Avec l’État et ses hauts fonctionnaires (du moins dans le secteur sensible
de l’Éducation Nationale), les élus locaux brillent plus par leur intéressement,
leur plan de carrière que pour l’intérêt général. N’est-ce pas pour cette
raison qu’ils ont tant tardé à prendre le train de la grève et des barrages en
marche, pratiquement après 15 jours de blocage ? Dire que le succès
politique dépend de l’appartenance à une grosse écurie où, monté en haut de la
liste avec le support d’un réseau, on vous programme, à force de patience, pour
un mandat à venir et éventuellement des bénéfices et retombées à partager,
n’est pas plus mensonger que l’intérêt général toujours mis en avant. Dans ce
sens, la classe politique mahoraise est très française, avec ses faits d’armes
en pleine lumière (la longue lutte en faveur de Mayotte française) et aussi son
côté plus obscur, ses affaires…
Un Conseil départemental où un vice-président est sur la sellette pour avoir
confié la gestion du million et demi dévolu à l’aide et aux soins à domicile
non pas à la Croix Rouge mais à une petite association culturelle (22.000 € de
budget, l’ancien directeur de campagne dudit conseiller étant l’initiateur de
ladite association spécialisée dans les manifestations culturelles)… Plainte a
été portée par une élue du même Conseil auprès du Procureur en octobre 2016…
N’épiloguons pas sur un favoritisme plus ordinaire, les hommes étant ce qu’ils
sont…
https://www.linfokwezi.fr/spasad-armamie-abdoul-wassion-saisit-le-procureur/
Rien de dilatoire dans ce paragraphe illustrant le fossé entre la population
et des élus qui, à leur actif, n’ont pas à être fiers du port bradé au privé
(la Délégation de Service Public de 2013 pour 15 ans serait remise en
question), des infrastructures routières, toujours les mêmes depuis 20 ans,
durant trois fois moins, coûtant trois fois plus pour trois fois moins de
camelote (merci les multinationales). A l’opération « Parrainez un
trou » vient de succéder une initiative « un trou, une fleur »
afin d’épargner roues et amortisseurs.
Par contre, et en cela les projections
en 3D sont magiques, le Conseil départemental vient de présenter le projet
Caribus (novembre 2017) pour désengorger des embouteillages quotidiens sur 20
kilomètres tant au nord qu’au sud et à l’ouest d’une capitale hypertrophiée par
rapport au territoire, une caractéristique très française, très jacobine. Très
française aussi, la promesse rendant les enfants joyeux.
http://www.linfokwezi.fr/concertation-prealable-au-projet-caribus/
Comment après ce triste état des lieux bien incomplet, l’enfumage de l’Insee
par exemple, qui voudrait faire croire que les clandestins des cabanes au fond
des bois les reçoivent à bras ouverts pour être recensés, ne pas avoir
l’IMPRESSION que l’attitude de la France, enfin, de Paris parlant au nom de la
France, est ambigüe.
Le préfet, très maître de ses nerfs, dit que c’est 1,1
milliard chaque année pour Mayotte. A quoi correspond ce chiffre plus élevé, à
ses dires, que pour certains départements métropolitains ? Qui sait si la
charge n’est pas supérieure ? En attendant, le journaliste (pas de ceux
que Mélenchon dénigre de manière trop simpliste) s’est limité au chiffre de 0,2
% des dépenses de la France pour 0,3 % de la population… Alors monsieur le
préfet, il manque déjà 650.000 euros concernant une dotation qui plus est,
partagée bon gré mal gré, avec une population non recensée et qui donne l’IMPRESSION
de dépasser celle des Français sur l’île…
Nous
allions oublier l’eau ou plutôt la pénurie qui a nécessité des coupures
au robinet un jour sur trois pendant 3 mois (déc 2016 – mars 2017) et
encore
pour une eau impropre à la consommation ! Le ciel n’étant pas aussi
avare que l’État, la présente saison des pluies reste abondante et sans
excès
météorologique même si les prévisions tablent sur une tempête en
formation dans
le canal de Mozambique dans cinq jours. L’an passé, la ministre Bareigts
avait
même promis des tankers d’eau avant que la Réunion n’exprimât son refus.
Il fut
même question de conteneurs de dessalement achetés à Israël…
ET ALORS ? Dans un pays civilisé où les racketteurs ne sont pas tous
des coupeurs de route (la CCI adoubée par le Conseil Départemental a été
dénoncée nommément),
https://www.mayottehebdo.com/actualite/Politique/les-usagers-des-pontons-de-mamoudzou-et-dzaoudzi-denoncent-un-racket
dans un pays dit civilisé mais avec des pratiques pas si
éloignées du fonctionnement bananier, quand le temps n’est plus aux révolutions
avec des fusils, que reste-t-il alors pour donner à réfléchir à la caste de politicards trop
cul et chemise avec des acteurs économiques trop libres de voler en toute
légalité ? Que reste-t-il pour donner à réfléchir à ces nomenklaturistes
de l’administration, ces fonctionnaires d’une obéissance trop automatique et
malsaine, de celles qui les firent jadis collaborer sans vergogne avec le
nazisme ?
Alors, pour toucher là où ça fait mal, on bloque la circulation, on paralyse
l’économie, on coupe le circuit du pognon, on va contre une majorité des siens
aussi, la molle, celle qui avalerait tout, celle qui est contre les grèves mais
pas contre les avancées qu’elles peuvent apporter.
Prouvant
même que la départementalisation les a grandis, les Mahorais en sont
aux propositions. Une liste complète de revendications moins facile à
déballonner qu'un mouvement d'humeur passager a été rédigée ! (voir en
annexe)
Les acteurs économiques, ces chantres de l’entreprise privée on les entend
déjà se plaindre. La présidente du Merdef par exemple, qui après des débuts
modestes en 1996, avec un véhicule, en a 50 aujourd’hui. Oui, ces nouveaux
riches de la libre entreprise plus venimeux encore que les 200 familles…
Il n’empêche, ces barrages à Mayotte, lancés par une petite minorité
finalement suivie, valent le blocage de 1995, les barricades de 1968, les
mouvements de 1936, le rappel du sacrifice des Communards en 1871 et 1848 et 1830… pour
un peu plus de justice et d’équité tant la devise de la France semble relever
du surréalisme…
« Il s'agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence
pendant des mois et des années, d'oser enfin se redresser. Se tenir debout… »
Simone Weil / La semaine prolétarienne du 10 juin 1936.
Et si Mayotte, alors qu’elle encaisse tant de morgue et de déconsidération
de Paris, renvoyait au contraire un signal fort pour le peuple français, contre une logique économique
synonyme de régression ?
Note : A côté des articles d’Avox, si synthétiques, cadrés, pardonnez
ce qui ne correspond qu’à un coup de gueule subjectif, une partialité qui me
retient de relayer des rumeurs telle celle de l’État engrangeant des millions
avec les 600-700 euros que paient les étrangers pour la carte de séjour, ou
encore ces 15000 dossiers en attente (un retard de 2 ans) donc des étrangers
livrés à eux-mêmes avec interdiction de travailler… Certainement des ragots de
bistrot ou de taverne…
En annexe : le détail des doléances.
Les élus de Mayotte demandent au Gouvernement :
d’affecter 500 postes de policiers et gendarmes à répartir entre les unités présentes dans l’île;
de mettre en place le « groupe de contact » avec la population au niveau du commandement de la gendarmerie nationale ;
de créer deux brigades de gendarmerie, une à DEMBENI et une à KOUNGOU;
de créer une compagnie républicaine de sécurité sur le secteur de MAMOUDZOU ;
d’assurer l’effectivité des sanctions judiciaires afin de mettre un
terme au climat d’impunité qui incite à la récidive, encourage les actes
de délinquance juvénile et aggrave la criminalité sur le territoire ;
De déclarer le statut du CHM comme étant une zone internationale et
permettre aux enfants qui y seront de prendre la nationalité de leurs
parents et désengorger l’établissement par la réduction des naissances.
D’étendre la circulaire TAUBIRA de 2013 et permettre de répartir les mineurs non accompagnés sur tout le territoire national
Admettre l’admission de Mayotte dans la commission de l’océan indien pour une meilleure coopération régionale.
d’assimiler les victimes de certaines infractions (coupeurs de
routes, infractions dans les transports scolaires et dans les
établissements scolaires) à celles des actes de terrorisme tels que
définis par l’article 421-1 du Code Pénal ;
Créer un fonds spécial
à Mayotte pour indemniser les transporteurs scolaires victimes de bris
de glace suite à des actes de vandalisme dans l’exercice de leur
fonction ou contraindre les assureurs à continuer à assurer les
transporteurs victimes desdits actes dans le cadre de leur activité de
transports scolaires ;
Concernant la lutte contre l’immigration clandestine, il convient :
de positionner rapidement des moyens nautiques sur MTZAMBORO et
d’instruire les premières demandes de titre de séjour directement à
l’ambassade de France à Moroni et au consulat de France à Anjouan afin
de désengorger les services de la Préfecture à MAYOTTE ;
d’autoriser la circulation sur tout le territoire nationale des
personnes titulaires d’un titre de séjour délivré à Mayotte sans
l’exigence d’un visa quelconque.
Fait à Mamoudzou, le lundi 27 février 2018
P. S. : Motion proposée ce jour à la signature des conseillers départementaux et maires de Mayotte
Ampliation :
Monsieur Emmanuel MACRON, Président de la République
Monsieur Edouard PHILIPPE, Premier ministre
Monsieur Gérard COLLOMB, Ministre de l’Intérieur
Monsieur Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education nationale
Mme Annick GIRARDIN, Ministre des Outre mer
Mme Agnès BUZIN, ministre de la santé et des solidarités
Copie :
Monsieur Frédéric VEAU, Préfet de Mayotte