Gardians 2016 Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International Author Amage9 |
« C’est le chant du gardian de Camargue, Belles filles attendez son retour... Gardez vos belles fermement... il vous sourira... vous prendra dans ses bras... votre cœur dira oui par mégarde... » ... et l’amant ira se faire voir ! Malgré la voix mielleuse de Tino Rossi, cette chanson en dit beaucoup des mœurs de l’époque, du machisme, du rang inférieur de la femme ravalée à un statut animal... un butin, une femelle bonne à prendre, à domestiquer ! La chanson figure dans le film « Le soleil a toujours raison », paroles de Jean Féline (1908-1945), musique de Loulou Gasté (1908-1995), elle date de 1943... emblématique donc de l’état français de putain et de ceux en vue dans la collaboration... Tino Rossi, Micheline Presle, et Brasseur, Delmont, Montero, et Blavette et Moulin... enfin, Amouroux l’a écrit : « Quarante millions de putainistes »...
Camargue_horse 2007 Domaine public Author TwoWings |
Il est vrai que le gardian illustre un mythe ; il est représenté à cheval, l’animal qui a si bien valorisé l’autre animal qu’est l’Homme. L’Histoire alimente le mythe, par exemple avec les Numides, les Huns, la Horde d’Or, les Cosaques ; ensuite, il suffit de faire référence au cow-boy de l’ouest “ américain ”, au gaucho de la pampa, au Berbère marocain pour son baroud lors de la fantasia (tbourida) sinon à l’éleveur mongol descendant des khans Gengis, Koubilai, Tamerlan génocidaire... pour en arriver au gardian, dans un registre heureusement apaisé... La curiosité pour les gardians de Camargue va de pair avec l’intérêt porté aux chevaux du delta. Que serait-il sans le cheval ? un simple bouvier armé d’un bâton... Que serait l’Homme sans le cheval ? Certainement pas ce qu’il est devenu...
LE CAMARGUE.
Ce petit cheval gris clair adapté à l’hiver, à l’été, au vent, aux insectes, à la poussière, aux sols mouvants. Il mesure entre 1.35 et 1.50 m. au garrot, pèse entre 300 et 500 kilos ; gris clair, sa robe qu’on croit blanche a de positif qu’elle attire moins les insectes (l’Homme a bien sûr favorisé cette disposition naturelle mais tous les essais de croisement pour un équidé plus grand, plus fort, ont échoué, les améliorateurs introduits ne résistant pas longtemps au milieu, aux conditions climatiques). Longtemps dépréciée, la race datant de de l’âge de pierre donc pourtant adaptée à son milieu depuis des millénaires n’a vu son standard protégé qu’en 1977.
S’il n’est pas dressé pour travailler, promener les touristes, participer aux fêtes locales, il vit en troupeau libre dans son milieu naturel, un étalon (lou grignoun), susceptible, agressif, menant son harem de femelles. Celles-ci mettent bas sans que l’Homme n’intervienne, le gardian devant alors seulement avoir un œil sur les primipares et aussi s’assurer que la naissance n’a pas pour cadre un endroit dangereux. Ces juments sont plus nombreuses que les mâles, ces derniers étant prélevés pour le “ travail ”... Le sont-ils pour la viande ? les sources, peut-être par retenue, n’en disent rien... et je crois me souvenir qu’à l’orée des années 60, Arles était connue pour son saucisson d’âne (enfant, ça interpelle quand les mots de Francis Jammes nous touchent... “ J’aime l’âne si doux marchant le long des houx... ” avant que cela ne choque, plus tard). Les hardes côtoient les taureaux sans problème, le “ blanc ” et le noir des bêtes offrant au Monde l’image aussi esthétique qu’appréciée de la Camargue. Une cohabitation pacifique qui a ses limites puisque le cheval sait psychologiquement s’imposer au taureau pour l’écarter d’un coin de bonne herbe notamment. (à suivre)