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dimanche 24 juillet 2016

LES CORBIÈRES IX / Les mondes doubles du Verdouble.


Préalable : cet article ne présentant qu’une vision extérieure non étayée sur place, les avis et corrections éventuels de participants autorisés seraient bien accueillis. 

De gorges en bassins, en surface ou sous terre, le Verdouble (1), 46.8 km, se fraie un passage vers l’est et le sud sur la fin, à travers les Corbières plissées, avant de rejoindre l’Agly, non loin d’Estagel dans les PO.
Sa discrétion sinon son mystère commencent avec sa source, quelque part sur la commune de Fourtou pour certains, pour d’autres, sur celle de Soulatgé, vers 800 mètres d’altitude, au pied de l’Aibre Naut, 836 mètres, dans le prolongement de la Serre de Bouchard (931 m.).
 
Le doute se confirme avec, dessous, la réalité d’un monde de cavités et siphons  remuant des quantités astronomiques d’eau. Un vieux proverbe l’affirme :
« Quand lou gourg de Bouchard asoundara, Camps e Cubiero empourtara (2). » F. Mistral / Trésor dau Félibrige. 
Entre les localités de Cubières-sur-Cinoble et Soulatgé, non loin du Verdouble en surface, un autre abîme d’eau est mentionné sur les cartes : le gourg de l’Antre... Ne manque que le monstre allant avec, sinon, on comprend, à voir les remous, que c’est bien une rivière souterraine dévoilée par l’effondrement de la partie supérieure d’un siphon. Ce double du Verdouble, apparemment plus puissant, ressort, un kilomètre en aval, avec l’eau tiède de la source de las Doux (considérée comme la source). 

L’eau, comme souvent, et plus encore dans le Sud, a été l’objet de tiraillements séculaires entre communautés. Elle ne fait pas de la figuration dans les œuvres de Pagnol. De même dans nos parages. Il faut tordre le cou aux idées bisounours de gentille solidarité qui vont avec un "c’était mieux avant" trop lapidaire et très discutable : quand la vie est rude, les gens aussi, et prêts à défendre âprement le peu dont ils disposent. Au pied de cette montagne de chênes verts avec des hêtres, des pins sinon des landes et des bruyères où quelques châtaigniers étaient plus qu’appréciés, Soulatgé s’est disputé à l’ouest avec Cubières pour n'en plus finir avec les chamailleries, à l'est, contre Rouffiac (3).  
Avec Cubières, on s’est mis d’accord pour que le Gourg de l’Antre marque la frontière.
Avec les gens de Rouffiac qui se sentaient lésés suite au creusement d’un canal d’irrigation depuis le Verdouble, un jugement donna lieu à un dédommagement mais sans commune mesure avec les bienfaits apportés par le canal.
Il faut savoir que vers 1900, les villages les plus reculés du vallon ont vu fondre leur population en moins de cinquante ans : Camps sur-l’Agly a perdu la moitié des habitants et Cubières-sur-Cinoble à peine moins. Si l’exode rural est moins marqué en descendant le Verdouble, l’agriculture permet seulement de survivre. En amont, si l’élevage, les prairies, le maïs dominent, à Soulatgé (4) c’est aussi le blé, les pommes de terre, les betteraves, les haricots et un peu de vin clairet, sûrement pour la buvette vu les conditions défavorables et les ravages récents du phylloxéra. Sauf qu’on devrait dire un peu de ci, un peu de ça, tant la terre est peu nourricière : « à peine pouvait-on nourrir une bête de labour par maison et dix brebis » précise l’instituteur d'alors.
Grâce à l’arrosage, les Soulatgeois passent de la survie à l’aisance surtout qu’avec le canal de la Doux et malgré les contestations de Rouffiac, la quantité d’eau apportée à la plaine de Paza est pratiquement quadruplée. Non seulement les récoltes permettent désormais de tenir un an mais les haricots et le surplus de pommes de terre sont vendus aux villages vignobles de Saint-Paul, Duilhac, Cucugnan, Tuchan et Paziols. Les betteraves, plus grosses, le maïs blanc, plus fourni, facilitent le nourrissage des bestiaux et l’engraissement des cochons. Dans sa chronique, l’instituteur ajoute «... aussi on nourrit, en moyenne, deux bêtes de labour et vingt brebis par maison... / ... Les brebis et moutons y sont de belle qualité; aussi, il n’est pas rare de voir les principaux propriétaires renouveler dans l’année deux ou trois fois leur troupeaux que les habitants des pays vignobles viennent leur acheter sur place. » 

Ah qu’on aimerait continuer avec les riches heures de Rouffiac-des-Corbières mais les Rouffiacais préfèrent visiblement vivre cachés et heureux. N’auraient-ils pas, dans ce vallon où les places fortes se succèdent, deux ou trois Cathares à promouvoir sinon un dolmen ? 
Le village se trouve au pied du château de Peyrepertuse, un des cinq fils de Carcassonne. A mi-hauteur, sur le sentier qui y mène, la Font de la Jacquette où Blanche de Castille, à en croire la légende, aurait perdu un gobelet en argent.
Le Verdouble qui depuis les bas du col d’En Guilhem, accompagne la vie des hommes, n’en est pas à une blague près. Mais où donc veut-il partir frayer alors qu’au nord-est, le Roc de Tirtacou barre l’horizon de ses 666 mètres ? Est-ce pour cela qu’une certaine source émet très sérieusement l’idée qu’il coupait jadis plus au sud ? Et ce, malgré le col de Grès, cinquante mètres plus haut ! Ou parce que les Pyrénées n’avaient pas encore soulevé le Sigle de la Rabazole (487 m.) ? 
Sur neuf kilomètres, ce premier pays de la rivière se termine deux-cents mètres plus bas (314 m.) lorsque, après deux ondulations elle s’engage plein sud au prix de belles gorges. 



(1) le nom viendrait du gaulois vernos (aulnes) et dubron (ruisseau), le «ruisseau des aulnes ».
(2) Quand le Gourg (gouffre rempli d’eau) de Bouchard débordera, Camps et Cubières seront emportés.
(3) Cubières-sur-Cinoble, Rouffiac-des-Corbières (à ne pas confondre avec Rouffiac d’Aude). Au creux du même synclinal, Camps-sur-l’Agly sort de notre propos et entre Rouffiac et Duilhac-sous-Peytepertuse, les précisions historiques, seraient-elles médisantes, seront les bienvenues. 
(4) Sources F.V. Alard instituteur public (1900). http://quaspier.unblog.fr/2010/07/11/canaux-de-paza-et-de-la-doux/ 

photos autorisées : 1. Verdouble plana de l'Aglin auteur Jolle.
2. Verdouble Col de Redoulade auteur Tybo2 
3. Verdouble -Rouffiac-des-corbieres / iha.ma

dimanche 17 juillet 2016

NOS PLAGES AVANT / Hommage à Maurice Puel


 Avant les jours rouges ou noirs de Bison futé, avant les chassés-croisés de l’été, avant les 50.000 estivants à Saint-Pierre-la-Mer !

FARINETTE JADIS


Poème de Maurice PUEL extrait du recueil "Bourgeons précoces, fruits tardifs" (Mai 1988) / http://archeovias.free.fr/litt_01_puel.htm

Quand on allait à Farinette, le dimanche,
Par ces longs jours d'été, brûlants comme un fournil,
Les hommes n'avaient pas chemisettes sans manche,
Mais un chapeau de paille et costume de fil.

Les femmes à leur tour, s'étaient mises proprettes :
Un corsage léger, jupe jusqu'au talon,
Une ombrelle, un chapeau, mais des couleurs discrètes.
Bref, vêtement correct sous un soleil de plomb.

Attelés à leur break, charrette ou carriole,
Anes gris comme noirs - c'étaient les plus nombreux -
Chevaux, mulets, dominicale farandole,
Egrenaient leur crottin sur le chemin poudreux.

Attelage fringant ou d'âge canonique,
Il fallait emprunter, qu'on soit pauvre ou cossu,
Et tous au même train, le pont à voie unique
Sur l'eau du vieux canal arquant son dos bossu.

Là, s'en venait, marchant, une famille entière,
Le panier sur la tête, ou la saquette au dos :
De simples travailleurs, mais la démarche altière;
Aujourd'hui, le plaisir allégeait leurs fardeaux.

Empressé, patient, enfin chaque attelage,
Portant sa cargaison de gens endimanchés,
A deux pas de la mer, s'installait sur la plage,
Laissant les animaux à la roue attachés.

Tout cela se faisait sans cris et sans dispute,
Charrettes, chariots relevant leurs deux bras
Où l'on tendait, pour l'ombre, un grand carré de jute
Qu'en langue de chez nous on appelle un bourras.

Quant au maillot, la pudeur primait l'élégance :
Pour les hommes, rayés, du col jusqu'au genou.
Les femmes, bien qu'ornant le leur de quelque ganse,
Cachaient tous leurs appas sous un costume flou.

Après le bain, assis à l'ombre translucide
Du bourras mal tendu : goûter tiré du sac…
De groupe en groupe on plaisantait, l'humeur placide,
Et la vague y mêlait son éternel ressac.

Le soir, à la fraîcheur, d'humeur plus que parfaite,
- Car il était coquin notre petit vin blanc -
Le chemin du retour prenait un air de fête
Et l'attelage allait d'un pas plus nonchalant.

On écoutait les belles voix, des galéjades :
Populaire plaisir, amical et sans frais.
Nous nous connaissions tous, jeunes, vieux, camarades…
"A dimanche prochain", disait-on, "Soyez prêts" !

Allez-y maintenant. On cherche l'eau, la plage,
Tant les corps nus les ont, désormais, envahis…
S'ils revenaient, les vieux, si fiers de leur village,
Ils diraient, affolés : "Ce n'est plus mon pays !"

Maurice PUEL 


photos autorisées : 1. auteur François d'Orléans - Sur la plage, les bains de mer. 
2.Vias Plage auteur  Cillou Mobeye-ÉtéDesVilles-Vias-329



lundi 27 juin 2016

OCCITÀNIA !

L'arbitraire regroupe certaines régions et pas d'autres... passez votre chemin, l’État c'est lui ! 
Ce serait pour économiser or, l'oligarchie s'est aussitôt empressée de multiplier les vices-postes de présidents, de vice-vice-présidents et les moins malhonnêtes osent dire qu'on s'y retrouvera, dans dix ans peut-être. Pour vite faire oublier un envers du décor aussi peu reluisant que l'endroit, la clique du monarque-républicain joue à la France éclairant le Monde : demandons donc au "bon peuple" de choisir parmi les noms proposés ! Démocratie quand tu nous tiens ! 
Si la malignité et la prédation politique sont leur fort, les nomenklaturistes sont devenus rares à s'encombrer de culture et d'Histoire. Les nôtres viennent de se distinguer en proposant "OCCITANIE" à Montpellier et à Toulouse ! Peut-être n'y ont-ils vu qu'une référence à ce faux folklore servi l'été aux touristes par une population versatile, se sustentant comme ailleurs en France de pain et de cirque sinon d'un euro de football payé par les impôts ! 
Un pragmatisme hypocrite fait l'impasse sur l'Histoire, la langue, l'accent, la culture, le respect de ce qui n'est qu'une populace, au nom d'une unité monolithique imposée par Paris. Mais quand une minorité de cocus naïfs se pique au jeu et vote majoritairement, et à l'insu de son plein gré, pour une appellation qui défie le pouvoir jacobin, cela rajoute à une crise institutionnelle déjà invalidante.      


OCCITANIE ils ont choisi ! OCCITANIE qu’ils ont dit pour la supra-région voulue par les vassaux des Parigots du mégalo... Hollande et sa clique ne s’attendaient certainement pas à ça ! Une bombe pour sa turgescence... pardon, son état d’urgence et sa jacobino-gouvernance ! Sauf que, comme d’habitude, les autorités peuvent s’arroger le droit de faire dire le contraire aux votes... ils nous firent le coup déjà pour le referendum sur l’Europe de 2005, enterré sans vergogne par un traité de Lisbonne entériné deux ans plus tard. Démocratie quand tu nous tiens ! 
En tant que Languedocien girondin pour plus d'autonomie fédérale vis à vis de Paris, le hasard alphabétique « Languedoc-Midi-Pyrénées-Roussillon » me satisfaisant largement, je ne reste pas moins soufflé par le choix d'une appellation identitaire carrément émancipatrice du pouvoir centralisé !
Vous comprenez, vous foutriez-vous complètement de ce que je pense, que par égard pour notre branche catalane de Perpignan, déjà réduite à « Roussillon » et celle du Rouergue devant se ranger sous l’ambivalence de la signification « Midi », et en n’en pensant pas moins pour Toulouse qui laissa tomber jadis son rang de capitale du Languedoc, je ne vais pas plus voter pour les tricheurs d'en haut que pour une OCCITANIE brute de provocation.
Savent-ils ce qu’ils font ? Faut-il pardonner tant à ceux qui cherchent le bâton pour se faire battre qu'aux gogos qui les confortent en jouant avec leurs dés pipés  ? Doit-on au contraire remercier des idiots utiles sinon les féliciter d’avoir mis les pieds dans le plat, avec tant d'innocence ? 

Patience, pas encore : si la socio-hollandie n'en est pas à une cagade près, le Nord ne se privera pas de toujours imposer son menu si le Sud ne se met pas à crier OCCITÀNIA,  OCCITÀNIA à François II, si piteux, avec son écharpe, quand l'Eire nous le met, son penalty !
Au "panem et circenses" a succédé l'effondrement d'un Empire de Barbares au pouvoir, dira peut-être une Histoire connue pour ne pas repasser les plats !  

illustrations 2. Croix occitane. 1. pays en mal d'autonomie ou d'indépendance, auteur EwenRD...

vendredi 24 juin 2016

A BICYCLETTE ! / Fleury d'Aude en Languedoc.

C’est vrai qu’il y a les guines que nous chantons avec le Temps des Cerises et les beaux jours revenus, les bords de la rivière qui invitent à la pêche, les potagers qui étalent leurs offrandes (oignons, pommes de terre nouvelles, artichauts...), la vigne en fleur qui promet ses présents. Les frênes foisonnent dans les friches, formant un taillis serré où des passereaux cachés répondent aux trilles des chardonnerets, aux verdets et aux romances des rossignols gardiens de nids. Juin ! bouquet final du renouveau avant qu’un été torride ne l’accable. Le grand air oxyde les pétales pâlots des derniers coquelicots, on dirait avril : le printemps reste frais et s’attarde. Des amateurs de ce même grand air ont peint des coccinelles sur le goudron, la température est idéale pour la marche et les jeux de pistes.  

Un pont à voie unique, pavée de galets, passe l’Aude. Une petite plaque précise « Syndicat du Pont de la Gare Basse. 1928. Passage privé ». Un flot rapide fait onduler une chevelure d’algues, sur un haut-fond, peut-être un gué ancien. Malgré les orages d‘hier, l’eau reste verte, d’un vert précipité : on dirait le pernod des extraits de jadis, interdits et pourtant présents dans tous les placards des cuisines. 

De l’autre côté, la maison du pontonnier : son délabrement, suite à son énucléation, les poubelles déversées font l’effet d’un outrage ultime. Le contraste est total avec la grande vanne fonctionnelle, fraîchement repeinte,  qui, juste derrière, sur deux paires de mètres, ferme  le Canal des Anglais, un des épanchoirs drainant le lointain étang de Capestang (1). Le gardien du pont en était-il aussi chargé ?

Le chemin vicinal longe l’Aude : dans l’autre sens, en venant de Lespignan,  il permet de ne pas faire demi-tour quand la chaussée sous l’autoroute s’inonde.. Que les ploucs du coin s’en accommodent, eux qui ne pèsent rien contre le business vers Toulouse ou l’Espagne !
Un aigle ou une buse patrouille en se jouant d’un Cers qui fait pourtant défiler un chapelet de nuages. Entre les guigniers, les martelièiros (2), les vannes des fossés de la plaine rappellent le temps des immersions contre le terrible phylloxera... Plus bas, à La Pointe, papé Jean pompait aussi, à l’aide d’un moteur Bernard.



De ci, de là, une grange, offrant l’abri aux vignerons et aux montures, parce que le village se trouve à une heure et plus de route, avec sa réserve de bois pour la flambée, son gril, ses rats et tant d’anecdotes liées à la saqueto (3), la musette, la besace qui contenait le déjeuner.
Au bord du chemin, un cabanon à étage... pour le foin ou pour habiter ? Il en émane une beauté épurée, ruinée mais empreinte de dignité ; tout a été dépouillé, même le râtelier des chevaux, il ne reste que la mangeoire. Pourtant, vu de loin, le muret descendant vers le chemin apporte à l’esthétique et les tons crème de la chaux se marient bien à l’ombre tendre de deux platanes vénérables, ceux-là mêmes qui encadrent les pierres du portail et qui m’ont fait revenir pour la photo.

(1) l’Aude, fleuve côtier, appelé familièrement «rivière», est, comme nombre de cours d’eau méditerranéens, sujet à de brusques inondations, les Audencos. Ces crues sont causées par des aigats, plus communément nommés « épisodes cévenols ». Dans la Basse-Plaine, des étangs permettent d’écrêter ces excès (étang de Capestang, La Matte à Lespignan, étang de Vendres). Le lit du fleuve est artificiel ; le tracé de l’ancien lit subsiste, ses sinuosités qui marquent des limites plus nord avec le département voisin de l’Hérault attestent d’un apport important d’alluvions. (v. IGN géoportail).
Un deuxième drain, le Canal de France, débouche un peu en amont, à quelques dizaines de mètres à peine. Les noms sont-ils liés à une page d’Histoire ? 
(2) l’eau indissociable de la forge : une plaque indique le constructeur de la vanne, de son mécanisme : « Guiraud Jeune à Carcassonne », « Verlinde à Lille » et la troisième que je vous laisse déchiffrer.
(3) « Porter la saqueto » signifie « apporter son manger »  





dimanche 12 juin 2016

LA SAISON DES GUINES, C’EST JUIN / Fleury d'Aude en Languedoc.


Nous parlions de l’occurrence peu fréquente entre la fête de Pentecôte et la saison des guines. Wikipedia (1) nous précise que les deux calendriers, le naturel et le religieux, s’accordaient pour confirmer le proverbe seulement en 2000, 2003, 2011, 2014 ; ils coïncideront aussi en 2019 et 2025, ce qui, entre nous n’empêchera personne de fêter tant la fête que le fruit. 
Dans le trésor du Félibrige, Mistral qui associe lou guiniè, cerisier à fruits acides, à l’agriouliè (d’où le nom "griotte" en français), a relevé un extrait de H. Lacombe en occitan : « Filheto de setge ans, frescocoumo uno guino. » (Fillette de seize ans, fraîche comme une guine). 


En cherchant « guine » sans porter la moindre « guigne » (2) (autant préférer le terme languedocien !) : la recherche renvoie au merisier ou cerisier sauvage prunus avium. On trouve quand même prunus cerasus, « petit arbre dépassant rarement 8 mètres» (Wikipedia) drageonnant facilement, buissonnant.
Cela se complique quand la page précise « En France, il pousse spontanément principalement dans la moitié nord du pays ». 
Parce que le long de l’Aude, ce serait du forçage peut-être !
Il est vrai que les confusions sont légion et sans parler des variétés cultivées (Annonay, Précoce de Rivers, Amourette), le petit arbre sauvage est souvent assimilé au griottier, au merisier... 
Le nom vient d’Asie Mineure même si des contreverses subsistent puisque certains maintiennent que la variété de la côte sud de la Mer Noire aurait seulement amélioré, par greffage, des espèces sauvages déjà en Europe à l’époque des Romains.
Si « guigne » vient peut-être de « kign » en celte (« guindo » en espagnol ?), le mot turc « vischna » (cité par F. Mistral), aurait donné « višně » en tchèque, « visna » en espagnol moderne (encore d’après Mistral), éventuellement « weichselkirsche » en allemand.
Laissons la conclusion à Maria Sanchon du temps de ma « grand » qui parlait elle, de "cerises sures". 

(1)https://fr.wikipedia.org/wiki/Calcul_de_la_date_de_P%C3%A2ques
(2) par le passé, les cerisiers sauvages étaient censés abriter de mauvais esprits. 



Photos 1 pixabay guignes. 
2 pixabay sour-cherry. 
3 Commons wikimedia Wisnia pospolita aut Alina Zienowicz. 

samedi 11 juin 2016

POUR VIVRE HEUREUX VIVONS CACHÉS / Fleury d'Aude en Languedoc

ARGUS DES COMMUNES
 
http://www.contribuables.org/argus-des-communes/methodologie-argus-des-communes/
 
Les chiffres sont ceux que l’on trouve sur le site officiel des collectivités locales : http://www.collectivites-locales.gouv.fr/. On y trouve les dépenses réalisées par habitant pour chacune des années 2008 à 2014 : dépenses de fonctionnement (dont les dépenses de personnel), dépenses d’investissement, et dépenses totales (fonctionnement + investissement).
Dans les communes touristiques (bord de mer, montagne notamment), la population est accrue pendant la saison touristique, ce qui  entraîne des dépenses supplémentaires, par exemple entretien des routes, office du tourisme, etc.


C’est pourquoi, lors de la mise à jour 2014, nous avons choisi de changer de méthode pour décompter le nombre d’habitants des communes. Au lieu de reprendre la méthode de l’Insee, qui donne les chiffres de « population légale » et que nous avions utilisée jusqu’à présent, nous avons adopté la méthode de la Direction Générale des Finances (DGF), qui a l’avantage de mieux tenir compte des zones touristiques, en ajustant le nombre d’habitants par le nombre de résidences secondaires. La DGF compte un habitant supplémentaire pour chaque résidence secondaire sur la commune. (Peu significatif pour Fleury-StPierre-LesCabanes...).

L’ANETT, association des territoires touristiques : Oeuvre pour une reconnaissance des charges spécifiques pesant sur les communes touristiques et les stations classées.

Stations classées dans l’Hérault : Agde, Vias, Portiragnes, Sérignan, Valras (Vendres n’en fait pas partie)
Dans l’Aude : Gruissan, La Palme, Leucate,  Port-la-Nouvelle seulement commune touristique (Fleury n’en ferait apparemment pas partie, ce qui ne semble pas changer quoi que ce soit au soutien étatique, une dotation touristique destinée à compenser les charges résultant de l’afflux saisonnier de population : « Dotation complémentaire », « dotation touristique particulière »... plus la dénomination est alambiquée, moins l’État collabore.)

IMPÔT SUPPLÉMENTAIRE DÛ A L’INTERCOMMUNALITÉ :
Intercom. Lespignan et villages 25869 hab 160 prélevés / hab
Grand Narbonne...................... 125404 hab 293 prélevés / hab
Béziers Méditerranée ...............110589 hab 384 prélevés / hab

samedi 28 mai 2016

LA DINDE A OUVEILLAN ! QUELLE CHANCE ! / Fleury d'Aude en Languedoc

ou CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN (2).
 
Tout ça pour vous dire que j’avais des notes sur Ouveillan, l’historique de la paroisse tel qu’il se reconstitue au fil du demi-millier des pages du dictionnaire topographique de l’abbé Sabarthès. J’avais... jusqu’à ce que l’ordinateur me lâche. J’avais... jusqu’à cette envie aussi improvisée qu’incontrôlée de mêler nos vies à ce village sur sa colline...  
       
 L’autre soir, parce qu’un «Racine et des ailes», avec les châteaux pinardiers du vignoble languedocien, est venu titiller insidieusement sur une résolution vaporeuse en sommeil depuis plus d’un an, je repars en quête des belles pages d’histoire d’Ouveillan, en reprenant le dictionnaire topographique de l’Aude (1912) de l’abbé Sabarthès, à la première page ! 


Ouveillanais, vous aussi, êtes à l’origine issus d’un métissage liguro-ibérique lié aux Grecs de Phocée et peut-être même aux Phéniciens, avant que n'arrivent les Celtes pour faire place nette, ici les Atacins, des Gaulois qui s’établirent dans la vallée de l’Aude. C’est chez eux que passa Hannibal  avant que les Romains ne s’en mêlent. Ensuite, les Wisigoths qui tinrent tête aux Francs mais subirent les Sarrasins... Passons sur nos dynasties de fainéants puis de vaillants rois qui vinrent mettre notre Languedoc en coupe réglée.

L’entrée «OUVEILLAN» figure dans le Trésor du Félibrige de Frédéric Mistral sans qu'il soit précisé si le village doit son nom aux moutons ou à sa situation d'île quand la mer était bordée d'étangs salés :
Óuvelhan, Aubelha : les habitants sont nommés Aubelhanot, v. manjopiot (mangeur de dindons) (1), sobriquet des habitants d’Ouveillan (de Fabrezan aussi). 
Prov. Lang. Qu vol sa filho saumeto,
    A Ouvelhan que la meto, à cause de l’eau que les femmes sont obligées d’aller chercher fort loin.

Mentions pour Ouveillan, fief du domaine royal, page 286, dans le dictionnaire topographique de l’Aude de l’abbé Sabarthès datant de 1912 :

Le «Château-Bas ou Vieux» au bord de l’étang desséché, et le «Château-Haut, dans le fort».
Ovilianum 924, Ovelianum 993, Ovellianum 1143, Ovelanum 1192, Oveglianum 1250, Olivianum = Ovilianum 1294, Ovelhanum 1319, le chastel de Ovillan 1334, Ovelhan XIVe s., Hovelhan 1402, Oveilhan 1479, Ovilhanum 1497, Hovelha, Hovellac 1536, Obelhan 1587, Houvelhan 1592, Oveilhan 1639, Ouveilhe 1666, OUVEILLAN 1781, Aubeilhà (vulg)... Sabarthès distingue aussi les mauvaises graphies.
Note sur l’Étang d’Ouveillan, au midi de la localité. 


Les étangs et ruisseaux :
Aiguefer, anc. étang, lieu-dit L’estanhol d’en Agaffer 1497
Les Canimals anc étang 924
Conseyrac anc étang au terroir de Saint-frichoux l’estang de Conseyrac 1147
la Courtine anc étang L’estang de la Courtine 1286
A l’Estanhol, jots les vinhas de Cussac.
Libarda, ruisseau, anc fief mouvant du roi lo Libardar 1411
La Mayral ruisseau, al Maïral 1536.
La Nazoure, 1781, ruisseau, canalisé dans sa plus grande partie pour déssécher l’étang de Toutous, tributaire de l’étang de Capestang Aqua vocata la Neroza 1322.
Recaudier ou l’Aiguille, ruis. (15 kil) affluent de l’Aude (aujourd’hui Ruisseau Audié).
Etang de Toutous, désseché par le ruisseau de la Nazoure L’estang de Totos, 1497.

Les divers fiefs (domaines de vassaux en échange de services et redevances dus aux suzerains) :
Agaret anc fief du roi (col d’Agaret cad.)
La Courbayrole anc fief La Corbayrola 1497.
Erminis anc fief appartint en dernier aux Frégose.
Le Fesc anc fief royal puis de Frégose Al Fesc 1497.
Les Launes anc fief de l’Ordre de malte, dans l’ancien décimaire de Saint-André, aussi sur la commune de Montels Condamina qui dicitur de launis 1275.
Loupian ou Villespassants, anc fief. 
Murviel, anc château dépendant de la seigneurie de Rieux et d’Alzonne, tenu au XIVe par les d’Harcourt, au XVe et XVIe par les Montredon.
Le Peyral, anc. fief royal. Al Peyral 1404.
La Poulverouse, lieu-dit, anc. fief royal. La Polverosa 1497.
Les Pujals, lieu-dit, anc. fief royal Als Pogols 1404.
Trente-Sols, anc. fief du roi. Als Trente Sols 1497.

Les fermes et écarts :
Bailly f. Bailli 1807
Bedos f Alha boria de Bedos 1536
La Bergerie f La Grangette 1774
Le Bousquet f Ad Buscaletum 1255
Cachefigues f.
Chambard f 1497
Colombet f.
Le Colombier château et f. ad Colombierum 1255
La Commanderie f
L’Étang f.
Filère f
Foncalvi, f anc propriété del’ordre de Malte, puis de l’abbaye de Fontfroide. Grangia de Fonte Calvio 1275.
Frayssinet, f., Le Gers (vulg).
Labastide, f.
Mailhère, écart. Le jardin de Maillère 1807.
Montplaisir, f.
Le Pain de Sucre, f., démembrement du domaine de Preisse
Petit-Rabes f.
Pézétis, f., Pézéty, une vieille masure appelée la Chapelle, confrontant d’aquilon la rivière Cesse ; de midi, le Canal Royal 1692.
Pigasse, f., Méterie appellée Pigasse 1776.
Preisse, chât. et f. ; anc. commanderie de l’ordre de Malte ; la chapelle était dédiée à saint Paul. Prexanus 782.
Le Terral, f., ancien prieuré sous le vocable de saint Martin ; anc. propriété de l’abbaye de Fontfroide. Castrum de Tarrallo 1176.
Terre Noire, f.
Le Viguier, f., métairie à Tailhesang..., métairie ditte le Vié, 1776.

Les lieux-dits :
 Belvèze lieu-dit 1776
Cassenac, lieu-dit
Les Faisses lieu-dit A las Fassias 1536
Le Finistère lieu-dit
La Gardiole, lieu-dit Alha Gardyolla 1536
Gazet lieu-dit, in Gizet 1256.
Lombric, lieu-dit, ad Lumbricum 1255.
Montpaho, lieu-dit Monpaho 1497.
Peyrefite, lieu-dit. Peyra ficha 1497.
La Porte-du-Salin, lieu-dit.
Le Pourcel, lieu-dit. Ad Porcairillum 1255.
La Rouquignole, lieu-dit. Via de Mirapisceto, vocata la Roquinola 1595.
Saint-Cristol, lieu-dit, Sant Crystolh, 1536.
Sainte-Marie, lieu-dit. Chemin de Sainte Marie 1692.
Saint-Brès, lieu-dit. Podium sancti Berrichi, 1192.
Taillesang, lieu-dit. Tailha Sanc, 1497.
Les Vases, lieu-dit. Ad Vasa 1255.
Ville méjeane, lieu-dit ; Villemejane, 1339.

Edifices religieux et liés à la charité :
la Maladrerie anc léproserie Als mesels 1497.
Saint-Charles, chapellenie, 1776.
Saint-Paul, ancien hôpital, Saint Paul, l’hôpital 1776.
Saint-Pierre-d’Artiague, chapellenie, 1756.
Sainte-Sixte, chapelle et ermitage ruinés. Podium Sancti Cirici, 1204.

Divers :
Le Bourguet-Neuf, faubourg, Al Bourguet Nou 1697
La Croisade auberge et distillerie
La Fardille A la Fardylha 1536
Le Fort, quartier, de là la distinction entre Ouveillan-le-Haut et Ouveillan-le-Bas.
les Malviès, Als Malviès 1497.
Le Moulin à vent
Saint-André, anc. décimaire au territoire de Montels (Hérault) et, par extension, commune d’Ouveillan. Condamina de Sancto Andrea, ... decimarium Sancti Andree, 1275
Saint-Frichoux, localité disparue, anc. prieuré uni à l’abbaye de Montolieu.
Toutous, loc. disparue ; anc. prieuré sous le vocable de Notre-dame. Villa Totonis 782.
Villa Sancti fructuosi, 932 ? 

(1) le surnom est relativement récent vu que le dindon n’a pu traverser l’Atlantique avant Christophe Collomb... 

photos autorisées :
1. Commons wikimedia / Le Terral, château, aut Flolma. 
2. Commons Wikimedia / Ouveilhan année 1498 aut Eutexie.

vendredi 27 mai 2016

CHERCHER LE PRÉSENT DANS LE PASSÉ : OUVEILLAN / Fleury d'Aude en Languedoc.

Trausse, Lapalme, Sallèles, Vinassan, Salles, Gruissan, Cuxac, Coursan, autant de villages sans lesquels nous ne serions pas ce que nous sommes. A la suite, sur cette liste, de celles qu’on établit pour de joyeuses retrouvailles, j’avais des notes sur Ouveillan, bien fournies, s’ajoutant aux chers souvenirs des condisciples de lycée et surtout liées à une amitié plus forte que les kilomètres à vélo nous séparant... même si lui avait une mobylette... bleue, à en croire la fragilité des souvenirs. 


Nous braconnions alors sans complexe et surtout par provocation, à jouer les croquants dans les pinèdes de ces châteaux et grandes fermes bourgeoises, en plein jour, à une heure et dans des circonstances n’incitant heureusement pas au zèle des gardes. Pire encore quand, la carabine en avant, nous arpentions l’étang en contrebas du village, de la route, des chemins, à la vue de tous ! Loin des escapades furtives et nocturnes d’un Raboliot, nous étions seulement dans l’extravagance des excès existentiels. Surtout pas liée à Sartre qui nous barbait autant que la prof de philo coco ! Non, une extravagance toute rabelaisienne (1) plutôt, de gros rires, comme quand Georges puis Antoine, trop pris par l’excitation d’un gibier tentant mais lointain, tombèrent tour à tour dans une cave* remplie d’une eau froide comme peut l’être novembre en Languedoc, dans les bourrasques d’un Cers* pénétrant venu des montagnes ! Sauf qu’ils m’auraient bien jeté aussi derrière les sénils*, mes copains rigolos, par égalitarisme !
Tel le piégeur flânant l’air de rien sur le théâtre de ses forfaits passés, j’aime repasser par Ouveillan dans un sens ou dans l’autre. L’été dernier, par la Minervoise, puis le carrefour de la Croisade, un jour que la  ramure élancée des platanes balançait sous les coups du Cers justement... Je veux parler des feuillages à terme condamnés par le chancre doré (2) tueur des pauvres arbres. Les gros nids d’agasse* d’autrefois ont aussi disparu... Te souviens-tu Antoine, de ta peur, cette fois-là, à trop jouer au pendule, si haut, pour quelques œufs à piller ? 


En bas du village, la cave coopérative et son architecture superbe (3), tout à l’honneur du raisin et de 1936, année du Front Populaire (prenez vite une photo car elles sont effacées un jour, comme à Vinassan, à Lespignan...). En redescendant vers Cuxac et la plaine de l’Aude, en surplomb de l’étang, feu la distillerie-coopérative d’un temps où la vigne et le vin quotidien rythmaient la vie. Entre la cave et l’alambic, parce que la vanité n’est pas leur fort, on cherche longtemps le monument aux morts. 


Village du midi, assoupi en cette mi-août, désert à l’heure de la sieste, qui veut nous laisser croire que tout à l’heure les gens partiront arroser les jardins, pour profiter au retour, de l’air moins chaud sur le devant de porte, manière de bader* le mouvement des éclats de voix et des boules sur les bancs de la place... Le Sud qui s’offrait en traversant la localité vers l’impasse Camarade (4), en récupérant des efforts liés à la dernière côte (en venant de Cuxac, celle de la distillerie).   
  
Enfin le monument aux morts, pour la paix, de ceux stigmatisés alors par les "braves gens" (4) remontés par les va-t-en-guerre. On le doit à René Iché (5), un enfant du pays, né à Sallèles-d’Aude, à quelques kilomètres à peine et d’Ouveillan par sa mère (il y est inhumé). Il est mal indiqué, la verdure le cache, c’est difficile de le cadrer... Dommage pour un village par ailleurs connu pour ses vendanges du cœur (au profit des Restos du même nom lancés par Coluche). 





Sur la route de Cuxac, à gauche, l’embranchement vers Fontcalvy, une grange fortifiée. Les vieilles pierres en imposent, au milieu des vignes il est vrai. Dans les ruines réhabilitées, l’été, un festival, des spectacles et un repas, pour ceux qui veulent, en bas, dans l’ancienne bergerie... N’espérez pas faire ripaille comme les moines d’antan... ceux-là donnaient plutôt dans l’ascétisme, la rigueur et le travail, règle de Cîteaux oblige. Sans remonter au XIIIe siècle et parce que nous n’étions que des chenapans aux cheveux longs, vers l’an de grâce 1968, nos jeux ne dérangeaient que les vols de corneilles qui logeaient là et la terre et les détritus comblaient presque le bercail des moutons. Maintenant, ils peuvent monter le son et multiplier les projecteurs : fini les troupeaux et plus de corneilles (comme dans la garrigue d’ailleurs). 


A Joël des PO, Georges de Narbonne et Antoine d’Ouveillan, à nos folles années 68-70 ! 
(à suivre)

(1) Ah ! Monsieur Rabéjac qui nous enseignait le XVIème siècle en littérature !
(2) champignon mortel qui serait arrivé d’Amérique avec les caisse de munitions en 1944. Il existerait comme un vaccin porteur d'espoir et testé à Sallèles...
(3) Architecte Gaston Ladousse qui fit aussi celles de Vinassan (1937) et de Trausse (1937), pour parler de cette période.
(4) Nino Ferrer ne chantait pas encore le Sud (1975) mais Jean Ferrat en remontrait déjà au camarade (1969) et Brassens était bien le seul à défendre l’anticonformisme pacifiste. 
(5) René Iché (1897-1954), Croix de Guerre 1914-1918, Médaille de la Résistance. Devenu sculpteur contre l’avis de ses proches, Iché vit son œuvre Forfaiture enlevée pour "indécence" (1923).
«Laissez-moi vous dire...» écrivait-il au préfet de police «... que votre décision, si inattendue pour moi, m’a beaucoup ému. certes, je ne prétends pas avoir fait un chef-d’œuvre et si mon intention fut mal interprétée, c’est peut-être que mon talent ne fut pas à la hauteur de mon ambition. Quoiqu’il en soit, j’ose affirmer que j’ai poursuivi, en sculptant Forfaiture, un but hautement moral. J’ai voulu traduire dans la matière plastique, la douleur et l’angoisse d’une trahison, la trahison de l’instinct génésique, le reniement de la vie elle-même vis à vis de la continuité de la vie : le drame affreux que la loi poursuit car il constitue un véritable crime de lèse-humanité.
«L’illustre maître Bourdelle, qui a bien voulu m’éclairer de ses conseils, m’a répondu que ce sujet, s’il avait été inspiré par le sixième commandement à un imagier de cathédrale, aurait très bien pu trouver sa place dans la pénombre d’une haute ogive. je m’en tiens là et j’accepte de retirer ma statue. Il me suffit de pouvoir affirmer en toute conscience que je l’ai méditée et exécutée sincèrement et que, pas un instant, je n’ai pensé ni visé au scandale mais à un vérisme significatif conforme à l’éthique la plus naturelle.»
Son projet de monument aux morts pour le village de Canet-d’Aude, fut aussi refusé pour «pacifisme» sinon pour excès d’humanité ! 

glossaire :
* l’agassa (o) = la pie.
* bader = fixer, reluquer, afficher sa curiosité sans retenue.
*cave = fossé.
*Cers = plus vieux nom de vent en France, honoré par les Romains parce qu’il chassait les miasmes, malheureusement assimilé par parisianisme à une tramontane par trop générique ! Pour être plus généralistes, nous disons aussi (et certainement à tort) "vent du nord" !
*sénils = roseaux dont on fait le chaume. 

photos autorisées : 
1. Commons wikimedia / Ouveillan aut Map data (C) OpenStreetMap contributors CC-BY-SA
2. Commons wikimedia / Canal_du_Midi near Colombiers 2011 aut Michiel1972 
3. La cave coopérative, personnelle août 2015. 
4, 5, 6. Le Monument aux morts, personnelles août 2015.  
7. Commons wikimedia / grange cistercienne Fontcalvy aut ArnoLagrange. 
8. Commons wikimedia / Ouveillan, Grange cistercienne Fontcalvy aut Rauenstein.

samedi 14 mai 2016

CAVALCADES ET CORSOS "FLEURYS" / Fleury d'Aude en Languedoc.

Au mois de mai, c’est la fin pour les cavalcades et autres corsos fleuris. Et dire qu’ils viennent encore de brûler Carnaval chez les voisins... Au temps des fleurs, c’est vraiment du sadisme... Sauf qu’une salloise m’a rétorqué que c’était mieux que de ne rien faire ! Et vlan ! Je n’ai pu que balbutier qu’ils allaient fêter la fête dans les rues, quand même, à Fleury !
Élevons le débat tout en reconnaissant que les patchaques et autres querelles de clochers ont toujours pimenté et corsé les rapports de voisinage ! Il n’empêche, en février, les mimosas qui défilent traduisent si bien l’espérance des beaux jours à venir.
Reprenons le compte-rendu si détaillé de cette cavalcade d’après guerre que François, lou filh de Jeanil, a bien voulu nous réserver (1). Le char du chapeau venait juste de passer : 


«... "Les Vendanges" venaient ensuite. Le camion était garni de treilles et de souches avec de beaux raisins. Au milieu était une grosse barrique avec Charlot Escaré qui représentait Bacchus tenant une coupe et un bâton avec une feuille de vigne et un raisin. Il y avait aussi des vendangeurs et des vendangeuses, parmi lesquelles Elisabeth et Marcelle Subra. Ils ont eu le 5e prix (2000 F et 2 bouteilles de champagne).
"La Couveuse", des petits garçons et petites filles, habillés de coton jaune, chacun dans une sorte de panier.../...
... Ensuite, "Blanche-Neige et les sept nains" (la rue Neuve). Auret menait le char,Mimi Dauga était Blanche-Neige et G. Martin le Prince, F. Bousquet, J. Bernard, les petits Auret... ils ont eu un prix d’honneur et un prix d’attelage.../... 
... Puis le "Panier Fleuri" des petits enfants très bien habillés, dans un grand panier fleuri de fleurs avec des fleurs d’amandier, du mimosa...
... "La sérénade à Colombine".../... des garçons en pierrots jouant de la mandoline, et des petites colombines...
Ensuite 2 chars 1900 : un de Fleury, yves Carrière était le cocher, en costume d’époque... /... derrière un comte et une comtesse... Abrial portait une perruque, un chapeau à voilette, il avait fait un grain de beauté ; tu peux croire qu’il le faisait bien.
L’autre était de Coursan, il était plus chic que celui de Fleury.../... dedans deux couples qui chantaient « Frou-Frou », et enfin deux laquais : deux jeunes filles...
... /... Puis une énorme carpe de Coursan avec 4 oo 5 pêcheurs, un tank de Béziers et des soldats jouant de l’accordéon.
Et enfin de nombreux travestis de Narbonne. Tout le monde dit que c’était la cavalcade la plus jolie de la région, elle dépassaitde beaucoup celles de Narbonne, Coursan et Béziers.  
J’ai oublié le principal, le char de la Reine... /...
Il y avait aussi un autre char où étaient Colette, Yvette et Monique "La France et ses Provinces", et un autre "Les Papillons".
Mr Robert distribuait les prix... /... Après la cavalcade, il y a eu bal sur la place, ainsi qu’après souper, avec concours de travestis. C’est la femme de G. Chavardès et mme Dubeau (la patronne de l’autobus) qui ont eu le premier prix. Mme Chavardès était en Provençale ; Madeleine Artozoul, de paris, a eu le 3e, elle était en Cosaque, Marthe Barthe en Espagnole...etc...

(1) François Dedieu / Caboujolette / 2008. 

diapositives François Dedieu 1 &2 1969 3 & 4 1986.

dimanche 10 avril 2016

AVRIL dans les temps et les têtes / Fleury d'Aude en Languedoc.

« Tandis qu’à leurs œuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps..." 

 
Les souvenirs d’école s’accrochent aux vers et aux rimes qui nous ont bercés, enfants. Le maître (les hommes semblaient alors plus nombreux), souvent, triait, coupait des strophes, ne gardant que par rapport à son exigence et aussi en fonction de ce que nous pouvions assimiler. Si le début du poème « Premier sourire du printemps » de Théophile Gautier évoque mars, la fin dont on ne soupçonnait même pas l’existence, s’ouvre, elle, sur le mois d’avril : 

Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
II dit : « Printemps, tu peux venir ! »

Plus prosaïquement, et avec l’inquiétude qui est la nôtre, aujourd’hui, quant au rythme si perturbé des saisons, plutôt l’avis autorisé des météorologues que les rumeurs. Ainsi, à propos du printemps dans le Sud, Météo France nous dit :

« Sur les cinquante dernières années, l’évolution des températures printanières en Languedoc-Roussillon montre un réchauffement. Sur la période 1959-2009, la tendance observée des températures moyennes printanières est d'environ +0,3°C par décennie.

Les cinq printemps les plus chauds depuis 1959 ont été observés après 1996, alors que quatre des cinq printemps les plus froids l’ont été avant 1985. Le caractère remarquable des printemps 2011 et 1997 est bien visible pour les températures maximales (moyennes printanières dépassant de plus de 3°C les normales saisonnières 1961-1990) ».

S’ils parlent aussi d’une sécheresse désormais plus sensible, ce sont les excès qui nous marquent, tant pour la température que les précipitations.
Quelques rappels, grâce aux ressources de l’Internet http://la.climatologie.free.fr/intemperies/tableau12.htm (tableaux 5 à 12, en remontant jusqu’en 1884) :

Du 12 au 16/04/2015 : températures bien au-dessus de la normale en Europe et 31,6°au cap Ferret (33), nouveau record de chaleur mensuel depuis le début des mesures en 1887.

Du 11 au 18/04/2013 : temps doux sur toute la France et 32°C à Ciboure (64) le 17 avril.  

 
Du 15 au 20/04/2012 : chute des températures en France. Le 16/04/2012 dans la nuit, 70cm de neige sont tombés en Andorre (plus que le maximum en 24h de l’hiver 2011/2012.
Le 27/04/2012 : Des records de chaleur sont tombés dans le Sud-Est (29.3°C à Marseille).

Du 24/03 au 26/04/2011, les températures ont été chaudes pour la saison et du 01/04/2011 jusqu'au 09/04/2011 les températures sont montées comme en juillet, de 8 à 10°C au dessus de la normale pour la saison ! Des records de chaleurs sont tombés dans le Sud-Ouest. A Nîmes le thermomètre a grimpé jusqu’à 30,5°C donc très proche du record du 28/04/1947 avec 30,6°C. 32,3° à Pergignan :  un des mois d’avril les plus chauds depuis 1900.

Du 21 au 29/04/2010 : fin avril a été bien chaud à l'Ouest de l'Europe avec en France des températures d'été : 26.9°C à Béziers, 26.7°C à Sète, 26.7°C à Perpignan.

Le 29 avril 2004, 182.2 mm de pluie au Mt Aigoual (Météo France).

14/04/2003 : tempête dans le Midi-Pyrénées avec un vent de 120 à 130 km/h à Toulouse.
Le mois d'avril a été le plus chaud des mois d'avril depuis 1950 voir 1900 en Europe. En France la moyenne des températures est supérieure de 4,3°C aux normales.

Avril 1996, coup de froid. Le 04/04/1996, - 5°C à Brive (19) et Mont-de-Marsan (40), le 05/04/1996, - 4°C à Auch (32), -2,5°C à Carpentras (84).

25/04/1995 : il a fait maximum seulement 8°C à Toulouse !

29/04/1994 : 28°C à Bergerac (24).

24/04/1992 : 28°C à Gourdon (Lot), 27/04/1992 : 29°C à Carpentras.

A suivre.

Note : pour un bilan du mois de mars 2016 : http://www.meteofrance.fr/actualites/35175144-mars-2016-frais-et-arrose 

photos autorisées : iha. 

dimanche 3 avril 2016

AMITIÉ, AMOUR, TOUJOURS ET A JAMAIS ! / Fleury d'Aude en Languedoc.

« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Le Château de ma Mère. Marcel Pagnol. 


Une joie, fulminante, celle des retrouvailles inattendues avec André Pédrola, 87 ans alors, un ancien de la rue Trémolières. Grâce à Coursan (Lulu Auret dit Pilule), entre le Canada, Fleury et la Réunion, sur moins de deux ans, une cataracte de mots à rendre jalouses les Chutes du Niagara, les tempêtes du Grec et les cyclones de l'Indien réunis : des échanges qui ont rempli des pages et des pages de bienveillance, de souci de l’autre, d’amour, pour le dire en un mot !
L’inévitable et inoubliable chagrin qui s'ensuivit ne saurait être sans l’attachement qui en fut la cause.
 
Les cerisiers fleurissent au village, pour Pâques déjà.
Entre quelques pieds de muscat, entre la maison d’André et la nôtre, celui de mon grand-père éblouissait le voisinage. Aujourd’hui, demeure le symbole, fragile certes mais aussi fulgurant qu’infini, de ce qu’une amitié vraie peut porter et ça, il faut absolument le dire aux enfants ! 


Au début des années 50, avec son Renault 3 tonnes, "cabine avancée" André est parti travailler à la centrale du Villaret. Il raconte :
«... Le printemps venu, un ouvrier du coin qui travaillait avec nous m'a dit , je connais un gars du Villaret qui a une petite maison à louer.
Je suis allé la voir le soir même, un peu déçu de trouver une toute petite masure en très mauvais état. Encore plus déçu lorsqu'il m'a dit que son ami demandait 10 000 f par mois :
« Voyons as-tu vu les réparations ? »
Réponse si tu veux faire des réparations libre à toi, mais à tes frais. Il a ajouté demain je dois le faire voir à un autre potentiel locataire.
Je voulais tellement avoir les miens avec moi, que j'ai accepté de me faire arnaquer. Et je savais par qui, n'ayant jamais rencontré le soi-disant propriétaire. Tous les copains m'ont aidé à faire ces travaux à peu de frais, récupérant les matériaux sur le chantier.
À Pâques je suis descendu dans le Midi pour récupérer les êtres les plus chéris au monde. En arrivant dans notre nouveau univers, j'avais peur que ma douce moitié trouve le logis minable. Elle m'a dit : c'est le plus beau parce que c'est le nôtre.
Il ne payait pas de mine avec sa porte et ses volets verts, collée contre le petit bistrot de Basile. Sis sur la rue la plus haute de ce petit village, peuplé d'une centaine de mineurs. Au dernier tournant pour accéder à la rue, il y avait une petite ferme. Le fermier me permettait de stationner mon auto dans sa cour. Lorsque je lui avais demandé combien ça me coûterait, il m'avait répondu : entre voisins il faut bien s'entraider. C'était vraiment un bon gars accommodant, tous les enfants du village venaient jouer dans sa cour.
Ma petit Dany avait trouvé un petit copain, le plus jeune fils du fermier, qui avait 7 où 8 ans. Notre fille l'accompagnait pour garder les vaches , dans le pré juste au-dessus de la maison. Simone allait leur porter le goûter vers les 15h . Le petit Jean-François avait trouvé , dans cette cour, le terrain de jeu idéal. Avec ses nouveaux compagnons de jeu, ils fouillaient dans tous les coins. Un jour Simone a vu un schtroumf sortir de la cour , il s'était renversé un pot de peinture bleue sur la tête.
Pauvre maman , malgré des heures de shampooinage et de lavage à la brosse, le fouineur a gardé son ventre bleu plusieurs jours...»
André Pédrola (1923 - 2012).  

C'étaient ses bons vœux de Pâques 2010. 


 Photos 1. André, François (papa) et Marcel du pays de Sault sur le rocher à Saint-Pierre (1940).
2. le «petit train» de la Mure (wagons d’anthracite pure à 95 % !) / commons wikimedia / auteur Trams aux fils 2010.
3. André et Simone (déc 2010)

lundi 28 mars 2016

NON, NON, NON, NON, IL N'EST PAS MORT CAR IL SOUFFLE ENCORE ! (bis) / Fleury d'Aude en Languedoc


Suite aux articles « QUI TROUVE LE CERS PERD LA TRAMONTANE... I & II d’octobre 2013, la défense de l’identité audoise impose d’exposer, au fur et à mesure qu’ils la confortent, les arguments contre une globalisation détestable parce que le consumérisme intéressé qu’elle impose va de pair avec le dénigrement du particularisme culturel.
Plutôt que d’alimenter en commentaires les articles concernés (accessibles d’un clic sur les liens ci-joints), un extrait de la REVUE FOLKLORE 1972.
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/692089987470599:0
https://www.facebook.com/fleuryaudelanguedoc/posts/696016180411313:0
Sous la plume de P. Andrieu-Barthe, à propos des vents de l’Aude en aval de Carcassonne, nous pouvons lire :
 

* «...un vaste couloir où les vents acquièrent la vitesse de courants d’air...» définissant, vers le Lauragais, la plaine minervoise qui se resserre entre la Montagne Noire et les Corbières.
 

** «.../... Le rival du Marin est le Cers.../... que les Romains, par crainte, déifièrent.../... Dans la plaine Minervoise toute habitation comporte une orientation, une muraille ou une haie de cyprès pour se défendre du côté du Cers et non du Marin... ».
 

*** «.../... Après la Toussaint s’installe habituellement une période de marin froid. Le Cers glacé règne ensuite en hiver et surtout au printemps où il effeuille impitoyablement les pétales des précoces amandiers, mais durant l’été, il tempère agréablement la chaleur, caressant et léger...».
 

**** «.../... La Tramontane reste localisée en Roussillon. Il faut arriver à Montpellier pour entendre parler du Mistral... »
 

***** «.../... Détestés des étrangers venant de pays plus calmes et qu’ils tourmentent, ils sont familiers aux autochtones qui, en fulminant sans cesse contre eux, ne peuvent s’en passer. S’ils viennent à se calmer, on entend dire : "On ne respire pas, il n’y a pas d’air" ou, dans le cas contraire : "Il fait bon, il fait de l'air".

diapo François Dedieu vignes et pins à l'automne. 

mercredi 23 mars 2016

« Y’ A PAÏ MAÏ DE SÉSOUN ! » / Fleury d'Aude en Languedoc


« Y’a paï maï de sésoun ! »
Oui, je sais, j’ai eu la cagne de poursuivre Carnaval alors que les écoles de Fleury, de sortie dernièrement, en donnaient l’occasion...
Pardon si mon être revient toujours dans les vignes, devant le tapis blanc de diplotaxis fausse rouquette piqueté du jaune et de l’orangé des petits soucis qui résistent si bien aux gelées... Mais là j’en suis encore resté aux vrais hivers, c’est ce qui arrive à partir d’un âge certain et nos petits soucis n’ont plus guère à batailler semble-t-il,contre la méchante saison. 


Le manque exacerbant l’envie, n’avions-nous pas déjà le goût des premiers signes si désirés du printemps ?
Cette anticipation dont on se régalait à l’avance parce que les rites ou coutumes, calqués sur nos horloges biologiques, en cochaient le calendrier ! Une satisfaction du besoin venant toujours à point pour ceux qui doivent attendre... L’impatience positivée des prémices, à condition, sine qua non, que le plaisir soit au bout, à moins ou plus long terme, comme en amour ou lorsqu’on se conforte, pour rester en forme, parce qu’un bon repas est programmé, quelle qu’en soit l’occasion !
A l’instar des goûts ou des couleurs, le plaisir est aussi polymorphe qu’inquantifiable, le qualifierait-on de petit ou de grand. Après l’amandier en fleur, j’en suis encore aux asperges sauvages. Un rapport avec Angleterre-France de tout à l’heure ? Peut-être mais sans la sérénité d’alors car l’inquiétude s’insinue : les premières omelettes datent de début janvier, à Rivesaltes voire dans le Cabardès... Merci le journal local ; L’Indépendant en parle, gardant le lien, même si les gens changent aussi, réclamant l’anonymat et le secret sur de prétendus coins pour ce don jadis si généreux de la nature. De quoi en couper le fioulet (1) à Pan sans parler de Kronos, moins maître du temps que jamais, lui, qui ne nous les offrait pas avant mars.
Et si la bêtise humaine persiste et s'amplifie, en particulier à cause de "l'économie ouverte", comme j’ai eu l’occasion de l’entendre dans la bouche d’un triste journaliste perverti,  le « Y’a plus de saison ! » actuel, plus vrai que jamais, n’augure rien de bon, n’en déplaise aux indécrottables optimistes qui ne veulent pas croire que la Terre tournera un jour mais sans eux... 

(1) le sifflet sinon la flûte...

PS : j’ai eu l’occasion de partager la page de Gilbert sur ces belles randonnées à l’infini par chez nous ; ci-joint, son blog tout de patience, de convictions, d’espérance et d’amour pour l’homme dans la diversité de son séjour terrestre http://gilbertjullien.kazeo.com/le-circuit-des-templiers-832-m-depuis-bugarach-465-m-a120392574    





photos autorisées commons wikimedia 
1. diplotaxis fausse rouquette.
2. calendula arvensis Atlas_de_poche_des_plantes_des_champs,_des_prairies_et_des_bois
_(PLATE_70)_(6022010145)
3. Vigne Flore_coloriée_de_poche_du_littoral_méditerranéen_de_Gênes_à_Barcelone_y_compris_la_Corse_(6243931751) aut Penzig. O.


dimanche 14 février 2016

POUR CARNAVAL, LA SOUPE A LA GRIMACE (1)... / Fleury d'Aude en Languedoc

Charité bien ordonnée dit-on... sauf qu’à Fleury, visiblement, nous en resterons à ressasser des souvenirs des carnavals d’antan... A ce jour, c’est l’indigence complète sur les pages municipales. Les rues en fête sont plus légitimes sans doute... Et entre nous, pour quelle fête ?

A Salles, si le carnaval est célébré en mai, bien après la bataille, le référencement informatique fait vraiment mauvaise impression... Les premières pages suggérées, en effet, sont d’un effet... morbide ! En cause, ces velléités de blog et de page facebook mort-nées dès 2011, le jour même de leur création ! Le fulgurant irresponsable en question ne pourrait-il faire preuve d’un bon geste en effaçant tout ?

A Lespignan, si la mairie classe son carnaval et la "Corbeille Jolie" dans les « temps forts » de la commune, les dragées, les quatre hauts de forme et les cannes à pommeaux ne sauraient nous faire oublier les meuniers et la bufatière (la danse du soufflet) des années 70... Obligé de regagner Lyon, le sourire plutôt forcé et le moral dans les chaussettes, je devais faire bonne figure pour passer au pas les nuages de farine et les masques moqueurs... Et que dire quand tout un passé se retrouve soufflé avec la démolition de la cave coopérative qui exposait ses jolies grappes au soleil couchant ? Dois-je ajouter, au comble de ma déprime, que me reviennent aussi les trognes rubicondes des Belges en goguette, ceux du jumelage, dans un pays de cocagne où le vin coulait de source ? Que reste-t-il sinon une journée de vendanges à l’ancienne ? Bien sûr que c’est bien pour les jeunes... Bien sûr que j’en deviens odieux... mais pour nous qui avons vécu cette époque et goûté, entre parenthèses, un fameux merlot d’ici, même s’il nous reste l’orchestre sous les platanes devant l’école, c’est surtout la boule dans la gorge qui ne passe pas...

A Vinassan, le site de la mairie annonce le carnaval dans sa galerie de photos... je cherche encore même si j’apprécie, en passant, la jolie collection sur les vendanges et encore une coopérative aujourd’hui disparue !.. Le "sang de la vigne" sans doute... (2)

A Armissan, après des carnavals à vélos (sic), le comité des fêtes a œuvré, en 2014, pour relancer la danse traditionnelle de la bufatière. Hélas, l’année 2015 a déçu avec une petite trentaine seulement de costumés en rouge et blanc et trop peu de monde pour les fêter le long des rues. Pour voir une belle affluence, il faut faire défiler les  photos des carnavals du début du siècle (jusqu’en 1920) avec calèches, chariots et chevaux !
http://www.armissan.eu/gallery.php

A Coursan, loin des « grandes heures » louées par Jean Camp, ils font seulement la pub pour le carnaval de Narbonne (3) !

Narbonne a calqué son carnaval sur le calendrier religieux. Le ROI DE LA MUSIQUE était le thème de cette année avec élection de la reine, une dizaine de chars et 500 carnavaliers, etc. http://www.narbonneenfete.com/accueil.html

A Espéraza (4) où la ville illumine la dernière cheminée d’un glorieux passé industriel (chapeaux, chaussures, plastiques, isolants), la sortie des ermites (chemise de femme, chapeau melon, noir de fumée sur le visage et maquillage au charbon) marque le carnaval depuis 1930. Le lendemain du mercredi des Cendre, accompagnés de musiciens et d’un répertoire d’airs choisis, ils passaient dans les ateliers pour chiner les filles et les patrons chapeliers. Le vin chaud, le cocu promené sur un âne, une croix où pendaient saucisses et saucissons faisaient partie de la fête. S’ils font encore le vin chaud, est-ce toujours dans le pèirol de 50 litres ? 

A Quillan,  c’est au printemps. Carrément en avril, hors délais, hors sujet même, et les costumes qui y sont particulièrement soignés ne tempèrent pas mon sentiment.
https://www.facebook.com/FecosDeQuillan 

Carnavals perdus, retrouvés puis reperdus comme à Fleury, Salles, Armissan, Lespignan et malencontreusement, à Carcassonne aussi où la municipalité n’a rien voulu savoir alors que depuis le retour de Carnaval en 2011, la fête allait crescendo (passo-carriéro (5), jugement, crémation, bal masqué).


Avant de me laisser aller à ne plus trouver grâce à des carnavals manquant de spontanéité, plus que pour ces cavalcades et autres corsos fleuris des beaux jours retrouvés mais qui ne valent pas symbole, je vais d’abord chercher du réconfort avec des festivités qui elles, durent et perpétuent une tradition d’optimisme, ancrée dans la nuit des temps et si importante pour se projeter dans le futur... Au moins, avec ces carnavals vrais, nos souvenirs de Fleury peuvent-ils reprendre leurs couleurs. 

photo et vidéo autorisées / Le Poulain de Pézenas en Hongrie !
https://www.youtube.com/watch?v=NTZzbX8fCZM 

(1) Avertissement préalable : attention à ces prestataires de services (à titre gracieux j’espère) qui annoncent «Toutes vos informations locales à...» et qui, avec une même page et de mystérieux beignets de carnaval, changent seulement le nom de la localité !
(2) à Vinassan des lotos, dont deux dits « des pantigues », jusqu’à la fin du mois de mars !
photos coopé de Vinassan http://www.vinassan.fr/module/9,,26/detail/4/u_vendanges_d__039antan.html
(3) à Coursan le loto existe encore ! / 16 quines, 4 cartons pleins, 10 € les 6 cartons.
https://www.facebook.com/257723454273782/photos/a.270694056310055.64514.257723454273782/1044244152288371/?type=3&theater
(4) à Espéraza, le loto existe encore ! (GRAND LOTO DE LA FERIA ce soir à 21 h / 14 quines, 4 cartons pleins / lots divers dont jambons / 10 € les 3 cartons) ! Plus cher qu'à Coursan !
(5) plutôt un défilé en sens unique même si les taquineries, le lancer de confettis ou de farine ont quelque chose de commun avec le passo-carriéiro, cette promenade au soir des beaux jours, en allers et retours, manière, pour les adultes souvent en couples, de se "passéjer", de voir "le mouvement", de saluer, d’être vus aussi par ceux prenant le frais sur les perrons et devants-de-porte... L’occasion bien sûr, pour les uns et les autres, de commenter, avec tout ce que l’affection et la médisance peuvent inspirer, plus loin, à voix basse, après la rencontre et les échanges claironnants.
Ce passo-carrièiro est aussi pratiqué par la jeunesse, le dimanche ou lors des fêtes. Pour le groupe des garçons, il consiste à croiser celui des filles, à plaisanter, à lancer des piques, à provoquer. Les filles, elles, répondent et se moquent allègrement... C’est une approche parfois à l’origine de liaisons, de mariages à venir.
Pratiqué aussi par les garçons seuls et souvent tard dans la nuit, quand les cafés ont fermé... Après quelques tours du village en suivant l'ancienne ligne des remparts et des portes, il y en a toujours un qui propose un tour de plus !
Pour les vendanges et sûrement parce que nos amis espagnols venaient en nombre, après la toilette de fin de journée, se formaient aussi les groupes de filles fraîches et de garçons brillantinés, enhardis dès le noman’s land entre la dernière ampoule du village et la nuit... (vers 1964, les néons)
Tout ça pour dire qu’ils sont bien gentils, à Carcassouno, de parler de passo-carrièiro alors qu’il s’agissait d’un défilé ! Il n'empêche : ils ne méritaient pas d'être ainsi traités par la mairie !

vidéo autorisée / Le Poulain de Pézenas en Hongrie !

https://www.youtube.com/watch?v=NTZzbX8fCZM