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lundi 2 avril 2018

ÉTAIT-CE UN MONDE INNOCENT ET INCONSCIENT DE LA CATASTROPHE A VENIR ?

Ciste de Montpellier

Ciste cotonneux.

"... Les cloches sonnaient à toute volée et le printemps éclaboussait ce dimanche matin de toutes ses fleurs. Les petites, blanches, au cœur d’or, du ciste de Montpellier. Les grandes, mauve clair, comme froissées, du ciste cotonneux. Et les papillons voletant sous les grands pins muets d’un vent, pour une fois, aux abonnés absents. J’en avais plein les yeux. Non je ne rêvais pas : c’était bien moi qui pinçais entre mes doigts les feuilles rêches et collantes du premier buisson. C’est bien moi encore qui froissais celles, douces, duveteuses du second pied. Encore moi qui suivais dans l’air immobile la farandole du paon de jour, la voltige de l’apollon, les poursuites des machaons. Toujours moi à l’écoute des cloches, sûr que le Bon Dieu indulgent suspendait son souffle. Parce que, pour cette messe buissonnière, solitaire, j’avais voulu oublier Saint-Martin et que, de l’autre côté du vitrail, un monde merveilleux s'était offert. 

Paon de jour Author Romski wikimedia commons.

Papillon « Machaon ou Grand porte-queue » Author Erwan Corre wikimedia commons.
Ah ! si elles pouvaient parler, nos cloches. Cette fois-là, j’étais aux pins de Barral et elles m‘ont dit de rentrer avec mon secret... mais ce dimanche matin-là irradiait une magnificence à damner un saint.
Papa, essaie de savoir quelque chose sur elles. Comme elles sonnent toujours dans ma tête, ça m’a donné le bourdon. Bienheureux celui qui a pensé à les enregistrer, elles vont vous manquer. Je le sentais qu'avec cette modernité de carillon, de cloches enfermées, vous m’annonciez quelque chose de grave et ce moment merveilleux m’est spontanément revenu, comme un premier matin du monde…

« Quand revèn lo printems e que la sourehlada
Fai reverdi la terra e flouri lou bartas… » 

(Quand revient le printemps et que la "soleillade" fait reverdir la terre et fleurir le buisson... )
  "Lou pastre", poème d'Antoni Roux (1842-1915)
 
Mésange charbonnière Author Sylvain Haye wikimedia commons.


Chardonneret, catarinette Auteur Ghislain38 wikimedia commons

Ces lignes publiées en 2008, à peine corrigées aujourd'hui et datant de 2006 semblent, en 2018, relever d'un conte merveilleux pour enfants. Si j'ai oublié les oiseaux à cause des papillons plus à portée, eux aussi animaient le paysage de leurs trilles et gazouillis. Où sont passés ces petits compagnons du jour qui vent tant que la vie est là ? Où sont les mésanges, les fauvettes, les merles, les verdiers et leurs cousins chardonnerets, nos catarinettes ? Cherchez donc les nids d'agasses, les vols de graùles ! les pies ne jacassent plus ! Les corneilles, depuis les pèïrals qui résonnaient de leurs croassements intempestifs, ne partent plus en escouades vers la plaine ! 
Il y a dix ans déjà, on parlait des moineaux, des hirondelles en déclin. Plus de moustiques pour ces dernières, tourisme oblige, même au-dessus de la Matte, ces marais entre l'Aude et l'étang de Pissevaches où un avion vient épandre régulièrement une fumée vert-jaune... 
En ce début d'année nous apprenons que depuis 2003 en gros, un tiers des oiseaux a disparu. En cause le productivisme, l'agriculture qui fait la part trop belle à la chimie, à tous ces herbi-fongi-insecticides. 
Le modèle économique nous a transformés en tubes digestifs consuméristes, assimilant avant tout nos petits égoïsmes consommés. 
Et moi qui ai fait des enfants en vertu de la loi naturelle intangible, j'ai honte de leur laisser un monde pourri par un fanatisme économique aveugle au point d'engendrer, et ce n'est pas rien, un alien religieux qui nous plonge dans des barbaries qu'on croyait oubliées et annonçant un bain de sang puisque l’État en reste à ses discours soporifiques... 

Triste lundi de Pâques ! Triste saint-Loup ! Où sont-ils donc les groupes joyeux qui s'égayaient dans les pins, dans les prés, à la mer aussi… aux Cabanes, à Saint-Pierre.
   
Tristement vôtre !
 
Pie Author Stauss wikimedia commons


Hirondelle Author Haltostress wikimedia commons

Notes pour essayer de penser à autre chose (source Tresor dou Felibrige de Frédéric Mistral : 

* l'apollon chez les papillons, pour la rime puisque cette espèce est montagnarde... 

* l'agasso c'est la pie qui a peut-être aussi donné le verbe agassa signifiant, pour un oiseau, crier en voyant quelqu'un approcher du nid : "La maire agasso, lou nis es pas luen" (A. Boissier). 

* la graulo, la corneille en Limousin, Guyenne et Languedoc. les falaises des pèîrals, les carrières de pierres 
 


mercredi 18 octobre 2017

DIX-SEPT ANS, IL Y A DES LUNES (fin)... / Československo, Holoubkov


Devant nous, l’usine. Pour ne pas être en reste avec la forêt qui fume, sa respiration paisible (le rythme n’est plus celui, plus poussé, de la semaine) exhale des bouffées de vapeur diaphane qui se lovent puis déroulent au-dessus des ateliers. 
 

Une fois en bas, il faut prendre à gauche. Le vieux corps de logement ouvrier, aux allures de château, haut perché sur un soubassement de pierres de taille, nous domine. J’y connais des gens aimants qui en faisaient trop pour un petit Français resté si tchèque... La grand-mère de Tonda y habite. Sa cuisine reste imprégnée des senteurs d'épices, du cumin (khmin), de skořice, la cannelle de tous les strudel sortis du four ! Côté usine, c’est le réfectoire transformé parfois en cinéma, le samedi. J’y ai vu “Sur un arbre perché” ; Louis de Funès parlant tchèque, ça ne s’oublie pas ! 
  
Le raccourci débouche sur le barrage avec la route de Hůrky ou Medový Újezd suivant qu’on prend à droite ou à gauche après le pont du chemin de fer, là où le vallon se resserre. Elle a décrit une longue boucle descendant vers le lac. Sur l’eau, se mêlent aussi des écharpes de brume... Sûr qu’au-dessus du déversoir, le vodník, le génie des eaux, médite dans les ronds de fumée de sa pipe... 
Dans l’air frais qui les fait résonner, des halètements de locomotive se font entendre. A la faveur de la nuit passent souvent les lourds convois de l’armée. Enfant, je ne voulais que l’éruption d’escarbilles des machines à vapeur, aux grandes roues couplées patinant sur les rails, crachant leurs entrailles d’acier dans la rampe. Par la suite, malgré les bâches de camouflage, j’étais bien obligé de voir, souvent, braqués vers les étoiles, les canons des tanks d’une troisième guerre mondiale en suspens, des fûts autres que ceux, souples, oscillants, des épicéas abattus. 
Un sentier dévale vite le remblais à main droite. Strěda (tonton) s’arrête pour pisser et nous nous retrouvons à trois à arroser longuement (la bière) les pieds de bardane qui n’en demandaient pas tant. Silence. Le regard se perd au loin ou plus loin encore. Là-bas, montant du thalweg, les volutes de la loco de tête se détendent ; elles voilent quelque peu la lune. Plus bas, à l’arrière du convoi, la machine qui pousse crache, dans une quinte n’en finissant pas, un panache puissamment comprimé dont les boursouflures cachent un instant la forêt qui fume.

“ Dedo, grand-père, quand pourrons-nous aller aux champignons ? “

En descendant vers le fond glauque de la smrdlava ulička, la ruelle puante pas si désagréable pourtant (il faut que je la raconte un jour, promis), grand-père se lance dans une tirade improvisée, presque un exposé sur la pluie, les sorties, la pousse, la croissance, les lieux propices, ceux à explorer en début de cycle si les circonstances ne sont pas favorables, les conditions météo dans les mois sinon l’année qui précède. Il se laisse même aller à raconter le cèpe roi, les gros cachés sous la mousse, la rencontre avec le cerf, des histoires à repasser des dizaines de fois, dont on ne se lasse jamais, parce qu’elles sont ces pulsions de vie léguées en héritage, ces petites graines fragiles, semées à tous les vents et qui ne peuvent toutes s’éteindre.
La maison n’est pas loin et sous le pont j’aimerais plutôt prendre la route forestière de  Hůrky pour l’entendre encore des kilomètres durant, par cette nuit à la magie éternelle... Il marche, nous parle, parle aux grands arbres. Dans le fossé, les biches, les chevreuils, les lutins des sources, les gnomes des mines, les sorcières apaisées, le vodnik pensif, apprécient et se confortent de voir passer un émissaire des hommes auprès des sylves... 
  

Děda n’est plus, strejda non plus et papa qui a parfois été de la sortie vient de nous quitter. Pourtant, pas seulement l’envie, la nécessité aussi de les garder vivants, s’impose telle une évidence... L’oubli, la fuite en avant ne peuvent que précipiter la perte de la seule espèce prétentieuse de sa capacité à se pencher sur son passé.

Aujourd’hui comme quand j’avais dix-sept ans, la forêt continue de peser dans notre histoire au point de conditionner notre survie. Malheureusement, la toute puissance mortifère de l’argent sape et réduit dangereusement sa biodiversité : plus de la moitié des oiseaux a disparu depuis 1980... 

Doit-on, peut-on décemment accepter une mise à mort programmée des générations à venir parce que nous sommes coupables d’avoir tué la poule aux œufs d’or, lâches que nous sommes d’accepter des poisons chimiques dans un présent trop facilement lié à un progrès global ?   

“Rien n’est plus vivant qu’un souvenir.” a dit Federico Garcia Lorca... Que ce ne soit pas celui d’un monde mort et disparu à jamais... Quel malheur ! quelle honte pour notre génération de devoir raconter un jour à nos enfants un paradis qui leur serait interdit... 

J’avais dix-sept ans... il y a bien des lunes... 

photo autorisée : 2. l'usine derrière le barrage http://www.obecholoubkov.cz/cs/o-obci-holoubkov/

samedi 20 mai 2017

AUX CONFINS DU TERRITOIRE COMMUNAL / Fleury d'Aude en Languedoc.


Les caprices de l’Aude, fleuve aussi travailleur que coléreux, l’ont poussé à serpenter dans ses dépôts accumulés (1) : des errements plus marqués encore aux abords respectifs des déversoirs naturels que sont pour les crues les étangs de La Matte (Lespignan) et celui de Vendres.
Concernant Salles-d’Aude et Fleury d’Aude, ces sinuosités ont porté les limites des communes et du département au-delà du lit canalisé actuel. Aussi, quand nos voisins héraultais nous lancent des piques sur notre supposée propension à les envahir, nous n’avons, avec un sourire égal et la complicité de ceux qui s’apprécient pour se chicaner depuis les temps historiques, qu’à leur rappeler cette réalité géographique. 


Ainsi les limites septentrionales de Salles et de Fleury se trouvent à la même latitude que les Orpellières au bord de l’Orb (Sérignan-Plage, au-delà de Valras). La proximité étant plus parlante, c’est à la même hauteur que le domaine de Clotinières. 

Après le mas des Lauzes, un temps guinguette au début des années 90, avant Clotinières et les tournants où la Dame Blanche, à en croire les vieilles histoires, aurait évité bien des accidents, il faut prendre à droite, le chemin vicinal à peine au-dessus du niveau de la mer. Depuis le Pont de la Muscade, plus de narcisses dans les prés. Plus loin, à moins de faire erreur, un drôle de tamaris à la floraison argentée. Sur un pontet, des femmes, armées de monoculaires sur pied, de ces lunettes très grossissantes pour observer... des ornithologues peut-être. 
  

Au loin de grandes ailes blanches aux lents battements, qui ne s’élèvent que pour passer un alignement d’arbres. 

  
 
Au carrefour de l’accès privé au domaine de Saint-Joseph, nous laissons l’Hérault : c’est l’ancien lit de l’Aude. Nous sommes bien à hauteur des bâtiments de Clotinières. Des frênes puissants se plaisent «... sur les humides bords des Royaumes du vent... ». Des canaux se croisent aussi et les massives martellières laissent imaginer les quantités d’eau qui peuvent affluer ici. 
  
 
 

Majestueux, un rapace explore lentement... Plus gros qu’une buse, un busard des roseaux ? Je me demande. Si le Cers souffle, des escargots traînent encore sur le goudron. La longue ligne droite rejoint les bords d’Aude. Les vignes ont souffert du gel d’avril, les nouvelles pousses, rouillées et crispées, en témoignent. Pilleurs, avec Jean, pour les gros nids de pies qui de loin nous faisaient signe, nous venions jusqu’ici tant la concurrence était rude. Les arbres isolés n’existent plus : le remembrement a eu raison un jour des parcelles trop petites pour ne pas disparaître. Et à présent, on peut aller jusqu’à s’étonner de ce vignoble en plaine. L’heure n’est plus aux gros rendements ; la jolie cave coopérative de Lespignan, avec ses beaux raisins en relief sur la façade, a disparu, elle aussi.  

  
     

(1) parmi les fleuves les plus travailleurs de France avec 4 millions de tonnes de dépôts par an.  


crédit photo : 1. IGN (Institut géographique National) 

vendredi 24 mars 2017

VEAUX ET PETITS OISEAUX DES INFOS DU MATIN ! (un coup de gueule... pas envie de relire !)




5h 30 L’astre solaire étend ses doigts de lumière trop haut encore dans le ciel pour atteindre le djinn de nuages en fuite vers le ponant. L’air semble comprimé de cocoricos concurrents. Les roussettes se la donnent encore avant le jour. Deux petits hiboux se lancent des SMS. Dommage cette rumeur de moteurs en bruit de fond avec un solo plus pétaradant en côte.
5h 45 le djinn de nuages se démantibule tant il a eu peur que le soleil ne le rattrape. Presque tous les coqs respectent une trêve. Un cardinal, rossignol des tropiques, lance son ouverture. Les trilles des souimangas, si clairs et puissants pour des oiseaux-mouches de quelques grammes, défendent les fleurs de papayers. un bulbul rouspète quelque part, plus loin... 

6h Faites que ce matin continue à sourire avec les infos...

* Le nombre de mineurs isolés submerge les associations déléguées par l’État « ... Des enfants sont envoyés des Comores pour bénéficier de la protection de l’enfance qui s’occupe déjà, à 90%, d’enfants issus de l’immigration clandestine et si on veut stopper cette masse qui vient toquer à la porte des services sociaux, il faut absolument développer la coopération avec les Comores... sous peine de blocage... » témoigne anonymement un employé de cette association.  

* les restrictions d’eau provoquent des foyers d’infection, c’est une vraie catastrophe sanitaire, prévient un comité de veille. Comité, commission, étude, réunion, congrès, symposium, assises, séminaire, session, cellule, «haute» autorité ? Ahurissant cet arsenal habilitant les parlotes et la langue de bois comme si la politique n’était qu’un bande-mou d’impuissants par ailleurs si prompts à se raidir sur leurs privilèges !   
« Hallucinant », c’est le mot de la rédaction de Kwézi, pour constater que l’autorité trouve normal que l’eau soit coupée un jour sur deux jusqu’en 2020, que le dessalement de l’eau de mer pour le sud soit acté mais à une date indéterminée (comité, commission, étude et blablabla et caetera !)

* En parlant de date, retenez la volubilité démagogique de Bareigts, la phagocyteuse, dont l’action la plus probante doit être d’avoir été la mieux en cour, damant ainsi le pion à des coteries style Penchard des vieilles Antilles ! Elle a été bien impudente en avançant le mois de mai pour le ravitaillement par tanker depuis la Réunion "voudra voudra pas" qui plus est... Plus solidaire que la grande famille française, tu meurs !

* « Le tanker d’eau on s’en fout, qu’elle vienne d’Afrique du Sud et pas de la Réunion !» lance l'éditorialiste de l'info du matin ! « Ce serait bien que les agents de la préfecture arrêtent de nettoyer les bâtiments à grande eau et d’entretenir les pelouses...» répond le rédacteur !
Ils font état d'une colère sourde qui monte vu qu’il n’y a aucune volonté de réaction rapide ! La réunion d’hier a encore accouché d’une souris... Pardon, autant pour moi, faut reconnaître qu’ils anticipent quand même avec encore une étude, un ingénieur qui travaille pour des moyens de récupération d’eau pluviale, de production électrique autonome. c’est formidable d’envisager, alors que le premier couillon venu en est convaincu depuis vingt ans au moins, que les études mènent loin à condition d’en sortir !

* Mais ils font !.. Ne généralisons pas avec le "tous pourris" si injuste pour l’idéaliste de service ! 200.000 euros, ce n’est pas rien, pour étudier les possibilités de captages qui ne seront pas productifs avant 2020, vu que les 50 premières pages de l’étude traiteront de la nature géologique de l’île depuis que les volcans lui ont donné naissance et que le pavé de bonnes intentions vaudra pour aboutissement, que même la presse sera conviée au lancement de ladite plaquette !

* Les foyers d’infection vous disiez ? Et la tuberculose avec 25 / 1000 concernant le taux de déclaration de la maladie (record de France) avec un bidonville record de France encore, un taux de pauvreté déjà chiffré à 84 % en 2014 !.. Mayotte compte et pas seulement en tant que plus grande pouponnière d’Europe !

* En conséquence, entre la tuberculose et le manque d’eau pourquoi l’autorité de la phagocytose aurait à se préoccuper, pour ces Mahorais, français à 25 % seulement, de la retraite complémentaire ??? Ahah ! ils seront morts avant, ma bonne dame ! 

* Objection votre Honneur ! C’est qu’ils bossent, nos parlementaires ! Après l’épouse, les enfants mineurs, ils ne vont pas tarder à rémunérer le chiot destiné à sécuriser leur mission de représentant du peuple ! Ils ont pondu une ordonnance, un code de la voirie qui vient enfin remplacer celui de Madagascar colonie & dépendances ! Encore faut-il qu’elle passe l’étape de la signature, cette ordonnance... rien ne presse !

Mais sont-ils fiers et beaux, surtout les forts en gueule, n’est-ce pas Le Roux des "sociaux-traîtres" associés du maroquin. A constater votre arrogance, on ne peut plus douter que notre système patine à se regarder pédaler dans la semoule, persuadé que tant que la populace, le troupeau de veaux si choyés en période électorale, croit aux petits oiseaux, tout continuera d’aller bien pour eux ! 

vendredi 23 septembre 2016

TOUR DE L’ÉTANG DE VENDRES (IV) / Mont de l’AQUAEDUCTUS, mamelon de VÉNUS...


Le soleil cogne. L’heure d’été le devance de deux tours : il est quatorze heures avec la chaleur de midi ! Et ce piémont du plateau en amplifie la portée ! La sécheresse a sévi cette année et les grains de raisins sont secs comme chevrotines. Heureusement que le bord de l’étang est arboré, contrairement à l’aval, vers le grau où la salinité domine. Une maison à gauche, sous les peupliers et les frênes ; un panneau indique « La Foulquière », un nom évocateur pour un rendez-vous de chasseurs. Depuis un moment, nous allons à rebours du chemin vicinal menant à Sainte-Germaine ; il est mal foutu, mal entretenu : tant mieux pour la tranquillité qu’on y gagne. Sur le versant, encore un panneau qui, cette fois, montre où voir ce qui fut un aquaeductus, un aqueduc des Romains. A des lieues du pont du Gard, ces vieilles pierres comptent, néanmoins : elles confortent dans l’idée que le coin, et à plus grande échelle le Languedoc, a toujours été favorable à l’installation humaine. Du temps des Romains, le site devait beaucoup ressembler à ce qu’il est aujourd’hui avec peut-être le grau ouvert sur la mer et un étang de Vendres en lagune saline... Nous suivons le sentier, aussi motivés que ceux qui cueillaient des mûres tout à l’heure. Un figuier dans la montée. Là-haut une pinède et la première maison sur sa parcelle lotie. Entre les deux, les pierres de Rome, un tronçon de canalisation, une forme de réservoir aussi peut-être (1). 


Un terrain de pierre terreuse ou de terre pierreuse, jaunâtre, qui rappelle l’oppidum d’Ensérune. Dans mes partis pris simplistes, j’associe la présence grecque au calcaire blanc : Leucate ( de leukós, λευκός  en grec ancien) (2), et plus loin le site archéologique d’Empuriès. Ne me demandez pas pour Agde au basalte noir (Αγαθή Τύχη (Agathé Tyché) (2)... je vous l’ai dit : la subjectivité dans tout ce qu’elle a de contradictoire...
Cette eau venait-elle du plateau du Crès ? L’aqueduc l’amenait-il au temple ? On le voit ce mamelon qui s’avance dans les roseaux, juste sous le soleil de l’après-midi. L’étang s’ouvre à droite comme un éventail piqueté de paillettes d’argent. Quelques oiseaux fouillent les vases. Quelques cris montent jusqu’à nous. Les cigognes doivent vaquer plus loin. 



Le voici, ce fameux temple mais les indications évoquent plutôt des thermes, le repos du marin, le vin du Crès et plutôt des vénus de carrefour que des offrandes pour une traversée réussie (3).
Personne sinon nous et un troupeau de chèvres en ce jour plutôt frais pour la plage. Dans un canalet qui en automne évacue les déluges venus des collines, nous dérangeons un héron pourpré (4), « oiseau entièrement protégé » disait une indication des ornithologues, plus loin, vers le Chichoulet et « qui ne doit pas être dérangé intentionnellement », précise la loi.   

(1)  trouvé sur http://jc34.eklablog.com/vendres-son-temple-de-venus-et-son-aqueduc-antique-a123506760
«... L'aqueduc a été vraisemblablement édifié à l'époque gallo-romaine. Il conduisait les eaux de la source du Théron située sur le flanc Est du Crès à la ville antique. Au titre de la corvée qui existait en 1725 les habitants de Vendres, sous la conduite de l'ingénieur Monsieur de Clapiès, réaménagèrent le conduit souterrain et jusqu'en 1864, les eaux alimentèrent les fontaines du village...»
(2) wikipedia  
(3) «... Deux fours chauffaient l'air qui arrivait dans trois grandes pièces par les interstices du plancher. Ainsi les valeureux romains pouvaient apprécier les différentes températures des pièces selon qu'ils s'éloignaient de la chambre de chauffe. L'étuve (caldarium) assurait une température élevée, puis la pièce tiède (tépidarium) une douceur plus acceptable puis enfin la pièce froide (frigidarium) permettait d'apprécier le bienfait des bains froids... » 
Pour plus de précisions http://jc34.eklablog.com/vendres-son-temple-de-venus-et-son-aqueduc-antique-a123506760
Merci encore jc34 !
(4) je crois qu’en languedocien de chez nous, nous disons « crac » pour ces grands hérons qui volent le cou rentré (confirmé par le dico cantalausa)
http://www.ieo12.org/d7/recerca-diccionari-cantalausa


photos autorisées wikimedia commons : 
1. Vendres étang auteur Fagairolles 34 (au fond, au sud, le massif de la Clape). 
2. Vendres aqueduc auteur Emeraude. 
3. Vendres étang avec vue sur le temple de Vénus auteur Mairie Vendres (au fond au-delà de l'Aude, le village de Fleury). 
4. Vendres temple de Vénus auteur Mairie Vendres. 
5. Héron pourpré photo Pierre Dalous.

mardi 13 septembre 2016

LE PRINTEMPS DE MAYOTTE ? / Mayotte, France en Danger


D’autant plus flétrie par une surpopulation imputable aux errements ineptes des humains, à commencer par des dirigeants loin de donner l’exemple, l’île, malgré tout, veut survivre. Pas rancunière, ouvrant les bras, Mayotte semble dire qu’il ne lui faudrait pas grand chose pour poursuivre et s’épanouir. Martyrisée par les hommes mais pas abandonnée des dieux !
 
Début septembre encore, la saison sèche semblait resserrer son emprise : sécheresse, poussière et moins de vingt degrés la nuit. Et voilà que tout paraît changé à peine une semaine plus tard. Il a suffi de quelques gouttes sur quelques jours. La verdure aussitôt s’est faite tendre. Les fromagers ont osé sortir leurs premières folioles. On dirait même que les bouquets de bambous ont grandi. Restons lucides sans quoi c’est prendre ses désirs pour des réalités ! Sauf si ce sont des témoins autorisés qui le disent.
 

Les petits hiboux au petit matin, ce doit être leur saison. Mais ces vocalises assumées qui rappellent nos rossignols, autres verdiers ou chardonnerets, ne marquent-elles pas le printemps des Tropiques ? Quel oiseau ose ainsi... Incroyable, c’est le petit souimanga (1), le colibri de quelques grammes ! Quel bel organe ! A peine un peu plus grand, le zostérops a mis ses lunettes pour mieux piquer les insectes minuscules sur les rameaux de tsuzi ou d’ambatri ou ambrevades, les pois d’Angole si vous préférez... Les bulbuls, plus discrets se montrent en couple cependant. Un corbeau-pie plane en tournant et, plus rare, un courol mâle bat des ailes et se laisse porter tour à tour. Hier, dans les hauts, c’est l’épervier plutôt familier d’habitude qui faisait mine de se cacher derrière une branche. 


Qu’ils soient loués tous nos oiseaux qui essaient de répéter les cycles propres à chaque espèce ! Qu’elle soient louées ces pluies, même plus symboliques que vraies ! Cette année, la salade verte, les tomates trouvent à s’acheter, ces dernières au prix incroyable d’un euro le kilo et, en bas d’Ongojou, elles ont du goût, en plus ! Et comment croire qu’il puisse déjà y avoir des avocats, pas des cailloux, de bons fruits, qui mûrissent sans pourrir ! Les manguiers aussi portent autant de fleurs que de promesses, les régimes de bananes se multiplient et les arbres à pain de loin nous font signe...
Même si tous les dangers qui minent Mayotte restent latents, une tranquillité relative vient mettre au second plan l’inquiétude habituelle, le stress dû aux mauvaises nouvelles, un quotidien auquel on ne peut s’habituer...   
Ce n’était pas une bonne idée d’écouter les infos ce matin, mais est-ce plus futé de faire l’autruche ou de faire comme si. Le port, bradé au privé, est menacé de blocage. Aïe le lait de coco de Thaïlande et le cordon ombilical qui engraisse le business ! Les grèves se multiplient ! Le préfet en personne est revenu arpenter les stands du tourisme, en jean, avec sa compagne, pour signifier que l’île est aussi sûre que tranquille ! « Gouverner, c’est faire croire ! » Machiavel... Un missi dominici vient annoncer que sa patronne du vice-rectorat reçoit une légion d’honneur gagnée « en se battant pour les enfants de ce territoire », sic. Hic, je m’en étouffe pour l’élève de Mayotte qui ne reçoit que la moitié de ce qui est dépensé pour le petit métro (4000 euros) ! Mais la nouvelle ministre de l’Outre-mer arrive à la fin du mois, avec des « biscuits » nous dit la radio... Chante toujours, j’en ai déjà le miel dans la gorge !
Plus mon petit souimanga que le gros coucou qui vient depuis Paris pondre son œuf dans son nid...

(1) Faute de cliché disponible, en photo, le souimanga royal de l’Afrique des Grands Lacs. A première vue, il semblerait que seul le plastron rouge soit moins marqué chez le nôtre.    

Photos autorisées commons wikimedia :
1. zostérops, oiseau-lunettes, auteur Cécile Pheulpin. 
2. souimanga royal en.wikipedia. 
3. épervier de Francès jfdedieu.

lundi 5 septembre 2016

TOUR DE L’ÉTANG DE VENDRES (III) / STURNUS assidus, CICONIA. Et VÉNUS ? / Fleury en Languedoc.

  
Enième pause pour voir les étourneaux (1), par centaines, loin sur des fils électriques, à la limite du plateau. Aux temps rustiques, mais en hiver, des chasseurs, sinon des braconniers, les canardaient la nuit pour les récupérer à l’épuisette (ou des filets étaient-ils utilisés ?). Les oiseaux trempés se revendaient aussitôt dans les villages alentour : Séraphie et Odette en vendaient au tabac. Un trafic en quelque sorte...
« Tu sais, Florian, les chasseurs les tiraient volontiers, du temps où le gibier apportait un plus. La nourriture était chère. Certains y passaient tout le budget. Et il n’y avait pas le choix d’aujourd’hui.


 Et l’étourneau, revenu dans le sud se gave dans les vignes alors que plus au nord, il va sur le crottin et les bouses... je le tiens de Loulou, un copain d’enfance qui avait sa famille dans le Nord, plus précisément dans le Pas-de-Calais. Enfin, les amateurs disaient bien que les raisins donnaient bon goût, comme pour les grives. Ce qui est sûr est qu’entre la saison des nids et l’automne puis l’hivernage, tout change. Quand on en parlait, en Tchéco, chez tes arrière-grands-parents, ils en étaient choqués. En Bohême, l’étourneau est un oiseau du printemps qui nourrit ses petits d’insectes. Les agriculteurs l’apprécient. Tout le monde l’aime. A présent il a envahi les villes où il salit beaucoup, du moins sous les dortoirs. Sinon, l'étourneau chante bien et si tu voyais les nuages mouvants des vols, quand ils sont peut-être des centaines de milliers, ça ressemble aux bancs de poissons qui espèrent dérouter les prédateurs. » 


Deux promeneurs approchent : ils parlent des mûres à propos des trois qui s’égratignent les jambes sur le coteau.
Et c’est alors que dans le ciel, planant depuis le plateau, un oiseau aux grandes ailes se dirige vers l’étang. « Une cigogne ! » Puis deux puis trois, puis cinq, et autant de photos qui se déclenchent. « Ne t’occupe pas du résultat ! regarde plutôt le vol qui arrive ! » 


Elles sont dix, davantage. on ne compte plus.
« Quand passent les cigognes (2) »... aussitôt le titre du film vient à l’esprit. La ronde des saisons marquée par les oiseaux migrateurs s’affranchit des complications néfastes que l’homme se crée. Le film revient sur la vie, la trahison, la mort entre un soldat contre les nazis et sa fiancée à l’arrière qui ne l’attendra pas, une histoire d’amour, de vie qui continue de concert avec la société toujours en mouvement, entre guerre et paix, entre oppression et révolution. Pourtant, à l’échelle cosmique, comme on se sent petit et insignifiant quand les oiseaux nous rappellent l’inéluctable marche du temps. A la fois pour ne pas se laisser étourdir par ce qui nous dépasse et aussi pour essayer de durer dans des cycles naturels que nous avons mis à mal, enchantons nos vies de ce que la nature a de merveilleux plutôt que de toujours croire que l’homme est le nombril du monde. D’où viennent ces oiseaux magnifiques ? Où vont-ils ? Pourquoi partent-ils si la migration est si risquée ?  


« Mon fils, quels pays ont-elles survolé ? Depuis l’Alsace et peut-être plus au nord, en Allemagne, elles ont passé la trouée de Belfort, longé le Jura. Arrêt buffet en Bresse ou dans les Dombes aux nombreux étangs, aux prairies humides où son long bec attrape des grenouilles et bien d’autres animaux dont des nuisibles. Tu comprends pourquoi les hommes les apprécient ! Ensuite, c’est la vallée du Rhône pour quelques unes, celles qui passent par ici parce qu’un grand nombre coupe à travers le Massif Central  vers l’Aquitaine. Toutes se retrouvent en Andalousie et si certaines restent, d’autres suivent la vieille route migratoire si dangereuse tout du long. Gibraltar, le détroit, une vraie barrière. C’est que les cigognes doivent monter, c’est pour ça que tu les vois tourner : elles cherchent des ascendances. Elles montent avec l’air chaud, s’élèvent avec lui avant de partir droit en planant. Et ces ascendances, on ne les trouve pas au-dessus de la mer. Elles n’ont qu’à battre des ailes, tu me diras, sauf que c’est plus facile à dire qu’à faire. Essoufflées, elles volent, le bec ouvert, perdant de l’altitude et si les pulsations cardiaques dépassent la zone rouge, telles un sportif planté, elles tombent et se noient... Quand tu auras mon âge, on dit qu'avec le réchauffement, les oiseaux ne migreront plus. Quand on sait que sept sur dix ne reviennent pas, ce n'est pas plus mal !
Allons ! Bois un coup, mange un morceau qu'il faut lever le camp si nous voulons le voir aujourd'hui, ce temple de Vénus ! » 

(1) l’étourneau sansonnet, Sturnus vulgaris, est un oiseau social (jusqu’à 1 million d’individus), présent partout sauf en Antarctique, capable de migrer sur 1500 kilomètres. Son régime alimentaire est insectivore et frugivore. l’étourneau siffle, gazouille et a des dons d’imitation.
Source et pour plus de précisions :
 https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tourneau_sansonnet
(2) Летят журавли = elles volent les grues ? film soviétique de Mikhaïl Kalatozov, palme d’or à Cannes en 1958. Pourquoi les traducteurs d’alors ont-ils craint qu’on ricane à l’idée de femmes faciles ou de prostituées faisant le trottoir ? Les grues sont devenues des cigognes. Les dirigeants tant politiques qu’intellectuels ont toujours affecté de grands airs paternalistes et condescendants à l’égard du peuple... Sous d’autres formes, cette propension reste d’actualité...  

photos autorisées commons wikimedia 
1. étourneaux auteur lamiot. 
2. étourneau sansonnet auteur Tusco.
3. nuée d'étourneaux auteur Oronbb.  
4. Cigogne_blanche_ichkeul© aut Elgollimoh. 
5. Cigogne auteur Mucki