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lundi 18 avril 2022

Pays de loin, pays de près, LESPIGNAN (1)

L'Aude, il paraît, serait une frontière naturelle dans le sens sud-nord, ainsi certaines espèces seraient restées bloquées, du moins longtemps cantonnées en deçà du fleuve. Avant 1800, pas un seul pont ! A Fleury, pour aller vers Lespignan, un bac avant le pont suspendu puis l'actuel, depuis 1930, en béton Portland-Loisne et même "super-Loisne" pour l'arche ! Est-ce pour cette raison que dans notre langue maïrale, à sept kilomètres à peine, ce n'est pas le même mot pour dire le chien ou le balai (ca pour gous, balajo pour engranièiro) ! 


Sans quoi, en guise de rivalités historiques, pas plus qu'entre villages audois, ce droit de regard machiste, abusif et ringard sur les filles qui se mariaient ailleurs, le rugby penchant pour Narbonne ou Béziers, la pêche à la rivière suivant la rive occupée... Relevons plutôt les connivences et le vivre ensemble : à Aude, le canardage à coups de tures (mottes de terre) des "Parisiens" qui avaient la bonne idée de déranger pêcheurs et poissons en remontant le fleuve au moteur, à la mer, la cohabitation amicale entre locaux, Fagots, Coursanots, Vinassanots, Nissanots, Lespignanots... chez les garçons la camaraderie avec les "frères" de Clotinières qui passaient aussi l'été à Saint-Pierre. 

N'hésitez pas à compléter voire à reprendre, à me reprendre, témoins directs ou non de ces années 60 (on ne répond, on ne corrige que ceux qu'on aime)... 


Avant, vers les coteaux où se niche Lespignan, il suffisait de passer le pont (1) ; l'ancienne route tournait de suite à gauche (il en reste des traces). Bien sûr la saignée de l'autoroute (ah s'ils l'avaient prévue ailleurs... pardon d'être aussi égoïste que concernant l'implantation d'une centrale nucléaire, d'un cosmodrome ou de la septième giga-station balnéaire du Golfe) ne coupait pas la plaine. Plus encore qu'aujourd'hui, de vieux tamaris où la mésange rémiz suspendait son nid, dit-on, bordaient le bitume. La départementale aux tournants serrés n'était pas bien large et la remorque d'un camion-citerne trop à gauche a failli nous tuer papa, fraîchement nommé à Henri IV à Béziers (rentrée 1957), dans sa pauvre petite Dauphine noire (2)... Etonnant ce coin ! Aux marges du surnaturel, une fois, le noir de la route teinté de rouge lors d'une pluie de minuscules grenouilles et ne me dites pas "Ce n'est pas vrai !" J'y étais, dans la nouvelle Renault passée au bleu "séraphin" (impossible de trouver cette nuance référencée, pas plus sur le Net que sur mes grimoires, enfin, mes vieux compilateurs lexicographiques). Etonnants encore, les trois-ponts, non, pas ceux de Narbonne, ceux, moins banals et industrieux, en dos-d'âne, de cette départementale des tamaris, à passer en décélérant en haut pour chatouiller le ventre et faire rire les gosses. (à suivre) 

(1) "Il suffit de passer le pont c'est tout de suite l'aventure..." Georges Brassens... et comme c'est Pâques à Lespignan aussi, quelques rimes de plus : 
".../... L'herbe est douce à Pâques fleuries...
Jetons mes sabots, tes galoches,
Et, légers comme des cabris,
Courons après les sons de cloches !../...
Il suffit de trois petits ponts,
C'est tout de suit' la tarantelle...
Non, pas possible, Georges serait venu gratter ses cordes par là ? 
je vous taquine avec ce que j'ai cru et bien voulu entendre, il a chanté "il suffit de trois petits bonds"... je l'aime trop pour le trahir surtout qu'en parlant de sa mie, il avoue "...nous irons en enfer ensemble...", ce que je ne peux que partager... 

(2) 619 BW 11 pour la noire, 304 CS 11 la bleue. Ne me demandez pas mon plaque d'aujourd'hui tantl'immatriculation ne veut plus rien dire... 


dimanche 13 février 2022

LE POUMAÏROL (13) Passage dangereux pour les mineurs !

Pour couper aux restrictions liées au covid, deux copains se sont mis d'accord pour une petite virée pas loin et pourtant dans une contrée à la vie rude, dans la Montagne Noire sauvage, à l'écart de l'axe Mazamet-Carcassonne. 
Depuis Narbonne, en passant par Minerve, ils ont suivi le cours étonnant de la Cesse avant de monter vers le Plateau du Poumaïrol.  
"ATTENTION : ces individus ne souhaitent pas révéler leurs visages, nous les avons appelés Serge et Roger ; sur quelques lignes, ils se laissent aller à un certain vocabulaire réservé aux adultes et pas encore à une jeunesse chaste, innocente et fragile... du moins, c'est ce qu'on croit.  
Roger : avec plus d'eau, des conditions idéales pour une forêt dense, même si elle est cultivée depuis longtemps. Beaucoup de petites industries du verre dans le coin ; il en fallait du bois ! 
 
Les Verreries-de-Moussans Eglise St-Thomas wikimedia commons Author Fagairolles 34
 

Serge : et oui, les Verreries-de-Moussan... Dire que j'y suis monté en bonne compagnie à l'arrière de la 203 du copain lui aussi en couple ! 
 
Roger : hééééé tu n'en avais jamais parlé ! 
 
Serge : et oui, à propos d'amour, on ne dit jamais tout... 
 
Roger : ou l'inverse : on en dit trop quitte à en rajouter... sauf pour nous qui avons dépassé ce plafond de verre depuis longtemps ! 
 
Serge : le printemps débutait à peine... chacun dans une chambre de la maison inoccupée, de sa grand-mère, sauf l'été. Du concret, pas le virtuel des filles du Poumaïrol ! Pas même le souvenir d'avoir eu froid !

Roger : tu vas bien, c'est loin derrière nous... Être ou avoir été...
 
Serge : et oui, bien cinquante ans en arrière ! 
 
Roger : c'est sûr que tu n'as pas regardé les châtaigniers, les hêtres, les épicéas, les pins et les séquoias ! tu ne t'es pas demandé pourquoi la forêt était si dense, seule comptait la gonzesse qui avait tout pour plaire ! Qu'est-ce que ça a donné ? 
 
Serge : ah ! m'en parle pas... du plaisir, on s'aimait... c'était avec mon ex... Hélas, ces deux lettres suffisent pour connaître la suite... Que la vie passe vite quand même... 
 
Roger : ne nous plaignons pas, nous n'avons pas connu la guerre ! quel reproche injuste, définitif, trop commode de la part des parents qui n'ont pas d'autre argument ! Dans ce coin, pourtant, des familles gardent en mémoire des faits plus tragiques. On laisse à droite la route du col de Serières qui redescend, justement, vers les Verreries-de-Moussan... Dis, avec ou sans protection l'amour des années 60 ? 
 
Serge : tu es bien indiscret, animal ! Sans si tu veux savoir... Je te renvoie à la chanson de Stromae qui a fait beaucoup de bien dans la psychologie machiste, question pureté ou impureté de la femme... "Rendez-vous aux prochaines règles..." : au moins nous savions qu'elles nous protégeaient, enfin, je n'en sais pas plus, on ne savait rien, les tabous et non-dits empêchaient tout... Je n'ai retenu que ça, comme pour les paroles de Stromae, le leitmotiv, sans rien chercher le sens profond du morceau... Il fait déjà partie des chanteurs qui comptent, une classe au moins au dessus... Hé ! ne raconte pas tout dans tes articles, attends d'écrire un jour des pages olé olé pour les plus de dix-huit ans... 
 
Roger : Holà ! il faut être connu pour se le permettre ! La Fontaine, Apollinaire, Miller, le seul que j'ai lu... tu vois, je ne suis pas initié...
 
Serge : c'est que dans ce domaine, la théorie peut venir après la pratique... Gare-toi un moment qu'on ne capte pas partout par ici...   
 
Roger : tu as de la chance ! Là on peut stationner, il y a un point de vue... et puis allume mon bidule, mon module, enfin mon capteur que je ne sais plus comment ça s'appelle !
 
Serge : bon, c'est encore sur Wikipedia que les références sont les plus complètes. la littérature érotique et même porno a existé de tous temps et je te dis pas les illustrations, de même que la libido des religieux des deux sexes !  Ah ! Kessel, "Belle de Jour", Léautaud, je ne savais pas, et Aragon dis, "Le con d'Irène" ! Virginie Despentes "Baise-moi" ! fallait oser !
 
Roger : et cette femme, devenue chroniqueuse, attention, pas commode, agressive, qui donne pas envie... son nom m'échappe... 
 
Serge : je la cherchais aussi : elle est marquée dans les autobiographies, ça y est, je l'ai : "La vie sexuelle de Catherine M.", Catherine Millet ! 
 

 
Roger : oui, c'est ça ! je suis d'une inculture crasse... On va le voir ce point de vue, manière de se laver l'esprit de ces pulsions lubriques ? J'y suis monté en été, dans les bruyères fleuries, un temps frais avec une brume étonnante, si près de la Méditerranée. Dans le vallon en dessous, le ruisseau, la Cesse, je l'ignorais à l'époque. Tu as regardé la carte ? le Roc Suzadou ça s'appelle, dans les sept-cents mètres à quicon proché (à quelque chose près)... 
 
 
Serge : oui, j'ai vu, ensuite ça grimpe encore mais dans deux ou trois kilomètres, ce sera le plateau du Poumaïrol d'où les filles fraîches descendaient pour les vendanges, les pommes, les châtaignes en remontant, les olives, les sarments à nouveau dans la plaine... 
 
Roger : quelle belle histoire ! Heureusement que ce numéro de Folklore de l'hiver 1974, ils publiaient à chaque saison, nous est tombé sous les yeux ! Chez elles, une vie rustique entre huit et neuf-cents mètres d'altitude, avec le froid, la neige, les brouillards, le printemps et l'automne plus courts et seulement une paire de vaches, le foin pour l'hiver, des pommes-de-terre...
 
Serge : oui, je l'ai là, l'article, il dit aussi qu'ils cultivaient des navets noirs, des oignons qu'elles tressaient par douzaines les jours de pluie, les moungils, une variété de haricots qu'elles triaient à la veillée... ah, pour un cassoulet ! Le nôtre on l'a bien digéré, tu as vu ! Enfin, une économie de subsistance, du lait, des fromages sûrement, peut-être aussi des stères de bois de chauffage, des charbonnières... c'est sûr que les quatre sous gagnés en bas étaient les bienvenus... Ah ! je lis aussi qu'ils entretenaient des glacières remplies de neige l'hiver et qu'ils descendaient la glace l'été, pour les cafés de Carcassonne.
 
Roger : c'est sûr que les Mountagnols appréciaient de remonter avec l'argent des vendanges, ça me fait penser aux Ariégeois... la montagne était pauvre et faisait beaucoup d'enfants. 
 
Serge : c'est après la guerre de 14 que le plateau a commencé à se dépeupler... 
 
Roger : avant, peut-être, regarde, mon grand-père Jean, né en 1897, sa famille avait déjà quitté les montagnes de Montagagne, au-dessus de la haute vallée de l'Arize et de La-Bastide-de Sérou (1). 
 
(1) En 1926, 45 familles soit 285 habitants vivaient encore sur le plateau. En 1960 les familles n'étaient plus que 4 avec 18 personnes ; l'école a fermé en 1962, l'activité agricole a été abandonnée. Dans les années 70, alors qu'il ne restait que les vieux, de nouvelles familles sont venues, même si leurs visées étaient plus personnelles, apporter du sang neuf pour que le Poumaïrol ne meure pas. 

 

vendredi 11 février 2022

LE POUMAÏROL (12) un fameux cassoulet !

Décembre 2020. Roger et Serge, copains de toujours, ont décidé de faire un pied de nez au covid. Ils ne sont pas à court d'idées quand il s'agit de partir quelques jours, en célibataires. Cette fois, c'est un article de 1974 de la revue Folklore, traitant du département de l'Aude et des contrées voisines, qui les a décidés pour un pays perdu dans les brumes, aux confins du Tarn, de l'Hérault et de l'Aude, le Poumaïrol. Les filles de là-bas, aussi pimpantes qu'exotiques, descendaient s'embaucher dans la plaine, des vendanges aux olives et au ramassage des sarments de vigne...  
 
Roger : et non... à la tienne, va, que je n'en reviens pas de ton blanc, bio et pourtant bon, même si les sulfites, à faible dosage, ne donnent plus le mal de tête comme avant...
Serge : c'est le nom je crois qui fait peur, je parle des sulfites... le Saladou c'est gentil, au début d'une boucle à l'ouest de Ferrals, comme un plateau d'où la vue donne sur les Corbières et jusqu'aux Pyrénées ! Passage, ensuite, par le Serre d'Alaric, pas l'Alaric de Gaston Bonheur, à portée de l'Aude, qui change le temps qu'il fait, pas loin de Carcassonne, dans le couloir du Cers... tu les a entendus ces couillons, se gargariser de longue avec la "tramontan" quand ça souffle à 120 km à l'heure ? 
Roger : moi je les collerais à l'oral, ces météorologues au rabais !
Serge : surtout que Météo France le reconnais, le Cers... un des plus vieux noms de vent en France quand même !  
Roger : oui mais ton Serre d'Alaric, il est au pays des filles ? 
Serge : tu es terrible, tu sais ! oui, en descendant de "la" Serre d'Alaric, plutôt, au féminin, je crois, pour dire la montagne, ça doit venir de l'occitan... on y arrive au pays du Poumaïrol, pour consoler tes pieds qui chauffent, et pas qu'eux, pour des rêves fantasmés !
Roger : à mon âge qu'est-ce qu'il me reste sinon des rêves qui font revisiter ma vie en mieux ? Quoique, tu sais, Lacarrière Jacques, cet auteur amoureux-fou de la Grèce et qui a écrit au moins deux versions de son livre "Chemin Faisant", des Vosges à Leucate, par le Massif-Central, justement, il a quand même eu au moins deux ou trois aventures amoureuses en route... je te dis pas la puissance érotique d'une rencontre dans la platitude désertique et glacée du Causse Méjean, quand il cogne à une maison, que c'est une femme seule qui lui ouvre et que tout est possible... au premier regard, ils ont su qu'il y aurait une suite...  
Serge : tu vas bien toi, il devait être bien plus jeune que nous... 
Roger : "ça c'est vrai"... 
Serge : ne nous refais pas la Mère Denis que cette pub nous ensuque d'un petit coup de vieux en prime !
Roger : si tu avais connu mamé Antoinette, une grand-mère formidable à Vinassan... un grand bol d'oxygène de penser à elle... avec son tablier, on aurait dit la mamé de la pub !
Serge : je comprends... moi j'ai eu un grand-père formidable, comme tu dis, qui finalement ne languissait pas trop de redescendre dans le Midi, la guerre finie, la première s'entend... Il racontait, m'oubliait tant il entrait dans les détails, parfois de ce qui se dit avec les yeux, mais finissait toujours par m'aviser : "Ne le dis pas à ta grand-mère !".
Roger : hum, ton cassoulet ! 
Serge : je m'y mets rarement mais si je me lance, tu me connais, il faut que ce soit bien ! D'abord tu fais tremper tes lingots toute la nuit... 
Roger : dans l'Ariège ils font avec des cocos, enfin, certains... sinon figure-toi que je me souviens d'un que je n'ai pas mangé, tellement mon père en a bien parlé, c'était à Sainte-Colombe-sur-l'Hers, un restaurant connu pour sa recette mais qui a fermé une paire d'années plus tard. Ils y sont allés pour, en janvier, enfin, en hiver... le feu dans la grande cheminée... on en oublie que le système et le foie sont devenus plus fragiles... Combien tu mets de haricots ? 

2006 photos familiales

janvier 2006. Photos familiales

janvier 2006. Photos familiales. Ste-Colombe-sur-l'Hers.

Serge : toujours pareil, que j'aie du monde ou que je congèle. Là c'est pour quatre personnes, 500 grammes de haricots. Pour la recette, que veux-tu, chacun a la sienne, je serais bien en peine de te dire si le mien rappelle Carcassonne, Toulouse ou Castelnaudary ! Dans l'eau de pluie je les laisse tremper ; le matin, je les cuis dans l'eau froide avec un pied de cochon, les couennes, un oignon piqué de clous de girofle, le bouquet garni ; quand ça a bouilli, une heure de cuisson encore, à petits bouillons... Ah, j'oubliais, je sale à mi cuisson. Ensuite je fais revenir la viande et les couennes du bouillon, je réserve, puis, dans la même cocotte, sans la laver, deux oignons hachés, quatre ou cinq gousses d'ail et les couennes ; je mets tout dans la cassole. Par-dessus,  les haricots, les tomates, quatre ou cinq, les viandes sauf les bouts de saucisse, je mouille en allongeant le jus de cuisson... au four, pour finir, à 180 degrés ; trois heures après, j'ajoute la chapelure, la saucisse et si j'y pense, je casse la croûte au moins une paire de fois. C'est comme pour la bouillabaisse, faut se lever matin !
Roger : c'est du boulot mais c'est bon... Qu'est-ce que tu as mis comme viande ? 
Serge : oh je le fais simple, sans être au top de la gastronomie, je m'arrange pour mettre un peu plus d'un kilo de viande, presque un kilo et demi disons : là je n'avais que des côtes dans l'échine et de la poitrine, pas de jarret, puis des couennes, du confit de canard, de la saucisse de Toulouse.  
Roger : avec ce rouge de Fleury, super ! 14 degrés quand même, c'est beaucoup et demain il pourrait rester des traces... En Europe de l'Est, la police contrôle de bon matin et certains sont loin du zéro réglementaire ! 
Serge : oui ! faut voir ce qu'ils picolent aussi ! Si ce n'était que la bière... et suite à une nuit courte, pardi ! 

Un petit tour du camion, sans trop s'éloigner, manière d'apprécier la nuit si tranquille dans ce coin perdu. Démarrage, au matin, vers neuf heures. Trois degrés au thermomètre : supportables. 
 
La route du Poumaïrol à la belle saison.

Serge : c'est beau, des arbres partout avec la route qui monte ! 
Roger : et là les bois sont nus ; en été par contre, quelle verdure !
Serge : et oui, à l'opposé du versant méditerranéen, ils nous étonnent ces grands arbres, un dépaysement complet... des séquoias même ! et de belle taille !
 

mercredi 31 mars 2021

L'ETANG de CAPESTANG vu par Bettina / delta de l'Aude.

Auteur(e) textes & photos : Bettina Marchal-Gier

(Deutscher Text nach dem französischen)
Suite de la balade d’hier : l’étang de Capestang (34) qui, contrairement à celui de Montady (les deux communes sont limitrophes), n’est pas asséché, même si l’homme n’a eu de cesse au fil des siècles de gagner des terres, aidé en cela par les alluvions déposées lors des crues de l’Aude. Relié autrefois à la mer, les eaux de l’étang étaient alors salées et on y exploitait au Moyen Âge des salins. Aujourd’hui, c’est devenu un étang d’eau douce, principalement alimenté par les ruisseaux des environs. Classé site Natura 2000, l’étang de Capestang, d’une superficie d’environ 13 km², compte parmi les plus grandes roselières d’Europe et sert de lieu de nidification, d’alimentation et de refuge à de nombreuses espèces d’oiseaux. 
J’ai regretté hier ne pas avoir de jumelles avec moi ni savoir me servir d’un appareil photo avec téléobjectif, car on pouvait voir de loin plusieurs colonies d’oiseaux. Les photos ont été prises depuis différents endroits : Montels, toute petite commune rurale au sud de Capestang, ainsi que du côté de Bel Air et Le Viala à la pointe sud de l’étang. 
 
Fortsetzung des gestrigen Ausflugs: der Etang de Capestang (Département Hérault), der in Gegensatz zu dem Etang de Montady (beide Ortschaften grenzen aneinander) nicht trockengelegt wurde, wenn auch der Mensch im Verlauf der Jahrhunderte ständig bemüht war, Ackerland zu gewinnen. Dabei waren ihm die Anschwemmungen der Aude bei Hochwasser eine große Hilfe. Früher gab es eine Verbindung zwischen der damaligen Lagune und dem Meer und es wurde im Mittelalter Salz gewonnen. Heutzutage ist der Etang de Capestang ein geschlossener Süßwasserteich, der hauptsächlich von den Bächen der Umgebung versorgt wird. Als Natura-2000-Gebiet zählt der 13 km² große Etang de Capestang zu den größten Schilfgebieten Europas und dient zahlreichen Vogelsorten als Brut- und Futterstelle sowie Schutzraum. 
Ich habe gestern bedauert weder ein Fernglas dabei zu haben noch ein Fotoapparat mit Teleobjektiv bedienen zu können, denn man konnte von weitem große Vogelkolonien sehen. Die Bilder wurden von verschiedenen Standorten aus aufgenommen: in Montels, einer kleinen Landgemeinde südlich von Capestang, sowie in der Nähe von Bel Air und Le Viala an der Südsptize des Etang de Capestang. 











Capestang étang auteur Bettina Marchal-Gier












mercredi 2 décembre 2020

ROUZILHOUS & frescuro / lactaire délicieux et fraîcheur


Que ça vienne de Scandinavie ou du Groenland il va faire froid durant la première quinzaine de décembre. 

Hier, 1er décembre en fin d'après-midi, des flocons descendant à 500 mètres d'altitude dans la Montagne Noire, les Hautes-Corbières, et le Pays de Sault. On attend 5 à 10 centimètres de neige blanche vers le Pech de Bugarach, jusqu'à 15 cm dans le massif du Madrès, à Camurac et plus de 20 cm sur le Pic de Nore. L'épisode pourra s'accompagner de verglas. Et à Fleury un Cers froid et pénétrant fait sentir que la neige n'est pas loin. 

 

Cette année aura été une année à covid mais pas à champignons ! Et moi qui rêvais de rouzilhous, de ceux qui, en famille, marquent l'automne de leurs tons plus ou moins rosés, orangés, sanguins et veinés de vert-de-gris. Déjà que certains coins ont été scalpés pour servir de coupe-feu ! Es que fa maï fred que frescuro ! (C'est qu'il fait plus froid que frais)... Mais c'est la fête à Viviane (1) qui, entre parenthèses, ne s'est pas privée de nous faire saliver de loin, dimanche, avec les photos de la poêlée forestière accompagnant son poulet rôti ! 

Les photos justement, manière de se consoler de ces lactaires délicieux qui ne nous feront pas mal cette année... Non non, ne dites rien, surtout ne donnez pas vos coins et ne faites pas croire que vous en avez trouvé des kilos, ne faites pas comme ce Palajanais de la galéjade qui parlait de 20 cm de neige, hier, dans son village à portée de Carcassonne !

PS : et autour de chez nous, la météo ? 
Dans l'Hérault, le ciel restera couvert sur les reliefs avec des précipitations sous forme de neige à partir de 700 à 900m des Monts de l'Espinouse à la Seranne.
Dans le Gard Monique a cru voir une cordillère enneigée mais ce n'était qu'un édredon de nuages...   
Et plus loin mais c'est le pays de mes aïeux ! Dans l'Ariège, à Montagagne (800 mètres d'altitude environ), guère plus de 1 à 2 degrés aujourd'hui avec quelques flocons mais la nuit sera claire. (Météo France)
 
(1) a aussi fait passer des photos de neige à Belcaire.  




 
 

lundi 9 mars 2020

NISSAN EN FÊTE, un film de Michel CANS des années 1950.

Né au début des années 1920 (1), le journaliste Michel Cans a confié plus de 160 films tournés entre 1950 et 1970 sur les villages de l'Hérault (partie Ouest du département).
Archives vivantes d'un monde que ceux de moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, ils nous montrent comment les gens sont habillés, quelles peuvent être leurs habitudes, et derrière ou avec eux, les commerces aux devantures protégées par des bannes de grosse toile ou encore des volets, les modèles de voitures, les remorques à main ou couplées aux mobylettes sinon aux vélos... 

L'Aude bénéficierait-elle aussi d'un fonds aussi riche et intéressant ? Si une quête plus approfondie s'impose, ce n'est pas une raison pour snober nos voisins d'au-delà du fleuve... 


Nissan-lez-Enserune, panoramio wikimedia commons Auteur logopop. Au-delà des collines, la plaine de l'Aude et au fond, reconnaissable malgré ses modestes reliefs, la Montagne de la Clape.

(1) "... PAGÈS, David, "Michel Cans, 88 ans, un pionnier du journalisme", dans Midi Libre édition Béziers, 1er mars 2010."

NISSAN en fête
réalisateur : Michel Cans ; collection CIRDÒC-Mediatèca occitana

https://occitanica.eu/items/show/247 

Nissan-lez-Enserune Eglise St-Saturnin portail wikimedia commons Auteur Fagairolles 34. A voir la sortie de la messe, on dirait qu'une partie du film a été tournée le dimanche des Rameaux.

lundi 3 février 2020

LE GRAND PIN ET LA FRÊLE VIOLETTE / Pézenas, Languedoc.

La ville de Toulouse fête ses violettes, me dit Régine. Et une petite flamme toujours en veille, dans l'attente d'une étincelle, vient aussitôt rallumer un tableau qui souvent m'effleure et se propose avant de retourner, en attendant mieux, dans la pile aux souvenirs. 

Mieux ce ne sera pas, mais au moins serons nous quelques uns à la savoir vivante, la petite flamme.

Pins de Trémolières, garrigue de Fleury.

En bas de Moyau, sur l'ancienne route dite "des campagnes".

Un parc de propriétaire récoltant, symbole du boum de la vigne, un siècle plus tôt. Des grands pins plus hauts encore que ceux de la garrigue, plus gros car venus dans la riche plaine de l'Hérault, domestiqués, qui peuvent devenir plus vieux, atteindre les deux-cents ans. Plus hauts, plus gros parce que l'espace et les volumes sont encore en expansion pour un gamin de dix ans, en prime. 

Un parc, un grand rectangle pris sur les cultures, enclos d'un mur respectable mais échancré, de place en place, par des longueurs de grilles, ouvertures sur les vignes du domaine. Des allées larges et bien tracées, encore graveleuses, classiques, à angles droits, à parcourir en casanier, au rythme lent des pas crissant parfois sur le gravier inégal. Couvertes d'aiguilles brunies, bordées de buis avec des manques de ci de là, elles ne restent pas associées à des rires, à des jeux partagés. 

Un parc à rêveries pour promeneur solitaire, à introspection même si, à cet âge, il n'y a pas matière à analyser. Un âge qui néanmoins emmagasine en secret sensations et impressions, tel une éponge et qui un jour vous les jette à la figure sans demander la permission ! L'exploration met des années à se décider, à se mettre en branle, des dizaines d'années sans s'annoncer davantage mais toujours positive, valorisante. Une surprise qui parfois saisit et vous laisse le souffle court.    
 
Un parc bien languedocien, avec de grands pins sûrement centenaires, malencontreusement dits "d'Alep" mais plutôt caractéristiques du bassin occidental méditerranéen, d'Espagne aussi, d'Afrique du Nord. Des pins d'ici, parce qu'il faut les entendre faire front et taillader de leurs aiguilles dans le vent de terre, le Terral (Tarral ?), un peu comme le Cers mais en moins fort ! Une impression de hachures sonores qui couperaient ces bulles oblongues qu'on croit voir à forcer de regarder l'azur. De houppiers en houppiers, les hachures, sur fond de ciel comme seuls le Midi et la Grande Bleue savent les peindre.

A présent, pour tout dire, ce qui suit ne fait pas partie du tableau originel. Juste une autre petite flamme, bien que d'origine aussi, mais rallumée des dizaines d'années après, encore sans permission. 

Sous le buis et surtout dans une exposition nord, à l'ombre du mur, un tapis de petits pétales de soie parme, qui semblent profiter d'un couvert encore clair. Quelle envie de printemps au cœur de l'hiver ! Des violettes ! Une image pour les yeux, un parfum aussi, comme dans ces cartes postales d'alors à passer sous le nez. 

Les petites violettes, discrètes, terre à terre, les grands pins qui bruissent en haut, entre ciel et sol. Entre les deux, un maelström qui n'en finit pas de m'emporter. 

Je suis toujours en 1961, début mars ou peut-être encore en février. J'ai toujours dix ans. Nous louons à Saint-Christol, la campagne du docteur Rolland à Pézenas. L'intérieur m'échappe complètement ; dehors par contre, comme si c'était hier. Un jour un ami à papa est passé avec un petit avion de la compagnie pour laquelle il travaille, avec des ramequins bleus comme pour l'eau de fleur d'oranger, des calepins au nom de Royal Air Maroc. Pas pour moi ! Et puis le petit avion je l'aurais écaillé ou cassé... Plutôt le laisser présider ces retrouvailles entre grandes personnes... Non, le petit avion ne m'a pas fait rêver, de voyages, d'exotisme, d'horizons lointains... D'instinct je suis sorti m'immerger entre, en haut les grands pins dans le vent, et en bas, au calme, les violettes... 

Viola odorata wikimedia commons Author Strobilomyces

"J'ai longtemps habité sous de vastes portiques..."
La Vie Antérieure. Charles Baudelaire.

lundi 13 août 2018

VOYAGE EN TCHÉCOSLOVAQUIE (2) / encore le Languedoc...

Chaleur. Samedi 28 juillet 16 h. La canicule retient au bord de la mer. 


17h 10. Béziers. Une bouteille de propane pour le frigo, la cuisine… Le gas-oil à 1,45€… dont combien de taxes ? 58,62 % TVA comprise en 2017 et ce n’est rien comparé aux tarifs des autoroutes où les compagnies privées qui rackettent vont amortir en trois ans le prix payé à l’Etat tout en laissant les réparations à la charge des régions donc des éleccicons (acronyme d’électeur-citoyen-contribuable). Ne parlons pas de l’hypocrite 80 à l’heure toujours pour que la vache à lait crache plus abondamment au bassinet des riches qui abusent…


Ce ne sont que des pensées parce que mon dernier dirait que ça coupe l’envie d’évasion. Après ça, l’appel de la route. Alors, si pression il y a, que ce ne soit que celle des pneus !  

Nous ferons quelques courses à Pézenas… On clignote vers le parking : mince, des barrières, le magasin est fermé pour travaux et ce serait contre-productif d’en informer sur le panneau publicitaire à l’entrée de la ville ! Tout est calculé sur la planète fric ! 


Pézenas depuis le sud-est Wikimedia Commons Author Christian Ferrer
Pézenas. Retour aux sources. J’ai déjà évoqué mes années ici, de dix à douze ans, du CM2 à la classe de cinquième. 
La route vers Castelnau d’où venait un camarade aussi sérieux que brillant, dont les parents ne parlaient qu’espagnol. 
Cette niche à la vierge, difficile à remarquer sur une placette, qui me reste à cause du brassard sur mon bras droit de communiant, perturbé par une élévation mystique retenue par des tentations plus terre à terre. 
En face de la rue Conti, plus qu’un local indéterminé à la place de la petite épicerie où j’achetais en cachette des tubes de crème de marron. 
Le bar et le jeu de longue, une variante à la lyonnaise et à la pétanque, de l’autre côté de la rue des Calquières Basses du temps du tannage des peaux. Le fronton de pelote en contrebas de la promenade aux platanes, formidable protection contre les colères de la Peyne. 

Pézenas Monument à Molière Wikimedia Commons Author Christian Ferrer

La grande place où se jouaient jadis les parties de tambourin n’est plus qu’un parking. Enfin, tout me parle dans cette ville qui n’est plus la même mais que j’aime toujours. Là le petit jardin public avec le buste mortuaire d'un Molière accompagné d’une soubrette de comédie trop vivante. A côté l’ancienne école des filles avec ses airs Napoléon III resté à la République. En face, toujours le marchand de cycles… Quel grand jour celui du vélo en cadeau, un Peugeot, routier et lourd, bleu roi… 
Après le pont, la maison de monsieur Cros, le professeur de français qui nous offrit le gîte un moment. En vis-à-vis la station d’essence qui servit de QG lors de ma fugue pour deux zéros en allemand. 
Plus bas, au niveau du raccourci vers le pont sur l’Hérault, le grand jardin d’Alain qui nous invitait à des parties de Monopoly. Le pauvre devait mourir avec son père dans un accident de la route : ils allaient à un enterrement…   
Le stade des violets qui venaient de perdre la finale de troisième division quand nous sommes arrivés. La route qui y mène continue jusqu’à la campagne du docteur Rolland où nous avons loué un temps.
Après le passage à niveau, la Grange des Prés. Une plantation de mûriers, certainement du temps des vers à soie, descendait jadis jusqu’au fleuve (aujourd’hui coupée par l’autoroute). Sur l’accès à ce domaine, presque un château cette Grange des Prés, le parrain de papa, parti de nos garrigues parce qu’une trop grande consommation de gibier mettait sa vie en danger, se tua en tombant de bicyclette sur la bouteille cassée qu’il transportait, du vin de la buvette à laquelle il avait droit.


40 kilomètres à peine sur la route de la Tchéco. A ce rythme, on n’est pas encore arrivés !