lundi 18 avril 2022

Pays de loin, pays de près, LESPIGNAN (1)

L'Aude, il paraît, serait une frontière naturelle dans le sens sud-nord, ainsi certaines espèces seraient restées bloquées, du moins longtemps cantonnées en deçà du fleuve. Avant 1800, pas un seul pont ! A Fleury, pour aller vers Lespignan, un bac avant le pont suspendu puis l'actuel, depuis 1930, en béton Portland-Loisne et même "super-Loisne" pour l'arche ! Est-ce pour cette raison que dans notre langue maïrale, à sept kilomètres à peine, ce n'est pas le même mot pour dire le chien ou le balai (ca pour gous, balajo pour engranièiro) ! 


Sans quoi, en guise de rivalités historiques, pas plus qu'entre villages audois, ce droit de regard machiste, abusif et ringard sur les filles qui se mariaient ailleurs, le rugby penchant pour Narbonne ou Béziers, la pêche à la rivière suivant la rive occupée... Relevons plutôt les connivences et le vivre ensemble : à Aude, le canardage à coups de tures (mottes de terre) des "Parisiens" qui avaient la bonne idée de déranger pêcheurs et poissons en remontant le fleuve au moteur, à la mer, la cohabitation amicale entre locaux, Fagots, Coursanots, Vinassanots, Nissanots, Lespignanots... chez les garçons la camaraderie avec les "frères" de Clotinières qui passaient aussi l'été à Saint-Pierre. 

N'hésitez pas à compléter voire à reprendre, à me reprendre, témoins directs ou non de ces années 60 (on ne répond, on ne corrige que ceux qu'on aime)... 


Avant, vers les coteaux où se niche Lespignan, il suffisait de passer le pont (1) ; l'ancienne route tournait de suite à gauche (il en reste des traces). Bien sûr la saignée de l'autoroute (ah s'ils l'avaient prévue ailleurs... pardon d'être aussi égoïste que concernant l'implantation d'une centrale nucléaire, d'un cosmodrome ou de la septième giga-station balnéaire du Golfe) ne coupait pas la plaine. Plus encore qu'aujourd'hui, de vieux tamaris où la mésange rémiz suspendait son nid, dit-on, bordaient le bitume. La départementale aux tournants serrés n'était pas bien large et la remorque d'un camion-citerne trop à gauche a failli nous tuer papa, fraîchement nommé à Henri IV à Béziers (rentrée 1957), dans sa pauvre petite Dauphine noire (2)... Etonnant ce coin ! Aux marges du surnaturel, une fois, le noir de la route teinté de rouge lors d'une pluie de minuscules grenouilles et ne me dites pas "Ce n'est pas vrai !" J'y étais, dans la nouvelle Renault passée au bleu "séraphin" (impossible de trouver cette nuance référencée, pas plus sur le Net que sur mes grimoires, enfin, mes vieux compilateurs lexicographiques). Etonnants encore, les trois-ponts, non, pas ceux de Narbonne, ceux, moins banals et industrieux, en dos-d'âne, de cette départementale des tamaris, à passer en décélérant en haut pour chatouiller le ventre et faire rire les gosses. (à suivre) 

(1) "Il suffit de passer le pont c'est tout de suite l'aventure..." Georges Brassens... et comme c'est Pâques à Lespignan aussi, quelques rimes de plus : 
".../... L'herbe est douce à Pâques fleuries...
Jetons mes sabots, tes galoches,
Et, légers comme des cabris,
Courons après les sons de cloches !../...
Il suffit de trois petits ponts,
C'est tout de suit' la tarantelle...
Non, pas possible, Georges serait venu gratter ses cordes par là ? 
je vous taquine avec ce que j'ai cru et bien voulu entendre, il a chanté "il suffit de trois petits bonds"... je l'aime trop pour le trahir surtout qu'en parlant de sa mie, il avoue "...nous irons en enfer ensemble...", ce que je ne peux que partager... 

(2) 619 BW 11 pour la noire, 304 CS 11 la bleue. Ne me demandez pas mon plaque d'aujourd'hui tantl'immatriculation ne veut plus rien dire... 


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