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vendredi 26 avril 2024

Le PILLAGE systématique des MERS (1)

EST-CE AINSI que l'espèce humaine doit vivre ?

Difficile, en préambule, puisqu'une évolution sociétale exige l'effacement de toute supériorité mâle, de tout machisme jusque dans la façon de s'exprimer, de désigner les êtres humains en risquant un masculin pluriel, alors que je ne vois pas en quoi un féminin comme dans « espèce humaine » serait susceptible d'écorcher des lèvres d'homme... Il y a peu, un correspondant facebook nous a informés et alertés sur un monstrueux chalutier de fond, le second de la même compagnie, encore pour saccager le peu qui reste de vie marine (Et c'est l'Europe donneuse d'exemple qui promeut ce genre d'initiative mortelle...) 

https://www.facebook.com/groups/276599406605583/permalink/1464545054477673/ 

Sensible à ce destin funeste tout tracé, outre un raccourci de quelques réactions (1), ci-joint, le même point de vue mais plus étoffé et centré sur “ notre ” Golfe du Lion. 
Valras : « ...À Valras, la seiche en sauce (oignons, pommes-de-terre, olives noires, concentré de tomates, épices, ail) se prépare traditionnellement dans une « pignate », une cocotte en fonte (en Italie, la pignatta est une cassole ou cassolette en terre cuite)... si la matière dénote un mieux-vivre, au moins, le nom est resté. ... » « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1. (projet). 

Étang de l'Ayrolle, effet de nuit, 1978. 

L'Ayrolle : « ... Je pense à tonton Vincent, qui, pour le plaisir, à la Vieille Nouvelle, pêchait des palourdes à la boîte (un cadre avec une vitre pour voir clairement le fond) dans moins de 50 cm d’eau. Il l’a fait jusque vers 1980... Reste-t-il quelque chose ? La pêche de loisir peut-elle toujours s’y pratiquer ou est-elle réservée aux seuls professionnels ? Nos chiffres disaient qu’en 2006, les palourdes rapportaient encore... Qu’en est-il aujourd’hui ? Me serait-il possible d’y aller faire remonter quelques couteaux au gros sel, tout comme j’essaie de pêcher quelques tenilles, en souvenir ? Qu’on ne me dise pas... rien n’est plus comme avant mais s’il faut tout prendre dans le progrès, franchement, on se passerait de ses aspects si néfastes... ». « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1. (projet). 

Velella_on_beach 2004 Creative Commons Attribution 2.0 Generic license Author Dan from UK Espèce de méduse affectant la Méditerranée Occidentale. C'est sûr qu'avec un président échangiste (je parle de commerce international) sacrifiant dangereusement la production intérieure, le fond du crétinisme n'est pas encore atteint... Oui au septennat unique ! 

« Et si c’était tout ! Hélas, comme bien des saloperies apportées « involontairement » (tu parles qu’est-ce qu’ils ne feraient pas pour du fric ! Vive le commerce mondialisé !), il y a une petite cousine des méduses qui prolifère dans l’eau salée et même le milieu saumâtre de nos étangs et lagunes. Si elle n’est pas urticante, l’espèce, originaire de l’Atlantique étasunien et mexicain est arrivée dans le ballast  des pétroliers vers 1980. Mais alors une vraie bouillie ! 
De 5 ou 6 centimètres, cette hermaphrodite auto-féconde gloutonne pond jusqu’à 10.000 œufs par jour et devient adulte en moins de deux semaines ! Et elle n’a pas de prédateur ! Cette bébête se gave de plancton. Résultat, les poissons meurent de faim, les filets où les rares anguilles s’étouffent, se déchirent... et leur densité gélatineuse ne donne pas envie de se baigner !

Et ce n’est pas fini ! Avez-vous entendu parler du crabe bleu, lui aussi délesté des bateaux. Une bestiole qui bouffe tout, costaude en plus, capable d’ouvrir les huîtres mi-adultes, qui peut atteindre plus de vingt centimètres, aux pinces aptes à couper les filets et même un doigt, tant elles sont longues au point d’empêcher de le saisir par l’arrière. Petite consolation : sa chair est excellente... mais quand il aura tout dévasté que restera-t-il d’autre dans nos étangs ?.. » « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1 (projet).  

« ...est-ce que le fric ça se mange ?..

Rendez-vous compte que les maquereaux qui approchaient les côtes par bancs et que pêcheurs et mareyeurs avaient du mal à écouler tout au long d’une ribambelle de villages à l’intérieur des terres, doivent mesurer 18 cm pour être pêchés, un coin de la nageoire caudale découpée sous peine de contravention : taille minimale aussi pour les anchois, les sardines, ces poissons bleus qui apportaient un complément de nourriture exceptionnel ainsi que le thon rouge, assez fréquent dans nos assiettes alors... 2,5 cm aussi pour la tenille (2) (telline, haricot de mer suivant l’endroit ; les grosses de 4 cm étant rares, celles de 5 exceptionnelles, du moins, au bord, pour une pêche de loisir tranquille, basique, sans combinaison et pourtant si abondante jusque dans les années 70, sans restriction ni limite)... Aujourd’hui,  une grosse poignée suffirait, manière de marquer la saison, de ne pas oublier le goût unique de ce bivalve familier, et tous les souvenirs qui vont avec... Mirage... » « Un Languedoc Fleur d'Amandier », Hiver, SUD, C'EST ÇA, tome 1. (projet)

(1) Il y a des années, la colère d'un de Marseille, parce que la pêche au thon était interdite alors qu'il venait d'investir des millions, m'avait horrifié. Planète Pognon, je te hais ! Et les petits ne sont pas en reste... la débrouille, le pas-vu-pas-pris semblent la règle chez les “ petits métiers ” par exemple, au petit matin, en plein été, à quelques brasses du bord à St-Pierre-la-Mer... « Qui vole un jol vole un thon... » 

(2) À Mèze, à la vente, il m’a semblé que bien des coquilles n’étaient pas à la maille...à moins que mon estimation ne soit à la hauteur du problème... 
2023 : la pêche des tenilles serait complètement interdite... dit au conditionnel pour avoir passé un temps certain à chercher cette info, en vain. Il est vrai que de ce point de vue, les services de l’État sont plus aptes à manier le bâton de la répression que celui de l’information... Il y a parfois, néanmoins, une indulgente pédagogie préventive de la part de certains agents (gendarmes et police de la route). Inutile de préciser que je ne suis pas parti, cette année, pêcher mon bol de tenilles symbolique.  


lundi 22 janvier 2024

ROBERT le pêcheur.

Article du 4 nov 2021 à l'origine. Quant à la sortie, début ou fin 78 ? 

Robert en pêche à l'étang de l'Ayrolle. Diapositive de 1978. 

L'Ayrolle, j'en ai eu un aperçu l'hiver, quand le Cerç donne libre cours à sa hargne et lève déjà des vagues sur l'étang. 

Robert en pêche à l'étang de l'Ayrolle. Diapositive de 1978. 


Il y avait un pêcheur à Fleury, ouvert, positif, au sourire faisant oublier un moment les soucis et surtout le moche autour de nous, un homme sans problème, aimant et aimé. 

Robert en pêche à l'étang de l'Ayrolle. Diapositive de 1978. 

Nous le connaissions pour la pêche au globe, à Aude, celle, à la traîne entre Saint-Pierre et Les Cabanes (peut-être l'objet d'un autre article). Je veux parler de Robert Vié. Il m'avait invité à le suivre sur l'étang de l'Ayrolle. Un jour je retrouverai bien quelques diapos sur cette sortie : elles existent. Je n'en ai pas rêvé, lui, sur son betou, dans son ciré jaune, les pommettes rougies par le froid, les doigts gercés. Avions-nous pris des anguilles ? je ne saurais dire. Dans ces années 70, comme aujourd'hui, un camion-vivier faisait régulièrement la tournée. A l'époque Robert me disait que les poissons partaient surtout pour l'Italie où l'anguille, fumée ou non, poisson de luxe, se payait cher. 

Les cabanes de l'étang de l'Ayrolle. Diapositive de 1978. 

Robert gardait à cœur le village et les gens. Je ne sais pas pour les autres quartiers mais grâce à lui, dans le " faubourg d'en haut ", entre le vieux village, " médina " ou "quartier chinois ", resserré derrière les boulevards témoins des remparts historiques disparus, et Caboujolette, le piémont de La Clape, j'ai connu et sauté le grand feu de la Saint-Jean. 

J'aurais dû aussi ficher quelque part un article de journal ou du bulletin de la mairie où on le voit recevoir les enfants de l'école dans son atelier, véritable petit musée. Faute de quoi, quelques diapos me restent et détail d'importance, son ciré n'est pas jaune mais vert-olive-foncé et s'il faisait froid, finalement nous ne nous en ressentions pas trop...  

Robert Joseph VIÉ (1927-2007) nous a quittés suite à un accident. Comme pour beaucoup, pour ceux qui l'ont connu, sa tombe reste un lieu de mémoire... je dois l'avoir en photo quelque part...   

Clair de soleil sur l'étang de l'Ayrolle. Une vue en gros Sud avec au fond la redoute de la Vieille-Nouvelle. Diapositive de 1978. 

PS : je tiens les originaux sans filigranes à disposition de sa famille


jeudi 4 novembre 2021

Gruissan, ses pêcheurs et l'étang de l'Ayrolle (première partie).

Thalassa, l'émission mythique, avec, pour sujet, la mer de la région Occitanie. On passe des beautés sous-marines de la Côte Vermeille à la pêche à Gruissan, plus particulièrement la pêche à l'étang de l'Ayrolle, pour finir avec la Prud'homie et la fête de Saint-Pierre. 

Bateau Thalassa à Paris wikimedia commons Author Peter Potrowl
 

C'est de vagabonder sur la cinquantaine de chaînes du "bouquet" qui m'a arrêté sur les images, si heureux de voir que les pêcheurs de l'Ayrolle restent. Et dynamiques, solidaires, sérieux quant à la ressource, respectueux des traditions, de la fête dédiée à Saint-Pierre, notamment. Au point que l'étang le leur rend bien on dirait. Allez voir plutôt ! 

 https://www.france.tv/france-3/thalassa/1274539-de-banyuls-sur-mer-a-gruissan.html?fbclid=IwAR2-HRj7k7Bzo5X5mjnWetDl8GGZ4CKoJfmI5iXijkUD7QwePy6wOnlLpVY

Et moi qui les croyais sur le déclin ! Et moi qui pensais l'étang moribond sinon mort ! Il faut dire qu'à une époque des nouvelles affligeantes nous sont arrivées, sur des maux mettant à mal la fragilité de ce milieu à part... Des ravageurs, des pillards, toute une escouade de mercenaires, venus, paraît-il, en minibus, dans la logique exacerbée de l'offre, de la demande, de l'exploitation de main-d’œuvre, auraient déversé du poison pour faire remonter les palourdes d'un commerce lucratif au profit de gens à hauts revenus, en deçà et au-delà des Pyrénées, vu le prix au bout de la chaîne. Ma consternation fut telle que j'en restai paralysé, incapable d'aller au bout de l'info. Qu'y avait-il de vrai dans la rumeur ? Représentait-elle un désastre irrécupérable ? Je le pensais.

En regardant Thalassa, touché par la lumière à part de notre Méditerranée, reprenant d'un coup les couleurs d'un monde que je croyais à jamais perdu, vibrant encore de l'avoir parcouru il y a peu parce qu'à vélo (ou à pied) le pays qu'on aborde pénètre à cœur, frémissant de la foi en héritage de ces pêcheurs si forts pour se projeter dans l'avenir, pour la première fois depuis mon incapacité au moins trentenaire à faire le deuil de cet étang aimé, c'est à eux, désormais, que je devrai demander. 

Loin des jérémiades, les causes en seraient-elles fondées, dans une dignité remarquable où domine l'attache indéfectible à leur pays de ciel et d'eau, l'attitude toute pétrie de fraternité, de communion aussi avec un milieu qu'ils veulent préserver, ils ne minimisent pas les bienfaits que l'étang offre. Au fil des images, on peut voir des loups énormes, des dorades bien royales, ainsi qu'une "perruque" géante d'anguilles s'entremêlant en vain, accumulée dans les pièges terminaux du filet qui fait barrage et les oriente. Ils ne cachent pas, ils n'exagèrent pas, ils ne sont pas dans l'exubérance dois-je ajouter à l'intention des demeurés qui, avec Renan, Méry, et même Michelet ou Hugo bien qu'en marge, sans parler du traître Maurras ou de ce salop intégral de Destouches qui aurait dû finir son voyage dans un fourgon de la gestapo fuyant dans la nuit... Pardon pour cette parenthèse digressive mais qui n'entame en rien ma sérénité... L'âme légère, je crois entendre gangui ou pantane pour désigner ces filets sauf que, plus proche de la lévitation (tous des Tartarins vantards ces Méridionaux !), loin d'une objectivité minimale, je m'en remets plutôt à Gilbert Larguier : 

Pêche, environnement et société littorale autour du golfe du Lion au XVIIIe siècle.

 https://books.openedition.org/pupvd/5358?lang=fr 

Comment rester objectif lorsqu'on l'a aimé de près, cet étang ? Pourtant, dans les années 70, la beauté du site, son cadre, l'horizon des Corbières et des Pyrénées, s'appréciait, mais de façon ordinaire, sans évaluer le caractère exceptionnel de cette nature préservée... c'est comme trouver belle la femme de qui on se sépare, comme ne voir le bonheur que lorsqu'il s'échappe... C'était un temps où tonton Vincent partait de Narbonne à mobylette pour se casser le dos sur des palourdes. Nous mêmes avons dû y aller, une ou deux fois, en début de saison. Et si, dans la baignoire du petit faisant office de "boîte à pêche", pour régaler la famille, nous rapportions, sur un lit de laitues de mer pour la fraîcheur, des moules, des huîtres plates de la race perdue, des couteaux remontés au gros sel, quelques palourdes aussi malgré la technicité de cette pêche, c'est toute une ambiance qui imprégnait tous nos sens. (à suivre)

Carte des abords au sud de Gruissan. Source et remerciements à Geoportail.



mardi 14 septembre 2021

L'Île Saint-Martin à vélo (3) / Virée en terre moins connue.

 Pour arriver à Gruissan, la piste cyclable emprunte le tracé de l'ancienne route et longe l'étang... un pointu sur le miroir de l'eau, la tour Barberousse sur la presqu'île, le village qui "s'enroule autour comme un gros chat fatigué" (1), à l'arrière plan, les pins de Saint-Martin, une entrée magique tant pour les peintres que les photographes... 1968, j'ai promis aux camarades de classe de passer les voir ; ça n'a pas traîné en ce début d'été ; avec la motivation, je n'ai jamais l'impression de devoir forcer sur mon routier bleu. Quand ce n'est pas l'allant pour l'aventure, l'instinct pousserait aux aventures, cela devient sérieux quand on a dix-sept ans... pousser sur les pédales, je n'y pense même pas. "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà": je n'ai retenu que des brins de la chanson qui revient en boucle, celle avec les mots qui confortent ma psychologie du moment (2). Aussi, que la cave coopérative soit ou non sur ma gauche, je n'ai en tête que la digue donnant sur le village de chalets... 

Photos de l'étang avec ce pêcheur au lancer qui profite du flux entrant depuis le port. Photos de la tour en perspective depuis les rues et ruelles qui rayonnent. Sur cette rocade avec les véhicules à part, rayonnants aussi les gens aux petits ou gros chiens, les familles à pied ou à vélo sans la multitude de la pleine saison, avec un soleil plus convivial. 

Photos des salins et de la montagne de sel, la camelle. De nombreux visiteurs encore.

Photos de l'Ayrolle sans la bonne odeur iodée des posidonies que les locaux appréciaient jusque pour les matelas des petits... L'étang est-il, après les calanques de Marseille notamment, envahi par ces autres algues brunes, trop vivantes elles, arrivées du Japon avec les naissains d'huîtres du bassin de Thau (3) ?

Photos des cabanes de pêcheurs et de la cale avec les barques, les pieux et partègues ; les ganguis (4) et autres filets des petits métiers de l'étang. Justement un pêcheur, son placide korthal aux basques (il doit se faire vieux le pauvre), charge sa barque . 

"Pardon monsieur, est-ce que, par derrière, on peut rejoindre la route de l'Evêque ? 
- Et non il vous faut revenir jusqu'à l'embranchement... Oh ! mais vous êtes à vélo, alors suivez le canal, la route est au bout !" 
Oh qu'elles ont du chien, ces vieilles baraques, plus ou moins délabrées et pétassées ! Photos !
 
Un bon raccourci. L'Evêque ? Un domaine agricole au bout de l'île Saint-Martin. Un château peut-être... Son propriétaire est connu, Pierre Richard, parfois présent pour vendre son vin. Petite route bien fréquentée. Des tamaris, un salar blanchi par trop de soleil, contigu à l'étang. Photos. Mais vite des vignes, un cabanon ancestral, un grand parking (la célébrité sans doute). Des piétons dont un qui me demande si le bidon du vélo c'est pour du vin ! 
Oh, une deux-chevaux qui manœuvre et ronronne ! Photos ! 
La propriété de Richard ? une campagne, jolie, cachée par des ramures et les lauriers roses, pas prétentieuse. Modique, succinct, un portail bas de douelles de tonneau trop espacées. Photos ! 

Retour par l'intérieur de l'île. Depuis un site archéologique sans doute romain, une belle vue sur l'étang, Sainte Lucie et la voie ferrée sur la digue à droite ; au fond, les reliefs industriels de Port-la-Nouvelle. Photos !
Une combe, des crêtes blanches de calcaire, des pins plus nombreux, des vignes aujourd'hui sous perfusion, malgré cela et bien qu'un peu à l'écart du bleu de la mer, la palette rassurante de la garrigue audoise. Photos ! 
 
à suivre...  

(1) in "La Vigne de Jean" de Jean-Pierre Grotti, un écrivain romancier qui sait si bien parler du pays ! 

(2) de Michel Fugain (1967). 

(3) voir à ce propos la série d'articles (2014) sur les clovisses et palourdes : 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.co/search?q=clovisses+palourdes 

(4) partègue : pieu planté dans la vase pour maintenir les filets en place ou la gaffe pour déplacer le pointu. 
gangui : filet à poches. 

PS : pour les photos personnelles il faudra revenir, elles sont indisponibles pour le moment... 

Gruissan wikimedia commons Author Raphael Frey

Gruissan-Étang_de_Gruissan_2010 wikimedia commons Author Wikinade

Gruissan_Village wikimedia commons Author Fabian Beck

Gruissan les salins wikimedia commons Author Herpoel

Gruissan Île_Saint-Martin wikimedia commons Author Christian Ferrer



mercredi 26 avril 2017

DELTA DE L’AUDE (4) / Les îles de la Narbonnaise.

  

Un autorail rouge et crème s’en va dans le petit matin blême. Ambiance enfumée d’un temps où la clope tue en toute impunité. Presque tous ont un abonnement de travail (merci la SNCF), et des habitudes. L’encre pas encore sèche de l’Indépendant ou de la Marseillaise noircit les doigts. D’autres forment une table à quatre pour une belote bruyante. Moi je retrouve Alain qui enseigne, toujours dans les P.O. où il a "fait" l’École Normale. Malgré nos discussions, les instantanés des lagunes, des îles, viennent forcément meubler nos silences. En attendant d’en savoir davantage, un jour, sur cette langue de terre avec le canal et le rail entre des étangs qui, sans cela, ne feraient peut-être qu’un, nous sommes si habitués qu’il faut se pincer pour admettre le caractère admirable de ces paysages dont nous semblons blasés. 


Avec le Paris-Port-Bou, toute cette beauté vous saute aux yeux. Jamais aussi bien perçue que dans les yeux des voyageurs du train de nuit. "Le train de nuit, c'est Paris à une heure de Perpignan : une demi-heure pour s'endormir, une demi-heure pour se réveiller" (1). La surprise donne à tous cet air émerveillé des enfants à Noël : la lumière toute méditerranéenne, magie de toutes ces nuances encore mêlées de bleus, de gris, de verts, le ciel, les étangs, le canal, les pins émergeant peu à peu de la nuit sous un soleil encore froid comme un œuf clair mais qui n’a plus rien à voir avec celui d’Austerlitz. 
    

Depuis sept millénaires, sur près de 250 km2 (2), le delta de l’Aude occupe à peu près la surface qui est la sienne  aujourd’hui. Le littoral abordé par les Romains ressemble beaucoup à celui que nous connaissons. Le maintien artificiel du bras méridional de l’Aude (barrage ou digue seulement à Sallèles ?) (3) ne permettait déjà plus d’atteindre Narbo Martius et les marchandises passaient des navires de haute mer sur des barges à fond plat, à hauteur des îles de Sainte-Lucie et de l’Aute. La Clape a longtemps gardé son insularité ; appelée « Île du Lec », elle se trouvait en effet séparée du fossé comblé de Narbonne par un étang salin qui s’est maintenu jusqu’au XVIIIe siècle (4).     

(1) train supprimé en décembre 2016...
(2) plus marqué, le delta de l’Ebre s’avance sur 320 km2 tandis que celui du Rhône avec une Camargue plurielle (la Petite et la Grande) s’étend sur 1500 km2.
(3) «... Gaston Galtier (La côte sableuse du Golfe du Lion [Bulletins de la Société languedocienne de Géographie - année 1958] pense que le bras oriental, plus court et présentant une pente plus forte, écoulait la majeure partie des eaux et que les Romains ont barré ce bras oriental à Sallèles pour augmenter le tirant d'eaux du bras méridional et le rendre plus propice à la navigation, ce qui paraît plausible en raison de l'importance du port de Narbonne.../... à la suite de l'inondation de 1316, l'Aude a emporté le "barrage" de Sallèles et repris son cours primitif dans le bras oriental... /... les efforts déployés, après la rupture du barrage, pour maintenir le cours de l’Aude vesr Narbonne se sont révélés vains. Depuis le milieu du XIVe siècle et jusqu'à la fin du Moyen-Âge, l'Aude n'arrose qu'irrégulièrement la ville. Une nouvelle robine doit être établie à Moussoulens en 1468.../... Ces efforts restent vains ; le 3 octobre 1531, l'Aude change définitivement son cours et quitte Narbonne.../... La situation des embouchures de l'Aude ne sera stabilisée qu'au début du XIXe siècle : la Robine a été canalisée de Moussoulens à la mer, la branche nord sera à son tour canalisée en Brumaire an VIII...» (22 oct- 21 nov 1799).
Source Vilatges al pais, Canton de Coursan (2005 / Francis Poudou et habitants) 
(4) Etang Salin sur les communes de Vinassan et Narbonne, restes du lacus Rubressus, desséché en 1585 grâce au canal Ste Marie. La mention des salines de Coursan apparaît en 844. Estang salin ou marais de la Clape 1680. Le canal de l’étang-Salin ou de Ste marie prend à Coursan le trop-plein de la rivière Aude, arrose les basses plaines de Coursan (A l’estang 1768), Armissan (Tot lo lonc de l’Estanh 1537), Narbonne et se jette dans l’étang de Campignol au roc de Conilhac. 
https://dedieujeanfrancois.blogspot.com/search?q=Coursan

 
Crédit photos commons wikimedia : 
1. autorail quittant Calvi auteur Didier Duforest
2. Étang_de_l'Ayrolle,_Gruissan Auteur Christian Ferrer / cliché pris vers l'ouest depuis l'île Saint-Martin / La voie ferrée et le canal séparent l'Ayrolle de l'étang de Bages-et-de-Sigean. 
4. Étang de Bages et de Sigean  depuis Sainte-Lucie Author Christian Ferrer / photo prise vers le sud : on distingue la petite île de la Nadière ainsi que les silos et les cuves à hydrocarbures de Port-la-Nouvelle. 

Photo de nos impôts : 
3. Ile de l'Aute vue aérienne Conservatoire du Littoral