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jeudi 23 novembre 2023

L’ESTAQUE, la NERTHE, le ROVE, la CÔTE BLEUE...

Les chaînes de l’Estaque ou de la Nerthe, celle de l’Étoile me sont chères à plus d’un titre. 

Le sens, en gros de cet "effondrement", peut-être une submersion moins brutale (?), en limite des canyons et du Grand Bleu... Ceux qui en furent les témoins sauront me corriger... 
Golfe_du_Lion  the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Source maps for free.com Author Hans Braxmeier

En premier lieu, elles sont d’un Sud qui partage ses entrailles terrestres... Il y a des millions d’années, peut-être cinq sinon vingt, entre les deux, en tout cas bien avant l’émergence des prémices d’humanité, un effondrement titanesque ouvre le Golfe du Lion (des Lygiens, des étangs). La mer, comblant la ria du Rhône jusqu’à Givors (sur 250 km vers le nord en partant de l’embouchure actuelle du Grand Rhône), a tout couvert hormis l’ourlet sud et oriental du Massif-Central. Dans un mouvement inverse combiné à une baisse du niveau marin, au-dessus du comblement par les fleuves, aux plis modestes des garrigues languedociennes orientés SO-NE (Clape, Montpellier, Costières), répondent ceux de Provence (Estaque, Étoile), de même nature, avec des pins, des kermès, une végétation comparable.  

" Je suis né dans la ville d’Aubagne, sous le Garlaban couronné de chèvres, au temps des derniers chevriers... " Sans évoquer son pauvre frère Paul, disparu si tôt, nous sommes déjà chez Pagnol... 
Village du Rove chèvres du troupeau Gouiran 2004 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Auteur Roland Darré

La chaîne de l’Estaque ou de la Nerthe, ou encore du Rove, plus longue de nom que haute de relief, culmine vers 278 mètres seulement, tout à l’Est, entre les autoroutes qui descendent à Marseille. Victime d’incendies, elle a le mérite de sauvegarder la race des chèvres du Rove, du nom du village de la chaîne, plus remarquables par leurs grandes cornes torsadées en forme de lyre que par le manque de pampilles, ces pendeloques de peau au cou. La race a été sauvegardée, localement, son lait permet de fabriquer la brousse du Rove.

Rove, le nom reste lié à un canal étonnant sinon extraordinaire depuis 1926, en tant que plus grand canal souterrain au monde. 7,1 km de long, 15 mètres de haut, 22 de large, un tirant d’eau de 4,50 mètres à l’origine, des “ mensurations ” notables pour relier Marseille au Rhône, le port à l’étang de Berre. Hélas, suite à un éboulement monumental en 1963 (170 m. comblés, un cratère en surface d’une quinzaine de mètres de profondeur), le grand canal est fermé. Depuis, on se renvoie la patate chaude, on se réunit sur une réhabilitation a minima, à savoir l’adduction d’eau de mer vers l’étang afin d’en renouveler la vitalité.

Mais comme nous languissions, par un bel après-midi d’été, de laisser le village ensuqué de chaleur pour être le premier, depuis la garrigue, à montrer le bleu de la mer, en mieux, retrouvons ici la côte rocheuse, la Côte Bleue, telle la parenthèse de fin qui, ouverte avec celle de la Côte Vermeille ferme, de sa rocaille le doré du Golfe du Lion. 

Côte_Bleue_-_Méjean 2009 Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported Auteur Florian Pépellin

L'Estaque_aux_toits_rouges,_par_Paul_Cézanne peint entre 1883 et 1885 Domaine public. Changeant de main aux enchères en 2021
C'est celle-là ! un choc, un jour de divagation curieuse, quand ces teintes, en un éclair, me refirent voir d'un coup, derrière la vigne avec le puits de Villebrun où attendait une eau douteuse, le village de Pissevaches, sur son coteau au-dessus de la mer...  

Dire “ la Côte Bleue ” c’est évoquer une beauté naturelle : en attestent les peintres, nombreux, qui ont tenu à en témoigner, à en capturer la lumière, les couleurs suivant le moment, toujours à jouer entre l’instant fugace et l’effort patient nécessaire pour en fixer l’impression sur la toile. Passons, puisque, n’y entendant rien, je me contente d’apprécier les accords orangés et verts de Cézanne, retrouvés même sur les contreforts de la Clape donnant sur notre plage familiale à Saint-Pierre-la-Mer, ses bleus qui toujours nous font fondre, à hauteur de Pissevaches. 

Côte_Bleue le train entre Niolon et la Redonne 2023 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International, 3.0 Unported, 2.5 Generic, 2.0 Generic and 1.0 Generic license Author Benjamin Smith

Dire “ la Côte Bleue ”, c’est évoquer une ligne de chemin de fer particulière, seule, à moins d’avancer pedibus, à offrir des points de vue uniques sur la portion finale qui aboutit à L’Estaque, déjà au port de Marseille. À pied ou du train, des viaducs et ouvrages d’art, des forts militaires, des petits ports cachés, des sites de plongée du plus haut ou jusqu’à un plus profond rappelant Jacques Mayol, héros du Grand Bleu... À ce que la nature propose de caps, calanques, anses, madragues, sentiers des douaniers, grotte préhistorique, à la beauté renouvelée du paysage s’allie le plaisir de découvrir. Pour les plus passifs, les stations balnéaires de Sausset-les-Pins, Carry-le-Rouet connues pour leurs oursinades de janvier-février (Fernandel, à lui seul, en mangeait une cagette entière... toujours à Carry ; dernièrement, un reportage télé a montré une bande d’amis amateurs de palourdes pêchées à un mètre de fond dans une crique... ). 

lundi 21 décembre 2020

BERGERS & MOUTONS, transhumance des PYRÉNÉES.


Photo de Régis Esteban parue sur "Pays d'Aude et autres curiosités audoises".

" Torrès Pierre ? 

- Présent. 

-Torrès Patrice ? 

- Présent. " !

Les nouveaux ravivent toujours la curiosité des habitués. Collège Victor-Hugo (non répertorié, entre parenthèses, dans les monuments ayant quelque intérêt à Narbonne), lycée-caserne au milieu des années 60. On se presse autour d'eux. Ils se présentent : un bel accent rocailleux leur fait rouler les "R" comme exprès réitérés dans leurs noms et prénoms. Le père est berger ou éleveur, ils sont Andorrans... Encore des lettRes "R" !

Tout bienvenus qu'ils sont, que font-ils là ? Sauf que la curiosité est primaire par rapport à l'intérêt que l'on peut porter à l'autre... et je ne devais guère me démarquer... Peut-être en gagnant leur amitié mais nous n'étions pas du même âge et dans le parcours scolaire, les divisions cloisonnent. Alors il faut les belles photos de Régis, prises exactement là où ça s'est passé, pour enclencher ma machine à remonter le temps. 

Appelons-le Marcel (j'en connus un, vieux garçon et fermier avec ses parents sur les hauteurs de Villefranche-de-Conflent), il pratique la transhumance descendante entre Porté-Puymorens, presque l'Andorre... et l'Aude. Il a 45 ans. Au printemps et en été il est à Porté où il possède 20 hectares dont 19 de pâturages et de prairies à foin, le dernier étant réservé aux pommes-de-terre. A l'automne, depuis des années, il pratique la transhumance descendante à Lézignan-Corbières où il a une maison et une bergerie neuve de 600 m2. En train via Toulouse, outre ses 700 bêtes, il peut emmener dix tonnes d'aliments (foin, céréales) ainsi que son déménagement. 

"Plaine de Caumont, Lézignan-Corbières / Photo Régis Esteban parue sur "Pays d'Aude et autres curiosités audoises".

S'il laisse les brebis en pension, comme il le fit en 1963 à Capestang, il doit laisser en paiement environ 80 % des agneaux nés. 

De 1964 à 1967 ses bêtes ont été réparties en six troupeaux dont cinq confiés à des bergers salariés. 
Depuis l'hiver 68-69, les bergers étant rares et chers, il a réduit son nombre de têtes ainsi que le nombre de lieux d'hivernage. Ses trois troupeaux paissent en hiver à Lézignan (220 brebis), à Conilhac (180 brebis) et plus loin à Fonjoucouse (200 bêtes). Il emploie un pâtre espagnol qu'il connait de longtemps et un berger saisonnier, lui-même menant son troupeau (celui de Lézignan on suppose). En hiver les moutons paissent dans les vignes et les champs, au printemps dans la garrigue et les friches. 

En 1971 une grève de la SNCF a bloqué le retour de Marcel à Porté. Depuis Carcassonne, le transport avec son camion lui prit deux jours (sûrement en plusieurs navettes).  

Sans parler des échanges ancestraux avec l'Espagne, l'existence du Pays-Quint en est emblématique, une histoire encore tiède, bien que plus ancienne que celle de Marcel, fait état de la transhumance, à pied, des troupeaux andorrans... Torrès Pierre, Torrès Patrice, je ne vous oublie pas. 

Source principale :   "Situation récente de la transhumance ovine dans les Pyrénées françaises par Gisbert Rinschede, maître assistant de Géographie à l'Université de Münster. traduction de l'allemand par Mme C. Péchoux à partir du manuscrit de l'auteur "Die Transhumance in den französischen Pyrenäen". 

 https://www.persee.fr/doc/rgpso_0035-3221_1977_num_48_4_3523

addendum : à propos de la flore de la Clape, un correspondant a noté "Dépêche toi l'an dernier les moutons ont bouffé tout un tas d'espèces protégées au Rec."

Un grand merci à Régis Esteban qui a très aimablement mis les photos à disposition.  


mardi 2 juin 2020

UN JOUR, UN LIVRE / La Billebaude Henri Vincenot.

"... L'alezane encensait au mitan de la sommière..."


La phrase ne saurait être plus claire mais n'allez pas croire que Vincenot a écrit sa Billebaude en pédant d'un monde rustique. Au contraire, toujours aussi clairement écrite est la louange prémonitoire (1978) à la nature. Si près d'un demi-siècle après, notre perception de la chasse a évolué, le respect prôné pour les arbres, les abeilles, a quant à lui pris une acuité singulière.


Henri Vincenot est aussi l'homme du chemin de fer. Il a longtemps écrit à la Vie du Rail. Ses reportages dans la France entière et, nous concernant, sur la ligne des étangs Narbonne-Perpignan ou plus originalement encore entre Montpellier et Toulouse par Saint-Pons-de-Thomières, ne peuvent que donner des regrets à l'heure du tout TGV, de l'abandon, après les petites lignes, de tant de transversales et par ailleurs du fret pour toujours davantage de pollution routière.


L'anthropocène ce mot crée à la fin du vingtième siècle atteste de l'impact des activités humaines sur la planète or il fut un temps où l'homme, et Henri Vincenot en était, intégré à la nature n'en compromettait pas l'avenir. Dans cette perspective, en considérant la normalité d'hier devenue une mise en garde impérative, le passé ne doit-il pas compter pour le futur ? 

lundi 1 avril 2019

ÉCHOS DE FLEURY : LE PETIT TRAIN / fleury d'Aude en Languedoc.

Fleury d’Aude, le 4 mars 1995. 

„... J’ai étrenné mes bottillons pour aller à l’inauguration officielle d’une exposition à la Maison Vigneronne sur „Les tramways de l’Aude“ : il s’agit des anciens „Petits trains“. Il y a entre autres la photo de la gare de Fleury, de celle de Salles (elle se trouvait à l’endroit des „Bains-douches“) et de toutes ces petites gares de l’Aude aujourd’hui disparues. Je me souviens avoir pris ce train une fois avec ma mère : nous allions à Pézenas et avons pris le train à Fleury (les horaires sont affichés) pour Salles, Le Pontil, le Pech-Céleyran, Céleyran, tournant au fond de la grande vigne, direction saint-Félix, Vinassan, quelques arrêts encore puis Narbonne (la gare du „petit train“ se trouvait juste à droite en regardant la grande gare, face au „café d’Alsace“). Comme la vitesse était de 20 km/h on mettait 50 bonnes minutes de Fleury à Narbonne. Il nous fallut alors changer de train : direction Béziers, trajet beaucoup plus rapide, même en omnibus ; enfin, nouveau changement, et 3ème train, cette fois jusqu’à Pézenas : toute une expédition, comme tu vois. Je devais avoir six ans (1928 NDLR), la ligne Fleury-Narbonne ayant été supprimée, je crois, en 1929...“ (1)




 En 1898 M. Bardol est concessionnaire de la ligne des Tramways à Vapeur de l’Aude.
Dans les onze lignes réalisées en 1901, celle d’Ouveillan à Fleury par Narbonne, ouverte en 1905.

Dans les années trente, le train assure deux (ou trois ?) allers et retours par jour mais  la concurrence de la route et des voitures automobiles lui est fatale. Retour des choses puisque, à l’origine, c’est le „petit train“ qui  fit du tort aux diligences et autres omnibus hippomobiles. Les lignes fermeront en 1932; les tramways de l’Aude seront vendus à la Yougoslavie. (2) 






Le réseau des Tramways à Vapeur de l’Aude à voie métrique : 352 km en tout avec quelques kilomètres dans l’Hérault.

La ligne Narbonne-Fleury parcourt 16 kilomètres. La gabarit est de 2,20 m de large et 3,50 m de hauteur. La gare de Fleury se trouvait à l’emplacement actuel de la Cave Coopérative „La Vendémiaire“. Lou trin passait devant le four à chaux avant de passer son premier pont à Salles, sur le Rec Grimal, juste avant la gare. (3)  





Photos : 1, 3,4 : la gare à Fleury. 
5 : la gare à Salles.

Sources et photographies : 
(1) Correspondance François Dedieu.

(2) le livre du canton de Coursan / opération Vilatges al pais / 2005.

(3) De Pérignan à Fleury / Les Chroniques Pérignanaises / 2009.