvent volontiers leur lot avec un plaisir
non dissimulé :
« Diaétou ! i polit aquèl cambajou !
Peso quicon ! (bon Dieu, il est beau ce jambon ! Il pèse quelque chose !) »
Il fait froid vers minuit et miège. Chacun
se hâte vers sa maison d'autant plus pressé qu'il rapporte quelque chose. « Quaucun »
veille peut-être encore près du feu sommeillant et puis il fait encore bon avec les braises qui couvent sous les cendres et qui reprendront dans quelques heures avec la dinde des fêtes à la broche, illuminée des flamèches de lard tombant goutte à goutte du flambadou !
Saint-André-de-Sangonis La tour de l'horloge - Archives départementales Hérault Autor Froment photographe |
Dans Caboujolette, mon père précise. Il a même retenu ce qui se disait à Saint-André-de-Sangonis où il fut précepteur au château du jeune comte Maxence Worms de Romilly, alors âgé de quatorze-quinze ans (j'ai joint quelques expressions de Sigean, d'Olonzac) :
"... Je te
mets quelques tournures accompagnant les numéros tirés au loto des cafés, soit
en occitan, soit en français :
1. lou prumièr de milo (le premier de
mille),
2. « dous » coumo de mèl (doux comme du
miel) ;
3. la cargo y és (du temps où 3 enfants,
sans allocations familiales, représentaient une lourde charge pour le ménage. A Sigean " la guerro i ès ". A Olonzac " bal pas rès ") ;
4. le bigorneau (allusion à la petite
enclume à 2 « cornes » des orfèvres) SADS (= St-André-de-Sangonis). A Sigean "vaï t'en té battré ". A Olonzac " se cal battré "
5. Toute la main ; à Sigean "as tapins", à Olonzac "l'Alzino".
6. la queue en l’air, « le vigoureux »
SADS (Saint-André-de-Sangonis) ; à Olonzac "d'aïci ?"
7. la pigasso (la hache) ; à Sigean "la pigasso sus eun sause", à Olonzac "sus un sauzé" sous-entendant "la pigasso".
8. la carbasso (allusion à la calebasse,
qui a bien cette forme vue de profil) ; à Sigean "la carbasseto", à Olonzac "la gourdo" (qu'es pas déma).
9. la queue en bas, « le Honteux » (avec H
bien « aspiré » !) SADS ; à Sigean "loubiou var", "cueuro l'iou", à Olonzac "tout noù".
10. dis..putez-vous, à Lespignan « De qué dis ? », à Olonzac "la crouts".
11. zonzon (est-ce une femme molle et
insouciante ou une sorte d’onomatopée ?), à Olonzac "las cambos de Calhol".
13. ma sœur (Thérèse) ; quel âge a-t-elle
? (Le tirage suivant donne la prétendue réponse). Une remarque sur le n°
suivant : « Es jovenoto ! » « Macani, qu’es vielho ! » selon le cas.
14. Je crois qu’à SADS ils disaient « la
clique de Gignac », mais c’est très local. A Sigean "l'homme fort", à Olonzac "l'omé fort".
15 ?
16 (toujours bien répété pour ne pas
confondre avec 13) ;
17. dozosèt (dix-sept. Un dans le public,
qui a sans doute le 18 ou le 19 : « Dozo totjorn !! » (dix…
encore !!). A Olonzac "lou boun legun (la gato cagabo y ténios lo lum et sentissios lou parfum)".
20. Sans eau ! A Sigean "sans aïgo".
22. les flics ; à Sigean "las dos poulétos", à Olonzac "lous auquetos".
23.- 24 – 25 – 26 – 27 – 28 ;
29. A Sigean "San Miquel"
30. le Gard (entendu à Fleury) ; à Sigean "(trempo) la soupo".
31. Toulouse (id.)
33. A Sigean "la musiquo de Sigea", à Olonzac "lous dous boussuts".
34. nos
voisins (id.)…
36. A Olonzac "las très doutsènos".
44. A Olonzac "las dos quadièiros".
50. A Sigean "lou quintal".
55. A Olonzac "las dos Alzénos", "bitor de fil", "ame soun païré"
66. Perpignan (id.), à Olonzac "las dos coquilhos". – 67 – 68 ;
69 tête-bêche? A Sigean "cap et tioul", à Olonzac "coussi qué lou biré".
70. A Olonzac, "se tampo"
71. A Olonzac "l'annado de la guerro". – 72 – 73 – 74 ;
75. Boum-boum – 76 ;
77. las dos pigassos – 78 – 79 ;
80. A Sigean "(quatre bious) qué pourtaboun un mort, amaï y escapet", à Olonzac "quatre biùsporteroun un mort et maï lou toumberoun".
83. A Olonzac "quatre ventrés, n'eï prou d'un".
88. las dos carbassos (les deux citrouilles) ; à Sigean "las dos carbassetos", à Olonzac "las dos gourdos".
89. la maméto ; à Olonzac "la revouluciù".
90. lou
papéto. A Sigean "lou biel papet", à Olonzac "lou bielh papa".
" Tu vois : je n’avais pas grand-chose à ce
sujet. "
— Mais si papa, d'autant plus que je viens de trouver (déc 2022) sur la revue Folklore, un article de 1939 " ... voici les rimatoires du jeu de loto, à Sigean et à Olonzac, d'après nos délégués, MM Vals et Laurent Mathieu... / ...M. Vals fait suivre sa communication sur Sigean de la remarque suivante : « Ces expressions patoises ne sont, presque toutes, que la traduction d'expressions autrefois employées dans la marine où le loto était fort en honneur »
En remarque de fond, dans le cadre d'une telle communication, l'utilisation de la graphie normalisée serait des plus utile et efficace puisque, en transcrivant, il est difficile de ne pas écrire dans sa version locale, ce qui oblige, par respect de nos locuteurs, à une grande concentration sur pratiquement du mot à mot.