lundi 13 novembre 2017

« PAPA, ON Y RETOURNERA ! » / Hartmannswillerkopf, à ceux de 14-18 !

GUERRES ? RELIGIONS? ARMISTICES ? RÉCONCILIATIONS ? SURVIVANTS ? / La paix mène toujours à la guerre !

« Ceux qui pieusement sont morts pour la patrie... » Victor Hugo est Victor Hugo sauf que le fondamentalisme religieux égare au point d’impliquer un dieu, cette fois chrétien, dans des tueries d’enfer... Pire que la guerre, la guerre sainte !
Le « Dieu est avec nous ! » de la France envahie, le « Gott mit uns ! » des envahisseurs en attestent...

« Vertigineux » aussi, pour Jean-Claude Carrière philosophe (1) : 
    
«... Comment Dieu, immensément bon, a-t-il pu permettre l’existence du mal ? Au plan théologique cette question est vertigineuse. Quelle réponse donner à part l’existence d’un pouvoir presque égal à lui dès l’origine ?.. » Jean-Claude Carrière / Entretien sur la paix.
https://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-paix-est-toujours-menacee-par-198598

« Vertigineuse »... surtout qu’un abîme de fascisme menace, hélas, même à l’aube du troisième millénaire... En tomber là ? C'est rationnellement inacceptable !
Attention donc aux belles paroles propres à entraîner sans réfléchir... Mais autant mettre aussi de l’eau dans son vin plutôt que de glisser dans l’anachronisme. Quoique, en la circonstance, pas si coupable qu'il n'y parait alors que nous sommes confrontés à des problèmes sociétaux qui ont favorisé l’immixtion d’une religion contre la tolérance...
Et ça m’agace, ça m’agace de constater la menace d’un islam incompatible avec la  laïcité à partir du moment où, publiquement, il fait passer la loi de son dieu avant la loi des hommes !


Des quatre mémoriaux officiels de la guerre de 14, le Hartmannswillerkopf, en Alsace, est celui qui doit le moins à l’Église.
Veille du 11 novembre, exceptionnellement, j’ai marqué une trêve. Une paire d’heures, mon index accusateur vers les meneurs, les décideurs, politiques, administratifs, ces "mondialistes" si responsables du chaos qui finira bien par arriver, s’est replié. J’ai regardé la commémoration de l’armistice. J’ai fait mine de ne pas contredire une énième mise en branle des bonnes volontés si naïves par définition. J’ai feint de laisser passer cette béatitude ridicule faisant croire à la sincérité du renouvellement de la réconciliation franco-allemande, à un destin commun alors qu’économiquement, chacun tire la couverture à soi (et comme toujours, c’est la France qui prend froid...)... Chut... n’embrayons pas sur la vieille Allemagne qui n’arrête pas de prospérer et une France prétendument jeune qui n’en finit pas de péricliter.
Ils y étaient les jeunes du lycée franco-allemand de Fribourg-en-Brisgau, ceux de Guebwiller aussi... Leur présence active fut remarquable. Et ils ont rapproché les deux langues ! Encourageons-les en ce sens parce que depuis les Serments de Strasbourg, en 842, la mayonnaise n’a pas encore pris.
Proches aussi, nos présidents respectifs, sauf qu’en manque d’inspiration, ils n’ont pas eu l’éclair du geste fort, du rituel marquant l’Histoire... Il faut dire que la poignée de main Mitterand-Kohl date de 1984 et qu’en ce même lieu, si Hollande et Gauck (2014) ont empilé leurs mains sur la première pierre de l’Historial, ils se sont ensuite tenus comme un couple qui se cache. L’aurions-nous remarqué sans le gros-plan de la caméra ? L’étau de leurs doigts joints, à Oradour-sur-Glane, en septembre 2013, c’était beau ! Ils auraient pu le renouveler... Et là, ce 10 novembre 2017, ça balbutiait entre accolades et tapettes dans le dos. Si on persiste encore à se réconcilier, c’est que l’arrimage de la bonne entente tiraille toujours.
Et puis, que n’y met-on pas les moyens ! Depuis 2014, pourquoi, dans le Mémorial, les régiments allemands ne sont présents que sur des chevalets ? Et que du bleu-blanc-rouge dans les haies d’honneur ! Les porte-drapeaux ça ne se fait pas outre Rhin ? Mettre en commun mais faire sentir à l'autre qu'il n'est qu'invité !
Et dans le cimetière, perdue au milieu des croix, cette tombe musulmane restaurée, parce que vandalisée, qui dit tout de l’hypocrisie d’État concernant les indigènes de la République ? 
 

Pour une fois, j’ai suivi pourtant. C’est que nous y sommes montés par la route des crêtes, au Hartmannswillerkopf, le Vieil-Armand des Poilus, en juin 2015. Pour l’oncle Pierre sur le front d’Alsace, pour Jean mon grand-père, à Verdun. Du côté austro-hongrois, pour l’oncle Stañek, pour Jan mon autre grand-père, dans les Balkans. Tous en réchappèrent. Pour mes parents que les bombes de Dresde n’ont pas séparés. Pour mes fils et pour celui qui, comme tout un chacun, a besoin de concret, de signes palpables pour tenter d’ancrer celui qu'il est à sa chaîne humaine. Tous des survivants.
 
 
Qu’elle est douce, l'été, la paix retrouvée de la forêt vosgienne ! Qu’elle est apaisante, la douceur de la plaine d’Alsace, offrant, à nos pieds, ses bienfaits aux hommes ! C’est dur d’accepter la discordance entre la sérénité d’aujourd’hui et la fureur d’alors, de la part de ces mêmes hommes là où il n’est rien resté des arbres sinon des troncs hachés.
Serons-nous toujours condamnés à n’être que l'hybridation issue d’un mariage forcé entre le clair d’une générosité fraternelle et l’obscur d’une innommable abomination ?

Florian, mon dernier a conclu, mieux que je ne l'aurais fait, après avoir regardé aussi :

« Papa, on y retournera ! » 

Photos autorisées wikimedia commons : 
1.  Hartmannswillerkopf_1989 Author Lothar Spurzem
3. Hartmannswillerkopf from_the_crypta Author Michael Schmalenstroer

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