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mercredi 28 juin 2023

SÈTE 11, Paul Valéry 2ème partie.

Je vais vous dire, Paris des riches, parce que la ville a chassé de son paysage tout ce qu’elle avait de populaire, n’est qu’une SAL... TRAÎNÉE (1), à faire la fête, des réceptions du « beau monde » et pourquoi en serait-il autrement quand 1914-1918 rapporte tant aux faiseurs de guerres, ceux-là même qui de plus se frottent les mains à l’idée de reconstruire ensuite... Bien sûr qu’ils n’en ont rien à faire de ceux qui se font trouer la peau, de ceux  dont l’obus n’a laissé qu’une jambe pendue à un arbre (parce qu’il n’y a pas que les morts, figurent aussi les disparus de la guerre !) de ces gueules cassées dont la plastique amochée leur fera détourner le regard ! Et à présent, cette indécence extrême à défendre l’immigration pour le sous-prolétariat qu’ils exploitent..., cette image lamentable à l’esthétisme pompeux qui va aléatoirement glorifier un tel plutôt que tel autre également monté à Paris... bien sûr que les célébrités sont complices, dans leur prétention à percer, à réussir. L’essentiel de la société suit, ce troupeau dans ce qu’il cache mal d’envieux, d’égoïste, de lâche, de conformiste, de people, pour être dans l’air du temps, comme s’il fallait « faire nation », quel qu’en soit le prix, ainsi que le martèlent les politiques aux ordres de ces privilégiés indécents, pour une paix sociale dont ils sont les premiers exploiteurs et qu’ils veulent à leur main. Eux n’ont aucun scrupule, nulle honte à démontrer un penchant naturel loin de tout humanisme, encore en évidence avec cette majorité d’intellectuels complices depuis celle qui va se mouiller sous Vichy et celle politico-compatible d’aujourd’hui nous obligeant à nous accommoder avec des présidents médiocres, une gestion hypocrite, faussement présentée dans le but de toujours privilégier les puissances d’argent apatrides d’un système planétaire d’exploitation ! En cela, et sans pour autant me complaire à mener une chasse aux sorcières, je pointe du doigt des gens publics, dépendant du public et se démarquant d’une neutralité comprise comme ce Berléand, trop accommodant, dénigrant ceux qui l’ont fait célèbre, le font vivre parce qu'ils abuseraient en protestant et manifestant... ou encore l’autre Wilson, fils de, blanc de colère et d’un crétinisme certain à propos des paroles de la Marseillaise. Je préfère les mots directs et la franchise de Houellebecq ! Mon venin n'a-t-il pas l'inconvenance de côtoyer la respectabilité de Valéry, serait-il, comme tant d’autres, monté à Paris, de même que Brassens, pour ne citer que lui à Sète ? Disons que loin de vouloir attenter à tout ce que ce grand esprit apporte notamment dans les 30.000 pages de ses cahiers, je me sens suffisant au point de laisser libre cours à mes médisances en référence aux chicanes et railleries du duo Valéry-Cocteau sur leurs contemporains et aussi par rapport à cet anarchisme que Paul Valéry a revendiqué. 

Cocteau 1937 Domaine Public Auteur Studio Harcourt


Paul_Valéry 1938 Domaine Public Auteur Studio_Harcourt

Les honneurs rendus aux grands hommes sont foncièrement équivoques, souvent à double-tranchant. La deux centaine de Cahiers sur lesquels Valéry écrivait ses idées et pensées du matin, l’ossature langagière décortiquée, la poésie démantibulant la syntaxe, les suites de mots déconstruites, de la part de quelqu’un à part, je veux bien dire, citer son nom, m’y référer parce qu’il a du génie. Quant à sa poésie, il faut s’en honorer, sans se prendre la tête car, faute de message, elle demande au lecteur l’effort extrême d’en reconstituer les images, de se détacher du poète puisqu’il est nécessaire de construire sa propre interprétation. Plus on crie fort et soudainement au génie, plus on est enclin à le brûler à un moment donné. Les années après-guerre ont vite rangé Valéry dans les cintres... Pourtant son cours de poétique au Collège de France était remarquable...Tout passe, tout lasse... Heureusement tout peut revenir, l'Histoire ne repasserait-elle jamais les mêmes plats...  

(1) À l’opposé, j’aime le Paris populo, des faubourgs révolutionnaires, des Titis, des Gavroches, de la Commune, des Grisettes, le Paris de Zola. Comme acteur, réalisateur, Gérard Jugnot a su faire passer l’émotion que la capitale suscitait de ce point de vue... Belle ambiance des films tels que « Monsieur Batignoles », « Faubourg 36 ». 

Gérard_Jugnot_-_Avant_première_Rose_et_Noir_-_Montpellier 2010 the GNU Free Documentation License, Version 1.2 or any later version published by the Free Software Foundation Auteur Esby (talk)


lundi 5 décembre 2022

PAUVRES CHEVAUX ! LIBRES OISEAUX...

Quelques notes et prolongements : 

* c'est parce que les chevaux étaient épuisés que les belligérants ne purent bloquer l'adversaire dans la Course à la Mer, que les Français ne purent tirer avantage de la victoire de la Marne, que les Allemands échouèrent dans leurs offensives du printemps 1918.  

** le soldat de 14 était très bien nourri au point que ce qu'il jetait attirait les rats. Les chevaux eux, étaient mal nourris... chez les Allemands beaucoup sont morts de faim. 

*** si 1/4 des chevaux mourut directement des batailles et bombardements, les 3/4 périrent à cause des maladies, du manque de soins, de la nourriture insuffisante, de dysenterie, par noyade, faibles au point de ne plus pouvoir lever la tête dans des boues liquides montant jusqu'aux chevilles des cavaliers.  

**** inoculer la morve, la gourme, la maladie du charbon chez les chevaux de l'adversaire fait partie des armes de guerre. 

militaires et mulet (1936) Auteur  agence de presse Meurisse wikimedia commons Domaine public

***** il a tant fallu importer des mules d'Espagne que cela donna lieu à un trafic ; des mules amenées en Cerdagne passaient en Espagne puis revenaient par le Perthus, générant un profit substantiel aux trafiquants, une fois acquises par l'armée française. 

***** " Les chevaux et les mulets de l'armée se sont montrés d'une valeur inestimable en conduisant la guerre à une fin heureuse. On les trouvait sur tous les terrains d'opérations, remplissant leurs tâches fidèlement et en silence, sans pouvoir espérer aucune récompense ni compensation. " Général Persching. 

****** Maurice Genevoix, admiratif des Poilus se battant et mourant pour la France (1), parlerait-il du soldat qui s'arrache à vif une balle dans un testicule, de cet autre qui maintient dans sa chemise ses tripes alors qu'il a le ventre ouvert, démontre une belle émotion pour les bêtes innocentes mais entraînées dans la folie guerrière... Pauvres chevaux, pauvres bêtes si belles, vigoureuses mais si vite fourbues, efflanquées, misérables. Et quand les hommes récupèrent, les chevaux restent tête baissée, ce qui dit tout de leur moral... Genevoix parlerait-il des cris terribles des blessés, bien égaux devant la mort, implorant avec les mêmes intonations, en allemand ou en français, il n'oublie pas non plus le hennissement d'un cheval qui agonise, aigu tel le cri d'un oiseau de nuit " ...le hennissement aigu, poignant, qui montait sous les étoiles devant la misère, la méchanceté des hommes... ". 

Du village abandonné des Éparges (Meuse),  il se souvient, sur les pavés, de la galopade éperdue de petits sabots d'une bande de gorets en fuite. Dans ce village, alors qu'il souffle un instant dans la " Maison d'école " avec, au tableau le dernier problème du maître, il se tourne vers la fenêtre parce qu'une forme approche, c'est un vieux cheval avec un sillon de sang à l'épaule. Il le fait passer par le couloir pour rejoindre la cour, derrière, offrant un abri plus sûr. Il le revoit, le vieux cheval, huit jours plus tard, mais étalé, entouré des cadavres des vaches mitraillées par les Allemands. 

Sa consolation (et il rejoint en cela Louis Pergaud), c'est la présence fidèle des oiseaux, symboles  de liberté, de vie. Il leur doit du réconfort " à nos frères de poils et de plumes ", la honte aussi d'être dans le mauvais camp des hommes, mais le recul, finalement, sur notre engeance remise à sa place pour ne pas faire bon usage de sa position dominante... La folie, la cruauté, la bêtise des hommes ne sont finalement qu'un remous dans la vie, la nature qui continuera avec ou sans nous... 

oiseau Carduelis_carduelis Chardonneret élégant wikimedia commons Author Marie-Lan Nguyen

Sous les bombardements, les oiseaux témoignaient que le cours des choses se poursuivrait malgré la fureur irrépressible des bipèdes... les trois-quarts d'entre eux ont disparu parce qu'on tue la terre  au nom d'un productivisme effréné et qu'on s'empoisonne pour pas cher, on va au désastre et l'overdose de loisir est de plus en plus addictive parce que la vie de tous les jours n'apporte pas de bonheur... 

Après le covid, la guerre en Ukraine, la remise en cause, en touchant le porte-monnaie, des énergies fossiles, comme s'il fallait absolument s'évader d'une vie peu désirable (pour ceux qui en ont les moyens !), les réservations à la neige ont augmenté de 22 % ! 

Dans " Le Berger des Abeilles" 1974 / Grasset, Armand Lanoux réfléchit sur la guerre d'Espagne, annonciatrice du séisme nazi : il parle d'une " carmagnole, d'une marseillaise stupide... " 

"« Amusez-vous
Foutez-vous d’tout
La vie, entre nous, est si brève... » 

La chanson de 1934 ne présage rien de bon pour ce qui devrait suivre... 

(1) Son témoignage " Ceux de 14 " regroupe quatre livres sur la guerre, véridiques, minutieux, fidèles, Chaque lieu, chacun des faits sont bien précisés, chaque homme apparaît par son nom...   

www.le-site-cheval.com/images/articles/evenements/guerre-14-18/La_guerre_de_14-18_et_le_sort_des_betes.mp3 première diffusion 21 avril 1957 de l'entretien sur France Culture 

Sites et références : 

" Le Cheval de Guerre ", roman de Michael Morpurgo (1982 en G.B., 2008 seulement en France !), adapté au cinéma par Steven Spielberg. 

Le site Cheval - Guerre 14/18 : Oubliés les 11 millions de chevaux, ânes et mulets enrôlés en masse durant la guerre de 1914-1918 ? - Equitation Pédagogique et Ludique (le-site-cheval.com) 

Les animaux dans la grande guerre (radiofrance.fr) 

et sur ce blog : 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/02/fleury-en-france-les-chevaux-de-14.html 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/02/les-chevaux-de-14-suite-fin.html 

https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2015/02/un-monument-au-cheval-de-trait-fleury.htm





lundi 28 novembre 2022

CHEVAUX DE GUERRE.

 Le souvenir des guerres passées et plus particulièrement, en novembre, celui de la première guerre mondiale, nous revient avec acuité à cause de ce qui se passe en Ukraine. Encore une " Grande " guerre, ce qui est certainement toujours en dessous de la vérité concernant la cruauté, la bêtise humaine, pour le dire poliment. 

Outre le fait que l'humain persiste à s'auto-détruire, ce qui, entre parenthèses, contredit  l'anathème aussi récurrent que simpliste des pays du Sud sur la coalition des Blancs pour exploiter les Noirs (d'ailleurs, à propos de la guerre d'Ukraine, ne les entend-on pas estimer que c'est entre Occidentaux, que cela ne les concerne pas ?), nous devons reconnaître que les bipèdes ont entraîné, sans scrupule aucun, nos animaux domestiqués dans ce délire mortifère. 

Si la réquisition des équidés marque particulièrement les esprits, n'oublions pas les chiens pour la recherche des blessés, les messages, la chasse aux rats, la garde puisque eux seuls pouvaient prévenir qu'à 100 mètres, de nuit, des ennemis approchaient en rampant (300 m. pour les meilleurs flairs), les pigeons voyageurs, les moutons envoyés paître pour déminer des zones dangereuses. 
Nous avons été particulièrement sensibles au sort des chevaux, plus partiellement à celui des traits demi-lourds ou lourds, mais tous, demi-sang, pur-sang, postier... ont servi à transporter les troupes, la roulante, le ravitaillement, les munitions, l'artillerie légère, sans compter, et ce n'est pas accessoire, qu'ils ont contribué au moral des soldats du fait de l'affection pour les équidés (3,4 millions de paysans mobilisés). Honorer nos morts certes (parmi lesquels 0,55 millions de paysans) mais a-t-on voulu des monuments pour exprimer la reconnaissance due aux animaux embarqués dans l'horreur ? 
Sous cet aspect-là, la ville de Saumur a un monument aux morts avec un cheval représenté. Quant au célèbre Cadre Noir, son allégorie de centaures, pour marquer la complicité homme-cheval ne me plaît pas du tout : une allusion, même lointaine, à la zoophilie peut-être, et puis trop d'officiers bornés (postérité de l'ancienne noblesse, de nombreuses familles à particule gardant une tradition militaire permettant de dominer, de commander même dans l'armée républicaine, et ce, sans qu'on puisse toujours imputer les défaites aux politiques...). 
Mon venin libéré, concernant la reconnaissance due aux animaux de guerre, les Britanniques nous font la leçon : avant l'engagement de 1914, leur armée comprenait des structures vétérinaires alors qu'en France il faut le concours d'associations pour soigner les chevaux blessés : en comparaison du respect pour les chevaux outre-Manche, cela tend à une insensibilité barbare chez les Français. 
A Saumur ne dit-on pas que le cheval qu'on a soigné et dorloté doit être versé dans la bataille sans hésitation parce que son sacrifice donnera une fin heureuse ?) ; à un jeune vétérinaire qui voulait ménager les chevaux épuisés, son supérieur n'a-t-il pas répondu " Avec un révolver, il a tout ce qu'il lui faut pour remplir sa mission " ? Et pour ajouter à ce triste constat, les Anglais ont malheureusement remarqué que les cavaliers français chevauchent des heures sans jamais descendre de monture pour soulager le dos des chevaux... 

Port de St-Nazaire, le paquebot Venezia, et, à quai les chevaux d'Amérique qui viennent de descendre. Licence Ouverte 1.0 Photographe Opérateur Z (code armée)


Et quand il a fallu importer des chevaux d'Argentine notamment, ceux des Français restaient tout le voyage à fond de cale avec des animaux morts qu'on ne pouvait enlever qu'une fois arrivés (les chevaux anglais ont droit à la promenade). Pour le passage de l'Équateur, la chaleur, la moiteur posant problème, aux deux ponts intérieurs, on adjoignit deux étages en plein air sauf que les animaux au niveau inférieur recevaient la pisse et le crottin du niveau au-dessus...   

Alors pour les décorations, pour les monuments, aux chevaux comme aux chiens, ce n'est pas de notre côté qu'il vaut mieux regarder. Même sur notre sol, à Chipilly en Picardie, le monument au cheval blessé est dédié à la 58e London Division...  

A côté de ce lourd réquisitoire contre l'armée (et non contre le paysan avec son compagnon de travail qui, au contraire marquait son affection pour l'animal, comme la plupart des soldats), avec un mot  pour les mules, mulets et les ânes (à qui on entaillait la lèvre supérieure sous une narine pour que leurs braiements n'alertent pas / de nombreux ânes périrent mitraillés, gazés, parce qu'ils montaient au front tous les jours), manquaient des détails sur la réquisition des bêtes. 
Dès le début de la guerre, avec 0,2 million de chevaux aux armées, on dut en mobiliser un demi-million chez les particuliers (2,8 millions sur toute la durée de la guerre, chevaux, juments, mulets, mules, ânes, au début de plus de cinq ans mais pris dès leur entrée dans leur quatrième année). 
Réquisition_chevaux Paris 1914 Auteur Agence Rol wikimedia commons domaine public


Comme pour les hommes, des affiches sont apposées, le maire doit recenser les bêtes. Le jour dit, les propriétaires doivent présenter les animaux concernés sous peine d'amendes et sanctions. 
Louis Bréchard, vigneron du Beaujolais, déjà sollicité ici même pour les vendanges, raconte que les paysans devaient faire courir leur cheval sur cinquante ou cent mètres, deux vétérinaires observaient puis auscultaient, prenant aussi les rythmes pour les poumons et le cœur. Sachant que le cheval s'essouffle s'il mange trop de foin, on ne lui donnait pas d'avoine ce matin-là, des fois qu'il puisse être réformé. En plus des hommes, on prenait le cheval qui recevait un nouveau nom ; le paysan, lui, ne recevait qu'un faible dédommagement (et ce sont les femmes qui ont maintenu les terres et nourri la France). 

A la fin de la guerre, l'armée a revendu les chevaux démobilisés avec une priorité donnée au propriétaire s'il se manifestait, c'est ainsi que le brave cheval de Bompas put, depuis Lyon, comme les chevaux dont parle Papa Bréchard, rejoindre son mas... il faut dire qu'il avait eu la chance d'être mobilisé avec le ramonet...