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vendredi 30 juin 2023

SÈTE 12, Paul VALÉRY 3ème partie.

Le_suicide_du_lieutenant-colonel_Henry_-_Le_Progrès_illustré_(septembre_1898) Domaine public Gravure d'Auguste Tilly (1840-1898)

Ce qui a évolué dans le bon sens est qu’à propos des personnes qui marquent leur époque, la tendance, plus transparente, est à ne plus cacher ce qui pourrait nuire à la renommée. On a dit que Valéry manquait d’empathie, de sensibilité, on a rapporté qu’avec Cocteau, ils n’arrêtaient pas de dézinguer nombre d’écrivains. On sait, qu’anti-dreyfusard,  il a cotisé auprès de la veuve du colonel Henry, auteur d’un faux (prétendument dans le but de sauver l’honneur de l’armée !) (1). On sait aussi que sous l’occupation, il a lu l’éloge funèbre « du Juif Henri Bergson », ce qui lui valut d’être rejeté du secrétariat de l’académie française. Parmi ces gens à part qu’un relatif anonymat protège, Valéry, de cette élite admirée fait pour cela aussi partie de ceux qui restent en permanence sous le feu de toutes les critiques. Sa mort, en juillet 1945, lui vaut des funérailles nationales. Suivant sa volonté, son corps est ramené à Sète. Un geste qui compte peut-être parce qu’il ramène à l’être de chair qu’il ne faut pas renier ; sans lui, en effet, qu’en serait-il de l’esprit voulant s’élever ? (Qui a dit « on est du pays où on laisse ses os » ?) 

(1)  Encore une prétention nationale, nous savons ce que la prétendue plus forte armée au monde est devenue face à Hitler. Les Étasuniens parlent d’arrogance... venant d’eux, c’est vrai qu’ils sont experts en la matière... 

Alfred-Dreyfus before 1894 Domaine Public Portrait par Henri Roger-Viollet (1869-1946).

25 juin 2023 : sans rien savoir du programme et tournant plutôt le dos à la télé publique (propagande, médiocrité, abus de pubs, démagogie...), hier soir pourtant, plus de deux heures d’une émotion comme seul le cinéma savait m’apporter dans l’innocence de l’âge tendre et que seul un concours de circonstances exceptionnel est capable d’apporter lorsque la vie rentre dans le dur. « J’ACCUSE », le titre vu avec le générique de fin, ramenant bien sûr à Émile Zola, un des deux Français de mon panthéon (avec de Gaulle), ramenant à cette prétention mal venue de « l’armée française » et dans le cas de l’Affaire Dreyfus à un racisme antisémite d’autant plus pernicieux puisque dans la promotion, dans le sens d’une opinion publique d’un extrémisme répugnant et qui, attention, sommeille toujours... Mais quand un homme se lève, des pas nombreux contre tous, un flux de reconnaissance vous submerge. C’est à noter, à mettre dans la colonne « Actif », venant, d’autant plus, d’un esprit sanguin prompt à faire la part du déshonneur, de l’amoralité, de l’inacceptable : aussi, au débotté, parmi ceux qu’un mauvais fonds trop bien partagé, de lâcheté, de laisser-faire, de bas instincts, accepte parce qu’ils ne déparent pas à leur norme, je dis son fait guère glorieux à Gallimard par exemple, l’éditeur enrichi pour avoir prospéré en eaux troubles, de la Première à la Seconde Guerre Mondiale, à Derrida, le philosophe raciste contre le Sud, à Destouches, ce Louis-Ferdinand fou furieux que les Narbonnais devraient être les premiers à boycotter pour ce que ce salop a dit d’eux ! Et tout comme je dénigre ces artistes vivant du public qui se prononcent pour un politique, je pense à Barbelivien, je tire au bas de leur piédestal, ces beaux parleurs tel Lucchini qui justement fit son beurre des écrits de Destouches ou un acteur apprécié tel Berléand, François de son prénom, qui dénigre la rouspétance française pourtant de son public, susceptible d’apprécier l’acteur, non pas dans le cadre privilégié d’un théâtre mais à la télé, populairement accessible ; je tire à boulets rouges sur  un Wilson, fils de, pour la colère arrogante avec laquelle ce môssieur se permit d’accabler la Marseillaise de son crétinisme anachronique. A l’opposé, serait-ce subjectif, dans la lignée de Delon, Belmondo, il ne me paraît pas malsain d’apprécier Dujardin. Mais c’est que le film a été réalisé par Roman Polanski ! De la part de quelqu’un trouvant une analogie entre la persécution de Dreyfus à l’époque et la sienne, sachant qu’aussitôt les tigresses antihommes sortiraient les griffes, plutôt que de hurler avec les loups, d’incriminer Polanski me semble moins fondé... 

« QUOI DE PLUS FÉCOND QUE L’IMPRÉVU, POUR LA PENSÉE ? » (VALÉRY Paul). 

Jean_Dujardin_Césars_2017 Creative Commons attribution-Share Alike 3.0Unported Auteur Georges Biard


mercredi 28 juin 2023

SÈTE 11, Paul Valéry 2ème partie.

Je vais vous dire, Paris des riches, parce que la ville a chassé de son paysage tout ce qu’elle avait de populaire, n’est qu’une SAL... TRAÎNÉE (1), à faire la fête, des réceptions du « beau monde » et pourquoi en serait-il autrement quand 1914-1918 rapporte tant aux faiseurs de guerres, ceux-là même qui de plus se frottent les mains à l’idée de reconstruire ensuite... Bien sûr qu’ils n’en ont rien à faire de ceux qui se font trouer la peau, de ceux  dont l’obus n’a laissé qu’une jambe pendue à un arbre (parce qu’il n’y a pas que les morts, figurent aussi les disparus de la guerre !) de ces gueules cassées dont la plastique amochée leur fera détourner le regard ! Et à présent, cette indécence extrême à défendre l’immigration pour le sous-prolétariat qu’ils exploitent..., cette image lamentable à l’esthétisme pompeux qui va aléatoirement glorifier un tel plutôt que tel autre également monté à Paris... bien sûr que les célébrités sont complices, dans leur prétention à percer, à réussir. L’essentiel de la société suit, ce troupeau dans ce qu’il cache mal d’envieux, d’égoïste, de lâche, de conformiste, de people, pour être dans l’air du temps, comme s’il fallait « faire nation », quel qu’en soit le prix, ainsi que le martèlent les politiques aux ordres de ces privilégiés indécents, pour une paix sociale dont ils sont les premiers exploiteurs et qu’ils veulent à leur main. Eux n’ont aucun scrupule, nulle honte à démontrer un penchant naturel loin de tout humanisme, encore en évidence avec cette majorité d’intellectuels complices depuis celle qui va se mouiller sous Vichy et celle politico-compatible d’aujourd’hui nous obligeant à nous accommoder avec des présidents médiocres, une gestion hypocrite, faussement présentée dans le but de toujours privilégier les puissances d’argent apatrides d’un système planétaire d’exploitation ! En cela, et sans pour autant me complaire à mener une chasse aux sorcières, je pointe du doigt des gens publics, dépendant du public et se démarquant d’une neutralité comprise comme ce Berléand, trop accommodant, dénigrant ceux qui l’ont fait célèbre, le font vivre parce qu'ils abuseraient en protestant et manifestant... ou encore l’autre Wilson, fils de, blanc de colère et d’un crétinisme certain à propos des paroles de la Marseillaise. Je préfère les mots directs et la franchise de Houellebecq ! Mon venin n'a-t-il pas l'inconvenance de côtoyer la respectabilité de Valéry, serait-il, comme tant d’autres, monté à Paris, de même que Brassens, pour ne citer que lui à Sète ? Disons que loin de vouloir attenter à tout ce que ce grand esprit apporte notamment dans les 30.000 pages de ses cahiers, je me sens suffisant au point de laisser libre cours à mes médisances en référence aux chicanes et railleries du duo Valéry-Cocteau sur leurs contemporains et aussi par rapport à cet anarchisme que Paul Valéry a revendiqué. 

Cocteau 1937 Domaine Public Auteur Studio Harcourt


Paul_Valéry 1938 Domaine Public Auteur Studio_Harcourt

Les honneurs rendus aux grands hommes sont foncièrement équivoques, souvent à double-tranchant. La deux centaine de Cahiers sur lesquels Valéry écrivait ses idées et pensées du matin, l’ossature langagière décortiquée, la poésie démantibulant la syntaxe, les suites de mots déconstruites, de la part de quelqu’un à part, je veux bien dire, citer son nom, m’y référer parce qu’il a du génie. Quant à sa poésie, il faut s’en honorer, sans se prendre la tête car, faute de message, elle demande au lecteur l’effort extrême d’en reconstituer les images, de se détacher du poète puisqu’il est nécessaire de construire sa propre interprétation. Plus on crie fort et soudainement au génie, plus on est enclin à le brûler à un moment donné. Les années après-guerre ont vite rangé Valéry dans les cintres... Pourtant son cours de poétique au Collège de France était remarquable...Tout passe, tout lasse... Heureusement tout peut revenir, l'Histoire ne repasserait-elle jamais les mêmes plats...  

(1) À l’opposé, j’aime le Paris populo, des faubourgs révolutionnaires, des Titis, des Gavroches, de la Commune, des Grisettes, le Paris de Zola. Comme acteur, réalisateur, Gérard Jugnot a su faire passer l’émotion que la capitale suscitait de ce point de vue... Belle ambiance des films tels que « Monsieur Batignoles », « Faubourg 36 ». 

Gérard_Jugnot_-_Avant_première_Rose_et_Noir_-_Montpellier 2010 the GNU Free Documentation License, Version 1.2 or any later version published by the Free Software Foundation Auteur Esby (talk)


dimanche 29 janvier 2017

SINGULIERS PLURIELS.../ Montpellier, Sète, Languedoc...


Est-ce en 1968 ? un ou deux ans après ? Il ne sait plus et puis qu’importe. Il sait seulement que c’est un jour d’été, annoncé par des les virages serrés et criards des martinets, dans un ciel pur, de lumière inondé.  


L’esplanade. Au fond de la perspective, le temple grec gardien des eaux. Les feuilles vernies des marronniers et leurs grandes fleurs qui l’égarent vers une improbable dame aux camélias. Son père l’a déposé à l’entrée de la Promenade. Il est à Montpellier pour une commission qui examine et  rattrapera peut-être des résultats qui pourraient passer. Journée repêchage non seulement pour des bilans ric-rac au bac mais aussi pour des relations père-fils plutôt grippées, d’où le prétexte pour la balade. 

Il a même prévu un itinéraire retour par Sète et le bord de mer. Seraient-ils natifs, ils ne se lassent pas des visages changeants de la Grande Bleue. Le passage par la corniche complète à merveille l’aller avec Molière et Lapointe à Pézenas, les huîtres et les moules de Mèze et Bouzigues sur le Thau. Après le port, les chalutiers à quai, le belcanto des ravaudeurs et ces terrasses de cafés qui chantent le mezzogiorno, le Mont-Saint-Clair expose son cimetière marin vers le soleil et le large, par-delà les criques. Midi l’implacable brûle des feux de l’impatience. Entre le souffle trop léger, trop chaud des terres et les signes d’une brise marine devant tourner sous peu, c’est à peine s’il flotte un air poétique, c’est pourtant là que repose Paul Valéry, l’homme singulier de l’île singulière, revenu au pays, en dernière extrémité.

« Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !.. »

Vers Agde, en suivant le lido, le souvenir évanescent du poète s’est vite fondu dans les volutes d’air brûlant. On n’est pas sérieux quand on a dix-huit ans et que l’été appelle...

Il a fallu Brassens, sa complainte pour être enterré sur la plage de Sète et surtout, barrant l’espace, la silhouette du Mont Saint-Clair, en pendant des Albères, à l’opposé. Valéry d’un côté, Machado à Collioure, ouvrant ensemble le Golfe du Lion, en éventail, au-delà des "focs qui picorent"... Tant d’années il a fallu, pour que, auprès de ces grands hommes, bourgeonnent des idéaux de conscience, de libertés, si éloignés, foulés aux pieds, même, aujourd'hui, par les dirigeants carriéristes et bestiaux qui, toute honte bue, nous gouvernent... 



crédit photos commons wikimedia : 
1 Château d'eau du Peyrou, Montpellier auteur Christian Ferrer.
2 Promenade du Peyrou auteur Pierre Selim.
3 Sète Le Port auteur Christian Ferrer.
4 Sète cimetière marin auteur Fagairolles34.  
5 Sète cimetière marin tombe de Paul Valéry aut Fagairolles34.  
6 Antonio Machado  
7 Collioure auteur Henning Dippel