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mercredi 3 septembre 2025

Carte postale de Mayotte 4.

Chiconi, le 2 novembre 1997.  

[...] 22 heures, 25 degrés passés. 

Voilà une semaine que « Les Forbans du Kalayaan » restent encalminés page 23, pourtant les ouvrages d'autres auteurs devraient apporter du flux vu qu'ils ne peuvent qu'apporter du souffle aux écrits personnels : j'ai emprunté un guide « Madagascar » ainsi que « Karanas et Banyans » sur les communautés indiennes commerçantes à Mada. Il faut les rendre le 6 et je n'en ai pas lu la moitié... j'aurais dû différer la lecture de « Mayotte » de Guy Fontaine avec, en exergue, un point de vue, d'après moi, des plus justes : 

« Expliquer des peuples étrangers chez qui l'on a vécu et que l'on a aimés, c'est inévitablement s'expliquer soi-même. Il y a dans l'analyse de telles relations, même lorsqu'elles gardent un caractère scientifique, la révélation d'une aventure personnelle. » Georges Balandier (1). Afrique ambiguë Plon 1957.  

(1) Georges Balandier (1920 - 2016) ethnologue, sociologue, codéfinisseur avec Alfred Sauvy du concept de « tiers monde ».  

En attendant la suite, je vous adresse les pages 17 à 20 de ma chronique madécasse. 

22 h 40. cette année la pluie des mangues a particulièrement réjoui le cœur des îliens. L'eau du ciel est la bienvenue en cette période de restrictions. Elle ne l'est pas qu'à ce titre, les agriculteurs l'accompagnent, les vallons se mitent de nombreux lopins défrichés et plantés. 

Ylang ylang Cananga_odorata 2012 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Prenn

Frangipanier Plumeria,November_2013 Domaine Public Author Bernard Spragg

Ce matin je cherchais des mangues, même de celles déjà entamées par les roussettes, les meilleures. Sur le versant de la baie et tout le bassin du Coconi fumaient des nombreux brûlis. Pas de fruits mais des fleurs d'ylang pour mes envois aux neveux PF et Laeti. En rentrant j'ai complété ma cueillette avec du frangipanier, trop pulpeux, lui, pour un envoi.  

Un bolet qui peut devenir énorme autour de trente kilos. 

Encore au volet gastronomique, rien au pied des orgueils de Chine (2) alors qu'il y a une quinzaine, en balade sur la pointe de Rassi Mounyendré (Bandrélé) pourtant exposée à l'alizé desséchant, dans la forêt claire marquant la côte est, de magnifiques bolets étaient fortuitement sortis (“ parapluie des djins ”, « mavuli lulu » en kibushi), l'occasion de beignets tranchés dans les plus gros chapeaux ainsi qu'une poêlée de persillade. 

Scylla_serrata 2012 under the Creative Commons Attribution 4.0 International license. Author Vsevolod Rudyi

Hier nous avions nos derniers crabes de mangrove avec un aïoli spécial Gilbert, nos derniers parce que la pêche est interdite d'octobre à mars pour cause de reproduction... Ne nous verbalisez pas, les nôtres étaient congelés depuis belle lurette. 

Je n'ai pas encore pris le billet, les vacances de Noël débutent le 20 décembre pour trois semaines, la classe reprendra en plein ramadan. 

23 h 25. En dépit des moustiques, de la moiteur du papier, du temps toujours trop long que ça me prend, j'ai l'impression d'en avoir avancé plus vite que d'habitude. 

23 h 45. Zut je rêvasse, moins productif que je suis. Avec une pensée pour les parterres de chrysanthèmes et ceux qui nous ont quittés... 

« ...Maman est en haut, qui fait son loto, 
Papa qui en bas, écrit à Jean-François, 
Fais dodo... » 

J'y vais. 

Votre fils, JF. 

PS : papa envoie stp le texte de Camps, n'ei doublidat la mitat, macarel ! je parle du « Doublidaire », bien sûr ! 

(2) une variété de bolet pantropical phlebopus marginatus (Australie, Nouvelle-Zélande, Asie du Sud-est, Amérique du Sud associé entre autres arbres, au manguier
 

mardi 10 septembre 2024

MAYOTTE. BRÛLIS ou feu CRIMINEL ?

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La détresse de qui est touché par une catastrophe, ici mon copain de 30 ans, Antoine, anéanti par un incendie qui a ravagé sa plantation. 

Les cocotiers, jacquiers, corossol, 150 pieds d'agrumes (orangers, citronniers), papayers, avocatiers, ananas, jeunes manguiers de culture (dont des José), les bananiers, le manioc... Le banga pour le voulé du week-end au chamba (le barbecue au champ), la structure du bungalow à venir, tout est parti en fumée... les manguiers allaient donner, les ananas étaient en fleur... tout un travail depuis 5-6 ans anéanti... 

Au delà des quelques pu-naise ou pu-tain qui n'entachent pas une réaction toujours digne, si nous pleurons avec lui, loin de toucher seulement sa personne, cette destruction touche tout Mayotte puisque les efforts pour s'en sortir, moins importer, sont balayés. 

Le drame est-il lié à la culture sur brûlis si banale encore à Madagascar et du cercle vicieux de la pauvreté ? Est-ce lié à la solution de facilité ? À Mayotte, outre le fait qu'elle n'apporte pas grand chose, c'est interdit, déjà pour le risque de propagation. La majorité des campagnards l'a compris : ils nettoient leurs champs et parcelles, plusieurs fois par an... 

Outre l'apport à la subsistance quotidienne, ajouté aux vols dus à une surpopulation étrangère, ce genre d'accident ne peut que décourager les initiatives de ceux qui se lancent pour fournir et participer à la vie de l'île. 

Aussi grave est le rapport aux espaces non construits ; suite aux défrichages sauvages d'immigrés qui se comportent en terre conquise, la forêt a déjà fortement régressé... personne n'est sans savoir que la disponibilité de l'eau est liée à cette réalité (l'eau reste coupée un jour sur trois). 

L'incendie pourrait être aussi le fait d'une jalousie, d'une vengeance... Une plainte en gendarmerie a été déposée, une enquête est en cours. 

Plusieurs fois, Antoine m'a invité à voir son champ, ce fut chaque fois partie remise mais ce n'est pas pour autant que ce drame touche moins. Courage mon ami... il faut garder espoir.