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mardi 6 mars 2018

MAYOTTE, DES BARRAGES EN GUISE DE BARRICADES ! (fin)

Avec l’État et ses hauts fonctionnaires (du moins dans le secteur sensible de l’Éducation Nationale), les élus locaux brillent plus par leur intéressement, leur plan de carrière que pour l’intérêt général. N’est-ce pas pour cette raison qu’ils ont tant tardé à prendre le train de la grève et des barrages en marche, pratiquement après 15 jours de blocage ? Dire que le succès politique dépend de l’appartenance à une grosse écurie où, monté en haut de la liste avec le support d’un réseau, on vous programme, à force de patience, pour un mandat à venir et éventuellement des bénéfices et retombées à partager, n’est pas plus mensonger que l’intérêt général toujours mis en avant. Dans ce sens, la classe politique mahoraise est très française, avec ses faits d’armes en pleine lumière (la longue lutte en faveur de Mayotte française) et aussi son côté plus obscur, ses affaires…

Un Conseil départemental où un vice-président est sur la sellette pour avoir confié la gestion du million et demi dévolu à l’aide et aux soins à domicile non pas à la Croix Rouge mais à une petite association culturelle (22.000 € de budget, l’ancien directeur de campagne dudit conseiller étant l’initiateur de ladite association spécialisée dans les manifestations culturelles)… Plainte a été portée par une élue du même Conseil auprès du Procureur en octobre 2016… N’épiloguons pas sur un favoritisme plus ordinaire, les hommes étant ce qu’ils sont… 


https://www.linfokwezi.fr/spasad-armamie-abdoul-wassion-saisit-le-procureur/


Rien de dilatoire dans ce paragraphe illustrant le fossé entre la population et des élus qui, à leur actif, n’ont pas à être fiers du port bradé au privé (la Délégation de Service Public de 2013 pour 15 ans serait remise en question), des infrastructures routières, toujours les mêmes depuis 20 ans, durant trois fois moins, coûtant trois fois plus pour trois fois moins de camelote (merci les multinationales). A l’opération « Parrainez un trou » vient de succéder une initiative « un trou, une fleur » afin d’épargner roues et amortisseurs. 
Par contre, et en cela les projections en 3D sont magiques, le Conseil départemental vient de présenter le projet Caribus (novembre 2017) pour désengorger des embouteillages quotidiens sur 20 kilomètres tant au nord qu’au sud et à l’ouest d’une capitale hypertrophiée par rapport au territoire, une caractéristique très française, très jacobine. Très française aussi, la promesse rendant les enfants joyeux.     


http://www.linfokwezi.fr/concertation-prealable-au-projet-caribus/     

Comment après ce triste état des lieux bien incomplet, l’enfumage de l’Insee par exemple, qui voudrait faire croire que les clandestins des cabanes au fond des bois les reçoivent à bras ouverts pour être recensés, ne pas avoir l’IMPRESSION que l’attitude de la France, enfin, de Paris parlant au nom de la France, est ambigüe. 
Le préfet, très maître de ses nerfs, dit que c’est 1,1 milliard chaque année pour Mayotte. A quoi correspond ce chiffre plus élevé, à ses dires, que pour certains départements métropolitains ? Qui sait si la charge n’est pas supérieure ? En attendant, le journaliste (pas de ceux que Mélenchon dénigre de manière trop simpliste) s’est limité au chiffre de 0,2 % des dépenses de la France pour 0,3 % de la population… Alors monsieur le préfet, il manque déjà 650.000 euros concernant une dotation qui plus est, partagée bon gré mal gré, avec une population non recensée et qui donne l’IMPRESSION de dépasser celle des Français sur l’île…




Nous allions oublier l’eau ou plutôt la pénurie qui a nécessité des coupures au robinet un jour sur trois pendant 3 mois (déc 2016 – mars 2017) et encore pour une eau impropre à la consommation ! Le ciel n’étant pas aussi avare que l’État, la présente saison des pluies reste abondante et sans excès météorologique même si les prévisions tablent sur une tempête en formation dans le canal de Mozambique dans cinq jours. L’an passé, la ministre Bareigts avait même promis des tankers d’eau avant que la Réunion n’exprimât son refus. Il fut même question de conteneurs de dessalement achetés à Israël…   
   

ET ALORS ? Dans un pays civilisé où les racketteurs ne sont pas tous des coupeurs de route (la CCI adoubée par le Conseil Départemental a été dénoncée nommément), 

 https://www.mayottehebdo.com/actualite/Politique/les-usagers-des-pontons-de-mamoudzou-et-dzaoudzi-denoncent-un-racket

dans un pays dit civilisé mais avec des pratiques pas si éloignées du fonctionnement bananier, quand le temps n’est plus aux révolutions avec des fusils,  que reste-t-il alors pour donner à réfléchir à la caste de politicards trop cul et chemise avec des acteurs économiques trop libres de voler en toute légalité ? Que reste-t-il pour donner à réfléchir à ces nomenklaturistes de l’administration, ces fonctionnaires d’une obéissance trop automatique et malsaine, de celles qui les firent jadis collaborer sans vergogne avec le nazisme ? 
 

Alors, pour toucher là où ça fait mal, on bloque la circulation, on paralyse l’économie, on coupe le circuit du pognon, on va contre une majorité des siens aussi, la molle, celle qui avalerait tout, celle qui est contre les grèves mais pas contre les avancées qu’elles peuvent apporter. 
Prouvant même que la départementalisation les a grandis, les Mahorais en sont aux propositions. Une liste complète de revendications moins facile à déballonner qu'un mouvement d'humeur passager a été rédigée ! (voir en annexe) 


Les acteurs économiques, ces chantres de l’entreprise privée on les entend déjà se plaindre. La présidente du Merdef par exemple, qui après des débuts modestes en 1996, avec un véhicule, en a 50 aujourd’hui. Oui, ces nouveaux riches de la libre entreprise plus venimeux encore que les 200 familles… 



Il n’empêche, ces barrages à Mayotte, lancés par une petite minorité finalement suivie, valent le blocage de 1995, les barricades de 1968, les mouvements de 1936, le rappel du sacrifice des Communards en 1871 et 1848 et 1830… pour un peu plus de justice et d’équité tant la devise de la France semble relever du surréalisme…


« Il s'agit, après avoir toujours plié, tout subi, tout encaissé en silence pendant des mois et des années, d'oser enfin se redresser. Se tenir debout… » Simone Weil / La semaine prolétarienne du 10 juin 1936.


Et si Mayotte, alors qu’elle encaisse tant de morgue et de déconsidération de Paris, renvoyait au contraire un signal fort pour le peuple français, contre une logique économique synonyme de régression ?


Note : A côté des articles d’Avox, si synthétiques, cadrés, pardonnez ce qui ne correspond qu’à un coup de gueule subjectif, une partialité qui me retient de relayer des rumeurs telle celle de l’État engrangeant des millions avec les 600-700 euros que paient les étrangers pour la carte de séjour, ou encore ces 15000 dossiers en attente (un retard de 2 ans) donc des étrangers livrés à eux-mêmes avec interdiction de travailler… Certainement des ragots de bistrot ou de taverne…  

En annexe : le détail des doléances. 
Les élus de Mayotte demandent au Gouvernement :

 d’affecter 500 postes de policiers et gendarmes à répartir entre les unités présentes dans l’île;
 

 de mettre en place le « groupe de contact » avec la population au niveau du commandement de la gendarmerie nationale ;
 

 de créer deux brigades de gendarmerie, une à DEMBENI et une à KOUNGOU;
 

 de créer une compagnie républicaine de sécurité sur le secteur de MAMOUDZOU ;
 

 d’assurer l’effectivité des sanctions judiciaires afin de mettre un terme au climat d’impunité qui incite à la récidive, encourage les actes de délinquance juvénile et aggrave la criminalité sur le territoire ;
 

 De déclarer le statut du CHM comme étant une zone internationale et permettre aux enfants qui y seront de prendre la nationalité de leurs parents et désengorger l’établissement par la réduction des naissances.
 

 D’étendre la circulaire TAUBIRA de 2013 et permettre de répartir les mineurs non accompagnés sur tout le territoire national
 

 Admettre l’admission de Mayotte dans la commission de l’océan indien pour une meilleure coopération régionale.
 

 d’assimiler les victimes de certaines infractions (coupeurs de routes, infractions dans les transports scolaires et dans les établissements scolaires) à celles des actes de terrorisme tels que définis par l’article 421-1 du Code Pénal ;
 

 Créer un fonds spécial à Mayotte pour indemniser les transporteurs scolaires victimes de bris de glace suite à des actes de vandalisme dans l’exercice de leur fonction ou contraindre les assureurs à continuer à assurer les transporteurs victimes desdits actes dans le cadre de leur activité de transports scolaires ;
Concernant la lutte contre l’immigration clandestine, il convient :
 

 de positionner rapidement des moyens nautiques sur MTZAMBORO et d’instruire les premières demandes de titre de séjour directement à l’ambassade de France à Moroni et au consulat de France à Anjouan afin de désengorger les services de la Préfecture à MAYOTTE ;
 

 d’autoriser la circulation sur tout le territoire nationale des personnes titulaires d’un titre de séjour délivré à Mayotte sans l’exigence d’un visa quelconque.

Fait à Mamoudzou, le lundi 27 février 2018

P. S. : Motion proposée ce jour à la signature des conseillers départementaux et maires de Mayotte
Ampliation :
Monsieur Emmanuel MACRON, Président de la République
Monsieur Edouard PHILIPPE, Premier ministre
Monsieur Gérard COLLOMB, Ministre de l’Intérieur
Monsieur Jean-Michel BLANQUER, ministre de l’Education nationale
Mme Annick GIRARDIN, Ministre des Outre mer
Mme Agnès BUZIN, ministre de la santé et des solidarités
Copie :
Monsieur Frédéric VEAU, Préfet de Mayotte