Affichage des articles dont le libellé est la Clape. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est la Clape. Afficher tous les articles

vendredi 27 mars 2020

MARCEL PAGNOL POUR SE CONSOLER DU CORONAVIRUS (1).


Chauvinisme ? Ethnocentrisme ? Particularisme sudiste ?  Et atavisme et tropisme tant que nous y sommes ! Aïe aïe aïe, ces mots, ces maux en -isme ! Oui mais en réaction, en production d'anticorps, rien à voir avec le covid 19 qui nous accable en ce début de printemps 2020 mais plutôt en réponse à un parisianisme chronique, à un jacobinisme éculé, à un socialisme abject de compromissions aussi lâches qu'infectes, contradictoirement laxiste quand l'immigration en vient à coloniser et toujours prônant un légalisme obstiné contre les identités qui pourtant participent à un creuset commun plus que français car européen. 

Alors oui, tant que la vie commande, moi aussi je produis mes anticorps. Je suis du Sud, je viens du Sud... Pour ceux qui n'ont à la bouche que le Sud-Est et le Sud-Ouest, le Sud c'est au sud, entre les deux ! Et quand, pour nous consoler du confinement lié au virus, la télé passe Manon des Sources (après Jean de Florette), bien sûr que j'en suis comblé ! Et n'allez pas croire que par flagornerie égotiste je revendique Pagnol pour briller dans son halo ! C'est qu'avec Marcel Pagnol, nous ne sommes pas que cousins, nous sommes germains ! 

Cousins et ça compte pour entretenir la souche commune. Le concernant, il a été répétiteur d'anglais à Pamiers... Pas plus que les Audois, les Ariégeois n'en sont pas pour autant infatués et son nom n'apparaît pas dans le paragraphe consacré aux "Personnalités liées à la commune". Qui plus est, vous remarquerez chez Pagnol la façon subtile de souligner ce cousinage. Dans Manon des Sources, justement, l'ingénieur du génie rural, il le fait intervenir "Avec un très bel accent de Narbonne". Lors de la réunion houleuse pour savoir où est passée l'eau de la source, il relève plus loin 

"... Ces mots, aggravés par les R pétaradants de l'accent de Narbonne" ! 

Et ça n'en pétarada pas moins (Pagnol adorait le passé simple !) quand, répondant au "papet" fustigeant l'administration, il lui fait répondre : 

"Monsieur, j'ai l'honneur de vous informer que l'administration vous emmerde..." 

Et tout ça avec Ticky Holgado dans le rôle ! Et ce n'est pas parce qu'il est de Toulouse ! L'avez-vous seulement vu et entendu aussi dans "Le Château de ma Mère" (film de Yves Robert 1990) ! Il joue Binucci, l'employé du canal,le collègue de Bouzigue lui aussi de Toulouse ! Tè, encore un hasard ! 
Et puis que voulez-vous, quand je pense à ce bon repas entre amis sous le figuier de la maison de vacances, plein de rires, quand je pense aux deux petites pages qui suivent, terribles d'un réalisme sépulcral avec la mort d'Augustine sa mère, celle de Lili le copain des collines, celle de son frère Paul, dernier chevrier de l'Etoile (ça fait beaucoup en deux petites pages) (à suivre...)

 Note : toutes les photos sont issues de la bande annonce du film mais je ne demanderai rien pour la promotion faite ici...

samedi 25 janvier 2020

LE FLEUVE et LE RUISSEAU / Lettre à un ami / Fleury-d'Aude en Languedoc.

"L’entendez-vous, l’entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse
Et doucement dédie aux branches,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse..."

Rebonjour l'ami. 
Ah ! tu ne veux pas que je te dise pourquoi je t'ai dédié le début de ce si beau poème ? Tu es pris par tes recherches en généalogie... A chacun ses marottes... A moi les miennes. Alors je te le dis tout de go parce que ça m'est venu comme ça... C'est sûr... je ne suis pas seul dans ma tête... 

D'abord le prénom de l'auteur, Émile, est-ce un hasard m'adressant à toi ? 
Ensuite, en bas de chez toi, parce que tu appartiens à la Pagèze, tu es de ce refuge de paysans, la racine du nom en atteste, et que tu l'as payé de ton sang, encore une fois cette année, les flots grossis et limoneux de l'Aude, petit frère du Rhône et de l'Ebre, excusez du peu, mais rivière de nos cœurs avant tout, tu sais que mon pseudo est "carabène", l'Aude donc, me fait penser à toi, serait-ce a contrario.
Bien sûr que son flux mugissant porteur de bois et de troncs flottés ce n'est pas toi. Et tu es complètement étranger à la violence de ces radeaux poussés qui ondoient de plus en plus fort jusqu'à se briser dans les vagues furieuses de la mer. Même la télé d’État plus que publique l'a montrée hier soir aux infos ! Laisse-moi imaginer que la rivière te souhaite un anniversaire à sa façon : ça gronde ça meugle, ça gueule, ça dégueule, en prime, une masse de déchets sur la plage ! Ce ne peut être toi ! 

            





Alors quoi, pourquoi cette inspiration ? Même s'il faut la prendre de la part d'un cabourd, d'un inoucent ne contrôlant pas ce qui pétille, crépite ou explose même dins lou cap, ça dépend du moment, tu n'es pas de ces braillards qui veulent à tout prix s'imposer à la cantonade. Non, tu es un menu flot glissant sur les herbes et les branches. Aujourd'hui parce que tu fais tes ans, tu es "Le Chant de l'Eau" d’Émile Verhaeren. Tu es ta petite voix qui comme toutes les vies nous dit la vie qui défile. La tienne se décline depuis ton belvédère sur la plaine et les marais, sur la rivière qui part se mêler à la mer. Tu es un pays à moi. Et ta chanson lisse est si précieuse pour un pays qui passe, qui s'efface, trop peu loquace... Chut, que je l'entende sans plus faire un bruit, comme pour un froufrou de mésange, un babil d'hirondelle. Légère, sobre mais si pleine de sève à côté de ce rien mortifère dont le vide galactique porterait l'écho. On dit que l'internet rapproche, que le réseau serait social mais est-ce cela le partage, au mieux juste un dixième de seconde pour un clic, un "j'aime" sec, trop vite dit pour être entier ? Personne, pas un, pas une pour demander la fin du dernier affluent, tu sais, le ruisseau du Bouquet qui rejoint l'Aude en bas du promontoire ultime de la Clape, ce balcon que tu connais trop bien. C'est comme pour la traduction du poudaïré... Vivre à cent à l'heure ce doit être synonyme de "s'en foutre". Et puis est-ce vital de ne pas laisser le passé se mourir ? Maï que tabes m'en fouti puisque j'écris pour me faire du bien et que c'est nécessaire à ma vie. Je n'irai pas plus loin sur ces voies d'un plaisir solitaire que je voudrais solidaire... 


Oui, tu n'es pas l'une, tu es l'autre. Jamais tari, tu es comme le ruisseau du Bouquet. Ne m'oppose pas qu'il n'a plus d'eau parfois si la sécade de l'été se prolonge. On le croirait mais je me suis souvent arrêté sur le dos d'âne du dernier petit pont, en juillet et en août justement, ravi d'un filet d'eau toujours en vie, ne manquant jamais de tirer une petite photo. Comme toi il réapparaît par endroits grâce à quelque résurgence... Parce que l'eau de nos collines ne manque pas, parce qu'il cache un secret qui aurait même plu à Pagnol, notre dernier affluent. Un secret, que dis-je, des secrets, mais finalement je sais garder ma langue aussi, alors je me le garde aussi le dernier épisode... Des secrets comme dans le poème d’Émile Verhaeren riche d'une suite trop longue... ce qui arrangeait nos maîtres. A l'époque, la présence de Mélusine était trop belle pour être expliquée. Mais l'évocation nourrit l'imaginaire et cela n'a rien de frustrant de n'avoir rien su, alors, du mystère. Il faut un temps pour tout.
En attendant je sais que ton petit filet de voix vient de temps à autre embellir et mes écrits et mes pensées, renforçant le lien bienveillant et amical, un fil vrai d'une toile géante mais peu consistante, qui se dérobe, fuyante,  ... 
Ne m'en veux pas si je me trouve en te cherchant... ou si je me cherche en te trouvant... 
Bon anniversaire l'ami ! Bon anniversaire Émilien !    


mercredi 28 novembre 2018

LES ENVAHISSEURS / Fleury d'Aude en Languedoc.

David Vincent pour ceux qui se souviennent de ces séries made in USA d'une Amérique alors si belle et respectable : "... Pour lui, tout a commencé par une nuit sombre, le long d'une route solitaire de campagne, alors qu'il cherchait un raccourci que jamais il ne trouva..."

Juste une parenthèse, un coup de rétro pour nous replonger dans nos années 60...

Sinon, dans nos garrigues et partout où l'homme bat en retraite, sur ces laisses et terrasses abandonnées, l'envahisseur pénètre et occupe l'espace. On l'a d'autant plus favorisé qu'on le plaignait. Faut dire qu'il est un symbole fort des rives occidentales de la Méditerranée. Sans lui plus de cigalons, de cigales, et cette pénétrante senteur de résine, odeur de son pays, à inspirer à fond, les yeux fermés...

Il est là presque depuis toujours, après un pastoralisme qui a fait disparaître la forêt d'origine. Il est d'ici, bien méditerranéen, d'Espagne, d'Afrique du Nord... Pinus halepensis mais n'allez pas penser qu'il est syrien comme l'a laissé abusivement entendre le botaniste écossais à l'origine du nom. A Alep c'est un cousin, le Pinus Brutia, qui pousse surtout.

Piémont au levant de la Clape. En 2014, en bas de Moyau, le dernier des trois encore là dans les années 60. Au fond, l'étang de Pissevaches.
Chez nous, il s'approche de la mer, là où la Clape, à cause des apports de sédiments, interdite par le fleuve Aude, ne peut que rêver de calanques. Certains affirment qu'il s'accommode du vent marin, d'autres maintiennent que seuls les bourgeons à l'opposé ne sont pas brûlés par le sel. En attendant, avec le Cers qui jusqu'ici a toujours soufflé en maître, ses branches comme les bras des danseuses indiennes ne serpentent que dans le sens du vent.

Dans la descente de Saint-Pierre, Georges Chavardès tenait son agence immobilière "du Grand Pin". Chez Puisségur, deux grands arbres sur la terrasse de "l'Hôtel des Pins". Ils encadraient l'escalier, une entrée pour le bal du Fleury Olympique en bas... Aux filles, on payait le Cacolac...  

Les derniers pins de Périmont dominent encore les terres rapportées du camping et les sables salés.

En pinède, au bout de la Barre de Périmont (Saint-Pierre-la-Mer), comme il marquait les marges entre terres et marais, pionnier ou sentinelle, si beau par sa présence à l'occasion du pique-nique pascal !
Il s'est même ménagé des îlots de vie dans les sables de l’Étang de Pissevaches où le vert de ses bouquets dans les saladelles et les joncs reste du plus bel effet !

Partout on le trouve mais sans le voir vraiment, comme ces choses ordinaires dont on réalise qu'elles sont belles lorsqu'elles manquent. Le pin, souvent devant : chez Bourjade, la villa qui fait cabanon, chez Daudel l'épicier, au bout du boulevard, au bord de la vigne avec le puits de Villebrun, et au-delà, protégeant un quartier mignonnet de baraques sans prétention, de petites maisons aussi aux toits de tuiles... adulte, il m'a fallu la lumière, les couleurs de Cézanne pour que ce souvenir d'enfance endormie fermente à nouveau...     

Aux Cabanes-de-Fleury, en majesté, il régente le domaine de Saint-Louis, le château de Pesqui et encore "l'Hôtel des Pins" :

"... Nous avons bu un coup à l'Hôtel des Pins de Marie-José, fille de Marcellin et petite-fille de Gili qui piquait jadis dans les pins les lampes à acétylène, le soir, avant l'électricité dans le hameau..."
Caboujolette (2008) François Dedieu / La Mer p. 269.

Hôte de marque, il surligne les parcs ou jardins autour des campagnes, les domaines viticoles au bord de l'Aude, de l'intérieur ou du piémont de la Clape, l'allée de Boëde, Moyau, la Négly, Anglès, Mire-l’Étang...  

Sans lui, plus loin vers Gruissan, qu'en serait-il de la solennité des lieux, lorsque, depuis les hauteurs du cimetière marin des Auzils, le jade de ses houppiers sur le bleu-outremer du Golfe, et surtout un phrasé du vent dans ses aiguilles que des mots même mélodieux ne sauraient rendre, ajoutent au calme virtuel de cénotaphes en mémoire à ces marins victimes d'infortunes des mers, perdus à jamais dans les fureurs des flots et pourtant si présents ?

"... Déférence gardée envers Paul Valéry
Moi l'humble troubadour sur lui je renchéris
Le bon maître me le pardonne..." 
(Supplique pour être enterré sur la plage de Sète / Georges Brassens). 
Extraordinaires, les mains de Valéry parce que les pins du cimetière marin je les ai cherchés en vain...

Paul Valéry, depuis la montagne de Sète qu'on voit là-bas, en témoigne, son cimetière serait-il moins marin que la plage de Brassens. Même compliqué sinon hermétique, le poème du bon maître, "Le Cimetière marin" commence si bien avec un ciel, un soleil, la mer au fond par-dessus les pins !

"Ce toit tranquille, où marchent des colombes, 
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée !
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !.. " 

(à suivre)

samedi 26 mai 2018

QUELLES LIMITES POUR LES CORBIÈRES ? (fin) / Aude, Languedoc, Occitanie.

(Une carte des Corbières est proposée en première partie). 
 
Passée Carcassonne, suivant sa pente, l’Aude décrit un coude à quatre-vingt-dix degrés vers la Méditerranée (à suivre : « Poussée des infidèles dans la gouttière audoise). Le fleuve peut enfin contourner l’ultime bastion, la montagne d’Alaric (603 m.), aurait-il encore à composer avec un rapprochement aux portes du Minervois (entre Lézignan et Escales, 200 m.), puis les collines de Montredon (168 m.), de Moussan (130 m.) et finalement la Montagne de la Clape (214 m.), excroissance projetée des Corbières, responsable de la formation de son ancien delta...   
Aude Fontfroide Author Henri Sivonen

A l’Est, depuis Narbonne, les reliefs moins marqués des Corbières (massif de Fontfroide 293 m.) dominent une plaine littorale basse occupée par les étangs : de Bages & de Sigean, de Lapalme. Les voies de communication attestent d’un passage de plus en plus étroit au niveau de l’Étang de Leucate ou de Salses[1], en direction de Perpignan. Ici, même le rail qui jusque là a pu gagner au plus court à travers les lagunes, pour desservir Port-la-Nouvelle, rejoint la nationale et l’autoroute avant que le verrou du Pas de Salses n’ouvre le Roussillon.   

Aude Fitou Author BlueBreezeWiki

Aude Gorges_de_Galamus_2005-08-05 Source taken by the user
Au Sud, la longue échine calcaire d'un synclinal, souvent proche des mille mètres d'altitude prolonge la Forêt des Fanges avant de rejoindre les Corbières Maritimes, après une course vers l'Est sur plus de vingt kilomètres.

Après avoir évoqué les limites de ce quadrilatère étonnant pour son originalité multiforme, unifié dans une grande diversité physique, climatique, botanique, historique, humaine et économique, et si déjà une retenue certaine a empêché de trop en dire, peut-être par décence, par respect, pour l’enchantement que nous avons la chance et le loisir de ressentir, il est temps de s’enquérir des éclats offerts ou des trésors que cachent ces contrées ouvrant sur des mythes, des légendes et avant tout sur un passé fondateur ! 

Les Corbières ? Un nom, pour commencer, qui ne peut que donner l’envie d’explorer parce que ces rencontres là tiennent de l’aventure et du merveilleux ! 

Photos autorisées Wikimedia commons.  



[1] Deux noms pour un même étang… bisbilles et chipotages de famille en souvenir d’une frontière historique. 

vendredi 26 janvier 2018

OUVERTURE, ZÉNITUDE... / tourisme, cohabitation, indignation, contemplation...


 Mais n’est-ce pas la nature d’un village qui s’aime, pour le dire naïvement et sans prétention aucune, d’être en capacité d’aimer les autres ? Nous avons déjà exprimé cette ouverture aux autres en multipliant les références au voisinage, au département, à la région élargie jusqu’à sa dimension « Grand Sud », à tout ce qui fait de nous des Français solidaires, à commencer par la langue  et les épreuves subies, notamment les guerres. 

Fleury d’Aude, notre village avec ses défauts (sur ce point aussi il serait intéressant de comparer l’évolution des mentalités), accueille avec  une sympathie spontanée plus sincère et moins en façade que cette fausse amitié seulement autour du pastis que certains aigris venus d’ailleurs voudraient affirmer !  Qu’il soit dit pas trop fort mais haut que non seulement les tares dues à la consanguinité n'affectent pas une population issue de Ligures, d'Ibères, de Celtes, de Grecs, de Romains sans parler d'Hannibal remontant la côte et des Vandales dans l'autre sens et de migrations plus récentes, mais qu’en prime, en tant que station balnéaire, la fréquentation touristique nous vaut un supplément d’impôts de poids !.. Rien de négligeable même si le fiasco de la Bulle de Fleury, par la mégalomanie lamentable d’un appareil socialo d’État devant tout à François Mitterand, président de la République, nous ramena au bon vieux temps des taillables et corvéables à merci pour renflouer les millions engloutis « … payer cher le souvenir cuisant d’une gigantesque magouille » comme le confirmait, encore en 2013, le journal régional L’Indépendant.





Il faut dire que la vue, le paysage y sont pour beaucoup. Imaginez un ramasseur de tenilles[1] jusque dans les années 70 environ. Une bricole sur les reins, en reculant, il fait avancer son engin qui progresse en crabe (entre parenthèses le tenillier capture aussi des petits crabes de sable[2], de jeunes vives[3], des bernard-l’ermite, quelques rares escargots). Le mouvement est lent, régulier, accompagné de quelques mouvements verticaux sur le manche pour faire monter les coquilles et mieux faire passer l’épaisseur de sable ; une fois le coin trouvé, toujours un banc de sable qui donne à la mer un ton plus terreux, il laisse tout le loisir de penser, de rêvasser dans la contemplation d’un panorama unique sur une bonne part du Golfe du Lion. 



La Clape, le modeste massif mais qui surplombe Saint-Pierre-la-Mer empêche la vue vers le sillon audois et à droite, le Pic de Nore surnommé « le petit Ventoux[4] » au sommet ratiboisé par les souffles furieux qui font trembler l’antenne de télévision. En tirant vers le sud, le pêcheur à pied repense pourtant à Saint-Pons-de-Thomières pour les cageots de châtaignes et marrons devant La Ruche du Midi au village et aussi pour cette réserve de truites apprivoisées et grasses de tout ce que les gens lancent depuis les platanes du foirail…  Vers l’intérieur des terres, au-delà des collines aux moulins ruinés de nos voisins héraultais, se reconnait la belle dent du Caroux plantée dans les Monts de l’Espinouse : monts de granit, de bruyère, sinon de sapinières à cèpes. Sait-il que ce versant tourné vers la mer tombe vers le Jaur et l’Orb, pays de cerisiers et plus haut de châtaigniers chers à Jean-Claude Carrière[5].




[1] Telline en français, on dit aussi « haricot de mer ». En occitan tenilho ou tellino. La lame du tenillier (rateau ou drague à tenilles) allait jusqu’à 1 mètre. Seuls les professionnels (Camargue) ont aujourd’hui le droit de l’utiliser alors que pour les amateurs la dimension autorisée est de 20 cm et la taille minimale des tenilles est de 2,5 cm, diminution de la ressource oblige.
[2] Etrille élégante potumnus latipes
[3] Trachinus araneus, vive araignée d’une dizaine de centimètres en bordure de plage.
[4] Autre rapprochement avec le Ventoux, la vallée de l’Aude, l’Atax, « petit frère » du Rhône où s’engouffre le Cers, un vent aussi fort et emblématique que le Mistral…  
[5] Jean-Claude Carrière a raconté la vie entre les Avants-Monts et le Caroux dans « Le Vin Bourru » (2000). La vallée de l’Orb est aussi le pays de Michel Galabru (1922 – 2016). 


Photo Wikimedia Commons autorisée : le Jaur près d'Olargues, Author Christian Ferrer.