C'est la période qui fait repenser aux lotos au village dans ces années 60-70. En relisant, dans Fleury-d'Aude en Languedoc, les quatre volets qui lui sont consacrés (il suffit de taper "loto d'antan" dans la recherche). Dans le quatrième article, j'ai repris les petits mots qui accompagnent les numéros à Sigean et à Olonzac avant de chercher comment les lotos peuvent s'organiser à présent (je pense que c'était plus simple avant même s'il fallait, comme pour les bals du Fleury Olympique, tricher finement pour faire passer une part des recettes à l'as). Enfin, d'un site à l'autre, une belle page d'Occitanica s'est proposée sur ces tournures en occitan qui rendaient les parties de loto si plaisantes, et sans lesquelles les soirées de "grandes parties" n'auraient pas eu autant d'attrait...
LE LOTO, CHALEUR D’UN TEMPS ÉVANOUI...
Mais qu’est-ce qui a fait qu’après plus de 500 ans d’existence, le loto n’existe pratiquement plus ? Certes, on se prend à penser à ces siècles passés, marqués par les façons de vivre à l’opposé, d’une minorité de privilégiés à côté d’une masse de « gens de peu ». Néanmoins, les gens modestes disposaient de biais pour échapper à la dureté de leur condition et plutôt que de toujours se venger (souvent violemment, la violence représentant une réaction naturelle à l’ignorance, aux superstitions) sur des boucs émissaires (vagabonds, sorcières, alchimistes), heureusement que les occasions de faire ripaille ne manquaient pas en plus des dimanches, une quarantaine de jours chômés dans l’année (le calendrier religieux s’accompagnait de fêtes profanes, de banquets et de danses). De là à imaginer des tablées de joueurs dans les cabarets ou les tavernes plus peuple...
De nos jours, une association loi de 1901 peut organiser jusqu’à six lotos dans l’année mais en répondant à plusieurs impératifs. En premier lieu, il faut que ce soit au profit exclusif d’un groupe sportif, culturel, éducatif ou social sinon de charité et non pour faire des bénéfices.
Ensuite, il ne peut concerner que la population locale, à la rigueur les villages voisins sans qu’une publicité en soit diffusée au-delà... c'est sans compter sur la portée planétaire des réseaux sociaux !). De toute façon, les gros lotos comme ils ont existé au niveau départemental (tel le loto « Étoile » avec des voitures et même une villa à Narbonne-Plage !) ne sont plus réalisables.
De plus, l’offre de cartons ne peut dépasser vingt euros (mais qui empêche qui que ce soit de prendre deux séries de cartons à vint euros ?) ; pour diverses raisons, les lots en argent, en volailles vivantes, en gibier, ne sont pas autorisés (les chèques cadeaux, les bons d’achat le sont, la viande doit être tracée) ; la majorité des lots doit provenir des entreprises locales, des banques, assurances, de la mairie...
En respectant ces conditions un loto peut être organisé (une déclaration en mairie qui souvent mettra un local à disposition, une demande en préfecture peuvent éviter des désagréments). De même, il faut garder la comptabilité de la partie afin de répondre à un éventuel contrôle des Impôts.
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Le hasard du tirage des numéros doit être garanti (est-ce que les jetons avec les numéros gravés le garantissaient ce hasard ?).
Certes tout ce « cahier des charges » et obligations, visant à éviter tout détournement, participe au contrôle toujours plus strict des flux monétaires, l’ensemble des citoyens devant être contraint à cause des tentations qui peuvent vite transformer tout un chacun en margoulin... Alors, plutôt que de se laisser aller à une morosité induite par le corsetage toujours plus serré des libertés, repartons baigner dans l’ambiance chaleureuse des lotos d’un temps évanoui.