Ce n'est pas dans mes gênes d'être “ hors saison ”. Ce ne sera donc qu'un exercice technique lié à l'obligation, en vue d'une possible publication, de ne pouvoir reprendre le contenu d'une émission radio avec les propos de Joseph Delteil (1894-1978), auteur aux écrits protégés au profit d'ayant droits. Il faudrait aussi la permission de la radio... soit autant de difficultés ignorées lors de la publication initiale.
reprise de l'article du 22 décembre 2015.
Petit pays d'un petit pays, non loin de Carcassonne (1), le Val-de-Dagne (2) se niche à l'est des Corbières Nord-occidentales (voir les articles sur les Corbières) qui s'abaissent comme pour enfin laisser passer le fleuve Aude vers son destin, la mer. Ce val correspond au cours du Sou, un affluent de l'Orbieu au bassin fermé au Sud et à l'Ouest par les hauteurs justement, des Corbières.
![]() |
Villar_en_Val 2019 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Jcb-caz-11 |
Joseph Delteil est né en amont de cette petite vallée, commune de Villar-en-Val, à la ferme de Pradeille, au lieu-dit Borie de Guillaman (ou Guillamau) ; son père bouscassier tira du charbon de bois de quoi acheter une petite vigne à Pieusse, de l'autre côté des six-cents mètres qui empêchent l'Aude, dans le terroir de la blanquette de Limoux, finalement à deux pas seulement, à moins de vingt kilomètres à vol d'oiseau de Villar. Delteil n'a que quatre ans. Revendiquant son “ patois ” au titre de langue maternelle, il dira de ce changement « où le paysage s’élargit, où l’on passe de la forêt au soleil, de l’occitan au français. ».
Alors, cette émission, qui malgré l'amandier en fleur, les premières asperges sauvages et enfin ce soleil que le dérèglement climatique nous plaint désormais, ramène à la magie de Noël (l'article date du 22 décembre 2015). 1970 : Delteil raconte à Frédéric Jacques Temple (1921-2020) ses Noëls à Pieusse.
![]() |
Joseph_Delteil 1925 (Agence_Rol) Domaine public Photographe inconnu. |
En dehors de la messe de minuit et du petit réveillon, ce qui la marquait était avant tout la bûche soigneusement choisie par le père afin qu'elle brûlât huit jours dans l'âtre, du 25 décembre au premier janvier. Delteil possède pourtant cette magie de Noël parce qu'il s'est approprié les Noëls racontés par les parents. En Ariège, du côté de Montségur, ils n'étaient qu'une lanterne parmi toutes celles qui descendaient à la messe (3). Pour lui, à travers « papa et maman », c'est comme s'il l'avait vu ce tableau nocturne, en personne.
Étonnant, émouvant aussi ce point de vue d'écrivain, tendant, en tant que transmetteur, à faire sien un passé familial, de lignée, un fil rouge transgénérationnel à faire passer, décrit comme vécu.
Laissant entendre que la religion formait le liant d'une magie de Noël rattachée à des rites ancestraux, Delteil précise que le père se devait de faire la prière avant le réveillon. Il poursuit avec le modeste menu qu'il tient à perpétuer comme témoin d'une continuité, de père en père sinon de plus loin encore, comme pour contester le temps imparti à chaque individu.
![]() |
Baccalà_e_pomodoro 2011 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Author Italy Chronicles Photos |
Ils ne pliaient pas la table, des fois que le petit Jésus passerait par là...
(1) on apprend ce matin (16 février 2025) que demande a été faite afin que les forteresses de Carcassonne soient classées au patrimoine mondial de l'Unesco. L'info prête pour le moins à confusion, la Cité de Carcassonne, visitée chaque année par des millions de personnes figurant dans ce classement depuis 1997. Après avoir donné suite, il s'agit des châteaux “ de la frontière ” (d'Aragon), appelés familièrement “ les fils de Carcassonne ” (Termes, Aguilar, Quéribus, Peyrepertuse, Puilaurens (voir à ce propos, le commentaire calamiteux de l'émission « Des Racines et... » amalgamant avec Puilaurens du Tarn qui plus est avec cet accent pointu ajoutant le prénom “ -laurent ” à la confusion... Quand je le dis qu'avec les barons du Nord, rien n'est enterré...).
(2) La majorité des villages (Pradelles, Fajac, Arquette, Serviès, Rieux, Villar, Labastide, Caunettes) porte le suffixe-en-Val. En 2019 les communes de Montlaur et de Pradelles se sont regroupées sous l'appellation « Val-de-Dagne »
(3) comme décrit par Daudet dans « Les Trois Messes Basses ».
(4) de ce tomata en bocaux, stérilisé l'été pour durer l'année.
(5) le toupin, en languedocien, le pot en grès ou en terre mijotant souvent de longues heures, à la limite du cercle de chaleur autour du feu / le mot est aussi employé en Suisse.