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vendredi 8 novembre 2024

« UN LANGUEDOC DANS UNE FLEUR D'AMANDIER » Présentation (4)


À l'égard des proches et, si on en fait partie, envers toute la communauté villageoise, toutes générations confondues, aimer, ce n'est jamais assez, ce doit être sans limite. C'est un point fort de la présentation de « UN LANGUEDOC DANS UNE FLEUR D'AMANDIER »

Mercredi 6 novembre, dans le cadre du concours littéraire Kobo, le mot imposé est « indulgent »

Me revient souvent ce titre de film génial, fort comme un aphorisme « Nous nous sommes tant aimés » parce qu'on ne le réalise qu'une fois passé à côté, bien des années après... bien sûr qu'il faut s'aimer sans limite, que le « tant » ne peut être que prétendu, théorique, le rapport aimant à l'autre se doit de rester infini ; à l'époque cela cadrait implicitement avec toute cette camaraderie qui nous faisait grandir ensemble et que la pudeur à ne pas analyser alors ce ressenti affectif a rejoint nos actes manqués, comme d'assumer n'avoir pas su reconnaître un bonheur familial à garder précieusement, n'avoir pas été assez indulgent envers les proches. Qui plus est, la vie nous a changés, raison supplémentaire pour entretenir cet ancrage se suffisant à lui-même, hors la raison, instinctif.
Ceci étant dit, n'y-a-t-il pas quelque prétention à vouloir se mettre en évidence en l'écrivant ? N'est-ce pas pour ne pas rompre avec un passé sans lequel nous ne serions pas ?

Jeudi 7 novembre, mot « épiphanie », a priori, restrictif...

Le pêcheur de tenilles, enfin l'homme qui veut dire ce qu'il a à dire, dans cette pièce qu'il se joue, sans savoir en combien d'actes puisque tout sera dire dans le même sens, toujours dans un recommencement d'épiphanie, enfin, ramené à l'échelle d'une vie humaine, au fur et à mesure que la tradition et le travail de mémoire réveillent des images, endormies, d'un album qu'on cherche à classer dans une continuité, un cheminement logique. À chacun se conscience bidimensionnelle, celle, intime, dont on fait notre affaire, celle, vis à vis des autres, lorsque, pour rien au monde, on ne lâcherait « Oui je reconnais que j'ai mal agi, que j'ai eu tort... ». Question du pire du troupeau, exprimerait-elle un orgueil, mal placé comme tous les orgueils, à museler publiquement mais à garder en son for intérieur, afin de rester qui on est. Toute expression artistique découle de l'extraversion. Mais se mettre ainsi en scène, sur scène, n'est-ce pas au nom de tous ?


Quand on va aux tenilles, en touriste, pour la mer, la côte, les terres, le paysage, manière de garder le lien avec notre cadre de vie, tout peut vous passer par la tête...

mardi 5 novembre 2024

Un LANGUEDOC dans une FLEUR d'AMANDIER. Présentation suite.

À l'occasion d'un concours littéraire, la présentation d'un projet en quatre volets, un par saison, SUD, C'EST ÇA ! pour l'hiver. Les amandiers en fleur, toujours fidèles, reviendront donner à réfléchir sur nos turpitudes.    

2 novembre Mot imposé du concours à intégrer : « cavalcade » 

Le massif de l'Espinouse, les Cévennes, qui, tout en haut de l'amphithéâtre languedocien surveillent toujours ce qui pourrait arriver de la mer même si force est de chercher une continuité aujourd'hui, entre la menace des Barbaresques d'antan, autrement sinistre qu'une cavalcade de la Mi-Carême, l'islamisme ambiant, l'afflux des migrants. 
Le mariage, par le passé longtemps « chambre à part » entre l'Homme et la mer, concernant les populations littorales éloignées par la malaria, la curiosité de l'ailleurs alors que la survie n'est plus en jeu ; lié à cette géographie du tendre, le souvenir respectueux des grands esprits marquant la culture de tous, celui des temps heureux d'une mer généreuse à l'infini, une poule aux œufs d'or tuée par une cupidité qui nous tuera à terme. Est-ce que le fric ça se mange ?.. 

Vendanges, alen- ou arencades à Majorque Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Friedrch Haag

3 novembre mot « emberlificoter » 

Dire que les maquereaux qui approchaient les côtes par bancs et que pêcheurs et mareyeurs, loin d'emberlificoter la ménagère, avaient du mal à écouler, au prix le plus bas, tout au long d'une ribambelle de villages à l'intérieur des terres, doivent mesurer 18 cm pour être prélevés, un coin de la nageoire caudale découpée, sous peine de contravention : taille minimale aussi pour les anchois, les sardines, ces poissons bleus qui apportaient un complément inestimable, de même que le thon rouge, assez fréquent dans nos assiettes alors... 2,5 cm pour la tenille  (telline, haricot de mer suivant l'endroit), les grosses de 4 cm étant rares, celles de 5 exceptionnelles, du moins au bord, pour une pêche de loisir tranquille, basique, sans combinaison isolante ; un coquillage si abondant alors, jusque les années 70, sans restrictions... Aujourd'hui, une grosse poignée suffirait, manière de marquer la saison, de ne pas oublier le goût unique de ce bivalve familier et de tous les souvenirs qui vont avec... 




lundi 4 novembre 2024

Un LANGUEDOC dans une FLEUR d'AMANDIER. Présentation.

Un concours ; au bout une hypothétique possibilité d'édition... mieux que la mouche du coche, tout aiguillonne quand l'addiction des mots est flagrante ; en marge du prestigieux Goncourt, modestie oblige, le premier mot imposé est « Bretagne », ici dans la présentation d'un « Languedoc dans une fleur d'amandier » SUD, C'EST ÇA ! 

1er novembre Mot à inclure « Bretagne ». 

Toujours le geste du pêcheur, sur son coin de plage, pas en Bretagne mais à Pissevaches, à l'opposé, mais chaque coin peut fasciner le cœur pour un mystère que la raison ne connaît pas. Pissevaches ? un joli nom, non ? Entre les Cabanes de Fleury, proche de Saint-Pierre-la Mer, le dos cassé, pourtant pour un petit appareil de seulement vingt centimètres d'ouverture et de profondeur, mais que seule la force des bras peut tirer... Nous sommes loin du tenillier classique que seuls les professionnels peuvent utiliser aujourd'hui, bien plus large (1 mètre), avec un filet en guise de poche afin de pêcher sans avoir à revenir au bord ; en bas, deux anneaux de traction sur la lame la lient à un harnais. Le travail des reins permettait de rester droit, une position favorisant les pensées et l'imaginaire à la vue d'un panorama combinant la courbe originelle du Golfe du Lion aux Pyrénées qui le ferment au Sud, à la bordure du Massif Central... 

Photo : Étang de Pissevaches. Cette année, c'est plein encore et les gens vont voir les flamants roses comme ici, en 2017 : Étang_de_Pissevaches Auteur Krzysztof Golik



dimanche 5 novembre 2023

MARTIGUES vue par les ARTISTES.

Grâce à Wikimedia Commons et aux apports légaux à la culture du Domaine Public, Martigues vue par ses peintres d'alors... 


Félix Ziem (1821-1911) Rentrée_de_pêcheurs_à_Martigues Musée_des_Beaux-Arts_de_la_ville_de_Paris Domaine public

Félix_Ziem_-_Martigues,_la_voile_blanche 1890-1895 Musée_des_Beaux-Arts_de_la_ville_de_Paris Domaine public

Émile Beaussier (1874-1943) Martigues musée_Ziem 1930 Domaine Public

 
Martigues Paul Guigou Les Martigues Domaine public

Guigou_Paul (1834-1871) Les_Martigues 1868

Ziem_Félix_-_Pêcheur_au_clair_de_lune dans la lagune Domaine Public Passeur Rvalette. Presque sous le rayon de lune, le pêcheur semble tirer un tenillier... 

Ziem_Félix_-_Martigues_Pêcheur_à_la_fouëne Photo Rvalette

Ziem_Félix Les Martigues Rentrée_des_tartanes Domaine Public Passeur Rvalette

Vincent Manago (1878-1936) Vue du début du 20e siècle du port de Martigues. Huile sur panneau, 27 x 41 cm (6P), non datée. Collection particulière, Amsterdam, Pays-Bas. Domaine public. 

Le site doit continuer à inspirer, nous pouvons raisonnablement le concevoir... 

dimanche 21 août 2022

La GEOGRAPHIE modèle les HOMMES.

Juste une poignée (18 août 2022)

Vision depuis l'embouchure de l'Aude ; fin de ce panorama en partant des Pyrénées plongeant dans la mer, avec le Lauragais et le Tarn, avant le demi-tour vers le sud pour cette pêche aux tenilles... alors les pensées et l'imaginaire se tournent vers le nord du Golfe, la Provence, son haut-pays et au-delà...  

Saint-Felix-Lauragais wikimedia commons Auteur Asabengurtza

Le Lauragais de la polyculture, des volailles de grain, d’une humanité paysanne des années (50-60) si bien retracée par Sébastien Saffon (roman " Ceux de la borde perdue "). Loraguès aussi d’un cassoulet historique à Castelnaudary. Seuil de Naurouze, pays de cocagne pour le pastel où les moulins tournaient au vent marin devenu d’autan à l’intérieur des terres... Les rigoles de la Montagne Noire qui alimentent le Canal du Midi.

Ce tour d’horizon se termine avec le Tarn « en haut », la vallée du Thoré pour ses laines et le cuir, Mazamet connue internationalement pour sa renommée industrielle et Laurent Jalabert, champion cycliste... Castres pour son rugby et Jaurès, Lautrec, un patronyme que nous retrouverons, plus proche de notre village alors que là-bas, c'est pour un ail rose si doux en bouche.

Libre de plonger dans un panorama sans fond, dans de l’eau pourtant peu profonde, c’est inouï d’être ainsi emporté dans une exploration à côté, plus pittoresque et enrichissante qu’une vacuité de plage à cocotiers... non, je suis partial : à Mayotte aussi une culture ancienne est plus que respectable... " Chaque homme est une histoire universelle " disait Jules Michelet !

Comme le cheval dans la vigne, à un moment donné, au bout de la rangée, il faut tourner dans l’autre sens, surtout si l’instinct dit de revenir sur un possible banc de coquilles, reprendre le piétinement, s’aider de lents zigs et zags pour soulager les reins attelés à la lame qui fait geindre le sable. Tourner le dos aux Pyrénées bleues, au voyage en Espagne. 

Vers un nord toujours du Midi, quelque part à tribord, ce sont les collines de Pagnol, si cousines, par la géologie, par nature, de notre Clape. Avec la Provence, l’occitan vient, de son accent, de ses consonances, confluer avec la langue française même si le mariage entre la Durance et le Rhône n’a pas tenu, à cause des humains, pour l’économie mettant à mal la géographie (détournement des eaux), pour l’ethnocentrisme du français, langue du Jacobin dominant (qu’en est-il, chez nous encore, du romand dit francoprovençal ?). Et pourtant, ce n’est pas une ligne de crête des Alpes, montagne si présente pour l’Europe jusqu’aux Carpates de même nature, qui couperait l’entité occitane puisque la langue est officielle sur l'autre versant, dans les vallées italiennes !

Comme en pendant à l’Espagne, le cousinage avec l’Italie, le brassage avec l’immigration aussi, jusque chez nous bien que plus marqué de l’autre côté du Rhône, au point de figurer dans la littérature, la filmographie, je pense à Manon et aux charbonniers de Jean de Florette ; à Nice, les réseaux sociaux n’ayant pas que du mauvais, Bébert de Garibaldi, par ses dialogues avec sa mémé toujours en lui, fait beaucoup pour garder un parler niçard qui nous reste familier !

Et ce cinéma italien, aussi proche des méridionaux qu’il est distant avec l’Europe nordiste ! « Le Voleur de bicyclette » ou « La Strada », d’un néoréalisme touché par la vie difficile des pauvres, à la télé, parce qu’au cinéma la programmation préférait  divertir avec les péplums puis les westerns-spaghettis. 

La Durance vers Oraison wikimedia commons Auteur Wikicecilia

Pour passer en Italie, sur la route, Manosque de Jean Giono, Sisteron de Paul Arène... Le barrage de Serre-Ponçon (1), Briançon... Il est intéressant de constater que le Sud qui nous anime ne se limite pas à la façade méditerranéenne, Après les Pyrénées, les Alpes, pour Emilie Carles, Marcel Scipion et toujours la Durance descendant de là-haut.  05 Hautes-Alpes, 04, Alpes-de-Haute-Provence, oh la jolie appellation qu’on dit devoir à Jean Giono de Manosque. « L’eau vive », le film, on lui doit aussi. Comment ne pas se surprendre à fredonner « Ma petite est comme l’eau... » mise en musique et en chanson par Guy Béart. Comme la Durance « domptée » est emblématique des hommes triturant la nature à leur profit. En rejoignant Nyons par l’ancienne nationale venant de Gap, serait-ce en passant par la Drôme provençale, l’eau vive de l’Eygues fredonne de même en moi... 

(1) après une longue sécheresse, le lac a enfin vu son niveau au plus bas remonter de 20 centimètres (août 2022). 

samedi 13 août 2022

"La Terre est bleue comme une orange" Paul Eluard.

 Alors, les pieds tanqués dans ce Golfe du Lion en partage, à tirer en arrière ce tenillier des temps nouveaux, ridicule au point de ressembler à une épuisette de gosse, du genre pousseux, contraint qui plus est par un règlement draconien interdisant de se harnacher, parce qu’à force de ne pas aller contre le pillage des professionnels, les autorités l’ont plus facile (comme pour les impôts) de frustrer le vulgum pecus. Oublions. Si labourer le sable est presque un crime aujourd’hui, la lente progression n’évoque pas que la dure condition des travailleurs de la mer si bien nommés par Victor Hugo, dont Yves le pêcheur. 


En effet, pour le plaisir d’une poêle de haricots de mer, libre à nous de voir, jusqu’à l’horizon, celui à poursuivre dans une quête pas si vaine que cela puisque le regard porte au large vers les profondeurs de nos pensées. La beauté de la planète de vie, la présence éphémère des Hommes, l’éternité de la mer. Le ciel offrant son bleu lumineux à la Méditerranée, ces ronds de chaleur qui tournent dans nos yeux tels ces cieux de Van Gogh et, dans le Golfe, ces éclats, ces reflets, bordés de boucles claires d’écume, où dansent des voiles, de plaisir certes, mais toujours aussi blanches.

La Terre ? la terre ?  majuscule ou non ? Bien sûr que si... c'est un élève qui me l'a appris, il y a près de trente ans... leçon inoubliable... un prof se doit de rester modeste... Quant à Eluard, trêve de surréalisme, à propos de notre planète il faut la majuscule ! 

Et tout au bout là-bas, toujours dans un bleu mais qu’un temps de mer idéal estompe et teinte de gris, la pointe des Pyrénées au cap Béar sinon Cerbère et peut-être, déjà en Catalogne, le cap de Creus. L’Espagne voisine, cousine, qui nous est chère pour le dépaysement qu’elle procure, l’authenticité due à un régime politique sévère, asservie qu’elle est par la dictature franquiste (jusqu’en 1975), comme elle le fut, de longs siècles durant, par la noblesse alliée à l’Eglise. Avant de profiter, plus loin, de la Costa Brava, de Barcelone et d’incursions plus lointaines, le rapprochement initié par la forte présence espagnole dans nos départements du sud vaut une prise de contact pour tâcher de savoir qui est l’autre plutôt que de le côtoyer sans se soucier de son altérité. Les premiers pas se font du côté de Port-Bou, Rosas, Figueras, et bien sûr La Jonquera, le Perthus.  

Par dessus la ligne de crête, le peintre Dali, le sculpteur Maillol et les fauves à Banyuls (Matisse, Derain, Braque...), le passeur, berger des abeilles d’Armand Lanoux, Antonio Machado venu finir de tristes jours d’hiver à Collioure, pourtant un si beau site, inspirant, entre autres, les cubistes... Toujours, sous le « clocher d’or » mais aux beaux jours, Charles Trénet, pour la sardane. Toute cette Côte est Vermeille avec Port-Vendres, Banyuls, Cerbère.

Au pied des Albères, Le Boulou, Amélie pour les bains, Céret pour les cerises, le sillon du Tech, les artistes Manolo et Picasso, à Thuir, la plus grosse cuve du monde, Pablo Casals à Prades, la vallée de la Têt, les pêches de l’été qui se vendaient jusque chez nous, sur la plage du camping sauvage, par cageots (on ne disait pas « plateau »).

Pyrène, Cerbère, une mythologie sur laquelle règne le mont Canigou qui s’éclaire chaque année des feux de la Saint-Jean. Il ne domine pas que le Roussillon, l’Empurdan : on le voit depuis la Costa Brava, depuis nos rivages méditerranéens, du haut du Mont Aigoual et, par temps clair, depuis Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille ! Bonne Mère !   

Le Conflent : à deux pas de Villefranche, la vieille ferme des parents d’une amitié aux heures comptées... Que reste-t-il des pages qui se tournent ? Les mots sur le papier sont moins volatiles que les électrons octets, bits et pixels... pardon de tout mélanger mais de simples hectares me donnent déjà à réfléchir... 

"... Tu as toutes les joies solaires
Tout le soleil sur la terre
Sur les chemins de ta beauté." Paul Eluard. 

Alors, sans la Terre majuscule, où serait la terre minuscule, marron, de la planète Bleue ? Orange il a dit le poète ? sûrement pour le fruit venu d'ailleurs, rare, précieux, unique cadeau que le Père Noël portait...   

jeudi 27 août 2020

L’ÉTÉ SUR LA DUNE EST BIEN INQUIET (fin) / Fleury-d'Aude en Languedoc

"... Allez-y maintenant. On cherche l'eau, la plage, 
Tant les corps nus les ont, désormais, envahis... 
S'ils revenaient, les vieux, si fiers de leur village, 
Ils diraient, affolés : "Ce n'est plus mon pays !" 

Farinette jadis, poème de Maurice Puel, extrait du recueil "Bourgeons précoces, fruits tardifs" (mai 1988). 
http://archeovias.free.fr/litt_01_puel.htm 


Plage de Vias après les tempêtes de 2016 et 2018 / Photo de Fr. 3 Occitanie.

Pour sûr, les braves gens qui n'aiment pas que, affectent l'intolérance guindée socialement majoritaire jusqu'à ce que la libéralisation relative des mœurs ne s'exprime proportionnellement à l'érosion de la moralité monolithique, comme ce fut le cas concernant le catholicisme ou la sexualité. La préoccupation était alors de rester droit dans ses bottes concernant la morale. Rares alors étaient ceux qui se souciaient du sale temps pour la planète ! Or la plage de Farinette comme celles de Portiragnes ou de Sérignan perdent jusqu'à trois mètres de sable par an (1)... 
Mon cher professeur de français-latin en quatrième au lycée Victor Hugo de Narbonne n'aurait jamais imaginé que l'érosion poserait un problème autrement plus caustique que le naturisme.  

2010, érosion déjà de la plage des Cabanes. La tempête d'octobre a franchi la dune et la mer s'est déversée dans les terres sableuses où poussaient, jadis, des vignes. 
  Repli vers le bord de mer. Le sable est plus gros quand on va vers l'embouchure de l'Aude. Ses digues avançant dans la mer ne sont-elles pas en cause dans les phénomènes d'érosion vers les Cabanes et au contraire d'engraissement (2) plus au sud avec par exemple, le rocher de Saint-Pierre qui s'ensable ? 
Et ces troncs et maîtresses branches qui couvrent la plage sur des kilomètres à chaque crue, ne retiendraient-ils pas le sable plutôt que de former des bastions ? Entre parenthèses, qu'en est-il de la solidarité de la population du bassin versant du fleuve quand c'est la commune de l'embouchure qui doit se charger de nettoyer et le bois flotté et la pollution de déchets qui va avec ? Est-ce que le Grand Narbonne participe, au moins ? 

Callinectes_sapidus Crabe bleu Wikimedia Commons Author NOAA Permission PD
Retour vers Saint-Pierre sur la bande de l'estran où les pieds s'enfoncent moins. Ce matin des pêcheurs à la ligne parlaient de maquereaux au bord. La vie s'accrocherait-elle ? Quand reverrai-je hélas, les crabes verts ou les petites étrilles nageuses des belles années ? Ou alors il n'y a plus rien à gratter puisque les chaluts braconniers ne viennent plus écumer les hauts fonds au petit matin ! On dit qu'un crabe bleu dont les œufs ont certainement été délestés avec le ballast de navires venus d'Amérique, colonise la Méditerranée (3). Vorace, envahisseur, destructeur, il porte un coup de grâce à la biodiversité déjà mise à mal. 
Nous qui ne manquions pas, de jour comme de nuit, de faire quelques dizaines de francs de tenilles pour faire les galants en payant un orangina aux filles, à portée des flonflons du bal... Pardon Francis pour les colliers de jonquilles... 
Maintenant que pour le moral je tiens à marquer la saison avec une grosse poignée de coquilles en m'échinant sur mon petit engin de 25 centimètres d'ouverture (4), et que courbé tel Quasimodo je dois me tordre le cou pour ne plus voir que Pyrène avec un serpent sortant du sexe pour lui téter le sein, la beauté magique du Golfe du Lion me fait l'effet d'une mythologie d'un autre âge, d'un arrêt sur image que la persistance rétinienne a bien voulu retenir, d'un rêve éveillé dont je ne veux plus sortir et qui mourra avec moi... 

Vias sept. 2015 Photo Fr3

(1) A terre, les ganivelles de châtaignier, dans l'eau les épis, les îlots brise-lames, tentent de retenir le sable des plages. En 2015, la commune de Vias a engraissé artificiellement ses plages en déversant du sable. En 2020 le maire a attaqué l’État qui a refusé la pose de boudins brise-houles pourtant autorisée et financée entre Sète et Marseillan. Déjà en 2014 une association avait aussi attaqué l’État pour un manque d'entretien des digues de protection.    

(2) Entre les digues de l'embouchure de l'Aude et le rocher de Saint-Pierre, avec un courant nord-sud, la plage perd de sa largeur des Cabanes-de-Fleury à Pissevaches alors que le rocher lui, s'ensable. Plus de la moitié du littoral du Languedoc-Roussillon est en régression, le phénomène étant plus prononcé de l'Espiguette à Agde.

Entre Agde et Leucate près de 30 kilomètres restent stables ou engraissent, près de 10 km perdent 0,5 m/an, près de 7 km perdent entre 0,5 et 1m/an, 13 km perdent entre 1 et 2,5 m/an.

Depuis 1945, 260 ha ont été gagnés par la mer (DREAL)

La zone entre Gruissan et l'embouchure de l'Aude est une zone de convergence de la dérive littorale. Ce secteur jusqu'alors peu étudié car peu érodé présente désormais des risques, la partie sous-marine se retrouvant sapée. Le lien entre l'avant-côte et la plage aérienne n'étant pas immédiat, le trait de côte ne réagira qu'après quelques années. (DREAL juil 2018). 

Les apports alluviaux du Rhône ont été divisés par trois depuis la fin du XIXe siècle, du fait de la fin du petit âge glaciaire, de la réduction des surfaces agricoles et de la construction des barrages sur le fleuve (CNRS).

(3) En Tunisie, la pêche de ce crustacé apprécié a donné lieu au développement d'une filière. Mais que donnera la gestion de la pêche d'une espèce invasive quand les stocks s'effondreront alors que le crabe aura tout dévasté ?  



(4) Seuls les professionnels (surtout en Camargue) ont le droit d'utiliser le tenillier traditionnel (60 cm ou plus ?). La taille minimale des prises est de 2,5 cm soit la longueur de la phalange distale de mon index...  

mardi 25 août 2020

L’ÉTÉ SUR LA DUNE EST BIEN INQUIET / Fleury-d'Aude en Languedoc


Les remords, les pensées nocives ne peuvent que nous travailler. Raison de plus pour se laisser aller à ce qui nous lie encore aux souvenirs, à ce qui réchauffe le cœur, aux jours heureux de l'innocence.
Des sensations aussi remontent à l'enfance quand de s'enfoncer dans le sable fatigue et qu'on voit son camarade qui lui, au contraire, juste à côté, caracole sans peine. C'est qu'il a trouvé cette bande de sable plus compact entre le mou trop mouillé du bas que la mer recouvre presque toujours et le mou à demi-sec, en haut de l'estran, que toutes les vagues ne peuvent pourlécher. 




De lever la tête éblouit à cause des éclats dansants du soleil. Pourtant, l'atavisme de celui qui est né là fait instinctivement remarquer un fond d'un bleu plus terreux, un banc de sable. Et ces tenilles qui aussi nous faisaient faire des poutous à l'été quand, en rythme, presque en musique, nos reins tiraient gaillards sur le harnais, la tête emportée par les rafales du Cers et grâce à la magie des Pyrénées au fond du golfe enchâssé... Et ces crabes, favouios (verts) ou cranquetos (de sable) pris au fond du tenillier et qui à eux seuls donnaient l'essentiel d'une soupe capiteuse, sous la véranda de carabènes, au camping sur la plage, dit "sauvage" ! 



    
En hiver, il paraît que le lais de mer est jonché de coquilles... Une vie secrète sous-marine subsisterait alors ?

Plus loin que l'immeuble de Valras, Agde et Sète au-delà. Sète, "l'île singulière" chère à Paul Valéry... Ce ne serait pas plutôt Agde, l'originale, avec son mont Saint-Loup, cloque volcanique éclose dans l'alignement de l'Escandorgue pour ne pas le faire remonter plus haut dans le Massif Central jusqu'à l'Aubrac, le Cantal et le Cézallier ?

Après la zone réservée au kitesurf, l’œil peut différemment apprécier des formes et reliefs à l'obsolescence plus marquée s'agissant de l'anatomie humaine. M'en veuillez pas pour cette transition pudibonde entre le minéral et le charnel, le strombolien et l'épicurien, je parle de nudité, de gens à poil, pour ceux qui me croiraient bégueule. Bref, le naturisme y est, à ma connaissance, autorisé sur quelques kilomètres de sable. 





Les bulls ont regroupé et entassé de véritables forteresses de troncs et de branches emmêlés mais il en reste et certains nostalgiques des cabanes reconstituent des abris pour se protéger du Cers ou des regards.
Les dunes marquent la limite entre la plage et les marais, derrière. C'est délicat de s'y rendre. Discrètement alors. Mais en fredonnant pour bien montrer que je peux me montrer. Pas comme ces voyeurs dont les naturistes se plaignent régulièrement. (à suivre)

mardi 18 septembre 2018

L’ARIÈGE, UN PARCOURS POIGNANT...

Trois mois que nous avons laissé notre tenillaïre, notre pêcheur de tellines, à Saint-Pierre-la-Mer, plus exactement à portée du grau plus ou moins existant de l'étang de Pissevaches (vache = source). Suivant qu'il tire son engin vers le sud ou le nord, le paysage immédiat lui fait revisiter un pays marqué par la Méditerranée, les montagnes, des Pyrénées aux Cévennes et jusqu'aux Alpes, un pays d'hommes avec en commun une culture occitane d'autant plus revendiquée qu'elle reste niée et méprisée par l'hégémonie jacobine, indécente et crasse de Paris. 


Tandis que la lame de fer crisse sous quelques centimètres de sable, avec le clapotis d'une mer bridée par le Cers, ce vent de saine colère, frère du Mistral, sa progression lentement scandée, d'un pied sur l'autre, permet cette évasion. Ce tour d'horizon le voit dans les Corbières, le Kercorb, les petits territoires et terroirs entre Lavelanet, Mirepoix et le Lauragais (pays de l'aure, du vent d'Autan, si complémentaire au Cers déjà nommé). Son esprit, son imaginaire ont suivi aussi le cours de l'Aude, entre les gorges de Pierre-Lys et Carcassonne mais, avant de suivre le fleuve vers la mer, avant de revenir sous le ciel qui a favorisé ses racines languedociennes, il tient à remonter en Ariège, non sans ressentir toujours le même frisson ardent : c'est de là-bas que les siens, les Mountagnols, sont descendus vivre dans la plaine...   


A l'image d'autres poisons qui avec le temps viennent gâcher le paradis exponentiellement perdu de l’enfance, Rieucros en Ariège, Rieucros des belles vaches, du bon lait et des yaourts, Rieucros si exotique des années 50-60 pour un petit méditerranéen, porte le même nom que la vallée en Lozère près de Mende, avec un camp de « concentration » pour les brigadistes internationaux de la république espagnole. Ces mêmes « étrangers indésirables[1] » qui ont joué un rôle si symbolique lors de la libération de Paris que les actualités mensongères et l’Histoire fallacieuse ont dû taire les noms des halfs-tracks de la Nueve « Guadalajara », « Brunete », « Teruel », « Ebro », « Santander », « Guernica », de « LA NUEVE », une compagnie de la 2ème DB de Leclerc, pour que cela fasse plus français ! Ce sont pourtant eux que sollicita le général De Gaulle pour se rendre à Notre-Dame, deux jours plus tard, le 26 août ! Il existe aussi une France du collaborationnisme coupable, du patriotisme veule, de l’esprit cocardier prétentieux, du retournement de veste cynique, spécieux !  

 
Il préfèrerait revenir sans arrière-pensée à ces cousins éloignés qui ont une ferme du côté de Pamiers avec des vaches, des poules, le cochon. Ils leur avaient fait la surprise après un 16ème de finale de 4ème série perdu contre Mirande. Le patriarche s’appelait Baptiste (les diapos de 1968 entretiennent la mémoire !). Papé Jean leur avait payé le restaurant à Varilhes, la salle surplombait l’Ariège, du pigeon au menu et les premières pommes-dauphine de sa vie. Et puis, les carcasses du père et du grand-père, béret sur la tête, se touchant presque devant lui, dans la Dauphine bleu séraphin, ça ne s’oublie pas. 
D’autres cousins habitaient à Escosse ; ils avaient des nouvelles plus qu’épisodiques. Léon de Béziers, le cousin cheminot marié à Marcelle, avait une Dauphine jaune, lui, mayonnaise ou crème pâtissière si vous aimez mieux ! Il revenait plus souvent à Rimont, non loin de Saint-Girons, pour la retraite. 

Montagagne / les vaches, l'école, l'église.
Sa famille directe descend de Montagagne, canton de Labastide-de-Sérou. En descendant de Pamiers, il faut prendre à droite la RN 117, traverser Foix dominée par le château de Gaston. Ah la N 117 ! Perpignan-Bayonne par le piémont pyrénéen ! Avant d’attaquer les lacets d’un versant boisé et sauvage, la route remonte le cours de l’Arize. A Nescus[2], en 1976, un vieux paysan labourait encore avec une vache joliment parée d’un « pare-mouches » sur les yeux aux couleurs vives d’un rideau de coton espagnol, au port de cornes fringant, complice avec ses vieux restés alertes qui déclarèrent avec gourmandise et un brin de solennité que chaque année, ils engraissaient encore le cochon. C’est la moyenne montagne mais Montagagne est déjà à près de 800 m, deux fois plus haut presque que Nescus dans la vallée. Il y était passé déjà, à l’occasion d’un périple à Lourdes, pour compenser auprès de sa grand-mère devenue veuve, manière de donner corps aux terres que les aïeux, du côté des hommes, avaient dû quitter à la fin du XIXème siècle. L’école abandonnée avec encore une carte Paul Vidal de La Blache au tableau, les fleurs perles-de-verre fanées du cimetière et dans le pré récupéré avec le temps par les voisins, une féérie de plusieurs centaines de papillons[3]. Au-dessus de toutes ces ailes bleues, le sentier vers le col des Marrous, la montagne de l’Arize, une empreinte d’ours dans la neige, les forêts, les estives, les myrtilles du mois d’août… Derrière, le Couserans, trois lignes de montagnes dont la dernière, crête frontière avec l’Espagne, où les glaciers ont laissé le mystère des cirques et des lacs. Le Couserans, terre des mountagnols partis faire les moissons, les vendanges, ou colporteurs ou montreurs d’ours. Le Couserans, terre d’histoire qui vit les Demoiselles, les paysans déguisés en chemises de femmes, faire la guerre contre les abus des puissants. Peut-on faire un rapprochement avec la lutte antérieure des Camisards des Cévennes ?    

Malheureusement le présent s’ingère dans ce regard serein sur les Pyrénées et tout ce passé sans lequel nous ne serions pas. Son venin s’indigère, attaque les souvenirs, la mémoire, tant de l’homme que du pays : un prédicateur intégriste islamiste a généré sa métastase jusque dans un petit village de l’Ariège[4]. Est-ce le retour par l’intérieur de la menace porteuse de terreur d’un islam originel, une menace plus virulente que le djihad de conquête pour une Méditerranée soumise au croissant, en moins d’un siècle après la mort de Muhamad, et foncièrement différente des razzias de pillage[5] ?

Dans la sérénité d’un matin agréable aux tenilles, des injustices révoltent, des révoltes grondent, des menaces tenaillent, l’Histoire à venir inquiète. Difficile de faire comme si. L’idée de revisiter le Sud ne pouvait se limiter à la géographie et au passé historique. Après l’euphorie des lendemains de guerre, les baby-boomers sont témoins de l’imminence des  bouleversements qui s’annoncent, de la dilapidation d’un héritage en principe seulement emprunté aux enfants...  
         
Après les « petites » Pyrénées, avec le Couserans ce sont les grandes, l’occasion de remonter aussi l’auge glaciaire de l’Ariège, vers l’Andorre. Nous prendrons aussi la route qui monte au Chioula et vers le plateau de Sault, dans l’Aude, en ne manquant pas de faire étape à Sorgeat avec ses maisons blotties au-dessus d’Ax-les-Thermes, un peu à l’écart. Ici, l’histoire du lieu, la mémoire, servie par des passionnés suivis et soutenus, contribue à entretenir la vie du village, l’Internet aidant.
La peste de 1631, l’émigration, le repas du cochon, les moissons, le battage, des contes, des histoires dont un sermon pour mettre en garde des ouailles trop enclines à se laisser aller, ne serait-ce que lors de la fête du village… Un morceau de bravoure en occitan, avec traduction, à collectionner !   

« ... Sauretz que cal garda galinos
Las teni dins la basso cour
Quant le rainart rodo à l'entour… » 1915, Jean de BALET dit Sauto Barraillo, curè de Sourjat, reproche aux mères permissives :
(Vous devriez savoir qu’il faut garder les galines Les limiter à la basse-cour Quand le renard rôde alentour).   



[1] « Camp de concentration », « étrangers indésirables », appellations officielles de 1939 ! 
Libération de Paris 24 août 1944 : "... Le jour-là, le premier officier de la fameuse 2è DB à entrer dans l’Hôtel de ville de Paris, déjà occupé par le Comité national de la résistance, était un Espagnol, Amado Granell, lieutenant de la Nueve. Et les premiers véhicules à entrer sur la place de l’Hôtel de Ville n’étaient pas –contrairement à ce que retiendra l’histoire officielle- les chars Romilly, Champaubert et Montmirail dont les noms fleurent bon la France profonde mais des half-tracks, des véhicules blindés plus légers et munis de mitrailleuses, pilotés par des Espagnols de la Nueve et nommés Guadalajara, Teruel ou encore Guernica..." 
Ces mêmes Espagnols qui ont assuré la sécurité du Général de Gaulle lors de son fameux discours sur Paris outragée... 
[2] A la ferme de Méras, Olivier Courthiade élève des races anciennes, travaille avec des animaux, prépare des plats du terroir et parle occitan ! 
[3] La moitié des papillons des prairies a disparu en 20 ans…
[4] Cette menace traumatisante date d’une paire d’années et le venimeux en question, « l’émir blanc de l’Artigat » vient d’être condamné à 30 mois de prison
[5] 732, la Bataille dite de Poitiers a eu lieu à Vouneuil-sur-Vienne, plus près de Châtellerault. Elle est importante plus pour conforter la prise de pouvoir carolingienne que pour initier une reconquête par les Chrétiens d’une Europe méridionale envahie par les Arabes et qui devait rester à l’islam plus de 700 ans !