Préalable : cet article ne présentant qu’une vision extérieure non étayée sur place, les avis et corrections éventuels de participants autorisés seraient bien accueillis.
De gorges en bassins, en surface ou sous terre, le Verdouble (1), 46.8 km, se fraie un passage vers l’est et le sud sur la fin, à travers les Corbières plissées, avant de rejoindre l’Agly, non loin d’Estagel dans les PO.
Sa discrétion sinon son mystère commencent avec sa source, quelque part sur la commune de Fourtou pour certains, pour d’autres, sur celle de Soulatgé, vers 800 mètres d’altitude, au pied de l’Aibre Naut, 836 mètres, dans le prolongement de la Serre de Bouchard (931 m.).
Le doute se confirme avec, dessous, la réalité d’un monde de cavités et siphons remuant des quantités astronomiques d’eau. Un vieux proverbe l’affirme :
« Quand lou gourg de Bouchard asoundara, Camps e Cubiero empourtara (2). » F. Mistral / Trésor dau Félibrige.
Entre les localités de Cubières-sur-Cinoble et Soulatgé, non loin du Verdouble en surface, un autre abîme d’eau est mentionné sur les cartes : le gourg de l’Antre... Ne manque que le monstre allant avec, sinon, on comprend, à voir les remous, que c’est bien une rivière souterraine dévoilée par l’effondrement de la partie supérieure d’un siphon. Ce double du Verdouble, apparemment plus puissant, ressort, un kilomètre en aval, avec l’eau tiède de la source de las Doux (considérée comme la source).
« Quand lou gourg de Bouchard asoundara, Camps e Cubiero empourtara (2). » F. Mistral / Trésor dau Félibrige.
Entre les localités de Cubières-sur-Cinoble et Soulatgé, non loin du Verdouble en surface, un autre abîme d’eau est mentionné sur les cartes : le gourg de l’Antre... Ne manque que le monstre allant avec, sinon, on comprend, à voir les remous, que c’est bien une rivière souterraine dévoilée par l’effondrement de la partie supérieure d’un siphon. Ce double du Verdouble, apparemment plus puissant, ressort, un kilomètre en aval, avec l’eau tiède de la source de las Doux (considérée comme la source).
L’eau, comme souvent, et plus encore dans le Sud, a été l’objet de tiraillements séculaires entre communautés. Elle ne fait pas de la figuration dans les œuvres de Pagnol. De même dans nos parages. Il faut tordre le cou aux idées bisounours de gentille solidarité qui vont avec un "c’était mieux avant" trop lapidaire et très discutable : quand la vie est rude, les gens aussi, et prêts à défendre âprement le peu dont ils disposent. Au pied de cette montagne de chênes verts avec des hêtres, des pins sinon des landes et des bruyères où quelques châtaigniers étaient plus qu’appréciés, Soulatgé s’est disputé à l’ouest avec Cubières pour n'en plus finir avec les chamailleries, à l'est, contre Rouffiac (3).
Avec Cubières, on s’est mis d’accord pour que le Gourg de l’Antre marque la frontière.
Avec les gens de Rouffiac qui se sentaient lésés suite au creusement d’un canal d’irrigation depuis le Verdouble, un jugement donna lieu à un dédommagement mais sans commune mesure avec les bienfaits apportés par le canal.
Il faut savoir que vers 1900, les villages les plus reculés du vallon ont vu fondre leur population en moins de cinquante ans : Camps sur-l’Agly a perdu la moitié des habitants et Cubières-sur-Cinoble à peine moins. Si l’exode rural est moins marqué en descendant le Verdouble, l’agriculture permet seulement de survivre. En amont, si l’élevage, les prairies, le maïs dominent, à Soulatgé (4) c’est aussi le blé, les pommes de terre, les betteraves, les haricots et un peu de vin clairet, sûrement pour la buvette vu les conditions défavorables et les ravages récents du phylloxéra. Sauf qu’on devrait dire un peu de ci, un peu de ça, tant la terre est peu nourricière : « à peine pouvait-on nourrir une bête de labour par maison et dix brebis » précise l’instituteur d'alors.
Grâce à l’arrosage, les Soulatgeois passent de la survie à l’aisance surtout qu’avec le canal de la Doux et malgré les contestations de Rouffiac, la quantité d’eau apportée à la plaine de Paza est pratiquement quadruplée. Non seulement les récoltes permettent désormais de tenir un an mais les haricots et le surplus de pommes de terre sont vendus aux villages vignobles de Saint-Paul, Duilhac, Cucugnan, Tuchan et Paziols. Les betteraves, plus grosses, le maïs blanc, plus fourni, facilitent le nourrissage des bestiaux et l’engraissement des cochons. Dans sa chronique, l’instituteur ajoute «... aussi on nourrit, en moyenne, deux bêtes de labour et vingt brebis par maison... / ... Les brebis et moutons y sont de belle qualité; aussi, il n’est pas rare de voir les principaux propriétaires renouveler dans l’année deux ou trois fois leur troupeaux que les habitants des pays vignobles viennent leur acheter sur place. »
Ah qu’on aimerait continuer avec les riches heures de Rouffiac-des-Corbières mais les Rouffiacais préfèrent visiblement vivre cachés et heureux. N’auraient-ils pas, dans ce vallon où les places fortes se succèdent, deux ou trois Cathares à promouvoir sinon un dolmen ?
Le village se trouve au pied du château de Peyrepertuse, un des cinq fils de Carcassonne. A mi-hauteur, sur le sentier qui y mène, la Font de la Jacquette où Blanche de Castille, à en croire la légende, aurait perdu un gobelet en argent.
Le Verdouble qui depuis les bas du col d’En Guilhem, accompagne la vie des hommes, n’en est pas à une blague près. Mais où donc veut-il partir frayer alors qu’au nord-est, le Roc de Tirtacou barre l’horizon de ses 666 mètres ? Est-ce pour cela qu’une certaine source émet très sérieusement l’idée qu’il coupait jadis plus au sud ? Et ce, malgré le col de Grès, cinquante mètres plus haut ! Ou parce que les Pyrénées n’avaient pas encore soulevé le Sigle de la Rabazole (487 m.) ?
Le Verdouble qui depuis les bas du col d’En Guilhem, accompagne la vie des hommes, n’en est pas à une blague près. Mais où donc veut-il partir frayer alors qu’au nord-est, le Roc de Tirtacou barre l’horizon de ses 666 mètres ? Est-ce pour cela qu’une certaine source émet très sérieusement l’idée qu’il coupait jadis plus au sud ? Et ce, malgré le col de Grès, cinquante mètres plus haut ! Ou parce que les Pyrénées n’avaient pas encore soulevé le Sigle de la Rabazole (487 m.) ?
Sur neuf kilomètres, ce premier pays de la rivière se termine deux-cents mètres plus bas (314 m.) lorsque, après deux ondulations elle s’engage plein sud au prix de belles gorges.
(1) le nom viendrait du gaulois vernos (aulnes) et dubron (ruisseau), le «ruisseau des aulnes ».
(2) Quand le Gourg (gouffre rempli d’eau) de Bouchard débordera, Camps et Cubières seront emportés.
(3) Cubières-sur-Cinoble, Rouffiac-des-Corbières (à ne pas confondre avec Rouffiac d’Aude). Au creux du même synclinal, Camps-sur-l’Agly sort de notre propos et entre Rouffiac et Duilhac-sous-Peytepertuse, les précisions historiques, seraient-elles médisantes, seront les bienvenues.
(4) Sources F.V. Alard instituteur public (1900). http://quaspier.unblog.fr/2010/07/11/canaux-de-paza-et-de-la-doux/
photos autorisées : 1. Verdouble plana de l'Aglin auteur Jolle.
2. Verdouble Col de Redoulade auteur Tybo2
3. Verdouble -Rouffiac-des-corbieres / iha.ma
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