Photo en date du 7 décembre 2024, de mon ami Armand, vivant dans le sud de Mayotte |
«... Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux ;
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux,
Et des femmes dont l’œil par sa franchise étonne... »
« Parfum exotique », Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire, 1868
Si, pour avoir souvent croisé le père de famille revenant à pied de sa journée au champ souvent lointain, lourdement chargé de ce qu'il a récolté pour nourrir sa nombreuse famille, qui plus est, soit dit entre nous, d'une humanité remarquable, prenant le temps de poser tout son bagage à terre pour s'enquérir de ma santé et celle de ma famille, il faut bannir le côté paresseux malheureusement évoqué par Baudelaire, tout le reste résume admirablement le sentiment suscité par Mayotte, daterait-il de trente années en arrière et pour le poète des « Fleurs du Mal », de plus d'un siècle et demi... D'ailleurs, notons la contradiction exprimée : le corps mince et vigoureux des hommes atteste de leur attitude volontaire et responsable...
À moins que je ne fasse erreur dans mon interprétation à cause d'un mot malheureux, souvent lapidaire dans la bouche de gens mal disposés. Désolé de ne plus me fonder aux explications de textes pré-baccalauréat mais l'auteur peut parfaitement justifier son « île paresseuse » s'il se réfère à l'échelle géologique du temps, voyant une île tropicale volcanique s'affaisser petit à petit avec la création d'un lagon précurseur à terme de la création d'un atoll, comme aux Glorieuses. Va pour l'île « paresseuse » de ses millions d'années de lente évolution toujours en cours...
Oui, il y a trente ans en arrière (à présent, les pères nourriciers sont motorisés, les femmes souvent libres, autonomes et le commerce, moyennant espèces sonnantes, apporte bien des commodités), comme aujourd'hui, les photos d'Armand en attestent, Mayotte, du moins « en brousse », à la campagne, hors la jungle des bidonvilles agglutinés à la capitale et Petite-Terre, garde beaucoup d'un paradis perdu avec dès l'atterrissage (bien que devant le dire aujourd'hui, au passé) l'étonnant regard direct et souriant des femmes sur la barge entre les îles.