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jeudi 13 juillet 2017

François TOLZA / ADORACION (6) / Sur la piste d’une plume qui le vaut bien !

En septembre, ce sera un plaisir de reprendre toute la partie sur les vendanges même si la recherche sur la « moussègne » en a décrit certains aspects... (voir 3 novembre 2016)
https://dedieujeanfrancois.blogspot.fr/search?q=Tolza

Revenons plutôt à ces destins croisés : Lucien, ses parents, surtout sa mère, le Corse qui a une relation cachée avec Adoracion. Manquent le Nègre qui, depuis l’affaire, en veut à Lucien ; et Faustin, la force de la nature portée sur la boisson qui, à force de se l’entendre dire, pense de plus en plus à Adoracion.
Lucien s’est fait embaucher à la coopérative où jusqu’à la nuit, les charrettes attendent de vider. Un wagonnet qui verse par accident et le Nègre s’en prenant à Lucien tombe dans la conque du fouloir.
Entre Lucien et Claire, le lien reste fort, les jeunes gens aimeraient se revoir. Pour carnaval, profitant de l’anonymat du déguisement, Lucien fait danser Claire mais doit finalement fuir les villageois décidés à tomber son masque.
Après Pâques, sa mère arrive, rassérénée par la nouvelle qui court sur Adoracion, enceinte de trois mois. Lucien, plus embêté que réconforté par cette suite à l’histoire, reste froid ; il annonce qu’il part retrouver Claire ; le pèlerinage à l’ermitage de Saint-Antoine, dans les gorges du Daly, lui en donne l’occasion. Ils sont d’accord pour partir ensemble, un jour... 

Après un printemps chaud, les grappes s’allongent, maigres de quelques grains et l’orage de l’été n’y changera rien. Le village, lui, se retrouve plus exposé aux éclairs et au tonnerre.
Faustin s’ivrogne avec le Nègre et parle de se marier avec Adoracion, la "putain", mais sans prendre le Corse, son "maquereau". Le Nègre rumine sa vengeance sanglante tandis que le Corse ne veut plus prendre sa femme Philippine tant il désire Adoracion qu’il court rejoindre malgré le déluge. 
Le train de cinq heures siffle en quittant Sainte-Marie. Une main forte se mêle à des doigts plus fins pour frotter la buée sur une vitre du wagon... « Ni Claire, ni Lucien n’avaient pensé à baisser la vitre. »

La mention « Alexandrie 1941 - 1942 » clôt cette longue nouvelle, ce petit roman, cette novella... comment nommer ton ouvrage de 152 pages ?
François Tolza tu es donc loin du décor, d’une l’ambiance villageoise que tu connais trop bien. En 1942, l’Afrikakorps de Rommel est à peine à 200 km d’Alexandrie et cela ne t’empêche apparemment pas de faire revivre Sainte-Marie des Corbières, cette localité inventée parce que tu as la prudence, même depuis l’Égypte, de ne pas provoquer un retour de bâton : le qu’en-dira-t-on irascible, si typique des villages du sud est sans pitié !
Tu dis "Corbières" mais les seuls reliefs dont tu parles sont les Aspres... et comme par hasard tu ne souffles mot du Fenouillèdes... Et ces canaux d’irrigation de la plaine grasse le long desquels tu fais courir le Corse, sont-ils ceux de la Têt, ou de l’Agly et de la Boulzane ?
Tu dis "Sainte-Marie", on pense de suite à la Salanque mais le « saint » est peut-être pour Saint-Paul-de-Fenouillet car tu connais trop bien la route qui monte à l’ermitage de Saint-Antoine-de-Galamus, au pied de cette barre des Corbières, justement, sans nom, qui court pourtant de la Forêt des Fanges jusqu’au château de Quéribus en atteignant plus de douze-cents mètres d’altitude, le Pech de Bugarach, point culminant des Corbières en faisant partie ! Tu y fais pédaler Lucien, ton personnage principal qui monte retrouver Claire. Tu précises que le Daly sort de ces gorges de Galamus, alors ce ne peut être que l’Agly : une seule lettre en plus et ce couple de voyelles "a" et "y" m’avaient mis sur cette piste je crois...  
  

Tu parles des garrigues, un écosystème caractéristique des milieux calcaires or les chênes verts calcifuges poussent dans les Aspres principalement schisteuses (peut-on parler de "maquis" ?). Autour de St-Paul-de-Fenouillet, deux tènements portent le nom « La Garrigue ». Dans le même ordre d’idées, on trouve, du côté de Caudiès-Fenouillèdes, les gorges de Jaume, prénom que porte le père de Lucien, et encore un pont de Rec Nègre, l'adjectif « nègre » signifiant « noir » en occitan et en catalan).
Quoi qu’il en soit, pour tâcher de retrouver ta trace en cherchant d’abord le long de ce sillon du Fenouillèdes, il faudra relire tous ces noms de vignes qui fleurissent tes lignes. On pourrait juger que 152 pages c’est peu.  Certes mais de grande qualité tant pour les descriptions ciselées, les caractères fouillés, que pour la bonne connaissance de la monoculture de la vigne, la mentalité campagnarde bien sentie. 
    

Lire « Adoracion » c’est faire tourner entre ses doigts un grenat du Canigou dont les facettes brillent toutes d’un éclat unique. Les mots de François Tolza présentent des facettes si éblouissantes que l’artiste, aurait-il créé un seul bijou, doit sortir d’un anonymat à peine dévoilé, sur l’autre bord de la Méditerranée, par une Revue du Caire, aussi exotique qu’inattendue, dans un contexte historique très particulier.    

http://www.cealex.org/pfe/diffusion/PFEWeb/pfe_002/PFE_002_024/files/pfe_002_024_w.pdf  

crédit photos commons wikimedia : 
1.Gorges de Galamus et ermitage de Saint-Antoine. Auteur Vassil.
2. Saint-Paul-de-Fenouillet. Author Babsy.