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samedi 2 mai 2020

FLEURY-d'AUDE 1987 / Bulletin municipal d'information.

Retour sur le bulletin municipal d'information de l'été 1987 qui se prolonge sur des considérations étonnantes de géographie communale.  


C'EST JOLI cet en-tête des "belles", des "fausses" pages aussi, une frise alliant le village historique (église saint-Martin), le Fleury moderne des lotissements et chantiers, et, comme rejetée loin à gauche de ce qui semble être un vaste vignoble, une caravane, peut-être de vendangeurs... Je cherche la garrigue et la mer ? Pourquoi cet étirement démesuré pour une miniature ? Mais C'EST JOLI.

La maquette de monsieur Rieucourt. Où peut-on la voir ?

C'EST INSTRUCTIF, une maquette et ce doit être joli sauf que la photo nous laisse plus partagés. Chapeau en tous cas pour les 600 heures de travail par son concepteur, René Rieucourt, "Pérignanais d'adoption" dit la plaquette.  

Instructif oui puisque l'alignement des campagnes sur le flanc Est de la Clape nous donne l'orientation Nord-Sud. 
Quant à réaliser l'étendue de la 4ème commune de l'Aude pour sa superficie de 5127 hectares, prenez une ficelle d'à peine un peu plus de 10 kilomètres et mesurez de l'embouchure de l'Aude au Pech Arnaud (83 m. d'altitude, limite Salles-Vinassan-Fleury) en passant par la Négly et la combe des Légers : vous obtenez une diagonale à peu de chose près Est-Ouest. sauf que ce qui est aussi étonnant que remarquable est que vous avez environ la moitié du territoire en-dessous de cette ligne (2430 / 5127 hectares). 
Et si vous en avez encore une pelote, partez depuis la Plaine, aux confins de la Matte (Lespignan), le domaine de Saint-Joseph (Nissan), Garosfourcados (Salles) et tirez jusqu'à la digue du port que les Narbonnais se sont octroyés pour réaliser que cette autre diagonale passant à proximité du Puech de la Bado (161 m.) fait aussi un peu plus de 10 kilomètres... 
Alors, confinement ou pas, même si le photographe a cagué, si la maquette n'est pas orientée au Nord, si un indigène ne dira pas "sur-Mer" mais "la-Mer" en parlant de Saint-Pierre, si "Port Cabanes" n'est qu'une partie des Cabanes-de-Fleury, que le Pérignanais d'adoption soit remercié pour cette mise en commun, cette convivialité chère aux natifs du Sud et pas seulement au moment de l'apéro.  

"Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,
L’univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !"
Voyage. Charles Baudelaire.  
Merci Geoportail ! 

lundi 3 février 2020

LE GRAND PIN ET LA FRÊLE VIOLETTE / Pézenas, Languedoc.

La ville de Toulouse fête ses violettes, me dit Régine. Et une petite flamme toujours en veille, dans l'attente d'une étincelle, vient aussitôt rallumer un tableau qui souvent m'effleure et se propose avant de retourner, en attendant mieux, dans la pile aux souvenirs. 

Mieux ce ne sera pas, mais au moins serons nous quelques uns à la savoir vivante, la petite flamme.

Pins de Trémolières, garrigue de Fleury.

En bas de Moyau, sur l'ancienne route dite "des campagnes".

Un parc de propriétaire récoltant, symbole du boum de la vigne, un siècle plus tôt. Des grands pins plus hauts encore que ceux de la garrigue, plus gros car venus dans la riche plaine de l'Hérault, domestiqués, qui peuvent devenir plus vieux, atteindre les deux-cents ans. Plus hauts, plus gros parce que l'espace et les volumes sont encore en expansion pour un gamin de dix ans, en prime. 

Un parc, un grand rectangle pris sur les cultures, enclos d'un mur respectable mais échancré, de place en place, par des longueurs de grilles, ouvertures sur les vignes du domaine. Des allées larges et bien tracées, encore graveleuses, classiques, à angles droits, à parcourir en casanier, au rythme lent des pas crissant parfois sur le gravier inégal. Couvertes d'aiguilles brunies, bordées de buis avec des manques de ci de là, elles ne restent pas associées à des rires, à des jeux partagés. 

Un parc à rêveries pour promeneur solitaire, à introspection même si, à cet âge, il n'y a pas matière à analyser. Un âge qui néanmoins emmagasine en secret sensations et impressions, tel une éponge et qui un jour vous les jette à la figure sans demander la permission ! L'exploration met des années à se décider, à se mettre en branle, des dizaines d'années sans s'annoncer davantage mais toujours positive, valorisante. Une surprise qui parfois saisit et vous laisse le souffle court.    
 
Un parc bien languedocien, avec de grands pins sûrement centenaires, malencontreusement dits "d'Alep" mais plutôt caractéristiques du bassin occidental méditerranéen, d'Espagne aussi, d'Afrique du Nord. Des pins d'ici, parce qu'il faut les entendre faire front et taillader de leurs aiguilles dans le vent de terre, le Terral (Tarral ?), un peu comme le Cers mais en moins fort ! Une impression de hachures sonores qui couperaient ces bulles oblongues qu'on croit voir à forcer de regarder l'azur. De houppiers en houppiers, les hachures, sur fond de ciel comme seuls le Midi et la Grande Bleue savent les peindre.

A présent, pour tout dire, ce qui suit ne fait pas partie du tableau originel. Juste une autre petite flamme, bien que d'origine aussi, mais rallumée des dizaines d'années après, encore sans permission. 

Sous le buis et surtout dans une exposition nord, à l'ombre du mur, un tapis de petits pétales de soie parme, qui semblent profiter d'un couvert encore clair. Quelle envie de printemps au cœur de l'hiver ! Des violettes ! Une image pour les yeux, un parfum aussi, comme dans ces cartes postales d'alors à passer sous le nez. 

Les petites violettes, discrètes, terre à terre, les grands pins qui bruissent en haut, entre ciel et sol. Entre les deux, un maelström qui n'en finit pas de m'emporter. 

Je suis toujours en 1961, début mars ou peut-être encore en février. J'ai toujours dix ans. Nous louons à Saint-Christol, la campagne du docteur Rolland à Pézenas. L'intérieur m'échappe complètement ; dehors par contre, comme si c'était hier. Un jour un ami à papa est passé avec un petit avion de la compagnie pour laquelle il travaille, avec des ramequins bleus comme pour l'eau de fleur d'oranger, des calepins au nom de Royal Air Maroc. Pas pour moi ! Et puis le petit avion je l'aurais écaillé ou cassé... Plutôt le laisser présider ces retrouvailles entre grandes personnes... Non, le petit avion ne m'a pas fait rêver, de voyages, d'exotisme, d'horizons lointains... D'instinct je suis sorti m'immerger entre, en haut les grands pins dans le vent, et en bas, au calme, les violettes... 

Viola odorata wikimedia commons Author Strobilomyces

"J'ai longtemps habité sous de vastes portiques..."
La Vie Antérieure. Charles Baudelaire.

lundi 6 novembre 2017

MAYOTTE "Sois sage ô ma douleur..." (1) / Mayotte en danger !

Je levai l'ancre un matin de septembre 1994...  

"... Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin, 
Mon âme rêveuse appareille
pour un ciel lointain..."
Charles Baudelaire / Spleen et idéal / LE SERPENT QUI DANSE

"Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, 
L'univers est égal à son vaste appétit. 
Ah que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !.."
Charles Baudelaire / Les fleurs du Mal / LE VOYAGE 


Je vis... 
"... Une île paresseuse où la nature donne
Des arbres singuliers et des fruits savoureux
Des hommes dont le corps est mince et vigoureux
et des femmes dont l’œil par se franchise étonne..." 
Charles Baudelaire / Spleen et idéal : PARFUM EXOTIQUE

"... Là, tout n'est qu'ordre et beauté, 
Luxe, calme et volupté..."
Charles Baudelaire / Spleen et idéal / L'INVITATION AU VOYAGE

Hier soir... 

"... Ce soir la lune rêve avec plus de paresse ;
Ainsi qu'une beauté sur de nombreux coussins, 
Qui d'une main distraite et légère caresse
Avant de s'endormir le contour de ses seins..."
Charles Baudelaire / Spleen et idéal / TRISTESSES DE LA LUNE 

Mayotte, alors que la brousse se réveille dans les chants des passereaux, (qu'ils en soient loués), que la verdure semble harmonie, l'incertitude, l'inquiétude irradient au moment d'allumer la radio pour les infos...Là, tout n'est que désordre et mocheté, misère, tumulte et abjection. Et pourtant, on ne peut rester hors du monde, dans une bulle surtout qu'elle va crever, la bulle : les petits oiseaux en sursis, la terre assoiffée... à peine quelques gouttes pour une pluie des mangues en retard d'un mois ! 

D'où mes tweets têtus, rageurs : 

  faute de bateau pour Anjouan (2) la reconduite aux frontières se fait par avion ! Mais où partent nos impôts ?

forêt défrichée à grande échelle Le bidonville insalubre, la mise en culture pognon pour le proprio. QUE FAIT L’ÉTAT ?

  ASSISES OUTRE-MERS ? Participation démocratique ? Questions de forme, blabla ! Rien sur le fond de mépris normalisé !

  faut être à l'article de la mort pour 1 prise en charge Mourir pour occlusion intestinale traitée trop tard par ex. !

  1 cyclone, des écoles en rotation, choquant mais provisoire à St-Martin A Mayotte sans cyclone normal et permanent ! 

hôpital submergé en grève L'ARS + ministre reporte donc la réunion urgente prévue le 2 nov depuis 3 sem au 4 décembre

santé en faillite Évacuations systématiques à la Réunion Le dir de l'hôpital dit de revenir au boulot avec sérénité !

tjrs des écoles closes à cause des rythmes scolaires Oh 1 si bonne réforme pas vrai Constance Cynique vice-recteur ?!!

Et puis comme un contrepoison, un antidote, un gros nuage gris et gras dans un ciel trop bleu, les vers de Baudelaire, bruts de pessimisme mais empreints de beauté aussi. L'illusion d'un paradis. Les contradictions entre l'apparente indolence et des hommes au corps mince et vigoureux qui ne le seraient pas sans la vie très physique qu'ils menaient. 
J'ai pensé aussi à "...UNE MALBARAISE" mais sa lascivité d'odalisque rappelle trop l'esclavage sexuel... Quand l'anachronisme se confronte à la contemporanéité...  

(1) Charles Baudelaire / 1868 / RECUEILLEMENT 
(2) grève au port de Mutsamudu (Anjouan). 

Crédit photos : 
2. Maoulida carte postale photo Bruno Marie Ed. Baobab. 
4. carte postale C. Schaub Kostia créations.