"L’entendez-vous, l’entendez-vous
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse
Et doucement dédie aux branches,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse..."
Le menu flot sur les cailloux ?
Il passe et court et glisse
Et doucement dédie aux branches,
Qui sur son cours se penchent,
Sa chanson lisse..."
Rebonjour l'ami.
Ah ! tu ne veux pas que je te dise pourquoi je t'ai dédié le début de ce si beau poème ? Tu es pris par tes recherches en généalogie... A chacun ses marottes... A moi les miennes. Alors je te le dis tout de go parce que ça m'est venu comme ça... C'est sûr... je ne suis pas seul dans ma tête...
D'abord le prénom de l'auteur, Émile, est-ce un hasard m'adressant à toi ?
Ensuite,
en bas de chez toi, parce que tu appartiens à la Pagèze, tu es de ce
refuge de paysans, la racine du nom en atteste, et que tu l'as payé de
ton sang, encore une fois cette année, les flots grossis et limoneux de
l'Aude, petit frère du Rhône et de l'Ebre, excusez du peu, mais rivière
de nos cœurs avant tout, tu sais que mon pseudo est "carabène", l'Aude
donc, me fait penser à toi, serait-ce a contrario.
Bien sûr que son flux
mugissant porteur de bois et de troncs flottés ce n'est pas toi. Et tu
es complètement étranger à la violence de ces radeaux poussés qui
ondoient de plus en plus fort jusqu'à se briser dans les vagues
furieuses de la mer. Même la télé d’État plus que publique l'a montrée hier soir aux infos ! Laisse-moi imaginer que la rivière te souhaite un anniversaire à sa façon :
ça gronde ça meugle, ça gueule, ça dégueule, en prime, une masse de déchets
sur la plage ! Ce ne peut être toi !
Alors quoi, pourquoi cette
inspiration ? Même s'il faut la prendre de la part d'un cabourd, d'un
inoucent ne contrôlant pas ce qui pétille, crépite ou explose même dins
lou cap, ça dépend du moment, tu n'es pas de ces braillards qui veulent à
tout prix s'imposer à la cantonade. Non, tu es un menu flot glissant
sur les herbes et les branches. Aujourd'hui parce que tu fais tes ans, tu es "Le Chant de l'Eau" d’Émile Verhaeren. Tu es ta petite voix qui comme toutes les vies nous dit la vie qui défile. La
tienne se décline depuis ton belvédère sur la plaine et les marais, sur
la rivière
qui part se mêler à la mer. Tu es un pays à moi. Et ta chanson lisse est
si précieuse pour un pays qui passe, qui s'efface, trop peu loquace...
Chut, que je l'entende sans plus faire un bruit, comme pour un froufrou
de mésange, un babil
d'hirondelle. Légère, sobre mais si pleine de sève à côté de ce rien
mortifère dont le vide galactique porterait l'écho. On dit que
l'internet rapproche, que le réseau serait social mais est-ce cela le
partage, au mieux juste un dixième de seconde pour un clic, un "j'aime"
sec, trop
vite dit pour être entier ? Personne, pas un, pas une pour demander la
fin du dernier affluent, tu sais, le ruisseau du Bouquet qui rejoint
l'Aude en bas du promontoire ultime de la Clape, ce balcon que tu
connais trop bien. C'est comme pour la traduction du poudaïré... Vivre à
cent à l'heure ce doit être synonyme de "s'en foutre". Et puis est-ce
vital de ne pas laisser le passé se mourir ? Maï que tabes m'en fouti
puisque j'écris pour me faire du bien et que c'est nécessaire à ma vie.
Je n'irai pas plus loin sur ces voies d'un plaisir solitaire que je
voudrais solidaire...
Oui,
tu n'es pas l'une, tu es l'autre. Jamais tari, tu es comme le
ruisseau du Bouquet. Ne m'oppose pas qu'il n'a plus d'eau parfois si la
sécade de l'été se prolonge. On le croirait mais je me suis souvent
arrêté sur le dos d'âne du dernier petit pont, en juillet et en août
justement, ravi d'un filet d'eau toujours en vie, ne manquant jamais de
tirer une petite photo. Comme toi il réapparaît par endroits grâce à
quelque résurgence... Parce que l'eau de nos collines ne manque pas, parce
qu'il cache un secret qui aurait même plu à Pagnol, notre dernier
affluent. Un secret, que dis-je, des secrets, mais finalement je sais
garder ma langue aussi, alors je me le garde aussi le dernier épisode...
Des secrets comme dans le poème d’Émile
Verhaeren riche d'une suite trop longue... ce qui arrangeait nos
maîtres. A l'époque, la présence de Mélusine était trop belle pour être
expliquée. Mais l'évocation nourrit l'imaginaire et cela n'a rien de
frustrant de n'avoir rien su, alors, du mystère. Il faut un temps pour
tout.
En
attendant je sais que ton petit filet de voix vient de temps à autre
embellir et mes écrits et mes pensées, renforçant le lien bienveillant
et amical, un fil vrai d'une toile géante mais peu consistante, qui se dérobe, fuyante, ...
Ne m'en veux pas si je me trouve en te cherchant... ou si je me cherche en te trouvant...
Bon anniversaire l'ami ! Bon anniversaire Émilien !
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