jeudi 2 novembre 2017

HISTOIRES DE DEMOISELLES / l'Ariège vers la révolte !

  

Comme de bien entendu, ne comptez pas sur moi pour dénoncer ceux qui se débrouillèrent pour qu'elles ne le soient plus ! Nous pourrions citer, plus célèbres, celles d'Avignon, de Pablo Picasso, juste pour préciser, actualité oblige, qu'il s'agit de la rue, à Barcelone, où ces professionnelles tarifaient leurs charmes. 
  


D'actualité aussi, avec la disparition alarmante des insectes volants, celle des demoiselles, nos fines libellules des rêves bleus. Et des rêves au pays des fées...  
 

Vous n'y croyez pas ? Et ces demoiselles coiffées appelées aussi "cheminées de fées" (orgues d'Ille-sur-Têt par exemple, abords du lac de Serre-Ponçon plus loin) ? 
  

Et ces stalagmites aux formes imposantes et magiques que les pâtres perdus entre chien et loup, ou poussés par un soir d'orage, imaginaient en fados, en fées, depuis l'entrée de la Grotte bien nommée des Demoiselles, où les Camisards trouvèrent refuge, en haut de Saint-Bauzille-de-Putois ? 
  

En pays d'Aude (1), ce sont les mitounes, mi-fées, mi-sorcières, lavandières de la nuit, sourcilleuses et vindicatives envers les filous ou autres malins, si miséreux qu'ils en voulaient à leur linge précieux et aux battoirs en or. 
 

En Ariège, toujours liées aux sources et aux grottes (au Mas-d'Azil par exemple), elles sont les encantados, les "enchantées". 

La Guerre des Demoiselles, autour du premier dix-neuvième siècle, peut les évoquer à moins qu'elle ne nous rappelle une des déclinaisons du carnaval, lorsque, toutes conditions sociales mêlées et sous l'anonymat des masques et déguisements, le petit peuple moque les puissants. Vers 1830, dans les montagnes ariégeoises, la remise en cause de l'autorité ne fit plus rire du tout puisqu'elle se traduisit par des révoltes et une résistance récurrente jusqu'en 1872... Une capacité, soit dit entre parenthèses, toujours à réactiver, tant l'abjecte domination des puissances d'argent reste flagrante... 

L'épisode du choléra, précédemment traité, qui voit les colporteurs et les saisonniers ramener la maladie dans les Pyrénées, nous met sur la piste de ces justicières en faveur d'une pauvre population de bergers et de paysans excédés par des maîtres de forges plus accapareurs que les nobles d'avant 1789 !  

C'est heureux si notre époque, grâce à l'Internet, peut enfin revenir et corriger une Histoire jusque là toujours écrite par des vainqueurs trop intégristes d'un dieu attestant de leur bon droit hégémonique et par contre, si fuyants, si pudiques tant sur leurs turpitudes que sur les revers que ce même dieu n'avait pu empêcher. (à suivre)
                  
(1) hier 1er novembre, sur une chaîne d’État (mais c'est la même optique jacobine puis libérale que sur le privé), "Le goût de l'Aude et du Pays Catalan" "DES RACINES ET DES AILES". Gaessler, la présentatrice nous emmène "dans le Sud-Ouest" parce que le Sud, elle ne connaît pas !.. le commentaire met ensuite la Montagne Noire au pluriel... Ce n'est pas du colonialisme mais cela n'est pas sans rapport ! 

Crédit photos : 
1. Les Demoiselles d'Avignon Pablo Picasso flickr.fr auteur Gautier Poupeau. 
2. Demoiselle / pixabay / auteur JensG. 
3. Orgues Ille-sur-Têt / commons wikimedia / auteur Vassil.
4. Grotte des Demoiselles (Hérault) / commons wikimedia / Auteur Palickap. 
5. Lavandières de nuit - JF Millet / commons wikimedia. 
6. Grotte du Mas-d'Azil (Ariège) / commons wikimedia : auteur Devot. 

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