samedi 27 septembre 2025

Fleury le 25 avril 1998

 Lettre de papa en date du 25 avril 1998 : 

[... ] Il est huit heures du soir. J'ai entendu là haut le petit mixer passant la soupe aux légumes, et maman vient de m'appeler. Bon appétit également pour toi, en cette fin de vacances. 

Cephalopholis_sexmaculata Mérou sanguin Maldives under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Auteur Julien Bidet for MDC Seamarc
Le mérou naît femelle et meurt mâle, une chose déjà constatée par Darwin. Il s'agit de la protogynie concernant l'avantage de la taille pour la reproduction ; le changement de sexe intervient à partir de 80 % de la taille maximum et un âge 2,5 fois supérieur à celui de la maturité. Lorsque le mâle reproducteur meurt, c'est la femelle la plus grosse qui change de sexe. 

J'ai regardé un moment un reportage sur les Philippines et la pêche à la dynamite, interdite mais pratiquée, et qui, pour une méchante douzaine de petits poissons, détruit chaque fois un peu plus le joli fond marin ; et je me retrouve ici devant ma lettre et... la tienne. Je relis le menu de ton repas à Mamoudzou pour vingt petits francs au “ Mimosa ” et celui que vous avez dégusté chez les Piersanti avec René et Gilbert. René est venu fumer des filets de carangue, écris tu, et cela me rappelle celle de cinq kilos que j'avais tirée du lagon, tandis que peu de temps après tu ramenais un beau mérou de neuf kg. Ce sont de magnifiques souvenirs de Mayotte, grâce à René et son matériel sophistiqué. Tu lui transmettras notre bon souvenir. Nous pensons souvent à lui et à sa petite famille : les deux fillettes doivent grandir, et son épouse Martine doit compléter sous le ciel de l'hémisphère sud ses solides connaissances d'astronomie. 



Merci pour le beau timbre représentant le port de Longoni, vu lors de notre périple du nord de Mayotte. Les timbres émis par cette île sont vraiment jolis, et à côté les 0.10 et autres 0.20 métropolitains en pâlissent d'envie

[...] Et je vais remonter au premier. À demain pour la suite. On annonce une journée assez pluvieuse. Notre “ microclimat ” les fera-t-il tromper, encore une fois ? 

Lundi 27 avril 1998. Le temps est couvert mais le soleil se montre furtivement, les nuages sont poussés par un cers assez frais. Hier dimanche il a plu pendant quelques heures ; c'est encore nettement insuffisant. [...] Sur le soir nous avons eu un beau soleil et seule la température est en baisse. 

Plus rien d'autre à t'écrire pour aujourd'hui. 

Nous t'embrassons bien fort. 

Papa. 

vendredi 26 septembre 2025

Fleury, le 29 avril 1998.

 « [...] Bien cher fils, 

ce soir, à vingt-et-une heure quinze, alors que la pluie se remet doucement à tomber, je veux commencer avec une nouvelle qui va sans doute t'émouvoir : Pierre Bilbe vient de mourir. j'ai fait la visite dans la maison de sa fille voisine de la sienne où il repose — chez lui c'était chauffé — Comme j'étais en train de signer et de mettre « Très sincères condoléances en notre nom et en celui de Jean-François qui pense souvent à vous », sa fille est sortie, m'a vu et m'a dit « Entrez M. Dedieu, maman sera contente de vous voir ». J'avais entendu les pompiers à quatre heures, et plus tard, Christine de passage ici m'a dit « C'est monsieur Bilbe qui est tombé dans la rue ». Mais je ne pensais pas à une issue fatale aussi rapide. Sa femme, Germaine, très abattue comme tu peux l'imaginer, m'a précisé « Après le feuilleton qui suit le journal télévisé, il est sorti pour aller voir vers le bureau de tabac où en étaient les travaux, et peu de temps après on me le rapporte mort. Je ne sais pas si je vais pouvoir le supporter. » 

Pierre Bilbe et Germaine son épouse. Photo Georges Sabatier, journal L'Indépendant. Merci Josette d'avoir archivé... 

Peut-être une crise cardiaque qui l'a terrassé sur place. En tombant il s'était blessé à la pommette gauche et la pharmacienne, je crois, a dit que du sang coulait de son oreille. 

Bref je te fais part de cette triste nouvelle ; on dit aussi qu'à quatre-vingt-sept-ans c'est une belle mort... mais pourquoi la qualifie-t-on de “ belle ” ? Les obsèques ne sont pas encore fixées. 

[...] Aujourd'hui on vient de mettre en examen le 5e personnage de l'État, qui va se trouver “ à côté de ses pompes ” d'un million cent mille AF la paire ! Quelle honte !! Et il est Président du Conseil Constitutionnel et ancien ministre des Affaires Étrangères, avocat de surcroît... Passons... Beaucoup disent qu'il aurait dû démissionner dès le 18 janvier. Il s'accroche, à l'évidence. 

Jeudi 30 avril 1998. Dernier jour de ce mois d'avril plutôt tristounet. L'enterrement de M. Bilbe aura lieu demain 1er mai à dix heures. Aujourd'hui le soleil se montre parfois, mais bien pâle, la pluie est annoncée par la météo, mais nous sommes plus ou moins à la limite des zones pluvieuses. Attendons. 

Glorioso_Islands_Map 2006 under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license Author Mr Minton


[...] Nous espérons que Stani s'est habitué à sa nouvelle affectation. Qui aurait dit qu'il se retrouverait un jour sur une île pratiquement déserte ? As-tu des nouvelles ? En attendant, l'essentiel est qu'il soit en pleine santé, à ne pas gâcher sa santé par des abus. Et toi et tes trop nombreuses cigarettes ? Tu sais ce que tu me disais lors de la mort de monsieur Simon, je crois, de la petite rue Émile Zola : « Il a arrêté de fumer trop tard ». Penses-y à l'occasion. 

Je m'arrête ici. Peut-être j'ajouterai quelques lignes manuscrites. 

Gros baisers de nous tous. Tu sais que tu peux toujours compter sur tes parents tout dévoués, 

Maman et Papa. 

Les travaux continuent dans le village : rues barrées, sens interdits, déviations. On en profite également pour installer les conduites de gaz parallèlement aux buses au pluriel. Mais pourquoi une autre tranchée ? Nous avons encore 75 ans de retard sur le Japon où tout se trouverait (d'après M. Pouzancre, prof de philo à Pézenas en 59-61) dans des conduits larges et cimentés depuis les années 1937 ! Ce matin, l'enlèvement des poteaux EDF se poursuivait rue du Ramonétage. 

Meilleures embrassades, F. Dedieu.  

lundi 22 septembre 2025

samedi 20 septembre 2025

OUT OF AFRICA 4


KENYA, N'gong : Une photographie prise par Make It Kenya le 9 décembre 2015 montre un obélisque commémoratif dans les collines de N'gong, à l'extérieur de la capitale kenyane Nairobi. Ce monument marque la tombe et commémore la vie de Denys George Finch Hatton, l'homme interprété par Robert Redford dans le film hollywoodien de 1985 Out of Africa, basé sur la vie de Karen Blixen dans ce qui était alors l'Afrique de l'Est britannique au début du XXe siècle. Décembre 2015 marque les 30 ans depuis que Meryl Streep et Robert Redford ont joué dans le film oscarisé de Sydney Pollack Out of Africa, projetant le Kenya sur grand écran et dans le monde entier. Le public a pu admirer la beauté et la splendeur de la vallée du Grand Rift, du Masaï Mara et de certains des sites naturels les plus exceptionnels d'Afrique, le tout sur fond de la musique envoûtante et mémorable de John Barry. Le nombre de visiteurs a explosé et le Kenya est depuis lors le royaume du tourisme de safari. L'actrice oscarisée Meryl Streep incarne l'auteure danoise Karen Blixen aux côtés de Robert Redford, qui joue son amant Denys Finch Hatton, dans un film inspiré des écrits passionnés de Karen Blixen relatant sa vie dans ce qui était alors l'Afrique de l'Est britannique au début du XXe siècle. Comme dans ses livres, le film capture la lumière et les odeurs de l'Afrique coloniale et dépeint le Kenya tel qu'il était – et tel qu'il est resté à certains égards – dans la beauté de son peuple, de sa culture, de son agriculture et de sa faune. Out of Africa demeure l'un des films les plus remarquables jamais produits et a remporté sept Oscars lors de la cérémonie des Oscars de 1985, dont ceux du meilleur réalisateur, de la meilleure photographie et du meilleur film. Au pied des collines N'gong, en périphérie de Nairobi, se trouve l'élégant cottage de trois chambres construit en 1910, qui était la maison de Karen Blixen et qui abrite aujourd'hui un musée à la mémoire de l'auteure et de ses écrits, attirant des visiteurs du monde entier. En 1985, les Musées nationaux du Kenya ont acquis la maison pour y créer un musée. Un an plus tard, le Musée Karen Blixen a ouvert ses portes au public, faisant partie des musées nationaux du Kenya et étant un site patrimonial protégé. Il attire aujourd'hui environ 45 000 touristes nationaux et internationaux chaque année. PHOTO MAKE IT KENYA / STUART PRICE.

Robert Redford, si charmeur et photogénique, a rejoint son personnage d'aventurier romantique, victime, lui, d'un accident d'avion en 1931, sans conteste pas que de roman. L'acteur, 89 ans, est mort ce 16 septembre 2025, dans son sommeil, en son ranch de l'Utah. La télé a bien fait les choses, en prime, avant-hier, le 16 avec OUT OF AFRICA. 

Le 17 septembre au soir, Arte proposait « Et au milieu coule une rivière »... Certes le Montana, les Rocheuses, une rivière, à truites sauvages mais aussi ce fond d'Amérique violente déjà de la rivalité religieuse entre presbytériens et méthodistes, deux courants pourtant également protestants, la violence du racisme ici à l'encontre d'une amérindienne, la violence des rapports humains, alcool (même les filles ne sont pas des anges...), rixes, jusqu'à la mort de Paul (1), Brad Pitt, certainement pour dettes de jeu. Et le rôles surjoués ajoutent encore à ce que les States ont d'excessif et d'arrogant, ainsi qu'à ce fond de violence... 
Redford, amateur de pêche à la mouche, réalisateur du film, en est par ailleurs le narrateur.  

Le 19 septembre, avec « Jeremiah Johnson » (1972), ce personnage encore tiré d'une existence réelle, la télé revient encore sur Redford toujours dans la volonté de mythifier la conquête des montagnes corrélée à celle de l'Ouest, incluant les rapports antagonistes et sanglants avec les Amérindiens.  

Que la violence soit inhérente à l'homme (2), aux USA comme en Afrique,  quel grand écart avec l'ambiance du film OUT OF AFRICA. Écoutée, toute de nostalgie, si appariée aux images, la musique de John Barry (1933-2011) et ses emprunts à Mozart n'est-elle qu'un soutien à faire notre deuil de toute vie ? 

Me concernant, chanceux de n'être exposé qu'à la violence de l'âge et d'un crédit santé bien qu'écorné, avec Mayotte, serais-je un jour obligé de m'accepter out of Africa ? 

(1) le film est tiré du livre “ semi autobiographique ” de Norman Maclean (1902 -1990) ; son frère Paul (1906-1938), battu à mort, n'est pas décédé en 1926, comme il est dit dans le film et peut-être le livre, la qualification de “ semi autobiographique ” autorisant à penser qu'une partie est romancée.  

(2) Une violence exacerbée et proportionnelle à ce que nous appelons contradictoirement “ progrès ”. Outre les conflits multi présents, ceux dont on parle peu (Myanmar) et une guerre “ congolaise ” depuis 1994 et qui, génocidaire jusqu'à la destruction des organes reproductifs des femmes par le viol, dure encore telle une guerre de “ trente ans ” sinon la guerre mondiale africaine (6 millions de morts selon Denis Mukwege, le gynécologue Nobel de la Paix « l'homme qui répare les femmes »)... Hélas, n'est-ce pas cette violence finalement ordinaire à l'Homme qui a permis à notre espèce de dominer la planète ?  

 

OUT OF AFRICA 3.

Alors, puisque ma ligne de vie offre ce hasard, en migrateur confortable, loin de Denys, le personnage joué par Redford l'aventurier des safaris évoqués dans OUT OF AFRICA (1985), j'anticipe de voir, après les ocres du désert perdu dans la nuit, le jour descendu sur la savane. 

Nairobi paroi de verre de l'aéroport. 

D'habitude, on essaie en vain de distinguer un éléphant, une girafe, un rhino, un lion sinon des zèbres : une réserve est pratiquement contiguë à la capitale, mais on ne les voit qu'en déco sur les verres des terminaux et salles d'attente du Jomo Kenyatta International Airport. Côté humain, entre deux correspondances, outre la présence de Chinois... les Russes ne se distinguant pas des Occidentaux, l'aéroport semble concentrer la pointe avancée des sociétés africaines comme cet informaticien burundais, ces femmes souvent dans l'import-export sinon Léonie, biologiste congolaise qui en 2017 revenait d'un colloque à Madagascar. 

Verrai-je les tôles des laissés pour compte des bidonvilles de Kibera ? Verrai-je les Monts Ngong à une quinzaine de kilomètres, où Kristen avait ses caféiers et où se situe la tombe de Denys, le baroudeur des savanes qui ne voulait pas monnayer sa liberté pour l'amour d'une femme ? Une femme aimante devant se faire une raison et qui médite au terme du dialogue « Il y a des moments qui valent la peine, mais il faut en payer le prix. » 

Massif du Kilimandjaro. 

Arriverai-je à distinguer la voie ferrée vers Mombasa, le seul lien par bateau avec l'Europe ? Et, chères à Pascal Danel, les neiges éternelles du Kilimandjaro (1) diplomatiquement laissé au Tanganyika allemand d'avant 1914, devant disparaitre à terme, auront-elles un tant soit peu résisté au réchauffement général et à la déforestation ambiante ? 

Mayotte, arrivée.
    

Une séquence de OUT OF AFRICA fait atterrir le biplan de Denys sur une plage de l'Indien. Les bleus des tropiques, le sable coralien viennent embellir le scenario comme ils le font du vol commercial le long de Zanzibar. Plus loin, kissiwa (2) l'île Mafia, à peine plus grande que l'archipel mahorais mais une quinzaine de fois moins peuplée (40.000 hab / 600.000 environ, intuitivement, ce que les autorités et l'INSEE qui leur est subordonné, ne veulent pas reconnaître...). Ensuite ce sont les Comores, la pointe nord de la Grande, tristement connue pour deux crashs d'avion (3). Enfin, après Anjouan et peut-être un peu, Mohéli plus au sud, le grand lagon de Mayotte avec encore les bleus, francs ou brouillés, suivant le couvert nuageux, liés aux barrières coralliennes. 

Il y a trente-et-un ans, cabotin, pour amuser mes hôtes venus m'accueillir, parodiant Jean-Paul II, je baisais le sol, le tarmac de cette terre lointaine, avec un esprit positif. 44 ans, l'idée d'avoir la vie devant soi, augurant que tout allait bien se passer. Et sur la barge, les yeux, les sourires des femmes qu'en théorie seulement, en terre musulmane, je me devais de ne pas regarder, ne pouvaient marquer que de bons débuts. 

2025, la santé, le “ petit dernier ”, pourtant remis à l'âge d'être papi, parti du nid, l'âge, cette réalité qui fait peur, la vieillesse, viendrait-elle petit à petit comme le chantait Ferrat, poussent à la roue. Cela ne contrevient en rien à ce que je dois à une petite île courageuse et tenace pour sa dignité, sa francitude, si foncièrement africaine, fille aussi du grand continent... (à suivre)

(1) Difficile de délimiter les trois volcans formant le massif dont l'UHURU au centre, point culminant de l'Afrique avec ses 5891 mètres. Et le “ préfixe ” “ Kilima-” ne signifierait-il pas montagne (« Mlima » à Mayotte) ?  En 1886, le Kilimandjaro devient allemand, en compensation, les Anglais reçoivent Mombasa. 

(2) « chissioua » en shimaoré langue vernaculaire majoritaire de Maoré, Mayotte, pour dire “ île ” tout comme « ras » en swahili, « rassi » encore à Maore, pour “ presqu'île ”. (je croyais avoir lu que l'île servit de base ou d'abri aux sous-marins allemands lors de la Première Guerre Mondiale, mais je dois faire erreur). 

(3) le 23/11/1996, sur la ligne Addis-Abeba- Abidjan via Nairobi, Brazzaville, Lagos, à cause de trois pirates de l'air voulant rejoindre l'Australie, un B767 d'Ethiopian Airlines amerrit en catastrophe non loin du Galawa Beach Hotel, 125 victimes sur les 175 passagers et équipage. 

Le 30/06/2009, sur la ligne  Sanaa Moroni (depuis Paris), les erreurs de l'équipage étant en cause, l'A310 du vol Yemenia 626 a décroché sur l'océan, 152 victimes, 1 unique survivante. 

vendredi 19 septembre 2025

MAYOTTE out of FRANCE (fin)

MAYOTTE et AIR AUSTRAL

Ce matin, après l'avoir fait pour les Comores puis la gouvernance française, Estelle Youssouffa députée fait le point (et tape du poing) sur la desserte aérienne de l'île par Air Austral.  

Facebook 

Ici, sur « Partager le voyage », un compte-rendu sur le fond. 

Pour les Maorés, le voyage est très cher, incertain ; avec Air Austral la destination est maltraitée. Son directeur a tenu a me rencontrer ; je ne suis pas une sainte, ça s'est très mal passé, je lui ai hurlé dessus parce qu'il ne reconnaît pas que nous sommes les plus mal desservis, que la ligne est la plus chère de France, que le service est le pire de France, et avec la population la plus pauvre de France. 

La compagnie ne reconnait pas ses déficiences. Sur les deux types d'appareils, le premier est en réparation depuis plus d'un an, c'est donc une compagnie de dépannage Ifly (1) qui vient, ils ne parlent pas français, à peine anglais ; les escales à Nairobi sont interminables avec des appareils tout droit sortis de l'ex-république soviétique, les prix inabordables.  Et pourquoi cette escale à Djeddah ? Sur Mayotte La Réunion, l'autre avion a les moteurs fragiles comme l'admet le directeur d'Air Austral. 
La norme est à l'annulation, aux retards. Les vols à l'heure ça n'arrive pas et il est inadmissible d'admettre le « c'est une nullité mais c'est mieux que rien », c'est moi qui le dis ; nous payons en tant que contribuables et en tant que passagers pour un service pourri ; Air Austral a été renflouée, a reçu des sommes astronomiques. Que le président de la République ouvre à la concurrence ! à Air France de venir contrer cette situation de monopole ! Que la desserte, avec plus de fréquence par Kenya Airways, soit étoffée ! 
Pour Air Austral à l'origine contre la piste longue et actuellement pour prend position contre l'aéroport à l'intérieur des terres (2).Cela va de pair avec un lobbying pour des subventions qui alimenteraient des élections puisque c'est le cas chaque fois que la compagnie est renflouée, détenue qu'elle est en partie par les Conseils Départemental et Régional de La Réunion. Une coïncidence systématique pour une compagnie n'assurant pas le service public qui lui est dévolu.    

(1) j'ai d'abord transcrit phonétiquement « Ifly ». Aîe, I-Fly est une compagnie russe assurant des vols charters or cette compagnie est sur la liste des compagnies aériennes interdites dans l'UE depuis 2022... Ouf, c'est Hi Fly qui est évoquée par la députée, une compagnie portugaise basée à Lisbonne, spécialisée sur le monde entier pour des dépannages à moyen et long terme (source Wikipedia). 

(2) plutôt que cette promesses aux calendes grecques, les anticipations de la montée des eaux océaniques ainsi que sur l'enfoncement dû au volcan sous-marin resteraient encore favorables à la piste longue à l'horizon 2070...  

Note : concomitamment à cette publication, un addendum AEDOM a été joint au précédent volet, la députée étant revenue plus tard sur ce point économique.  

MAYOTTE OUT OF FRANCE !

 OUT OF AFRICA en hommage à Robert Redford récemment décédé m'a aiguillé sur l'Afrique dont Mayotte française et africaine. 

Ce matin, durant la demi-heure d'entretien dans les murs de KTV (Kwezi Télévision) avec la députée phare de Mayotte, contrairement à la discrétion d'Anchya l'opportuniste et au silence de Thani encore profiteur bien que ministre démissionnaire et caution malsaine du pouvoir métropolitain, force est de faire son miel, serait-il amer, de l'état des lieux par Estelle Youssouffa. Dans son viseur ce matin, d'abord les Comores, la gouvernance française ensuite, Air Austral et La Réunion enfin. 

(2) Facebook

Acceptez-en ce compte-rendu en tous points conforme sur le fond. 

LES COMORES, « pays parasite » donnant des leçons, se rapprochent de Moscou. Ce pays qui a fait tirer sur la foule d'Anjouan reçoit 150 millions d'aide de notre part pour contribuer à la lutte contre l'émigration clandestine (j'ai mal saisi mais elle évoquerait un “ Ben Salam ” au Quai d'Orsay). Or, son gouvernement, leur disant de prendre le bateau pour aller chez eux à Mayotte et sans un mot sur le sort des ressortissants envoyés à la mort, parle de manque de respect en dénonçant les forces de l'ordre française qui couleraient les migrants (je crois avoir compris ainsi). Inacceptable que la presse française, abondant dans cette déstabilisation d'un département français, se fasse l'écho de cette campagne étrangère alors que nos forces de l'ordre appliquent la loi, risquent leur vie, font du sauvetage face à des passeurs sans foi ni loi. 

Il faut arrêter de subventionner cet État parasite ; Le Monde donne de l'oxygène aux revendications infondées des Comores, d'un dictateur qui parle de respect et de droit.   

LA GOUVERNANCE FRANÇAISE. Bayrou et Valls n'ont rien mis pour réparer Mayotte, 15 millions seulement sont arrivés sur les 4 milliards programmés pour la reconstruction ; programmés, non sûrs alors que la Hollande a sollicité la Banque Mondiale pour reconstruire son secteur de Saint-Martin. Pourquoi la France ne le fait-elle pas ? Thani, le ministre démissionnaire aurait pu s'occuper de la question... on ne l'a jamais entendu pour défendre Mayotte alors que les entreprises sont en difficulté et que les assurances ne font pas leur boulot en remboursements. 

Nos compatriotes par contre, soutiennent Mayotte, la Fondation de France a levé 43 millions d'euros. L'État, lui, a sous-investi à Mayotte depuis des décennies ; Mayotte n'est en rien imputable de la situation financière du pays. 

Addendum, la députée ayant repris ce thème en fin d'entretien : Janvier 2026, le SMIC va être à 80 % de ce qu'il est en métropole, le MEDEF a combattu ces mesures / L'AEDOM assure une aide aux entreprises qui doivent, outre mer, faire face au surcoût du fret, à l'octroi de mer, à l'éloignement ; c'est un gâteau de plusieurs milliards d'euros, contrairement aux autres départements ultramarins, Mayotte département depuis plus de dix ans n'en a jamais entendu parler, les gouvernements, le Medef n'en disent rien... 

À suivre, le volet Mayotte - Air Austral.  



  

jeudi 18 septembre 2025

OUT OF AFRICA 2

Robert Redford est mort avant-hier dans son sommeil, en son ranch de l'Utah, il avait 89 ans. OUT OF AFRICA reste un des films où, en plus d'un charme photogénique naturel, ses talents d'acteur trouvent à s'exprimer. 

Robert_Redford_Cannes 1988 soit trois ans après la sortie du film under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Auteur Georges Biard

Il se trouve aussi qu'une migration depuis plus de trente années entre l'Europe et Mayotte, archipel français du Canal de Moçambique, me pousse à plus d'intérêt et de curiosité pour l'escale à Nairobi et le Kenya survolé. 

Motivé par une regrettable mais banale occurrence de l'existence, la mort de l'acteur, ainsi que par la programmation, en hommage, d'OUT OF AFRICA, je ne peux m'empêcher d'exprimer un fort attachement à une terre mahoraise, à un petit peuple maoré qui m'ont tant donné, même si une certaine impudeur prétentieuse m'amène à extérioriser une intimité que les quidams anonymes par définition, ne tiennent généralement pas à exposer... 

Deuxième volet ici : Mayotte et son contexte régional.   

Autant de pistes attestant d'une prétendue intelligence de sapiens alors qu'une indécente et impitoyable realpolitik en gâche les chances et la ruine jusqu'à l'étouffement ? 

Mayotte se bat afin de ne plus rester le petit confetti de prospérité (si relative, si inégalitaire) devant stagner à cause de l'océan de misère autour. 

Pour sensibiliser, pousser à se questionner, la télé qui vous garde en contact avec le monde a ses bons côtés, à condition de le vouloir par son choix des programmes. 
L'autre jour, un « Train pas comme les autres » parcourait le Mozambique. Des cocotiers si banals, si clichés tant qu'un Chido honni, terrible cyclone, ne vient pas décapiter, des fruits eux aussi que Mayotte a perdus. Mais plus qu'une nature ici généreuse mais qui, dans le 101ème département, a tant souffert, des visages rappelant exactement ceux issus des trafics d'humains, des Makuas ou autres Chambaras (pardon pour l'orthographe), pourtant si ouverts et souriants... à côté d'autres, pressés, stressés, fermés. 

Mussiro masque de beauté Mozambique 2015 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Emânio Samuel Mandlate


Et ce même usage du baume de santal frotté sur du corail mort, du m'dzindzano pour protéger la peau du soleil ; question langue et vocabulaire, dommage pour le dialecte originel : le sentiment de nation a besoin d'une langue véhiculaire, ici le portugais, certes un bel idiome bien qu'écrasant aussi implacablement que le français tout particularisme, toute identité parallèle. 
Encore il y a peu, le film « The Constant Gardener » qui outre l'intrigue a su montrer la réalité des bidonvilles de Nairobi, Kibera et ses nombreux quartiers, peu visibles malgré la présence, dans une séquence, d'un long-courrier arrivant dans un pan de ciel. Ce n'est pas pour autant que la beauté des sites s'en trouve négligée, en particulier ceux liés à la branche orientale du Grand Rift tel le lac Turkana. (à suivre)

OUT OF AFRICA 1

 ...et cette musique toute de nostalgie... Hier, Robert Redford est mort. La 2, en hommage, avec le film OUT OF AFRICA, a changé son programme : une bonne initiative, pour cette trinité, cette éternité de l'amour, la présence et l'avenir de notre espèce sur Terre, et le concours de cette musique, toute de nostalgie.   

L'Afrique, je l'aime parce que j'aime Mayotte. Mayotte, je l'aime parce qu'elle m'a accueilli, consolé, réconforté, remonté en selle pour infléchir le destin, se coltiner la vie, continuer le chemin. 



Je l'ai choisie comme compagne, elle m'a accepté comme compagnon. Cela va faire quinze mois que je ne l'ai vue. Ailes coupées, absence, séparation, avec au moins l'avantage de la redécouvrir de loin, alors qu'elle n'en finit pas de se dépatouiller pour être enfin une fille reconnue de la France, mère d'adoption, non plus celle qu'on envoie et cantonne dans le jardin quand passe un visiteur de marque, celle qu'on a honte de défendre ouvertement dans sa volonté de rester française, à l'international et pour de bien veules raisons... 

Ce 16 septembre j'ai pris le billet d'avion pour le 10 novembre, à la même date que celui que je devais prendre l'an passé, pour le voyage que le chirurgien m'a exhorté à décommander. 

De_Havilland_DH.60_Gipsy_Moth de 1929 du film Out of Africa under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license. Author Thesupermat

Passivité à se faire transporter par un 787... Redford lui, va opter pour un biplan, ce qui, dans le film, causera sa perte. Un mot néanmoins sur un itinéraire, à l'opposé de celui qui, de la métropole à Mayotte, via La Réunion, ce département en apparence accompli bien qu'ultramarin, tout à fait France sous les tropiques. Par Nairobi, d'abord, la carte d'identité n'y suffit plus, il faut le passeport ; ensuite, se décline la réalité d'ouverture au continent plutôt que son contournement par la Mer Rouge, l'Océan Indien en coupant juste la Corne de l'Afrique (1) au niveau de la Somalie.     

Prendre le temps, de la distance, de la hauteur, donne un recul utile ; l'altitude peut en concrétiser l'idée ; en bas, jouet d'une métropole cyniquement pernicieuse, Mayotte se bat contre l'invasion étrangère, contre un développement toujours freiné d'en haut ; de là-haut, avec tous les paysages survolés depuis la douce France, une Méditerranée trop indulgente dans sa bonté, une Afrique belle de rudesse (2), elle est dans une continuité de décors en témoignage d'une Planète Bleue exceptionnelle. De là haut, elle n'est plus le petit archipel qu'un voisin aussi impotent que sournois revendique afin de passer à l'as ses impérities et incuries coupables. Elle existe bien dans un ensemble swahili dont on veut la couper depuis toujours au motif qu'elle serait un furoncle de post-colonisation et aussi parce que les politicards toujours aussi sourds, la séquestrent, la rackettent, imposant un cordon ombilical au profit de grands groupes commerciaux métropolitains, la gardant sous domination économique réunionnaise. 

C'est hier que Robert Redford est mort. (à suivre) 

(1) bien qu'il existe une ligne directe Mayotte-Paris avec escale technique au Kenya. Avec Kenya Airways, un prix intéressant, 391 € cette fois (600 de perdus l'an passé car pris par une agence sur Paris-La Réunion), 2 x 23 kilos autorisés même si les valises restent trop souvent en carafe jusqu'à une semaine...  

(2) dans la nuit, lors d'une de mes migrations, j'y ai vu, heureusement de loin, des éclairs d'orages dantesques. 

mardi 16 septembre 2025

Fleury, le 8 mai 1998

 « Vendredi 8 mai 1945. 

Déjà cinquante-trois ans que la fin de la Seconde Guerre Mondiale (plus de cinquante millions de morts !) a été proclamée officiellement à Berlin (1 jour de plus pour la première capitulation, signée à Reims par le général François Sevez au nom de la France, comme adjoint du chef d'état-major général de la défense nationale, le général (plus tard maréchal) Alphonse Juin. Ce matin à 11 h 30 a eu lieu la cérémonie traditionnelle au monument aux morts. Il y avait assez de monde. Lecture de notes officielles du Ministère des Anciens Combattants par Chamayrac puis Raoul, remise de la croix de combattant d'Afrique du Nord à sept “ anciens ” dont Aimé Monestier, Pierre Chamayrac, Romain Sanchez, Louis LlObet, petit apéritif kir ou blanc nature à la Maison Vigneronne. 

1er mai 1987. 

1er mai 1987. 


Les grands panneaux de la ville Fleury en Languedoc ont changé de contenu et s'intitulent « En attendant l'été » MAI 1er mai, Fête des Associations au stade de l'Étang (mais elle a eu lieu à cause du temps incertain (il a plu à Salles et grêlé à Coursan) aux Ateliers municipaux en face du cimetière. Exposition des artisans thiernois à la Maison Vigneronne. 
3 mai : vide-grenier à Saint-Pierre organisé par le club Temps Libre. 
du 4 au 29 mai : exposition Antonine Peyre à la Maison Vigneronne. Vernissage le 15 mai à 18 h 30.
 
17 mai : journée cerfs-volants à Saint-Pierre, organisée par Bolumar, Le Latino, Pizza Milou, L'Anthémis, Les Mouettes, Les Embruns (dommage que Stani ne soit pas là pour apprécier avec son engin sophistiqué...). 
31 mai : 3e randonnée découverte avec la Syndicat d'Initiative.  

JUIN 8 et 11 : 1er triathlon des écoles à la piscine municipale. 
12 juin : concert de l'Harmonie du Conservatoire de Béziers avec, en première partie, les Sax Symboles, à 21 h place Jean Moulin Fleury. 
18 juin : Fête de la Musique des écoles primaires, 14 h salle des fêtes. 
20 juin : feux de la Saint-Jean avec banda à Saint-Pierre et le Syndicat d'Initiative. Fête de la Musique de l'École municipale de musique, 21 h, salle des fêtes de Fleury. 
27 juin : sardinade (ce mot n'existe que pour nous) aux Cabanes-de-Fleury, descente de l'Aude en OFNI (Objets Flottants Non Identifiés). 

Tout cela sur les grands panneaux où tu pouvais voir lors de ton séjour de Noël « Ciel ! Une nouvelle année ! » avec les vœux de la municipalité. 

1er mai 1989. 

Anan escotar las questius. 

Dimanche 10 mai 1998. Le beau temps revient enfin et Grenoble rejoint aujourd'hui Mayotte pour la température puisqu'il doit y régner un magnifique 31 degrés. Ici nous nous contentons de 20 à cause d'un marin assez frais, mais le soleil n'est plus avare de ses rayons et c'est bien agréable. 

[... ] Hier après-midi, nous étions à la mer. J'ai assisté à la magistrale déculottée subie en rugby par le Stade Toulousain face au Stade Français. 39 à 3, qui l'eût cru, c'était à Brive, en demi-finale du championnat de France. Il faut dire aussi que l'USAP a gagné sa place en finale (samedi 16 mai), d'extrême justesse (Colomiers menait jusqu'à la dernière minute !). Cela console un peu de la façon dont cette équipa s'est qualifiée sans battre Narbonne (qualifiée au bénéfice des essais suite à deux nuls). À Fleury, cet après-midi, les cris venaient du stade plein pour un huitième de finale entre Agde et Castelnaudary. Les Chauriens avaient partie gagnée mais à quelques secondes de la fin, une pénalité permit à Agde de l'emporter. Nombreuses, les voitures ont mis du temps à évacuer, les klaxons se faisaient entendre sur la route de l'Hérault. 

[...] Lundi 11 mai 1998. Cet après-midi, à la mer, nous avons réussi à mettre les jambes dans l'eau jusqu'aux genoux. La température a atteint les 25 degrés mais 32 à Grenoble et même à Strasbourg. Prague et Moscou connaissent des pointes estivales, Paris savoure une douceur supérieure à Biarritz, bref, la chaleur semble de retour mais le chauffage vient à peine de cesser, alors soyons prudents encore... 

En te souhaitant une santé en tous points parfaite, tendres embrassades de maman et papa.     

samedi 13 septembre 2025

Fleury le 27 mai 1998.

 [...] À la mer, il y a eu beaucoup de monde, et le marché a déjà des allures estivales. Mercredi 20, maman est revenue de la plage avec un air dégoûté « Il y a un gros rat sur le bord ». Je pensais à un rat mort. 

Ragondin_(Myocastor_coypus) under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Gzen92


J'y suis allé : c'était une bête énorme de 60 cm de long sans la queue qui en mesurait bien cinquante, et vivante, mais paraissant assommée ou blessée, se remuant lentement mais bien droite. Le corps avait bien 15 ou 20 centimètres au niveau des pattes postérieures. Un jeune homme, qui l'observait d'un peu loin, croyait avoir affaire à un raton-laveur, mais l'animal n'en avait ni la tête ni la queue. J'ai plutôt pensé à un ragondin, et en regardant mon GDEL, je crois que c'était bien cela : ragondin ou coypou (mot amérindien), mammifère rongeur originaire de l'Amérique du Sud mais répandu dans le monde entier, synonyme « myocastor » ou « myopotame », à fourrure estimée appelée « nutria », de mœurs aquatiques. C'était une rencontre tout à fait inattendue à St-Pierre. L'après-midi, il avait disparu sans laisser de trace. Cela ne m'a pas empêché de prendre un bain rapide (j'en suis à cinq trempettes d'avant-saison). 

Le dimanche 17 mai, la journée « cerfs-volants » fut complètement ratée malgré un beau soleil, à cause d'un vent du Nord beaucoup trop fort. 

[...] Je suis allé assister à la levée du corps de la pauvre Roselyne Sié, née Monestier, sœur d'Aimé le boulanger et belle-sœur de Guy Sié, qui vient de nous quitter à l'âge de 46 ans des suites d'un cancer au sein. Ce matin, j'allais chercher le pain chez Monestier quand je vois « Fermé pour cause de décès ». Momon est sorti à ce moment et m'a dit cette triste nouvelle.  La fille Bilbe qui passait par là m'a parlé de sa fille qui devrait rejoindre Mayotte mais tu n'y seras pas pour lui dire ton expérience. 

« C'est bien jeune pour mourir » disait Guy en remerciant les présents au nom de la famille avant que le fourgon suivi des voitures ne prenne la direction de Montredon, le fief des Monestier, pour la messe de funérailles et les obsèques. 

Fleury-d'Aude Cimetière


Jeudi 28 mai. Pour en finir avec le carnet noir des jeunes disparus, je ne t'ai pas annoncé la mort subite de Guy Ferrer, 50 ans, électricien à la mairie (rupture d'anévrisme alors qu'il regardait la télé). 

Nous allons passer la Pentecôte à Saint-Pierre. Plus rien à ajouter pour aujourd'hui. 

Nous vous embrassons bien fort. 

À bientôt de te lire, 

Tes parents qui pensent à vous deux.  


jeudi 11 septembre 2025

De RIVESALTES à VERSAILLES

Non, pas un itinéraire avec ou sans péage sur le web. C'est seulement que lors de l'évocation de Rivesaltes par mon pauvre papa, outre mon sentiment qui continue à se nourrir de toutes ses missives et écrits, cette halte me ramenant forcément vers mes 37-38 ans, m'a fait l'effet d'un coup de bambou. 

Oui, je ne gardais que de belles images de cette allée Joffre (une promenade, un mail comme appelé par mon père) empruntée pour rejoindre la gare en haut ; tout du long, l'opulence des platanes, en bas la statue équestre du maréchal, autour, la splendeur des palmiers phénix. Hélas, parti cliquer pour retrouver quelque chose de ces chers souvenirs, me faisant tristement revenir à la réalité, ce que j'en ai vu m'a complètement stupéfié. Perdues les majestueuses ramures des vieux platanes, disparus les palmiers phénix avec leur cachet d'un Sud presque subtropical, partout du dallage et seulement de jeunes arbres en remplacement. Si Joffre sur son cheval en appelle toujours à une page grave de notre Histoire, le site, lui, ne veut plus rappeler son pays de naissance. Et moi, égoïstement, je perds sous les ombrages, à la rentrée, parce qu'un jour je finis avant midi, ce marchand qui proposait quatre ou cinq variétés de figues, sinon le cadre des premières fèves du marché courant février, perspective de renouveau sous les longs rameaux nus de l'hiver, souvent agités avec leurs pompons par les coups de tramontane. 

Trop long. Impossible de partager cette détresse dans le post d'hier où seule la vue générale restait capable de ne pas me chambouler l'intérieur. Certes, on y voit l'Agly si beau de son eau en pays sec, et c'est mentir un peu sinon rester déraisonnablement optimiste : le fléau de la sècheresse chronique fait qu'à plusieurs reprises, le fleuve n'a plus coulé. Comment cela ne rappellerait-il pas les déconvenues, ce ver venu manger le cœur des palmiers, les platanes anéantis par le chancre doré mais n'était-ce pas le long du Canal du Midi, et non à l'intérieur des terres ? Alors, pourquoi à Rivesaltes ? Malades ? Incurables ? Trop vieux pour être soignés ? Pas la version de qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, espérons ?     

Ils vont bien les architectes des Bâtiments de France qui assurent à propos des allées, initialement “ cours Napoléon ”, inscrites au patrimoine départemental « sans que leur aspect ne soit changé » alors qu'il faudra plus d'un siècle pour des arbres sublimes. 

C'eût été lourd d'exprimer tout ça en légende de la photo en dépannage mais cela fait si mal que la muse s'en est mêlée : 

« Ô Rivesaltes, par ce matin fané 
Pourquoi ton souvenir m'obsède-t-il ainsi ? » 

Éditions Lys Versailles “ reproduction interdite ”... hum... 

Haro sur l'écrivaillon ! « Plagiat » vous écrierez-vous ! Non, seulement les premiers vers détournés d'Albert Samain sur Versailles. Vers 1900 il écrit qu'elle succombe, « ...comme un grand lys tu meurs, noble et triste... », que Louis ne parcourt plus ses jardins. Le poème du recueil « Le Chariot d'Or » compte quatre sonnets à la suite mais notre étude collégiale s'arrêtait au premier quand 

« l'onde épuisée au bord moisi des vasques
S'écoule, douce ainsi qu'un sanglot dans la nuit. » 

Éditions Lys Versailles “ reproduction interdite ”... hum... 

À mon corps défendant, manière de plagier Esaïe dans l'esprit, mais pas à l'insu de mon plein gré comme aurait dit Richard, les voies des ressentis et vibrations étant impénétrables, je ne m'attendais pas à ce que mon ordinateur neuronal associât Rivesaltes à Versailles parce que la visite du parc m'avait jadis (1968) impressionné, que les mots du poète en avaient pris plus de substance, que des nombreuses cartes postales gardées, par leur grande qualité, celles de la résidence royale restent de mes préférées.   

Versailles ? oui, plus qu'un Paris trop trépidant. Rivesaltes ? non, j'en porte désormais le deuil comme celui de ma jeunesse. Rivesaltes, c'est fini, je ne crois pas que j'y retournerai un jour...

Lettre de Fleury 26 juin 1998.

[...] Mme R. a aménagé pour l'été la maison située après l'ancienne mercerie de Blanche (c'était jadis l'épicerie d'Élodie, mère de « la Ménène » ; ma grand-mère Joséphine y achetait parfois le café de « L'Éléphant Noir »... 

Rivesaltes_general_view 2018 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International license. Author Palauenc05

[...] au retour de l'aéroport, nous sommes revenus par Rivesaltes : arrêt près de la belle promenade, quelques joueurs de pétanque profitaient de l'ombre des platanes mais l'ensemble restait bien calme à l'heure de la sieste. Juché sur sa statue au bout du mail, le maréchal Joffre ne voyait guère que les beaux palmiers aux stipes bien trapus qui nous ont invités à tirer deux ou trois photographies près de la fontaine jaillissante, paysage urbain que doit bien connaître JF puisqu'il a travaillé deux ans là-bas. 

Peu de circulation au retour, route remise à neuf entre garrigue et étang, pas de points de vente d'abricots ouverts à cette heure. 

Vue de l'Aude aux Cabanes diapositive François Dedieu 1967. 


Samedi 27 juin 1998. réveil ce matin à sept heures « en punto », como se dice en Espana, y yo creo que es bastante temprano en el ultimo sabado de junio. Pardon, je m'embarquais dans la langue sonore et douce (?) de Cervantes pero ustedes entienden perfectamente las palabras de este idioma. [...] À Saint-Pierre, Mamie a arrosé quelques jolis plants de tomates venus on ne sait d'où. De là j'ai rejoint seul l'embouchure de l'Aude pour la sardinade des Cabanes. Je me suis retrouvé à côté de Gilbert Gérard, le frère de Mme Mestre. Il faisait très bon, tout s'est bien passé : moules crues, cuites (marinière et sauce blanche), quiche, sardines excellentes, fromages et esquimau.  

[...] Hier l'eau était bonne, la brise marine presque nulle, la mer sans vagues comme je la préfère, des estivants encore peu nombreux par rapport à ce que sera la foule dans une huitaine de jours. 

[...] Mardi 30 juin 1998. À Fleury les quelques abricots ne se décident pas à mûrir, la grosse touffe de lavande a presque fini de fleurir... Je trie mes vieux journaux de 1972 pour garder les grilles de mots croisés et quelques articles “ historiques ”. Claude le facteur est passé en short et tenue légère because la chaleur... 

« Mets bonjour et au revoir, ils n'ont pas le temps de lire toutes ces pages : ils voyagent ! » me dit mamie. 

[...] La Yougoslavie a eu la malchance de rater son penalty contre les Pays-Bas, la France a provoqué la “ mort subite ” du Paraguay, 114e minute, il était moins une !   

Bon voyage jusqu'à Dzaoudzi-Pamandzi, bonnes retrouvailles avec JF, bon passage en barge, excellents bains à Tahiti-Plage, 
Gros poutous de nous deux, 
papi et mamie qui pensent à vous. 

lundi 8 septembre 2025

Lettre de Fleury samedi 6 juin 1998

« Avant de repartir pour la mer, où nous passons d'agréables journées car la chaleur est bien arrivée : nous avons pris deux bains avant-hier jeudi (j'en suis à sept cette année). 

[...] La famille prépare le grand départ, nous ne les voyons pas à la mer. la grève des pilotes  « Air France » tombe mal et Michel Charasse a un peu raison quand il les traite d'égoïstes et de gens qui n'aiment pas leur pays. Chevènement ressent à ce sujet « une certaine honte » tandis que Robert Hue enfonce dans la “ majorité plurielle ” un coin de désaccord flagrant, un de plus... Quant à l'autre bord, ce n'est guère plus brillant. Enfin, laissons la situation se décanter. 

Fabien_Barthez 2009 under the Creative Commons Attribution-Share Alike 3.0 Unported license Author Guiggz

Avant de suivre la Coupe du Monde de Football qui s'annonce sous d'assez inquiétants auspices, puisque, aux différentes grèves (avions, rail et tutti quanti) s'ajoute la méforme espérons passagère de l'équipe de France sauvant tout juste l'honneur devant la Finlande ou bien au Maroc, nous avons vécu à l'heure de Roland Garros ; 

Marat_Safin_at_the_2009_US_Open under the Creative Commons Attribution 2.0 Generic license. Author Charlie Cowins


hier, arrivé pour la première fois aussi haut, Pioline a perdu devant Corretja. Le russe Marat Safin  fait une grosse impression : sorti des qualifications il a inquiété ou bien fatigué les meilleurs. Quand on songe que depuis quatre ans il est en Espagne, ainsi que sa jeune compatriote, on se dit que l'école espagnole est remarquable puisque trois joueurs sur quatre sont ibériques et que la grande finale de dimanche opposera Moya à Corretja, deux Espagnols, et ce n'est pas la première fois ! Quant aux filles, il est réconfortant de voir que Martina Hingis peut enfin perdre et que Monika Seles revient au premier plan, malgré le deuil de la mort de son père le 13 mai dernier, et bien que je n'aime pas trop son genre de comportement sur le court, avec ses cris de bête traquée. Arantxa Sanchez Vicario est fidèle à sa tradition. Elle va jouer gros cet après-midi devant l'américano-yougoslave. 

Je viens de parler de deuil et de mort, alors, pour en finir avec la carnet noir, je vous signale que Fleury a perdu son Receveur des Postes, l'imposant alsacien que vous connaissiez peut-être, monsieur Biatek Guy Paul, âgé de cinquante et un ans. Il serait mort à l'hôpital de Toulouse [...] la liste des jeunes décédés s'est donc allongée encore. Il faut que j'ajoute quand même qu'une veuve de 98 ans  a été enterrée voilà quelques jours (je ne la connaissais pas), ce qui augmente un peu notre longévité et qui prouve que notre doyenne n'était pas encore madame Bernadette Chamayrac. 

Le temps est un peu couvert aujourd'hui. des orages parfois violents sont bien annoncés par la météo, mais pour l'instant pas le moindre coup de tonnerre ni la première goutte de pluie. les fêtes de Pentecôte se sont bien passées à Saint-Pierre avec une affluence record, un marché fort achalandé. 

[...] Je me suis un peu trop avancé : il est dix heures et quart et une pluie douce vient nous rafraîchir un peu, mais pour l'instant à peine si la rue commence à être mouillée [...] La pluie se fait un peu plus forte et les bruyants engins de sulfatage auront encore de belles heures devant eux ; Jeannot B. seconde son beau-fils qui aurait, dit-on, acheté les vignes d'Yves Carrière, José Hérail, selon sa noble attitude, n'arrête pas de mettre au point le moteur du tracteur. Plus haut ce sont les fils Galmarre, plutôt en fin de semaine. 

Plus rien à signaler, 

Meilleures embrassades de nous tous, excellent retour à Hyères pour Stani, 

Papa, papy, Maman mamie.  

dimanche 7 septembre 2025

Lettre de Fleury 4 juillet 1998

« Nous voici à Fleury depuis quelques jours. Nous sommes arrivés de St-Pierre juste avant un de ces gros orages, rapides et brutaux dont le ciel nous gratifie parfois (les tuyaux de descente des chéneaux envoyaient l'eau des toits  jusqu'à un bon mètre dans les rues !). 

[...] Hier nous avons vu les deux beaux matchs des quarts de finale, mais il a manqué des buts, ceux-ci étant réservés à la seconde rencontre, où le Danemark a merveilleusement résisté aux Brésiliens, qui sont loin toutefois de leur solide réputation; Aujourd'hui nous avons droit aux deux autres quarts : Argentine-Pays-Bas et Allemagne-Croatie. Quand vous lirez ces lignes, vous saurez les résultats. 

[...] Un antiquaire de Castelnaudary vient de sonner, et il est reparti, bien gentil, sans emporter l'horloge comtoise que nous n'avons jamais possédée, ni les vieilles cartes postales conservées précieusement par ailleurs. 

Les grandes affiches viennent de faire peau neuve. En bleu sur fond blanc, je peux y lire FLEURY L'été s'anime ! 

FLEURY Samedi 4 juillet Soirée Jacques Brel Trio Vesoul-Amsterdam Place Jean Moulin 21 h. 
Sa 11 Orion danse Spectacle Pl J Moulin 21 h
Lundi 13 Retraite aux flambeaux Banda Louis Merlusous à 21 h et Bal avec Cocktail Music à 22 h Place du Ramonétage.  

SAINT-PIERRE Tous les jours “ Grand marché Typique ” centre ville de 7 à 13 heures
Ts les vendredis animation artisanale
Ts les lundis Pot d'accueil et présentation des produits du terroir avec la “ Banda Alegria ” ou “ Aval ta Soupe” à partir de 19 heures. 
Jeudi 2 Grande soirée disco avec Krypton Music
Lundi 6 concert Adac musique contemporaine Bd des Embruns
Mercredi 8 Bus Infos Jeunes de 14 h 30 à 18.30 Groupe jeffet Co rock Forum 21 h
Jeudi 9 Grande soirée disco avec Krypton Music
Samedi 11 Chantal Eden chanteuse guitariste Forum 21 h
Mercredi 15 K'Ala Marka, musique bolivienne Podium 21 h
Jeudi 16 Podium française des Jeux Place du Marché

Les Cabanes-de-Fleury 1973 Fête des Pêcheurs Le mât de beaupré. 

LES CABANES Les 1, 8, 14 Karaoké géant Fred Erikson Port ou Place des Pêcheurs à 21 h

Les-Cabanes-de-Fleury 1973 Fête des Pêcheurs Dépôt des gerbes en mer. 


Tous les jours tournoi de baby-foot gratuit Salle de Jeux
Samedi 4 Bal avec coktail's Music au Port
Dimanche 5  Fête des Pêcheurs : Jeux nautiques 15 h. BAL avec Cocktail's Music 22 h. 
Feu d'artifice 23 h au Port
Mardi 7 : BAL avec Cargo de Nuit Place des Pêcheurs
Jeudi 9 : JAZZ 1930 avec Santandréa Pl des P 21 h
Samedi 11 : LACROUX MUSETTE au Port 21 h. 
Mercredi 15 : BAL Disco Krypton Pl des P ou Port

Nous allons nous préparer pour repartir à la plage. Il fait très beau et le vent “ du Nord ” n'est pas trop fort. La température est très agréable, mais ce matin, quand j'ai lu mes dix pages des « Noces dans la maison » en compagnie des chiens, bien sages tous les deux au Jardin Public, il faisait frais et j'avais mis le blouson en guise de chemise. 

[...] Pour l'instant, au revoir, comme le disait Valéry le soir de sa défaite électorale , et à bientôt de vos bonnes nouvelles. 

Nous vous embrassons tous, et vous souhaitons une bonne fin de séjour (déjà...) mais les derniers jours ne sont-ils pas les meilleurs ? 

Papy