Non, pas un itinéraire avec ou sans péage sur le web. C'est seulement que lors de l'évocation de Rivesaltes par mon pauvre papa, outre mon sentiment qui continue à se nourrir de toutes ses missives et écrits, cette halte me ramenant forcément vers mes 37-38 ans, m'a fait l'effet d'un coup de bambou.
Oui, je ne gardais que de belles images de cette allée Joffre (une promenade, un mail comme appelé par mon père) empruntée pour rejoindre la gare en haut ; tout du long, l'opulence des platanes, en bas la statue équestre du maréchal, autour, la splendeur des palmiers phénix. Hélas, parti cliquer pour retrouver quelque chose de ces chers souvenirs, me faisant tristement revenir à la réalité, ce que j'en ai vu m'a complètement stupéfié. Perdues les majestueuses ramures des vieux platanes, disparus les palmiers phénix avec leur cachet d'un Sud presque subtropical, partout du dallage et seulement de jeunes arbres en remplacement. Si Joffre sur son cheval en appelle toujours à une page grave de notre Histoire, le site, lui, ne veut plus rappeler son pays de naissance. Et moi, égoïstement, je perds sous les ombrages, à la rentrée, parce qu'un jour je finis avant midi, ce marchand qui proposait quatre ou cinq variétés de figues, sinon le cadre des premières fèves du marché courant février, perspective de renouveau sous les longs rameaux nus de l'hiver, souvent agités avec leurs pompons par les coups de tramontane.
Trop long. Impossible de partager cette détresse dans le post d'hier où seule la vue générale restait capable de ne pas me chambouler l'intérieur. Certes, on y voit l'Agly si beau de son eau en pays sec, et c'est mentir un peu sinon rester déraisonnablement optimiste : le fléau de la sècheresse chronique fait qu'à plusieurs reprises, le fleuve n'a plus coulé. Comment cela ne rappellerait-il pas les déconvenues, ce ver venu manger le cœur des palmiers, les platanes anéantis par le chancre doré mais n'était-ce pas le long du Canal du Midi, et non à l'intérieur des terres ? Alors, pourquoi à Rivesaltes ? Malades ? Incurables ? Trop vieux pour être soignés ? Pas la version de qui veut noyer son chien l'accuse de la rage, espérons ?
Ils vont bien les architectes des Bâtiments de France qui assurent à propos des allées, initialement “ cours Napoléon ”, inscrites au patrimoine départemental « sans que leur aspect ne soit changé » alors qu'il faudra plus d'un siècle pour des arbres sublimes.
Versailles ? oui, plus qu'un Paris trop trépidant. Rivesaltes ? non, j'en porte désormais le deuil comme celui de ma jeunesse. Rivesaltes, c'est fini, je ne crois pas que j'y retournerai un jour...