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lundi 24 décembre 2018

"... DAVANT LO MONDE ESTABOSIT..." / Noël de Jean Camp.

Source Pixabay
 Déconcerté, abasourdi, stupéfait, stupéfié, étourdi de stupéfaction pour cause de soleil trop puissant par exemple... Sûr qu'au moment du solstice d'hiver, un envoyé divin chargé de treilles, une corne d'abondance de pampres accrochés de grappes pourrait évoquer une hérésie iconoclaste ne relevant plus, et c'est heureux, des affres et terribles châtiments liés à l'Inquisition. Il n'empêche, encore moulé et empreint de la matrice catholique, est-ce pour se faire pardonner une évocation teintée de paganisme, que Jean Camp, iconophile, insiste sur la symbolique de Noël sous l'égide du "Bon Dieu" qu'il a pris soin de nommer dans la langue de la "fille aînée de L’Église", avec force majuscules, comme si "lou bon Diéu" occitan relevait, lui, d'un schisme ou pour le moins d'une proximité manquant de respect...  

"Bèl Nadal, me fas rebastraire
Se lo Bon Dieu m'avia causit
Auriai volgut faire, pecaire,
Davant lo monde estabosit,
De nostre Sénher, un vendemiaire
Se lo Bon Dieu m'avia causit."
Source convertimage
Notes : 
1. "rebastraire" ? Dans le sens de rebâtir, reconstituer, déduire... imaginer ? 
2. Mistral qui, en trop bon chrétien qu'il était, inféodait la langue d'Oc à la très sainte Église catholique relève, conscience professionnelle oblige, dans son Trésor dou Felibrige, à l'entrée "Dèu dans ce juron languedocien Cap de Dèu ! Tête Dieu !

3. Notons la prononciation [ou] de la lettre [o] alors que la pratique de l'occitan lui faisait écrire et prononcer antérieurement [ou], suivant la graphie mistralienne, dans son fameux poème "Lou Doublidaïre" par exemple. Caboujolette / 2008 / François Dedieu.

4. Notons encore qu'on arrivait à conserver des raisins pour Noël : 
 
"... Merci pour les « moissines[1] » (C’est dans le Petit Larousse) mais c’est surtout Joseph et Jean Ferry qui conservaient ainsi les grappes, avec le bout de sarment. Mamé Ernestine suspendait seulement chaque fois deux belles grappes attachées par un fil sur une barre (genre manche à balai) posée sur le dossier de deux chaises, sièges en dehors (il y avait chaque fois deux barres de raisins blancs). Le tout était placé dans la cuisine de mamé Joséphine … et souvent beaucoup de grappes se périssaient, mais enfin nous pouvions goûter quelques raisins longtemps après les vendanges..." 
Caboujolette / 2008 / François Dedieu... (merci à toi surtout, papa...)


[1] Grappe coupée avec son bout de sarment, afin de conserver le raisin dit « de Noël ».

Vendanges Gustave Doré

Ci-dessous, la notice sur Jean Camp dont, indirectement, une biographie intéressante pour être des plus rares et néanmoins fournie. 

http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=59152