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vendredi 28 mai 2021

Un vieil Indien dans la ville, version mai 2021 (2)


 


Décollage face à la mer ; le lagon, la passe en "S"qui voudraient offrir leurs couleurs malgré le ciel variable ; virage serré (il ne part pas en pleine charge) ; je ne verrai pas la baie, la maison dans la verdure, le lycée de mon fils que je laisse. 

Ambiance bleue telle qu'elle apparaîtrait depuis l'espace... ce n'est pourtant que la couleur d'occultation des volets, d'ailleurs, à un moment, le chef de cabine va nous plonger d'autorité dans une nuit artificielle, volets occultés, lumière éteinte alors que c'est un vol de jour... Mais de quoi se mêlent-ils pour conditionner ainsi des humains ?  

Anjouan : jeux de lumière entre soleil et nuages. La fatigue endort sans une pensée pour le Cabo Delgado si prometteur en pétrole mais marqué par une guerilla djihadiste, pour l'ile tanzanienne de Mafia transformée en base de sous-marins par les Allemands, pour Zanzibar où le tourisme et les affaires qu'il génère ne s'embarrassaient pas de la crise sanitaire. 

Oh je n'ai pas vu le Kilimandjaro, superbe toujours même si ses voiles de neige fondent. J'étais dans les limbes... Regrets. Réveil aux abords du lac Turkana, flamants roses et disputes pour l'eau entre éleveurs. A partir de ces latitudes, est-ce que la sécheresse fait souffrir les Africains ? 

 

Pourtant, malgré le Sahara à traverser, cette remontée de l'Afrique se fait sous le signe de l'eau, en suivant le cours du Nil. Est-ce le Nil Blanc ? Non plutôt le Bleu et tous ces rectangles aux tons de vert qui rassurent quelque peu sur les ressources alimentaires du continent. 

Vue vers le nord-est des ramifications du Nil dans le grand méandre du fleuve alors qu'il doit perdre du terrain pour contourner le désert. Nous ne sommes donc pas au niveau du barrage d'Assouan. 
 

Oh ! oasis ! en plein désert de Nubie, comme une répétition des marais du Sudd ? La rivière Atbara, le dernier affluent ? Peu probable : elle n'a pas une réputation de rivière vitale (1)... Non, ce doit être dû au barrage d'Assouan...

 

Mais non, la retenue d'Assouan, le lac Nasser, nous y sommes, nous rentrons en Egypte ; le temple sauvé d'Abou Simbel...  

Et maintenant la mer... 

Mais avant, telles des gommettes géantes sur la page écrue du désert, ces cercles de culture succédant à d'autres... le canal, peut-être d'amenée des eaux, est bien visible aussi.

La mer... elle doit être là, sous une couverture ouatée de moutons que le désert ne saurait inventer.

(1) le débit, bien que presque nul pendant six mois, représente une manne de juin à novembre (700 m3/s en moyenne). En fait, il s'agit de l'étalement des eaux du Nil suite à la construction par les Chinois du barrage de Méroé, au pays des pharaons noirs, dans le grand méandre du Nil.


 

samedi 17 mars 2018

CIEL LOURD DE MENACES / Mayotte



ELIAKIM, forte tempête tropicale et cyclone en puissance a atterri à Madagascar au niveau de la presqu'île de Masoala, un des ultimes points de jungle et de vie sauvage de l'île.

En quelques heures il est tombé de 500 à 700 mm d'eau, l'équivalent du total annuel sur mon village natal dans la Clape, au bord du Golfe du Lion.


Mayotte est encore une fois épargnée, protégée qu'elle est par la Grande Ile. Mais on a droit à des grains orageux, aux éclairs, au tonnerre.  Les rafales retroussent au cimier de l'arbre à pain, les feuilles. 

Ce matin Eliakim, rétrogradé en dépression sur terre (988 HPA, 15,6 Sud - 49,5 Est) claironne ses troupes et de lourds bataillons de nuages convergent vers le creux dépressionnaire. Émergeant parfois d'un précipité informe de nuées, un cumulo-nimbus joue les officiers. Les tambours des régiments en renfort grondent en s'éloignant. En bas, une forte houle rentre en force et ses vagues d'assaut mugissent d'écume. 


Matin gris, matin sombre mais des réserves d'eau qui débordent. Le ciel est plus franc et généreux que les hommes, du moins ceux qui ont la prétention de guider et qui ont la responsabilité de la pénurie et des coupures .

Tandis que l'autorité voudrait faire en sorte qu'on se croie en normalité une fois les routes rouvertes et surtout la législative partielle de dimanche possible. Les lobotomisés de l'ordre à tout prix y voient l'expression de la démocratie vertueuse parce que plus d'équité, de justice, de république, pour eux c'est un détail, roupie de sansonnet !

Il y faudra plus que les incantations oiseuses ! Un ferment de psychose monte à Mayotte. La nuit dernière un SMS alertait sur le raid d'une bande de hors-la-loi non identifiables. Rumeur certainement vu qu'une gendarmerie se trouve sur leur chemin. On dit aussi qu'Anjouan multiplierait les vidéos violentes, les menaces de mort pour des Mahorais coupables d'occuper une terre comorienne ! Que les Mahorais rallient la France mais que l'île soit rendue à son oppresseur historique ! Est-ce bien de cela qu'il s'agit ? Faut-il y voir un message en clair ?

Un éclair vient de claquer, proche.

Les cambriolages violents se multiplient. Sont-ils seulement causés par la tentation due à une goutte de prospérité dans un océan de misère ? Sont-ils l'expression de ce qui est déjà une répression ? Avec L’État qui toujours minimise malgré la Justice en faillite : les délinquants pris et illico reconduits à la "frontière" n'en rappliquent pas moins aussitôt par le premier kwassa. (Faut-il traduire par "barque clandestine" suite à ce qu'en a dit le président, offusquant en cela une bien-pensance droit-de-l'hommiste déconnectée ?).

Le bouche-à-oreille fait passer aussi qu'à M'Zouazia, un "collectif" d'habitants gardant une (des ?) plage a intercepté un (des ?) kwassa. Les arrivants qui n'ont pas fui (pu fuir ?) ont été livrés aux gendarmes... Des groupes d'auto-défense, carrément des milices, se forment.

Le cadavre d'un homme nu et ligoté, "noir de peau", d'une trentaine d'années, grand, très mince, a été retrouvé au matin du vendredi 16 mars... Là il ne s'agit plus de rumeur, de bouche-à oreille...

 http://www.linfokwezi.fr/ouverture-dune-enquete-pour-homicide-volontaire-suite-a-la-decouverte-dun-corps-sans-vie-sur-la-plage-de-sohoa/

Ce samedi 17 mars, contrairement aux fins de semaines passées, les barrages bloquent. Les quelques descentes des mobiles vont-elles être ressenties comme un changement d'attitude de l’État ou au contraire ne vont-elles pas conforter la double radicalisation des illégaux pourchassés et des locaux montant des milices parce que exclus de fait de la protection républicaine ?

Le scepticisme n'a jamais été aussi fort et flagrant à Mayotte ! Pourrait-il en être autrement après des décennies de mensonges méprisants ? Et ce ne sont pas les appels à la raison d'élus qui n'ont pris le train du mécontentement qu'en marche, plus impliqués pour profiter du système que pour défendre la population, plus dans les raccommodages, le "il vaut mieux ça que rien" que dans la fermeté d'exigences légitimes, qui sont à même d'apaiser les Mahorais.

Et pour reprendre la parole de Younoussa Bamana, d'une autre trempe que la caste politique locale, lui, certainement pas du côté des rabibocheurs complices des gesticulations dilatoires de l’État central, nous n'en voulons plus des fausses promesses "à la merde, à la con" ! Karivendze !