Aude, Languedoc, Tchécoslovaquie, Ariège, Pyrénées, Océan Indien, Lyon, Brésil, ports familiers mais unique maison des humains. Apprendre du passé, refuser la gouvernance cupide suicidaire. Se ressourcer dans l'enfance pour résister, ne pas subir. Passer ? Dire qu'on passe ? Sillage ? Aïeux, culture, accueil, ouverture aux autres, tolérance, respect, héritage à léguer (amour, écoute, cœur, mémoire, histoire, arts...) des mots forts, autant de petites pierres bout à bout qui font humanité.
dimanche 14 août 2022
LA FRANCE N'EN FINIT PAS D'ALLER MAL (suite et fin)
LA FRANCE EST MAL, LA FRANCE VA MAL... témoignage vécu.
La honte, ce pays ! ou quand le SAMU te fait comprendre dans un langage certes plus châtié que le mien : Démerdez-vous toute seule !!!
Ma mère, 93 ans, s’est assise cet après-midi à l’ombre dans un des fauteuils du jardin, pas un des récents qui aurait eu une bonne hauteur mais dans un ancien plus bas. Et est arrivé, ce qui devait arriver : elle n’arrivait plus à se relever. J’ai réussi par deux fois à la relever en la faisant s’accrocher à mon cou mais ses jambes ne répondaient pas : douleurs et tremblements dans la jambe droite, la « saine », et un genou qui flanchait pour la jambe gauche aux séquelles de polio. J’arrivais à redresser la jambe gauche en appuyant mon genou contre le sien, mais dès que je retirais le mien son genou gauche flanchait à nouveau. Donc retour dans le fauteuil.
Selon ma bonne habitude allemande, j’ai donc fini par appeler le 112. Je suis tombée sur le central des pompiers et me suis presque fait engueuler ! Si elle était tombée par terre, ils seraient venus, mais comme elle était encore dans son fauteuil, ils ne viendraient pas. Ils m’ont quand même transmis au 15 où j’ai dû à nouveau expliquer le problème à un monsieur qui a seulement dit qu’il allait me mettre en relation avec un médecin généraliste. Et j’ai attendu, attendu, attendu …. en me disant que la batterie de mon portable serait presque vide quand j’aurais enfin quelqu’un au bout du fil ! Et puis j’ai enfin pu expliquer une troisième fois le problème. Et là, il me dit qu’il ne peut rien faire et que je dois voir avec les voisins s’ils peuvent m’aider ! Tu parles ! La plupart des voisins de ma mère ont plus de 70 ans, très souvent même plus de 75 ans (l’une des voisines de ma mère en a 86 !!!) et les deux qui sont un peu plus jeunes sont partis en vacances ! Et vu les handicaps de ma mère, il faut que ce soit des personnes qui aient un minimum de connaissance des gestes techniques que, personnellement, j’ai acquis en observant les infirmières qui venaient soigner mon mari. Je me suis alors mise à cogiter, à passer en revue ce que je faisais dans un cas semblable avec mon mari. À la troisième tentative j’ai réussi à relever ma mère, toujours en lui disant de s’accrocher à mon cou, et à l’asseoir dans un fauteuil de jardin récent que j’avais légèrement imbriqué dans celui où elle était assise. En tirant sur le fauteuil sur environ un quart du tour de la maison, je l’ai installée dans la salle à manger où elle a pu manger et boire. Là je viens de la mettre au lit non sans badigeonner sa jambe droite d’une pommade allemande à base de plantes (Teufelskralle = griffe du diable) qui a déjà donné de bons résultats sur ses cervicales ainsi que sur les miennes et mes genoux. J’espère que demain ça ira mieux ! Mais pour ma part, je risque d’avoir un sacré mal de dos !
Presque quatre heures plus tard, je suis toujours offusquée de l’attitude des secours. S’ils m’avaient dit on viendra quand on pourra, on aurait attendu au besoin jusqu’au milieu de la nuit.
Les trois dernières années avec mon mari, je ne sais combien de fois j’ai dû le relever parce qu’il était tombé, le transférer du fauteuil roulant dans un fauteuil « normal » ou le lit et inversement. Et puis une paire de fois j’ai dû appeler les secours car je n’y arrivais pas. Jamais je n’ai été rembarrée, tout au plus on me disait presque en s’excusant que cela pouvait mettre un certain temps car ce n’était pas un cas prioritaire. Je me souviens encore de la dernière fois où j’ai dû les appeler : le dimanche ou le lundi de Pentecôte 2016 et on m’avait prévenu que cela pourrait prendre deux heures avant que les secours n’arrivent. 45 minutes plus tard, ils sonnaient à notre porte. Ils ont relevé mon mari, l’ont ausculté sommairement. Je les ai remerciés chaleureusement et le monsieur et la dame m’ont humblement répondu : « Mais, on est là pour ça, Madame » !!!!! Je doute fort qu’en France on ait droit à une telle réponse !
samedi 1 janvier 2022
BOUNO ANNADO 2022 !
Boun, brave, bel que siegue l’an nouvel e si sen pas pus, sioguen pas mens !
Avec 136.000 pages vues en 8 ans, pour partager le voyage, pour marquer l'attention que je vous porte, et parce qu'il n'y a pas de message sans destinataire, pour ce partage planétaire, je souhaite à tous le meilleur en 2022.
Dears loyals friends in the world or in the United States, accept my almond flowers to wish you the best in 2022. Good New Year.
Chers et fidèles amis de la France aussi métropolitaine, ultramarine et francophone, recevez mes fleurs d'amandier pour une bonne et meilleure année 2022.
Celé mé rodině z Holoubkova a Mělníka, našim českým přátelům z Prahy a z "mame radi Rokycansko" přejeme vše nejlepší do nového roku 2022.
Cari e fedeli amici dall'Italia, con il mio sentimento molto mediterraneo, accettate il mio fiore di mandorlo per un buono anno nuovo 2022.
Amis et lecteurs éparpillés du Monde entier, merci de votre fidélité et que ma fleur d'amandier vous porte le meilleur en cette année 2022.
Дорогие и верные друзья России, от Санкт-Петербурга до Владивостока, примите мой цветок миндаля с новым 2022 годом.
Dears and faithfuls friends of green Ireland, since the song about the orange flower, accept my almond tree for a good new year 2022.
Шановні та вірні друзі України, незважаючи на мої страхи, прийміть мій цвіт мигдалю з новим 2022 роком.
Liebe und treue Freunde aus Deutschland, die die okzitanische Sprache ehren (es ist nicht der Fall in Frankreich), nehmen sie meine Mandelblumen für ein gutes neues Jahr 2022.
Queridos primos catalanes, queridos y fieles amigos de España, que siempre han sido tan cercanos, comparte mi flor de almendro para un bueno año nuevo 2022.
Caros amigos portugueses tão hospitaleiros, partilhem a minha amendoeira em flor por um bom ano novo 2022.
Drodzy polscy przyjaciele, z moją solidarnością jako Europejczyka, podzielcie się moim kwiatem migdałów na szczęśliwego nowego roku 2022.
Chers amis belges, acceptez ma fleur d'amandier pour une bonne année 2022. Beste Belgische vrienden, aanvaard mijn amandelbloesem voor een goede nieuwjaar 2022.
Dears friends of the United Kingdom, accept my almond flower for a good new year 2022.
Dragi prieteni români, din Bucovina până în Delta Dunării, primiți floarea mea de migdal pentru un an nou fericit 2022.
Dear friends from Hong Kong, with my solidarity, accept this almond flower for a good new year 2022.
Chers cousins du Québec, amis du Canada, acceptez ma fleur d'amandier pour une bonne année 2022.
Kära vänner från Sverige, acceptera denna mandelblomning för ett gott nytt år 2022.
Teman-teman pulau Indonesia yang terkasih, terimalah bunga almond ini untuk menyambut tahun baru 2022.
lundi 16 novembre 2020
MARCHÉS NOIR, BRUN, GRIS ou ROSE / Fleury d'Aude en Languedoc.
Lors de la dernière guerre, la nourriture reste le premier souci. Article lié à https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/2020/11/monsieur-petiot-non-pas-le-terrible.html
Helianthus tuberosus fleur de topinambour wikimedia commons Author AnRo0002 |
Combien à Fleury eurent recours à ce secours dans l'échange ? Dans quelle mesure l'entretien d'un potager, ou d'une surface nouvellement dédiée, participait à l'approvisionnement ? Topinambour dont le goût rappelle l'artichaut qui pousse tout seul et se récolte de l'hiver au début du printemps, plein de bonnes choses ? Rutabaga, le "chou-navet" se conservant tout l'hiver, si décrié car consommé en période de crise même en dessert, jusqu'à l’écœurement ? Chez mon grand-père ils ont certainement cultivé : l'anecdote du beurre confisqué se passant en 1943, depuis 1940 et trois années de guerre et d'occupation, il a bien fallu qu'ils subsistent et résistent. Mon père a eu évoqué et peut-être écrit qu'ils ont eu semé des lentilles qui venaient bien à la vigne du Cercle, dans la cuvette de l'étang asséché de Fleury.
Topinambours wikimedia commons Author Kou07kou |
La France vaincue qui peine et échoue à nourrir sa population encourage le retour à l'esprit paysan, et aux semelles en bois puisque 88 % des cuirs était envoyés en Allemagne. Avec les potagers familiaux ou autres jardins ouvriers, l'apport ne compensait pourtant pas ce que le commerce ne fournissait plus. Aussi la propagande promouvait-elle la frugalité ! Il est vrai que de 1940 à 1944, le quart du blé, de l'avoine, de la viande partait en Allemagne. La pénurie provoque la multiplication par quatre des prix de l'alimentation.
rutabaga wikimedia commons domaine public |
Ce qui est introuvable s'achète au marché NOIR clandestin, illégal. Les marchandises sont détournées du marché officiel. La pénurie fait augmenter les prix jusqu'à dix fois la norme.
Ce que les Allemands achètent participe d'un marché BRUN particulièrement intéressant pour l'occupant qui a surévalué d'un coup le reichmark de 11 à 20 francs français, tout se trouvant alors presque deux fois moins cher pour eux (1,81 fois) !
https://clio-cr.clionautes.org/les-jours-sans-1939-1949-alimentation-et-penurie-en-temps-de-guerre.html
http://www.histoire-en-questions.fr/vichy%20et%20occupation/restrictions%20rationnements/paysan.html
https://www.persee.fr/doc/abpo_0399-0826_1985_num_92_1_3182
http://www.loubatieres.fr/?p=4271
mercredi 22 mai 2019
TANT DE MONDE AUTOUR D'UNE BICYCLETTE !
samedi 23 février 2019
TOMI UNGERER… LES SOUVENIRS SONT DES CHAÎNES DANS NOS TÊTES…
lundi 13 novembre 2017
« PAPA, ON Y RETOURNERA ! » / Hartmannswillerkopf, à ceux de 14-18 !
jeudi 12 janvier 2017
UNE DÉPUTÉ FN DÉFEND MAYOTTE / Une île, les tripes à l'air
Quelques pistes, manière de réfléchir :
C'est vrai que, libéraux pour l'économie, nos responsables continuent de cultiver une tendance "marxo-international-trostkyste" qui les fait prêcher pour tous les damnés de la Terre à condition qu'ils soient étrangers... mais prêcher seulement, car moins virtuellement, il n'y a qu'à voir où en est une coopération régionale dans le Sud-Ouest de l'Océan Indien, par exemple, laissant peser sur le dos seul des Mahorais une pression migratoire incroyable et à propos de laquelle ils se font traiter de racistes... A Mayotte, les étrangers (à qui nos gouvernants interdisent de partir pour la Réunion ou la Métropole, ben voyons...) représentent plus de la moitié de la population !!! De ne pas les compter (l'INSEE doit être aux ordres...) présente pour eux l'avantage de moins lâcher de leur avarice et pour l'île de devoir partager la portion congrue, c'est particulièrement vrai pour l'hôpital, les établissements scolaires
N'oublions pas le mépris cynique de François Ier la Francisque qui est allé à Moroni et à Mada mais pas à Mayotte... des formules telles que "Parce que c'est mon bon plaisir" ou "Le roi c'est moi" trouvent à s'appliquer pour notre monarchie républicaine. Pour revenir au sieur de Jarnac, faut dire qu'il avait mieux à faire au Rwanda, pays assurément plus français et plus "turquoise", bien qu'issu des colonisations belge et allemande !!!
N'oublions pas que nos fiers défenseurs du peuple laissent, par l'entremise de l'UE, les pillards libres de gâcher la ressource dans des eaux territoriales plus réduites qu'ailleurs, puis d'aller faire travailler Maurice ou les Seychelles parce que le développement avec un vrai port est le dernier de leurs soucis.
N'oublions pas que nos nomenklaturistes laissent, dans les Travaux Publics, de grosses multinationales parasites libres de faire payer 3 fois plus cher pour des routes avec 3 fois moins de camelote et qui tiennent 3 fois moins de temps !!! (ils diront que c'est pour prévenir les glissements de terres mais une des dernières en date est encastrée dans une gangue de bordures en béton empêchant notamment le passage des animaux, manière de faire grimper l'addition).
N'oublions pas qu'en 2006-2007, ils ont engagé des études onéreuses pour la retenue collinaire de l'Ourovéni et que la population du Sud ne dispose plus d'eau potable plus d'eau potable, vu que, dix ans après, rien n'a été fait des dossiers. (Comme à l'agriculture, au gré des techniciens nommés, ils dorment dans un tiroir, une conséquence de la gestion "post-coloniale) !!!
N'oublions pas que ces sinistres crétins, loin de gérer la France "en bons pères de famille" jettent par les fenêtres d'un côté et imputent les économies aux plus défavorisés... Ne me dîtes pas que de réduire les inégalités sans marchandages ni radinerie coûterait tant à la cinquième ou sixième puissance mondiale... l'Allemagne l'a fait pour des millions d'Ossis et nous n'avons pas honte de ne pas faire un effort à hauteur de 0,7 % pour 200 000 habitants ? (voir les promesses pour 2037 puis 2025 des alternatifs de la gouvernance, droite et gauche confondues).
Faut-il en rajouter avec, dans le désordre, le fiasco de l'école (45% de non-titulaires), celui du tourisme, de la santé, de l'insécurité (Cazeneuve promettant 100 postes pour 14 en réalité en tout et pour tout !) et en général de l'inégalité subie par des citoyens catalogués de troisième zone (allocations, logement, etc.) ??? Par contre, vous pouvez croire que pour ce qui est des Devoirs, la Ferme Générale sait imposer sans état d'âme l'obligation de l'impôt... mieux encore, dans un élan rappelant des pratiques totalitaires (mais la France n'est pas la Biélorussie...), elle perçoit de force l'assiette globale même si la moitié des contributeurs n'est pas encore recensée... Vous avez bien lu : le Trésor Public justifie ainsi devoir faire payer le double aux contribuables listés !!!
Faut-il en rajouter quand un "après nous le déluge" conclut le pourrissement moral des gouvernants ? Ici, si peu est fait pour protéger les milieux naturels (mangrove, forêt). Et ces irresponsables aux bras ballants mais aux poches pleines ne proposent rien pour les énergies alternatives, la récupération des eaux pluviales, des transports moins polluants...
Ah, si, si ! acoquinés avec les milliardaires qui y perdraient, ils tapèrent du poing sur la table pour pistonner TOTAL quand Mayotte, après un appel d'offres, voulut céder les hydrocarbures nationalisés à une société mieux-disante mais de Maurice !.. Je vous prie de croire que si les hauts fonctionnaires sont promus quand la forfaiture ne remonte pas jusqu'à Paris, dans l'autre sens, les coups de bâton redescendent vite du ministère pour pistonner un pétrolier du premier cercle de la nomenclature, un pétrolier arguant au départ qu'en tant qu'entreprise française, tout devait lui être donné !!!
...Bref lol... quand nos dirigeants nous méprisent, que pourrait faire l'UE avec encore un ramassis représentatif d'apparatchiks plus prompts à favoriser (avec nos deniers) la finance internationale, à bien profiter de privilèges (ce fonctionnaire de Bruxelles libre de faire ronfler sa grosse cylindrée sur l'autoroute, sans crainte des pv), à imposer des lois fallacieusement surréalistes qui nous interdisent des échanges plus naturels et écologiques avec les voisins mais laissant les coudées franches à des acteurs économiques d'un marché dit libre : le commerce est cadenassé par quelques filiales de grands groupes qui ne se cachent pas de faire un bénéfice même sur le transport par conteneurs ?!?!
Et de réserver une clientèle captive à des compagnies aériennes déjà financées par le public (Air Austral), n'est-ce point du mépris ? Leur morgue va même jusqu'à faire payer à un prix prohibitif les billets des fonctionnaires en congé administratif ? Dois-je ajouter que mes amis du vice-rectorat libéraient des enseignants avant les vacances et en faisaient rentrer d'autres après la rentrée, les flux financiers vers les privés de l'aérien comptant plus que l'intérêt (pardon pour le gros mot) des élèves ? (toujours l'histoire des frais pour l' éleccicon (électeur-citoyen-contribuable) et du bénef pour le milliardaire)...
Moralité : quand younousais pas ce que peut bien foutre le socialo Omarjee, député européen en titre, cela me soulagerait, presque, qu'une autre représentante au Parlement européen, fût-elle FN (1), se soit emparée du riche sujet de notre pauvre Mayotte !!!
De telles attentions, si opportunistes à court terme pour un parti qui reluque avant tout une rente de situation jusque là confisquée par nos deux grandes écuries de canassons, ne doivent pas nous endormir... la nièce de la dynastie Le Pen (2), s'étant clairement positionnée, elle, pour le rejet de Mayotte...
Dans la turbulence pathétique d'une année 2017, sûrement année charnière, je ne sais pourquoi le "Ah ! les cons, s'ils savaient !" de Daladier revenant de Münich (sept. 1938) me revient en mémoire...
(1) avant de jeter la pierre, réfléchissons à tout ce que peuvent avoir d'honnête, de moral, d'exemplaire, des socialistes en vue comme Cambadélis, Désir, Dray ou Terrasse ? (voir à ce sujet le projet de loi de Le Roux)
PS : pardon d'être lourd et brouillon, ça sort des tripes, dans l'urgence, de Mayotte éventrée...
http://joellemelin.com/video-de-conference-sos-mayotte-mayotte-aujourdhui-leurope-demain/
lundi 1 août 2016
"ŠKODA LÁSKY...", une chanson de la Libération / Československo / Holoubkov, ma forêt perdue...
Comme souvent, avec les souvenirs, on passe facilement du coq à l’âne lorsque, se tournant vers maman, il fredonne « ta ta rara, tara tara tarara...(a) (1), tu te souviens, à Holoubkov, le Russe, dans les fourgons de l’armée soviétique, huit jours après les Américains, comme il n’arrêtait pas de nous la jouer à l’accordéon, on aurait pu lui seriner "coda, coda, coda" !..».
« Škoda lásky kterou jsem tobě dala,
škoda slzí které jsem vyplakala,
Moje mládí uprchlo tak jako sen
Ze všeho mi zbyla jenom v srdci mém vzpomínka jen. »
Et moi, à l’ordinateur, cherchant à savoir si ce n’est pas une chanson américaine importée et traduite... Quelle idée même s’il y eut le swing, le jazz, « In the Mood » de Glenn Miller (b) ! Il était bien gentil le Russe de ne pas jouer que Katioucha (c), autre chant marquant la victoire !
"ŠKODA LÁSKY..." nous vient de l’Est, slave et mélancolique à souhait, une musique de 1929 de Jaromir Vejvoda, servie par des cuivres et qui à la Libération, déborda les frontières. Quelques paroles, quatre vers seulement dont les deux derniers repris à la fin :
« Dommage l’amour que je t’ai donné,
Dommage les larmes que j’ai versées
Ma jeunesse s’est évanouie comme un songe
D’elle, il ne me reste au coeur que mes souvenirs. »
Que cela ne fasse pas oublier, surtout, tous ces soldats venus de l’autre bord de l’Atlantique pas plus que ceux de la Volga et du Baïkal pour anéantir le nazisme (2)... En France, Le Temps des Cerises (d) et toute sa symbolique, plus que les airs légers, a marqué la Libération. Et j’allais oublier le destin de « Lili Marlene » (e), d’abord chant conquérant des Allemands puis retourné en quelque sorte lors de la reconquête des Alliés.
Cette liesse collective, si on n’en retient pas seulement l’explosion de joie, exprimait sincèrement le soulagement et l’espoir projeté vers le futur tant le prix à payer fut lourd pour réduire les fascismes.
A écouter
(a) https://www.youtube.com/watch?v=jyI9Pj4CEdE
(b) https://www.youtube.com/watch?v=bR3K5uB-wMA
(c) https://www.youtube.com/watch?v=2SLvtP6KMUM
(d) http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/50_chansons/01_temps_des_cerises_le.htm
(e) https://www.youtube.com/watch?v=Q56QzGcAKZc
Et pour la France, Fleur de Paris http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/50_chansons/48_fleur_de_paris.htm
(1) pour vous donner une idée, et vraiment par charité, c’est la musique de «Frida oum papa» aux paroles si nulles, ridicules et si irrespectueuses (ce qui est parfois un mal français) de la chanson tchèque «Skoda lasky» de 1927. Le fait qu’une chanson mondialement connue ne soit reprise en France qu’au milieu des années 70 ne plaide pas pour nous non plus... Oubliez cet énième avatar de la bonne du curé et écoutez-la donc dans sa version authentique et tchèque.
Notons aussi, en flop, pour le non-respect mémoriel, «Katiusha» devenue le kazatchok par la prêtresse du bain de siège !
(2) ceux venus de si loin, aussi : du pays continent, de celui du long nuage blanc et ceux des colonies britanniques et françaises, et, plus proches, ces Républicains de « La Tricolor ».
jeudi 16 juin 2016
FRANÇOIS CAVANNA ET L’AMOUR DES LANGUES / mémoire de l'Europe
François Cavanna, LES RUSSKOFFS, pages 154 à 157, édition Livre de Poche 1981, extraits :
« ... J’en profite pour travailler mon russe. Et aussi mon allemand. J’ai découvert que j’aime ça les langues. Surtout le russe. J’ai toujours sur moi des petits calepins que je me fais avec des prospectus de la Graetz A-G cousus ensemble. Avant la guerre la firme fabriquait des lampes à vapeur d’essence, marque « Petromax », ils en vendaient dans le monde entier (1)... /... le verso est blanc, c’est chouette.
Je note tout avec mon bout de crayon, j’arrête pas de poser des questions... /...
... Je suis pour la première fois de ma vie confronté à des langues à déclinaisons. Dépaysement brutal. Je demande : « pourquoi tu dis des fois "rabotou", des fois "rabotié", des fois «"raboti"», des fois «"rabota"», des fois «"rabotami"», et des fois encore de bien d’autres façons... /...
... la seule Russe qui parle un peu français, la grande Klavdia, m’avait dit : nominatif, accusatif, génitif, datif, instrumental, prépositionnel, vocatif. J’étais bien avancé. Rebuffet qui a été au lycée m’a expliqué... /... C’est là que j’ai compris la différence entre l’instruction primaire, même «supérieure» et l’instruction secondaire. Tu te rends compte ? Pendant qu’on t’apprend «complément d’objet direct», à eux, au lycée, on leur apprend «accusatif». A toi, on t’apprend «sujet», à eux «nominatif» !.. /... Voilà qu’il y a une grammaire pour les riches et une grammaire pour les pauvres, dis donc !
Enfin, bon, le russe, je m’en suis vite aperçu, est aux autres langues ce que les échecs sont à la pétanque. Comment des moujiks arrivent-ils à se dépatouiller là-dedans, et même à faire des choses drôlement subtiles, le russe est la langue des nuances infinies, va savoir ! Mais quelle récompense ! Quel éblouissement ! Dès les premiers pas, c’est la forêt enchantée, les rubis et les émeraudes, les eaux jaillissantes, le pays des merveilles, les fleurs magiques qui lèvent sous tes pas... L’extraordinaire richesse des sons dont est capable le gosier russe, la fabuleuse architecture de sa grammaire, byzantine d’aspect, magnifiquement précise et souple à l’usage... Oui. je tombe facilement dans le lyrisme quand je parle du russe. c’est que ça a été le coup de foudre ! J’aime le français, passionnément, c’est ma seule vraie langue, ma maternelle, elle m’est chaude et douce, depuis ma dixième année, elle n’a plus de coins noirs pour moi, je m’en sers comme de mes propres mains, j’en fais ce que je veux. l’italien, que je comprends un peu, que j’apprendrai un jour, je ne le connais qu’à travers le «dialetto» de papa, je pressens un parler doux et sonore, à la grammaire jumelle de la nôtre, un jeu d’enfant pour un Français. J’ai fait de l’anglais à l’école, j’étais même bon, maintenant je m’attaque à l’allemand, c’est une langue formidable, restée toute proche du parler des grands barbares roux casseurs de villes en marbre blanc, si je n’avais pas connu le russe au même moment, j’en serais tombé amoureux, je le suis, d’ailleurs, mais la souveraine fascination du russe surpasse tout, balaie tout... /...
... Il y a une autre raison, bien sûr. Sans doute la plus puissante : le russe est la langue de Maria !.. /...
... Les babas entre elles parlent plutôt ukrainien. C’est très proche, c’est un dialecte russe, mais enfin il y a des différences. «khleb» le pain devient «khlib» en ukrainien; «Ougol» le charbon devient «vouhil»... /...
... En une semaine j’ai su l’alphabet cyrillique. Je lis et j’écris maintenant couramment. ça aussi ça fait partie du jeu, cette écriture irritante pour un non-initié... /...
... Je traîne partout mes calepins crasseux. je repasse les listes de déclinaisons aux chiottes, et puis je me les récite en bossant, en marchant, avant de m’endormir... »
FACULTATIF VOIRE SUPERFLU CE DÉCRYPTAGE SUBJECTIF :
François Cavanna (1923-2014) appartient à ces auteurs plus témoins de leur temps que prosateurs ex nihilo... On dit qu’il écrit comme on parle, sans réaliser la complication et le travail en regard.
Dans LES RUSSKOFFS, il prend de la distance et n’a que peu d’indulgence pour les peuples, confrontés à l’Europe des dictatures et des démocraties molles, trop manipulables, changeants, lâches, capables du pire à partir du moment où ils sont menés par des bergers trop mielleux pour être honnêtes, trop au fait de l’emballement, plus négatif que bon, des foules.
En lisant Cavanna, on se convainc que les peuples savent forcer des germes aussi mauvais qu’endormis ; ils cultivent la haine, une exécration qui a culminé lorsqu’un d’eux a voulu en effacer un autre de la surface de la Terre.
Mais cela n’empêche pas l’auteur de faire passer aussi la sociabilité aimante de ces mêmes peuples, le vivre ensemble propre à chacun d’eux, les particularités qui en font des communautés uniques, autant d’intimités différentes, qu’une langue seule sait si bien traduire pour peu qu’on ose frapper à la porte.
Cavanna, sous ses airs bourrus et provocateurs, aime les langues parce qu’il aime des semblables. Il va toujours vers eux : c’est une de ses facettes positives, cachée sous un vernis "grande gueule". Et quand l’amour pour Maria, une déportée du travail ukrainienne, s’en mêle, dans le crépuscule du Berlin hitlérien, dans le chaos et les brassages tragiques, sa fougue pour les langues de notre chère Europe (2) sonne telle une grande espérance.
Soixante-dix ans après, malgré la paix globalement sauvegardée, qui ne piétine pas d’impatience face à l’inertie, à l’immobilisme trop facilement consenti ? A l’heure où une politique détestable veut imposer une langue venue d’ailleurs, dès le cours préparatoire, à l’heure où une certaine opposition, oublieuse des guerres induites par la testostérone nationaliste, ne prône qu’un repli derrière les frontières, pourquoi ne pas recevoir la déclaration d’amour de François Cavanna pour nos langues en tant qu’aiguillon vers une Europe où l’humanisme prévaudrait sur le cynisme d’une économie ouverte, ouverte surtout à l’exploitation des êtres, à l’addiction consumériste, au pillage généralisé ?
En ce début de millénaire qui voudrait faire porter aux langues une symbolique économique, politique, religieuse, sans parler de l’espéranto que Cavanna promut un temps pour contrer l’hégémonie de l’anglais (son côté électron libre), il est urgent pour les peuples d’imposer ses idéaux au cynisme mondialisé.
(1) Les petits pêcheurs de Mayotte, malheureusement de moins en moins nombreux chaque année, la ressource se trouvant légalement pillée par des flottes venues d’Europe, partent encore avec les « Pétromax », petites lumières ça et là sur le lagon...
(2) Pour moi... jusqu’à l’Oural et le piémont sud du Caucase sans oublier l’intégration des Balkans !
photos autorisées :
1. Commons wikimedia Cavanna signant "Mignonne, allons voir si la rose" auteur Oscar J. Marianez.
2. Cavanna STO fév 1943 Bundesarchiv_Bild_183-2002-0225-500,_Paris,_Werbung_für_Arbeit_in_Deutschland
3. Cavanna STO juillet 1942Bundesarchiv_Bild_183-H26364,_Paris,_Anwerbung_französischer_Arbeiter