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mercredi 29 octobre 2025

Écrits croisés, 27 oct. 1997.

 « Fleury-d'Aude, lundi 27 octobre 1997

Bien cher fils, 

Une nouvelle semaine commence avec l'heure d'hiver et la fraîcheur matinale, mais les journées sont très ensoleillées, agréables. Hier même, les voisins à la mer se sont baignés serait-ce vite fait, l'eau étant à 18 degrés. Leur fils, poids-lourd entre Perpignan et l'Espagne, qui dort souvent dans le camion, les rejoint chaque semaine. 

Stamp_of_Anjouan -1900 -1929 Colnect_215579_-_Trype_Groupe Domaine Public Author Post of Anjouan
 

Hier, comme d'habitude, j'ai regardé le télétexte, une dépêche était titrée d'Anjouan : 

« ANJOUAN - REFERENDUM SUR L'INDEPENDANCE. 
Les habitants de l'île d'Anjouan, dans l'archipel des Comores, ont voté dimanche massivement par référendum pour se prononcer pour ou contre l'indépendance. 
Ce référendum, dont le résultat sera connu lundi, est désapprouvé par l'OUA et critiqué par des dirigeants séparatistes, car il fait peser des risques sérieux sur l'avenir de l'île. 
Le “ oui ” à l'indépendance devrait l'emporter, et l'OUA (Organisation de l'Unité Africaine) a annoncé qu'elle considérerait “ nuls et non avenus ” les résultats du référendum. » 26. 10. 97 16 h 36 JB/CJ

Mardi 28 octobre, huit heures. 
Je dois te signaler l'accident dont a été victime notre cousin Jackie Andrieu sur la route de Gruissan. En camion, il revenait de s'approvisionner en fruits et légumes et a subi une collision : devant enfoncé, la portière s'est ouverte et il a été heureusement éjecté. Il a eu des dents arrachées, une clavicule, une ou plusieurs côtes brisées, les deux pieds brûlés. Germaine qui attendait le car pour aller voir “ l'oncle Ernest fatigué ” m'a dit que ça allait mieux mais que le pied met longtemps à guérir, le docteur parle d'une greffe si les chairs ne remontent pas. 

Comme tu vois, mes nouvelles ne sont pas gaies mais nous approchons de la Toussaint. J'ai sous les yeux ma leçon de morale de novembre 1933 (j'avais onze ans, c'était avec monsieur Teisseire [pas de “ y ” disait-il) : « Pensons aux morts. A l'occasion de la Toussaint, souvenons-nous que notre génération doit tout au long travail des générations successives qui nous ont précédés. le souvenir des morts est un culte sacré. » C'est par ces quelques lignes de “ morale ” que nous commencions ce mercredi 15 novembre, curieusement bien en retard sur ce jour particulier. 

Je continue mes petits travaux... à suivre donc surtout que Milou se demande pourquoi sa promenade tarde tant. Je vais le satisfaire. 

Gouffre_de_l'Œil_Doux 2016 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license Auteur François de Dijon.

17 h 30. Il fait un peu frais, avec une petite averse. Vendredi dernier nous avons regardé « Le Garçon d'Orage » avec l'Œil doux plusieurs fois mais sans distinguer Olivier, peut-être en vert et de trois-quarts dos. C'est agréable mais loin de constituer un chef-d'œuvre. 

Nos petits-fils déménagent deux éléments de la cuisine en pin. Partis à 14 h, ils devaient rendre le camion à Hyères, à 19 h au plus tard. 

Gros baisers de nous tous. le bonjour à Gilbert. 
Papa François, maman Jirina (mentions manuscrites).  

mardi 28 octobre 2025

L'EXPRESS 97 sur MAYOTTE (1)

Envoi de mon père depuis la métropole, un article de Michèle Georges dans L'Express en date du 21 août 1997, (de ma part seulement un condensé subjectif commenté entre parenthèses). 

« Mayotte : « Nous voulons être comme la Lozère »

« Ils ont choisi la France dès 1976 » (Ils veulent être département, ce qu'ils demandent au moins depuis 1958) ; la révolte des séparatistes d'Anjouan jusqu'à brandir le drapeau tricolore, conforte les « 130.000 » Mahorais dans cette demande 

(difficile de se baser sur les chiffres de l'INSEE aux ordres, le nombre des Français de l'île serait aujourd'hui plus que doublé sauf que... les autorités étatiques se refusant à donner des chiffres sur l'immigration, il est de plus en plus admis que le nombre d'immigrés est supérieur sur l'île à celui des nationaux... à l'époque, un calcul judicieux s'était basé sur la consommation d'un produit importé, le riz... résultat : champions du monde les Mahorais avec le double par habitant que les Malgaches, lauréats coutumiers... une conclusion dénigrée, vilipendée même par les voies officielles. Néanmoins, le temps historique s'avérant bien plus lent que le temps humain, pas plus tard qu'hier, le ministre de l'Intérieur a lâché une info parlante : en métropole les clandestins seraient 700.000... ce qui pourrait amener à penser que la consommation de riz donne une estimation acceptable de la situation).  

Anjouan-invasion-2008 Domaine Public Author CIA & Brianski. En 1997, Anjouan et Mohéli, demandant en vain le rattachement à la France, affirment leur séparatisme. Les coups ultérieurs de force à Anjouan du colonel Bacar, d'État à la Grande-Comore du colonel Azali (désormais président jusqu'en 2029), ajoutent au record des convulsions séditieuses, au chaos politique d'une prétendue Union des Comores...  

À propos de la révolte d'Anjouan, la journaliste note « une franche jubilation, pimentée d'un zeste d'esprit de revanche » dans le ressenti à Mayotte (l'inquiétude prévalant sur une situation qui les laisse vigilants, la jubilation me paraît exagérée sinon accessoire). 

Cuisine collective de la cantine “ offerte ” par J. Chirac à la commune de Sada « ... ne pas mettre la charrue avant les bœufs... »


(En promettant une consultation toujours remise à plus tard, la France continue de faire durer le statut de Collectivité Territoriale, statut qu'elle confortera pour dix ans de plus... Jacques Chirac, président de la République n'a-t-il pas, en octobre 1986, déclaré aux Mahorais « Il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs » ? Convenons certes mais que dire des bœufs qu'on ne veut, des lustres durant, manifestement pas préparer à tirer ladite charrue ? c'est qu'on craint la grande puissance comorienne, le machin onusien, l'Union Africaine, nos cocos, tous pour « le territoire comorien de Mayotte » ! Holà ! et que fait-on de l'Histoire ? Allons -y dans ce cas pour revendiquer le “ territoire français des îles Anglo-Normandes ”, le “ territoire espagnol de Gibraltar ” et ces îles grecques des Sporades thraces, orientales, du Dodécanèse qui étranglent l'espace maritime turc ? ). 

L'article poursuit opportunément avec les paroles du sénateur Marcel Henry (1926-2021), de toujours ardent défenseur de Mayotte française « Nous voulons être comme la Lozère, c'est à dire irréversiblement français... » après « ... tellement d'efforts pour éviter d'être largués par la France ». Pour le sénateur Paris freinerait en raison du coût or l'essentiel serait plutôt d'appartenir à une entité rationnelle plutôt qu'additionner « ... comme les Comores [...] 2 assassinats de chefs d'État, 17 coups d'État et une misère générale... » (du qu'en-dira-t-on international et, entre autres relents de corruption, le fait par exemple que le président Abdallah faisait mettre sous séquestre par ses mapinduzi, le riz de l'aide internationale dans l'attente d'une hausse des prix, sinon, serait-ce à prendre avec des pincettes, le taux de BMW à Anjouan alors que, clandestins, les miséreux partent toujours plus nombreux pour Mayotte). (à suivre) 

  

vendredi 28 mai 2021

Un vieil Indien dans la ville, version mai 2021 (2)


 


Décollage face à la mer ; le lagon, la passe en "S"qui voudraient offrir leurs couleurs malgré le ciel variable ; virage serré (il ne part pas en pleine charge) ; je ne verrai pas la baie, la maison dans la verdure, le lycée de mon fils que je laisse. 

Ambiance bleue telle qu'elle apparaîtrait depuis l'espace... ce n'est pourtant que la couleur d'occultation des volets, d'ailleurs, à un moment, le chef de cabine va nous plonger d'autorité dans une nuit artificielle, volets occultés, lumière éteinte alors que c'est un vol de jour... Mais de quoi se mêlent-ils pour conditionner ainsi des humains ?  

Anjouan : jeux de lumière entre soleil et nuages. La fatigue endort sans une pensée pour le Cabo Delgado si prometteur en pétrole mais marqué par une guerilla djihadiste, pour l'ile tanzanienne de Mafia transformée en base de sous-marins par les Allemands, pour Zanzibar où le tourisme et les affaires qu'il génère ne s'embarrassaient pas de la crise sanitaire. 

Oh je n'ai pas vu le Kilimandjaro, superbe toujours même si ses voiles de neige fondent. J'étais dans les limbes... Regrets. Réveil aux abords du lac Turkana, flamants roses et disputes pour l'eau entre éleveurs. A partir de ces latitudes, est-ce que la sécheresse fait souffrir les Africains ? 

 

Pourtant, malgré le Sahara à traverser, cette remontée de l'Afrique se fait sous le signe de l'eau, en suivant le cours du Nil. Est-ce le Nil Blanc ? Non plutôt le Bleu et tous ces rectangles aux tons de vert qui rassurent quelque peu sur les ressources alimentaires du continent. 

Vue vers le nord-est des ramifications du Nil dans le grand méandre du fleuve alors qu'il doit perdre du terrain pour contourner le désert. Nous ne sommes donc pas au niveau du barrage d'Assouan. 
 

Oh ! oasis ! en plein désert de Nubie, comme une répétition des marais du Sudd ? La rivière Atbara, le dernier affluent ? Peu probable : elle n'a pas une réputation de rivière vitale (1)... Non, ce doit être dû au barrage d'Assouan...

 

Mais non, la retenue d'Assouan, le lac Nasser, nous y sommes, nous rentrons en Egypte ; le temple sauvé d'Abou Simbel...  

Et maintenant la mer... 

Mais avant, telles des gommettes géantes sur la page écrue du désert, ces cercles de culture succédant à d'autres... le canal, peut-être d'amenée des eaux, est bien visible aussi.

La mer... elle doit être là, sous une couverture ouatée de moutons que le désert ne saurait inventer.

(1) le débit, bien que presque nul pendant six mois, représente une manne de juin à novembre (700 m3/s en moyenne). En fait, il s'agit de l'étalement des eaux du Nil suite à la construction par les Chinois du barrage de Méroé, au pays des pharaons noirs, dans le grand méandre du Nil.


 

samedi 17 mars 2018

CIEL LOURD DE MENACES / Mayotte



ELIAKIM, forte tempête tropicale et cyclone en puissance a atterri à Madagascar au niveau de la presqu'île de Masoala, un des ultimes points de jungle et de vie sauvage de l'île.

En quelques heures il est tombé de 500 à 700 mm d'eau, l'équivalent du total annuel sur mon village natal dans la Clape, au bord du Golfe du Lion.


Mayotte est encore une fois épargnée, protégée qu'elle est par la Grande Ile. Mais on a droit à des grains orageux, aux éclairs, au tonnerre.  Les rafales retroussent au cimier de l'arbre à pain, les feuilles. 

Ce matin Eliakim, rétrogradé en dépression sur terre (988 HPA, 15,6 Sud - 49,5 Est) claironne ses troupes et de lourds bataillons de nuages convergent vers le creux dépressionnaire. Émergeant parfois d'un précipité informe de nuées, un cumulo-nimbus joue les officiers. Les tambours des régiments en renfort grondent en s'éloignant. En bas, une forte houle rentre en force et ses vagues d'assaut mugissent d'écume. 


Matin gris, matin sombre mais des réserves d'eau qui débordent. Le ciel est plus franc et généreux que les hommes, du moins ceux qui ont la prétention de guider et qui ont la responsabilité de la pénurie et des coupures .

Tandis que l'autorité voudrait faire en sorte qu'on se croie en normalité une fois les routes rouvertes et surtout la législative partielle de dimanche possible. Les lobotomisés de l'ordre à tout prix y voient l'expression de la démocratie vertueuse parce que plus d'équité, de justice, de république, pour eux c'est un détail, roupie de sansonnet !

Il y faudra plus que les incantations oiseuses ! Un ferment de psychose monte à Mayotte. La nuit dernière un SMS alertait sur le raid d'une bande de hors-la-loi non identifiables. Rumeur certainement vu qu'une gendarmerie se trouve sur leur chemin. On dit aussi qu'Anjouan multiplierait les vidéos violentes, les menaces de mort pour des Mahorais coupables d'occuper une terre comorienne ! Que les Mahorais rallient la France mais que l'île soit rendue à son oppresseur historique ! Est-ce bien de cela qu'il s'agit ? Faut-il y voir un message en clair ?

Un éclair vient de claquer, proche.

Les cambriolages violents se multiplient. Sont-ils seulement causés par la tentation due à une goutte de prospérité dans un océan de misère ? Sont-ils l'expression de ce qui est déjà une répression ? Avec L’État qui toujours minimise malgré la Justice en faillite : les délinquants pris et illico reconduits à la "frontière" n'en rappliquent pas moins aussitôt par le premier kwassa. (Faut-il traduire par "barque clandestine" suite à ce qu'en a dit le président, offusquant en cela une bien-pensance droit-de-l'hommiste déconnectée ?).

Le bouche-à-oreille fait passer aussi qu'à M'Zouazia, un "collectif" d'habitants gardant une (des ?) plage a intercepté un (des ?) kwassa. Les arrivants qui n'ont pas fui (pu fuir ?) ont été livrés aux gendarmes... Des groupes d'auto-défense, carrément des milices, se forment.

Le cadavre d'un homme nu et ligoté, "noir de peau", d'une trentaine d'années, grand, très mince, a été retrouvé au matin du vendredi 16 mars... Là il ne s'agit plus de rumeur, de bouche-à oreille...

 http://www.linfokwezi.fr/ouverture-dune-enquete-pour-homicide-volontaire-suite-a-la-decouverte-dun-corps-sans-vie-sur-la-plage-de-sohoa/

Ce samedi 17 mars, contrairement aux fins de semaines passées, les barrages bloquent. Les quelques descentes des mobiles vont-elles être ressenties comme un changement d'attitude de l’État ou au contraire ne vont-elles pas conforter la double radicalisation des illégaux pourchassés et des locaux montant des milices parce que exclus de fait de la protection républicaine ?

Le scepticisme n'a jamais été aussi fort et flagrant à Mayotte ! Pourrait-il en être autrement après des décennies de mensonges méprisants ? Et ce ne sont pas les appels à la raison d'élus qui n'ont pris le train du mécontentement qu'en marche, plus impliqués pour profiter du système que pour défendre la population, plus dans les raccommodages, le "il vaut mieux ça que rien" que dans la fermeté d'exigences légitimes, qui sont à même d'apaiser les Mahorais.

Et pour reprendre la parole de Younoussa Bamana, d'une autre trempe que la caste politique locale, lui, certainement pas du côté des rabibocheurs complices des gesticulations dilatoires de l’État central, nous n'en voulons plus des fausses promesses "à la merde, à la con" ! Karivendze !