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samedi 6 novembre 2021

Gruissan, la fête de la Saint-Pierre (1)

 La pêche, concernant notre canton, (notre canton d'avant devrais-je dire car depuis, Narbonne a phagocyté Gruissan), se pratiquait aux Cabanes-de-Fleury et à Gruissan, en mer, le long du fleuve ou dans les étangs *. 

Dans l'émission Thalassa, les pêcheurs installent (septembre), un barrage destiné à empêcher les poissons de repartir en mer, réparti en autant de postes qu'il y a d'inscrits maritimes. Ces postes, délimités par des roseaux, sont tirés au sort lors d'une réunion officielle, bien que bon enfant, à la prud'homie. La même procédure est décrite dans le numéro 24 de la revue Folklore qui fait état, en dépit du droit garant de justice, de nombreuses disputes et altercations entre pêcheurs allant jusqu'à des batailles navales, le nombre et la concurrence expliquant certainement cela. A contrario, le fait de se trouver aujourd'hui bien moins nombreux, explique qu'ils soient  solidaires et soucieux de maintenir la prud'homie en tant que cadre juridique à leur profession ainsi que les traditions qui lient historiquement leur corporation, la fête des pêcheurs, le 29 juin, pour la Saint-Pierre, en témoigne. 

La cérémonie est organisée par la prud'homie des pêcheurs. La veille le buste de Saint-Pierre est visible au tribunal.
Le jour de la fête commence avec les discours dont celui du premier juge.
Ensuite, Saint-Pierre, ancienne figure de proue repêchée en mer, est emmené en procession jusqu'à l'église. Il porte une couronne et tient les clés du paradis dans une main, un bouquet dans l'autre. Sa cape de velours est payée et renouvelée par une femme de patron. 

La population suit, en cortège. 

Les photos sont issues de captures du film Thalassa diffusé par France3. 

* source  : revue Folklore, n° 24, oct. 1941, très intéressant pour ce qu'il nous apprend des Cabanes-de-Fleury (signé Bourjade). Entre parenthèses y figure une dénomination des vents à l'époque :

"... Nord-Ouest et que l'on confond avec le Cers.
Mari ou levant, levantol, vent d'Est qui souffle de la mer.
Tramountano, vent du Nord-Ouest.
Vent d'Espanho, vent du Sud.
Grec, gregau ou grégali, vent du Nord-Est.
Lebech, vent du Sud-Ouest.
Eissiroc ou issalop, vent du Sud-Est.
Garbi, vent du Sud-Sud-Ouest..." 

et les graphiques de l'Aéronautique Maritime parlent, à propos de l’Étang de Bages et de Sigean , "de 200 jours de Mistral ou vent d'ouest pour 85 jours de vent marin. Les grands vents de Mistral sévissent toute l'année, quelquefois 30 où 40 jours sans discontinuer avec courtes accalmies. Les périodes de grand vent marin ont une durée bien moindre : 8 à 10 jours environ. » (SIRE). (de quoi nous donner à comparer avec aujourd'hui). 
 
Certains postes peuvent rapporter 1000 francs de 1941, ce qui correspond à 30.341 € de 2006, soit 35.571 € de 2020... 17 % d'inflation quand même mais là je suis hors sujet...

mercredi 15 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (fin) / Virée en terre pas si inconnue.

 Une pinède, un site propice au défoulement des toutous, à la promenade, voire aux rendez-vous... Comme partout la colline devait être plus dénudée du temps des moutons, du temps de la masure en ruine jadis maison pour au moins un feu. Photos. Des murs plus ou moins éboulés, un clapas, des ceps anémiés sur les premiers rangs, à l'ombre et en concurrence avec des racines aussi voraces que crève-la-faim. Photos. Et ce figuier tel un banian qui accroche ses griffes dans le mur, à un bon mètre du sol... Les hommes ne sont plus... les figuiers sont immortels, dit-on... Bien sûr que cela la vaut la photo et plutôt deux qu'une ! 

Et là, parce que le soleil est moins fort et que je fais l'effort de lire même sans lunettes ce que l'écran se tue à dire depuis le début, depuis que j'ai changé les piles : "Pas de carte mémoire" !! A en tomber des nues : tout ce plaisir foutu en l'air, pire, le plaisir appliqué des vues qui voudraient fixer la beauté ondoyante inconsciemment ressentie. J'en reste abasourdi. La dernière fois, en 2017, par distraction coupable, les plus beaux amandiers en fleur des coteaux s'effacèrent de l'ordinateur, des amandiers paradoxalement si présents dans ma mémoire... Là, stupide, médusé, groggy, fragilisé comme quand une fille me trahissait, j'en ai perdu le chapeau sans m'en apercevoir. Refaire le tour, le reprendre dans l'autre sens... ah non ! ça suffit avec les photos ! Reprendre alors qu'il faut rentrer ; revoir enfin, à deux pas mais si bien camouflé, le chapeau dans les tons verts de la garrigue ! Mais l'amer de la trahison demeure...

Gruissan wikimedia commons Author Alex10081998
 

Gruissan, le vieux village et sa tour au bout de l'étang, sous la douce lumière du jour qui descend... encore une photo à faire. Devant moi deux vélos, de front, qui descendent aussi des pins de Saint-Martin ; un couple, la soixantaine. Ils ne m'entendent pas arriver. J'hésite à tintinnabuler de la sonnette quand il dit :

"On y va au petit coin tranquille ? Et la dame de répondre :
- On a le temps, tu crois ?"
 
Et moi de freiner en douceur, en longueur, de mettre pied à terre pour les laisser prendre de l'avance, de boire au bidon pour les laisser à leur intimité, en me disant qu'ils ont bien raison... 
 
Gruissan, le vieux village et sa tour qui écrase le clocher. Au plus court, par les petites rues. 
 
Gruissan plage des chalets wikimedia commons Author Ptitgonevx

Cette fois-là, les copines des chalets m'avaient indiqué la piste de sable pour éviter le détour par la digue. De les quitter, je n'avais plus pour compagnie que la chanson de Fugain "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà". Et comme à dix-sept ans, les pieds pédalent alors que la tête rêve encore d'elles, mais d'un rêve lesté de nostalgie (voir article précédent)... Que sont-elles devenues ? C'est si difficile de retrouver des filles qui ont sûrement dû laisser tomber leur nom pour celui du mari... L'Espagne, un pays machiste dit-on... sauf que tous, sans ségrégation de genre, y gardent leurs deux noms de naissance... Alors ? La France ?  
 
PS : pour les photos, il faudra revenir... y revenir...  

mardi 14 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (3) / Virée en terre moins connue.

 Pour arriver à Gruissan, la piste cyclable emprunte le tracé de l'ancienne route et longe l'étang... un pointu sur le miroir de l'eau, la tour Barberousse sur la presqu'île, le village qui "s'enroule autour comme un gros chat fatigué" (1), à l'arrière plan, les pins de Saint-Martin, une entrée magique tant pour les peintres que les photographes... 1968, j'ai promis aux camarades de classe de passer les voir ; ça n'a pas traîné en ce début d'été ; avec la motivation, je n'ai jamais l'impression de devoir forcer sur mon routier bleu. Quand ce n'est pas l'allant pour l'aventure, l'instinct pousserait aux aventures, cela devient sérieux quand on a dix-sept ans... pousser sur les pédales, je n'y pense même pas. "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà": je n'ai retenu que des brins de la chanson qui revient en boucle, celle avec les mots qui confortent ma psychologie du moment (2). Aussi, que la cave coopérative soit ou non sur ma gauche, je n'ai en tête que la digue donnant sur le village de chalets... 

Photos de l'étang avec ce pêcheur au lancer qui profite du flux entrant depuis le port. Photos de la tour en perspective depuis les rues et ruelles qui rayonnent. Sur cette rocade avec les véhicules à part, rayonnants aussi les gens aux petits ou gros chiens, les familles à pied ou à vélo sans la multitude de la pleine saison, avec un soleil plus convivial. 

Photos des salins et de la montagne de sel, la camelle. De nombreux visiteurs encore.

Photos de l'Ayrolle sans la bonne odeur iodée des posidonies que les locaux appréciaient jusque pour les matelas des petits... L'étang est-il, après les calanques de Marseille notamment, envahi par ces autres algues brunes, trop vivantes elles, arrivées du Japon avec les naissains d'huîtres du bassin de Thau (3) ?

Photos des cabanes de pêcheurs et de la cale avec les barques, les pieux et partègues ; les ganguis (4) et autres filets des petits métiers de l'étang. Justement un pêcheur, son placide korthal aux basques (il doit se faire vieux le pauvre), charge sa barque . 

"Pardon monsieur, est-ce que, par derrière, on peut rejoindre la route de l'Evêque ? 
- Et non il vous faut revenir jusqu'à l'embranchement... Oh ! mais vous êtes à vélo, alors suivez le canal, la route est au bout !" 
Oh qu'elles ont du chien, ces vieilles baraques, plus ou moins délabrées et pétassées ! Photos !
 
Un bon raccourci. L'Evêque ? Un domaine agricole au bout de l'île Saint-Martin. Un château peut-être... Son propriétaire est connu, Pierre Richard, parfois présent pour vendre son vin. Petite route bien fréquentée. Des tamaris, un salar blanchi par trop de soleil, contigu à l'étang. Photos. Mais vite des vignes, un cabanon ancestral, un grand parking (la célébrité sans doute). Des piétons dont un qui me demande si le bidon du vélo c'est pour du vin ! 
Oh, une deux-chevaux qui manœuvre et ronronne ! Photos ! 
La propriété de Richard ? une campagne, jolie, cachée par des ramures et les lauriers roses, pas prétentieuse. Modique, succinct, un portail bas de douelles de tonneau trop espacées. Photos ! 

Retour par l'intérieur de l'île. Depuis un site archéologique sans doute romain, une belle vue sur l'étang, Sainte Lucie et la voie ferrée sur la digue à droite ; au fond, les reliefs industriels de Port-la-Nouvelle. Photos !
Une combe, des crêtes blanches de calcaire, des pins plus nombreux, des vignes aujourd'hui sous perfusion, malgré cela et bien qu'un peu à l'écart du bleu de la mer, la palette rassurante de la garrigue audoise. Photos ! 
 
à suivre...  

(1) in "La Vigne de Jean" de Jean-Pierre Grotti, un écrivain romancier qui sait si bien parler du pays ! 

(2) de Michel Fugain (1967). 

(3) voir à ce propos la série d'articles (2014) sur les clovisses et palourdes : 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.co/search?q=clovisses+palourdes 

(4) partègue : pieu planté dans la vase pour maintenir les filets en place ou la gaffe pour déplacer le pointu. 
gangui : filet à poches. 

PS : pour les photos personnelles il faudra revenir, elles sont indisponibles pour le moment... 

Gruissan wikimedia commons Author Raphael Frey

Gruissan-Étang_de_Gruissan_2010 wikimedia commons Author Wikinade

Gruissan_Village wikimedia commons Author Fabian Beck

Gruissan les salins wikimedia commons Author Herpoel

Gruissan Île_Saint-Martin wikimedia commons Author Christian Ferrer



lundi 13 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (2) / Virée en terre plus ou moins connue.

Insolite : à l'entrée des bassins, malgré l'heure espagnole, du monde dans les restaurants. Une belle plage toujours aussi large sinon plus alors qu'elle disparaît aux Cabanes-de-Fleury... Les digues incurvées de l'embouchure de l'Aude seraient-elles en cause ? La fréquentation se fait tranquille au centre de la station... Auparavant, alors, au port, peut-être des pêcheurs et plaisanciers bouclant leurs sorties sans se soucier de l'heure légale et attablés encore ? Au bout d'un front de mer étiré (2.5 km env.) un parking terreux mais vaste avec une bordure pour privilégiés, les places sous l'ombre relative de tamaris plantés et prospérant dans ce but. Sinon, il y a même un fourgon de ces catégories, commerciale ou habitable, de véhicules honnis et rejetés par les municipalités qui multiplient illégalement, à l'entrée des parcs, les barrières limitant la hauteur... Ici, au bout de Narbonne-Plage, si la demi-barrière est ouverte, que se passera-t-il pour le fourgon, s'ils la referment ? Dire que c'est à Menton, en 1999, que j'ai vu fleurir, drôle de citronnier, le panneau interdisant le stationnement des campings-cars... Comment ne pas être solidaire des gens du voyage ? 
 

La piste, elle même bordée de lauriers roses et plus étonnant, d'arbousiers dont un au moins porte des fruits, suit la route. A bâbord, un large no man's land d'oyats et de joncs s'étend jusqu'au sable d'une plage qui accueillit les campeurs priés de plier à Saint-Pierre (1) pour une saison encore (début des années 70). En ce temps-là, depuis Narbonne-Plage, Gruissan n'était accessible que par la "route bleue" pourtant à peine plus large qu'un chemin vicinal, débutant étrangement au pied de "La femme morte", bordée des vestiges de blockhaus et casemates des occupants allemands et joignant ces domaines viticoles que nous appelons "campagnes", si bien exposés aux entrées maritimes comme Petite et Grande Rouquette, Pech-Rouge (INRA actuellement) et d'autres au-delà. A présent c'est la piste cyclable si bien adaptée aux promeneurs et amateurs qui néanmoins doivent anticiper le dépassement brutal des champions de la pédale. Les campings se succèdent autour de l'étang des Ayguades où un téleski aquatique n'a pas fait l'unanimité. Encore si le secteur de l’étang de Mateille reste préservé... sauf que la construction d'un écoquartier y est envisagée... Inutile d'employer un vocabulaire aguichant : il s'agit de construire un lotissement dans un secteur encore naturel ! Après les emplâtres de résidences de riches à Capitoul qui défigurent la Clape, ne servirait-il à rien de se targuer d'abriter un prétendu plus vaste espace naturel du Languedoc-Roussillon, classé par décret ?   

Pourtant, autour de l'étang de Mateille, le paysage rappelle ce que fut la côte avant les grands bouleversements, liés au plan Racine, de ce qui était appelé à devenir une "Nouvelle Floride" (1963). Et pas très loin à l'opposé, en haut du cimetière marin, la perle ocre de la Chapelle des Auzils rehaussée par le vert des pinèdes de la Clape, encore tendre, en totale contradiction avec la longue sécheresse actuelle (2). Au pied des garrigues, toujours la Route Bleue avec les "campagnes" de Tintaine (3) et du Bouis et, suite à l'évocation de L'Œil-Doux et après les "Yeux" des Exals, un mystérieux Œil-de-Pal indiquant une source ou un puits (4).  

Entrée de Gruissan : installation immédiate des piles achetées... Il m'est désormais possible de faire des photos !   

(1) Certains se réfugièrent aux Cabanes pour deux ou trois ans encore de camping "sauvage". 

(2) Début juillet, aux abords de la route Narbonne-Narbonne-Plage, la maîtrise d'un incendie sur des centaines d'hectares a nécessité d'importants moyens tant terrestres qu'aériens. 

(3)  TINTAINE, f. , c" de Gruissan. — Quintayne ou Saint-Félix, 1771 (comp. , p. i38). — Quintaine, 1781. (Dictionnaire topographique de l'Aude / Abbé Sabarthès). 

(4) Encore grâce à la participation du site ami "Ma Clape" : "Œil de Pal : exutoire, ouverture d'une résurgence, d'un puits, marais. Littéralement source du marais."
http://www.maclape.com/rubriques/fermes/filteringgruissan.html 
La carte de 1950 dit que ce sont des puits. 





jeudi 3 décembre 2020

OISEAUX GIGOGNES (fin) / Fleury d'Aude en Languedoc.

 

Tadorna_tadorna tadorne de Belon wikimedia commons Author Ludovic Hirlimann. 


A la Cosse Mijane (entre Les Cabanes et la Grande-Cosse), ce sont 3 cygnes tuberculés et 86 tadornes de Belon qui ont été comptés... Ah le tadorne de Belon ! du nom de ce zoologiste de la Renaissance à ne pas confondre avec le Belon, fleuve côtier breton des rares huîtres plates (on en trouvait à L'Ayrolle, des plates, dans les années 70 avant qu'elles ne disparaissent mais c'est une autre histoire...) donc, le tadorne, anatidé entre le canard et l'oie qui pond et couve dans un terrier... Ah mon cousin Jacky tragiquement décédé, cela fera quatorze ans en janvier avec parrain (son père Norbert) et l'oncle Noé, étaient en admiration devant un exemplaire empaillé trônant dans leur maison rustique au bord des vignes ! En quel honneur ? De sa beauté sûrement... J'en reste d'autant plus perplexe en apprenant que l'espèce est protégée en France depuis 1962 et que sa chair n'est pas terrible.

Sinon, des oies ou des grues qui passent pour dire aux humains de souche que l'hiver est là ? 

Vol_de_Grues_cendrées au dessus du Comminges wikimedia commons Author Patrice Bon. Ah ! Nadau, chanteur occitan de par là-bas, qui parle des grues mais au printemps "... Qu'enteni las gruas qui se'n vanFrança,. Que cau jetar lo blat a l'esperança..." (Que j'entends les grues qui vont vers la France. Qu'il faut jeter le blé à l'espérance...) 

 
Danse des grues wikimedia commons Author Frebeck

Le 29 novembre, la Ligue de Protection des Oiseaux signale 91 grues cendrées à Sérignan, 79 toujours à Sérignan (domaine de Sainte-Denise), 81 à l'ancienne douane de Gruissan, 80 à la Réserve Africaine de Sigean, 13 à la station de Gruissan-Tournebelle, 42 au Périé (Peyriac-de-Mer), 7 au domaine de Java (Bages)... sûrement les mêmes qui se déplacent et s'éparpillent, et qu'il ne faut pas additionner...   

Des cigognes, des foulques macroules en quantité (225 le 29 novembre à l’étang de Campignol [Gruissan]) et quelques verdiers de ci de là, qui me consolent de ceux perdus de l'avenue de Salles... Mais pas une oie mentionnée... 

Voilà pour les deux volets de mon article à tiroirs, tirant des bords entre le passé, le présent, ce qui est mort, ce qui est vivant, d'autant plus qu'après Joan de Nadau, heureusement bien vivant, je poursuis avec Anne Sylvestre, la chanteuse qui vient de nous quitter, moins pour ses quelques rimes sur les oiseaux migrateurs que pour son duo (coquin pour l'époque) avec Bobby Lapointe " Depuis l'temps que j'l'attends mon prince charmant."

"Les migrateurs 
Les grands voyageurs 
Ils savent toujours quand c'est l'heure 
D'aller retrouver la chaleur 
Une boussole dans le cœur..."

 https://www.youtube.com/watch?v=biekqTyy9uU 

Des tiroirs gigognes qui me voient finir avec un loto des oiseaux qui, en plus d'avoir contribué à m'ouvrir des portes de la vie magique, me rappelle le temps si vivant du ruisseau du Bouquet...  


Photo empruntée à pinterest... Chut, ne me dénoncez pas... "Je vous paierai... foi d'animal..." dès que je retrouverai le mien...
 

Ah ! les lotos qui marquaient les fêtes de fin d'année et l'hiver au village... 

Pour ceux qui s'intéressent aux oiseaux qui passent :

https://www.faune-lr.org/index.php?m_id=4&p_c=1&p_cc=-1&sp_tg=1&sp_DateSynth=03.12.2020&sp_DChoice=offset&sp_DOffset=2&sp_SChoice=category&sp_Cat[never]=1&sp_Cat[veryrare]=1&sp_Cat[rare]=1&sp_Cat[unusual]=1&sp_Cat[escaped]=1&sp_Cat[common]=1&sp_Cat[verycommon]=1&sp_cC=-v&sp_FChoice=list&sp_FGraphFormat=auto&sp_FMapFormat=none&sp_FDisplay=DATE_PLACE_SPECIES&sp_FOrder=ALPHA&sp_FOrderListSpecies=ALPHA&sp_FListSpeciesChoice=DATA&sp_FOrderSynth=ALPHA&sp_FGraphChoice=DATA&sp_DFormat=DESC&sp_FAltScale=250&sp_FAltChoice=DATA&sp_FExportFormat=XLS

 


vendredi 28 juin 2019

LA DERNIERE CLASSE (fin) / Après Marti et La Sauze, Chico sur les touristes.


« … Peaux-rouges, bougnouls du midi… » contre les gens qui parlent occitan. Je suis pour apporter la langue française, pour qu’on parle l’anglais couramment, mais je suis pour qu’on n’emmerde pas les occitans et qu’on leur donne les moyens de parler leur langue […] le déclin des langues est lié à la volonté de l’Etat ! […] Le Midi désindustrialisé, l’agriculture mécanisée ont amené les sudistes à monter à Paris : on les a appelés les bougnats, surtout serveurs et qui se tachaient parfois « as fait una bougnetta » (tu t’es taché). A partir de 1962 arriveron lous pieds-noirs et los harkis, aqui vengueron lous bognols. Du bohémien « Boemian » au bougnat, on est passés au « bognol » (… arrivèrent les Pieds-noirs et les harkis, de là les bougnouls).

[…] Après Marti, La Sauze. A la première festejada en 1989, on avait pris La Sauze. On était 400 personnes au ramonétage. Il a fait les beaux jours du restaurant de Barbier « Lou cabanaire ». Un peu provocateur il chantait ce qu’il ne chante plus « Torista, torista, daissa ta femna, ton argent, E tu vai te’n » (touriste, lisse ta femme et ton argent et toi va-t-en). Et les touristes d’applaudir. […] 



« Onte campavi ièr, Uèi i a un buldozèr » (là où je campais aujourd’hui il ya un bulldozer). C’était en hommage à Chalandon. Chalandon, ministre de l’environnement avait défini une nouvelle délimitation du domaine public maritime jusque là limité par les lais et relais de la mer. Le jeu consistait à l’arrêter. Chalandon a décidé que ce serait une bande de 60 mètres par rapport au niveau moyen des eaux. Suite aux protestations la limite est passée à 100 mètres. Les promoteurs ont endigué et ont bâti.

« … E ieu, paure Occitan, Lo pauc que me demora Es lo magre eslogan : « Dorifor(e) defora! »
(Et moi pauvre Occitan, le peu qui me reste est ce maigre slogan (Doriphore dehors ! »)



Le dernier texte est sur les Dromadaires de Gruissan. Or ils tiennent encore, c’est un peu comme quand on a construit les résidences de Saint-Pierre, les gens ont dit dins vingt ans tot aco se va ruina (dans vingt ans, ça va être en ruine)
[…] Il y avait l’entreprise de Vilmain, il jouait le rôle de l’ANPE. Los que pudion anar a l’escolo et los autris a la vigno ou a la maçonnarie. Lou paire arrivavo :
« Lou drole a quatorze ans, n’en farei pas un ministro, me lo prendrios pas, apprendrio lo mestier… (Mon garçon a quatorze ans, je n’en ferai pas un ministre, tu me le prendrais pas comme manœuvre ?)
- Es valent, (il est vaillant) dit Wilmain
- Oh per esse valent, l’es, aprei un pou cabourt mè valent o ! (Pour être vaillant, après un peu foufou mais vaillant oui).
- I diras que vengue me veire dema. Lou drole arrivavo. (Dis-lui de venir et le garçon arrivait)
- Voles faire lou maço ? […] Per faire maço te cal saupre las mathematicos (Tu veux être maçon, il faut savoir les mathématiques).
- Ero pas la causo qu’aimavi lo mai… (ce n’était pas ma matière préférée)
- Saves comptar au mens ? Compta per veire ! (tu sais compter au moins ? Compte pour voir !).
- Un, dos… (Un, deux…)
- Ba pla, arresto, dema dos palos de sable et uno de gravier, commences lo mestier ! (ça va, arrête, demain deux pelles de sable et une de gravier, tu commences).  
   Bastigueron ame de gaffets.

[…] “Lo dromadari al país, (les dromadaires au pays)
Plan car lo vos caldria pagar. (faudrait bien vous les faire payer)
Crompatz un ase a Paris (Achetez un âne à Paris)
E nos fagatz pas pus cagar.” (et ne venez plus nous faire caguer)

Lo temps uèi es fadorla (le temps est fou, fadorla diminutif de fada).
Fa un vent a desbanar lous bious. Es pas una conariè. Lous bious los castron per los faire travaillar sinon penson a las vacas. (Il fait un vent à écorner les bœufs. Ce n’est pas une bêtise. Les bœufs on les castre pour les faire travailler sinon ils ne pensent qu’aux vaches). Quand son castrats de cops gardon de reflexos d’avant, baillon de cops de banas (Quand ils sont châtrés, ils gardent des réflexes d’avant et donnent des coups de cornes). I coupon tabe las banas e calio causir un jorn ame un vent fort per que se cicatrise mai vite (on leur coupe les cornes et il fallait choisir un jour de grand vent pour une cicatrisation plus rapide).

Le tourisme est quand même la seconde ressource de la commune. Ces chansons vous ne les entendrez plus sur les plages, heureusement. Néanmoins ce sont beaucoup d’emplois précaires et faire l’année avec ce qu’on a gagné pendant deux mois c’est très compliqué. On a le sens du partage, du vivre ensemble mais plutôt que le tourisme de masse il faut espérer que se développera un tourisme plus intelligent sur les ailes de saison de mars à juin puis jusqu’à Toussaint, dans un premier temps et après toute l’année, un tourisme plus respectueux, plus facile à gérer (embouteillages, pas de place pour se garer). On y a échappé quand même « una padenada de tenilhas ame d’al, de jauvert, de sauço blanco, una cassola de cagaraulos (1) ame d’oli e de vinagre, valon toutis los restaurants haut de gamme. Anar partajar lo repas e si voletz redoblar podetz tornar l’an que vèn ! (Une belle poêle de tellines avec de l’ail, du persil, une sauce blanche, une cassole de petits escargots avec de l’huile et du vinaigre valent tous les restos haut de gamme. On va partager le repas et si vous souhaitez redoubler, revenez l’an prochain !). 



(1) Cagaraulos, cagarauletos (Theba Pisana), ces petits escargots en grappes sur les tiges de fenouil ou les piquets de fer. Cuits au court-bouillon ils se décoquillent (j’espère que ça se dise) avec une épingle à nourrice. Quand il y en a une belle « brochette », comme pour l’artichaut, trempez dans l’huile vinaigrée et assaisonnée… Attention qu’à une certaine période ils sont réputés faire la pierre… (Jèu).

Note : Vilmain Rouquette, le maçon respectueux des mathématiques, qui a aussi aimé les jeunes en lançant le judo à Fleury (avant 1960) était surnommé "Cagarau", comme son père, sauf erreur de ma part (Jèu).   

à écouter : 
https://www.youtube.com/watch?v=d1hsUUz_DkQ 
et pour l'émotion :
https://www.youtube.com/watch?v=hXC-GOwKuS4


lundi 3 avril 2017

ODE AU-DELÀ DU DELTA... (2) / Aude au delta caché









photos : 1, 2, 3. canaux anti-débarquement de la deuxième Guerre Mondiale. 
4 & 5. Étang de Pissevaches (Fleury d'Aude). 
6, 7 & 8. Flore des dunes. 

L’Atax (1) des Romains ne se vante jamais d’avoir enfanté, à force de sédiments, ces terres basses depuis Capestang jusqu’aux Cabanes-de-Fleury en passant par Salles, Fleury, Lespignan et Vendres, sans oublier au sud la plaine narbonnaise ainsi que les atterrissements autour de Gruissan et au-delà des îles Saint-Martin, Sainte-Lucie, par ce bras abandonné, devenu Canal de la Robine, jusqu’au débouché de Port-la-Nouvelle.

Marges floues aux calmes vénéneux que seuls des vents fous peuvent balayer. Platitudes qui transportent vers un horizon incertain, aux confins de la vie, de la mort, vers un éternel recommencement. Va-et-vient fougueux ou paisibles, féminité au goût de sel d’une mer qui monte, virilité doucereuse d’un fleuve qui pénètre. Vents tempétueux, flots impétueux que le ventre chaud de la mer attire. Le mourir du désir, d’étreintes impérieuses mais si vulnérables. Le mourir des desperados. La mort plutôt que l'inconsolable. Les fantômes tragiques de Mirèio ou Magali et cette Lydie au prénom grec, mirage de quelques rencontres au milieu des saladelles...

Le delta, potentialité d’un au-delà, indéfinissable et pourtant palpable, plus tangible et positive que la négation de « La possibilité d’une île »... « Le bonheur n'était pas un horizon possible » (Michel  Houellebecq / Fayard / 2005). Le delta fera toujours rêver... Un domaine ne portait-il pas ce surnom de « Californie » ? Un autre ne se qualifie-t-il pas comme étant celui « Du bout du monde » ?

Sous les trains de nuages qui se poursuivent, un poète si frais et pourtant trop lucide pour son âge n’a pas tant bavardé pour l’exprimer :

«... Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, ~ heureux comme avec une femme. »
Arthur Rimbaud / Poésies / Sensations / mars 1870 (plus près de ses quinze encore que de ses seize ans !)     

(1) « Atacos, Atax, Attagus ». "Atacos" peut-être pour « très rapide, fougueux » aurait aussi donné le nom du peuple des Atacini. http://www.arbre-celtique.com/encyclopedie/atax-atacos-aude-808.htm