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lundi 24 septembre 2018

VENDANGES D'AVANT GUERRE / Fleury d'Aude en Languedoc

Je tombe sur ce brouillon oublié, sur François Tolza, un auteur inconnu, nimbé de mystères, resté dans les brumes du grand Meaulnes mais qui a su faire passer les battements d'un monde d'avant, pourtant toujours palpitant...  Un souffle à partager, absolument...  



15 août 2017, les vendanges ont bien 15 jours d’avance. A Frontignan on cueille le muscat petit grain. A Limoux où tout se coupe à la main, Blanquette oblige, le chardonnay et le pinot sont rentrés et il faudra attendre pour le chenin et le mauzac... 

A l’image du blé, le raisin a fait l’objet, pratiquement depuis l’antiquité et peut-être jusque dans les années 70, d’une récolte sacrée. Si la mécanisation et plus que tout la chimie avec ses maux en -cide lui ont fait perdre son caractère rituel, une collecte improbable, d’un autre genre (que l’Internet en soit remercié), peut faire revivre la liesse des hommes soucieux du ciel quand la terre daigne offrir en retour le fruit de leurs efforts. 

Une recherche aussi aléatoire que chanceuse nous a donc amenés à ouvrir un numéro de « La Revue du Caire », "Revue de littérature et d'histoire" dans sa huitième année. Les numéros 76 et suivants publient « ADORACION », une œuvre de François Tolza.
http://www.cealex.org/pfe/diffusion/PFEWeb/pfe_002/PFE_002_029_w.pdf 

Est-ce une longue nouvelle ? un petit roman ? une novella ? Comment nommer, en effet, un ouvrage de 152 pages ? Et qu’il est déconcertant de réaliser qu’il a été écrit entre 1941 et 1942 à Alexandrie... Alors que l’Afrikakorps de Rommel menace le Canal de Suez, artère vitale des Britanniques. L’auteur se replonge dans une ambiance qu’il connaît trop bien, celle d’un village du Roussillon, du microcosme de ses habitants aux mœurs peu charitables.
Tous ceux qui aiment le monde de la vigne s’y retrouveront. Sans doute sonderont-ils aussi le mystère d’un auteur apparemment sorti de l’anonymat par ce seul titre  « ADORACION ». 


Qui était François Tolza ? Sur une plume qui gagne à sortir de l’ombre, l’opacité d’un brouillard demeure...


 François TOLZA :
« .../... Depuis huit jours la « colle » (1) du Bagne allait et venait dans les vignes de la Plane. Chaque fois qu'arrivée au bout d'une rangée elle se rabattait pour prendre une rangée nouvelle, cela faisait un mouvement d'éventail qui se ferme et puis s'ouvre. Quarante coupeuses se penchaient vers la terre, brassaient les ceps de leurs bras habillés de sac. Derrière elles, les vignes étaient pareilles à un velours froissé. Les hotteurs venaient par derrière, le corps droit, les doigts appuyés aux bretelles de leur hotte. Ils se penchaient tantôt à gauche, tantôt à droite, recevaient les seaux en arquant les jambes pour se parer du poids, puis, la hotte pleine, sautaient deux ou trois coups, jambes pliées, afin de répartir et de consolider sur leur dos blessé, leur charge. Après quoi ils s'en retournaient, courbés et lents, pareils à des scarabées, une feuille de vigne aux dents pour oublier la douleur de leur dos, jusqu'au chemin vicinal où s'alignaient les comportes. Faustin leur désignait la comporte où ils devaient vider leur charge.../...

.../... C'était un homme fort. Il n'avait pas son pareil pour les coups de main. Il était capable de hisser jusqu'au talon de la charrette une comporte pleine, une main à chaque cornelière. Cela lui arrivait quelquefois lorsqu'il fallait faire vite, que la pluie tombait et que l'on craignait pour le degré ... Sortir une roue d'une ornière était un travail pour lequel,  disait-il, il n'y avait pas de quoi péter. Il faisait tout d'un effort lent et sûr, presque imperceptible. A le voir hisser une comporte, on ne devinait pas le moment de la plus forte tension. Une fois la chose dans  ses mains, on la voyait quitter le sol et lentement monter comme soulevée par une machine. Ce n'était pas à  cause de sa force qu'on l'avait mis à faire des comportes. Il avait un coup d'œil étonnant pour répartir les chargements. Au charretier qui revenait de la cave, de loin,  il criait :  
- Alors ? un peu plus que la dernière...   dans les 1250 ...
Le charretier ne répondait pas,  tendait le ticket rouge de la coopérative. Faustin y  jetait les yeux, souriait. La différence n'allait pas au delà de 20 kilos .../...


.../... Ce jour-là,  le train de midi avait depuis longtemps haleté derrière les collines Les coupeuses dépliaient leur dos, les unes après les  autres,  s'immobilisaient en bavardant,  dans l'attente du déjeuner. Ce n'est pas que « la colle » du Bagne fût plus vaillante que celles d'alentour. Il y avait là beaucoup de jeunesse résolue à  faire des vendanges  joyeuses, sans coups de colliers, avec des  pauses à l'heure.  Les vieilles ne formaient que l'armature, les cadres. Depuis vingt ans la Cagotte était « moussègne» (2) et elle connaissait son métier. Elle amenait tout son monde dans son sillage sans qu'il y eût jamais un grincement. A la pointe de la file, elle allait de son train régulier de femme besogneuse devant une « colle » qui avait souvent le nez en l'air. Mais, lorsque la distance se faisait par trop grande, tout bavardage cessait. Les hotteurs ne faisaient plus de plaisanteries. Les mères aidaient les jeunes qui s'empêtraient dans les feuilles. On n'entendait plus qu'un froissement de plantes, le bruit sec des sécateurs et le glissement des seaux sur les cailloux plats de la vigne.../...

.../... De sa poche, il tira, au bout du lacet de soulier qui lui servait de chaîne, la montre qui virevolta. Irma et la petite d'Angle lui bourrèrent les côtes, abattirent sur la montre leurs mains poissées, vérifièrent l'heure.
~ Voilà que tu ne sais plus voir l'heure mon pauvre Faustin.  C'est-y que tu aurais trop de travail à "quicher" les comportes ? ou bien que le vin du Bagne serait trop clair ?
Elles lui mirent la montre bombée sous les yeux. Elles lui tirèrent les cheveux et les oreilles. Lui riait de bon cœur comme un enfant. Déjà les vieilles promenaient leurs hardes et leurs paniers, à la recherche de l'ombre. Aux comportes, les filles lavaient leurs mains avec des grappillons verts et durs dont le jus acide piquait les yeux. Derrière le hangar de roseaux, sous un arbre que le vent devait peigner durement l'hiver, toutes les branches en fuite vers la mer, la « colle» se rangea en rond. Ils mangeaient en silence, les jambes bien allongées sur le sol, le regard délivré. Faustin coupa une tomate, mit les deux lobes sur une large tranche de pain, arrosa le tout d'huile et de vinaigre, sala, poivra.../...

.../... Ils étaient tous, hommes et femmes, des quatre coins de Sainte-Marie. Les premiers jours ils s'étaient sentis un peu étrangers les uns vis-à-vis des autres.  Ils avaient mesuré leurs paroles,  vérifié les images qu'ils se faisaient de chacun. Puis, très vite, les préférences avaient maçonné des groupes. On les retrouvait le long de la file des coupeuses, rassemblés aux heures de repos. Seules, deux ou trois vieilles vivaient à  l'écart, traînantes au bout de la file, sommeillantes et écrasées aux repas. Pour les autres, dont la sieste n'était pas un besoin,c'était deux heures de conversation et de délassement.../...

.../... Maintenant ils chargeaient. Debout sur le talon de la charrette, Idrou, le charretier, donnait la corde. Faustin l'enroulait deux fois autour de la cornelière, puis,  les deux mains au cul de la comporte, il poussait un ah! qui la jetait, avec fracas, sur le plancher du véhicule. Idrou la faisait louvoyer d 'une ridelle à l'autre sur le plancher gluant de grappes écrasées, l'amenait sur le devant, la calait contre les supports de fer entre lesquels couraient les chaînes. La dernière comporte monta lentement. Faustin la soutenait dans ses mains en corbeille ; puis elle s'encastra, jetée d'un bloc, sur le côté de la charrette. Idrou, d'une chaîne, ceintura la jumelée. Il n'avait pas fini de vérifier tous les crochets, que la jeunesse prenait la charrette d'assaut, logeait ses paniers, installait des brassées de feuilles sur les comportes pleines. Le charretier allait et venait des brancards au talon, passait la main sous la ventrière du limonier. Déjà loin, le vieux cheval des Bagnes amenait d'un pas fatigué, dans la jardinière cahotante, les vieilles et les mères. Un coup de fouet, l'effort brutal et silencieux des muscles attentifs, le claquement des traits sur les brancards, la morsure des roues sur la terre et l'attelage s'arrachait de la vigne. A l'ouest, le soleil était encore haut. Il pouvait être cinq heures. Des quatre coins des Planes, les « colles » affluaient vers les chemins, pressées de gagner, avant le crépuscule, la route nationale, plus sûre, où l'on était certain de trouver du secours en cas de besoin. La journée finie, les femmes enlevaient les foulards de tête, passaient leurs doigts dans leurs cheveux collés, enfouissaient au fond des paniers les tabliers sales et les espadrilles trouées. Lentes de tous leurs dos meurtris, de leurs jambes raides, elles s'en venaient vers le village.  Il faisait un vrai temps de vendanges. Quoique les matins fissent prévoir des après-midi chaudes, il y avait quelque chose dans l'air qui démentait les orages et la canicule. Dès dix heures, la campagne se dorait. Le ciel  prenait un bleu fatigué de début d'automne. A peine si les midis brûlaient aux flancs des pierres et faisaient l'air plus lourd autour des souches. On ne mangeait pas au fort des ombres, mais dans cette zone tiède à  la lisière de l'ombre et du soleil. Au ciel, pas un nuage, mais cette immobilité limpide, purifiée, de tout de qui n'est pas durable. Les soirs se teintaient d'orange, éclaboussant les vignes de verts ternis où les cépages blancs tournaient au jaune pâle.../...

(1) La « colle » désigne l’ensemble du personnel préposé à la récolte d’une propriété.
(2) Pour «moussègne», l’auteur indique « chef de colle ».

Photos autorisées commons wikimedia
1.  Vendanges Maestri,_Michelangelo - Busto_di_Bacco - 1850
2. Vendanges Colle de vendangeurs. Corbières
3. Vendanges Repas de vendanges dans l'Hérault vers 1900.

jeudi 13 juillet 2017

François TOLZA / ADORACION (6) / Sur la piste d’une plume qui le vaut bien !

En septembre, ce sera un plaisir de reprendre toute la partie sur les vendanges même si la recherche sur la « moussègne » en a décrit certains aspects... (voir 3 novembre 2016)
https://dedieujeanfrancois.blogspot.fr/search?q=Tolza

Revenons plutôt à ces destins croisés : Lucien, ses parents, surtout sa mère, le Corse qui a une relation cachée avec Adoracion. Manquent le Nègre qui, depuis l’affaire, en veut à Lucien ; et Faustin, la force de la nature portée sur la boisson qui, à force de se l’entendre dire, pense de plus en plus à Adoracion.
Lucien s’est fait embaucher à la coopérative où jusqu’à la nuit, les charrettes attendent de vider. Un wagonnet qui verse par accident et le Nègre s’en prenant à Lucien tombe dans la conque du fouloir.
Entre Lucien et Claire, le lien reste fort, les jeunes gens aimeraient se revoir. Pour carnaval, profitant de l’anonymat du déguisement, Lucien fait danser Claire mais doit finalement fuir les villageois décidés à tomber son masque.
Après Pâques, sa mère arrive, rassérénée par la nouvelle qui court sur Adoracion, enceinte de trois mois. Lucien, plus embêté que réconforté par cette suite à l’histoire, reste froid ; il annonce qu’il part retrouver Claire ; le pèlerinage à l’ermitage de Saint-Antoine, dans les gorges du Daly, lui en donne l’occasion. Ils sont d’accord pour partir ensemble, un jour... 

Après un printemps chaud, les grappes s’allongent, maigres de quelques grains et l’orage de l’été n’y changera rien. Le village, lui, se retrouve plus exposé aux éclairs et au tonnerre.
Faustin s’ivrogne avec le Nègre et parle de se marier avec Adoracion, la "putain", mais sans prendre le Corse, son "maquereau". Le Nègre rumine sa vengeance sanglante tandis que le Corse ne veut plus prendre sa femme Philippine tant il désire Adoracion qu’il court rejoindre malgré le déluge. 
Le train de cinq heures siffle en quittant Sainte-Marie. Une main forte se mêle à des doigts plus fins pour frotter la buée sur une vitre du wagon... « Ni Claire, ni Lucien n’avaient pensé à baisser la vitre. »

La mention « Alexandrie 1941 - 1942 » clôt cette longue nouvelle, ce petit roman, cette novella... comment nommer ton ouvrage de 152 pages ?
François Tolza tu es donc loin du décor, d’une l’ambiance villageoise que tu connais trop bien. En 1942, l’Afrikakorps de Rommel est à peine à 200 km d’Alexandrie et cela ne t’empêche apparemment pas de faire revivre Sainte-Marie des Corbières, cette localité inventée parce que tu as la prudence, même depuis l’Égypte, de ne pas provoquer un retour de bâton : le qu’en-dira-t-on irascible, si typique des villages du sud est sans pitié !
Tu dis "Corbières" mais les seuls reliefs dont tu parles sont les Aspres... et comme par hasard tu ne souffles mot du Fenouillèdes... Et ces canaux d’irrigation de la plaine grasse le long desquels tu fais courir le Corse, sont-ils ceux de la Têt, ou de l’Agly et de la Boulzane ?
Tu dis "Sainte-Marie", on pense de suite à la Salanque mais le « saint » est peut-être pour Saint-Paul-de-Fenouillet car tu connais trop bien la route qui monte à l’ermitage de Saint-Antoine-de-Galamus, au pied de cette barre des Corbières, justement, sans nom, qui court pourtant de la Forêt des Fanges jusqu’au château de Quéribus en atteignant plus de douze-cents mètres d’altitude, le Pech de Bugarach, point culminant des Corbières en faisant partie ! Tu y fais pédaler Lucien, ton personnage principal qui monte retrouver Claire. Tu précises que le Daly sort de ces gorges de Galamus, alors ce ne peut être que l’Agly : une seule lettre en plus et ce couple de voyelles "a" et "y" m’avaient mis sur cette piste je crois...  
  

Tu parles des garrigues, un écosystème caractéristique des milieux calcaires or les chênes verts calcifuges poussent dans les Aspres principalement schisteuses (peut-on parler de "maquis" ?). Autour de St-Paul-de-Fenouillet, deux tènements portent le nom « La Garrigue ». Dans le même ordre d’idées, on trouve, du côté de Caudiès-Fenouillèdes, les gorges de Jaume, prénom que porte le père de Lucien, et encore un pont de Rec Nègre, l'adjectif « nègre » signifiant « noir » en occitan et en catalan).
Quoi qu’il en soit, pour tâcher de retrouver ta trace en cherchant d’abord le long de ce sillon du Fenouillèdes, il faudra relire tous ces noms de vignes qui fleurissent tes lignes. On pourrait juger que 152 pages c’est peu.  Certes mais de grande qualité tant pour les descriptions ciselées, les caractères fouillés, que pour la bonne connaissance de la monoculture de la vigne, la mentalité campagnarde bien sentie. 
    

Lire « Adoracion » c’est faire tourner entre ses doigts un grenat du Canigou dont les facettes brillent toutes d’un éclat unique. Les mots de François Tolza présentent des facettes si éblouissantes que l’artiste, aurait-il créé un seul bijou, doit sortir d’un anonymat à peine dévoilé, sur l’autre bord de la Méditerranée, par une Revue du Caire, aussi exotique qu’inattendue, dans un contexte historique très particulier.    

http://www.cealex.org/pfe/diffusion/PFEWeb/pfe_002/PFE_002_024/files/pfe_002_024_w.pdf  

crédit photos commons wikimedia : 
1.Gorges de Galamus et ermitage de Saint-Antoine. Auteur Vassil.
2. Saint-Paul-de-Fenouillet. Author Babsy.       

mardi 4 juillet 2017

LA REVUE DU CAIRE / ADORACION - François TOLZA / Un village du Roussillon. .

   


En novembre dernier, je vagabonde dans un exotisme encore concret en mai 1945. Vagabondage vu qu’en cherchant « moussègne » (1) je ne retrouve nos vignes du Sud que grâce à une revue égyptienne. L’exotisme, lui, bien qu’empreint encore de la vogue des orientalistes, nous laisse, avec le recul, l’impression d’un monde fossile à l’agonie. Au paternalisme colonial, a succédé une prédation des Occidentaux pour le pétrole et le gaz. La naphte âcre a remplacé les senteurs musquées de l’Orient, la hantise du cancer la fumée parfumée des tabacs du roi Farouk. Une faune d’Anglais affairistes, de Français guindés, de Grecs obséquieux, mêlée d’espions et d’aventuriers, tolérant l’élite locale et regardant de haut le fellah, demeure. Hitler s‘est suicidé, l’Allemagne est désormais aux abois, la menace de l’Afrikakorps n’est plus qu’un mauvais souvenir pour les résidents. 
   

Tous les mois, la Revue du Caire, imprimée à l’Institut Français d’Archéologie, apporte, pour douze piastres, sa centaine de pages de culture. La participation de François Tolza (2) date du numéro 76, en mars 1945, sous un simple titre « ADORACION ». 

Parce que la vie dans nos vignes nous marque à jamais, les pages de cette nouvelle, de ce roman peut-être dont rien n’est dit, s’apprêtent à défiler sur l’écran. Et déjà à la deuxième ligne, une de ces images à cueillir avec envie : 
« ... Et avant que les cloches n’aient fini de s’égoutter sur les toits de Sainte-Marie-des-Corbières... ».
Sainte-Marie-des-Corbières ? Un nom inventé... Il y a bien Sainte-Marie-de-la-Mer dans les Pyrénées Orientales (dépt. 66), il y a bien les Corbières derrière, qui ferment la plaine mais Sainte-Marie-des-Corbières ? L’auteur semble vouloir ménager les susceptibilités...
Les gens soulèvent les rideaux pour voir qui passe dans la rue :
« - Voilà la Philippine qui court "aux provisions".
  


A Fleury on disait plutôt « aux commissions ». Et les femmes, de tous âges, bien méditerranéennes, vétues de noir, ajoutent à la fermentation des ragots sans jamais se sentir coupables du mal qu’elles insinuent, tant elles ont toutes rajouté leur venin.    

Pour Philippine, aller aux provisions, c’est une joie « ... la seule qu’elle eût avec l’excitation que donne le café... ». Sans haine comme sans amour, cette femme est d’une curiosité maladive, aussitôt désireuse de dénouer la moindre nouvelle encore peu claire. Sous des semblants aimables, familière, rien ne l’arrête quand elle a un commérage en tête, le lancerait-elle à une personne concernée :
« - Ce que j’en dis, c’est par ouï-dire. Et puis, je ne voudrais pas te faire de peine, Louise... »
A cinq heures Lucien est entré dans un casot (un cabanon) avec Adoracion : « C’est Titou qui les a vus, des Oliviers. » C’est que ce Lucien a fréquenté sa fille, pas longtemps mais la petite en a été malheureuse et comme les belles-mères elles, s’étaient si bien entendues, les moqueries n’ont pas manqué.
Et Louise qui doit aller à la pompe, avec sa cruche, tandis que le chevrier suit ses bêtes dans les garrigues rousses.
 


A Fleury aussi, le troupeau du village partait ainsi brouter jusqu’au soir où, au fur et à mesure, chaque chèvre retrouvait son logis. Céline, ma grand tante, en avait... Ils avaient du lait dit maman... Ils ont invité la famille pour le chevreau de Pâques... Ma mère n’a pas trop mangé... L’oncle Noé en a déduit qu’elle attendait un petit et c’est vrai que huit mois plus tard, au jour près, j’arrivai...     

Si quelqu’un peut nous parler de François Tolza, qu’il n’hésite pas !
A suivre mais allez lire l’original plutôt que ma resucée :
http://www.cealex.org/pfe/diffusion/PFEWeb/pfe_002/PFE_002_029_w.pdf         

(1) https://dedieujeanfrancois.blogspot.fr/search?q=Fran%C3%A7ois+Tolza
(2) Régis du même nom, le copain de fac à Perpignan, je te salue ! 


Photos autorisées : 
2. qurush égyptien 1944 à l'effigie du roi Farouk, pièce hexagonale. Auteur Abubiju 
3. vieille devanture d'alimentation, Fabrezan Corbières. 
4. King Rove_garrigue1.JPG Auteur Roland Darré.