Affichage des articles dont le libellé est Nissa d'Ausseruno. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Nissa d'Ausseruno. Afficher tous les articles

mercredi 31 mars 2021

SAINT-SATURNIN, l'église de Nissan / par le site "Nissan Lez Ensérune".


  TOUTES LES PHOTOS SONT AUSSI SIGNÉES "Nissan Les Ensérune". Merci de le signaler lors d'un partage éventuel !

Nissan Lez Ensérune

L'église SAINT-SATURNIN
L'église SAINT-SATURNIN de NISSAN lez ENSÉRUNE est classée Monument Historique depuis le 16 février 1965 et a été construite aux XIIIème et XIVème siècles. C’est un magnifique et imposant bâtiment d’architecture gothique méridionale qui domine le village. Son édification qui a abouti à son aspect actuel s’est étalée sur plusieurs siècles.
À l’origine, c’est l’ancienne église (mentionnée pour la première fois en 1099 dans une bulle du pape Urbain II) d'un prieuré relevant de l'abbaye de Psalmodie dans le Gard. Quelques vestiges de ce prieuré sont encore visibles dans la cour du presbytère à l'ouest de l'édifice. Le tombeau des Prieurs est situé dans le chœur de l'édifice, vers le nord, sous une pierre du dallage gravée d'une croix.
La partie la plus ancienne est la nef à quatre travées construite au XIIIe siècle, le reste date du XIVe siècle, notamment le clocher. Une chapelle a été ajoutée au XVIIe siècle. La voûte qui précède cette chapelle porte la trace des symboles des quatre Évangélistes, en partie effacés.
Grâce à l’abbé Joseph GIRY arrivé à NISSAN en 1949, elle abrite des œuvres d'art, parmi lesquelles les fonts baptismaux, une table d'autel wisigothique et une table d'autel carolingienne à lobes.
Sur le mur sud-est du transept, est préservée la fresque du Couronnement de la Vierge avec des anges musiciens (XIVe siècle).
Dans le mur Sud, les vitraux datent du XVIIe siècle et proviennent de l’église de la Madeleine à Béziers, où ils avaient été remplacés par des verrières simili-romanes. Ces trois rosaces ont été ouvertes à la fin du XIXe siècle et ont permis de rendre l’église moins sombre.
Le bénitier est en marbre de Caunes.
Le Christ, espagnol, planté sur une croix en T date du XIVe siècle.
Dans la chapelle dédiée à la Vierge s’y trouve la pièce maîtresse : la statue de la Vierge, datée du XIVe siècle et classée Monument Historique en 1951. Elle était à l’origine dans la chapelle Notre-Dame de Miséricorde.
Au centre, il y a un lustre assez particulier : c’est une crémaillère espagnole, en fer forgé, que Marcel DELOUPY avait modifiée pour en faire un éclairage.
La tribune a été ajoutée en 1872 et est contemporaine de l’agrandissement de l’église vers l’ouest et de certaines chapelles latérales.
Au-dessus, se trouve l'orgue construit en 1834 et classé Monument Historique.
La grille en fer forgé, qui isole du reste de l’église le lieu d’initiation qu’est le baptême, provient du château de CABANES près de COURNIOU. Les grilles latérales ont été trouvées par l’abbé GIRY chez un chiffonnier. Elles proviennent du palais Masséna à NICE. La grille est timbrée, au centre du fronton, des deux L entrelacés et opposés, chiffre (monogramme) de LOUIS XIV qui date cette grille du XVIIe siècle. Au-dessus, un petit motif a été ajouté pour donner une fonction religieuse à cet ensemble : c’est une colombe, symbole du Saint-Esprit, qui plane sur les lieux.
Quant au sol, il est fait de revêtements de cuve à vin : tuiles faïencées du XVIIe siècle rapportées de COURNONTERRAL par l’Abbé GIRY en deux voyages avec sa 2CV chargée à ras bord… « et j’ai voulu dessiner au sol, avec ces panneaux brillants, qui sont en conformité avec le miroitement de l’eau (l’eau du baptême) la croix grecque, croix à branches égales, qui est une croix non de mort, mais de résurrection ».
Le clocher, importante tour carrée surmontée d'une flèche pyramidale en pierre, a été quant à lui construit au XVIIe siècle.
Et les cloches ?
Actuellement dans le clocher de l’église deux cloches sont datées du XIXe siècle : la cloche gros bourdon qui porte la date de 1872 et la cloche Maxime CUQ de 1816. Une autre est plus ancienne : 1714.
Une autre fut placée en 1792 sur la tour du beffroi communal. Elle est datée de 1492. Cette cloche, où figure la plus ancienne représentation connue des armes de Nissan, a été classée Monument Historique le 30 novembre 1912. Elle a été descendue de la tour en mai 2007 pour réparations. Elle se trouve maintenant dans le local d’Initiatives Nissanaises. Elle a été remplacée en 2009.
La municipalité a financé des réparations afin de préserver et de mettre en valeur ce magnifique patrimoine. Ceci fera l'objet d'une prochaine publication.
Sources :
- Église Saint-Saturnin de NISSAN-lez-ENSÉRUNE, sa Foi et son Passé par l’abbé J. GIRY
- Histoire de Nissan de la Révolution à l’aube du XXe siècle (2ème partie) par Claude VAYSSIERE
 
Merci de partager cette publication pour faire connaître notre patrimoine si intéressant !
 
Photos "Nissan Lez Ensérune" 












jeudi 18 mars 2021

"NISSA d'AUSSERUNA", NISSAN-lez-ENSERUNE (1)... nos voisins Nissanots

Nissa d'Ausseruno, pour nos voisins Nissanots, quel joli nom de village mais même Nissan-lez-Ensérune, en français, ça en jette ! Le territoire communal en touche dix autres par, hors Poilhes, Montady et Colombiers, un quintipoint (Capestang, Montels, Cuxac-d'Aude, Coursan, Nissan) et, au sud-est, un quadripoint (Lespignan, Fleury, Salles, Nissan) ! 

Nissan lez Ensérune / Moulin / wikimedia commons / Author Toutaitanous / N'est-ce pas le moulin de Maître Cornille ? Parce qu'on dit que certaines meules broyaient aussi du calcaire pour obtenir de la chaux ensuite... il n'y avait pas qu'un produit aussi noble que le blé à moudre...
 
 

Entre Orb et Aude, un village "niché dans un terroir de collines tertiaires" (les rédacteurs de Wikipedia font parfois preuve d'un joli lyrisme). Au nord, avec le site remarquable d'Ensérune, elles affichent entre 5 et 22 millions d'années (miocène) ; au sud, c'est entre 23 et 34 millions d'années (oligocène) qu'une argile rouge s'est formée pour les potiers et tuiliers, encore au XIXe (1). Il y avait bien une bergerie en montant au four à chaux, par le raccourci pour Salles-d'Aude, mais je vous parle d'un temps... existe-t-elle encore alors que de nos jours, à la place des moutons qui ne les mangent plus, ce sont des troupeaux de pins qui ont envahi les collines ? 

La colline d'Ensérune. Elle n'a de romain que son appellation d'oppidum ; venus avant, les Celtes disaient "dunon"... et on ne peut que se poser la question pour les influences antérieures, hellènes, ibères, ligures... La conquête romaine clôt donc la controverse de façon insatisfaisante en mettant fin à la civilisation des "oppidums-oppida", un siècle avant notre ère environ (2). Tout comme celles de Pech Maho (Sigean), Montlaurès (Narbonne), La Moulinasse (Salles-d'Aude), cette position défensive offrait aux Elysiques une protection relative contre des assaillants. 

En haut, dominant la plaine et l’Étang de Capestang, des silos en nombre, pour des réserves ou de l'eau, creusés dans la pierre tendre ; des tessons de poteries, des vases, des armes, des pièces de monnaies ; les vestiges d'une cité gréco-ibérique rappelant celles de la côte catalane. Parmi les archéologues l'abbé Louis Sigal (1877 Narbonne - 1945 Cuxac-d'Aude) qui a notamment contribué aux recherches dans sa ville natale, a noté "l'emprise politique, économique, intellectuelle des pays ibériques" sur l'acropole languedocienne de Nissan. 

Sur cent-cinquante ans, le site est marqué par la quête aussi passionnée qu'altruiste de trois abbés, Alexandre Giniès, curé de Montady, qui fouille entre 1843 et 1860, Louis Sigal déjà cité et plus proche de nous, Joseph Giry (Nissan 1905 - Béziers 2002).

Grand comme un seconde ligne au rugby, l'abbé Giry, inlassable archéologue, spéléologue, écrivain, n'arrêtait pas de sillonner la région au volant de sa 2 chevaux. Son enthousiasme le poussait même à faire le guide pour une visite inoubliable du site (relevé par Le Routard) ! On le connait plus pour sa protection totalement désintéressée du patrimoine qu'en tant que chanoine de la cathédrale Saint Nazaire. C'est lui qui acheta puis donna à l’État  les ruines de la villa romaine Vivios à Lespignan, lui encore, qui acquit auprès de onze propriétaires différents, les ruines de l'abbaye romane de Fontcaude pour la restaurer, la doter de grandes orgues avant de passer le relais aux "Amis de Fontcaude". L'église Saint-Saturnin  lui doit aussi beaucoup pour les œuvres d'art et encore de grandes orgues aussi historiques que remarquables. 

Nissan-lez-Enserune église St-Saturnin wikimedia commons Author Fagairolles 34

Lui succédant au fauteuil 15 de l'Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, Jean Billiémaz pointa dans l'éloge à l'abbé Giry : 

"...vers la connaissance de l’Homme, l’Homme dans la vie d’hier et d’aujourd’hui, l’Homme dans sa vie familiale, sociale, dans la cité, l’Homme dans les objets, les ruines datant des différentes civilisations et cultures, que le Languedoc a vu défiler..." 

 (Jean Billiémaz, discours de réception à la succession de l'abbé Giry / fauteuil 15 / 27 mars 2006).

(1) la mairie récupère les tuiles hors d'usage pour la réfection des chemins communaux...  

(2) Extrait de l'article " Des pistes pour la partie enterrée du dernier affluent." avril 2019 : "... Devons-nous toujours rester conditionnés par un cheminement culturel contraint et limité aux racines romaines et grecques ? Il n’y avait donc personne avant les Hellènes et les Latins ? Pour quelles mauvaises raisons l’évocation des Elisyques, ce peuple des oppida dit "petit" (doxa partiale oblige) dont l‘existence a pourtant perduré du Premier Âge du Fer à la conquête romaine (4), ne reste-t-elle que confidentielle ? Ils étaient pourtant à Sigean (Pech Maho), à Peyriac-de-Mer (Le Moulin), à l’oppidum de Montlaurès (Narbonne, ville importante, riche et brillante bien avant la conquête des légions !), à celui d'Ensérune (Nissan) et au site de la Moulinasse, pas plus loin que Salles-d’Aude !..."