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lundi 4 décembre 2017

APPELS DU SUD / Faire la fête au cochon !



   

Hier, sans plaisir aucun mais parce que la résistance s’impose comme un devoir quand la démocratie se retrouve peu à peu confisquée par un appareil d’État autoritariste qui fait de plus en plus penser aux tristes « organes » de feue l’URSS, ferraillant contre la mercenaire de l’Éducation piètrement Nationale, à Mayotte comme en Navarre, faute d’une piste sur le Net, je tenais à retrouver dans ma paperasse le nom de ce Directeur de l’Enseignement de 1994 qui, lui, n’avait obtenu que la Lozère pour s’être certainement plus dévoué au peuple qu’à sa coterie. Rien pour le moment mais des trouvailles annexes, sur un cahier d’écolier, un agenda en guise de bloc-notes, des enveloppes, des papiers tous formats.

C’est comme passer un aimant sur des notes en vrac pour s’étonner ensuite des idées qui s’agrègent telles des limailles.

Et nous sommes en décembre, moi en short, torse nu, et là-haut en Europe, la magie de l’hiver avec la neige avant Noël… Les Corbières sont blanches ; la couche atteint cinquante centimètres nous dit Viviane sur le Plateau de Sault… Je pensais depuis quelque temps à Robert Reverdy de Pouzols-Minervois, artiste, poète à ses heures, qui aimait le pays et ses gens. Et je tombe sur ce coup de gueule (avec l’accent siouplèt !) du cuisinier Arnaud Daguin à la radio sur les paysans qui nous nourrissent mais crèvent de faim et sur ces cochons des temps modernes qui nous reviennent quatre fois plus cher que le prix trop modique pour être sincère !   


Et dans mes notes, un mot de tonton Stanislav de Tchéquie « Le cochon, s’il te voit tous les jours, il t’aime ! ». Alors on voit le tableau idéalisé d’une vie d’avant. Idéalisé car qui accepterait pour revenir à une nourriture plus saine, sans parler du travail d’élevage, de se faire tueur, saigneur. Dans le Clos du roi, Marcel Scipion le traduit bien :

« … Mon père, lui, n’avait jamais eu assez de force pour planter le couteau et trancher la veine jugulaire, ou plutôt, il avait trop de cœur : alors il demandait aux autres de faire ce sale travail… »

Robert Reverdy nous raconte aussi la fête du cochon, fête des hommes plutôt, d’une époque où la viande représentait un luxe, un apport très apprécié alors que les menus ordinaires restaient frugaux, sains mais frugaux…   

La fête du cochon.

C’était assurément le plus bel animal
Des cochons élevés au hameau de Laval ,
Bien nourri par les soins de sa propre maîtresse
Son embonpoint marquait l’épaisseur de sa graisse
Deux-cent-trente kilos ! quel remarquable poids
Aussi pour le saigner la lame entra trois fois.
Comme dans un étau, de peur qu’il se débatte
De vigoureuses mains tenaient ses quatre pattes.
Son corps roula pourtant sur les pieds d’un témoin
Alors un peu plus fort on lui serra le groin
A ce moment fatal l’œil vif devint féroce :
Quand le sang coule à flot, la douleur et atroce.
De grâce ! grogna-t-il dans un cri déchirant ;
Cet appel fut perçu par les porcs de Quillan.
Le maître du logis dit pour toute réplique
«  Ta succulente chair va devenir magique
Pour régaler ce soir l’appétissante faim
De mes nombreux convives invités au festin… »
Et c’est pourquoi l’on vit plus de trente personnes
S’attabler tout autour du cousin de Narbonne
La fête du cochon maintient par tradition
L’amitié des amis, aux parents, l’affection.

2 février 1956. Robert Reverdy. 

  


Note :  Laval est un hameau proche de Quillan, sur la route du Col de Saint-Louis, l'ancienne frontière avec le royaume d'Aragon puis d'Espagne où se faisaient les échanges (voir les articles sur les meuniers de Limoux). A ce propos, une thèse prétend que l'expression "Catala bourrou, Gavach porc" n'aurait rien de moqueur et serait simplement liée à ce commerce.  

Photos autorisées :
1. photo PxHere.  
2. Commons wikimedia. Quillan depuis le château 2014 Author Tournasol7

jeudi 2 novembre 2017

HISTOIRES DE DEMOISELLES / l'Ariège vers la révolte !

  

Comme de bien entendu, ne comptez pas sur moi pour dénoncer ceux qui se débrouillèrent pour qu'elles ne le soient plus ! Nous pourrions citer, plus célèbres, celles d'Avignon, de Pablo Picasso, juste pour préciser, actualité oblige, qu'il s'agit de la rue, à Barcelone, où ces professionnelles tarifaient leurs charmes. 
  


D'actualité aussi, avec la disparition alarmante des insectes volants, celle des demoiselles, nos fines libellules des rêves bleus. Et des rêves au pays des fées...  
 

Vous n'y croyez pas ? Et ces demoiselles coiffées appelées aussi "cheminées de fées" (orgues d'Ille-sur-Têt par exemple, abords du lac de Serre-Ponçon plus loin) ? 
  

Et ces stalagmites aux formes imposantes et magiques que les pâtres perdus entre chien et loup, ou poussés par un soir d'orage, imaginaient en fados, en fées, depuis l'entrée de la Grotte bien nommée des Demoiselles, où les Camisards trouvèrent refuge, en haut de Saint-Bauzille-de-Putois ? 
  

En pays d'Aude (1), ce sont les mitounes, mi-fées, mi-sorcières, lavandières de la nuit, sourcilleuses et vindicatives envers les filous ou autres malins, si miséreux qu'ils en voulaient à leur linge précieux et aux battoirs en or. 
 

En Ariège, toujours liées aux sources et aux grottes (au Mas-d'Azil par exemple), elles sont les encantados, les "enchantées". 

La Guerre des Demoiselles, autour du premier dix-neuvième siècle, peut les évoquer à moins qu'elle ne nous rappelle une des déclinaisons du carnaval, lorsque, toutes conditions sociales mêlées et sous l'anonymat des masques et déguisements, le petit peuple moque les puissants. Vers 1830, dans les montagnes ariégeoises, la remise en cause de l'autorité ne fit plus rire du tout puisqu'elle se traduisit par des révoltes et une résistance récurrente jusqu'en 1872... Une capacité, soit dit entre parenthèses, toujours à réactiver, tant l'abjecte domination des puissances d'argent reste flagrante... 

L'épisode du choléra, précédemment traité, qui voit les colporteurs et les saisonniers ramener la maladie dans les Pyrénées, nous met sur la piste de ces justicières en faveur d'une pauvre population de bergers et de paysans excédés par des maîtres de forges plus accapareurs que les nobles d'avant 1789 !  

C'est heureux si notre époque, grâce à l'Internet, peut enfin revenir et corriger une Histoire jusque là toujours écrite par des vainqueurs trop intégristes d'un dieu attestant de leur bon droit hégémonique et par contre, si fuyants, si pudiques tant sur leurs turpitudes que sur les revers que ce même dieu n'avait pu empêcher. (à suivre)
                  
(1) hier 1er novembre, sur une chaîne d’État (mais c'est la même optique jacobine puis libérale que sur le privé), "Le goût de l'Aude et du Pays Catalan" "DES RACINES ET DES AILES". Gaessler, la présentatrice nous emmène "dans le Sud-Ouest" parce que le Sud, elle ne connaît pas !.. le commentaire met ensuite la Montagne Noire au pluriel... Ce n'est pas du colonialisme mais cela n'est pas sans rapport ! 

Crédit photos : 
1. Les Demoiselles d'Avignon Pablo Picasso flickr.fr auteur Gautier Poupeau. 
2. Demoiselle / pixabay / auteur JensG. 
3. Orgues Ille-sur-Têt / commons wikimedia / auteur Vassil.
4. Grotte des Demoiselles (Hérault) / commons wikimedia / Auteur Palickap. 
5. Lavandières de nuit - JF Millet / commons wikimedia. 
6. Grotte du Mas-d'Azil (Ariège) / commons wikimedia : auteur Devot. 

vendredi 24 février 2017

NOTRE MAÎTRE VENT, LE CERS / L’itinéraire en Terre d’Aude / Jean GIROU 1936.


Je ne sais plus qui a évoqué le Cers en tant que plus vieux nom de vent en France. Je sais que nos commentateurs météo et leurs consœurs très charmeuses nous gargarisent trop de ces tramontanes venues de tous les horizons... Nous ne voulons pas les exclure mais seulement rendre une juste place à celui qui reste lié à l’Aude comme le Rhône l’est au Mistral... 

A propos de notre maître vent le Cers, tiré de L’Itinéraire en Terre d’Aude, extraits : 


(page 240) « ...Pour aller à Quéribus, il faut, de Cucugnan, monter vers le Grau de maury ; avant d’arriver au col, un sentier muletier part à gauche dans la pierraille de la garrigue, une demi-heure de marche et l’on arrive aux premières défenses du château. la montée en serait facile, si, d’ordinaire, un vent terrible ne vous fouettait, un cers violent, qui, après avoir parcouru à grandes foulées les terres hautes des Corbières, va se lancer dans la plaine d’Estagel, d’un bond de plus de 500 mètres.
Arrivés aux blocs de pierre de la première enceinte, il faut gravir un couloir d’accès; le vent, en rafale, vous plaque contre la muraille, vous abat vers la terre, avec une telle force et un tel acharnement que marcher devient une lutte; enfin une murette, on respire, un peu de repos et il faut repartir. le Cers vous reprend comme une proie, vous déshabille et vous soulève... /... Mais cette bataille avec le vent est récompensée par les beautés architectoniques de ce château et par son panorama exceptionnel... » 

Page 286, en parlant de la montagne d’Alaric : «... Les habitants de Montlaur, de Camplong et de Ribaute, bannières en main, montaient en chantant à San Miquel. L’ascension en plein Cers, sous le soleil de septembre, devait être déjà un sacrifice;.. » 


Page 301, dans la partie Narbonne : «... D’autres temples s’élevaient en ville, consacrés à Minerve... à Hercule, à Apollon, à Bacchus, à Cybèle, à la Concorde, à Saturne et à Circius le vent impétueux du Cers dont Caton disait : « Il se déchaîne avec violence; quand on parle, il vous remplit la bouche; il renverse un homme armé et une voiture chargée » ; de nos jours, le Cers a gardé la même fureur, certains jours de tempête, il enlève les toits, renverse en gare de La Nouvelle les wagons et, combien de fois n’a-t-il pas lancé contre un platane les automobilistes pris dans son tourbillon... » 


Page 323, pour l’étang de Bages et de Sigean : « ... Nous voici en bateau, l’on part par bon Cers du ponton de la Nautique;.. »

Dans son livre sur l’Aude, Jean Girou, nous le constatons, n’a pas manqué de mentionner le Cers... Plus de 300 mots pour du vent ! Et toujours, sauf une fois, avec la majuscule... Je ne me doutais pas que ma fantaisie n’avait rien d’original... En parlant de majuscule, remarquons les deux de "La Nouvelle" et la seule de "la Nautique". 

Crédit photos : 1. Château de Quéribus ; derrière le Grau de Maury ; au-delà le fossé du Fenouillèdes. Auteur Nidira.
2. Montagne d'Alaric, dernier pli des Corbières vers le nord. auteur Eric Andréoli.
3. Cathédrale St-Just-St-Pasteur Narbonne. Author Dennis Jarvis.
4. Port La Nouvelle. Auteur Joyce 11.  

lundi 13 février 2017

LES PYRÉNÉES SE SOUVIENNENT... / Guerre d'Espagne, Corbières


Belles, les montagnes immaculées. A gauche, le Canigou sous sa capuche blanche ; vers l’ouest, des cimes, des pics se tenant par la main, festonnés de neiges. Les nuages poussés par le marin n’apposent pas encore leur couvercle gris, le soleil encourage la fleur d’amandier, les branches dénudées s’éveillent. Et cette porte des Corbières où il faudra s’arrêter mais une autre fois puisque ce vendredi 10 février, nous partons accompagner une grand-mère à sa dernière demeure. 



Petit village, petite église, petits platanes. Petit parvis fermé par une grille d’avant sur la murette, ouvert sur les chants déjà printaniers des petits oiseaux. En contrebas, des jardins, un filet d’eau claire trop modeste pour le fossé bétonné où l’eau boueuse et grondante des aigats (1) s’engouffre régulièrement. 


La carrure bienveillante, le prêtre descend les marches. Il tient à saluer les proches puis, d’un signe de croix, le corps. Pour une messe anodine, il aurait quelque chose du curé de Cucugnan. Mais quand il s’adresse à la morte, sous les voutes romanes du choeur, les références aimables s’effacent... Joséphine, arrivée d’Espagne pendant ou après la guerre a célébré sa communion dans cette petite église de Saint-André. Si son vouvoiement, serait-il de politesse, marque une certaine distance, d’un coup, toute la chaîne enneigée des Pyrénées s'immisce par le petit portail tourné vers les petits platanes, le petit parvis, les jardins aux petits oiseaux ! 


C’est que le grand Sud, derrière, est si longtemps resté bloqué sur la ligne de crête, la frontière espagnole ! Pour un Audois né onze ans plus tard, cela se dévoile encore peu à peu et ça marque à jamais : telle un tsunami, la guerre civile a débordé sur notre versant. Les belles lignes d’Armand Lanoux sur cet hiver 1939 à Banyuls, froid et neigeux (Le Berger des Abeilles), reviennent aussitôt travailler la mémoire. Une mémoire imaginant aussi Antonio, réfugié républicain, dans une rue de Collioure, faisant passer un papier déjà froissé à un passant qui a pris les mots pour des fadaises et qui n’a pas compris et réalisé qu’il allait jeter le dernier poème de Machado.

Choquant, l’exode, de Cerbère aux cols les plus hauts vers l’ouest, cachés presque sous un épais manteau de neige. Émouvant, ce flot d’exilés mêlant les humbles et des moins à plaindre, des anonymes et des sommités. Déstabilisant de réaliser que la religion démontrait ici, dans ce piémont refuge, au sein de la petite église protectrice, un pouvoir rassurant tandis que là-bas, par l’entremise d’un même officiant, complice du franquisme, elle étreignait le pays d’une main de fer.

Le cercueil défile par les rues, devant la cave du grand-père, ensuite, non loin de la maison aux volets bleus. Contre un mur, au fond d’un jardin, les pompons jaunes et moirés d’un mimosa d’Australie... « Seulement les grand-mères, madame Rostaing, c'est comme le mimosa, c'est doux et c'est frais, mais c'est fragile... » ... Marcel Pagnol... Et la famille qui marche devant prend le pas sur l’Histoire. L’Histoire peut aller dans tous les sens... La Géographie est plus sage même si tous ces ruisseaux d’eau claire dénotent dans les Corbières. C’est que la tempête Marcel (encore lui) est passée il y a peu. D’ailleurs le panneau électronique de la mairie informe qu’on peut se signaler si les intempéries ont causé des dégâts aux cultures.

La route repart vers le nord, les grands domaines aujourd’hui cotés. Au sortir du village, la famille, parents et petits-enfants, se tient encore devant les cyprès chenus du cimetière. A l’horizon, éblouissantes de neige, les Pyrénées se souviennent pour ne pas qu’on oublie, même si tant de témoins, Antonio ou Joséphine, dorment désormais de leur dernier sommeil.  

(1) un aigat est un épisode pluvieux violent lié à une dépression s’enroulant vers l’ouest et bloquée par les bordures montagneuses du Languedoc-Roussillon : Cévennes et piémont pyrénéen (dont les Corbières). Mais quand la doxa météo ressasse ses « épisodes cévenols » comme elle radote sa « tramontane », c’est toujours la niveleuse assimilatrice francilienne en action.


Crédit photos : 1. Canigou depuis Ille-sur-Têt. author Babsy 
3. Saint-André-de-Roquelongue Église auteur Methos31 
4. Canigou depuis le Barcarès  author Leguy French Wikipedia

mardi 13 décembre 2016

DE LIMOUX à PARAHOU-le-PETIT (André Galaup) / Terres d'Aude

Voilà un an que j'attendais de parler, de remémorer cette histoire de Panfilo et de sa jument Magloire. Le vent pénétrant des Hautes Corbières sous les tourbillons de neige, l'ambiance des gros bourgs se préparant aux réjouissances de Noël me font toujours tant frissonner de bonheur que j'imagine sans peine, après la nuit et le froid, les images rassurantes de l'homme tapant des pieds sur son seuil puis se frottant les mains devant la cheminée aux flammes plus vives qu'à l'habitude.    
Nous devons cette jolie histoire de Noël à André Galaup de Limoux, devenu écrivain à la retraite, inspiré, enchanté par son pays, en remontant l'Aude vers les Pyrénées. 

Il faut dire que le voyageur qui ne fait que passer est déjà charmé par les paysages, tant naturels qu'humains. S'il s'attarde un peu, pour la Blanquette, les carnavals, le château de Joyeuse, les bains (et la limonade !) d'Alet, la fête du cochon à Laval (1), les chapeaux ou le formica, le charme agit, les bonnes raisons d'y revenir ne peuvent que se multiplier. Notre voyageur (ne le confondons pas avec un touriste ordinaire...) peut penser aussi que ces contrées si riches et diverses doivent assurément transcender une proportion certaine d'êtres, natifs ou adoptés, qui, nourris à ces sources, poursuivent l'écriture d'un livre dont les chapitres racontent une histoire vieille d'au moins deux mille ans.


Les générations n'y suffisent pas : il y aura toujours quelque chose à découvrir, quelque énigme à déchiffrer concernant une région aux paysages si divers, remplie d'Histoire, de richesses, de mystères propres à nourrir les fantasmes les plus fous (2). La vallée, en remontant, continue de drainer des pays jadis aussi enclavés que fermés (le Trou du Curé, le défilé de Pierre-Lys, ne permirent le passage vers les Pyrénées, le Fenouillèdes et le Roussillon qu'à la veille de la Révolution !) mais au renom dépassant les frontières (3).    

Tel le bavard de service prenant trop de temps pour présenter une œuvre qui n'est pas de lui, je vous ai assez ennuyés avec mes raisonnements. Sans attendre davantage, suivons la jardinière de Panfilo et de la jument Magloire entre Limoux et Parahou-le-Petit.  

http://rennes-le-chateau-en-quete-de-verite.e-monsite.com/accueil/page-46.html

(1) Nous demanderons à monsieur Reverdy de bien vouloir l'évoquer... 
(2) Autour du trésor des Wisigoths, des Templiers, des Cathares, des seigneurs frappant fausse monnaie, de l'abbé Saunière, de la quête des nazis, de la visite du futur Jean XXIII, sans parler des fèdos ou des lutins Bug et Arach, plus familiers...   
(3) du Razès et du Kercorb bien sûr ! 

Pour ceux qui rechignent à multiplier les clics et les ouvertures de pages : 

DE LIMOUX A PARAHOU-PETIT
                                                         AVEC PANFILO ET SA JUMENT « MAGLORIA»

 
     La veille de Noël tombait cette année là un vendredi. Jamais on n'avait vu autant de monde au marché de Limoux. Les auberges avaient fait le plein. De tous les villages, de toutes les fermes, les gens étaient venus faire leurs emplettes.

   Dans cette foule, il y avait un nommé Panfilo, demeurant une  ferme située dans les parages de Saint Louis de Parahou. Fidèle à la mode des bouviers de son petit pays, il avait revêtu une belle blouse et portait un mouchoir autour de son cou.
1-7.jpg   Avec sa jardinière et sa jument, il avait descendu deux sacs de maïs, quelques chapons, des canards gras et une dizaine de foies gras. Avec le produit de la vente, il acheta quantité de provisions, de bonnes choses, des tourons et quelques bonnes bouteilles de blanquette et de vin  Anne de Joyeuse. Assez de vivres pour passer un bon Noël et rester bien au chaud si la neige venait à assiéger pendant plusieurs jours.
Ayant beaucoup de chemin à faire, de bonne heure, c'est à dire, en début d'après midi, Panfilo attela « magloria » (sa jument) qu'il avait laissée dans une étable du côté de la place au bois et quitta aussitôt Limoux.
 Dans l'étroit d'Alet de lourds nuages gris écrasaient les montagnes. Quelques flocons de neige venaient choir sur son capuchon, sur les oreilles et la croupe de « magloria ». Deux ou trois petits coups de fouet, la bête prit le petit trot. Ainsi on gagna Couiza.
 Panfilo et son attelage auraient bien pris la grande route directe : la voie romaine de grande communication Carcassonne Roussillon par Rennes-le-Château, le Carla, le Bézu. Ils se seraient arrêtes à l'auberge de la Jacotte où en cette veille de Noël, il devait y avoir bonne compagnie. Puis, par les Tricoires et le col du Moulin à Vent il aurait pu regagner sa ferme près de Parahou Petit. Mais il fallait que Panfilo passe par Rennes-les-Bains pour charger des choses à remonter.
 Tombée de bonne heure, la nuit enveloppait la station thermale et la neige en flocons plus gros recouvrait le sol de quelques centimètres déjà, lorsque Panfilo arriva aux Bains de Rennes. A la lueur de la lanterne, il attacha sa jument à un arbre sur la place et alla rapidement manger un morceau dans la salle du café-auberge ou régnait une atmosphère de rires sonores.
  Demi-heure après :hi !hi ! « magloria ». L'attelage repartait. Par un froid aussi vif, on ne pouvait rester longtemps assis sur une voiture. D'autre part, la neige tombant plus drue et à gros flocons, la marche devenait de plus en plus pénible. La lanterne n'éclairait qu'à une paire de mètres . Là haut, sur le plateau du mas, le vent secouait les buissons. Les arbres s'agitaient prenant les apparences de grands fantômes de la nuit. Au pont du Caïram, la jument s'arrêta net.
  Rien à faire, « magloria » ne voulait plus avancer. Levant le fanal, Panfilo éclairait au-devant de la jument. Brrr ! Un cercueil, en plein travers, barrait la route. Panfilo fut saisi de frayeur. Ses dents claquaient. Il fallait aviser. S'armant de courage, il déplaça le cercueil. Jument et jardinière passèrent. Après quoi, il remit à nouveau le cercueil en  travers de la route. De l'intérieur une voix se fit entendre:
 «  As pla faït de me tornar en plaça, sinon éres mort » (tu as bien fait de me remettre en place, sinon tu aurais été mort).
  Il paraît que beaucoup de voyageurs attardés vivaient la même scène en passant au pont de Caïram.
2-1.jpg Un peu plus loin, avant d'arriver à Bugarach, au ponceau du Rec-des-Fangots, Panfilo entendit des chaînes ? Du fouet, il hâta le pas de la jument.
  A nouveau, après Bugarach, en  passant sous le Pic et les parages du Lauzadel, au pont de Rouffet, Panfilo entendit à nouveau des bruits de chaînes. Cela se produisait souvent dans ces parages hantés. Ces bruits de chaînes dans le silence ouaté de la neige lui remirent en mémoire des choses qui s'étaient passées l y a fort longtemps sur le plateau du « Trauc de la Reilha ».
 Ce pays se situe entre 750 et 800 mètres d'altitude où se joignent les lmimites territoriales de quatre communes. Là, se souvint Panfilo, un homme avait perdu son épouse. Il l'avait portée au cimetière. Or, animé par l'esprit de malfaisance, un voisin revêtu d'une longue chemise blanche flottante venait en agitant et en traînant des chaînes, par les pâturages de nuit, faire peur au veuf . Ce dernier pensait que sa femme revenait lui rendre visite. Lassé et ulcéré par ce manège, il s'écria un soir :
« Mafisa té qui si té torni portar al cimentéri, tornaras pas ». (méfie-toi que si je te ramène au cimetière, tu n'en reviendras pas).
  Le fantôme continua sa pantomime. Le veuf s 'arma d'une fourche, se rua sur le revenant, l'embrocha et le transperça. Panfilo se souvint aussi d'une autre histoire arrivée durant la guerre de 1914-1918. Le propriétaire d'une ferme des parages du Trauc-de-la-Reilha mourut. Hélas, le menuisier de Bugarach était mobilisé. Personne pour faire le cercueil. On monta de la ferme de Linas, une caisse servant à mettre les jambons, les caisses de conservation des jambons ont généralement une forme de cercueil avec toutefois un peu plus de profondeur. Dans cette caisse à jambons ; on enferma la défunte . Avec des vaches et la charrette du domaine du Capitaine, on descendit jusqu'à l'église. Mais le curé était également mobilisé. A défaut de prêtre, un jeune séminariste de Bugarach qui portait déjà la soutane revêtit les ornements du prêtre mobilisé et officia dans les limites de ses compétences sacerdotales avec des enfants de chœur de Bugarach.
  Chemin faisant, tout en ruminant ces veilles histoires, Panfilo arriva à sa maison près de Parahou le Petit, où sa femme et un grand feu de bois l'attendaient. Le temps de mettre « magloria » à l'étable, il s'abandonna dans la douceur du foyer.

Copyright André Galaup

"Rennes-le-Château, en quête de vérité", paru en 2012, où il démythifiait l'affaire du trésor de l'abbé Saunière, démontrant les affabulations étalées depuis cinquante ans, voici qu'il offre à ses lecteurs un nouvel opus inédit intitulé :"Les abbayes du Razès" celles de Saint-Hilaire, Rieunette et Saint-Polycarpe (2015).
André Galaup ≈ Les mystères de la Vraie langue celtique et du Cromleck de Rennes-les-Bains. Le secret d’une noble Dame (2015).
André Galaup (1938-2021) 
photos autorisées : 
1. Limoux Pont-Neuf auteur Tournasol7. 
2. Couiza, château des ducs de Joyeuse, auteur Kojac1. 
3. Rennes-les-Bains, pont sur la Sals, auteur Corlin. 

mercredi 2 novembre 2016

LES CORBIÈRES XVI / VERDOUBLE / Paziols... sous les feux, sous les eaux...


Au débouché des Gorges du Grau, le Verdouble aborde son troisième bassin, partagé entre Tuchan et Paziols. Malheureusement, dernièrement, début septembre, du jour au lendemain, le tableau bucolique a fait place à un paysage de désolation : en cause, un feu monstrueux ! Attisé par un vent violent, rendu plus furieux encore par une sécheresse excessive, l’incendie a ravagé les garrigues, les pins et même les vignes, coupe-feux moins efficaces qu’autrefois. Quand on sait qu’il faut un demi-siècle pour voir la nature régénérée... Et pour reconstituer un vignoble ? plus ou moins une quinzaine d’années ? C’est beaucoup dans une vie (1)... 

https://www.youtube.com/watch?v=e2UaqHFzrp4

Voilà longtemps qu’on la connait la hure de sanglier sur du carignan étoffé de grenache et de syrah. Tous nos vœux pour que la destinée de ses vins, si typiques et loyaux, se poursuive alors que la moitié des vignes du Languedoc a été arrachée (2). Et désormais, l’irrigation est subventionnée, ce qui semble paradoxal avec les faibles productions de qualité et, par ailleurs, l'évolution plus sèche du climat. 


Cette idée d’irriguer a même eu une incidence sur une affaire qui a mis ce terroir du Fitou des Hautes Corbières sous les feux de l’actualité. A Paziols plus particulièrement, les esprits se sont échauffés entre ceux qui acceptaient et ceux qui refusaient de confier à Lafarge la construction de deux lacs réservoirs. Les seconds s’opposaient surtout parce que le projet prévoyait pour le cimentier l’exploitation d’une carrière de granulats qui, au bout de trente années, aurait donné le second lac, avec, entre temps, pour la population, la pollution, les camions et rien pour la commune. Néanmoins, après deux ans de bataille, et non seulement à cause d’un lézard mis en péril par le projet, le cimentier, rendu à une vision plus raisonnable du développement durable (ce sont presque ses mots), a préféré abandonner.

Certains y verront un épisode de la lutte toujours recommencée entre les gros et les petits, l’âpre rivalité entre pots de fer et pots de terre, entre dominants insatiables et dominés rétifs. Les premiers voulant toujours garder la main pour exploiter les seconds. Ainsi, au Moyen-Âge, les moines de Fontfroide qui s’étaient rendus maîtres des moulins et ruisseaux forcèrent les Paziolais à détruire volontairement le leur de moulin, pour moudre chez eux en échange de quelques avantages dont les droits, certains jours seulement, de pêche et d’arrosage.

Ces luttes intestines, bien que chroniques, passent au second plan puisque cette zone frontière a, par définition, causé bien des malheurs. Périodes noires, sous le feu des invasions ou des guerres. Invasion des Sarrasins vers 720, qui, lorsqu’ils ne déportent pas en esclavage, soumettent à l’impôt des habitants par ailleurs obligés de travailler pour l’occupant. Incursions, durant des siècles, des troupes espagnoles qui pillent, rasent, emprisonnent et rançonnent. A partir de 1659, un mieux néanmoins, pour Tuchan et Paziols, quand le Traité des Pyrénées repousse la frontière avec l'Espagne, plus au sud.

Conflits pour l’eau, à cause de l’eau, menaces que font courir l’eau qui court et l’eau du ciel.
Le nom de Paziols viendrait du latin « paludis », signifiant marais, qui a donné « paludisme ». Un marécage occupait ce bassin qui voit le Tarassac apporter au Verdouble. Les moines de Fontfroide l’auraient asséché en creusant le Mayrat mais un lac réapparaît si un aigat (à présent on dit plutôt « épisode méditerranéen » qu’« épisode cévenol ») déverse son déluge. Les locaux, les journaux parlent d’un « lac éphémère » qui n’est sans doute pas sans rapport avec l’importance des eaux invisibles. 



« Le feu, on l’éteint mais l’eau on ne l’arrête pas » affirme le dicton. Les 12 et 13 novembre 1999 ont vu un aigat exceptionnel (3) s’abattre uniformément sur une diagonale SE-NO, des Corbières maritimes à la Montagne Noire. Le secteur qui nous intéresse, justement, a subi les crues à partir de Padern, à cause du Torgan, mais la catastrophe est surtout venue du Petit Verdouble qui passe en bas de Tuchan et de son affluent la Donneuve avec laquelle il forme le Tarassac. Les deux pics de crues furent les plus forts au confluent du ruisseau des moines, le Mayrat. 

Pour ne pas poursuivre avec une note négative s’ajoutant aux tristes épisodes dus au bellicisme si particulier à notre espèce, allons voir, à Paziols, la fontaine dite « de Cucugnan ».
Dans un banc de poudingues (4) une source, modeste mais pérenne appelée « de Pégugnan » aurait déjà intéressé les Romains. Au XIIIème, elle constitue une dot apportée à la maison de Cucugnan. Pour notre période, la fontaine a appartenu à Maître Albert Malaviale, ancien bâtonnier au barreau de Perpignan, qui en 2006, ena fait don à la mairie. Depuis, celle-ci a pris soin de nettoyer, de remettre en état le site.

Et pour une conclusion souriante tant le Verdouble est plus un miracle qu’un mirage, la brillante inspiration de Nougaro se propose.

« ... Mais si tu aimes la chanson
De son hameçon
Si tu aimes le son, le son de son âme,
Elle te servira comme un échanson
Les flots fous, les flots flous
De ses fraîches flammes... »
Au pied de chez moi, coule une rivière : Le Verdouble. Claude Nougaro.

C’est vrai que la chanson de l’illustre balladin de Paziols complète le fond sonore du « menu flot sur les cailloux ». Sa mélodie et ses mots poursuivent la rivière magique. Sur ses rives, on voit les baigneurs de l’été, les jardins, les moulins des moines, les premières caunes dont le Barran de la Mousque d’Ase qui annoncent, plus en aval, celle du séjour, sur ses bords, du plus vieil européen, l’Homme de Tautavel.
 Merveilleuse petite rivière qui nous fait rebondir de surprises en surprises et qui quitte le bassin de Paziols et Tuchan, encore avec des gorges, seraient-elles pitchounettes. 
Verdouble toujours capable de nous replonger dans son imaginaire fantastique !       

(1) lire le compte rendu de Vincent Pousson http://ideesliquidesetsolides.blogspot.com/2016/09/les-larmes-et-les-flammes.html
(2) le chiffre d’affaire de l’arboriculture dépasserait celui de la viticulture.
(3) 36 morts ou disparus, plus de 400 communes sinistrées, 14 ponts emportés, 6000 ha de vignes détruits.
(4) il est fait mention aussi d’un tènement de galets roulés propice à un vin de qualité : les poudingues du Pilou.  



photos autorisées commons wikimedia
1. Tuchan église author ArnoLagrange
2. Paziols author Frachet
3. Paziols_(France)_Vue_du_village auteur Serbus
4. Château d'Aguilar "fils de Carcassonne" author Yeza

mardi 25 octobre 2016

LES CORBIÈRES XV / VERDOUBLE / Padern, des moutons, des vignes, des mines...


 Est-ce la présence, comme chez les voisins cucugnanais, de toutes ces sources et fontaines, qui expliquerait les nombreuses bergeries dispersées sur le territoire dont celles du Bourdicou, du Mouillet, du Renard, de Grazels, du Crès, de Témézou, de la Lauze, du Parazol, des gorges du Grau. On peut penser que la plupart des ruines en nombre, mentionnées sur la carte IGN (géoportail), étaient aussi des bergeries. Pour celles de la Parade, au pied du Pech de Frayssé, sommet altier du Mont Tauch, il faut lire le joli article de la Gazette « De Torgan en Verdouble » (1) qui fait revivre Pierre Soucaille, le berger, né en 1866, qui montait pieds nus vers ses moutons pour économiser les souliers. Dans les gorges du Grau, au pied des falaises, ce sont des bergeries troglodytes... ne manquent plus qu’Ulysse et le cyclope Polyphème ! 



Quant aux vignes, « elles courent dans la forêt, le vin ne sera plus tiré... ».  Je me répète, radotant, telle une rengaine, la chanson de Ferrat, en pensant à un autre, l'auteur, justement, de la rengaine mais pour un autre air en valant la peine... gardons le pour la fin... Une grande partie des vignes s’efface avec le dépeuplement des campagnes et l’arrachage systématique trop bien promu par Bruxelles ! Une analyse et un réquisitoire n’ayant pas leur place ici, disons seulement « Merci l’UE » ! Ce que l’on voit, ce sont ces paysages chamboulés. La garrigue plus ouverte, aménagée par des siècles de pastoralisme, n’en finit pas de disparaître et les friches issues des vignes arrachées se couvrent de genêts pionniers avant  un couvert forestier à venir qui ne sera pas plus limité par le pâturage que par les coupes, le chauffage au bois étant délaissé.
Je crois avoir lu, sur la Gazette, il y a des chances, que la mairie aurait signé un accord pour recevoir des moutons... certainement pas trois mille comme jadis mais ce devrait être très positif pour prévenir les incendies... le dernier, de début septembre a été terrible !
Et comme les histoires d’eau, de moutons, de vignes s’imbriquent, le feu dévoile nombre de murets en pierre sèche retenant des terrasses cultivées...

«... Avec leurs mains dessus leurs têtes
Ils avaient monté des murettes
Jusqu'au sommet de la colline... » 
Jean Ferrat "La Montagne" 1964. 

... Et pas d’hier puisque les pentes du Tauch ont accueilli des populations dès le néolithique ! Une volonté tenace de plusieurs millénaires, souvent pour les plus humbles, libres de mettre en valeur les pentes rocailleuses quand la plaine est confisquée par la loi des plus forts. 
... Et celles de l’Âge du fer ont dû aussi avoir de l’ouvrage et si les Corbières me font l’effet d’un joyau, elles recèlent, accessoirement, bien des inclusions qui, contrairement à celles du diamant, ont, de toujours, servi les hommes.
L’agate, le quartz, la vipérine, la barytine cachent leurs éclats colorés dans nos montagnes. On trouve aussi du marbre, des schistes et nombre de minerais, de soufre, de cuivre censé éloigner les rhumatismes, l’antimoine (métalloïde), le manganèse, l’argent, l’or bien sûr... Les histoires multiples de fées ou mitounes, de trésors, d’Arche d’Alliance, de faux-monnayeurs sont loin d’être infondées pour le quadrilatère des Corbières !
A Padern, après le cuivre et le plomb, c’est le minerai de fer de Cascastel ou d’Albas qui était notamment travaillé dans les forges catalanes des gorges du Grau où l’eau, force motrice, actionnait les martinets. L’usine a ensuite servi à nouveau pour le cuivre puis pour distiller le thym, la lavande, le romarin avant, finalement, de sombrer dans le passé.
Tout comme le moulin à blé non loin, l’installation est aujourd’hui en ruines mais l'usine hydroélectrique fonctionne toujours (2)... une micro-centrale, certes mais qui ne peut qu’étonner avec ce que nous savons des débits du Verdouble serait-il bien aidé par le Torgan...
De l’eau, des moutons, des vignes, des mines et des hommes surtout.
La bibliographie, les sites consultés, dont la Gazette, laissent, plus que pour les communes, en amont, trop dépendantes du tourisme, une grande impression d’humanité. La Cabède, une des signatures sinon la plume de la Gazette, assortit parfois ses sujets de chansons de circonstance.
Pour un village qui va son chemin dans le bon et le mauvais de la modernité, sans effacer le passé, en essayant de rassembler ceux qui gardent leurs racines ou qui veulent venir les fixer, Serge Lama aurait pu chanter

«... Là-bas, Marie-Louise et le vieux cheval
Là-bas, lisent mon nom dans le journal,
Là-bas, je vis loin d'eux mais je suis près quand même..."
« Souvenir, attention, danger » (1980). (3)
 
(1) http://padern.free.fr/gazette/hiver2016/hiver2016.html 
(2) https://cascastelvillage.sharepoint.com/Documents/La-Forge-de-Padern.pdf
(3) https://www.youtube.com/watch?v=QC2utkZIMps

NB : pour les moutons, c’est bien la Gazette du printemps 2016 qui titre « Bêêê » mais qui signale aussi la présence de patous... mefi quand même ! 

photos autorisées : 
1. Depuis le Château de Padern commons wikimedia Author Vinckie 
2 & 3. Les bergeries troglodytes auteur La Cabède (Gazette de Padern).

mardi 18 octobre 2016

LES CORBIÈRES XIV / Padern « De Torgan en Verdouble »

Entre Duilhac et Padern (en occitan, ne prononcez pas le «n» final), après les cascades et la baignade de l’été au moulin de Ribaute, le Verdouble, comme mis de côté par le Roc Pounchut, se fait voler la vedette par Cucugnan et son vallon. Même la route qui passe là-bas semble dire que l’accès au Fenouillèdes par le Grau de Maury vaut bien mieux que lui. Plus en amont, le château de Peyrepertuse toise sa vallée de sa hauteur et celui de Quéribus, braqué vers le Sud et la marche d’Espagne, tourne le dos et l’ignore superbement. 


A Padern, par contre les relations sont tout autres, à l’opposé presque. Ici, le château qui domine la chapelle saint-Roch et les maisons fait partie du village tout comme le Verdouble coulant à ses pieds. Au moins ici, le village semble bien appartenir à ses habitants sans que le tourisme ne vienne apparemment déséquilibrer, fausser les rapports... Les Padernais vivraient-ils à l’envers ? Non, non, on ne marche pas sur la tête ici même s’il fut un temps où ils ont voulu s’en débarrasser, du château. En 1939, justement, la municipalité a voulu le faire raser. Sollicité, le Génie militaire, instruit dans ce sens par un secrétaire d’État vichyste mais néanmoins sensible aux vieilles pierres, a refusé. L’appel à une entreprise privée s’avérant trop coûteux, le projet fut abandonné... A présent, ils les illuminent, les vieux murs délabrés ! 
Et puisque nous n’avons rien dit des deux « citadelles des vertiges », au sens propre et au sens fiscal, prétendument cathares, raison de plus pour poursuivre avec le château de Padern !
 Moins connu que ses illustres voisins, abandonné par les moines de Lagrasse, son état se dégrade d’autant depuis plus de deux siècles que, si l‘inscription "sur l‘inventaire des sites dont la conservation présente un intérêt général" (février 1944) (1) l’a sauvé de la destruction, il n’est pas pour autant classé aux monuments historiques. La part non négligeable de la commune dans la restauration des monuments étant de 20% (État 50 %, région 15 %, département 15 %), existe-t-il un lien de cause à effet quand la pression fiscale (1385€ d’impôts et de dettes par habitant en 2014) est ici près de 5 fois moins forte que chez les voisins cucugnanais et près de 10 fois moindre qu’à Duilhac ?
Pour mieux en partir, élevons la herse, abaissons le pont-levis, allons voir le château puisqu’une vidéo aussi originale que réussie en donne envie ! https://www.youtube.com/watch?v=UNCSvI1Ba6g

Padern c’est encore une histoire d’eau : le titre de la Gazette locale en atteste : « De Verdouble en Torgan » (vous avez remarqué la variante ?).  


          Histoire d’eau donc avec le Verdouble bien sûr et son affluent le Torgan. Cette année justement, le Verdouble qu’on croit moins dépendant des précipitations grâce aux apports souterrains était quand même à sec en juillet. Le 14 octobre, la Gazette signale qu’il coule à nouveau serait-ce timidement. Qu’en est-il du Torgan qui conflue en bas de la localité ? 


Si l’irrigation était indispensable au blé et si la proximité de l’eau reste appréciable pour faire venir les tomates et les haricots verts des potagers, elle est un plus dans ces pays de cagnard, l’été, pour la baignade.
Plusieurs coins dont certains aménagés pour le pique-nique. En amont, sur la route de Cucugnan, à l’embranchement du chemin réhabilité du Devès, l’Oeil-de-Mer, un trou d’eau, en aval, après les gorges du Grau, sur la route de Tuchan. Le Torgan, lui, offre des coins plus intimes et une eau réputée plus fraîche. Mais comme l’un ne va pas sans son contraire, l’affluent sait se faire remarquer avec, à proximité de son lit, la source des Eaux-Chaudes (21°) qui alimente la commune et qui a permis, sans défaillir, de lutter contre le terrible incendie de septembre dernier.

Le porteur de la publication de Padern « De Torgan en Verdouble », signe sous le pseudo "La Cabède"... Les cabèdes ou cabedos (cabedas pour les modernes), surnom des gens d’ici (Mistral les signale en tant que «manjo-poumos"), sont les chevesnes. Le numéro de l’été 2016 parle de ces petites qui venaient en vacances chez les grands-parents et que le grand-père emmenait pêcher le matin, plus pour profiter de la nature que pour rapporter du poisson.
Je suppose que grâce aux trous d’eau qui permettent aux poissons de se maintenir en période d’étiage, les goujons, vairons, ablettes, gardons, vandoises, chevesnes, anguilles et autres barbeaux méditerranéens (une source parle de brochets, de carpes rares et de truites ?) continuent d’animer la diversité des rivières padernaises. 


Et que font tous ces poissons lors des crues, en particulier suite aux aigats ?
Dans ce pays sec, très méditerranéen, l’eau tient du paradoxe, elle est partout. Une carte détaillée permet encore de localiser de nombreuses fonts et sources, captées ou non qui ont leur importance dans l’occupation du territoire par les humains, pour l’élevage des moutons surtout. (à suivre)
Merci à la Cabède de la Gazette : l’article lui doit l’essentiel de sa substance sans oublier les photos libres d’être partagées !

(1) http://padern.free.fr/gazette/archives/printemps%202015/printemps2015.html 


photos autorisées commons wikimedia :
1. Verdouble Padern_depuis_Château author Vinckie. 
2. Padern et son Château author Vinckie. 
5. Chevesne auteur Jonathan Jaillet.
photos autorisées la gazette de Padern : 
3. Verdouble juillet à Padern auteur La Cabède. 
4. Verdouble 14 octobre auteur La Cabède.