Une pinède, un site propice au défoulement des toutous, à la promenade, voire aux rendez-vous... Comme partout la colline devait être plus dénudée du temps des moutons, du temps de la masure en ruine jadis maison pour au moins un feu. Photos. Des murs plus ou moins éboulés, un clapas, des ceps anémiés sur les premiers rangs, à l'ombre et en concurrence avec des racines aussi voraces que crève-la-faim. Photos. Et ce figuier tel un banian qui accroche ses griffes dans le mur, à un bon mètre du sol... Les hommes ne sont plus... les figuiers sont immortels, dit-on... Bien sûr que cela la vaut la photo et plutôt deux qu'une !
Et là, parce que le soleil est moins fort et que je fais l'effort de lire même sans lunettes ce que l'écran se tue à dire depuis le début, depuis que j'ai changé les piles : "Pas de carte mémoire" !! A en tomber des nues : tout ce plaisir foutu en l'air, pire, le plaisir appliqué des vues qui voudraient fixer la beauté ondoyante inconsciemment ressentie. J'en reste abasourdi. La dernière fois, en 2017, par distraction coupable, les plus beaux amandiers en fleur des coteaux s'effacèrent de l'ordinateur, des amandiers paradoxalement si présents dans ma mémoire... Là, stupide, médusé, groggy, fragilisé comme quand une fille me trahissait, j'en ai perdu le chapeau sans m'en apercevoir. Refaire le tour, le reprendre dans l'autre sens... ah non ! ça suffit avec les photos ! Reprendre alors qu'il faut rentrer ; revoir enfin, à deux pas mais si bien camouflé, le chapeau dans les tons verts de la garrigue ! Mais l'amer de la trahison demeure...
Gruissan wikimedia commons Author Alex10081998 |
Gruissan, le vieux village et sa tour au bout de l'étang, sous la douce lumière du jour qui descend... encore une photo à faire. Devant moi deux vélos, de front, qui descendent aussi des pins de Saint-Martin ; un couple, la soixantaine. Ils ne m'entendent pas arriver. J'hésite à tintinnabuler de la sonnette quand il dit :
Gruissan plage des chalets wikimedia commons Author Ptitgonevx |
Cette fois-là, les copines des chalets m'avaient indiqué la piste de sable pour éviter le détour par la digue. De les quitter, je n'avais plus pour compagnie que la chanson de Fugain "Les fleurs de mandarine... ne savent pas qu'on les aime déjà". Et comme à dix-sept ans, les pieds pédalent alors que la tête rêve encore d'elles, mais d'un rêve lesté de nostalgie (voir article précédent)... Que sont-elles devenues ? C'est si difficile de retrouver des filles qui ont sûrement dû laisser tomber leur nom pour celui du mari... L'Espagne, un pays machiste dit-on... sauf que tous, sans ségrégation de genre, y gardent leurs deux noms de naissance... Alors ? La France ?